[Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
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[Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
SOMMAIRE
Chapitre 1: L'arrivée
Coldris de Fromart, 16 ans
Le Prince, XXV, Nicolas Machiavel
28 décembre 1560
Baronnie de Fromart,
Baronnie de Fromart,
Non, non, non… Il ne pouvait pas… Coldris arpentait frénétiquement le parquet grinçant de sa chambre en se tenant la tête. Moine. Il voulait le faire moine ! Lui ! Dans un monastère !
Et bien quoi Coldris ! Tu aimes les livres ! Tu passeras ta vie à les recopier, tu pourrais me montrer plus de gratitude.
Dans un accès de rage, il balaya le contenu de son bureau, chandelier compris.
Tu n’es qu’un pitoyable petit rat. Un petit rat de bibliothèque bientôt tonsuré.
Il entendait encore son rire gras le faire frémir. Six ans qu’il patientait. Six ans qu’il se retenait d’égorger ce répugnant porc qui lui faisait office de père. Six ans qu’il méditait sa vengeance. Six ans qu’il se faisait oublier. Six ans qu’il avait repris les cours d’armes simplement dans l’idée de pouvoir lui transpercer l’épiderme. Six ans de trop. Six insupportables longues années. Ses mâchoires se serrèrent. Il pouvait toujours crever s’il pensait qu’il accepterait son sort sans rechigner ! Moine ! Il attrapa une besace et rangea y dépose son livre de Plutarque. Il irait à Braktenn. Il irait au Palais Royal. Il avait promis. Il lui ferait payer chaque minute passée ici. Avec les intérêts. Il s’enveloppa dans sa cape en laine et se faufila à la faveur de la nuit vers la bibliothèque où il emporta les plus riches ouvrages qu’il pouvait. C’était la seule chose de valeur dont disposait encore ce château miteux dirigé par un baron fauché avec bien trop d’enfants. Cet idiot de paternel n’en avait même pas conscience ! Il était même fort probable qu’il ne se rende pas compte que les précieuses étagères avaient été dilapidées. Son sac était désormais lourd, mais il passa tout de même aux cuisines, prendre des provisions, puis aux écuries sceller son petit hongre alezan au pelage hirsute.
Des livres. Des vivres. Une rapière. Un poignard. Tout ce qu’il fallait pour commencer une nouvelle vie. Il rabattit sa capuche sur sa chevelure brune et s’approcha du trou béant qui faisait office de grille.
- Eh ! Où tu vas! le héla un garde bien trop zélé.
Coldris leva ses yeux bleu glacier, un sourire malin aux lèvres.
- Au bordel.
- Avec quel argent?! railla l’homme d’armes à l’allure négligée.
- Celui que tu ne toucheras pas. répondit calmement Coldris sans lui adresser un regard.
Il talonna sa monture et partit au petit trot en direction de la capitale. Trois jours et il serait à Braktenn. Ses rêves lui tendaient la main et cette fois-ci personne ne l’en empêcherait, lorsque l’on s’apercevrait de sa disparition ce serait trop tard. Il serait déjà loin et son père ne pourrait que hurler de rage. Il ne pouvait même pas le déshériter, il n’y avait aucun héritage : il n’était que le huitième fils et le douzième enfant sur seize. Il n’emporterait avec lui que ce misérable patronyme oublié de tous, mais les choses allaient changer. Bientôt le nom de Coldris de Fromart serait sur toutes les lèvres.
Tu vas voir Isis, on va aller au Palais Royal. Tu danseras sous les chandeliers.
31 décembre 1560
Braktenn,
Braktenn,
Coldris ne cessait d’avoir ses yeux plus bleus que le ciel qui vagabondait d’un côté et de l’autre depuis qu’il avait passé les murailles de la capitale. Tout était si grand ! Démesurément grand ! Plus grand que ce qu’il avait pu imaginer dans ses rêves les plus fous. Un large sourire s’étira sur son visage. Il était à Braktenn ! Il l’avait fait ! Il ne savait plus où donner de la tête tant il était émerveillé par tout ce qu’il voyait : du ballet incessant des charrettes remplies de provisions diverses aux passants riches ou pauvres qui se pressaient dans les rues. Soudain son regard fut attiré par une chevelure brune et un corps qu’il devinait onduler sous son épais manteau tandis qu’elle serrait un panier entre ses bras. Sa tête suivit le mouvement jusqu’à ne plus pouvoir tourner du tout.
- Hey ! Regarde où tu vas fesse d’âne ! pesta un homme à la voix éraillée qui venait de l’éviter à la dernière seconde.
Il était tellement absorbé par ses découvertes qu’il ne prit même pas le temps de remettre en place le maroufle pour son impertinence. L’afflux de stimuli lui donnait le tournis. Le bruit assourdissant des sabots sur les pavés, le grincement des roues, les harangues, le brouhaha des discussions. Les maisons à colombages, les fanions, les enseignes colorées, les échoppes disposées çà et là, les femmes cachées sous leur houppelande ou leur manteau de laine ou de fourrure. Heureusement, le froid masquait les relents de cette boue fangeuse qui servait de mortier au pavage. Il n’était même pas encore arrivé sur la Grand-Place que cela dépassait tout ce qu’il avait pu concevoir. À quoi pouvait bien ressembler Florence ? Venise ? Rome ? Paris ? Ses yeux séracs brillaient d’un émerveillement sans limites. Quelle taille faisait la capitale ? Combien de temps fallait-il pour aller d’un bout à l’autre ? Où était le Palais Royal ? Combien y avait-il de maisons agglutinées les unes aux autres si bien qu’on avait l’impression qu’elles se soutenaient mutuellement ? Et les femmes ! Les femmes ! Elles semblaient toutes si élégantes ici à côté de ces rustaudes de paysannes qu’il avait fréquentées entre deux moissons. Il en suivit d’ailleurs une du regard -blonde cette fois-ci- qui passait la porte d’une boutique dans un discret tintement. Les cloches se mirent à sonner None et il pouvait entendre au loin l’écho des autres clochers se répondre entre eux. Combien y en avait-il ? Il n’aurait su le dire avec précision. Sur la place, un petit attroupement avait lieu autour d’un groupe de saltimbanques. Un peu plus loin, un homme discourait sur une estrade de fortune et plus loin encore on jouait une pièce de théâtre. Il allait pouvoir voir des pièces de théâtre ! Avec de vrais acteurs ! Le mélange d’excitation et d’extase de la découverte était en train de lui faire perdre la tête. Il se laissa tomber sur l’encolure de l’équidé dans un rire qui ne semblait jamais vouloir prendre fin.
***
Après plus d’une heure déambulation, il y était enfin : le Palais Royal se dressait fièrement au bout de la majestueusement artère principale, si large que l’on aurait pu y livrer bataille. Ses yeux ne cessaient de s’agrandir démesurément. Les immenses grilles dorées étincelaient même sous le ciel neigeux. Elles étaient si hautes avec leurs pointes en flèche dirigées vers fièrement vers le ciel. Derrière, l’immense Cour d’Honneur se déroulait comme un tapis de pierres grises parsemé d’un voile hivernal vers le majestueux château aux vitres plus larges qu’il n’en avait jamais vu. Il était blanc, sobre, élégant, imposant, moderne et antique à la fois. Coldris mit pied à terre et s’approcha, brides en main. Ses mains se saisirent de la grille et il posa sa tête entre les tubes dorés pour mieux admirer le Palais. Le métal glacial collait à ses joues, mais il n’en avait cure, lui ne voyait que l’objet de ses rêves et de ses désirs se dresser insolemment comme un défi. Pour un peu, il l’aurait presque entendu l’appeler dans un murmure.
Tu vois Isis, bientôt l’histoire ne se souviendra que d’un seul Coldris de Fromart et ce sera moi. On parlera encore de moi des siècles plus tard, tu verras.
À travers ces imposantes fenêtres, il percevait les galeries et couloirs qu’il devinait ornés de tableaux monumentaux, de sculptures antiques et d’un somptueux parquet à chevrons qui sentait bon la cire d’abeille. Plus loin, il y avait sans doute les immenses salles de réception avec ces colossaux chandeliers suspendus au plafond. Combien y avait-il de bougies ? Et toutes ces baies vitrées qui donnaient sur…
- Dégage de là, maudit chien galeux ! brailla l’un des gardes en armure.
Chien galeux ? Il se détacha de la grille, circonspect, et regarda brièvement son manteau de voyage -le seul qu’il eût jamais possédé en réalité- élimé : on ne pouvait pas dire qu’il avait l’air d’un fils de baron ainsi accoutré… Il serra les dents et repoussa sa capuche en arrière. Le vent froid fouetta son visage et ses oreilles balayant au passage les mèches brunes de son front. Alors qu’il allait répliquer, une belle voiture laquée de noir pénétra la cour au petit trot. Coldris l’observa passer en silence sans pouvoir s’empêcher de se demander qui était à l’intérieur avant de revenir subitement à ses préoccupations immédiates. Il déclara froidement :
- Souviens-toi bien de mon visage parce qu’un jour, tu t’inclineras devant moi en disant « Votre Excellence »
Le garda expira un petit rire en secouant la tête et il perçut un vague « As de pique… » marmonné dans sa barbe. Coldris soupira au moment même où il entendit une jeune femme ricaner à côté de lui. Instinctivement, il tourna la tête : une chevelure caramel, de grands yeux verts moussus espiègles, des taches de rousseur sur son nez et ses pommettes rougies de froid, des lèvres bien dessinées et le reste… Emmitouflée sous une épaisse cape de laine vert sapin. Diable, ce qu’il haïssait l’hiver ! Son imagination débordante compléta pourtant sans difficulté les manquements. Il n’y avait qu’une seule façon de savoir s’il avait vu juste :
- Vous ne voudriez pas être mon guide, plutôt ? Je cherche une bonne librairie. demanda-t-il avec un sourire enjôleur
- Bien sûr, Votre Excellence, répondit-elle malicieusement assorti d’une révérence ironique il y a la librairie Bellanger, dans une rue aux alentours de la place.
Parfait. C’était exactement ce qu’il lui fallait : vendre ses livres pour obtenir un petit pécule, s’offrir un costume digne de ce nom, trouver une auberge puis un travail. C’était simple, précis et efficace. Il posa son regard céruléen dans le sien, pas franchement effarouché. S’il pouvait en plus réchauffer son lit ce soir par ces froides nuits d’hiver, ce ne serait pas de refus.
- Venez, montez, nous aurons plus vite fait ainsi, car figurez-vous que désormais que je me suis trouvé une si charmante guide, je ne compte pas la laisser.
Sourire mutin aux bords des lèvres, il tendit une main pour l’aider à se hisser sur le hongre et prit place derrière.
- Vous comprenez, la librairie n’était que le premier de nos arrêts. Vous n’aviez rien de prévu j’espère ? elle secoua la tête Parfait ! Car il me faudra également trouver un tailleur et un aubergiste.
- Comptez-vous me rétribuer pour mes bons services, Messire ?
Il se pencha à son oreille et demanda avec un fond de malice dans sa voix :
- Vous acceptez les paiements en nature ?
Qui ne tentait rien n’avait rien disait-on ! Coldris était déjà sous le charme de la capitale et de ses attraits tous plus éblouissants les uns et que les autres. Une ville d’opportunité et d’opulence bien loin de sa misérable campagne qu’il avait quittée sans le moindre regret.
Depuis qu’il la tenait entre ses bras, il avait déjà nettement moins froid. Il inspira profondément et se laissa enivrer d’odeurs épicées jusque-là méconnues : cannelle, girofle, cardamome, curry, badiane, muscade… Tout cela lui chatouillait les narines… À coup sûr, elle devait travailler chez un épicier. Il lui tardait de gouter à toutes ces nouvelles expériences. Oh oui ! Il adorait déjà Braktenn !
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Chapitre 2: Le libraire, les confiseries et le notaire
Coldris de Fromart, 16 ans
Coldris de Fromart, 16 ans
Il est impossible ou tout au moins difficile de bien faire si l'on est dépourvu de ressources. Car bien des actes exigent, comme moyen d'exécution, des amis, de l'argent, un certain pouvoir politique.
Éthique à Nicomaque, I, VIII, 15, Aristote
31 décembre 1560
Ah! Malheureusement, la flamboyante petite étincelle épicée lui avait faussé compagnie que sa monture l’eut suffisamment rapprochée de sa destination. Coldris l’avait observé non sans déception sauter hors de son hongre dans un soulèvement de sauvages petites boucles rousses. Il aurait rêvé de fêter son arrivée avec un peu de compagnie ce soir, mais de toute évidence, ce ne serait pas elle qui en aurait l’insigne honneur. Quel dommage ! Sans guide, il n’avait eu d’autres choix que de redemander son chemin -cette fois-ci à une vieillarde édentée qui avait tenté de lui refourguer quelques pommes véreuses-, et si tout allait bien, il n’aurait bientôt plus qu’à bifurquer sur sa droite pour se rendre dans la fameuse rue. Braktenn était un vrai labyrinthe. Immense, grouillante et… Puante. C’était bien la seule chose qui lui manquait de sa campagne : pouvoir inspirer profondément sans risquer de se faire asphyxier par les relents fétides des pots de chambre déversés à même la rue. Pour une fois, il en venait presque à apprécier les froides journées d’hiver qui étouffaient un tant soit peu les effluves musqués des résidus humains.
Juché sur le dos de son petit cheval, il avançait d’un pas lent et mesuré, prenant soin d’éviter carrioles et passants empressés lorsqu’il le pouvait tandis que son regard ne cessait de voguer d’une curiosité architecturale à une autre bien plus anatomique. Oh et non ! Il ne parlait pas là que de la gent féminine dont les courbes -même camouflées- éveillaient ses désirs d’exploration, mais bien de ces étrangetés qu’il avait pu croiser. Il y avait par exemple eu cet homme en guenilles d’un âge indéfini, assis dans son chariot avec deux petites jambes atrophiées dignes d’un bambin de quatre ou cinq ans à peine. Comment était-ce possible ? C’était la première fois qu’il voyait une telle chose de sa vie. Il ignorait même que cela puisse exister jusqu’à ce jour. Combien d’autres choses tout aussi surprenantes allaient-ils encore découvrir ces jours prochains ? Émoustillé à cette simple idée, il faillit rater l’enseigne « Bellanger » qui dansait dans un léger grincement sous la brise.
Coldris mit pied à terre d' un agile petit bond. Il attacha sa monture -sa seule réelle propriété pour l’heure- et s’empressa de récupérer les deux lourdes besaces contenant l’essentiel de sa richesse : une petite quinzaine de livres volés dans la bibliothèque familiale. De son épaule, il poussa la porte tant bien que mal afin de s’affranchir de ses mains occupées. Au bout de ses frêles petits bras pendaient les sacoches en peau élimée qu’il espérait devenir bien plus légères à l’issue de sa visite. Ce n’était pas bien raisonnable, mais… L’espace d’un instant, il se prit à rêver à pouvoir expérimenter les maisons closes de la capitale.
Sous ses pieds, le parquet grinçait et il flottait bon dans l’air, cette odeur de papier et de cuir mêlée à laquelle s’ajoute la douce senteur de la cire en train de fondre. Un peu partout, son regard se mit à voleter comme un petit oisillon vers les hautes étagères où se succédaient des ouvrages d’excellentes factures. Il s’était même arrêté, subjugué par la quantité impressionnante qu’il découvrait là. Ce n’est que lorsqu’il sentit le regard se poser sur lui qu’il récupéra ses esprits.
—Bonjour Madame, annonça-t-il avec un large sourire je souhaiterai vous proposer quelques livres que j’ai ici en ma possession et dont j'envisage me séparer.
Et pourquoi pas en racheter un ou deux autres par la même occasion ? Il préféra cependant garder cette possibilité pour lui, tout comme il garda pour lui le fait qu'il devait absolument les vendre sous peine de dormir dehors et le ventre vide.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
En ce dernier jour de cette bonne année 1560, Annie se tenait au comptoir de la librairie Bellanger et consignait dans les registres de comptes les dernières factures. Son amant, qui se reposait dans la chaleur de leur lit, devait encore dormir, et ne prêtait que peu d'attentions aux détails économiques. Sans elle, il aurait sans doute permis ce beau commerce florissant depuis longtemps. Ou sans son fils également. Elle jeta une œillade au jeune homme qui rangeait concisément des ouvrages sur un rayonnage. Il ne l'avait pas encore salué et ne le ferait à aucun moment. Ils vivaient depuis presque neuf ans sous le même toit, depuis le décès heureux de son époux, mais ce garçon ne pouvait toujours pas souffrir sa présence. En vérité, c'était le scandale de leur concubinage qui le gênait et lui faisait dire que c'était socialement impardonnable. Il ajoutait qu'il ne la reconnaitrait que pour belle-mère que le jour où ils échangeraient des vœux devant un curé. Quelle idée : Ni elle ni Auguste ne désiraient d'embarrasser de ces chichis ridicules. Ils étaient suffisamment heureux pour se moquer des commérages. Que ce pauvre Romain fasse ses crises ! Un jour, il comprendrait. Quand les élans de la jeunesse seraient passés.
Elle se redressa en entendant le carillon résonner et tourna la tête pour apercevoir un superbe jeune homme passer al porte et la rejoindre. Quelle beauté ! Quel Apollon ! Annie se cambra pour se mettre le plus possible à son avantage. Quel dommage qu'il soit encore proche de l'enfance.. Sinon elle en aurait bien fait son casse-croute ! Et ce n'était pas son amant qui pourrait lui faire la leçon, lui qui s'encanaillait de temps en temps dans les bordels de la capitale. L'amour et les plaisirs charnels, cela n'avait de toute manière rien à voir.
"Bonjour mon garçon !"
Sa voix se voulait séduisante, voire même aguichante.
Le jeune Romain Bellanger rangeait de beaux libres historiques sur le bon rayonnage et se questionnait si des clients se présenteraient aujourd'hui. Il évitait d'observer le comptoir et lui tournait même toujours le dos. Sa prétendue belle-mère, comme son imbécile de père la désignait, l'agaçait. Elle n'avait pas à être dans son lit, ni dans la maison, sans un mariage solide. Il avait conscience des commérages des gens et en ressentait une honte cuisante. Un jour, ce commerce serait le sien. Et ce jour-là, si cette bonne femme avait la malchance de s'y trouver encore, il la mettrait dehors. Sans rien lui verser. Un sourire cruel se dessina à cette pensée. C'était finalement une belle aubaine qu'il n'ait pas eu de mariage. Il lui devrait rien.
Le carillon retentit et le sortit de ses pensées. il tourna la tête et aperçut avec dégoût Annie faire du charme à un bien jeune client. La honte ne l'étoufferait-elle donc jamais ? Il se précipita pour les rejoindre et toussa légèrement pour attirer l'attention du garçon.
"Bonjour, je suis Romain Bellanger, le bon propriétaire de ces lieux. Ainsi, vous souhaitez nous céder quelques ouvrages contre une bonne rétribution ? Veuillez donc me suivre.
Il s'exprima d'ne voix polie et flatteur. Son geste lare indiqua une table dans le fond pour déballer le paquetage et où on examiner la collection.
"Nous serons plus tranquilles pour discuter affaires !"
Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Coldris de Fromart, 16 ans
En même temps qu’il se présentait, Coldris détailla la charmante femme qui lui faisait face: plus toute jeune, mais pas réellement vieille non plus, ses cheveux blond cendré étaient savamment attachés afin de dégager son visage d’un blanc ivoirien où s’étirait un sourire ravageur auquel il était impossible de ne pas répondre. Plus bas, sa gorge se dévoilait largement entre les dentelles de fines factures. Assurément, l’hiver n’était pas arrive jusqu’à la porte du libraire! Ce fut d’ailleurs d’une voix mélodieuse que la sirène sur son rocher tentait de l’amadouer pour le prendre dans ses filets. Il n’eut pas le temps de prononcer le moindre mot qu’un jeune homme à peine plus âgé que lui se présenta comme le maître des lieux.
Était-ce sa mère qui se trouvait au comptoir? Il devait en tout cas admettre que c’était un bon moyen d’allier plaisir et commerce que d’être accueilli de la sorte.
- Oui, en effet, Monsieur Bellanger. J’ai une quinzaine d’ouvrages en ma possession. déclara-t-il en lui emboitant le pas.
Suivant le jeune libraire, il ne résista pas à la tentation de jeter un court instant sa tête en arrière pour contempler, la séduisante créature lascivement accoudée sur le comptoir pour y exposer ses avantageux attributs à sa vue émoustillée. Il n’en fallait pas plus pour le faire frémir d’un doux feu qui pulsait dans ses entrailles alors qu’il imaginait déjà d’autres utilisations à ce comptoir. Qu’importe si elle avait l’âge d’être sa mère, lui ne voyait que le reste. Et surtout, ne vit pas l’étagère qui lui barrait la route et dans laquelle son épaule se cogna brutalement. Dur rappel à la réalité. Il serra les dents et s’approcha de la table en question. Les deux lourds sacs y furent déposés et il déballa sa collection précautionneusement. Il n’avait pas réellement réfléchi à ce qu’il avait sélectionné. Il s’agissait simplement des livres les moins abimés et les plus beaux qu’il avait eu pu trouver. Tour à tour, il déposa Les chroniques de Nuremberg, La Guerre du Péloponnèse de Thucydide en trois volumes, Les Géorgiques de Virgile, L’art poétique d’Horace, Les Oiseaux d’Aristophane, La Divine Comédie et De Monarchia de Dante Alighieri, Itineria de Jean de Mandeville, Il Milione de Marco Polo en deux volumes, De Natura Rerum de Lucrèce en deux volumes .
Les récits de voyage et les chroniques de Nuremberg étaient incontestablement les plus beaux ouvrages dont il disposait, encore enluminés à la main et écrits sur un vélin quasi transparent. Un héritage que son géniteur avait semble-t-il (et fort heureusement) oublié sur cette étagère à laquelle il ne touchait jamais. Il laissa l’expert juger de la qualité des livres.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Romain avait tourné le dos pour emmener le jeune homme à l'écart afin de discuter tranquillement de leurs affaires lorsqu'un bruit sourd le fit brusquement se retourner. Il contempla, surpris, le garçon qui venait de cogner contre un rayonnage et d'en faire tomber quelques uns des ouvrages alignés dessus. Ne savait-il donc pas avancer droit ? Pourtant, il semblait pouvoir marcher. Ce n'était pas un de ces bêtes boiteux incapables de se déplacer sans une canne ou une béquille. il fit cependant l'effort de rien laisser paraître de son agacement. Le commerce impliquait de traiter chaque personne qui franchissait la porte avec respect et intégrité.
Depuis le comptoir, Annie ne perdait rien de la silhouette attirante du bel apollon juvénile et se délectait de le voir apprécier ses charmes. Elle se plut à passer subtilement la main dans ses cheveux, la langue passant légèrement sur ses lèvres, désireuse de le provoquer un peu plus. cela fonctionna même très bien. Le garçon était si fasciné que son regard ne savait plus se détacher elle. Au point de se prendre l'étagère. Annie étouffa un rire naissant puis s'avança d'un faux air gêné pour aider ce beau jeune homme.
"Allons, mon garçon, il faut regarder devant vous !"
Elle disait cela naturellement, sans rien laisser paraître de son désir, mais s'amusa un très court instant à toucher la nuque du garçon. Subtilement. Sans que son beau-fils ne puisse l'apercevoir. Elle se retira ensuite aussitôt sans laisser le temps au bel Apollon de réagir.
A quelques mètres de là, Romain contemplait la scène, impassible, intérieurement agacée de cette prétendue belle-mère qui se mêlait de ses affaires. Il attendit que le client le rejoigne enfin et l'observa déballer, un à un, la quinzaine de livres en sa possession et que celui-ci désirait vendre. Le jeune libraire commença à les examiner avec soin mais vit tout de suite qu'il s'agissait là de livres de collections, rares, et il ne pourrait les acheter sans débourser une coquette somme. Néanmoins, ils lui rapporteraient rapidement beaucoup. Son esprit rebondissait déjà sur plusieurs noms de nobles, faciles à embobiner par quelques belles paroles flatteuses, qui seraient ravis de les lui échanger contre le le double de ce qu'il allait donner à ce garçon.
"Une belle collection, mon bon monsieur, mes félicitations. Je vais détailler mieux cela, mais je pense que nous en aurons au minimum pour 30 000 rilchs."[/center]
Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Coldris de Fromart, 16 ans
Quel idiot ! Comment avait-il pu passer à côté de ce rayonnage ? Ce n’était pas comme s’il était terriblement imposant. Et en plus, il venait de faire tomber des livres. Mais quel idiot ! Tout cela parce qu’elle avait décidé de se pourlécher les lèvres dans le but de le troubler. Et bien c’était réussi ! Il ramassa d'un air penaud les trois ouvrages en s’excusant face au regard exaspéré du jeune libraire, mais tout ce qu’il revoyait inlassablement c’était cette langue caressant ces gourmandes pulpeuses carmin qui avait incendié ses tripes. Il avait beau essayer, l’image demeurait farouchement enracinée à lui donner horriblement chaud dans son manteau de laine.
Et puis il y eut cette voix faussement réprobatrice dans son dos et surtout ce doigt qui effleura sa nuque jusqu’à la racine de ses bruns cheveux déversant un long frisson jusque dans ses reins. Il en arriva même à bénir l’hiver et cette stupide mode des hauts-de-chausses affreusement larges qui lui permirent de dissimuler son trouble.
- Je suis navré. Veuillez excuser ma maladresse bégaya-t-il en s’inclinant.
Une fois les ouvrages remis en place, il s’avança vers la table. Sa nuque irradiait toujours du léger chemin qui y avait été tracé lorsqu’il présenta les livres en sa possession. Coldris avait du mal à canaliser ses émotions et ses pulsions qui cavalaient dans tout son corps, il le fallait bien pourtant, car il était hors de question de se faire avoir. Il avait absolument besoin de cet argent et il comptait en obtenir le meilleur prix, surtout qu’il n’avait pas manqué d’apercevoir la lueur d’intérêt qui s’était allumée dans le regard sévère du commerçant.
- Je vous remercie, Monsieur Bellanger. Certains de ces ouvrages sont en effet fort rares et d’excellentes factures. 30 000 rilchs me semblent un minimum pour ce lot-ci.
Des quatorze livres présents sur la table, il retira les cinq plus richement ornés. Son calme et son sérieux retrouvés, il était désormais entièrement concentré sur sa tâche capitale. De roucoulant, son regard était passé à aiglon. Il aurait tout le temps d’enluminer sa soirée en bonne compagnie pour peu qu’il en tire un bon prix. D’autant plus qu’il connaissait parfaitement la valeur de ce qu’il présentait. Du moins, c’était ainsi qu’il se l’imaginait.
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Annie s'était rapidement retirée une fois son petit passage effectué auprès du bel Apollon troublé. Comme il se révélait mignon et tendre ! Prêt à croquer la vie, et plus, des plus belles dents ! Elle s'écarta pour rester en retrait mais demeura proche, pour surveiller les agissement de ce beau garçon.
Romain se désintéressait depuis longtemps de la scène, focalisé à l'examen minutieux des ouvrages que l'on proposait d'acheter. Au premier regard, il avait établi leur valeur et sur qu'il ne pouvait les laisser repartir. Les riches nobles, pourvus de fortunes colossales, ne seraient que trop ravis de les posséder.
"Le récit du voyage de Marco Polo en deux volumes ? Et dans la langue originale ? Magnifique ! Ces deux-là sont des pièces inestimables, le savez-vous ? Pour eux, je pourrais vous offrir dix mille rilchs."
En son for intérieur, le libraire songea avec satisfaction qu'il les revendrait pour quinze mille. Sans négociation. Il connaissait déjà trois noms.
"Les Chroniques de Nuremberg, ces deux œuvres de Dante ? Sublime-là aussi ! Et bien conservés. J'en proposerai pour les deux Dante six mille. Et huit mille pour le premier."
Il grimaça ensuite devant les deux ouvrages légèrement endommagés . De superbes titres et de belles couverture. Le libraire ne voyait rien de mal ces petits défauts. Son art saurait les réparer en peu de frais et peu de travail. Néanmoins, cela permettrait de faire baisser les prix.
"Les Géorgiques de Virgile, les Oiseaux de Aristophane... beaux livres. Oh, mince, des éraflures. Cela fait malheureusement baisser al côte, monsieur. J'en proposerai trois mille rilchs pour le premier et quatre mille le second."
Le libraire fit semblant de ne pas voir son client, comme s'il n'était seulement concentré par les ouvrages, et examina les nouveaux titres. Ils étaient un peu plus communs mais d'une belle qualité. Eux aussi trouveraient rapidement preneurs.
"L'art poétique d'Horace, les deux volumes Natura Rerum de Lucrèce, Tineria de Jean de Mandeville.. Bon état. Excellent même. J'en propose cinq mille chacun. Cela monte à quinze mille."
La pile s'épuisait. Il ne restait plus que trois œuvres, du même auteur, là encore une belle référence, parfaitement conversées, dans une édition magnifique.
"Bien, bien, pour cette série complète, trois livres, j'en proposerai treize mille rilchs."
Romain tira la chaise devant lui et sortit un carnet pour écrire les différents noms des ouvrages, suivis des estimations proposées, puis réalisa le total.
"Cela nous ferait ainsi, monsieur, 59 000 rilchs. Cela vous convient-il ?"
Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Coldris de Fromart, 16 ans
Coldris avait rapidement oublié le désirable incident qui s’était produit quelques secondes plus tôt. La seule chose qui l’intéressait désormais était le petit pécule qu’il allait retirer de la vente des livres hérités de son père. Car oui, pour lui, il était déjà mort et enterré. Un spectre du passé qu’il comptait oublier. Pourtant, ce vieux lard confit dans le mauvais vin aurait au moins eu une maigre utilité dans sa misérable vie de paternelle : celle de lui fournir les deniers nécessaires à son ascension.
Il ne cachait son petit sourire en notant l’émerveillement du libraire sur ses ouvrages. Oui, il le savait, certains étaient de véritable chef-d’œuvre qu’il aurait bien gardé pour lui, mais on ne se nourrissait pas de bons sentiments. Il pouvait bien avoir une particule à son nom, il demeurait plus pauvre que certains paysans. Plus pauvre et plus rachitique même. D’ailleurs, la faim commençait à le tenailler sévèrement. Il n’avait rien mangé depuis la nuit de son départ. Cela faisait quoi ? Trois jours ? Au fond, ce n’était pas comme si c’était habituel. Il jeûnait si régulièrement qu’il aurait pu finir ascète. C’était même à se demander comment il avait pu devenir aussi grand en mangeant si peu. Le sac à reginglard ne cessait de répéter que les mauvaises herbes étaient les plus coriaces. Et sur ce point, il ne tarderait pas à lui donner raison. Résiliente et envahissante.
En attendant, tout ce qu’il entendait, c’était le négociant scander successivement les prix en milliers de rilchs et Coldris n’avait qu’une question qui revenait comme une sempiternelle routine : combien cela faisait-il d’assiettes de ragoût ? Il hurlait mentalement à son estomac de se taire, mais il avait tellement l’eau à la bouche à l’idée de faire enfin un bon repas. Le premier depuis des années. Oh il se commanderait deux assiettes pour la peine ! Et aussi une brioche ! Et un pichet de vin ! Oh oui ! Il pouvait sentir d’ici les petits pains tout juste sortis du four. Il en aurait pleuré de joie, rien qu’à l’idée de manger convenablement. Pendant ce temps, le libraire poursuivait le décompte puis sortit un carnet pour y inscrire le total.
59 000 rilchs
C’était tout bonnement colossal ! La majorité des Braktennois ne touchaient pas cela en un an et lui empocherait cette somme en quelques minutes tout juste. 59 000 rilchs. De quoi manger. De quoi louer un appartement en ville. De quoi s’acheter de beaux costumes. De quoi même visiter une maison close. Juste un soir. Juste pour éprouver le plaisir d’avoir quelqu’un prêt à réaliser tous vos fantasmes. Juste pour goûter au pouvoir que procurait l’argent. Une seule et unique fois et il n’y retournerait que lorsqu’il pourrait réellement se le permettre. Enfin, pour l’instant, il n’avait pas un rilch en poche, alors il ne laissa rien paraitre de sa joie débordante. Depuis toutes ces années, il était passé maitre dans l’art de faire comme « si », car sa vie n’était rien d’autre qu’une suite de «si » et de « soit ».
- 59 000 rilchs ? répéta-t-il pensivement
Il prit le carnet entre ses mains et inspecta les lignes d’un œil d’expert. Ce n’était pas parce qu’il n’avait jamais vu, ni même imaginé une telle somme de sa vie qu’il ne devait pas essayer d’en obtenir le plus possible. Il repéra aussitôt un ouvrage qu’il pensait pouvoir faire augmenter. N’avait-il pas dit que c’était des pièces inestimables après tout ? Les mots c’était important.
- 10 000 rilchs pour les récits de Marco Polo ? Enfin vous n’y pensez pas… Ils valent bien plus. À moins que ce ne soit 10 000 rilchs chacun ?
Ce qui n’était pas impossible en au fond. Il en profita pour argumenter ses dires en lui présentant différentes pages :
- Avez-vous vu la finesse des illustrations ? Et ce bleu ? C’est de l’ultra-marine, je puis vous l’assurer, cela se voit immédiatement à l’intensité qu’il dégage. Si vous ne pouvez pas vous permettre de les acheter à leur juste prix, je comprendrai…
Mais Coldris savait que c’était faux. Il était destiné à les acheter et lui à les vendre au meilleur prix. Les autres étaient quant à eux à une valeur qu’il lui semblait difficile de réviser à la hausse.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Romain contemplait avec satisfaction ces beaux ouvrages qui reposaient sur la table et qui ne lui coûteraient pas si chers. Par rapport à la valeur réelle et ce qu'on pouvait obtenir en les proposant aux bonnes personnes, il aurait pu ajouter vingt mille de plus. mais il ne dépenserait pas inutilement. Cela se sentait que le garçon en face de lui était issu d'une bonne famille mais désargentée. Ces livres étaient la seule richesse qu'il lui restait et il se décidait à les céder pour survivre. Connaissait-il seulement leur importance ou leur rareté ? Peut-être pas. Il avait pu les découvrir dans la bibliothèque et ainsi décidé de les lui apporter. Il se reprocha de ne pas avoir fixé des montants plis bas. Avec les miséreux, après tout, on pouvait tout se permettre. Une assiette de soupe, un lit chaud, ils étaient heureux !
Néanmoins, le garçon, contrairement à ses prédictions, connaissait la valeur de ces biens. Il l'observa, tendu, consulter la liste qu'il venait de dresser. Il commençait à présent à argumenter pour défendre les ouvrages les plusieurs. Romain serra les dents. Vingt mille rilchs, ce serait une somme conséquente. Il pourrait certes parfaitement se le permettre. Et il serait capable de les revendre pour trente mille. D'ailleurs, son interlocuteur lui fournissait une excellente piste en évoquant la pigmentation précieuse utilisée pour les illustrations.
Puis, il y eut cette phrase.
Cette phrase qui lui fit grincer les dents.
S'il ne pouvait pas se permettre ? Bien sûr qu'il le pouvait ! Cette librairie appartenait à sa famille depuis trois générations et il serait le quatrième à la reprendre. Elle était merveilleusement située, proche de la Grande place, et trônait au centre de la ville. Elle était la plus belle de librairies de la capitale.
"Bien sûr que je peux me le permettre !"
Sa voix répliqua avec autorité t son regard devenait sec.
"Effectivement, ces ouvrages de Marco Polo, je n'avais pas aussi bien détaillé. Oui, ils mériteraient en définitive 13000 rilchs chacun."
Romain fixa avec un dédain prononcé ce garçon désargenté, forcé de vendre ses biens, heureux de lui imprimer sa puissance. Il pouvait se le permettre. Parfaitement.
Dans l'ombre, Annie observait la négociation, mais, plus encore la silhouette du bel Apollon qui savait si bien se défendre.
Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
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De toute évidence, il espérait vraiment le duper pour en tirer le meilleur prix. Coldris ne lui en voulait pas : c’était le jeu et il en suivait les règles édictées par ceux qui en avaient le pouvoir. Dans ce monde, il n’y avait pas de place pour les bons sentiments, et cela, il l’avait compris il y a bien longtemps déjà. La morale, c’était pour les faibles, la piété pour les perdants et l’honneur pour les idéalistes. Quoi que, il s’accordait toutefois sur le fait que c’était le surplus d’honneur qui était embarrassant, car il en fallait tout de même un minimum pour inspirer le respect et fédérer autour de soi. Toujours était-il que Coldris avait décidé il y avait tout aussi fort longtemps qu’il ferait partie des forts et non des faibles, or tout commençait ici : avec cette simple négociation pour quelques milliers de rilchs supplémentaires. Une somme qu’il n’aurait jamais crut posséder aussi facilement et rapidement, mais l’important n’était pas là : il ne comptait pas laisser le libraire sortir vainqueur.
Il était prêt à tout pour cela, y compris à piquer sa fierté. Les affaires étaient les affaires et tous les coups étaient permis. Il cacha habilement la satisfaction qui s’empara de lui en croisant l’étincelle rageuse s’allumer dans son regard suivi de cette phrase prononcée avec tant de spontanéité et de tranchant qu'elle ne pouvait qu'être le témoin d'une flèche parfaitement tirée. Le petit nobliau désargenté venait de remporter la manche face au prétentieux bourgeois. Qu’avait-il fait pour obtenir sa place, lui ? Rien. Il ne valait rien de plus que cette noblesse qu’il méprisait certainement. Malgré son profond dédain pour l’individu, Coldris afficha un sourire aussi réjoui que surpris.
— Je savais bien qu’il s’agissait là d’un terrible malentendu ! Un libraire de votre qualité n’aurait jamais pu faire une estimation si outrageusement basse. Je n’ose pas imaginer ce que cela aurait pu impliquer pour votre réputation, si jamais je n'avais pas eu la présence d'esprit de vous le faire remarquer. conclut-il sourire en coin aussi charmeur que redoutable.
Audaces fortuna juvat
Il venait aussi bien de faire Fortune que fortune grâce à quelques mots lâchés.
— Marché conclu donc! s’exclama-t-il en tendant sa main avec enthousiasme.
— D’ailleurs puisque vous êtes si bon commerçant, Monsieur Bellanger, je serai ravi de vous acheter un essai politique. il se tourna, contemplatif, vers les étagères si hautes que les murs en disparaissaient derrière, je suis à la recherche du Prince de Nicolas Machiavel. En florentin si possible. toujours en observant les livres, il commenta presque pour lui-même -ou pas-quelle collection impressionnante, vraiment puis de nouveau à son interlocuteur oh pour l’édition, ne vous en faites pas trop, c’est un ouvrage que je destine davantage au travail qu’à l’exposition.
Tout le monde le savait : après avoir douché les chevaux, il fallait bien prendre soin d’éliminer les résidus d’eau en les brossant dans le sens du poil afin qu’ils n’attrapent pas froid. Après tout, lui aussi pouvait bien s’amuser à le flatter. Ce n’était finalement guère différent des femmes, il suffisait de quelques paroles pour qu’elles viennent vous manger dans la main.
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Le jeune libraire se sentait humilié par l'intonation que se permettait ce misérable. L'orgueil d'une race, autrefois puissante, à n'en pas doute, et qui ne pouvait se défaire de l'orgueil. Ne voyait-il pas que celui-ci n'était plus rien ? S'il en était réduit à se déposséder de ses biens, cela signifiait la décadence. Ce garçon ferait mieux d'apprendre rapidement l'humilité ou l'existence lui serait déplaisante. Néanmoins, son regard et son corps le dissuadaient de répliquer. Quelque chose habitait son interlocuteur. Une aura dangereuse. Il préférait de loin se taire, acheter ces sublimes livres qui seraient bien revendus, et le laisser rapidement repartir. De toute manière, il disparaitrait vite et n'entendrait plus jamais parler.
"Bien sûr, bien sûr. Cela nous fera donc 75 000 rilchs."
Il tendit la main pour valider l'accord et s'éloigna pour aller chercher l'argent convenu pour la transaction. Durant ce temps où le libraire s'en alla vers la réserve, le client manifesta le désir d'un achat. Le libraire entendit à peine al requête, déjà trop loin, mais Annie la capta immédiatement. Elle s'empressa de se rendre aux rayonnages des essais politiques chercher cette belle référence revint l'apporter au bel Apollon. Annie revint d'une démarche lente et élégante, posant l'ouvrage sur la main. Sa main effleura la joue du jeune homme et son regard ne cachait rien de son désir.
"Voici pour vous mon beau Prince !"
Annie jeta un bref regard à la réserve, là où son beau-fils avait déjà disparu. Ils devraient avoir un petit bout de temps. Elle s'appuya contre la table, passant la langue sur ses lèvres.
"Dis-moi, mon petit garçon, aimes-tu les sucettes ?"
Ils ne feraient, bien sûr, rien ici. Son amant et elle avaient leurs règles bien établies . Mais il fallait intéresser le poisson pour mieux l'attirer dans sa besace.
Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
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Soixante-quinze mille rilchs. Soixante. Quinze. Mille. Rilchs. Il aurait même pu s’offrir une nouvelle monture avec une somme pareille. Le vieux Glaive était bien brave, mais on ne pouvait pas dire qu’il avait fière allure. C’était un petit cheval de campagne trapu au poil hirsute et touffu bien loin des élégants équidés des notables de la capitale.
Coldris lui serra la main vigoureusement. Ses velléités dépensières remises à plus tard, il se concentra sur son objectif premier : accroitre sa culture et ses connaissances. Cela faisait longtemps qu’il souhaitait lire ce fameux ouvrage écrit par l’homme politique. Il l’avait découvert durant un diner à Fromart. L’un des rares où il avait bien mangé : et pour cause, leur père recevait un invité. Hors de question de paraitre sans le sou face au comte de Villemarine. À défaut de pouvoir être remis en état, le château avait été mis sens dessus dessous et l’on avait même -par on ne savait quel miracle- réussit à remettre la main sur une ménagère complète et digne de son nom. Étant donné qu’il était hors de question de racheter de nouvelles bougies pour l’évènement, on s’était contenté d’en dépouiller toutes les autres pièces du château, excepté les appartements du comte, bien entendu. Naturellement, cela était arrivé en plein hiver. Inutile de préciser qu’il n’avait jamais fait aussi chaud dans la grande salle manger médiévale et que l’on avait battu la campagne autant que faire se peut afin de dénicher un quelconque gibier à servir sur l’immense tablée et les garde-mangers avaient été raclés de fond en comble quitte à jeuner les jours suivants -ou presque-. Ce soir-là, il n’y avait pas eu de cris. On ne s’était pas battus pour un quignon de pain -ou mieux encore, une tranche de lard-. Non, ce soir-là, tout le monde avait reçu pour ordre de se montrer irréprochable. Et comme irréprochable rimait avec oubliable, cela allait parfaitement à Coldris qui pouvait enfin manger en paix son potage et son civet de chevreuil. Pour une fois, on n’essayerait pas de lui mettre là-dedans, pas plus qu’il ne se ferait lyncher pour avoir une fois de plus fini lamentablement à terre et désarmé au petit matin. Non, pour une fois, il avait pu profiter du calme et des nouvelles apportées par leur invité. De toute la discussion, la seule qui avait retenu son attention était la mention d’un ouvrage qui lui était inconnu :Le Prince de Machiavel. Inconnu, car quoiqu’en disait son père ce soir-là, il ne l’avait pas dans sa bibliothèque, car Coldris ne l’avait jamais vu. Il avait donc menti ostensiblement pour se sauver la face. Ah ce qu’il aurait aimé l’avoir lu pour lui fermer sa grande gueule de corniaud édenté ! Son père aurait été furieux, il aurait fini affamé, couvert de lacération et attaché au carcan pour une durée indéterminée, mais pour cette fugace jouissance face à celui qui méprisait la connaissance il aurait enduré tous les châtiments du monde.
Perdu dans ses souvenirs, il n’entendit pas le pas chaloupé et les talons de la femme qui l’avait accueilli claquer sur le parquet. Il sursauta lorsque sa main effleura sa joue, revenant subitement au moment présent, pour y croiser un regard enflammé qui raviva tout le désir qu’il avait enfoui durant la négociation. Elle savait jouer. Il ne pouvait pas le nier bien mieux que lui. Combien d’hommes avait-elle vu passer entre ses cuisses depuis toutes ses années ? Si elle réservait ce sort à tous les clients de la librairie, cela devait en faire un nombre colossal. Il observa cette langue pleine de provocation glisser sur la pulpe rosée de ses lèvres.
- Petits et grands apprécient les surcreries, Madame répondit-il charmeur.
Il avait beau tourner et retourner la phrase de son esprit, il n’était pas sûr d’en comprendre l’allusion. Il savait pertinemment qu’il s’agissait là d’un jeu d’adulte, mais quelque chose lui échapper, un double-sens qu’il n’arrivait pas à expliquer. Un coup d’œil à la porte lui annonça que le libraire n’était toujours pas de retour. Parfait, il se pencha pour se saisir de ses lèvres qui devaient se trouver décidément bien déshydrater pour qu’elle ne cesse de l’appeler ainsi.
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Comme il était décidément mignon ce petit jeune homme à sursauter à sa simple apparition ! Se laisserait-il si facilement distrairez ? Annie l'observa, plantant son regard droit dans le sien, cherchant à jauger quel intérêt il prendrait à son sujet. Son beau-fils était parti chercher l'argent convenu pour la vente des livres. Cela leur donnait un bon moment pour lier connaissance et fixer une rencontre prochaine. Sa main revint effleurer la joue du bel Apollon tout en lui posant cette malicieuse question. Sa réponse lui provoqua un léger, dépourvu de toute moquerie, tandis que sa main descendit pour chatouiller cette superbe nuque qui s'offrait à elle.
"Les sucettes sont un mets particulièrement raffiné."
Il se pencha brusquement pour cueillir ses lèvres et elle se laissa emporter par la fougue qui animait le jeune être. Quelle belle nuit que cela promettait ! Elle approfondissait ce baiser qu'il lui donnait et reprenait l'initiative. Ses mains étaient passés de l'autre côté de sa nuque et jouaient avec sa chevelure.
Lorsque le baiser se termina, Annie se retira mais, toujours mutine, s'amusa encore les cheveux du garçon. Elle susurra, langoureuse :
"Sais-tu jusqu'à quel point, mon bel Apollon, les femmes peuvent apporter du plaisir ? Prends une chambre à l'auberge des Deux Renards et attends ce soir dans ta chambre. Une surprise viendra récompenser ta patience."
Elle entendit alors les pas de son beau-fils qui revenait de la réserve et s'écarta. Lentement. Sa main quitta la joue du garçon, imprimant une dernière caresse. Quand Romain revint, elle semblait parfaitement naturelle, comme si elle venait juste d'apporter le livre réclamé par le client. Le libraire ne prêta pas la moindre attention et posa quatre lourdes bourses sur la table avant de s'intéresser à l'ouvrage.
"Voici, déjà pour notre transaction. Souhaitez-vous recompter ? Pour cle Prince, il coûte 9000 rilchs."
Le libraire s'en alla ensuite vers le comptoir, saisir la plume pour enregistrer la vente des livres, puis celle de la commande.
Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Coldris de Fromart, 16 ans
Coldris ne parvenait définitivement pas à lever le voile sur sous-entendu qui lui échappait. Pourtant les mots, il les connaissait, il les avait apprivoisés depuis longtemps et en jouait constamment, mais là… Là… le caractère sibyllin de ses propos restait hors de portée, ne demeurait que ce frisson qui se propageait jusque dans son bas ventre. Ce qui ne trompait pas sur la portée réjouissante que divertissante que cela annonçait.
Ce baiser volé au milieu de la librairie se transforma en baiser fougueux d’une jeunesse qui ne connaissait pas de tempérance. La simple idée d’être surpris suffisait à l’émoustiller un peu plus et à lui donner envie de la presser contre ses reins -ce dont il ne se priva pas pour toute la durée de leur étreinte.
— Sais-tu jusqu'à quel point, mon bel Apollon, les femmes peuvent apporter du plaisir ? Prends une chambre à l'auberge des Deux Renards et attends ce soir dans ta chambre. Une surprise viendra récompenser ta patience.
Dors, dors petit renard,
C’est le soir et il est tard.
Range ton étendard
Et quitte les remparts.
Dors, dors petit renard,
C’est le soir et il est tard.
Petit veinard,
Sous ta pelisse de brocart…
Coldris chassa la voix familière qui chantonnait doucement dans son esprit, la mélopée qui faisait fuir ses cauchemars, lorsqu’elle le maintenait dans ses bras. Lorsqu’elle le pouvait. Encore. Il frissonna et reprit aussitôt ses esprits. Si les femmes pouvaient apporter du plaisir ? Le prenait-elle pour un puceau ? Il arqua un sourcil perplexe.
- Oh oui j’ai une bonne idée de la chose, je vous remercie. rétorqua-t-il hautainement.
Prendre une chambre et l’attendre ? Il pourrait le faire. Il devait bien dormir quelque part, mais l’idée de lui obéir ne lui plaisait pas. Il n’avait pas fui Fromart pour courber l’échine devant la première femme venue (enfin deuxième) en échange de quelques mystérieux bonbons. Et puis quoi encore ? Il n’était pas à son service ! D’ailleurs, il se garda bien de lui répondre et laissa planer doute. L’arrivée de Romain lui permit d’esquiver toute tentative de relancer la conversation. Il acquiesça calmement, mais les mots prononcés quelques secondes plus tôt refusaient de quitter son esprit et se répéter dans un sempiternel écho.
- 9000 rilchs! Mais il n’est même pas illustré! C’est du vol à ce niveau-là !
Il feuilleta le livre qui n’avait rien que de très ordinaire et le reposa sur la table. Tant pis pour lui, s’il ne faisait pas baisser le prix, il irait acheter cet ouvrage ailleurs. 9000 rilchs… Vraiment… Et dire qu’il avait osé lui en proposer 10 000 pour ses deux Marco Polo ! Il prit les quatre bourses et entreprit de recompter la somme présente.
- N’y voyez nul méfiance de ma part, mais l’erreur est humaine et l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même.
Sans parler du fait que se concentrer sur les pièces qui s’égrainaient entre ses doigts permettait à son esprit de retrouver un peu de cette lucidité qui semblait lui filer des mains depuis qu’il avait passé le seuil de cette boutique. Il n’en revenait toujours pas de cette richesse qui lui tendait les mains. C’était tout bonnement incroyable. Incroyable, mais on ne peut plus réel comme le confirmait le tintement des pièces. Lorsque le libraire réapparut, il venait de déposer la dernière pièce dans l’ultime bourse. Bourse qui le ramenait inlassablement aux paroles de la sirène du comptoir. Il détestait les surprises. Il détestait que la situation lui échappe, mais sa curiosité était définitivement trop dévorante pour qu’il ne puisse simplement l’enterrer. Coldris se fit pourtant une gageure de l’ignorer. Or de question qu’elle ne jubile à l’idée d’avoir gagné. Il laisserait planer le doute. Et tant pis si elle ne venait finalement pas !
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
[quote="Alexandre"]
Annie avait perçu que le petit garçon prenait ombrage d'être commandé, cherchant à imprimer son autorité, et elle se retira aussitôt, apparemment docile. Son beau-fils revenait à ce moment. Elle en profita pour s'éloigner, sans accorder un regard au bel Apollon, et partit ranger à proximité un rayonnage d'essais historiques. Elle leur tournait le dos, concentré sur sa tâche, et évitait tout contact avec le client. Ses charmes l'avaient déjà acquis à sa cause. Il reviendrait. Elle le savait.
Romain Bellanger ne remarqua rien du manège qui avait pu se jouer dans sa propre boutique et revint tout sourire apporter les bourses pleines à son client bien exigeant. Il se permettait de discuter les prix de ses livres. Réellement. Où se croyait cet enfant qui ne savait visiblement rien de la vie ? pensait-il qu'il suffisait d'ordonner et que tout venait à lui ? Quelles sornettes ! Son prix se révélait pour le moins honorable. Un commerçant devait disposer d'une bonne marge.
"Il s'agit là, mon cher, du prix normal pour un tel article. Les autres librairies de la capitale ne vous le proposeront pas moins cher. Surtout en italien. Par exemple, chez Gilbert, il est même vendu à 11 000 rilchs. Ou chez Gobas, Dans d'autres, on ne le cède à pas mois 10 000. Je réalise beaucoup d'efforts sur mes propres marges pour le vendre à une valeur bien en dessous de celle de mes concurrents, vous savez."
Le libraire le laissa décider après cet argumentaire soigné. Il allait comprendre son intérêt. En s'éloignant pour enregistrer la vente, Romain entendit le désir de recompter. Cela ne le surprit pas. Lui aussi procédait toujours de cette manière.
"Non, bien sûr. J'agis toujours de même."
Un petit temps passa. Jusqu'au moment où le libraire eut terminé d'écrire le document qui enregistra la cession des livres et les montants et que le client eut fini de compter, Romain tendit la feuille au jeune homme.
"Voilà, monsieur."
Annie avait perçu que le petit garçon prenait ombrage d'être commandé, cherchant à imprimer son autorité, et elle se retira aussitôt, apparemment docile. Son beau-fils revenait à ce moment. Elle en profita pour s'éloigner, sans accorder un regard au bel Apollon, et partit ranger à proximité un rayonnage d'essais historiques. Elle leur tournait le dos, concentré sur sa tâche, et évitait tout contact avec le client. Ses charmes l'avaient déjà acquis à sa cause. Il reviendrait. Elle le savait.
Romain Bellanger ne remarqua rien du manège qui avait pu se jouer dans sa propre boutique et revint tout sourire apporter les bourses pleines à son client bien exigeant. Il se permettait de discuter les prix de ses livres. Réellement. Où se croyait cet enfant qui ne savait visiblement rien de la vie ? pensait-il qu'il suffisait d'ordonner et que tout venait à lui ? Quelles sornettes ! Son prix se révélait pour le moins honorable. Un commerçant devait disposer d'une bonne marge.
"Il s'agit là, mon cher, du prix normal pour un tel article. Les autres librairies de la capitale ne vous le proposeront pas moins cher. Surtout en italien. Par exemple, chez Gilbert, il est même vendu à 11 000 rilchs. Ou chez Gobas, Dans d'autres, on ne le cède à pas mois 10 000. Je réalise beaucoup d'efforts sur mes propres marges pour le vendre à une valeur bien en dessous de celle de mes concurrents, vous savez."
Le libraire le laissa décider après cet argumentaire soigné. Il allait comprendre son intérêt. En s'éloignant pour enregistrer la vente, Romain entendit le désir de recompter. Cela ne le surprit pas. Lui aussi procédait toujours de cette manière.
"Non, bien sûr. J'agis toujours de même."
Un petit temps passa. Jusqu'au moment où le libraire eut terminé d'écrire le document qui enregistra la cession des livres et les montants et que le client eut fini de compter, Romain tendit la feuille au jeune homme.
"Voilà, monsieur."
Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Coldris de Fromart, 16 ans
Maudit chien galeux de bouquiniste ! Neuf mille rilchs ?! Il le prenait vraiment pour un idiot ! Son Marco Polo aussi était en italien et illustré, lui. Que croyait-il qu’en faisant passé un exemple, il en goberait que c’était là une généralité ? Il n’était tout de même pas si naïf ! Il n’était pourtant pas question de montrer le moindre agacement envers le commerçant. Il lorgna la lumière au travers de la fenêtre et en déduisit qu’il avait un peu de temps devant lui.
— Je comprends parfaitement. J’irais sans doute visiter quelques-unes de ces librairies sur le retour. Enfin, à moins que vous ne me fassiez un prix sur cet ouvrage. Après tout, vous venez de réaliser une belle affaire grâce à ces petites merveilles que je vous ai vendues, vous pourriez peut-être à ce titre consentir à réduire quelque peu vos maigres marges
Marges qui n’étaient certainement pas aussi maigre que le gras qui recouvrait ses os, mais puisque c’était ce que l’on essayait de lui vendre en même temps que son livre, il joua le jeu jusqu’au bout. En attendant, Coldris comptait méticuleusement les pièces des différentes bourses. Tout y était.
— C’est parfait déclara-t-il en prenant la feuille qui enregistrait la vente des livres.
Il vérifia que tout était en ordre et se dirigea vers le comptoir afin de procéder à la signature définitive de l’acte.
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Le libraire s'efforça de paraître détaché et de rien montrer que l'insistance du garçon commençait à lui porter aux nerfs. Depuis quand négociait-on les biens de valeurs ? Un bijoutier n'accepterait jamais qu'on débatte pour un collier ou une bague. pas plus que le drapier tolérerait d'abaisser sa marge sur ces plus beau tissus. Ils se trouvaient dans une échoppe respectable et non devant un étal, à parler de bêtes légumes. Ce garçon ne comprenait rien au monde. Il répliqua avec froideur:
"Je regrette, monsieur, mais un prix est un prix. On ne peut le descendre."
Ou il achetait à la bonne valeur ou il repartait. Mais Romain ne comptait pas discuter et risquer ses marges. Il s'écarta pour aller rédiger le document de cession des livres pendant que le petit garçon comptait son argent.
Lorsque leurs affaires respectives se finirent, le libraire tendit au client le fameux document.
"Vous n'avez plus qu'à signer si tout vous semble conforme."
Il s'exprima à nouveau d'une voix polie. Comme si aucun différent n'avait eu lieu. il indiqua en même temps la plume pour apposer sa signature.
Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Coldris de Fromart, 16 ans
- avertissement - allusions sexuelles:
— Je comprends parfaitement. En ce cas, je préfère patienter. répondit-il simplement.
Ce qui ne l’empêcherait pas de venir fanfaronner devant la boutique s’il le trouvait effectivement moins cher ailleurs ! Il récupéra le document, vérifia une dernière fois que tout est en ordre et inscrivit son nom en bas :
Coldris de Fromart
Son père ne pourrait même pas porter plainte pour le vol et la vente de ses livres puisqu’ils avaient le même nom et que personne n’irait chercher midi à quatorze heures ! Quel dommage. Il reposa la plume sur la table, un large sourire illuminant de part en part son visage encore juvénile.
— Parfait, je vous remercie, Monsieur Bellanger.
Il récupéra les quatre bourses tintant joyeusement et prit le chemin inverse.
— Madame. salua-t-il d’une inclinaison de tête d’où perçait un regard espiègle
Puis il se retourna brièvement vers le jeune libraire et ajouta plein de morgue :
— Oh! Et n’oubliez pas mon nom ! Un jour vous m’appellerez Votre Excellence, et vous vous réjouirez de ma venue !
***
Nuit du 31 décembre 1560
Coldris était allongé sur son lit à lire le Prince (trouvé pour 7000 rilchs chez Gilbert. Comme quoi il avait bien fait de patienter) lorsque l’on avait frappé à sa porte. La marchande de bonbon en personne était comme prévu venue le retrouver, et ce n’était certainement pas pour parler littérature ou politique qu’elle se trouvait là. Oh non ! Il n’avait guère mis bien longtemps avant de se laisser aller à une expérimentation entièrement nouvelle. Il n’avait même jamais envisagé la chose sous cette perspective et c’était… Diablement délicieux à s’en damner. C’était sans doute pour cela que l’Église interdisait ce genre de pratique. D’ailleurs et puisque c’était la soirée des nouveautés, il avait laissé Annie diriger les opérations dans leur intégralité pour une fois, et ce, même s’il devait constamment lutter contre son désir de reprendre les rênes en main. Et il devait bien admettre qu’observer les choses sous cet angle nouveau n’était pas forcément pour lui déplaire et lui offrait une admirable fenêtre avec une vue dégagée sur tout ce qu’il trouvait de si merveilleux dans le corps d’une femme. Bien évidemment, et jeunesse oblige, ils n’en étaient pas restés là et avaient renouvelé tant l’expérience que les expérimentations puisqu’Annie venait de lui ouvrir de nouvelles portes. Et cette fois, hors de question de se laisser gouverner.
Il se laissa retomber à ses côtés, pantelant d’extase alors que quelques rues plus loin, on sonnait la mi-nuit, marquant ainsi le passage à une nouvelle année. Quelle meilleure façon de commencer l’année que celle-ci ? Ici, à Braktenn, en agréable compagnie et avec de quoi vivre confortablement pendant quelque temps. Il tourna la tête, un sourire impossible à tuer au bord des lèvres pour remettre en place une mèche ondulante qui traverser le visage d’Annie. Sa cage thoracique se soulevait toujours profondément sous l’effet de l’exercice, mais il n’en restait qu’une profonde paix comme rarement il en avait l’occasion. Pas de voix. Pas de souvenir. Juste ce silence duveteux dans lequel il pouvait s’emmitoufler à l’infini. Juste cette sensation de plaisir qui continuait de se diffuser dans ses veines.
Il se redressa sur un coude :
— Je dois reconnaitre que vous aviez raison. J’ignorais à quel point tout ceci était possible. déclara-t-il très sérieusement.
Le simple fait d’en parler éveillait déjà tant ces nouvelles sensations désormais inscrites dans son corps que sa gourmandise latente. Combien de choses pouvait-il encore ignorer sur ce sujet ? Il lui avait pourtant semblé ne pas être parfaitement inculte. De toute évidence, il s’était pleinement fourvoyé.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Le libraire se satisfit que le client ne fasse plus de difficulté pour l'achat de ce livre. Cela aurait été gênant. De toute manière, ce garçon, qui ne savait certainement rien de la vie, n'était personne. Il survivrait quelques temps grâce à cette vente puis tomberait peu à peu dans la pauvreté. II resta derrière le comptoir, à l'observer apposer sa signature en bas du document de cession des biens. Son regard vérifia ensuite le nom apposé : Coldris de Fromart. C'était donc bien un rejeton de nobles. De nobles désargentés, sans aucune importance. Romain se targuait de connaître le moindre aristocratique qui possédait en la capitale un minimum d'influences. La famille de Fromart, cela ne lui évoquait décidément rien. Ils devaient vivre en périphérie de la ville, dans un castel dont les pierres menaçaient de s'écrouler sur leurs têtes. Bientôt, il en était assuré, ce freluquet serait dans la rue, à tendre la main, et finit par être ramassé pour parasitisme. Si le destin se déroulerait ainsi, le commerce s'amuserait beaucoup de le voir asservi. Il pourrait peut-être l'acheter et lui remettre ainsi en mémoire son insolence passée.
Il dissimula toutes ces pensées et répondit d'une voix presque joviale :
"Je vous souhaite une excellente continuation, monsieur."
Avant de retomber dans le caniveau.
Le garçon salua ensuite Annie mais celle-ci garda le dos tournée, rangeant des livres sur une étagères. Elle avait parfaitement entendu mais simulait ne plus s'intéresser à lui pour faire monter son désir. Sa langue passait cependant sur ses lèvres. La nuit prochaine promettait d'être délicieuse.
Puis, le garçon proclmaa une dernière absurdité qui faillit faire exploser de rire Romain. Mais quel imbécile ! I espèra le voir bientôt esclave, oh oui, ce serait magnifique que de lui rappeler toutes ses bêtises !
Après une merveilleuse nuit, Annie se laissa retomber sur le matelas, se lovant contre le corps de son jeune et fougueux amant. sa main continuait à décrire des cercles sur sa poitrine, un sourire toujours mutin aux lèvres.
"La sexualité peut être absolument formidable et riche, mon beau Coldris, mais l'Eglise et la société pense que celle-ci doit être encadrer. Quelles bêtises ! Pendant des années, j'ai été prise par mon mari, mort depuis dieu merci des années, qui me besognait sans prendre le moindre plaisir. J'ai été rapidement voir ailleurs pour comparer les modèle, si tu vois ce que je veux dire. 'ailleurs, de mes cinq enfants, je suis presque sûre qu'aucun n'est véritablement de mon défunt mari."
Elle remonta la main pour la glisser vers sa nuque.
"mais je peux t'apprendre, Coldris, tout ce que tu ignores, tout ce que la morale réprouve mais qui est si bon. Tu n'es pas inculte de la chose mais même les catins se répugnent parfois à certains actes. Ou le tarifient cher. Car elles sont croyantes et craignent l'Enfer. Mais moi, Coldris, moi, je t'"éduquerai sur tout ce qu''elles n'ont pas voulu te montrer."
Elle laissa échapper un gloussement.
"Tu vas pouvoir débourser sans avoir à débourser !"
Une pensée s'agitait à cet instant de son esprit, celles des paroles de son amant.
"Dis, Coldris, tout à l'heure, en saluant mon beau-fils, tu étais sérieux ou ce n'était qu'une provocation pour l'agacer un peu plus ?"
Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Coldris de Fromart, 16 ans
- Avertissement - châtiment corporel:
Coldris enroula son bras autour du corps chaud d’Annie. Il détestait la religion. Cette vaste mascarade censée régir leur vie en prétendant devoir rendre des comptes à un Dieu qui ne faisait jamais rien d’autre que de vous spolier ceux auxquels vous teniez. Il avait donc décidé que Dieu n’existait pas. Et c’était bien mieux ainsi. Il ne priait plus, mais ordonnait désormais ses pensées et son savoir, s’efforçant de mémoriser autant que possible chaque livre qu’il lisait pour le ranger dans sa bibliothèque mentale. C’était toujours autant une plaie d’assister à ces effroyables messes qui semblaient tant passionner son géniteur. Qu’espérait-il donc ? Une rentrée de fonds miraculeuse ? La rédemption pour ses crimes ? Rien que de le voir aussi pieux lui donner envie de vomir au pied de l’autel. Un beau jour d’automne, il y a de cela environ trois années, il en avait eu assez et s’était infiltré dans la chapelle dans l’idée d’y soulager sa conscience. Debout sur une chaise, il s’était mis à uriner joyeusement dans le bénitier, riant de bon cœur à l’idée de le voir se signer avec de la pisse bénite. Cela aurait été absolument parfait, si l’un de ses astiqueurs de manche qui lui faisait office de frère ne l’avait pas surpris en train de rajuster ses chausses. Sans surprise, quelques heures plus tard, son père avait débarqué, les veinules de ses orbites prêtent à exploser de fureur, il l’avait trainé de force dans la grande salle où l’âtre brulé toujours d’un feu endormi. Le vieux Coldris s'était saisi la pince à braise qui jouxtait la cheminée pour s’emparer de l’un de ces petits morceaux de bois rougeoyants.
Coldris se souvenait encore parfaitement de ses paroles…
Tu sais ce que l’on fait aux hérétiques de ton espèce ? On les brûle !
… Tout comme il se souvenait parfaitement de la douleur qui avait irradié dans tout son avant-bras, le forçant à lâcher un cri lancinant malgré toute la volonté qu’il avait de ne pas lui donner satisfaction et les joues qu'il s'était mordues au sang. Le châtiment s’acheva d’un grand coup qui l’envoya valser sur les dalles de pierre.
Alors ça fait du bien? C'était un avant-goût des flammes où tu bruleras pour l'éternité.
Tu es la honte de cette famille !
Tu es la honte de cette famille !
Cela ne l’avait pas empêché de recommencer.
Avec plus de discrétion cette fois.
L’anecdote d’Annie le faisait en revanche sourire. Est-ce que toutes les femmes de Braktenn pensaient secrètement comme elle ?
— C’est normal Annie. Les épouses servent à être engrossées et les maitresses à être désirées. Et je ne vois pas d’inconvénients à ce qu’elle en fasse de même, mais je serai quand même bien fâché de découvrir que les enfants de ma femme ne sont pas les miens. Le sang c’est important. répondit-il doctement.
Cependant, elle avait une proposition des plus alléchantes à lui offrir, ce genre même qui lui hérissait les poils sur la nuque alors que ses doigts venaient d’y élire domicile. Il en avait les yeux qui brillaient d’avidité. De tous les enseignements, celui-ci s'avérait indubitablement le plus divertissant.
— Je gouterai de tous vos bonbons avec plaisir, Annie.
Il ne put s’empêcher de laisser échapper un rire à son petit mot d’esprit fort bien trouvé. Elle avait entièrement raison et certaines bourses se devaient de rester pleines pour servir ses projets nettement plus ambitieux, comme le lui rappeler sa préceptrice en Art du corps. D’un geste souple, il la renversa sur le dos et s’installa au-dessus d’elle, tête à quelques centimètres de la sienne.
— Bien sûr que je suis sérieux. Un jour, je serai Premier Conseiller et tout le monde connaitra mon nom dans le royaume. Vous verrez, l’Histoire retiendra mon nom.
… Et certainement pas celui de mon père.
La honte de notre famille, c’était lui.
Il ne restera qu’un seul Coldris de Fromart et ce sera moi.
La honte de notre famille, c’était lui.
Il ne restera qu’un seul Coldris de Fromart et ce sera moi.
Une réponse pleine d’assurance que corroborait son regard déterminé. Il pouvait bien s’amuser avec elle ce soir, dès demain, il se mettrait en quête d’un emploi qui lui permettrait de se rapprocher des grilles dorées du Palais. Il les avait touchées, maintenant il voulait les pénétrer.
— D’ailleurs, il me faudra un emploi. Vous ne connaitriez pas quelques notaires ou avocats par hasard ? il se pencha à son oreille avant d’y murmurer je saurai vous rétribuer comme il se doit.
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Après quelques caresses, disposées à des endroits spécifiques, qui ne pouvaient que plaire à son bel Apollon, Annie se laissa retomber sur le matelas. Son jeune amant exprimait ses opinions sur le mariage et la sexualité avec une conviction qui la surprenaient. Peu d'adultes manifestaient une aura aussi puissante. Elle dodelina de la tête et se rapprocha de sa nuque. Sa langue vint s'y perdre
"Je comprends. Mais en ce cas, il est important de le préciser à celle qu'on épouse. et puis, mon mari, c'était un idiot. Un alcoolique qui passait son temps à dépenser sa paie à la taverne. Dès les débuts de notre mariage. Je devais faire des travaux de coutures et de lavandières tout en élevant mes petits pour récupérer un peu d'argent et avoir de quoi manger. Je suis presque sûre que ce vieil imbécile ne s'est jamais posé de question. Et il aura duré. Il n'est pas mort avant que notre aîné n'ait treize ans."
Sa bouche continuait à imprimer de longs va-et-vient le long de la nuque du jeune homme. Sarah se régalait de la voir succomber au désir et de l'initier à des plaisirs qu'i n'avait pu lui apprendre. Toute sa vie, sa mémoire se rappellerait de son initiatrice, comme elle se souvenait de son second amant, celui qui lui avait dévoila à quel point le corps pouvait apporter tant de bienfaits. A sa réplique sur les bonbons, elle sourire, mutine, et se redressa pour l'embrasser
"Comme tu me le disais si bien : petits et grands raffolent des sucreries."
Elle se laissa retomber sur son torse, l'invitant à glisser ses bras dans son dos, et l'entendit évoquer ses dessins. Il parlait bien, avec une autorité déconcertante. Ses ambitions étaient limpides et le percevait qu'il n'échouerait. Il possédait trop de fierté pour se le permettre. Annie sourit, songeant aux opportunités que ce bel Apollon lui apporterait prochainement. Elle n'eut ainsi aucune hésitation quand il lui demanda des noms de notaires ou d'avocats qui recruteraient.
"Je préconiserais la profession de notaire, Coldris. C'est là dans ce domaine que l'on fait parler le plus les gens. Surtout quand on sait les attirer au lit. De mémoire, je sais que le sieur Durangis recherche un commis le sieur Bellant un clerc. Il y a aussi le sieur Bondeau qui aurait besoin d'aide mais son affaire tourne mal et il a assez peu de clients."
Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Coldris de Fromart, 16 ans
Annie avait le don de mettre sa concentration à rude épreuve avec ses doigts baladeurs et sa langue… Eh bien sa langue qui venait imprimer des baisers moites un peu partout sur sa peau nue, légèrement transpirante des efforts fournis précédemment. Il aurait pu céder à la tentation, mais c’eut été baisser les bras trop facilement face à la levée des armes qu’elle espérait provoquer. Coldris était bien trop fier pour se laisser ainsi conduire -qui plus est par une femme !-, il se fit donc une gageure de conserver son esprit froid et pragmatique alors qu’elle essayait de raviver les braises dans ses entrailles.
Cet homme qu’elle décrivait… Il ne put s’empêcher de penser à son propre père qui avait dilapidé et ruiné leur famille. Il effleura la courbe rebondie de ses seins tout en commentant.
— C’est juste un homme comme un autre. Pourquoi croyez-vous que je sois obligé de vendre des livres, pour survivre alors que ma famille a été anoblie durant les croisades ? Dura vita, sed vita. Il nous appartient de prendre les devants lorsque nous n’en sommes pas satisfaits.
C’était trop facile de se plaindre lorsqu’on ne faisait rien pour changer le cours des choses. C’était comme être complice de son existence misérable. Inaction rimait avec acceptation. Coldris avait patienté. Il avait attendu le bon moment pour fuir et agir. Cela n’avait rien à voir avec tous ces miséreux qui attendaient un signe divin ou un miracle quelconque !
Combien de temps tiendrait-il avant de succomber à ses appels ? Sans doute guère plus que ce que le repos exigeait de lui. Il agrippa ses hanches à son invitation et la renversa sur le dos afin de lui faire part de ses ambitions et de sa volonté de reprendre le dessus. Au sens large bien sûr. C’était désormais à lui de déguster quelques sucreries tandis qu’elle lui donnait son avis sur son projet. Les notaires. L’endroit où l’on trouvait plein de charmantes veuves éplorées à consoler. Un excellent choix en effet, pour mettre pied à l’étrier.
Durangis.
Bellant.
Blondeau.
La peau sucrée d’Annie avait un goût de reviens-y qui rappelait ses lèvres chaque fois qu’elles s’en détachaient. Malgré tout, cela ne l’empêchait pas de peser chacune de ses options. Le palais royal restait son objectif. Il devait faire parler de lui. Se faire connaitre. Personne ne devait ignorer son nom dans Braktenn. Il n’y avait aucune gloire à emprunter à la voie de la facilité. Tout le monde pouvait y arriver. Ses mains glissèrent le long de ses flancs. Il n’y avait qu’une seule option : le notaire au bord de la banqueroute.
Délicat comme cette peau d’ivoire.
Audacieux comme le feu qui brulait en lui.
Excitant comme le désir grandissant qui le gagnait.
— J’irai voir Blondeau dans ce cas. déclara-t-il en relevant brièvement la tête pour répondre dans un sourire enjôleur.
Les opportunités naissaient dans un terreau de difficultés. Il était venu ici pour tenter le tout pour le tout. C’était ça ou finir ses jours dans un monastère. Lorsque l’on était rien, on ne pouvait que s’élever et Coldris comptait bien s’élever jusqu’à pouvoir frôler le soleil et se glisser dans son ombre céleste, car il n’y avait rien de plus enivrant que jouer avec le feu. Pas même la sensation de son corps nu et chaud contre le sien.
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Annie s'amusait à présent à chatouiller le torse du jeune homme alors que celui-ci commentait ses explications sur son mariage malheureux. Elle nota ses informations dans un recoin de son esprit. Il appartenait à une ancienne famille noble, qui remontait au temps des croisades. Elle irait fouiller tantôt les registres de généalogie pour retrouver la piste de ce garçon et de ses ancêtres. Cela serait éventuellement utile. Ou pas. L'avenir le dirait. Elle remonta les mains vers la gorge de Coldris, puis ajouta après lui :
"Je ne comprends que trop bien. J'ai enduré beaucoup en silence dans le début de mon mariage. Avec de petits enfants accrochés aux jupons, on ne dispose que peu de libertés, puis quand les aînés ont commencé à grandir, sous prétexte d'e leur autonomie, j'ai commencé à sortir. Puis, à rencontrer un jour un certain libraire et à réussir à m'en faire aimer. Ne sous-estimes jamais les femmes, mon garçon. La société nous voudrait faibles mais nous disposons de bien plus de force et d'intelligence que les hommes semblent vouloir le considérer."
Un air revanchard brillait dans son regard. Puis, elle se pencha pour l'embrasser.
Elle se laissa ensuite retourner et accueillit son fougueux amant en tendant ses bras pour mieux entourer son corps avec. Comme elle raffolait de la jeunesse ! Les garçons qui découvraient la sexualité possédaient bien plus d'énergie et de vigueur que les hommes de son âge. Avec eux, elle pouvait s'ébattre plusieurs heures, avec délices, sans risquer l'étourdissement de celui sur elle. Elle l'observa en même temps, pensive, étudier les noms cités, et songea qu'un feu intérieur et puissant dévorait l'âme de Coldris. Il rêvait de gloire. Il rêvait d'enterrer son père par sa réussite. Elle dissimula son intéressement d'un air habile en l'embrassant alors que ses mains caressaient la nuque du garçon. Un jour, il réussirait. Elle le percevait et aspirait à en jouir. Elle s'efforcerait de rester en bons termes avec lui et elle pourrait certainement lui demander quelques petits cadeaux. par exemple, une petite maison, sans grande prétention, quand son beau-fils l'aurait viré une fois que son père serait décédé. Elle devait songer à son avenir et n'éprouvait pas la moindre envie de finir à la rue.
Il irait voir le notaire Blondeau ? Que pouvait-elle encore lui dire pour l'aider dans sa quête ? Annie rassembla les informations en sa possession et finit par dire :
"Des rumeurs prétendent qu'il fait du marché noir. Ou des choses illégales. Que c'est comme ça qu'il ferait survivre son cabinet. Je ne sais si c'est du bon grain ou de l'ivraie mais j'imagines que tu apprécieras de le savoir, non ?"
Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
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La vie n’avait rien de facile. Il suffisait de lire chacun des sillons présents sur son corps pour s’en convaincre. Il aurait sans doute été plus sage de se soumettre et d’endurer en silence comme le faisaient tous ces idiots, mais Coldris n’avait jamais été ainsi. Toujours à l’écart, toujours déterminé. Les bourrasques qui balayaient son ascension ne l’obligeaient qu’à affermir sa prise et arrimer un peu plus ses griffes dans les interstices. Quand bien même elles le feraient choir, il finirait toujours par remonter, car il ne savait faire que cela. Peu importe les châtiments endurés ou les difficultés qui se présentaient, il se relevait et avançait.
Il ne pouvait s’empêcher de caresser la courbe de ses reins tandis qu’elle complétait à quelques centimètres de son oreille ses recommandations. Coldris nota l’information dans un coin de son esprit, mais son esprit avait du mal à accepter cette réalité. Il ne voyait pas comment il pouvait se faire duper par une femme. C’était surement Annie qui espérait que les choses soient ainsi, mais la vérité c’était que les femmes étaient bien trop sentimentales pour vivre dans un monde d’hommes. Enfin, si cela lui chantait d’y croire, il n’allait pas briser ses espoirs.
Il préférait de loin, profiter de cette faiblesse pour son propre plaisir et se permit donc de la basculer sur le dos. Ce n’était d’ailleurs pas parce qu’il était occupé à l’embrasser de la gorge au nombril qu’il ne pouvait pas en même temps soupeser les différentes options qui s’offraient à lui. Hors de question de céder à la facilité, il prit donc Blondeau. Et laissa ses doigts courir le long de ses cuisses tandis qu’elle rassemblait les informations en sa possession.
— La morale c’est pour les faibles, Annie. Les hommes forts exploitent cette faiblesse. énonça-t-il comme une vérité absolue.
Un sourire s’étira à l’idée d’utiliser cette faille pour son propre intérêt.
— Vous avez raison, je veux tout savoir sur lui. Comment s’appelle sa femme ? Quels sont les loisirs ? Son train de vie ? Des amis ?
Il l’embrassa et renouvela l’expérience autant de fois qu’il eut de questions à lui soumettre. Les informations étaient cruciales. On ne partait pas à la guerre sans s’être renseigné sur son adversaire, c’était tout bonnement suicidaire.
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Re: [Flashback ~ 1560-1566] Duce fatum tuum
Retournée sur le dos, Annie se laissait entièrement aller face à son jeune amant fougueux qui reprenait les choses en main. Il se montrait un élève doué et retenait vite les leçons. Elle se cambrait sous l'effet de ses caresses en poussant de légers cris pour renforcer son excitation. Ses mains remontèrent pour toucher le visage de Coldris, effleurant avec tendresse sa peau. Son assertion la fit sourire. La morale était pour les faibles et les hommes forts - ou les femmes - tiraient leur force de cette faiblesse. Il avait parfaitement raison. Elle aurait pu répondre mais la femme prenait en cet instant bien trop plaisir pour gaspiller de l'énergie à échanger une banalité ou produire une dissertation sur cette affirmation. Il se révélait bien plus intéressant de se donner pleinement pour mieux recevoir.
Quand une accalmie se produisit, entre les baisers, Annie réfléchit à toutes ces questions.
"Le notaire Bondeau se nomme Hyacinthe Bondeau. Hyacinthe Joseph Jérôme Bondeau, Son père, Jacques Bondeau, était lui avocat. L'étude a été fondée par son grand-père. Il existe cependant un secret honteux sur cette famille. Un secret que peu de gens savent. Je ne l'ai su qu'en couchant avec lui, en réussissant à le faire parler. Si tu savais, Coldris comme bien des hommes sont bavards au lit ! Comme s'ils ne pouvaient utiliser cerveau et sexe en même temps ! Il m'a confié souffrir de ne pas avoir de mère. Je pensais qu'il faisait référence à Jacqueline Bondeau, l'épouse de Jacques Bondeau, décédée quand il avait sept ans. En réalité, non, il faisait référence à.... une esclave. Jacques Bondeau avait fait de l'une de ses servantes sa maitresse. Pour assurer la réputation de l'enfant, il aurait ordonné à son épouse de rester à domicile, puis a déclaré le petit Hyacinthe comme le fils légitime du couple. Sauf que cela aurait attiré des jalousies, bien sûr. L'épouse aurait tué la servante, puis, par vengeance, l'ancien notaire a supprimé son épouse. malheureusement, je doute, Coldris, que tu puisses faire quelque chose avec d'aussi vieilles affaires."
Elle marqua une pause, puis reprit :
"Il fut marié deux fois. Sa première épouse, Marie Ledoux, est décédée assez tôt, en couches, en mettant au monde leur troisième enfant. Il a pris une certaine Lucie Lasalle voilà de cela treize ans en seconde noces qui lu ai donné cinq enfants. Les trois aînés sont déjà établis. Deux filles bien mariées, le fils travaille dans l'étude du père. Les autre sont encore jeunes. Néanmoins, à retenir, ses deux femmes étaient toutes deux de jeunes veuves, qui possédaient un héritage."
Annie s'arrêta pour reprendre son souffle.
"Ils vivent de manière modeste. Sans luxe. L'épouse est pieuse et fréquente l'église chaque jour. Une parfaite grenouille de bénitier ! Elle ne parle qu'en citant des versets de la Bible. Bondeau lui, affectionne beaucoup la chasse mais beaucoup de ses paries connaissent des accidents. Quant à ses amis, ce sont tous les notables que comptent cette ville. Il est de nature sociable et sait comment enjoliver les choses pour se faire apprécier du moindre interlocuteur."
Un mauvais sourire se dessina sur le visage d'Annie.
"S'il était femme, on dirait de lui qu'il écarte facilement les cuisses !"
Elle ponctua son bon mot d'un rire tonitruant.
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