[23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
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[23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Eldred avait quitté Alduis il y avait un peu plus d’une heure. Fini les champs, place à l’effervescence de Braktenn. Il comptait passer chez le lormier afin de récupérer les harnachements commandés par le baron, il y a quelque temps de cela.
L’idée d’emprunter les rues grouillantes et puantes de la capitale ne l’enchantant pas plus que cela, il opta pour un tout autre itinéraire longeant les berges du fleuve. Excepté quelques bateaux, les lieux étaient pour le moins paisibles.
Sur tout le chemin, il avait ressassé sa discussion avec son ami. Il avait beau ne pas trouver cela problématique, il avait tout de même du mal à s’en convaincre. C’était plus que risqué c’était insensé. Monter une révolte à côté était presque aussi sage que de ne rien faire du tout…
Il arriva enfin aux docks et ne put s’empêcher de penser à Alexandre en voyant un marin ajuster son écharpe autour de son cou. Un petit sourire amusé s’étira sur les lèvres. Le souvenir de son visage rouge de honte était encore fermement implanté dans son esprit. Il ne manquerait pas de lui dire qu’il les avait salués pour lui en passant…
Un peu plus loin errait une silhouette familière. Il fut pour le moins étonné de la trouver en cet endroit, loin des commerces ou de tout intérêt possible. Il talonna son cheval et s’approcha au petit trot, puisque la fortune l’avait placé sur son chemin, il n’allait pas laisser cette occasion passer ! Surtout qu’il avait toujours son présent dans l’une des besaces de l’animal, justement « au cas où ». C’était bien l’avantage d’un cadeau relativement compact. C’était peu en comparaison du sien, mais il espérait que cela lui ferait plaisir.
- Bonjour Eléonore! lança-t-il jovialement avant de sauter pour mettre pied à terre.
L’idée d’emprunter les rues grouillantes et puantes de la capitale ne l’enchantant pas plus que cela, il opta pour un tout autre itinéraire longeant les berges du fleuve. Excepté quelques bateaux, les lieux étaient pour le moins paisibles.
Sur tout le chemin, il avait ressassé sa discussion avec son ami. Il avait beau ne pas trouver cela problématique, il avait tout de même du mal à s’en convaincre. C’était plus que risqué c’était insensé. Monter une révolte à côté était presque aussi sage que de ne rien faire du tout…
Il arriva enfin aux docks et ne put s’empêcher de penser à Alexandre en voyant un marin ajuster son écharpe autour de son cou. Un petit sourire amusé s’étira sur les lèvres. Le souvenir de son visage rouge de honte était encore fermement implanté dans son esprit. Il ne manquerait pas de lui dire qu’il les avait salués pour lui en passant…
Un peu plus loin errait une silhouette familière. Il fut pour le moins étonné de la trouver en cet endroit, loin des commerces ou de tout intérêt possible. Il talonna son cheval et s’approcha au petit trot, puisque la fortune l’avait placé sur son chemin, il n’allait pas laisser cette occasion passer ! Surtout qu’il avait toujours son présent dans l’une des besaces de l’animal, justement « au cas où ». C’était bien l’avantage d’un cadeau relativement compact. C’était peu en comparaison du sien, mais il espérait que cela lui ferait plaisir.
- Bonjour Eléonore! lança-t-il jovialement avant de sauter pour mettre pied à terre.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
C'était ce soir. Dans quelques heures à peine. Les jours précédents, elle était relativement bien parvenue à relativiser. Mais au plus le moment approchait, au plus l'angoisse montait. Elle avait passé la matinée à répéter des phrases banales devant sa glace pour moduler sa voix. Pour ne pas perdre ses moyens. Elle était gourde, tellement gourde.
Le soleil filait bien trop vite. D'ailleurs, en cette saison, il se couchait bien trop tôt, et le ciel commençait déjà à s'assombrir, tout doucement. Eltinne allait piquer une de ces crises quand elle rentrerait... Mais elle n'aurait pas pu rester enfermée plus longtemps. Elle était sortie, jetant à peine son manteau sur ses épaules, et avait marché. Marché sans savoir tout à fait vers où. Finalement, elle était arrivée sur les quais, sans encombres. Sa main s'assurait souvent de la présence de son poignard. Un clocher, au loin, lui indiqua qu'elle avait encore le temps.
Elle était inconsciente. Elle ne pouvait pas décemment se présenter à ce dîner ! Pourquoi avait-elle accepté, déjà ? Il fallait qu'elle se ravise, mais... Mais... Elle était trop faible, bien trop faible pour y résister. Sans Ariste, elle faisait n'importe quoi. Un regard fascinant, et la voilà qui ne savait plus penser à rien d'autre. Notons que ce n'était pas plus mal : cela l'écartait de ses pensées les plus sombres, et l'excitation dominait sa mélancolie.
C'est au milieu de cette réflexion qu'elle entendit des sabots qui se rapprochaient. Elle songeait que c'était tout de même bête de mourir ici, par pure imprudence, maintenant qu'elle y pensait, quand un voix familière la salua.
— Oh ! Eldred ! Quelle bonne surprise !
Et pour cause, si elle pouvait vérifier ses hypothèses avant de voir Lavinia le lendemain, tout serait beaucoup plus facile.
Ou pas... Parce qu'elle ne faisait jamais que tout gâcher. Elle aurait dû s'effacer. Retourner chez elle immédiatement, ne pas devenir un boulet pour tous ces gens... Et d'ailleurs, pourquoi Eldred l'avait-il interpellée ? Pourquoi ne pas passer son chemin, l'ignorer ? Profiter qu'elle ne l'ait pas vu ?
Elle n'osa pas envisager qu'il vienne uniquement réclamer la broche, qu'elle n'avait toujours pas su donner à Alduis. Il... Il n'était pas comme ça, si ? À moins qu'il n'en ait vraiment besoin maintenant ? Mais en tout cas, il ne pouvait pas raisonnablement l'accoster pour juste le plaisir de sa compagnie. Elle était tellement insupportable. Il n'y avait qu'Ariste pour savoir l'aimer, savoir apprécier sa présence pour de vrai.
— Je suis désolée, je n'ai pas encore su remettre la broche à Alduis. Je l'ai croisé hier, mais je n'y ai pas pensé. Mais je vais le faire.
Elle déglutit difficilement. Il devait la prendre pour une folle de déambuler ai si toute seule. Surtout après l'épisode de l'église, ou l'envie de vivre lui avait complètement fait perdre ses moyens. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle s'y était rattachée avec tant d'ardeur. Enfin, soit... Elle repéra la cicatrice dont lui avait parlé Lavinia. Ainsi, son imagination ne l'avait pas inventée pour appuyer ses théories. Alors... Elle pouvait toujours tâter le terrain.
— Dites-moi… Si je vous parle d'omelette sur corset et d'invitation à Saint-Eustache, cela vous évoque quoi ?
Elle chercha, dans son attitude, quelque chose pour voir si elle tapait juste. Après tout, l'homme rencontré par Lavinia n'était même pas obligé d'avoir donné son vrai nom. Et toutes ses suppositions reposaient sur… des suppositions.
— Quand vous m'aviez proposé d'être moins vigilant, je n'en attendais pas tant, ajouta-t-elle avec un sourire complice.
Le soleil filait bien trop vite. D'ailleurs, en cette saison, il se couchait bien trop tôt, et le ciel commençait déjà à s'assombrir, tout doucement. Eltinne allait piquer une de ces crises quand elle rentrerait... Mais elle n'aurait pas pu rester enfermée plus longtemps. Elle était sortie, jetant à peine son manteau sur ses épaules, et avait marché. Marché sans savoir tout à fait vers où. Finalement, elle était arrivée sur les quais, sans encombres. Sa main s'assurait souvent de la présence de son poignard. Un clocher, au loin, lui indiqua qu'elle avait encore le temps.
Elle était inconsciente. Elle ne pouvait pas décemment se présenter à ce dîner ! Pourquoi avait-elle accepté, déjà ? Il fallait qu'elle se ravise, mais... Mais... Elle était trop faible, bien trop faible pour y résister. Sans Ariste, elle faisait n'importe quoi. Un regard fascinant, et la voilà qui ne savait plus penser à rien d'autre. Notons que ce n'était pas plus mal : cela l'écartait de ses pensées les plus sombres, et l'excitation dominait sa mélancolie.
C'est au milieu de cette réflexion qu'elle entendit des sabots qui se rapprochaient. Elle songeait que c'était tout de même bête de mourir ici, par pure imprudence, maintenant qu'elle y pensait, quand un voix familière la salua.
— Oh ! Eldred ! Quelle bonne surprise !
Et pour cause, si elle pouvait vérifier ses hypothèses avant de voir Lavinia le lendemain, tout serait beaucoup plus facile.
Ou pas... Parce qu'elle ne faisait jamais que tout gâcher. Elle aurait dû s'effacer. Retourner chez elle immédiatement, ne pas devenir un boulet pour tous ces gens... Et d'ailleurs, pourquoi Eldred l'avait-il interpellée ? Pourquoi ne pas passer son chemin, l'ignorer ? Profiter qu'elle ne l'ait pas vu ?
Elle n'osa pas envisager qu'il vienne uniquement réclamer la broche, qu'elle n'avait toujours pas su donner à Alduis. Il... Il n'était pas comme ça, si ? À moins qu'il n'en ait vraiment besoin maintenant ? Mais en tout cas, il ne pouvait pas raisonnablement l'accoster pour juste le plaisir de sa compagnie. Elle était tellement insupportable. Il n'y avait qu'Ariste pour savoir l'aimer, savoir apprécier sa présence pour de vrai.
— Je suis désolée, je n'ai pas encore su remettre la broche à Alduis. Je l'ai croisé hier, mais je n'y ai pas pensé. Mais je vais le faire.
Elle déglutit difficilement. Il devait la prendre pour une folle de déambuler ai si toute seule. Surtout après l'épisode de l'église, ou l'envie de vivre lui avait complètement fait perdre ses moyens. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle s'y était rattachée avec tant d'ardeur. Enfin, soit... Elle repéra la cicatrice dont lui avait parlé Lavinia. Ainsi, son imagination ne l'avait pas inventée pour appuyer ses théories. Alors... Elle pouvait toujours tâter le terrain.
— Dites-moi… Si je vous parle d'omelette sur corset et d'invitation à Saint-Eustache, cela vous évoque quoi ?
Elle chercha, dans son attitude, quelque chose pour voir si elle tapait juste. Après tout, l'homme rencontré par Lavinia n'était même pas obligé d'avoir donné son vrai nom. Et toutes ses suppositions reposaient sur… des suppositions.
— Quand vous m'aviez proposé d'être moins vigilant, je n'en attendais pas tant, ajouta-t-elle avec un sourire complice.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
On ne pouvait pas dire qu’il s’était attendu à croiser Eléonore ici, mais c’était une excellente chose ! Elle s’excusa pour la broche et le zakrotien secoua la tête.
- Ne vous tracassez pas avec cela, il n’y a absolument aucune urgence
Et pour cause, il n’avait accepté que pour lui faire honneur, car il ne savait absolument pas comment utiliser une telle somme. D’ailleurs, il ignorait tout bonnement combien de rilchs pouvait valoir cette broche. Il la sentait mal à l’aise sans comprendre pourquoi. Si c’était pour cette histoire de cadeau, il n’y avait vraiment rien de bien dramatique ! Il sentit son regard se poser sur sa cicatrice, un regard annonciateur d’une question qui ne tarda pas à franchir ses lèvres. Il eut un mouvement de recul en entendant parler d’omelette. S’il n’avait pas vu Alduis juste avant à ce sujet, il n’aurait sans doute pas fait le rapprochement aussi vite, mais là… Il fronça les sourcils. D’où tenait-elle cette information ? Certainement pas d’Alduis puisqu’il venait de l’apprendre à cet instant précis. Irène non plus n’avait rien dû dire alors…
- Vous la connaissez ? répondit-il simplement.
Il ne s’attendait pas vraiment à une autre réponse que «oui ». Si c’était elle, il lui faisait confiance, alors il osa répondre à la suite de sa remarque d’une inclinaison de la tête -bon joueur-
- J’aurais dû l’être plus, indubitablement. Ca m’aurait sans doute évité bon nombre de surprises… Et vous, vous avez laissé les choses arriver ?
Un petit air taquin flottait sur son visage : il n’allait quand même pas être le seul à répondre aux questions, non ?
- Ne vous tracassez pas avec cela, il n’y a absolument aucune urgence
Et pour cause, il n’avait accepté que pour lui faire honneur, car il ne savait absolument pas comment utiliser une telle somme. D’ailleurs, il ignorait tout bonnement combien de rilchs pouvait valoir cette broche. Il la sentait mal à l’aise sans comprendre pourquoi. Si c’était pour cette histoire de cadeau, il n’y avait vraiment rien de bien dramatique ! Il sentit son regard se poser sur sa cicatrice, un regard annonciateur d’une question qui ne tarda pas à franchir ses lèvres. Il eut un mouvement de recul en entendant parler d’omelette. S’il n’avait pas vu Alduis juste avant à ce sujet, il n’aurait sans doute pas fait le rapprochement aussi vite, mais là… Il fronça les sourcils. D’où tenait-elle cette information ? Certainement pas d’Alduis puisqu’il venait de l’apprendre à cet instant précis. Irène non plus n’avait rien dû dire alors…
- Vous la connaissez ? répondit-il simplement.
Il ne s’attendait pas vraiment à une autre réponse que «oui ». Si c’était elle, il lui faisait confiance, alors il osa répondre à la suite de sa remarque d’une inclinaison de la tête -bon joueur-
- J’aurais dû l’être plus, indubitablement. Ca m’aurait sans doute évité bon nombre de surprises… Et vous, vous avez laissé les choses arriver ?
Un petit air taquin flottait sur son visage : il n’allait quand même pas être le seul à répondre aux questions, non ?
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Donc, ce n'était pas pour la broche. Cela l'aurait surprise, venant de lui... Mais elle ne voyait franchement pas d'autres raisons de l'aborder.
Mais puisqu'il était là, et qu'Éléonore devait identifier un inconnu qui correspondait bien trop à sa description pour que ce soit une pure coïncidence, elle testa ses hypothèses. Elle l'interrogea d'une telle manière que s'il n'était pas concerné, il n'aurait jamais pu associer ses paroles à Lavinia. Ne pas trahir ses confidences.
Mais... Sa réaction prouva qu'elle avait misé juste. C'était lui, sans aucun doute. Et puisque c'était lui, et qu'il savait très bien de qui elle parlait, n'était-elle pas en train de la trahir quand même en admettant qu'elle lui en avait parlé ?
Mais c'était Eldred, après tout. Elle y avait repensé, quand son esprit n'était pas accaparé par l'appréhension. À Eldred, elle pouvait se fier. Elle devait juste savoir ce que cette rencontre représentait pour lui.
— Il faut croire. Et vous ?
Parce que, si c'était bien lui, il y avait des chances pour qu'ils se renvoient plus tôt que prévu… À moins que ce ne soit déjà le cas ?
Éléonore eut un sourire gêné a sa question suivante. Laisser les choses arriver. Le conseil qui lui avait donné la force d'accepter le dîner de ce soir, même si ça n'avait pas été sa vocation.
— Je crains d'avoir légèrement détourné votre conseil, répondit-elle d'un ton de conspiratrice. Sans savoir pourquoi, l'idée la fit sourire. Mais... De surprises ?
De surprises liées à Lavinia ? Avait-il finalement compris qui elle était ? Ou de surprises en général, de coups du sort ?
Mais puisqu'il était là, et qu'Éléonore devait identifier un inconnu qui correspondait bien trop à sa description pour que ce soit une pure coïncidence, elle testa ses hypothèses. Elle l'interrogea d'une telle manière que s'il n'était pas concerné, il n'aurait jamais pu associer ses paroles à Lavinia. Ne pas trahir ses confidences.
Mais... Sa réaction prouva qu'elle avait misé juste. C'était lui, sans aucun doute. Et puisque c'était lui, et qu'il savait très bien de qui elle parlait, n'était-elle pas en train de la trahir quand même en admettant qu'elle lui en avait parlé ?
Mais c'était Eldred, après tout. Elle y avait repensé, quand son esprit n'était pas accaparé par l'appréhension. À Eldred, elle pouvait se fier. Elle devait juste savoir ce que cette rencontre représentait pour lui.
— Il faut croire. Et vous ?
Parce que, si c'était bien lui, il y avait des chances pour qu'ils se renvoient plus tôt que prévu… À moins que ce ne soit déjà le cas ?
Éléonore eut un sourire gêné a sa question suivante. Laisser les choses arriver. Le conseil qui lui avait donné la force d'accepter le dîner de ce soir, même si ça n'avait pas été sa vocation.
— Je crains d'avoir légèrement détourné votre conseil, répondit-elle d'un ton de conspiratrice. Sans savoir pourquoi, l'idée la fit sourire. Mais... De surprises ?
De surprises liées à Lavinia ? Avait-il finalement compris qui elle était ? Ou de surprises en général, de coups du sort ?
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Eldred eut la confirmation qu’elle connaissait bien Lavinia et son identité. A son « et vous » il hocha la tête pour toute réponse. Oui, il savait désormais qui elle était. Son nom, son identité et surtout son lien de parenté avec son Maitre. Le destin était joueur ou bien voulait voir jusqu’à quel point il pouvait tromper la mort, allez savoir.
- Oh vraiment? En tout cas vous semblez heureuse et ça fait plaisir. Pour ce qui est de mes surprises… il marqua une pause avant de soupirer en détournant brièvement le regard vers le fleuve Je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment faire plus gênant que de découvrir en présence de son maitre que la femme en question n’est pas une invitée, mais la fille du seigneur des lieux.
Il eut un petit rire nerveux avant de commenter
– Vous savez qu’ils ont cru que j’étais tombé malade ?!
Avec le recul, il trouvait la situation presque amusante. Désespérée mais drôle. Il ne savait pas trop à quoi s’en tenir pour l’avenir, entre les leçons d’équitation et sa distance, il ignorait où tout cela mènerait.
- Oh vraiment? En tout cas vous semblez heureuse et ça fait plaisir. Pour ce qui est de mes surprises… il marqua une pause avant de soupirer en détournant brièvement le regard vers le fleuve Je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment faire plus gênant que de découvrir en présence de son maitre que la femme en question n’est pas une invitée, mais la fille du seigneur des lieux.
Il eut un petit rire nerveux avant de commenter
– Vous savez qu’ils ont cru que j’étais tombé malade ?!
Avec le recul, il trouvait la situation presque amusante. Désespérée mais drôle. Il ne savait pas trop à quoi s’en tenir pour l’avenir, entre les leçons d’équitation et sa distance, il ignorait où tout cela mènerait.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Eléonore n’était pas sûre que le zakrotien sache vraiment de qui ils parlaient. Enfin… Qu’il connaisse son identité.
Elle semblait heureuse ? Était-elle heureuse ? Les doutes qu’elle cultivait sur ses projets de la soirée revinrent en force. Elle ne se comprenait plus. Cette inconscience, c’était à la fois complètement elle et rien de ce qui aurait pu lui ressembler. Ce n’était pas elle… Elle était bien trop faible, bien trop refermée sur elle-même pour prendre des risques. Ce n’était pas comme avant. Pas comme du temps où ils étaient invincibles, Ariste et elle. Que la confiance qu’il lui portait rendait l’entreprise la plus périlleuse parfaitement anodine, sans pour autant être moins exaltante.
Quelques instants de troubles seulement avant de reléguer tout ça en bruit de fond. Eldred ne l’angoissait pas. D’ailleurs, avec un peu d’efforts, les gens l’angoissaient moins qu’elle ne l’avait craint. Elle commençait àse dire que s’était comme quand elle s’était préparée à escalader la tourelle du Lion. Au début, elle glissait sur les premières pierres. Elle ne parvenait pas à prendre prise… Et maintenant, elle était un véritable lézard des murailles. C’aurait pu être pareille avec le monde. Peut-être qu’il lui aurait suffit d’entrainement. Ariste lui avait dit qu’elle était capable de tout, qu’il ne fallait que la force de quitter sa zone de confort.
Elle cilla. Tout cela était ridicule. C’était trop tard. Il était le seul qui puisse lui donner assez de force pour affronter ses angoisses. Le seul qui l’aurait encouragée à se dépasser. Parce que c’était ridicule. Parce qu’elle ne saurait de toute façon jamais rien faire sans lui, et qu’elle n’était pas prête à affronter quoi que ce soit toute seule. Elle était trop faible pour ça. Tout le monde le savait. Tout le monde sauf Ariste, qui était aveuglé par la force qu’il lui donnait. Ca ne pouvait être que ça, parce qu’il n’aurait pas pu se tromper. Alors, s’il la croyait forte, s’il la croyait capable, c’était qu’elle l’était en sa présence.
Et aussi...
Heureusement, Eldred ne tarda pas à développer son propos. Ses surprises. Elle parvint à reléguer le reste en toile de fond, comme elle parvenait à le faire de plus en plus souvent. C’était apaisant de tirer ses ennuis du premier plan de son esprit, qu’ils avaient investi trop longtemps.
Elle plaqua sa main devant sa bouche, pour ne pas éclater de rire en imaginant la scène.
— Vous savez qu’ils ont même cru que j’étais tombé malade.
— Attendez… Vous vous êtes revus… en présence de son père ?
Notons… Au moins, ils s’étaient revus…
— Mais… Vous avez eu l’occasion d’en discuter ? Comment l’a-t-elle pris ?
Elle se rendit compte qu’elle connaissait vraiment très peu Lavinia. Quoi d’étonnant : elle faisait à peine sa connaissance. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle penserait de s’être éprise d’un esclave.
Elle semblait heureuse ? Était-elle heureuse ? Les doutes qu’elle cultivait sur ses projets de la soirée revinrent en force. Elle ne se comprenait plus. Cette inconscience, c’était à la fois complètement elle et rien de ce qui aurait pu lui ressembler. Ce n’était pas elle… Elle était bien trop faible, bien trop refermée sur elle-même pour prendre des risques. Ce n’était pas comme avant. Pas comme du temps où ils étaient invincibles, Ariste et elle. Que la confiance qu’il lui portait rendait l’entreprise la plus périlleuse parfaitement anodine, sans pour autant être moins exaltante.
Quelques instants de troubles seulement avant de reléguer tout ça en bruit de fond. Eldred ne l’angoissait pas. D’ailleurs, avec un peu d’efforts, les gens l’angoissaient moins qu’elle ne l’avait craint. Elle commençait àse dire que s’était comme quand elle s’était préparée à escalader la tourelle du Lion. Au début, elle glissait sur les premières pierres. Elle ne parvenait pas à prendre prise… Et maintenant, elle était un véritable lézard des murailles. C’aurait pu être pareille avec le monde. Peut-être qu’il lui aurait suffit d’entrainement. Ariste lui avait dit qu’elle était capable de tout, qu’il ne fallait que la force de quitter sa zone de confort.
Elle cilla. Tout cela était ridicule. C’était trop tard. Il était le seul qui puisse lui donner assez de force pour affronter ses angoisses. Le seul qui l’aurait encouragée à se dépasser. Parce que c’était ridicule. Parce qu’elle ne saurait de toute façon jamais rien faire sans lui, et qu’elle n’était pas prête à affronter quoi que ce soit toute seule. Elle était trop faible pour ça. Tout le monde le savait. Tout le monde sauf Ariste, qui était aveuglé par la force qu’il lui donnait. Ca ne pouvait être que ça, parce qu’il n’aurait pas pu se tromper. Alors, s’il la croyait forte, s’il la croyait capable, c’était qu’elle l’était en sa présence.
Et aussi...
Heureusement, Eldred ne tarda pas à développer son propos. Ses surprises. Elle parvint à reléguer le reste en toile de fond, comme elle parvenait à le faire de plus en plus souvent. C’était apaisant de tirer ses ennuis du premier plan de son esprit, qu’ils avaient investi trop longtemps.
Elle plaqua sa main devant sa bouche, pour ne pas éclater de rire en imaginant la scène.
— Vous savez qu’ils ont même cru que j’étais tombé malade.
— Attendez… Vous vous êtes revus… en présence de son père ?
Notons… Au moins, ils s’étaient revus…
— Mais… Vous avez eu l’occasion d’en discuter ? Comment l’a-t-elle pris ?
Elle se rendit compte qu’elle connaissait vraiment très peu Lavinia. Quoi d’étonnant : elle faisait à peine sa connaissance. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle penserait de s’être éprise d’un esclave.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Pourquoi s’était-elle troublée un bref instant quand il avait évoqué son bonheur ? C’était pourtant vrai qu’elle semblait bien plus enjouée que les dernières fois où il l’avait trouvé. S’ils avaient été plus intimes, il aurait posé la question sans attendre, mais sans doute qu’il valait mieux la garder pour soi… Pour l’instant en tout cas, et répondre à sa curiosité.
Oh ! Elle eut beau tout faire pour ne pas rire et garder contenance, il vit bien que sa main tentait péniblement de retenir le rire qui poussait ses lèvres à s’ouvrir. Bon joueur, il pencha la tête de côté, visage avenant et grand sourire, il affirma :
- Vous pouvez rire. Il y a de quoi. J’en rirais moi-même si je n’étais pas le premier concerné
Il en rirait surement quand il rappellerait ça à Alduis dans quelques années. Quand il aurait le courage de lui raconter toute la scène sans s’effondrer sur l’encolure de sa jument comme un œuf sur une poêle. C’était tellement ridicule. Aurait-on pu faire pire ? Sans doute. Il aurait pu ne pas entendre le Maitre arriver et devoir s’expliquer sur cette proximité tout à fait inconvenante qui s’était installé au fil de leur discussion.
- En effet, vous avez bien compris. De la même façon que nous nous sommes vus : parce que je remettais du bois dans la cheminée. Je pensais qu’elle aurait compris en me voyant qu’il fallait cesser de m’appeler « Monsieur ». Franchement, vous m’avez vu ? J’ai l’air d’un « Monsieur » peut-être ? Ça se voit comme un pichet de bière sur une table que je suis esclave…
Il tira sur sa tunique comme pour appuyer ses propos. Il était sûr que si elle avait réalisé, elle ne lui aurait pas adressé le moindre regard. Les esclaves faisaient partie du mobilier partout. Il soupira bruyamment. Comment l’avait-elle pris ? Il ne savait pas quoi répondre.
Il avait envie de dire « plutôt bien » en se souvenant de son attention toute particulière au sujet de sa prétendue maladie. Puis « franchement mal » quand lui revint son ton froid et détaché. Mais finalement « peut-être pas si mal » vu la façon dont ils s’étaient quittés. Où était la vérité ? De quoi était-il responsable ?
- Je ne suis pas sûr. Quand j’ai compris, j’ai tout de suite repris ma place, parce que cette relation n’est même pas envisageable. Je crois qu’elle l’a mal pris, mais je ne voulais pas la blesser. Pourtant quand elle a demandé à son père des cours d’équitation et qu’il lui proposait Firmin ou moi-même, je vous laisse deviner qui elle a choisi.
Il sentait encore la chaleur de ses mains sur les siennes et cette flamme qui s’était embrasée dans son ventre au contact de son regard.
- Si son père l’apprend, je suis mort, c’est aussi simple que cela. Et pour répondre à votre question, non, je ne l’ai pas encore revue et j’attends autant que j’appréhende ce moment.
Oh ! Elle eut beau tout faire pour ne pas rire et garder contenance, il vit bien que sa main tentait péniblement de retenir le rire qui poussait ses lèvres à s’ouvrir. Bon joueur, il pencha la tête de côté, visage avenant et grand sourire, il affirma :
- Vous pouvez rire. Il y a de quoi. J’en rirais moi-même si je n’étais pas le premier concerné
Il en rirait surement quand il rappellerait ça à Alduis dans quelques années. Quand il aurait le courage de lui raconter toute la scène sans s’effondrer sur l’encolure de sa jument comme un œuf sur une poêle. C’était tellement ridicule. Aurait-on pu faire pire ? Sans doute. Il aurait pu ne pas entendre le Maitre arriver et devoir s’expliquer sur cette proximité tout à fait inconvenante qui s’était installé au fil de leur discussion.
- En effet, vous avez bien compris. De la même façon que nous nous sommes vus : parce que je remettais du bois dans la cheminée. Je pensais qu’elle aurait compris en me voyant qu’il fallait cesser de m’appeler « Monsieur ». Franchement, vous m’avez vu ? J’ai l’air d’un « Monsieur » peut-être ? Ça se voit comme un pichet de bière sur une table que je suis esclave…
Il tira sur sa tunique comme pour appuyer ses propos. Il était sûr que si elle avait réalisé, elle ne lui aurait pas adressé le moindre regard. Les esclaves faisaient partie du mobilier partout. Il soupira bruyamment. Comment l’avait-elle pris ? Il ne savait pas quoi répondre.
Il avait envie de dire « plutôt bien » en se souvenant de son attention toute particulière au sujet de sa prétendue maladie. Puis « franchement mal » quand lui revint son ton froid et détaché. Mais finalement « peut-être pas si mal » vu la façon dont ils s’étaient quittés. Où était la vérité ? De quoi était-il responsable ?
- Je ne suis pas sûr. Quand j’ai compris, j’ai tout de suite repris ma place, parce que cette relation n’est même pas envisageable. Je crois qu’elle l’a mal pris, mais je ne voulais pas la blesser. Pourtant quand elle a demandé à son père des cours d’équitation et qu’il lui proposait Firmin ou moi-même, je vous laisse deviner qui elle a choisi.
Il sentait encore la chaleur de ses mains sur les siennes et cette flamme qui s’était embrasée dans son ventre au contact de son regard.
- Si son père l’apprend, je suis mort, c’est aussi simple que cela. Et pour répondre à votre question, non, je ne l’ai pas encore revue et j’attends autant que j’appréhende ce moment.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Éléonore n'éclata pas de rire, mais ses respirations hachées la trahissaient. Elle imagina la situation… Elle aurait a coup sûr perdu ses moyens dans une telle posture. Elle se serait ridiculisée. Elle se serait trahie.
Mais à sa remarque suivante, elle fronça les sourcils.
— Ne soyez pas ridicule ! Je ne l'ai pas compris tout de suite non plus. Enfin... Pour moi, vous étiez le premier, mais ce n'est pas la question. Vous... Vous ne dégagez pas ce qu'on peut attendre d'un esclave. Enfin... C'est peut-être moi qui n'ai pas l'esprit assez ouvert… Je ne sais pas.
Oui, parce qu'elle ne s'était pas attendue à ce qu'un esclave soit aussi... Normal. Elle n'avait jamais su imaginer autre chose que de la souffrance, de la résignation, ou de la colère. Elle les imaginait – sans juger, sans les devaloriser – déshumanisés à cause de leur statut, et pourtant… Pourtant, il n'y avait aucune différence entre eux sinon une sale marque à l'épaule. Au fond, c'était moins grave qu'elle ne l'avait craint. Ils n'étaient pas tous maltraités ou tous désespérés.
Quant à Lavinia, elle avait eu la meilleure des raisons du monde d'être aveuglée : un coup de foudre. Mais Éléonore s'enquit tout de même de sa réaction.
Une relation inenvisageable. Le mot tomba. Le coeur d'Éléonore se serra comme si elle avait été directement concernée. Mais elle le laissa poursuivre.
— Mais c'est formidable ! Ça vous donnera l'occasion de vous retrouver ! Et après…
Eldred lui rappela l'évidence. Ce gouffre qu'une simple marque et un sang noble pouvaient creuser. C'était injuste et ridicule. Comment pouvait-on condamner qui que ce soit pour être amoureux. Certes, Lavinia était mariée mais... Mais c'était juste un contrat qui semblait lui faire plus de mal qu'autre chose. Si c'était ce qu'ils voulaient, et que ça ne nuisait à personne, alors, ce n'était pas quelque chose de mal. C'était même positif ! Si elle pouvait les aider, elle le ferait. Autant pour Lavinia que pour Eldred, parce qu'elle les appréciait tous les deux.
— Eldred... Je peux vous poser une question ?
Une question dont elle croyait avoir compris la réponse, mais elle voulait en être sûre. Elle ne l'imaginait pas profiteur ni rien de ce genre, mais elle préférait poser tout de même la question. Et encore une fois, il fallut trouver une astuce pour ne pas trahir les sentiments de sa nouvelle amie. Ce n'était pas à elle de les lui révéler. Elle voulait juste s'assurer qu'ils soient dans la même situation. Ce qui était probablement le cas pour qu'il envisage de jouer avec sa propre vie.
— Vous… Il y a vraiment quelque chose, pas vrai ? Quand vous pensez à elle, je veux dire.
Mais à sa remarque suivante, elle fronça les sourcils.
— Ne soyez pas ridicule ! Je ne l'ai pas compris tout de suite non plus. Enfin... Pour moi, vous étiez le premier, mais ce n'est pas la question. Vous... Vous ne dégagez pas ce qu'on peut attendre d'un esclave. Enfin... C'est peut-être moi qui n'ai pas l'esprit assez ouvert… Je ne sais pas.
Oui, parce qu'elle ne s'était pas attendue à ce qu'un esclave soit aussi... Normal. Elle n'avait jamais su imaginer autre chose que de la souffrance, de la résignation, ou de la colère. Elle les imaginait – sans juger, sans les devaloriser – déshumanisés à cause de leur statut, et pourtant… Pourtant, il n'y avait aucune différence entre eux sinon une sale marque à l'épaule. Au fond, c'était moins grave qu'elle ne l'avait craint. Ils n'étaient pas tous maltraités ou tous désespérés.
Quant à Lavinia, elle avait eu la meilleure des raisons du monde d'être aveuglée : un coup de foudre. Mais Éléonore s'enquit tout de même de sa réaction.
Une relation inenvisageable. Le mot tomba. Le coeur d'Éléonore se serra comme si elle avait été directement concernée. Mais elle le laissa poursuivre.
— Mais c'est formidable ! Ça vous donnera l'occasion de vous retrouver ! Et après…
Eldred lui rappela l'évidence. Ce gouffre qu'une simple marque et un sang noble pouvaient creuser. C'était injuste et ridicule. Comment pouvait-on condamner qui que ce soit pour être amoureux. Certes, Lavinia était mariée mais... Mais c'était juste un contrat qui semblait lui faire plus de mal qu'autre chose. Si c'était ce qu'ils voulaient, et que ça ne nuisait à personne, alors, ce n'était pas quelque chose de mal. C'était même positif ! Si elle pouvait les aider, elle le ferait. Autant pour Lavinia que pour Eldred, parce qu'elle les appréciait tous les deux.
— Eldred... Je peux vous poser une question ?
Une question dont elle croyait avoir compris la réponse, mais elle voulait en être sûre. Elle ne l'imaginait pas profiteur ni rien de ce genre, mais elle préférait poser tout de même la question. Et encore une fois, il fallut trouver une astuce pour ne pas trahir les sentiments de sa nouvelle amie. Ce n'était pas à elle de les lui révéler. Elle voulait juste s'assurer qu'ils soient dans la même situation. Ce qui était probablement le cas pour qu'il envisage de jouer avec sa propre vie.
— Vous… Il y a vraiment quelque chose, pas vrai ? Quand vous pensez à elle, je veux dire.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Il ne dégageait pas ce que l’on attendait d’un esclave ? Il fronça les sourcils, sourire en coin. Vraiment ? Il réprima un petit rire.
- Et qu’est-ce que vous attendez d’un esclave ? Dites-moi donc que je puisse à défaut feindre ma position. Plus de docilité ? De servilité ? La tête basse ? Oh, moins de franc-parler sans doute ?
Il pouffa de rire avant de reprendre sa leçon
- Les zakrotiens libres ça ne court pas les rues de Braktenn, croyez-moi. Peu importe, l’esprit de liberté qui nous anime, mes compatriotes préfèrent leurs landes pleines de moustiques.
Eldred évoqua ensuite ses retrouvailles hautes en émotions avec Lavinia. Elle, trouvait cela formidable, mais lui… Lui hésitait. Peut-être qu’elle avait raison, ou peut-être qu’elle avait tort et qu’il courrait à sa perte. Ou encore qu’elle aurait changé d’avis depuis la découverte de son identité. Comment savoir ? Étrangement la réponse à cette question était fort simple : il suffisait d’essayer. En revanche, la question suivante laissa un grand blanc. Non pas qu’il ne lui faisait pas confiance simplement cette question le mettait à l’aise, parce qu’il n’était pas vraiment sûr de lui.
- Parfois quand vous soufflez sur une flamme, vous l’éteignez. Parfois vous l’attisez. répondit-il énigmatiquement en se tournant vers les sacoches de sa jument.
Il était temps de changer de sujet avant que cela ne devienne incontrôlable. Il sortit une petite boite en bois carré d’une dizaine de centimètres qu’il lui tendit.
- Ce n’est pas grand-chose, mais c’est pour vous remercier… Pour la broche.
Elle n’avait rien d’extraordinaire, loin de là. Sa seule originalité résidait dans le fond où un étrange symbole avait été brulé dans le bois.
- Et qu’est-ce que vous attendez d’un esclave ? Dites-moi donc que je puisse à défaut feindre ma position. Plus de docilité ? De servilité ? La tête basse ? Oh, moins de franc-parler sans doute ?
Il pouffa de rire avant de reprendre sa leçon
- Les zakrotiens libres ça ne court pas les rues de Braktenn, croyez-moi. Peu importe, l’esprit de liberté qui nous anime, mes compatriotes préfèrent leurs landes pleines de moustiques.
Eldred évoqua ensuite ses retrouvailles hautes en émotions avec Lavinia. Elle, trouvait cela formidable, mais lui… Lui hésitait. Peut-être qu’elle avait raison, ou peut-être qu’elle avait tort et qu’il courrait à sa perte. Ou encore qu’elle aurait changé d’avis depuis la découverte de son identité. Comment savoir ? Étrangement la réponse à cette question était fort simple : il suffisait d’essayer. En revanche, la question suivante laissa un grand blanc. Non pas qu’il ne lui faisait pas confiance simplement cette question le mettait à l’aise, parce qu’il n’était pas vraiment sûr de lui.
- Parfois quand vous soufflez sur une flamme, vous l’éteignez. Parfois vous l’attisez. répondit-il énigmatiquement en se tournant vers les sacoches de sa jument.
Il était temps de changer de sujet avant que cela ne devienne incontrôlable. Il sortit une petite boite en bois carré d’une dizaine de centimètres qu’il lui tendit.
- Ce n’est pas grand-chose, mais c’est pour vous remercier… Pour la broche.
Elle n’avait rien d’extraordinaire, loin de là. Sa seule originalité résidait dans le fond où un étrange symbole avait été brulé dans le bois.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Éléonore fronça le nez devant ses taquineries. Oui, elle avait préjugé, elle le savait. C'était niais et dévalorisant pour eux mais... Mais ce n'était pas voulu.
— Un peu de tout ça, admit-elle. Elle lui faisait suffisamment confiance pour ne pas avoir besoin de s'indigner. Elle n'aimait pas avoir besoin de maquiller la vérité. Autant être sincère.
Oui oui, très drôle. Il se moquait gentiment, mais là jeune femme ne s'en sentait pas jugée pour autant.
Stupide, tellement stupide mais.. mais ce n'était pas dramatique, cette fois.
— Cela doit avoir son charme pour qui sait l'apprécier, opina-t-elle. Elle ne trouvait pas cela plus aberrant qu'autre chose. Chacun avait ses préférences propres, et c'était très bien ainsi. Mais je ne pense pas qu'une petite demoiselle monbrinienne empêtrée dans son confort comme je le suis aimerait cela...
Elle était bien trop fragile, bien trop dépendante pour tenir le choc. Certes, elle était plus débrouillarde – ou moins bien élevée, selon le point de vue – que nombre d'autres nobles.
— Je ne suis pas du genre... aventurière.
Pas comme il fallait, en tout cas. Elle se souvenait de sa dernière dispute avec Gabriel, environ un mois avant la mort d'Ariste. Quand il lui avait balancé en pleine figure qu'elle n'était qu'une gamine inconsciente et égoïste, et qu'il ne couvrirait plus ses "enfantillages", parce que c'était stupide et dangereux, et qu'elle avait passé l'âge de s'amuser à désobéir. Qu'il valait mieux qu'elle apprenne où était sa place au lieu de se comporter comme une enfant sauvage. Que si elle n'était pas assez mature pour arrêter, il l'a dénoncerait. Parce qu'il refusait de trahir son oncle, ou de trahir Ariste, qui voulaient qu'il la protège. Parce qu'il y avait un moment, dans la vie, où il fallait se responsabiliser. Il lui avait fait cette scène uniquement parce que, pour la première fois depuis longtemps, elle avait perdu l'équilibre. Elle était tombée et s'était retourné le poignet. Qu'il avait paniqué.
C'est bien beau de donner des leçons de prudence, mais parfois, Raison, tu devrais essayer d'appliquer tes conseils au lieu de parasiter la vie des autres avec.
Elle aussi, elle lui avait balancé à la figure tous les reproches qui lui venaient, elle ne savait même plus vraiment ce qu'elle avait dit. Elle avait été vraiment mauvaise, elle le savait. Elle avait dit plein d'horreur qui n'avaient pas un soupçon de vérité, résultant seulement de sa frustration. Et pourtant, il était toujours là pour elle. Il ne l'avait pas abandonnée. Même s'il ne lui faisait plus vraiment confiance, il s'était rattrapé : après tout, c'était à lui qu'elle devait ses trois mois de relative liberté. Trois mois… Et après, elle devrait dire adieu à tous ceux qu'elle avait rencontrés ici ? Ou la laisserait-il revenir après leur mariage ? Ou bien... Ou bien espérait-il juste vraiment qu'elle parvienne à trouver quelqu'un d'autre, mais même s'ils ne voulaient pas se marier, Gabriel savait très bien que ce n'était certainement pas elle qui les sortirait de cette situation.
Elle chassa ces pensées désagréables. On en revint à la perspective qu'Eldred puisse revoir Lavinia. Éléonore s'était peut-être un peu emballée... Quelle idiote. Vraiment trop idiote. C'était dangereux, Eldred ne manqua pas de le lui rappeler. Très dangereux. Pour elle, c'était bien facile de parler. Pauvre gourde inconsciente et égoïste qu'elle était ! Mais s'il pouvaient en tirer du bonheur, n'était-ce pas tout de même une bonne chose ? Après tout, elle avait passé les dix dernières années à couvrir des couples clandestins… Elle savait qu'avec un peu de prudence, on pouvait se le permettre.
Mais pour cela, il fallait encore que c'en vaille la peine. Prendre des risques pour prendre des risques, cela n'apportait rien. Alors, elle se permit une question plutôt indiscrète... Mais importante. Elle aurait compris qu'il ne veuille pas lui répondre, cela ne la regardait pas... Mais sa réponse, et la façon dont il l'avança, fut largement suffisante pour qu'elle comprenne que c'était réciproque. Elle sourit. Dans d'autres circonstances, elle aurait été immensément heureuse... Mais cette fois, la menace demeurait.
— Donc il y a une flamme, conclut-elle d'un ton triomphant.
Eldred ne semblait pas vouloir en dire davantage, et elle respecta cela. Ce n'étaient pas ses affaires, après tout. Juste une curiosité déplacée et le besoin d'interférer dans une situation a laquelle elle ne pouvait rien apporter. Avec toutes les bonnes intentions du monde, elle restait une gamine inutile.
Il fit apparaître une petite boîte et la lui tendit. Elle leva un regard interrogatif vers lui.
Pour la remercier. Alors qu'il n'avait vraiment pas besoin de le faire. Elle n'avait rien fait pour ça. Cette broche, c'était… c'était juste une babiole en trop, pour elle. Elle avait tellement de bijoux qu'elle n'aurait de toute façon plus jamais portés... Une rose de grenat. Alors qu'elle n'avait jamais aimé les broches. Elle en avait plein, et très peu étaient ceux qui revêtaient une véritable valeur - pas même sentimentale. C'en était indécent. Son oncle avait certaines lubies comme celle de harceler son joaillier.
En fait, elle s'était contentée de refourguer a Eldred quelque chose qui prenait une place inutile dans l'un de ses coffrets et dont elle était juste consciente d'une valeur marchande qui pourrait l'intéresser. C'était hypocrite, comme geste. Elle se détestait.
Elle se permit de prendre la boîte qu'il lui tendait. Elle la fit tourner dans ses mains pour l'examiner.
— Pas grand chose ?
Il fallait qu'elle s'en étonne. À haute voix. Comment ça "pas grand chose" ? Elle fronça les sourcils. Ça n'avait pas de sens. Non seulement parce qu'elle ne réclamait rien, mais surtout, parce qu'il n'aurait de toute façon pas été capable de lui offrir quelque chose d'onéreux. Et qu'elle n'en aurait pas eu besoin, elle. Elle qui s'était contentée de lui donner une bête broche qu'il devait revendre. Lui, dans sa position, c'était un vrai geste. C'était ça qui était touchant.
— Comment ça, pas grand chose ? rajouta-t-elle. C'était a peine si elle ne le grondait pas.
Elle faisait toujours tourner la boîte, s'en amusant comme une enfant de six ans, émerveillée. Elle avait pris le couvercle dans sa main droite, et fit sauter l'objet de sa main gauche avant de la rattraper habilement.
— Moi je l'aime bien, cette boîte, protesta-t-elle même.
Et elle lui avait même déjà trouvé une utilité. Un pendentif pas comme les autres qui n'avait plus vraiment sa place dans son écrin d'origine.
— Elle est... Elle est vraiment pour moi ?
Un vrai cadeau pour elle ? Elle avait presque du mal à y croire. Croire qu'il avait prévu de lui offrir quelque chose. À elle. Alors qu'elle n'avait fait que l'embêter avec ses problèmes et ses questions indiscrètes.
— Pour moi ? Et... Et comment avez-vous trouvé ça ? Et qu'est-ce comme bois ? Et...
En tournant encore et remarqua qu'il y avait quelque chose d'inscrit à l'intérieur. Une sorte de... Symbole. Elle fronça les sourcils. Ça ne lui disait vraiment rien du tout.
— Et ça ? Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle en levant vers Eldred un regard pétillant a la fois de reconnaissance et de curiosité.
— Un peu de tout ça, admit-elle. Elle lui faisait suffisamment confiance pour ne pas avoir besoin de s'indigner. Elle n'aimait pas avoir besoin de maquiller la vérité. Autant être sincère.
Oui oui, très drôle. Il se moquait gentiment, mais là jeune femme ne s'en sentait pas jugée pour autant.
Stupide, tellement stupide mais.. mais ce n'était pas dramatique, cette fois.
— Cela doit avoir son charme pour qui sait l'apprécier, opina-t-elle. Elle ne trouvait pas cela plus aberrant qu'autre chose. Chacun avait ses préférences propres, et c'était très bien ainsi. Mais je ne pense pas qu'une petite demoiselle monbrinienne empêtrée dans son confort comme je le suis aimerait cela...
Elle était bien trop fragile, bien trop dépendante pour tenir le choc. Certes, elle était plus débrouillarde – ou moins bien élevée, selon le point de vue – que nombre d'autres nobles.
— Je ne suis pas du genre... aventurière.
Pas comme il fallait, en tout cas. Elle se souvenait de sa dernière dispute avec Gabriel, environ un mois avant la mort d'Ariste. Quand il lui avait balancé en pleine figure qu'elle n'était qu'une gamine inconsciente et égoïste, et qu'il ne couvrirait plus ses "enfantillages", parce que c'était stupide et dangereux, et qu'elle avait passé l'âge de s'amuser à désobéir. Qu'il valait mieux qu'elle apprenne où était sa place au lieu de se comporter comme une enfant sauvage. Que si elle n'était pas assez mature pour arrêter, il l'a dénoncerait. Parce qu'il refusait de trahir son oncle, ou de trahir Ariste, qui voulaient qu'il la protège. Parce qu'il y avait un moment, dans la vie, où il fallait se responsabiliser. Il lui avait fait cette scène uniquement parce que, pour la première fois depuis longtemps, elle avait perdu l'équilibre. Elle était tombée et s'était retourné le poignet. Qu'il avait paniqué.
C'est bien beau de donner des leçons de prudence, mais parfois, Raison, tu devrais essayer d'appliquer tes conseils au lieu de parasiter la vie des autres avec.
Elle aussi, elle lui avait balancé à la figure tous les reproches qui lui venaient, elle ne savait même plus vraiment ce qu'elle avait dit. Elle avait été vraiment mauvaise, elle le savait. Elle avait dit plein d'horreur qui n'avaient pas un soupçon de vérité, résultant seulement de sa frustration. Et pourtant, il était toujours là pour elle. Il ne l'avait pas abandonnée. Même s'il ne lui faisait plus vraiment confiance, il s'était rattrapé : après tout, c'était à lui qu'elle devait ses trois mois de relative liberté. Trois mois… Et après, elle devrait dire adieu à tous ceux qu'elle avait rencontrés ici ? Ou la laisserait-il revenir après leur mariage ? Ou bien... Ou bien espérait-il juste vraiment qu'elle parvienne à trouver quelqu'un d'autre, mais même s'ils ne voulaient pas se marier, Gabriel savait très bien que ce n'était certainement pas elle qui les sortirait de cette situation.
Elle chassa ces pensées désagréables. On en revint à la perspective qu'Eldred puisse revoir Lavinia. Éléonore s'était peut-être un peu emballée... Quelle idiote. Vraiment trop idiote. C'était dangereux, Eldred ne manqua pas de le lui rappeler. Très dangereux. Pour elle, c'était bien facile de parler. Pauvre gourde inconsciente et égoïste qu'elle était ! Mais s'il pouvaient en tirer du bonheur, n'était-ce pas tout de même une bonne chose ? Après tout, elle avait passé les dix dernières années à couvrir des couples clandestins… Elle savait qu'avec un peu de prudence, on pouvait se le permettre.
Mais pour cela, il fallait encore que c'en vaille la peine. Prendre des risques pour prendre des risques, cela n'apportait rien. Alors, elle se permit une question plutôt indiscrète... Mais importante. Elle aurait compris qu'il ne veuille pas lui répondre, cela ne la regardait pas... Mais sa réponse, et la façon dont il l'avança, fut largement suffisante pour qu'elle comprenne que c'était réciproque. Elle sourit. Dans d'autres circonstances, elle aurait été immensément heureuse... Mais cette fois, la menace demeurait.
— Donc il y a une flamme, conclut-elle d'un ton triomphant.
Eldred ne semblait pas vouloir en dire davantage, et elle respecta cela. Ce n'étaient pas ses affaires, après tout. Juste une curiosité déplacée et le besoin d'interférer dans une situation a laquelle elle ne pouvait rien apporter. Avec toutes les bonnes intentions du monde, elle restait une gamine inutile.
Il fit apparaître une petite boîte et la lui tendit. Elle leva un regard interrogatif vers lui.
Pour la remercier. Alors qu'il n'avait vraiment pas besoin de le faire. Elle n'avait rien fait pour ça. Cette broche, c'était… c'était juste une babiole en trop, pour elle. Elle avait tellement de bijoux qu'elle n'aurait de toute façon plus jamais portés... Une rose de grenat. Alors qu'elle n'avait jamais aimé les broches. Elle en avait plein, et très peu étaient ceux qui revêtaient une véritable valeur - pas même sentimentale. C'en était indécent. Son oncle avait certaines lubies comme celle de harceler son joaillier.
En fait, elle s'était contentée de refourguer a Eldred quelque chose qui prenait une place inutile dans l'un de ses coffrets et dont elle était juste consciente d'une valeur marchande qui pourrait l'intéresser. C'était hypocrite, comme geste. Elle se détestait.
Elle se permit de prendre la boîte qu'il lui tendait. Elle la fit tourner dans ses mains pour l'examiner.
— Pas grand chose ?
Il fallait qu'elle s'en étonne. À haute voix. Comment ça "pas grand chose" ? Elle fronça les sourcils. Ça n'avait pas de sens. Non seulement parce qu'elle ne réclamait rien, mais surtout, parce qu'il n'aurait de toute façon pas été capable de lui offrir quelque chose d'onéreux. Et qu'elle n'en aurait pas eu besoin, elle. Elle qui s'était contentée de lui donner une bête broche qu'il devait revendre. Lui, dans sa position, c'était un vrai geste. C'était ça qui était touchant.
— Comment ça, pas grand chose ? rajouta-t-elle. C'était a peine si elle ne le grondait pas.
Elle faisait toujours tourner la boîte, s'en amusant comme une enfant de six ans, émerveillée. Elle avait pris le couvercle dans sa main droite, et fit sauter l'objet de sa main gauche avant de la rattraper habilement.
— Moi je l'aime bien, cette boîte, protesta-t-elle même.
Et elle lui avait même déjà trouvé une utilité. Un pendentif pas comme les autres qui n'avait plus vraiment sa place dans son écrin d'origine.
— Elle est... Elle est vraiment pour moi ?
Un vrai cadeau pour elle ? Elle avait presque du mal à y croire. Croire qu'il avait prévu de lui offrir quelque chose. À elle. Alors qu'elle n'avait fait que l'embêter avec ses problèmes et ses questions indiscrètes.
— Pour moi ? Et... Et comment avez-vous trouvé ça ? Et qu'est-ce comme bois ? Et...
En tournant encore et remarqua qu'il y avait quelque chose d'inscrit à l'intérieur. Une sorte de... Symbole. Elle fronça les sourcils. Ça ne lui disait vraiment rien du tout.
— Et ça ? Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle en levant vers Eldred un regard pétillant a la fois de reconnaissance et de curiosité.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Eldred étouffa un petit rire. Il ne se moquait pas méchamment loin de là. Il l’appréciait et c’était rafraichissant.
- Désolé de ne pas être l’esclave idéal. Je vais essayer de me conformer au standard, pour ne plus vous troubler répondit-il avec une charmante ironie.
Quant à sa terre natale qui lui manquait et qu’il rêvait toujours de fouler, tant l’odeur des résineux lui manquait, il n’était pas surpris qu’elle ne partage pas plus que cela son avis.
- Oh vous savez, je ne crois pas qu’un seul Monbrinien rêve d’y mettre les pieds ! Je me demande souvent pourquoi ils sont venus nous conquérir excepté pour le bois de nos forêts… Mais j’imagine que c’est suffisant.
Il haussa les épaules : les considérations politiques et encore plus géopolitiques le dépassaient complètement. Tout ce que ces gens décidaient loin du commun des mortels lui semblait parfaitement inaccessible dans la philosophie. Pourtant, il avait l’impression qu’il allait enfin pouvoir toucher du but une quelconque influence grâce à sa révolte qui prenait peu à peu une tournure plus légale. Elle lui posa des questions sur Lavinia auxquelles il répondit autant que possible honnêtement. Ce n’était pas forcément clair, mais pour lui aussi les choses étaient encore mal définies. Pour éviter d’étirer la conversation gênante, il sortit son cadeau de la sacoche pour lui offrir. Elle tournait et retournait la boite comme si elle n’en avait jamais vu. Non ce n’était pas grand-chose. Une simple boite en bois, toute simple, même pas vernie et sans aucune charnière. Une boite avec des morceaux encastrés les uns dans les autres, car il n’avait qu’un poignard et aucun clou pour les assembler. Ce n’était définitivement pas grand-chose ! Mais son regard émerveillé faisait plaisir à voir ! Il était réellement heureux de voir qu’elle appréciait autant sa modeste contribution. Un sourire s’était installé sur son visage.
- Parce que vous voyez quelqu’un d’autre dans les parages peut-être ? taquina-t-il parfaitement bon enfant.
Elle ne cessait de l’examiner sous tous ses angles. Il n’était pas sûr d’avoir un jour offert un objet aussi simple aussi apprécié que celui-ci.
- Je ne l’ai pas trouvé, enfin pas exactement. J’ai trouvé le bois à Frenn dans la réserve, des chutes inutilisées. Je pense que c’est du chêne ou du noyer, mais je ne suis pas menuisier.
Il avait utilisé des outils de ferronnerie dénichés dans les écuries pour raboter le bois et le reste de la taille avait été faite avec la pointe de son couteau, la nuit, à l’abri des regards indiscrets. Elle remarqua enfin le symbole à l’intérieur. Il indiqua du menton et expliqua.
- C’est un assemblage de quatre runes à l’origine. Mais deux d’entre elles en forme une cinquième à part entière. Les runes ce sont notre alphabet à Zakros il hésita un instant à avouer la suite, comme il lui faisait confiance, il osa aborder la partie plus risquée de la chose ,mais c’est bien plus que cela : elles ont une valeur symbolique. J’espère que vous ne m’en voulais pas de cet ornement païen.
- Désolé de ne pas être l’esclave idéal. Je vais essayer de me conformer au standard, pour ne plus vous troubler répondit-il avec une charmante ironie.
Quant à sa terre natale qui lui manquait et qu’il rêvait toujours de fouler, tant l’odeur des résineux lui manquait, il n’était pas surpris qu’elle ne partage pas plus que cela son avis.
- Oh vous savez, je ne crois pas qu’un seul Monbrinien rêve d’y mettre les pieds ! Je me demande souvent pourquoi ils sont venus nous conquérir excepté pour le bois de nos forêts… Mais j’imagine que c’est suffisant.
Il haussa les épaules : les considérations politiques et encore plus géopolitiques le dépassaient complètement. Tout ce que ces gens décidaient loin du commun des mortels lui semblait parfaitement inaccessible dans la philosophie. Pourtant, il avait l’impression qu’il allait enfin pouvoir toucher du but une quelconque influence grâce à sa révolte qui prenait peu à peu une tournure plus légale. Elle lui posa des questions sur Lavinia auxquelles il répondit autant que possible honnêtement. Ce n’était pas forcément clair, mais pour lui aussi les choses étaient encore mal définies. Pour éviter d’étirer la conversation gênante, il sortit son cadeau de la sacoche pour lui offrir. Elle tournait et retournait la boite comme si elle n’en avait jamais vu. Non ce n’était pas grand-chose. Une simple boite en bois, toute simple, même pas vernie et sans aucune charnière. Une boite avec des morceaux encastrés les uns dans les autres, car il n’avait qu’un poignard et aucun clou pour les assembler. Ce n’était définitivement pas grand-chose ! Mais son regard émerveillé faisait plaisir à voir ! Il était réellement heureux de voir qu’elle appréciait autant sa modeste contribution. Un sourire s’était installé sur son visage.
- Parce que vous voyez quelqu’un d’autre dans les parages peut-être ? taquina-t-il parfaitement bon enfant.
Elle ne cessait de l’examiner sous tous ses angles. Il n’était pas sûr d’avoir un jour offert un objet aussi simple aussi apprécié que celui-ci.
- Je ne l’ai pas trouvé, enfin pas exactement. J’ai trouvé le bois à Frenn dans la réserve, des chutes inutilisées. Je pense que c’est du chêne ou du noyer, mais je ne suis pas menuisier.
Il avait utilisé des outils de ferronnerie dénichés dans les écuries pour raboter le bois et le reste de la taille avait été faite avec la pointe de son couteau, la nuit, à l’abri des regards indiscrets. Elle remarqua enfin le symbole à l’intérieur. Il indiqua du menton et expliqua.
- C’est un assemblage de quatre runes à l’origine. Mais deux d’entre elles en forme une cinquième à part entière. Les runes ce sont notre alphabet à Zakros il hésita un instant à avouer la suite, comme il lui faisait confiance, il osa aborder la partie plus risquée de la chose ,mais c’est bien plus que cela : elles ont une valeur symbolique. J’espère que vous ne m’en voulais pas de cet ornement païen.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
— Ca ne veut rien dire “l’esclave idéal”, répondit-elle avec une légère aigreur dans le fond de la gorge.
Pas parce qu’il la taquinait, non… Mais parce qu’elle s’en voulait de ne pas comprendre. Elle en voulait à son pays d’approuver ces pratiques sans se poser de question. Elle en voulait à son oncle de lui avoir inculqué des principes qui compliquaient la vie. Elle s’en voulait d’être si pleine de lâcheté qu’elle aurait préféré penser de travers que de porter la divergence de ses opinions. Préféré savoir fermer les yeux et trouver cela naturel, comme tout le monde, juste parce que c’eut été plus simple. Elle s’en voulait, surtout, de parler à tort et à travers.
Ce qu’elle continua de faire quand Eldred évoqua sa terre. Non, la façon dont il la décrivait ne l’attirait pas plus que cela… Mais ce fut pire quand il poursuivit.
— Pour le plaisir de dominer, je suppose, marmonna-t-elle.
Et d’avoir toujours plus. Et d’imposer leur loi partout. Et pouvoir se pavaner devant les puissances européennes. Pour dominer plus, plus, et encore plus. A croire qu’ils avaient un complexe d’infériorité à combler… Tout y passerait tant que l’armée monbrinienne en sortait victorieuse, parce qu’ils n’en auraient jamais assez.
Mais elle tenait des propos tout à fait inadaptés. Elle n’avait pas le droit de dire cela. C’était trop dangereux de penser de telles choses. Du moins si l’on s’y opposait.
— Pour la gloire de l’Empire ! rectifia-t-elle précipitamment.
Sans doute trop précipitamment pour sembler convaincue par la politique coloniale. Mais soit, elle ramena le sujet sur Lavinia, sur cette réponse qu’il lui fallait. Et même s’ils ne semblait pas sûr de lui, elle, elle y croyait. Cela se voyait qu’il y avait quelque chose. Dans son attitude, sur son visage…
Elle aurait accepté de changer de sujet -- ou même de le quitter là, s’il n’avait pas envie de s’encombrer de sa compagnie plus longtemps. Mais il lui tendit une boite, qu’il disait être pour elle. Elle la tourna, la retourna, l’admira, la retourna encore, émerveillée. Elle protesta contre Eldred qui la dévalorisait. Elle laissa tomber le couvercle dans une main pour la faire bondir dans l’autre.
Elle vérifia que c’était bien pour elle. Pourquoi un cadeau pour elle ? Il lui démontra l’absurdité de sa question… Oui, vu la manière dont il la lui avait présentée, et vu qu’ils n’étaient que deux à discuter, il était évident qu’il la lui offrait à elle, et pas l’équidé qui l’accompagnait. Mais d’un autre côté, cela lui avait semblé aberrant. Un cadeau ? Pour elle ? Pourquoi aurait-elle mérité un cadeau ?
Elle ne put s’empêcher, quand elle comprit qu’il l’avait assemblée lui-même, de le serrer dans ses bras. Elle était tellement… Émue. Il avait pris du temps de faire quelque chose pour elle. Pour un peu, des larmes auraient perlé. Et dire qu’elle, elle s’était contentée de lui refiler quelque chose dont elle n’avait pas besoin !
Ce fut bref. Elle se ressaisit bien vite -- non seulement c’était indécent, mais en plus, elle était envahissante --, le lâcha, elle tourna encore une fois la boite pour découvrir, dans le fond, un symbole inconnu pour lequel elle ne put réprimer sa curiosité.
Des runes, donc. Leur alphabet. Elle pencha la tête. Oui, et… Que cela signifiait-il donc ?
Après une hésitation qu’elle ne comprit pas tout de suite, Eldred poursuivit. Ces caractères -- dont elle ne comprenait pas où s’arrêtaient les uns ni où commençaient les autres -- avaient une… valeur symbolique ? Elle fronça les sourcils. De quel genre ?
— J’espère que vous ne m’en voulez pas de cet ornement païen.
Elle le regarda avec de grands yeux, et se signa par pure provocation. Ce n’était pas Dieu que cela offusquerait. Et quand bien même : il le lui pardonnerait.
Elle tendit le bras pour mettre le plus de distance entre elle et la boite refermée.
— Quelle horreur ! Éloignez ça de moi ! s’exclama-t-elle, mais à mi-voix, pour ne pas être entendue par quelqu’un d’autre.
Il ne manquait plus qu’elle lui attire des ennuis pour ne pas avoir pu s’empêcher de prendre sa revanche sur ses taquineries.
— Mais c’est le sceau du Diable que vous me montrez là ! Je suis scandalisée ! Mais quel sacrilège ! C’est… Ooooooh, Bonté divine, comment avez-vous osé ?! poursuivait-elle en chuchotant avec emphase.
Elle se mordit les lèvres pour ne pas éclater de rire. Elle n’arrivait plus à rire comme avant, même quand la situation aurait dû l’y pousser. Plus de ce rire transportant et incontrôlable qu’Ariste trouvait si beau. Il y avait… Une barrière qui l’empêchait de s’y abandonner. Et de toute façon… Elle n’en avait trouvé que très peu d’occasions depuis qu’on lui avait volé Ariste… Les dernières recommandations de Gabriel mises à part, elles tenaient toutes dans ces deux dernières semaines.
Moins pénibles que les mois précédents, mais la douleur ne la quittait plus jamais vraiment. La majorité du temps, elle la rongeait encore activement. Et puis… Il y avait ces autres pensées qui la gagnaient. Ses nouvelles rencontres qui l’apaisaient quelque peu, ces préoccupations moins pénibles qui distrayaient son esprit. Et ces moment où elle parvenait à reléguer cette souffrance en toile de fond. Où ses doutes ne pouvaient plus que chuchoter. Où elle était presque bien. Grâce à certaines personnes, parce qu’elle ne savait pas le faire seule. Ces rencontres providentielles qui lui laissaient croire qu’Ariste avait raison. Qu’un jour, elle parviendrait à se reconstruire.
Mais… Quand elle devrait rentrer et tous les quitter ? Oh, il y aurait Gabriel. Gabriel à qui elle écrivait encore presque chaque soir, parce qu’il demeurait son meilleur ami malgré la distance qui s’était installée entre eux… Cette distance… Pourrait-elle y remédier ?
Et pourquoi se liait-elle d’amitié avec d'autres alors qu’elle l’avait, lui ? Pourquoi se comportait-elle comme une idiote ? Pourquoi sortait-elle de chez elle ? Pourquoi n’était-elle pas simplement restée à Tianidre, là où était sa place. Sa seule place, à elle qui était incapable de se conduire correctement ou d’être d’une compagnie agréable.
Voilà tout ce qui tourbillonnait au fond de son sac à pensées tandis qu’elle effectuait son petit numéro. Ce qui cohabitait avec son rire réprimé.
— C’est trop horrible ! Bien trop horrible ! renchérissait-elle. Je me sens défaillir ! Dire que j’ai touché cette chose !
Elle se retint au bras du zakrotien pour “ne pas tomber”. Elle évita de s’écrouler contre lui. Elle ne voulait pas qu’il lui invente des intentions qu’elle n’avait pas, et qu’il se vexe. De toute façon, si c’avait été le cas, par respect pour Lavinia, elle ne se serait même pas permis de le toucher. Parce qu’une part d’elle rêvait déjà de les voir s’épanouir ensemble, parce qu’elle voulait que cela fonctionne entre eux !
Oui, s’il y avait eu la moindre ambiguïté, Eléonore aurait déjà pris ses distances. Elle ne se serait jamais permis de s’interposer, même si cela devait l’attrister. Et dans ce cas là, elle aurait tout de même su se réjouir de leur bonheur, elle était comme ça.
Soit. Son comportement n’était malgré tout pas fort convenable. Elle redressa, rouvrit la boite et interrogea Eldred du regard.
— Un peu de sérieux ! le réprimanda-t-elle avec un demi-sourire. Elle désigna les runes d’un coup de menton. Et… A quoi cela correspond-il ?
Pas parce qu’il la taquinait, non… Mais parce qu’elle s’en voulait de ne pas comprendre. Elle en voulait à son pays d’approuver ces pratiques sans se poser de question. Elle en voulait à son oncle de lui avoir inculqué des principes qui compliquaient la vie. Elle s’en voulait d’être si pleine de lâcheté qu’elle aurait préféré penser de travers que de porter la divergence de ses opinions. Préféré savoir fermer les yeux et trouver cela naturel, comme tout le monde, juste parce que c’eut été plus simple. Elle s’en voulait, surtout, de parler à tort et à travers.
Ce qu’elle continua de faire quand Eldred évoqua sa terre. Non, la façon dont il la décrivait ne l’attirait pas plus que cela… Mais ce fut pire quand il poursuivit.
— Pour le plaisir de dominer, je suppose, marmonna-t-elle.
Et d’avoir toujours plus. Et d’imposer leur loi partout. Et pouvoir se pavaner devant les puissances européennes. Pour dominer plus, plus, et encore plus. A croire qu’ils avaient un complexe d’infériorité à combler… Tout y passerait tant que l’armée monbrinienne en sortait victorieuse, parce qu’ils n’en auraient jamais assez.
Mais elle tenait des propos tout à fait inadaptés. Elle n’avait pas le droit de dire cela. C’était trop dangereux de penser de telles choses. Du moins si l’on s’y opposait.
— Pour la gloire de l’Empire ! rectifia-t-elle précipitamment.
Sans doute trop précipitamment pour sembler convaincue par la politique coloniale. Mais soit, elle ramena le sujet sur Lavinia, sur cette réponse qu’il lui fallait. Et même s’ils ne semblait pas sûr de lui, elle, elle y croyait. Cela se voyait qu’il y avait quelque chose. Dans son attitude, sur son visage…
Elle aurait accepté de changer de sujet -- ou même de le quitter là, s’il n’avait pas envie de s’encombrer de sa compagnie plus longtemps. Mais il lui tendit une boite, qu’il disait être pour elle. Elle la tourna, la retourna, l’admira, la retourna encore, émerveillée. Elle protesta contre Eldred qui la dévalorisait. Elle laissa tomber le couvercle dans une main pour la faire bondir dans l’autre.
Elle vérifia que c’était bien pour elle. Pourquoi un cadeau pour elle ? Il lui démontra l’absurdité de sa question… Oui, vu la manière dont il la lui avait présentée, et vu qu’ils n’étaient que deux à discuter, il était évident qu’il la lui offrait à elle, et pas l’équidé qui l’accompagnait. Mais d’un autre côté, cela lui avait semblé aberrant. Un cadeau ? Pour elle ? Pourquoi aurait-elle mérité un cadeau ?
Elle ne put s’empêcher, quand elle comprit qu’il l’avait assemblée lui-même, de le serrer dans ses bras. Elle était tellement… Émue. Il avait pris du temps de faire quelque chose pour elle. Pour un peu, des larmes auraient perlé. Et dire qu’elle, elle s’était contentée de lui refiler quelque chose dont elle n’avait pas besoin !
Ce fut bref. Elle se ressaisit bien vite -- non seulement c’était indécent, mais en plus, elle était envahissante --, le lâcha, elle tourna encore une fois la boite pour découvrir, dans le fond, un symbole inconnu pour lequel elle ne put réprimer sa curiosité.
Des runes, donc. Leur alphabet. Elle pencha la tête. Oui, et… Que cela signifiait-il donc ?
Après une hésitation qu’elle ne comprit pas tout de suite, Eldred poursuivit. Ces caractères -- dont elle ne comprenait pas où s’arrêtaient les uns ni où commençaient les autres -- avaient une… valeur symbolique ? Elle fronça les sourcils. De quel genre ?
— J’espère que vous ne m’en voulez pas de cet ornement païen.
Elle le regarda avec de grands yeux, et se signa par pure provocation. Ce n’était pas Dieu que cela offusquerait. Et quand bien même : il le lui pardonnerait.
Elle tendit le bras pour mettre le plus de distance entre elle et la boite refermée.
— Quelle horreur ! Éloignez ça de moi ! s’exclama-t-elle, mais à mi-voix, pour ne pas être entendue par quelqu’un d’autre.
Il ne manquait plus qu’elle lui attire des ennuis pour ne pas avoir pu s’empêcher de prendre sa revanche sur ses taquineries.
— Mais c’est le sceau du Diable que vous me montrez là ! Je suis scandalisée ! Mais quel sacrilège ! C’est… Ooooooh, Bonté divine, comment avez-vous osé ?! poursuivait-elle en chuchotant avec emphase.
Elle se mordit les lèvres pour ne pas éclater de rire. Elle n’arrivait plus à rire comme avant, même quand la situation aurait dû l’y pousser. Plus de ce rire transportant et incontrôlable qu’Ariste trouvait si beau. Il y avait… Une barrière qui l’empêchait de s’y abandonner. Et de toute façon… Elle n’en avait trouvé que très peu d’occasions depuis qu’on lui avait volé Ariste… Les dernières recommandations de Gabriel mises à part, elles tenaient toutes dans ces deux dernières semaines.
Moins pénibles que les mois précédents, mais la douleur ne la quittait plus jamais vraiment. La majorité du temps, elle la rongeait encore activement. Et puis… Il y avait ces autres pensées qui la gagnaient. Ses nouvelles rencontres qui l’apaisaient quelque peu, ces préoccupations moins pénibles qui distrayaient son esprit. Et ces moment où elle parvenait à reléguer cette souffrance en toile de fond. Où ses doutes ne pouvaient plus que chuchoter. Où elle était presque bien. Grâce à certaines personnes, parce qu’elle ne savait pas le faire seule. Ces rencontres providentielles qui lui laissaient croire qu’Ariste avait raison. Qu’un jour, elle parviendrait à se reconstruire.
Mais… Quand elle devrait rentrer et tous les quitter ? Oh, il y aurait Gabriel. Gabriel à qui elle écrivait encore presque chaque soir, parce qu’il demeurait son meilleur ami malgré la distance qui s’était installée entre eux… Cette distance… Pourrait-elle y remédier ?
Et pourquoi se liait-elle d’amitié avec d'autres alors qu’elle l’avait, lui ? Pourquoi se comportait-elle comme une idiote ? Pourquoi sortait-elle de chez elle ? Pourquoi n’était-elle pas simplement restée à Tianidre, là où était sa place. Sa seule place, à elle qui était incapable de se conduire correctement ou d’être d’une compagnie agréable.
Voilà tout ce qui tourbillonnait au fond de son sac à pensées tandis qu’elle effectuait son petit numéro. Ce qui cohabitait avec son rire réprimé.
— C’est trop horrible ! Bien trop horrible ! renchérissait-elle. Je me sens défaillir ! Dire que j’ai touché cette chose !
Elle se retint au bras du zakrotien pour “ne pas tomber”. Elle évita de s’écrouler contre lui. Elle ne voulait pas qu’il lui invente des intentions qu’elle n’avait pas, et qu’il se vexe. De toute façon, si c’avait été le cas, par respect pour Lavinia, elle ne se serait même pas permis de le toucher. Parce qu’une part d’elle rêvait déjà de les voir s’épanouir ensemble, parce qu’elle voulait que cela fonctionne entre eux !
Oui, s’il y avait eu la moindre ambiguïté, Eléonore aurait déjà pris ses distances. Elle ne se serait jamais permis de s’interposer, même si cela devait l’attrister. Et dans ce cas là, elle aurait tout de même su se réjouir de leur bonheur, elle était comme ça.
Soit. Son comportement n’était malgré tout pas fort convenable. Elle redressa, rouvrit la boite et interrogea Eldred du regard.
— Un peu de sérieux ! le réprimanda-t-elle avec un demi-sourire. Elle désigna les runes d’un coup de menton. Et… A quoi cela correspond-il ?
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Il haussa les épaules. Pourquoi ça ne voulait rien dire ? Il n'y avait que deux mots. « Esclave » et « idéal ». Bien sûr que ça voulait dire quelque chose. C’était l’esclave dont tout le monde rêvait, le meuble parfait, silencieux, discret et robuste à la fois. Celui qui ployait l’échine et disait amen à tout va. En résumé… Pas vraiment son genre pour ceux qui avaient la chance de l’approcher dans l’intimité. Enfin, il n’allait pas revenir sur le sujet, elle avait sans doute ses raisons.
Tout comme elle en avait sans doute pour marmonner cet avis bien tranché avant de le rectifier aussitôt, avec cette pointe d’ironie qu’elle ne pouvait pas masquer malgré toute sa bonne volonté. Il lui sourit compréhensif.
- Vous n’avez rien à craindre de moi. Vous savez à quoi je dois ma dernière cicatrice en date ? et il faisait bien sûr référence à sa marque j’ai commandité une action de rébellion à Zakros. Nous avons attaqué une relève sur le chemin pour la garnison avant de mettre le feu à leurs réserves. Durant un temps, j’ai même cru que nous allions réussir… Et le vent a tourné.
Tout s’était si vite passé qu’il ne se souvenait pas réellement comment la situation avait pu changer si rapidement. Toujours était-il qu’ils s’étaient retrouvés encerclés, canardés par les mousquets et les arbalétriers. À bien y réfléchir, c’était un miracle qu’il n’ait pris aucun projectile en pleine tête ou ailleurs. Les autres… Les autres étaient tombés comme des mouches à ses côtés. À croire qu’Odin ne voulait pas sa sale tronche tout de suite. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé de mourir avec les honneurs.
Il changea de sujet en lui offrant cette boite qu’il avait faite pour elle. Une boite qu’elle semblait vraiment admirer comme une œuvre d’elfe de lumière… Mais ce n’était qu’une boite tout à fait ordinaire. Un petit sourire en coin s’étira lorsqu’elle fit la fausse offusquée à ce décor païen. Il fit mine de reprendre la boite.
- Désolé de vous avoir offensé, il semblerait que je sois obligé d’offrir ce cadeau à la jument du baron dans ce cas. -Au cheval- Qu’est-ce que t’en dis, ma belle ? Je pourrais y mettre ton avoine dedans si tu veux !
Il lui ébouriffa joyeusement le toupet avant de lui laisser définitivement la boite qu’elle s’empressa de rouvrir pour demander des explications. Il s’avança et traça la première rune de son doigt.
- Elles sont toujours par deux en opposé. Vous voyez ? La première est Algiz. Elle ressemble à des bois d’élan. C’est un symbole de protection, de prudence, mais on peut aussi la voir comme une main tendue vers les autres mondes.
Il doutait que ses explications soient claires, mais c’était compliqué de lui expliquer avec précision de quoi il retournait sans connaissance sur la religion nordique. Il marqua une pause puis dessina du bout du doigt la suivante.
- Celle-ci est Wunjo, elle ressemble un peu à un drapeau, mais c’est la rune du bonheur, de l’harmonie et de la cohésion ou de la fraternité. Elle est parfois liée à la famille au sens de l’intégration dans un groupe. D’ailleurs, je trouve qu’elle fait penser à une balance assemblée ainsi
La troisième ressemblait à deux hameçons.
- Vous suivez toujours ? Je vous interroge après ! Voici Eiwhas, le dépassement de soi. Le pont entre la vie et la mort. C’est aussi celle de l’initiation. Je pense… Je pense que cela correspond bien à votre situation actuelle, quelque part. Comment je pourrais vous expliquer ? C’est une rune très sage, qui invite à découvrir de nouveaux horizons, pour peu qu’on se donne la peine de partir.
Et c’était valable pour lui aussi. Lui adressa un sourire entendu et continua sa leçon
- Nous arrivons à la dernière. Ou plutôt les dernières. Parce que voyez, lorsqu’elles sont assemblées entre elles, elles en forme une cinquième. Il s’agit d’Ehwaz, elle est associée au cheval. Et pour cause, c’est celle du voyage, de l’impulsion, de l’élan et de la réincarnation. Et ce drôle de sablier que vous voyez au final, ce n’est rien d’autre que Dagaz. Elle est associée au Jour. C’est la stabilité entre les contraires. Entre le jour et la nuit. Entre la mort et la vie. Mais c’est aussi celle qui renferme tous les mystères et qui est une source de confiance en soi.
Tout comme elle en avait sans doute pour marmonner cet avis bien tranché avant de le rectifier aussitôt, avec cette pointe d’ironie qu’elle ne pouvait pas masquer malgré toute sa bonne volonté. Il lui sourit compréhensif.
- Vous n’avez rien à craindre de moi. Vous savez à quoi je dois ma dernière cicatrice en date ? et il faisait bien sûr référence à sa marque j’ai commandité une action de rébellion à Zakros. Nous avons attaqué une relève sur le chemin pour la garnison avant de mettre le feu à leurs réserves. Durant un temps, j’ai même cru que nous allions réussir… Et le vent a tourné.
Tout s’était si vite passé qu’il ne se souvenait pas réellement comment la situation avait pu changer si rapidement. Toujours était-il qu’ils s’étaient retrouvés encerclés, canardés par les mousquets et les arbalétriers. À bien y réfléchir, c’était un miracle qu’il n’ait pris aucun projectile en pleine tête ou ailleurs. Les autres… Les autres étaient tombés comme des mouches à ses côtés. À croire qu’Odin ne voulait pas sa sale tronche tout de suite. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé de mourir avec les honneurs.
Il changea de sujet en lui offrant cette boite qu’il avait faite pour elle. Une boite qu’elle semblait vraiment admirer comme une œuvre d’elfe de lumière… Mais ce n’était qu’une boite tout à fait ordinaire. Un petit sourire en coin s’étira lorsqu’elle fit la fausse offusquée à ce décor païen. Il fit mine de reprendre la boite.
- Désolé de vous avoir offensé, il semblerait que je sois obligé d’offrir ce cadeau à la jument du baron dans ce cas. -Au cheval- Qu’est-ce que t’en dis, ma belle ? Je pourrais y mettre ton avoine dedans si tu veux !
Il lui ébouriffa joyeusement le toupet avant de lui laisser définitivement la boite qu’elle s’empressa de rouvrir pour demander des explications. Il s’avança et traça la première rune de son doigt.
- Elles sont toujours par deux en opposé. Vous voyez ? La première est Algiz. Elle ressemble à des bois d’élan. C’est un symbole de protection, de prudence, mais on peut aussi la voir comme une main tendue vers les autres mondes.
Il doutait que ses explications soient claires, mais c’était compliqué de lui expliquer avec précision de quoi il retournait sans connaissance sur la religion nordique. Il marqua une pause puis dessina du bout du doigt la suivante.
- Celle-ci est Wunjo, elle ressemble un peu à un drapeau, mais c’est la rune du bonheur, de l’harmonie et de la cohésion ou de la fraternité. Elle est parfois liée à la famille au sens de l’intégration dans un groupe. D’ailleurs, je trouve qu’elle fait penser à une balance assemblée ainsi
La troisième ressemblait à deux hameçons.
- Vous suivez toujours ? Je vous interroge après ! Voici Eiwhas, le dépassement de soi. Le pont entre la vie et la mort. C’est aussi celle de l’initiation. Je pense… Je pense que cela correspond bien à votre situation actuelle, quelque part. Comment je pourrais vous expliquer ? C’est une rune très sage, qui invite à découvrir de nouveaux horizons, pour peu qu’on se donne la peine de partir.
Et c’était valable pour lui aussi. Lui adressa un sourire entendu et continua sa leçon
- Nous arrivons à la dernière. Ou plutôt les dernières. Parce que voyez, lorsqu’elles sont assemblées entre elles, elles en forme une cinquième. Il s’agit d’Ehwaz, elle est associée au cheval. Et pour cause, c’est celle du voyage, de l’impulsion, de l’élan et de la réincarnation. Et ce drôle de sablier que vous voyez au final, ce n’est rien d’autre que Dagaz. Elle est associée au Jour. C’est la stabilité entre les contraires. Entre le jour et la nuit. Entre la mort et la vie. Mais c’est aussi celle qui renferme tous les mystères et qui est une source de confiance en soi.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Alors, Eldred était un rebelle. Cela n'étonna même pas la jeune femme. Et cela ne le dévalorisa pas à ses yeux, loin de là. Et il avait compris son opinion sur la politique coloniale… ou en tout cas, il croyait avoir compris quelque chose de compromettant.
— Je suis Monbrinienne, murmura-t-elle.
Et lui, non. Lui, il venait d'une nation asservie par l'empire. Lui, il avait le droit de s'y opposer, c'était normal. Pour elle, c'était un désaccord avec son propre pays. Ou plutôt… avec les failles de son système. Parce qu'au fond, c'était par amour pour son pays que son oncle avait forgé ses opinions. Et qu'elle y adhérait, elle aussi. Ils n'avaient juste pas la même vision de ce qui serait bon pour Monbrina. Et pour Tianidre. Surtout pour Tianidre, car Eineld chérissait son fief avant tout.
— Je tiens ma dernière d'une rencontre avec un esclave particulièrement docile. J'ai surpris quelque chose que je n'aurais pas dû voir… Et allez savoir pourquoi, alors que j'aurais tout à fait eu l'occasion de décamper, je n'ai pas bougé jusqu'à ce qu'il me prête attention. J'ai une marque, maintenant, regardez ! Mais je le vis bien, ce n'est pas comme si j'avais un jour eu de belles mains, expliqua-t-elle d'un ton léger pour éviter de relancer la question de l'esclavage.
Pas des mains de noble dame. Des mains délicates et sans autres stigmates que quelques coups d'aiguilles. Ça, elle n'avait pas. Eltinne le lui reprochait souvent : d'où tenait-elle des mains aussi abîmée ? Éléonore ne les trouvait pas si scandaleusement amochées que ça. Juste quelques traces, celles qui ne partiraient sans doute plus. Après huit mois à se tenir tranquille, elle était dispensée des griffures éphémères. Mais bon... Eltinne avait toujours raison, et surtout quand elle avait tort.
Plus tard, après son petit numéro d'indignation, Eldred fit mine de reprendre son cadeau. Elle protesta d'un couinement grave. Une fausse protestation. Mais il fallait avouer que cette situation n'était pas convenable… Elle n'était pas une femme convenable, visiblement… Une femme convenable ne se retrouvait pas seule près du port quand le soleil se couchait… Ni n'acceptait de dîner avec un débauché notoire sous prétexte que cela lui permettait de se changer les idées et qu'il avait un regard hypnotique.
Elle s'en voulait cruellement de ne pas être comme il fallait… Pas en accord avec ce que son oncle attendait d'elle, et moins encore avec ce que la société attendait d'elle. Certaines auraient rajouté Dieu dans la liste... Mais elles auraient eu tort. Dieu s'en moquait bien, de ces détails parfaitement futiles. Et d'ailleurs, elle se fichait éperdument de son avis sur la question.
Ce qui l'intéressait pour le moment, c'était la signification de ces fameuses runes.
Eldred le lui expliquait, et elle l'écoutait attentivement, observant les signes que ses doigts suivaient dans le bois. En silence, elle se concentrait pour retenir les informations
— Vous suivez toujours ? Je vous interroge après !
Elle acquiesça, et redoubla d'attention pour la suite des explications. Elle avait un peu de mal à tout saisir, mais ne voulait pas avoir l'air plus stupide qu'elle ne l'était déjà. Ni lui laisser croire que ce qu'il racontait l'ennuyait, car cela semblait intéressant. Et... Et elle se rendait compte qu'il avait vraiment réfléchi à son présent.
Quand il eu fini, elle chercha à trier les questions qui lui venaient... À les formuler de manière convaincante, mais finalement, tout sortit en vrac :
— Et comment ces caractères peuvent-ils signifier autant de choses ? Et... Si vous l'avez mis, c'est... pour me rappeler ce que vous disiez l'autre jour ? Et pourquoi les avez-vous mises par deux ? Et comment le sens peut-il changer ? Et... Si c'est votre alphabet, vous devez savoir faire des mots avec, non ? Comment fait-on des mots avec des symboles ?
Elle devait avoir l'air bête avec ces question qu'elle pensait à haute voix. Elle avait eu beaucoup d'impressions, dans sa vie, mais rarement celle d'être ignare. Eh bien maintenant, elle savait que c'était tout aussi désagréable qu'être sotte, inutile, lâche, indigne, égoïste ou pitoyable.
— Je suis Monbrinienne, murmura-t-elle.
Et lui, non. Lui, il venait d'une nation asservie par l'empire. Lui, il avait le droit de s'y opposer, c'était normal. Pour elle, c'était un désaccord avec son propre pays. Ou plutôt… avec les failles de son système. Parce qu'au fond, c'était par amour pour son pays que son oncle avait forgé ses opinions. Et qu'elle y adhérait, elle aussi. Ils n'avaient juste pas la même vision de ce qui serait bon pour Monbrina. Et pour Tianidre. Surtout pour Tianidre, car Eineld chérissait son fief avant tout.
— Je tiens ma dernière d'une rencontre avec un esclave particulièrement docile. J'ai surpris quelque chose que je n'aurais pas dû voir… Et allez savoir pourquoi, alors que j'aurais tout à fait eu l'occasion de décamper, je n'ai pas bougé jusqu'à ce qu'il me prête attention. J'ai une marque, maintenant, regardez ! Mais je le vis bien, ce n'est pas comme si j'avais un jour eu de belles mains, expliqua-t-elle d'un ton léger pour éviter de relancer la question de l'esclavage.
Pas des mains de noble dame. Des mains délicates et sans autres stigmates que quelques coups d'aiguilles. Ça, elle n'avait pas. Eltinne le lui reprochait souvent : d'où tenait-elle des mains aussi abîmée ? Éléonore ne les trouvait pas si scandaleusement amochées que ça. Juste quelques traces, celles qui ne partiraient sans doute plus. Après huit mois à se tenir tranquille, elle était dispensée des griffures éphémères. Mais bon... Eltinne avait toujours raison, et surtout quand elle avait tort.
Plus tard, après son petit numéro d'indignation, Eldred fit mine de reprendre son cadeau. Elle protesta d'un couinement grave. Une fausse protestation. Mais il fallait avouer que cette situation n'était pas convenable… Elle n'était pas une femme convenable, visiblement… Une femme convenable ne se retrouvait pas seule près du port quand le soleil se couchait… Ni n'acceptait de dîner avec un débauché notoire sous prétexte que cela lui permettait de se changer les idées et qu'il avait un regard hypnotique.
Elle s'en voulait cruellement de ne pas être comme il fallait… Pas en accord avec ce que son oncle attendait d'elle, et moins encore avec ce que la société attendait d'elle. Certaines auraient rajouté Dieu dans la liste... Mais elles auraient eu tort. Dieu s'en moquait bien, de ces détails parfaitement futiles. Et d'ailleurs, elle se fichait éperdument de son avis sur la question.
Ce qui l'intéressait pour le moment, c'était la signification de ces fameuses runes.
Eldred le lui expliquait, et elle l'écoutait attentivement, observant les signes que ses doigts suivaient dans le bois. En silence, elle se concentrait pour retenir les informations
— Vous suivez toujours ? Je vous interroge après !
Elle acquiesça, et redoubla d'attention pour la suite des explications. Elle avait un peu de mal à tout saisir, mais ne voulait pas avoir l'air plus stupide qu'elle ne l'était déjà. Ni lui laisser croire que ce qu'il racontait l'ennuyait, car cela semblait intéressant. Et... Et elle se rendait compte qu'il avait vraiment réfléchi à son présent.
Quand il eu fini, elle chercha à trier les questions qui lui venaient... À les formuler de manière convaincante, mais finalement, tout sortit en vrac :
— Et comment ces caractères peuvent-ils signifier autant de choses ? Et... Si vous l'avez mis, c'est... pour me rappeler ce que vous disiez l'autre jour ? Et pourquoi les avez-vous mises par deux ? Et comment le sens peut-il changer ? Et... Si c'est votre alphabet, vous devez savoir faire des mots avec, non ? Comment fait-on des mots avec des symboles ?
Elle devait avoir l'air bête avec ces question qu'elle pensait à haute voix. Elle avait eu beaucoup d'impressions, dans sa vie, mais rarement celle d'être ignare. Eh bien maintenant, elle savait que c'était tout aussi désagréable qu'être sotte, inutile, lâche, indigne, égoïste ou pitoyable.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Eldred arqua un sourcil à la déclaration de sa nationalité.
- Et moi Zakrotien. Si vous ne l’étiez pas, vous auriez selon toute probabilité un joli M pour décorer votre épaule.
Il les haussa justement. À Zakros, il était chez lui et il s’était battu pour récupérer la liberté de son pays. Lorsque l’on croyait en quelque chose, on faisait ce qu’il fallait pour le défendre ou l’obtenir, quitte à mettre sa vie en jeu. Peu importait ses origines ou sa classe sociale. C’était facile de se cacher derrière des excuses et c’était bien pour ça que tous les Monbriniens étaient des esclaves volontaires de leur Roi. Enfin, qu’importe, il passa à un sujet plus léger celui de ce présent qui suscitait autant d’admiration que de curiosité. Puisqu’elle ne montrait aucune réticence face à la chose -loin de là-, il lui présenta chacune des runes tour à tour et ce fut une cascade de réponses qui se déversa dans ses oreilles.
- Doucement, doucement... répondit-il un petit rire dans la voix avant de répondre à sa première interrogation
- Ca ne sert pas qu’à écrire. Ils sont utilisés à des fins plus spirituelles, voire magiques. On s’en sert pour la divination par exemple. J’ai mis celles que je pensais vous être utile à vous personnellement. Il n’y a pas vraiment d’autres raisons à les mettre par deux que pour la symétrie dans ce cas présent. On pourrait aussi les assembler à la verticale, mais ce serait moins esthétique. Je voulais surtout vous offrir quelque chose de joli, que l’on croit ou non au pouvoir de ces lignes.
À ses deux dernières questions, il fronça les sourcils, perplexe.
- Eh bien de la même façon que vos caractères j’imagine. On les assemble en fonction de leur sonorité
Eldred avisa un morceau de bois plein d’échardes d’une vieille caisse maritime sur les quais et se déplaça pour le ramasser. Il sortit son poignard et commença à graver de nouvelles runes.
ᛖᛚᛞᚱᛖᛞ ᚲᛃᛇᚱᛊᛖᚾ
ᛖᛚᛖᛟᚾᛟᚱ
- Ca c’est mon nom complet en haut. Et en dessous votre prénom, du moins que je pense qu’il s’écrit.
- Et moi Zakrotien. Si vous ne l’étiez pas, vous auriez selon toute probabilité un joli M pour décorer votre épaule.
Il les haussa justement. À Zakros, il était chez lui et il s’était battu pour récupérer la liberté de son pays. Lorsque l’on croyait en quelque chose, on faisait ce qu’il fallait pour le défendre ou l’obtenir, quitte à mettre sa vie en jeu. Peu importait ses origines ou sa classe sociale. C’était facile de se cacher derrière des excuses et c’était bien pour ça que tous les Monbriniens étaient des esclaves volontaires de leur Roi. Enfin, qu’importe, il passa à un sujet plus léger celui de ce présent qui suscitait autant d’admiration que de curiosité. Puisqu’elle ne montrait aucune réticence face à la chose -loin de là-, il lui présenta chacune des runes tour à tour et ce fut une cascade de réponses qui se déversa dans ses oreilles.
- Doucement, doucement... répondit-il un petit rire dans la voix avant de répondre à sa première interrogation
- Ca ne sert pas qu’à écrire. Ils sont utilisés à des fins plus spirituelles, voire magiques. On s’en sert pour la divination par exemple. J’ai mis celles que je pensais vous être utile à vous personnellement. Il n’y a pas vraiment d’autres raisons à les mettre par deux que pour la symétrie dans ce cas présent. On pourrait aussi les assembler à la verticale, mais ce serait moins esthétique. Je voulais surtout vous offrir quelque chose de joli, que l’on croit ou non au pouvoir de ces lignes.
À ses deux dernières questions, il fronça les sourcils, perplexe.
- Eh bien de la même façon que vos caractères j’imagine. On les assemble en fonction de leur sonorité
Eldred avisa un morceau de bois plein d’échardes d’une vieille caisse maritime sur les quais et se déplaça pour le ramasser. Il sortit son poignard et commença à graver de nouvelles runes.
ᛖᛚᛖᛟᚾᛟᚱ
- Ca c’est mon nom complet en haut. Et en dessous votre prénom, du moins que je pense qu’il s’écrit.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Éléonore remua l'épaule aux mots d'Eldred. Brrrrrr. Elle n'avait pas envie d'y penser. Pas plus qu'avec toutes ces histoires, si son oncle s'y prenait de travers, ils ne seraient pas forcément en meilleure posture… Pas plus à l'idée qu'elle dînerait ce soir avec l'un des responsables de cette absurdité. Sans doute l'un des hommes et que son oncle méprisait le plus dans ce pays.
La jeune femme se perdit dans ses questions dépareillées, si bien qu'Eldred dut la rappeler à l'ordre. Enfin... Lui rappeler qu'il pouvait difficilement répondre s'il ne pouvait pas en placer une.
Mais il s'y appliqua tout de même. Eléonore ne fit pas mine d'être choquée par ses histoires de magies. Elle n'y croyait pas, certes, mais ce n'était pas une raison pour prendre de grands airs. Malheureusement, peu étaient assez ouverts d'esprits pour réagir ainsi.
Elle détailla une nouvelle fois les symboles.
— Alors c'est réussi, j'aime beaucoup. Puis, par acquis de conscience, alors que d'autres auraient juste réprouvé les croyances du zakrotien : Vous... Vous ne m'en voudrez pas, j'espère, mais je ne saurais me convaincre de leur pouvoir.
En revanche, elle croyait en la bienveillance qui les avait tracés, comme une prière formulée pour elle, et elle l'en remerciait.
À la suite, elle fronça une nouvelle fois les sourcils. Comment un symbole pouvait-il avoir une sonorité ? Ça n'avait pas de sens. Elle était idiote, tellement idiote de ne pas comprendre !
Elle l'observa tandis qu'il gravait ses fameuses runes dans un morceau de bois qu'il venait tout juste de ramasser.
— Faites attention avec ça, lui recommanda-t-elle. Pas qu'elle ait craint qu'il se coupe, bien sûr… mais il n'était certainement pas censé posséder d'arme.
Il expliqua ce qu'il avait écrit, et Éléonore acquiesça. Oui, c'était logique, en fait, la manière dont ces caractères-là s'allignaient et revenaient.
— Et... elle désigna la seconde partie de ce qu'Eldred désignait comme son nom complet. Elle venait de se rendre compte qu'elle ne connaissait de lui qu'un prénom, et ne s'était jamais demandé s'il possédait un autre nom. Comment cela se lit-il
Elle cala son cadeau sous son bras, prit le morceau de bois des mains d'Eldred, le retourna pour avoir la place d'écrire. Elle le fit passer dans sa main gauche. Après une brève hésitation, elle se servit de ses dents pour retirer le gant qui aurait entravé ses mouvements, puis le glissa dans son manteau avant de sortir sa propre arme.
Elle tailla le bois. Elle ne grava qu'un prénom. Et certes pas le sien, il n'en aurait rien fait.
— Avouez que son prénom est harmonieux à écrire, annonça-t-elle en lui montrant son ouvrage. Autant qu'à prononcer, je suppose. Ça ne briserait pas le charme...
Éléonore avisa la ciel déjà noir. Fichu hiver ! Un clocher la rappela à l'ordre. Il fallait qu'elle rentre si elle voulait avoir le temps de se préparer… se préparer mentalement, surtout, d'ailleurs. Mais, si une part d'elle était toujours sceptique, l'autre s'emballa soudain. C'était tellement… Tellement… Tellement comme faire une course en équilibre sur les remparts, mais différemment. Elle en aurait perdu toute contenance.
Elle rangea son arme.
— En parlant de charme... Il va falloir que j'y aille.
En parlant de charme ?! Avait-elle vraiment dit quelque chose d'aussi ridicule ?
— Je suis contente de vous avoir revu.
Même si ce ne devait pas être réciproque…
— Et... Je vous retournerai votre conseil : laissez les choses arriver. Évitez juste d'être aussi discret qu'Alduis.
Et puis aussi...
— Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, comptez sur moi !
Elle était tellement... Angoissée. Déchirée entre la certitude qu'elle s'apprêtait à battre son record de ridicule, à commettre la plus grosse erreur de sa vie et... Et cet état qui lui avait tant manqué, qu'elle n'aurait jamais cru ne serait-ce qu'effleurer un jour à nouveau. Cet attente de risque, de défi, d'inconscience et... Et il y avait aussi autre chose, quelque chose qu'elle n'identifiait pas vraiment. Tant pis. Ou... Ou tant mieux : cela ajoutait une pointe de mystère.
La jeune femme se perdit dans ses questions dépareillées, si bien qu'Eldred dut la rappeler à l'ordre. Enfin... Lui rappeler qu'il pouvait difficilement répondre s'il ne pouvait pas en placer une.
Mais il s'y appliqua tout de même. Eléonore ne fit pas mine d'être choquée par ses histoires de magies. Elle n'y croyait pas, certes, mais ce n'était pas une raison pour prendre de grands airs. Malheureusement, peu étaient assez ouverts d'esprits pour réagir ainsi.
Elle détailla une nouvelle fois les symboles.
— Alors c'est réussi, j'aime beaucoup. Puis, par acquis de conscience, alors que d'autres auraient juste réprouvé les croyances du zakrotien : Vous... Vous ne m'en voudrez pas, j'espère, mais je ne saurais me convaincre de leur pouvoir.
En revanche, elle croyait en la bienveillance qui les avait tracés, comme une prière formulée pour elle, et elle l'en remerciait.
À la suite, elle fronça une nouvelle fois les sourcils. Comment un symbole pouvait-il avoir une sonorité ? Ça n'avait pas de sens. Elle était idiote, tellement idiote de ne pas comprendre !
Elle l'observa tandis qu'il gravait ses fameuses runes dans un morceau de bois qu'il venait tout juste de ramasser.
— Faites attention avec ça, lui recommanda-t-elle. Pas qu'elle ait craint qu'il se coupe, bien sûr… mais il n'était certainement pas censé posséder d'arme.
Il expliqua ce qu'il avait écrit, et Éléonore acquiesça. Oui, c'était logique, en fait, la manière dont ces caractères-là s'allignaient et revenaient.
— Et... elle désigna la seconde partie de ce qu'Eldred désignait comme son nom complet. Elle venait de se rendre compte qu'elle ne connaissait de lui qu'un prénom, et ne s'était jamais demandé s'il possédait un autre nom. Comment cela se lit-il
Elle cala son cadeau sous son bras, prit le morceau de bois des mains d'Eldred, le retourna pour avoir la place d'écrire. Elle le fit passer dans sa main gauche. Après une brève hésitation, elle se servit de ses dents pour retirer le gant qui aurait entravé ses mouvements, puis le glissa dans son manteau avant de sortir sa propre arme.
Elle tailla le bois. Elle ne grava qu'un prénom. Et certes pas le sien, il n'en aurait rien fait.
— Avouez que son prénom est harmonieux à écrire, annonça-t-elle en lui montrant son ouvrage. Autant qu'à prononcer, je suppose. Ça ne briserait pas le charme...
Éléonore avisa la ciel déjà noir. Fichu hiver ! Un clocher la rappela à l'ordre. Il fallait qu'elle rentre si elle voulait avoir le temps de se préparer… se préparer mentalement, surtout, d'ailleurs. Mais, si une part d'elle était toujours sceptique, l'autre s'emballa soudain. C'était tellement… Tellement… Tellement comme faire une course en équilibre sur les remparts, mais différemment. Elle en aurait perdu toute contenance.
Elle rangea son arme.
— En parlant de charme... Il va falloir que j'y aille.
En parlant de charme ?! Avait-elle vraiment dit quelque chose d'aussi ridicule ?
— Je suis contente de vous avoir revu.
Même si ce ne devait pas être réciproque…
— Et... Je vous retournerai votre conseil : laissez les choses arriver. Évitez juste d'être aussi discret qu'Alduis.
Et puis aussi...
— Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, comptez sur moi !
Elle était tellement... Angoissée. Déchirée entre la certitude qu'elle s'apprêtait à battre son record de ridicule, à commettre la plus grosse erreur de sa vie et... Et cet état qui lui avait tant manqué, qu'elle n'aurait jamais cru ne serait-ce qu'effleurer un jour à nouveau. Cet attente de risque, de défi, d'inconscience et... Et il y avait aussi autre chose, quelque chose qu'elle n'identifiait pas vraiment. Tant pis. Ou... Ou tant mieux : cela ajoutait une pointe de mystère.
Re: [23 décembre 1597][Saint Nicolas] - Modeste présent [Terminé]
Ses explications suscitèrent d’autres questions à leur tour auquel il fit son possible pour répondre. Il n’était pas vraiment étonné de sa position sur la magie et ne pouvait lui en vouloir de quoi que ce soit. D’ailleurs, chacun était bien libre de croire en ce qu’il voulait.
- Je comprends parfaitement. Vous savez pour nous c’est différent. On appelle cela des runes et la signification de ce mot est « mystère » ou « secret ». Dans nos récits, Odin se sacrifie pour obtenir la sagesse nécessaire à la connaissance runique, alors elles revêtent forcément une autre dimension.
En revanche, son explication sur l’assemblage des runes afin de former des mots ne semblait pas la convaincre -ou du moins la laissèrent perplexe-, mais il ne voyait pas comment expliquer cela autrement. Les runes c’était les runes. Et c’était surement la même chose pour eux avec leurs lettres. Le monbrinien, il n’avait jamais voulu l’apprendre. Déjà parce qu’il avait grandi au pied des montagnes dans un village somme toute reculé et à une époque où Monbrina vivait dans son coin bien tranquillement. Avant qu’il ne se transforme en ours glouton se préparant à une hibernation prochaine. Avec sa dague, il grave son nom et le sien sur un bout de bois. Il releva brièvement la tête à sa mise en garde, sourire en coin. Par peur de blessures ou de problèmes ? Sans doute un peu des deux. Il n’y avait personne à proximité et puis elle l’avait dit elle-même non ? Il n’avait rien d’un esclave. Elle observa les caractères alignés et demanda leur prononciation.
- Kjaersen. Eldred Kjaersen. répondit-il jovialement
Elle lui prit subitement la planche des mains pour y graver à son tour un mot. Il fit mine de regarder, mais ça ou un autre, il ne voyait pas la différence et était surtout bien incapable de le lire. Il acquiesça vaguement pour lui faire plaisir. Elle semblait y tenir à son charme décidément ! Il lui adressa un sourire entendu.
- Profitez bien de votre soirée, Eléonore, c’est un peu ce que dit cette boite au final. Cela m’a fait plaisir également et je suis ravi que ce cadeau vous ait plu.
Une dernière fois avant de disparaitre, elle lui rappela qu’elle pouvait lui offrir toute l’aide souhaitée. D’un signe de la tête, il la remercia et mit pied à l’étrier.
- N’hésitez pas non plus. À défaut d’avoir quelconque moyen, je peux toujours vous écouter si vous le désirez. A bientôt.
- Je comprends parfaitement. Vous savez pour nous c’est différent. On appelle cela des runes et la signification de ce mot est « mystère » ou « secret ». Dans nos récits, Odin se sacrifie pour obtenir la sagesse nécessaire à la connaissance runique, alors elles revêtent forcément une autre dimension.
En revanche, son explication sur l’assemblage des runes afin de former des mots ne semblait pas la convaincre -ou du moins la laissèrent perplexe-, mais il ne voyait pas comment expliquer cela autrement. Les runes c’était les runes. Et c’était surement la même chose pour eux avec leurs lettres. Le monbrinien, il n’avait jamais voulu l’apprendre. Déjà parce qu’il avait grandi au pied des montagnes dans un village somme toute reculé et à une époque où Monbrina vivait dans son coin bien tranquillement. Avant qu’il ne se transforme en ours glouton se préparant à une hibernation prochaine. Avec sa dague, il grave son nom et le sien sur un bout de bois. Il releva brièvement la tête à sa mise en garde, sourire en coin. Par peur de blessures ou de problèmes ? Sans doute un peu des deux. Il n’y avait personne à proximité et puis elle l’avait dit elle-même non ? Il n’avait rien d’un esclave. Elle observa les caractères alignés et demanda leur prononciation.
- Kjaersen. Eldred Kjaersen. répondit-il jovialement
Elle lui prit subitement la planche des mains pour y graver à son tour un mot. Il fit mine de regarder, mais ça ou un autre, il ne voyait pas la différence et était surtout bien incapable de le lire. Il acquiesça vaguement pour lui faire plaisir. Elle semblait y tenir à son charme décidément ! Il lui adressa un sourire entendu.
- Profitez bien de votre soirée, Eléonore, c’est un peu ce que dit cette boite au final. Cela m’a fait plaisir également et je suis ravi que ce cadeau vous ait plu.
Une dernière fois avant de disparaitre, elle lui rappela qu’elle pouvait lui offrir toute l’aide souhaitée. D’un signe de la tête, il la remercia et mit pied à l’étrier.
- N’hésitez pas non plus. À défaut d’avoir quelconque moyen, je peux toujours vous écouter si vous le désirez. A bientôt.
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