[7 janvier 1598 - soirée] - Un nouveau souffle aux effluves de rose pour le lupanar [RP Sensible][Terminé]

Les festivités ne faisaient pour ainsi dire que commencer et à en juger ce gémissement étouffé au simple passage de ses mains, ce n’était peut-être pas lui qui avait patienté le plus longtemps.

- On a toujours le choix. Il suffit de se le donner. Quant au métier de professeur ce serait vous mentir que de vous dire que ce n’est pas là jouir d’une bonne place.

Son sourire enjôleur suspendu aux bords de ses lèvres à quelques centimètres tout juste des siennes, il hésitait toujours entre les deux options qui semblaient se dessiner. Magnanime envers celle qu’il tenait pour prisonnière entre ses bras, il l’interrogea sur ses envies, privilège rare qu’elle ne sembla pas apprécier à sa juste valeur.

- Vous vous méprenez. Je m’enquérais simplement de votre avis sur ce choix. Mais puisque vous n’en avez aucun, je m’abstiendrai désormais de vous en laisser le moindre.

Et ce n’était pas son doigt -qu’il ignora royalement- qui le ferait changer d’avis. Il la releva juste assez pour atteindre les lacets qui maintenaient serré ce carcan de soierie lorsqu’une voix bien familière lui chatouilla la nuque. Il esquissa un sourire amusé sans même se retourner.

- Il n’y a que les bigotes pour résister à la tentation, ma chère Isabelle.

Il acheva de tirer sur les derniers rubans et s’assit nonchalamment sur le bord du lit. Coldris avait prévu de rester jusqu’aux premières lueurs de l’aube, ce qui lui laisserait incontestablement le temps de financer généreusement l’établissement, chose qu’il ne manquait jamais de faire. Il savait également ô combien cette affaire de sorcellerie avait miné la réputation. Les mêmes qui s’étaient offusqués des avortements avaient sans doute dû besogner l’une de ces filles à un moment ou à un autre. Ce n’était que pure hypocrisie de fermer les yeux sur les conséquences que cela entrainait. Bien sûr, certaines gardaient leurs enfants, comme Isabelle, mais toutes n’avaient pas la chance d’avoir une famille aussi disponible et disposée que la sienne.
- Vous pouvez compter sur moi.. et comme Isabelle s’empressait de quitter les lieux, il ajouta, taquin Venez donc vous joindre à nous. Quand on aime, on ne compte pas n’est-ce pas ? Et vous m’aimez beaucoup n’est-ce pas ? affirma-t-il avec une profonde malice.

Il se laissa tomber sur le lit, les yeux rieurs. Oh oui c’était sûrement la seule excentricité qu’il pouvait parfois lui arriver de demander, mais pour le coup, c’était par pure provocation qu’il avait fait cette proposition qui aurait été fort inconvenante hors de ces lieux.

Depuis le seuil de al porte, Isabelle contemplait sans la moindre gêne le couple. Sa longue pratique lui avait fait voir des scènes plus picaresques que celles-là. Elle s'amusait franchement de la répartie de Coldris et sourit de cette manière lascive avec laquelle celui-ci s'asseyait au bord du lit. Il savait si bien comment faire monter le désir en une femme. Elle répondit dans un léger éclat de rire en minant une révérence.

"Mais parfaitement, votre Excellence, ces personnes sont généralement loin de notre établissement. Les malheureuses tomberaient à la renverse rien que pousser la porte !"

Elle s'apprêtait à se retirer pour laisser le couple profiter de son intimité quand Coldris l'arrêta en l'invitant à les rejoindre. Une petite fantaisie qu'elle acceptait bien souvent. Surtout avec des clients désireux. Comme lui. Rosa-Abelle ne semblait plus soudain aussi à l'aise. Avait-elle poussé un peu trop loin l'expérience au point de peut-être perdre le contrôle ? Les premières fois avec un hommes étourdissaient et les pensées devenaient difficiles à saisir. Elle lui adressa un sourire bienveillant.

"Soyez libre de faire ce que vous voulez, ma chère Rose-Abelle. Aucune femme ne peu être forcée ici, c'est une de mes règles et je n'y dérogerai jamais."

Sur cette déclaration, Isabelle se décida à s'avancer dans la pièce et s'approcha d'un pas rapide du lit. Elle laissa courir des mains expertes sur le visage du ministre avant de les égarer sensuellement dans la chevelure.

"Si votre compagne vous laisse, en attendant que marie vous rejoindre, que direz-vous que je vous tienne compagnie, mon cher Coldris ?"

Elle se pencha pour l'embrasser tout en poursuivant ses caresses.

Isabelle arriva point nommé. Il ne parvenait pas à se défaire de cette sensation qui lui disait qu’il ne contrôlait pas vraiment la situation. Quelque chose lui échappait, quelque chose qui tentait dans l’emmener sur un chemin que l’on choisissait pour lui et cela ne lui plaisait pas. Comme si ses choix n’en étaient plus vraiment.

Il acheva de délacer son corset en échangeant une boutade avec la gérante puis provoqua délibérément Eve en invitant sa maitresse à partager leur petit jeu. C’était l’une de ses propositions où il ressortait toujours vainqueur qu’importe le choix effectué. Soit elle restait et il serait ravi de la nouvelle dimension que prendrait les évènements, soit elle partait offusquée et il se réjouirait de l’effet de sa remarque autant que d’avoir récupéré entièrement et complètement le contrôle de la situation. Il n’en fallait pas moins pour se rassurer.

Qui plus est, il aurait été idiot de ne pas saisir au vol l'opportunité qui se présentait si soudainement à sa porte -littéralement-.

A son regard, il sut instantanément laquelle des deux possibilités elle avait choisie. Fort bien. Il appuya d’un signe de la tête les propos d’Isabelle et se laissa glisser félinement hors du lit pour la rattraper avant qu’elle n’ait pu quitter la pièce. Coldris cueillit les deux rubans qui ondulaient dans son deux et tira vigoureusement pour resserrer le vêtement.

- Vous ne pouvez pas sortir ainsi débraillé. Vous risqueriez de l’effrayer déclara-t-il en singeant le discours qu’elle avait tenu quelques minutes plus tôt.

- Il est regrettable que vous partiez si tôt, mais nous aurons tout le loisir de finir de faire connaissance lorsque je viendrai quérir votre réponse à ma proposition initiale, charmante Eve. Et en tête à tête cette fois-ci. conlut-il avec un sourire entendu.

Il acheva de nouer le lacer et retourna sur le lit où Isabelle, toujours aussi zélée, se proposa pour lui tenir compagnie, ce qu’il n’allait décemment pas refuser alors que tant ses mains expertes que ses lèvres s’affairaient déjà à le caresser.