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[le 8 janvier 1598] - Opération "cœur ouvert"

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Message par Lucinde Tiéran Ven 19 Fév - 13:00

On venait de porter le repas, et Thierry s’était déjà attablé. C’était difficile de l’admettre, mais elle était obligée de reconnaître qu’il avait eu une attitude exemplaire ce jour-là. Et puis… Après les derniers évènements, Lucinde avait jugé qu’il était grand temps de faciliter la cohabitation aussi bien pour elle que pour lui. Elle pouvait bien tenir et jouer les geolières inflexibles aussi longtemps que l’attitude du prêtre le nécessiterait, elle aimait autant se donner une chance de le rendre un peu coopératif et d’apaiser leur relation.

Elle monta précipitamment dans le clocher où, avec les documents qu’elle ne tarderait pas à brûler, elle avait conservé un autre moyen de pression. Elle redescendit avec et le posa sur la table. Une bouteille. L’une des meilleures trouvées dans son bureau, et qu’elle avait dissimulé avant d’aller le réveiller presque deux semaines auparavant. Avant de vider toutes les autres dans la neige devant ses yeux, ce qui ne l’avait évidemment pas réjoui.

— Je la laisse sur la table si vous croyez pouvoir demeurer raisonnable. Si vous n’en êtes pas capable, dites le moi : je vous sers votre verre et la déplace. Il est hors de question que vous finissiez ivre, compris ?
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Message par Thierry d'Anjou Ven 19 Fév - 13:51

Depuis sa visite à Coldris de la veille, Thierry se sentait légèrement apaisé par la conversation sincère que tous deux avaient pu avoir et la promesse que son ami lui avait échangé. Même s'il devait mourir, ce ne serait pas par la douleur ou la violence. Il partirait en douceur dans son sommeil. Sans peur. Le laudanum avait eu de merveilleux effets hier jusqu'au coucher en lui permettant d'anesthésier ces émotions tumultueuses qui parasitaient sa raison. Il était bon de s'entendre réfléchir sans être interrompu brutalement par les élans pénibles de ce coeur meurtri. Ce matin avait cependant été plus violent que les autres en se réveillant l'esprit à nouveau saturé par ces sentiments revenus pendant son sommeil. Rapidement, pour faire taire ces agressions, il avait sorti la précieuse fiole confié par Coldris et versé quelques gouttes dans un verre d'eau pour avaler le contenu. Le prêtre n'avait encore jamais bu de l'eau aussi vite. Le remède agissait encore. Son esprit retrouvait sa lucidité et s'affranchissait de ses démons.

Pendant la matinée, le prêtre géra correctement les deux messes qu'il dit et s'appliqua à le faire le normalement possible. Son esprit s'ennuyait cependant malgré tout. Cette comédie, ces rites ridicules... Comme ils pouvaient être pénibles ! En quoi était-ce un moyen d'atteindre le salut de l'âme ? A moins que ce ne soit une épreuve pour que Dieu juge de la patience des fidèles ? L'après-midi ne se révéla pas plus gratifiant. Il écouta dans le confessionnal des hommes, des femmes et des enfants qui venaient s'accuser pour une broutille insignifiante. Une tartine mangée en trop, une jalousie pour une voisine, un désir pour une autre que son épouse... Il les entendit d'une oreille distraite, le regard plus intéressé par le contenu du livre sur ses genoux, et récitait ensuite l'absolution avec automatisme. Finalement, la journée toucha à sa fin et il accueillit les cloches de la dernière messe avec saisafction.

Enfin, la cuisinière arriva pour apporter le souper il et s'empressa de rejoindre la cellule. Il l'observa déposer deux plateaux contenant chacun un potage, une assiette de légumes et une côte de bœuf et enfin une brioche. Au moins, le service de Dieu permettait de se nourrir grassement. Il remercia la femme qui s'éloignait déjà et s'attabla. A son étonnement, Lucinde s'éloigna. Où allait-elle donc ? D'ordinaire, elle ne le quittait pas du regard. Il ne décida pas d'en profiter, soucieux de respecter ses accords passés avec Coldris,  et commença à avaler quelques cuillérées de potage. A son retour, il releva la tête et la vit déposer une excellente bouteille de vin sur la table. Elle proposait même un verre. il al dévisagea, stupéfait, puis se décida courageusement à hocher négativement la tête. L'alcool lui manquait, oui, mais il perdrait encore toute lucidité. Il perdrait le contrôle aussi. Il avait promis. il avait promis à Coldris de se tenir. Il revoyait en même temps l'image de son fils, sévère, qui semblait le détester. Il voulait arrêter de le décevoir. Or, Alex détestait quand il buvait.


"Je.. Je n'ai pas soif."

Afin de résister à la tentation, il poussa le verre et le cassa.

Il releva la tête vers Lucinde et reprit :

"J'en ai assez de décevoir Alex. Et de ressembler à mes parents. Je me pensais un meilleur père mais tout ce que j'ai fait, c'est de nourrir en lui-même sentiment qu'ils m'auront donné."

Tout en continuant de discourir, il commença à couper sa viande, un regard de travers pour le crucifix au-dessus de la porte.


"Il est gentil ce christ, non ? gentil, tolérant, soucieux des autres... Tellement gentil qu'il laisse sous ses yeux des enfants se faire abuser. Puis maltraiter."
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Message par Lucinde Tiéran Sam 20 Fév - 1:01

— Je… Je n’ai pas soif, déclina Thierry.

Lucinde fronça les sourcils avec un certain étonnement. Elle avait bien espéré qu’il se montre raisonnable, mais au point de refuser le moindre verre, c’avait quelque chose de surprenant… Mais ce n’était pas une mauvaise chose pour autant. Et cela ne nuisait pas le moins du monde à ses objectifs.

Toutefois, le voir casser le verre l’exaspéra au plus haut point.

— Etait-ce vraiment nécessaire ?

En temps normal, elle lui aurait commandé de nettoyer cela immédiatement. Mais elle voyait qu’il était plus productif de l’écouter. Comme quoi les bonnes bouteilles n’avaient pas besoin d’être bues pour délier les langues.

Elle se contenta d’acquiescer à sa première déclaration. Elle n’aurait pas prétendu qu’il ne décevait pas Alexandre, c’eut été éhontément faux. D’ailleurs, le jeune homme avait toutes les raisons du monde d’être déçu.

Au fond d’elle-même, tandis qu’elle s’asseyait, une petite voix lui souffla qu’elle était en train de s’attendrir. Elle nia : elle l’écoutait par pure conscience professionnelle, parce que leur relation gagnait à être apaisée. Il n’y avait nulle sensiblerie ridicule, nulle compassion démesurée, nulle envie de l’aider si elle n’y gagnait pas. Se mettre au service des autres, c’était du passé. Et cela n’aidait pas. Voilà pourquoi, cette fois, c’était calculé.

Ressembler à ses parents… Elle ne le voulait pas non plus, et jusqu’ici, elle s’était fort bien débrouillée pour l’éviter. Elle n’avait pas été un tyran comme son père, et n’avait pas gardé les séquelles de sa mère. Pas tout à fait. Pas durant les quinze dernières années, en tout cas.

Abuser, maltraiter… Egorger, aussi. C’était pour cela qu’il ne servait à rien d’être gentil : cela finissait toujours par vous retomber dessus. Cela ne servait à rien d’être gratuitement cruel non plus, d’ailleurs. Il fallait seulement savoir tirer parti de tout avec un minimum de dégats, et ne penser qu’à son intérêt. Et ne pas se vautrer dans la débauche ou perdre l’autorité sur soi-même. S’il était un principe qu’il fallait continuer de mettre en pratique même après avoir tout perdu, c’était bien l’auto-discipline.

C’était comme cette résolution qu’elle avait prise. Celle qui avait rythmé sa marche, cette vengeance… Si elle ne devait poser que des actes utiles pour s’accomplir, pourquoi s’alourdir de cela ?

Elle secoua la tête. Hors de question de douter. Elle devait se battre, elle devait retrouver prise dans le monde, elle devait

— Si cela peut vous motiver : se reprendre en main n'a rien d'insurmontable. Conseil gratuit : se plaindre que la vie est injuste ne vous sera d'aucune utilité.

Il avait eu une vie difficile ? Grand bien lui fasse : elle aussi. Un père violent, d'abord. Une fuite dans des conditions désastreuses. Perdre une seconde fois ses repères et devoir tout reprendre à zéro. Se cacher, accepter son sort, s'en contenter, en tirer tout le bonheur qui pouvait y exister. Se voir retirer tous ceux qu'elle aimait pour un coup du sort, accusée, calomniée. Mais elle était toujours là. Droite, elle n'avait pas flanché. Elle ne se vautrait pas dans la débauche ni ne nuisait gratuitement juste par ennui. Quoi qu'on en dise, l'autodiscipline n'avait rien d'insurmontable. C'était une faiblesse de caractère déplorable que de se plaindre et se complaire dans son malheur, ou de chercher à se faire plaindre en permanence. C'était ridicule et profondément repoussant.

Elle ignorait quel mal il avait infligé. Avait-il moralement une chance de rédemption ? Elle n'en savait rien et s'en fichait éperdument. Ce qu'elle voyait, elle, c'était que jusqu'ici, il n'avait fait que se plaindre et pleurnicher sur son sort. Que protester et refuser de progresser. Comme s'il se complaisait dans sa médiocrité. Ce geste, décliner ce verre, c'était peut-être la première tentative de reprise en main qu'elle observait. La première qui ne soit pas contrainte.
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Message par Thierry d'Anjou Sam 20 Fév - 12:03

Son refus de boire surprit Lucinde et Thierry ne put réprimer le sourire de satisfaction que cela lui fit naître. Il s'effaça aussitôt quand elle le sermonna sur le verre qu'il venait de casser. Le prêtre répliqua d'une intonation plus sèche que voulue :

"Oui. Sinon mon esprit est trop faible et finit par céder."

Elle l'entendit, sans rien laisser paraître, s'épancher sur les troubles de son âme. Le jugeait-elle ? Que pensait-elle à son sujet ? le trouvait-elle lâche ? Ou cela confirmait-il cette opinion ? Il baissa le regard vers son escalope de porc et se mit à avaler quelques morceaux. La viande était tendre et goûteuse. Elle répondit soudain et lui donna un conseil qui le fit grimace. Il soupira et ajouta sans aucune malice :

"Vous aurez remarqué, Lucinde, que c'est une activité pour laquelle j'ai beaucoup de talent."

Alors qu'il avalait un autre morceau de viande, le prêtre éprouvait le besoin de déverser le contenu sinistre de son âme. DE dresser le bilan peu flatteur de son existence.

"Je suis né le 7 décembre 1551, dans une famille de la noblesse désargentée, qui avait perdu son titre quelques années plus tôt, vendu par mon grand-père qui a rembourser avec l'argent une partie de nos dettes. Ma mère venait d'une famille prestigieuse, riche... Je ne sais comment mon père aura réussi à la persuader de l'épouser. Sans doute aura t-il réussi à la manipuler avec son art subtil de la parole. Il savait parler, ce crétin, et endormir les craintes. Je n'ai jamais eu de relations avec lui. Je l'observais de loin mais nous n'échangions aucune parole. Je n'étais qu'un enfant. Je devais rester à ma place. C'était ce que je croyais. Je voyais bien mon frère Bertrand interagir avec lui. Mais c'était mon aîné de trois ans. Il devait hériter de ses affaires, du château... C'était normal; Du moins, c'était ce que je croyais."

Thierry marqua une pause pour avaler quelques légumes, le visage péniblement marqué au rappel de ces injustices entre lui et son frère. Pourquoi un statut d'aînesse méritait-il une différence aussi révoltante ?

"Ma mère était une femme hautaine et condescendante. Glaciale comme la neige qui recouvre en ce moment ma ville. Aussi loin que je me rappelle, je l'ai toujours haï. Il y a une autre femme que j'ai aimé. Qui me servi de mère. Que je nommais maman. Elle se nommait Catherine. C'était une esclave. Je ne sais pas d'où elle venait. Seulement qu'elle était jeune et aimait me réconforter quand je pleurais. Mais elle disparut l'année de mes sept ans. Soucieux de trouver toujours plus d'argent, mon père revendit tous nos esclaves. Je n'eus plus aucun adulte pour prendre soin de moi. J'avais en revanche une petite sœur, de deux ans ma cadette, à protéger."

Son coeur se serra à cette évocation du passé. Beckie... Il la revoyait rieuse dans la cour peu entretenue du château, puis cette adulte brisée, dans sa cellule, aux portes de la mort. Il avait échoué à tenir sa résolution.

"J'avais un petit frère aussi, Arthur, né infirme. Ma mère le détestait. Comme elle détestait mon oncle. Il y a dans ma lignée une malédiction dit-on. Des racontars stupides. Mais on nous enseigne qu'un enfant, au moins un, nait à chaque génération, malade et incapable. En découvrant que le petit Arthur ne pouvait marcher, ma mère l'a envoyé dans une dépendance, loin de nous, avec mon oncle lui aussi aussi infirme. Quand je le pouvais, j'allais leur rendre visite. Les aider un peu. Leur tenir compagnie. Mais si ma mère le découvrais, j'étais battu. Comme elle me faisait battre lorsque j'allais aider des familles pauvres ou que je donnais de l'argent à des mendiants. je ne comprenais pas que nous étions dans le besoin, que nous devions faire attention à cause des dettes. Nous avions un château, de beaux meubles, de la nourriture abondante.. Non, je ne comprenais pas le raisonnement de ma mère. Rapidement, j'ai commencé à trouver amusant de la défier."

Le prêtre se redressa et arbora un sourire insolent au souvenir de toutes ces frasques qui consistaient à voler l'argent de sa mère, quitter discrètement le château et offrir la somme à des gens qui en auraient besoin. C'était à ce moment que la désobéissance avait commencé. Qu'il ne suivait plus les règles.

"C'est à partir de là que j'ai cessé de bien me comporter. Pourquoi me plier aux règles ? Elles étaient absurdes. Alors, je préférais faire ce qui me semblait juste ou amusant. Et si ça embêtait ma mère, alors c'était ce qu'il fallait faire."

Il prit le verre d'eau et le but lentement avant de se décider à poursuivre l'analyse de sa vie pitoyable.

"Puis, il y eut mes quinze ans. Au début, cela ne changea rien à mon quotidien. Je continuais à m'instruire tout en aidant Beckie à faire de même. Elle est... moins habile. Et quand elle ne comprend pas, elle s'énerve. Puis, au printemps de cette année 1566, mon père m'a un jour appelé. J'étais choqué et heureux. Il s'intéressait enfin à moi. Il me trouvait enfin digne d'attention. Et il m'annonçait m'emmener en voyage le lendemain et qu'il allait m'associer désormais à ses affaires. Quel sot ! Je l'ai cru. Je l'ai cru naïvement. Notre voyage dura une semaine et je ne soupçonnai jamais rien. Mon père m'entretenait réellement de ses affaires, de ses projets, du commerce.. Je notais son enseignement et je m'appliquais à comprendre. Je ne souhaitais pas le décevoir. Puis..."

Sa gorge se serra alors que son corps trembla. Repenser à l'arrivée au monastère, à cette duplicité... Il avait envie d'en vomir. Sa voix se fit plus dure :

"Mon père... Il a dit avoir des affaires à discuter avec le responsables. Seul. Il m'a demandé d'aller attendre dans les jardins. J'ai obéi. J'ai même passé l'après-midi à aider des moines au potager. Puis, ils m'ont invité à leur table. Puis, un autre moine m'a dit que mon père et moi-même passerions la nuit au monastère. Puis, il me montra une cellule où dormir. Puis..."

Sa voix s'enraya. Il avait de plus en plus de mal à évoquer ces souvenirs douloureux.

"Puis... Puis... le lendemain matin, le responsable du monastère m'a annoncé froidement que mon père était reparti. En me vendant à lui. Que je... lui appartenais. Que... j'étais à lui. Que je devais lui obéir."
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Message par Lucinde Tiéran Sam 20 Fév - 22:18

Son esprit était trop faible, hein ? Elle avait déjà pu le voir, mais ce n’était pas une excuse.

— Et moi, je sers à quoi selon vous ?

Elle secoua la tête et s’assit. Avec quelqu’un de plus vif d’esprit, elle n’aurait rien ajouté, mais cet imbécile avait visiblement besoin qu’on lui explique tout.

— Je sais vous canaliser. Avec un verre, vous n’auriez pas été ivre, et je ne vous aurais pas laissé en boire davantage. Et si, ne voulant même pas y toucher, vous craignez de céder, dites-le et je m’assurerai que cela n’arrive pas.

Elle avait bien assez de force de caractère pour eux deux. Et elle aurait accepté de l’aider pour deux excellentes raisons - qui n’étaient en rien des bons sentiments stupides qui ne menaient nulle-part. La première : cela faisait partie de ce pourquoi on l’avait engagée ; la seconde : cela aurait facilité sa tâche. Et puis… casser un verre, franchement ? Quand l’alcool était dans la bouteille qui demeurait intacte ? Non, vraiment, cette initiative était ridicule.

Tout en commençant à manger - si ce travail avait des aspects pénibles, il offrait tout de même des repas drôlement corrects, et elle n’allait pas pinailler là-dessus - elle écouta les doléances du prêtre.

C’était qu’il avait un don pour s’appesantir sur des détails ! N’avait-il jamais appris la concision ?

Son père l’ignorait ? Oh, ce qu’elle aurait aimé, elle, que son père l’ignore. Ce qu’elle aurait aimé pouvoir se contenter d’avoir peu de moyen. Une mère peu agréable, méprisante ? Soit, cela arrivait. La sienne était tellement traumatisée qu’elle n’avait plus eu le droit de l’appeler “maman” après leur emménagement à Coutrenielle. Elles étaient obligées de s’ignorer mutuellement pour ne pas qu’on ne puisse imaginer de lien entre elles, pour que pa… Armand ait moins de chances de les retrouver. Lucinde avait toujours trouvé cette précaution superflue, mais soit, elle ne voulait pas effrayer sa mère.

Bon, d’accord, elle concédait à ce moulin à parole que son enfance n’avait pas été idyllique non plus. Que si c’avait réellement été telle qu’il la décrivait, c’était même à classer dans les enfances assez pénibles. Mais cela n’excusait pas tout.

Elle se contentait d’acquiesçer de temps à autre, pour montrer qu’elle suivait toujours son récit.

— Et si ça embêtait ma mère, alors c’était ce qu’il fallait faire.

Lucinde trouvait cette logique profondément stupide, mais elle se contenta encore de montrer qu’elle suivait. Impassible.

Elle fronça un moment les sourcils. Le responsable de quoi ? C’était fort, quand même ! Il encombrait son récit de milles détails franchement inutiles, mais ne prenait même pas la peine de lui donner les éléments essentiels pour le suivre !

Tant pis, elle compris aisément ce à quoi il faisait référence à l’emploi du mot “moine”, d’autant qu’il confirma son hypothèse dans la phrase suivante. Alors c’était ainsi qu’il était entré dans les ordres… Elle lui concédait bien volontiers que ce n’était pas l’idéal pour s’y plaire. Mais, franchement, s’il avait voulu arranger son sort, il aurait pu le faire. Quand on voulait, on pouvait. Tout n’était qu’une question de volonté et de discipline.

Fut une époque, elle aurait témoigné une grande compassion, mais cette époque était révolue. Toutefois, ce fut sans animosité aucune qu’elle répondit :

— Et désormais, vous agissez avec l’Eglise comme vous le faisiez avec votre mère : tout ce qu’elle vous interdit est bon à faire.

C’était vraiment une morale puérile qui ne menait à rien.

— Cela a l’air de vous combler de bonheur. La preuve que votre attitude était celle qu’il fallait adopter...

Ce n’était pas en le prenant par la main et en s’apitoyant sur son sort avec lui qu’elle le ferait réagir… si tant était qu’il y avait encore un moyen de le rendre un peu moins intenable.
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Message par Thierry d'Anjou Dim 21 Fév - 13:47

Thierry l'observa en train de s'asseoir, visiblement irritée par ce qui semblait être à ses yeux un manque de confiance. Il soupira et se versa d'u verre avec le pichet d'eau.

"Je sais que vous en êtes parfaitement capable. Mais j'aimerais pouvoir y arriver de moi-même. Je sais que mes décisions et mes actions ne sont pas logiques. Mais où y a t-il une logique en ce monde ? Nulle part. on ne peut faire que ce qu'on peut avec ce qu'on a."

Tout en mangeant lentement le plat der résistance du repas, le prit se mit longtemps à disserter sur son enfance et ces figures autoritaires qui avaient conduites sa personnalité à dérayer. A mal se former. Il se voyait autrefois en un grand guerrier, repoussant l'ennemi loin de Monbrina, comme ses prestigieux ancêtres, et rétablissant finalement l'honneur de sa lignée. Dans ses rêves, il s'imaginait même que son frère aîné s'agenouillait avec humilité devant lui pour reconnaître ses mérites et lui offrir ses droits. Mais tout ceci appartenait à des chimères utopiques la réalité sombre et sinistre l'avait broyé. Il releva la tête à la conclusion de Lucinde et opina.

"En effet. Sauf que les choses se font de manière consciente. C'est bien plus pervers."

Thierry reprit son verre et but une gorgée d'eau. Un liquide infecte. sans rien à voir avec le vin. Mais il devait s'y tenir. Son esprit revoyait face à lui l'image d'Alex, sévère, qui ne cachait rien de son dégoût à son égard. Il voulait le reconquérir. Que pour une fois son fils puisse se sentir fier de lui, comme lui-même éprouvait une profonde fierté chaque jour du simple fait que son garçon existait.

"Pendant trois longues années, je me suis révolté. De toutes les manières possibles. Les insultes. Les actes malveillants. Parfois les coups. Les vandalismes. J'ai même allumé une fois un feu dans les archives en espérant que cela me donnerait le temps de m'évader. Malheureusement, il restait des moines dans le jardin. J'ai bien essayé de lutter. Ils étaient vieux et moi jeune mais l'un d'eux m'a assailli par derrière. J'ai continué à multiplier les tentatives d'évasion. En vain. A chaque acte de rébellion, j'étais fouetté, puis mis à l'isolement une semaine. Sans nourriture. Mais rien ne me décourageait. Puis, un jour, cet abruti de responsable m'a convoqué. Il m'a dit qu'il me rendait la liberté. J'étais heureux. Sauf qu'il a ensuite ajouté que je serai sans ressources, sans métier... Je finirais mendiant, je mourrais de faim. Puis il a repris que si j'acceptais de me calmer, que j'étudiais avec sérieux mon rôle, il ne fera pas de moi un moine mais un prêtre. Que je retournerai dans le monde. Que je serai libre. Alors... alors j'ai juré. J'ai juré d'obéir et je suis rentré dans le rang."

Son existence n'avait été une série de suite où les gens responsables de lui, de son avenir, avaient sans cesse passé par dessus son consentement. Peu étonnant que son esprit s'était peu à peu abuser. Même si cela n'excusait en rien.

"J'avais vingt-cinq ans quand je suis revenu à Brektenn. J'étais... perdu. Terrifié de décevoir et de retourne, à vie cette fois, au monastère. Je me suis acquitté au mieux de mes devoirs. Et je suis rentré au château pour retrouver ma sœur. Mais notre famille a été ruiné en mon absence. Mon père est mort peu après m'avoir vendu. ma mère et mon frère aîné se sont tués quand de créanciers sont venus saisir les biens. Entre les deux, mon frère, par souci d'économie, a décidé de supprimer les bouches inutiles et a tué d'un coup d'épée mon oncle et mon petit frère. Un gamin d'à peine huit ans. Et ma sœur... Ma sœur, je l'ai cru morte. J'ai voulu la croire morte."

Le visage du prêtre s'assombrit au rappel de ce déni de réalité. Pourquoi avait-il présumé du décès de Beckie ? Pourquoi n'avait-il pas cherché à la confirmer ? Quel mâche ! Il n'était qu'un lâche.

"J'ai poursuivi mes activités de prêtre. Sans faillir. A l'écoute de mes fidèles. Sicèrement. puis, un jour, une paroissienne est venue me séduire. La mère d'Alex. Elle avait fui un mariage qui la rendait malheureuse, un époux violent, et surtout les reproches dont on l'accablait de son incapacité à engendrer un enfant. Je suis tombé amoureux. profondément amoureux. Rosina m'a appris à vivre. Elle m'a a mené dans quelques tavernes. Dans d'autres lieux. Nous nous sommes amusés. Sans penser aux conséquences. sauf, un jour, elle a annoncé être enceinte. E là.. Là, j'ai ressenti une terreur terrible. Et honteuse. je l'ai rejeté. Violemment. Durement. sans pitié. Et elle retournée chez son mari. Et Alex... Alex a été élevé par un être ignoble."

Sa voix se baissa en même temps que son regard. Il observait son assiette à présent vide et croyait apercevoir l'image de son fils sévère, le regard méprisant. Il comprenait sa colère, sa rancune et sa haine. Il l'avait abandonné aux mains d'un monstre. Sans jamais rien faire pour l'en tirer. Pas une fois.

"Alex..."

Un sanglot perça de sa voix. Il soupira.

"Et après ça, j'ai commencé à sortir dans les tavernes. A me perdre dans l'alcool. pour oublier. Et je cherchais dans les femmes, celles mariées, ou mûres, l'image de celle que j'avais perdu. Sans jamais y parvenir. Je courais après un fantasme. Une illusion."

Un long soupir s'échappa à nouveau de sa gorge.

"J'ai hâte qu'il se décide à passer à l'action. Que tout ça, que tout ça finisse."
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Message par Lucinde Tiéran Mar 23 Fév - 12:53

Il aurait voulu être capable de se maîtriser seul, et Lucinde comprenait cela parfaitement. Force était pourtant de constater qu’il n’avait pas la bonne méthode. Casser gratuitement un verre, c’était juste le meilleur moyen de finir par vider la bouteille au goulot. Bref : Ce n’était probablement pas la réaction appropriée, mais vu qu’il développait toute la crainte qu’il avait de décevoir son petit Alex, elle le laissa parler.

Et, par tous les saints, c’était qu’il pouvait causer ! Et longtemps ! Et elle n’était pas au bout de ses peines - bien qu’elle ne montre aucune trace d’ennui et écoute chacune de ses paroles avec une attention toute professionnelle.

Elle finit par relever, légèrement sarcastique, l’opinion qu’elle avait de ses agissements parfaitement ridicules. A bientôt cinquante ans, la seule chose qu’il trouvait pour prendre sa vie en main, c’était d’accumuler les absurdités. C’était franchement déplorable. Quelqu’un qui voulait vraiment quelque chose l’obtenait, composait avec les coups du sort pour atteindre son objectif, rebondissait sur chacune des entraves que l’on tentait de lui passer.

L’autodiscipline était la clef qui rendait cela possible à tout un chacun. Désobéir pour le plaisir était une attitude improductive. Ce qu’il lui narrait n’en était qu’un exemple parmi tant d’autres. Faire quelque chose de nuisible par pure provocation, c’était bien une chose que Lucinde n’aurait jamais tentée. Au moins, il avait su se tenir un temps… C’était que la chose était possible.

Tomber amoureuse et déraper… Cela ne lui était jamais arrivé, à vrai dire. Elle s’en sortait assez bien en gardant les idées claires. Jusqu’ici, cela lui convenait parfaitement. Cela évitait ce genre de fâcheuses conséquences… Le sujet avait une résonnance toute particulière chez elle, mais elle n’en admit rien. Cela ne concernait qu’elle.

Alors il pouvait bien se plaindre… L’attitude stupide qui en avait découlé démontrait son manque flagrant de force de caractère. Mais avant qu’elle n’ait pu envisager de le commenter, une autre information la fit tiquer.

— C’est à dire ? s’enquit-elle simplement en triant ses hypothèses.
Lucinde Tiéran
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Message par Thierry d'Anjou Mar 23 Fév - 21:46

Au fil de ses souvenirs et des explications qui les accompagnaient, Thierry retraçait le cheminent qui l'avait mené là. A ces erreurs. A ces renoncements. Aux opportunités manqués. Au manque d'ambition. Coldris lui avait dit la veille que s'il avait été forcé lui aussi à embrasser la religion il se serait battu pour devenir le ministre pontifical et aurait chaque soir nargué Dieu. Alex... Il se souvenait de ses autres confidences. Son petit Alex qui deviendrait le secrétaire du ministre des affaires étrangères. Qui posséderait, lui, cette ambition qui lui avait toujours fait défaut. Il avait toujours été fier de son fils, pour le simple fait de son existence, mais ressentait à présent une fierté encore plus forte de le savoir s'élever dans cette société qui ne cessait de l'ostraciser depuis sa naissance. Grâce à son talent, son courage et sa per sérance, en dépit des épreuves, il deviendrait un grand personnage du Royaume.

Finalement, son existence pitoyable revêtait d'un sens important.
Elle avait eu pour but d'engendrer son fils, promis un beau destin.

Il releva la tête à la question de Lucinde et réalisa que sa conclusion ne pouvait qu'être ambiguë. Thierry la fixa, cherchant le bon angle pour aborder cette révélation délicate. Ses entrailles se nouèrent. Avouer ses fautes, ce qu'il avait réellement fait... Non, il devait assumer. Il devait cesser d'être lâche.


"Je... Mon ami hier m'a révélé que le Premier Conseiller viendrait prochainement me faire arrêter. Pour mes... fautes. Non. Mes... Mes crimes."

Son esprit se remémorait avec difficulté, le corps légèrement tremblement, des mains de Coldris qui s'apprêtaient à l'étrangler. De sa question sur le consentement. De cette Despina qui l'avait acculé sur son bureau, au même endroit où il avait la même chose avec la fille de Dyonis. La fille de Dyonis... En songeant à présent à cette périphrase, le prêtre songea à la sienne. Claire. Si un homme osait la toucher, rien que d'effleurer la peau pâle de son bras, il se sentirait... malade. Pourquoi n'avait-il jamais compris cela plus tôt ?

"Je comprends maintenant ce que j'ai fait à des femmes. Je pensais.. Non, je ne pensais pas. Ou je croyais penser. je croyais que c'était normal."

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Message par Lucinde Tiéran Jeu 25 Fév - 22:11

Malgré tout cet étalage d'inepties, Lucinde n'avait pas perdu en concentration. Toutefois, elle ne lisait pas encore dans les pensées et la dernière affirmation du prêtre avait été pour le moins brumeuse. Aussi s'était-elle permis de demander plus de précisions.

Alors, il risquait de se faire arrêter... Elle avait beau l'avoir déjà soupçonné après l'esclandre du lundi, cela ne l'arrangeait pas. Pas du tout. C'était trop tôt, et fort honnêtement, ce poste lui convenait. Cela lui donnait du temps pour se reprendre en main, oui, et... Elle baissa un instant les yeux sur le dernier légume de son assiette. Comment Thierry avait-il pu terminer de manger bien plus vite qu'elle alors qu'il ne cessait de jacasser ? Enfin, soit. Ses crimes, donc.

Lucinde chercha à le sonder de son regard prairie. Le regrettait-il vraiment ? Et... Que s'était-il passé exactement, d'ailleurs ? Elle se fichait bien de ses digressions. De ce qu'il pensait, ne pensait pas, croyait penser... D'ailleurs, comment pouvait-on tergiverser autant ? Si le sujet n'avait pas été si grave, elle s'en serait franchement agacée, à la fin...

— Qu'avez-vous fait ?

Oh... Elle avait sa petite idée. Et si ce soupçon qui l'habitait depuis le passage de cet étrange trio la répugnait, elle n'en demeura pas moins imperturbable et impavide. Son ton était sérieux, mais pas inquiet. Parfaitement neutre. Trop neutre. Comme si plus rien ne parvenait vraiment à la choquer dans ce monde.
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Message par Thierry d'Anjou Jeu 25 Fév - 23:11

Thierry fixait l'assiette vide, le regard fixant au travers de la matière l'image de son fils. Il venait d'exposer à une quasi inconnue, sans véritable liens avec lui, tout le contenu de son âme. Il venait même à demi-mot ses crimes. Et que bientôt des gens d'armes viendraient l'arrêter. Cela ne le paraissait pas la troubler. Quelle vie avait-elle pu mener pour ne jamais s'étonner de rien ? Parfois, il se demandait si elle ressentait quelque chose. Comme si ses émotions étaient anesthésiées. Il l'enviait même. au moins, elle n'avait pas besoin d'absorber quelques gouttes de laudanum le matin pour conserver sa raison.

"Ce que j'ai fait... J'ai fait..."

Il garda la tête baissée, ayant du mal une fois plus à reconnaître les évidences. Sa lâcheté parlait encore. Il s'encourageait en songeant à son fils si brave, avançant paisiblement vers le destin son peur. Comment un être aussi misérable que lui avait-il pu engendrer une personne aussi merveilleuse qu'Alex ?

"Je... J'ai forcé des femmes. Sans le comprendre. Je croyais qu'elles le voulaient. Que quand elles cédaient, elles le voulaient. mais... non. je le comprends maintenant. Je comprends avoir..."

Sa main se porta machinalement à sa gorge, là où Coldris l'avait étranglé.

"Je les pensais consentantes. Que tant qu'elles ne se débattaient, elles..."

Il n'eut pas le courage de terminer sa phrase.

"Puis, il y a eu cette particulière, fille d'une personnalité importante. Alors..."

Fille.. La fille de Dyonis. Le mot le répugnait que celui-ci avait associé celui-ci à sa chère Claire. Quand Coldris s'était énervé en s'exclamant que Dyonis n'avait pas baisé son fils, cela ne l'avait pas fait réagir. Alex était un homme. Son esprit ne voulait pas voir cette réalité. Pourtant, oui, c'était la même chose. C'était entièrement la même. Mais il avait préféré une nouvelle fois s'aveugler.

"On ne voit jamais la poutre dans son œil, vous savez. Seulement dans celui du voisin."
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Message par Lucinde Tiéran Ven 26 Fév - 22:30

Ecouter. Récapituler les informations dans son esprit. Emettre quelques commentaires. Pousser Thierry à préciser son propos. Au fond, cette conversation ne bousculait pas Lucinde de son attitude ordinaire. Elle s’efforçait juste de se montrer plus détachée encore qu’elle ne l’avait été jusque là, depuis… Depuis qu’elle avait repris sa vie à zéro, avec ses fantômes et ses résolutions pour seul bagage. Elle se montrait d’autant plus détachée qu’elle avait senti venir le sujet déplaisant.

Sous la table, dans ses souliers, à l’abri des regard, ses orteils se repliaient presque douloureusement. Mais au moins, se mâchoires ne se  serrèrent pas excessivement.

Il y a un moment où on ne lutte même plus, tu sais. Ni contre les coups, ni contre le reste, même si cela me répugnait. Je ne sais pas comment… Je ne sais pas comment j’ai fait pour partir. C’est… Je ne pouvais pas laisser Lucinde là-bas. Dis… S’il te plait, s’il devait nous retrouver, cache Lucinde. Garde-la ou envoie-la très loin d’ici, mais je ne veux pas qu’elle sache. Je ne veux pas.

Im-pas-si-ble. Ces fantômes-là s’étaient tus depuis longtemps, et cela devait demeurer ainsi.

— La femme de l'autre jour. Et Alexandre est au courant. C'est pour ça que j'ai été engagée.

Ce n'était pas une question mais une affirmation. Une déduction dont elle était à peu près certaine et qu'elle n'énonçait que pour montrer qu'elle avait suivi. Quant à sa dernière remarque… S'il était bien un ennui de l'humanité auquel elle n'était pas soumise, c'était celui-là. Elle était parfaitement consciente d'elle-même. La base de l'autodiscipline était de savoir quand on commettait une erreur afin de pouvoir y pallier.

Toutefois… Il persistait un détail qui la dérangeait – outre le fait d'être à table avec et espèce d'animal répugnant. Il ne semblait pas assez inquiet de son sort, et cela dénotait avec l'espèce de loque qui s'était mis à pleurnicher devant l'esclave l'autre jour. Cela dénotait, et cela l'agaçait. Comme son attitude apaisée depuis la veille, et qu'elle ne parvenait pas à justifier.

— C'est amusant : cela ne semble pas beaucoup vous inquiéter. Pas autant qu'il faudrait.
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Message par Thierry d'Anjou Ven 26 Fév - 23:09

Ces confidences devenaient de plus en plus difficiles et le silence de Lucinde devenait glacial. Seule sa voix à lui le brisait. Elle le jugeait. Sans le moindre doute. Que pensait-elle à sujet ? Rien de bien glorieux. Peut-être même l'insultait-elle. Ou méprisait la religion qui permettait ses dérives perverses. Il n'osait pas la regarder en face. Ce serait... indécent. Son dos était voûté, ployé sous le poids du fardeau. Il sursauta au son de la voix de Lucinde et se redressa.

"Je..."

Il se gratta la joue, gêné. Alex.. Oui, Alex savait. Il l'avait déçu à cause de cette histoire.

"Oui, cette femme qui est venue l'autre jour, avec l'homme. Et son amie. Elle est la fille d'une personnage terriblement puissant."

Sa voix se baissa, honteux de la suite.

"Oui, Alex, il.. a appris. Et bien sûr ça l'a révolté. Vous comprenez pourquoi vous êtes là maintenant ? Pourquoi après toutes ces années il a subitement décidé de me me faire surveiller..."

Le prêtre baissa à nouveau la tête, incapable de poursuivre davantage. Qu'aurait-il pu dire de plus ? Rien ne saurait le défendre. Il se redressa en entendant la nouvelle question.

"Les choses qui m'effraient, Lucinde, ce sont la mort et le monastère. Je me refuse à me voir mourir. Ni à être de nouveau enfermé, privé de liberté. Un ami a pris note de mes dernières volontés et s'arrangera pour me libérer. Selon mes vœux."

Il songea que ses paroles pourraient être mal interprétées.

"Je ne parle pas d'évasion, Lucinde. Une libération dans un sens... définitif."
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Message par Lucinde Tiéran Dim 28 Fév - 18:08

Lucinde écoutait. Réfléchissait. Mémorisait. Savoir, c’était important… Même si trop en savoir pouvait se révéler une chose dangereuse dans certains cas. Ce qui ne l’empêcha pas de demander des informations sur sur la petite furie - la seule qu’elle n’ait pas pu identifier. D’autant que son attitude l’avait déstabilisée…

— Et cette amie… Elle semblait particulièrement déchaînée contre vous… Qui est-elle ? Que lui avez-vous fait ?

Evidemment, Alexandre avait tout appris, et c’était ce qui avait fourni ce poste à Lucinde. Comme elle l’avait deviné.

Et puis, ce derniers détail l’ennuyait. Une dissonance qui ne fit que se renforcer lorsque le prêtre avoua sa peur de la mort. Elle mit un moment à comprendre où il voulait en venir, et il fallut admettre, cette fois, que la précision n’était pas superflue. S’il ne voulait pas voir la mort, cela ne devait vouloir dire qu’une chose : il voulait que cela se fasse sans qu’il ne s’en rende compte. Cela revêtait une forme de lâcheté… Ou une forme d’acceptation, elle n’arrivait pas à décider. Enfin, soit, ce n’était pas la question. Au fond, le monde gagnerait à être débarrassé de ce genre de serpillères, quelle qu’en soit la manière. La bonne morale n’avançait à rien, mais il y avait des crimes qui ne pouvaient pas se justifier. Ceux qui étaient commis gratuitement.

Pour ce qui était de l’identité de l’ami en question, Lucinde n’en dit rien, mais elle était flagrante ; après tout, le seul moment où Thierry s’était retrouvé hors de portée de ses oreilles, et en compagnie d’une personne ayant les moyens d’agir, c’était la veille. Soit, elle le laissait avec ses mystifications foireuses, cet aspect-là ne la concernait pas.

— Voilà à quoi vous en êtes réduit ? Attendre qu’on vienne vous chercher pour refuser d’affronter votre juge et sans aucune ambition ?

Lucinde reprit la bouteille qui attendait à ses pieds et s’en servit un verre. Un seul verre. Juste pour illustrer son propos. Elle n’en proposa pas à Thierry. A sa place, elle n’aurait pas craché sur ce qui était peut-être sa dernière occasion de déguster du vin, mais soit, c’était son problème.

— Vous voulez que je vous dise ce que je retiens de vos babillages ? Vous n’avez aucune volonté, aucune discipline et aucune aspiration tangible. Votre vie est une flaque de bouillasse qui éclabousse et salit ce qui l’entoure. Informe et répugnante.

Elle s’humecta les lèvres dans son verre de vin, tout en déposant la bouteille à ses pieds pour qu’elle ne subisse pas le même sort que le verre de tout à l’heure.

— Vous ne servez à rien. Vous êtes d’une couardise absolument méprisable. Je ne sais même pas comment votre fils peut encore se soucier de votre sort d’une autre manière que pour vous faire pendre.

Elle était mauvaise, elle le savait. Elle s’en moquait. Ses mots n’avaient rien de gratuit, pourtant. Elle n’était pas inutilement cruelle et ne prenait pas plaisir à être blessante. Pas plus que cela ne la rebutait, d’ailleurs. Elle constatait. Elle prit une gorgée de ce vin odorant. Elle avait bien choisi la bouteille à garder.

— Je ne comprends pas comment vous pouvez vivre en voyant si peu d’horizon. Qu’ai-je retenu de votre récit ? Vous ne faites que subir votre vie. Vous clamez que votre condition de flaque de boue ne vous convient pas, vous pleurnichez. Et comment réagissez-vous ? Pas en essayant d’améliorer votre condition - parce que vous vous enfermez dans une faiblesse de caractère innomable - mais en vous contentant d’éclabousser les autres.

Chez certaines personne, la faiblesse était tolérable. Ils ne méritaient pas d’être honnis pour leur manque d’ambition, de volonté ou de disciplines. Ceux-là, c’étaient ceux qui ne nuisaient pas. Ceux qui savaient se contenter de leur vie, quelle qu’elle soit. Car la volonté, on pouvait la trouver chez l’homme qui part travailler le matin, chez son épouse qui tient son foyer et le soutient, chez l’enfant de rues qui lutte pour sa survie. Toutes ces formes devaient cohabiter. Et bien sûr, il arrivait à chacun de commettre des erreurs qu’il payait, et c’était ainsi. Ce qui répugnait vraiment Lucinde dans cette situation, c’était cette nuisance gratuite qui ne résultait que d’un profond manque d’utilité, et qui semait le désordre juste parce qu’il ne trouvait rien de plus productif à faire. C’était vraiment une forme de vie minable. Il ne servait même pas à lui-même en agissant ainsi.

— Que savez-vous faire, à part vous noyer dans l’excès et jouer les enfants gâtés ? A part tout contester sauf ce qui vous tient réellement à coeur ? Je dois avouer que votre attitude me dépasse. Sérieusement, dites-moi. Dites-moi ce que cela vous a apporté, la débauche. Dites-moi ce qu’il vous a apporté de devenir une nuisance. D’être un fardeau pour votre propre fils. Dites-moi.

Il n’y avait aucune satisfaction à tirer lorsque l’on enfonçait gratuitement les gens, non. Et même si cette fois, vider son sac - de ce ton calme et mesuré qu’elle n’aurait abandonné pour rien au monde - avait quelque chose de franchement jouissif, la jeune femme n’en montra rien.
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Message par Thierry d'Anjou Dim 28 Fév - 22:03

Après toute cette longue confession, sa gorge réclamait à boire. Thierry tendit le bras pour attraper le pichet d'eau, non sans regarder avec envie la bouteille loin de ses mains. Il aurait tant aimé avaler quelques gouttes de vin, bien meilleures que cet infect liquide sans goût. Non, ce n'était pas bon. il ne devait pas céder. Il ne devait pas. Il baissa les yeux et concentra à avaler l'eau.

Lucinde demandait à connaître des détails sur cette amie. Que pouvait-il révéler ? Qu'elle était la maitresse de Coldris ? Hors de question. Il ne trahirait pas son ami. Pour une rare fois, il n'agissait pas par calcul, par désir de lui plaire, mais sincèrement soucieux de protéger ses secrets intimes. Si quelques mois plus tôt, il s'était ouvert sur ses sentiments vis-à-vis d'Irène, il aurait détesté apprendre qu'on les avait communiqué à une autre. Irène... Le visage de la magnifique commerçante flotta dans son esprit. Il avait été bien inspiré de ne pas la visiter depuis son retour dans la capitale. Lui et Alexandre ne lui avaient attiré que des ennuis. Et elle ne l'aimait pas. Pas comme il l'aurait aimé. Et même s'il avait ressenti une inclination, même prononcée, à son encontre, il n'aurait pas cédé pour une fois. Car il la respectait, elle. Il souhaitait la protéger. Elle était heureuse, loin de lui, avec sa famille, avec tous ces mignons enfants qui l'entouraient.

Alors que dire au sujet de Eléonore de Tianidre ? Rien. Elle aussi, dans une autre manière qu'Irène, il la respectait. Son esprit se remémorait de sa bravoure alors que lui s'efforçait de la terroriser avec la menacé d'un bûcher immérité. Elle n'avait pas cédé. Elle l'avait même giflé. A deux reprises. Il se souvenait de leur dernière rencontre, quelques jours plus tôt, de son souci pour son amie Lavinia de Kergemont, de sa colère suite à sa nouvelle tentative d'intimation. Elle avait résisté une fois de plus avec un courage que bien des hommes, eux n'oseraient même pas rêver. Il se rappelait ensuite de son geste désintéressé, semblable à ce que seul Alex ferait, de s'inquiéter de possibles blessures après l'agression du zarkotien. Il ne livrerait aucune information à son sujet. Pas pour Coldris. Pour elle.

Thierry releva la tête et haussa les épaules dans un geste d'ignorance.


"Je ne sais pas. J'ai aperçu cette femme pour la première fois le 21 Décembre, le jour de... cette agression. Elle n'était jamais venue à l'église auparavant. Et je l'ai l'ai revu pour la dernière fois le jour où vous l'avez vu. J'ignore son nom. Lors de nos entrevues, elle avait autre chose en tête que de me décliner son identité."

Il baissa à nouveau la tête pour terminer son verre et se resservit.

Lucinde finit par ouvrir la bouche pour offrir son opinion sur l'ensemble de ses confidences et de sa conduite. Il ne s'attendait à rien de reluisant. Le prêtre releva cependant la tête quand elle l'accusa de fuir le juge et répliqua d'un ton sec, plus qu'il ne l'eut voulu :


"Non, Lucinde. Je ne vous détromperai pas sur le manque d'ambition. J'ai bien conscience d'en manquer cruellement. Néanmoins, je ne compte pas fuir le juge. J'attends qu'on vienne me chercher et la condamnation qui découlera de cela. Une fois celle-ci prononcée, la mort viendra me prendre dans mon sommeil. Est-ce lâche ? Sans doute. Mais c'est ce que je suis depuis bien longtemps. Par ailleurs, je me refuse à mourir dans le déshonneur de l'échafaud ou du suicide. C'est à la fois ma peur de la mort et mon honneur qui s'expriment. Je souhaite la contrôler, savoir comment je partirais, même si la date ne me sera jamais communiquée."

Sa gardienne se remit à exprimer son opinion à son jugement et Thierry ne réagit pas à chacun des termes employés. Il finit par opiner de la tête. Tranquillement.

"Vous avez parfaitement raison."

La suite se révéla toujours aussi juste mais plus désagréable quand elle évoqua son fils. Il serra les dents, l'image de son garçon rancunier, hostile, en tête.

"Je valide à nouveau vos paroles. Sauf sur un point : Alex me déteste. Il ne se soucie plus de moi."

Et ce constat le déchirait. Lui brûlait les entrailles. Il l'aimait tant son petit garçon. Son fils. Il aurait voulu, pour une fois, rien qu'une fois , que celui-ci soit fier. Mais que pouvait-il lui offrir ? Une histoire peu reluisante. Pas même un nom. Et une filiation pour le moins honteuse. Thierry soupira et se resservit un verre d'eau.

La conclusion de son analyse s'avéra au moins violente que le développement. Elle ne lui apprenait cependant. Il la savait déjà depuis de bien longues d'années. Un soupir lui échappa.

"Il fut un temps où j'ai essayé. Quand j'étais avec Rosina, j'aurais pu être heureux. J'aurais pu envisager une vie meilleure. Mais ma lâcheté, ma terreur qui s'est réveillée pour le monastère a causé ma ruine. Notre ruine. J'aurai voulu vivre avec elle, élever ensemble note fils.. Mais j'ai fait le mauvais choix. Et lentement, peu à peu, je me suis aigri. Je me suis laissé détruire par le chagrin, puis al colère, puis le ressentiment. Ce ne sont pas des excuses, Lucinde. Ni des justifications. Juste... un constat. Il y a peut-être des hommes qui feraient n'importe quoi pour la femme qu'ils aiment. Comme Juliette était prête à renier tout pour être avec son cher Roméo. Mais lui, lui sans confirmer que son amante était morte boit le poison. Comme si les rumeurs n'existaient pas ! Non, les hommes sont idiots, Lucinde ! Vous savez, je crois que même que tous les hommes sont des Roméo, avec parfois du courage et l'intelligence mais incapable de les utiliser à bon escient. Au contraire, vous les femmes, en dépit des manquements de votre éducation, des préjugés que l'on vous adresse, vous les femmes, êtes la force, à la fois capables de douceur, de discernement et de bravoure."

Il baissa la tête pour boire une nouvelle gorgée d'eau. Lucinde attaquait encore. Il l'écouta, d'un air las, et finit par hausser les épaules avant de répondre.

"Ce que je sais faire : vous l'avez vous-même parfaitement démontré : rien."

Il ne sut rien ajouter d'autre. De toute manière, qu'aurait-il pu dire ? Rien. Absolument rien. Seule la dernière phrase le blessait cruellement. Un fardeau. Il était un fardeau pour Alex.

"Bientôt, je serais mort. Il sera débarrassé de moi et pourra être enfin heureux."

Si son sacrifice devait être nécessaire pour son équilibre, qu'il en soit ainsi : il accepterait cette mort, même si ne plus être, se retrouver dans le néant, le terrifiait toujours. Mais si cela pouvait apaiser Alex, l'aider à sentir... Alors, il se résignait à mourir et à disparaître.
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Message par Lucinde Tiéran Mar 2 Mar - 20:23

Lucinde écouta ce que le prêtre savait de la furie. Pas grand chose, visiblement, mais bien assez pour expliquer sa vive réaction. Elle ne chercha ainsi pas à en savoir davantage.

Elle le regardait boire son eau avec dépit, et - parce qu’elle en avait envie, toute provocation étant seulement circonstancielle - elle se servit du vin. En l’écoutant contester ses propos. Se rendait-il compte du nombre de mots qu’il employait pour ne rien dire d’intéressant ? Il fuyait. Point. Même si c’était le bourreau qu’il fuyait, c’était tout de même le cas.

Elle savait que reprocher à quiconque de fuir avait quelque chose d’hypocrite, mais cela l’indifférait. Sa fuite à elle n’avait rien de lâche. Sa fuite n’avait rien d’un abandon. Elle reculait pour se battre, c’était différent. D’autant qu’elle n’avait rien fait de réellement répréhensible.

Soit. Elle reprit comme s’il n’avait rien dit. Implacable. Peut-être un rien mauvaise. Elle ne prêtait aucune attention à ce qu’il confirme ses propos : elle énonçait des faits, elle ne lui demandait pas son opinion. Elle ne lui demandait d’ailleurs pas non plus de la contredire. Il se trompait : si Alex l’avait véritablement détesté, il ne lui aurait pas trouvé une gardienne, il aurait frappé bien plus fort.

Elle se radoucit légèrement sur la fin. Comme si une part d’elle se demandait vraiment ce qu’il en était. Elle haussa les sourcils d’agacement. Elle aurait dû donner le coup de grâce sur la fin au lieu d’esquisser de lui tendre la main. Une vieille habitude qu’il lui faudrait éradiquer. Les bons sentiments, cela ne menait à rien.

Et son discours l’horripilait ! Ne savait-il donc faire que se plaindre ? En revanche, une de ses remarques la fit réfléchir : la force, était-ce donc un affaire de femmes ? Entre Marie-Laurence, sa mère et Aniète…

Soit. Elle tenta de reprendre, mais elle bascula de nouveau sans le vouloir vers une certaine compassion - voilée, comme si elle attendait une réaction. Et lui ? Que trouvait-il à répondre ? Juste que c’était comme ça ? Qu’il allait - lâchement - mourir et cesser d’être ce fardeau ?

Agacée, Lucinde vida son verre d’une traite.

— Vous êtes désespérant, vraiment. Elle prit une profonde inspiration, puis, sans laisser à Thierry la moindre opportunité d’en rajouter un couche - et sans savoir ce qui la prenait, elle déclara : J’ai eu trois mères, dans ma vie.

Elle se donna quelques secondes pour structurer son propos, puis se lança.

— La première m’a appris ce qu’était de savoir prendre une vraie décision même quand on ne pense pas avoir le choix. Elle m’a appris ce qu’était le véritable courage. Que même dans la plus désespérée des situations, il suffisait de se bouger un peu pour être libre.

Elle leva la main, autoritaire, pour lui faire signe de se taire. Elle parlait, elle tenait à ce qu’il ne l’interrompe pas.

Oui, sa mère était partie. Elle ne s’était pas plainte, non, elle s’était battue pour sa liberté. Oui, c’était dangereux. Oui, c’aurait pu mal tourner… Mais elle avait quand même essayé. On n’avait pas le droit de se plaindre de son sort si l’on n’avait jamais essayé de le changer.

— La deuxième m’a inculqué une rigueur à toute épreuve. Elle m’a démontré que toute la force et la satisfaction dont on pouvait avoir besoin, on la trouvait dans l’auto-discipline. Elle était stricte, inflexible. Elle ne jurait que par la volonté, le mérite. Parfois un brin trop austère. Mais être à ses côtés n’avait pour autant rien d’une existence de contraintes, au contraire. Cela vous dépasse, mais la fierté n’en était que plus grande.

C’était Marie-Laurence de Coutrenielle qui avait récupérer une enfant terrorisée qui sursautait à chaque claquement de porte. Elle lui avait appris à se tenir droite, à se respecter, à savoir ce qu’elle voulait, à ne pas s’encombrer de superflu et à être bien ainsi. D’une certaine manière, elle lui avait aussi appris à se suffir à elle-même si cela était nécéssaire.

Encore une fois, elle fit signe à Thierry de se taire.

— La troisième était elle aussi une femme stricte… à sa manière.

Elle n’avait rien à reprocher à la baronne - et qu’elle n’aurait renoncé aux années passées en sa compagnie pour rien au monde -, mais il fallait avouer que rencontrer Aniète avait été salvateur, après avoir dû quitter Coutrenielle.

— Elle m’a montré ce qu’était la vraie vie. Elle m’a montré comment concilier la discipline et le bonheur simple. Elle m’a aussi prouvé qu’un deuil n’était qu’une étape. Elle m’a montré que la volonté et l’aboutissement pouvaient se trouver dans des actes simples.

Elle lui avait aussi appris son métier. Appris qu’elle pouvait à la fois être droite et sensible. Appris ce à quoi pouvait ressembler une famille. Et tant d’autres choses… Pour chacune, elle n’avait cité que les points essentiels.

Ces trois femmes l’avaient forgée. Telle qu’elle était et telle qu’elle devait être. Elles lui avaient donné tous les outils dont elle aurait besoin. Elle pouvait désormais tout affronter.

Pourtant, Lucinde savait aujourd’hui que chacune d’elle aurait trouvé quelque chose à redire sur ses résolutions. Des trois, Aniète qui était si douce, si compréhensive et qui avait une telle foi en l’humanité aurait été la plus déçue. Mais c’était ainsi. C’était la première fois qu’elle se reconstruisait sans mère. C’était… Comme ça. Au fond, c’était peut-être pour elle qu’elle essayait tout de même.

— Qu’en déduisez-vous ?
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Message par Thierry d'Anjou Mar 2 Mar - 22:31

Thierry venait de terminer sa longue réponse et buvait lentement le fond de son verre à eau. Il devinait qu'aucune de ses paroles ne plairait à Lucinde. De toute manière, elle le détestait. Comme Alex. Des aiguilles lui transpercèrent le coeur à cette pensée. Il ne devait pas y songer. Cela faisait trop tard. Il préféra reprendre le pichet et se resservir. Poser un geste, même banal, aidait la concentration.

Il entendit, surpris, Lucinde détailler des moments de sa vie. Elle lui intimait de se taire et il opina discrètement de la tête, comprenant le besoin de ne pas être interrompu. Il se retint de soupirer en la voyant se servir en vin. Encore une fois. Non, il ne devait pas y songer. Il devait lutter. Alex... Alex détestait de le voir boire. Or, s'il reprenait un verre d'alcool, d'autres suivraient. Il en avait conscience. Il avait plus que conscience de sa lâcheté. Alors, il fermait les yeux pour ne pas voir? Pour n'entendre que ses paroles.

Elle parlait de femmes. De trois mères. Toutes de caractères différents mais qui lui avaient permis de se structurer. Qui l'avaient aimé chacune à leur manière. Tout ce qui lui avait manqué à lui. Au travers des mots prononcés, le prêtre percevait tout l'amour et toute l'affection que Lucinde leur portait. Elle n'étaient peut-être plus mais leurs souvenirs demeuraient dans son esprit. Jusqu'à sa mort à elle. Cela le ramena inlassablement à son fils. Puis à sa fille. Quelle image ses enfants garderaient-ils de lui ? Claire... Claire, innocente, pur, elle ne savait encore rien de sa noirceur. Que penserait-elle d'apprendre la vérité ? Il espéra ne jamais voir le dégoût sur son visage si doux. L'expression apparue sur celui d'Alex l'avait assez meurtri. Il ne supporterait pas que ses deux enfants le détestent.

Lucinde s'arrêtait enfin de parler et lui demanda ce qu'il en déduisait. Il rouvrit les yeux et lâcha un faible soupir.


"Ce que je vous ait déjà : les femmes ont infiniment plus fortes et plus courageuses que les hommes."

Qu'attendait-elle d'autre de sa part ? Il avait déjà reconnu être faible, confessé ses crimes... Qu'espèrait-elle entendre 'encore ?
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Message par Lucinde Tiéran Jeu 4 Mar - 21:57

Sans savoir vraiment ce qui l’y poussait - la compassion, cela ne menait nulle-part, et son interlocuteur avec tout d’un cas désespéré - Lucinde évoqua celles qui l’avaient forgée telle qu’elle l’était aujourd’hui, en s’assurant de ne pas être interrompue toutes les deux phrases pas des discours futiles. Heureusement, le prêtre avait intégré son autorité - à moins qu’il n’accepte que par respect, mais il était étonnant que la notion lui soit connue - et la laissa terminer. Il ne prononça pas un mot jusqu’à ce qu’elle l’interroge.

Sa réponse entraina un profond soupir - elle ne masqua pas, cette fois, l’exaspération qui s’était si bien installée. Vraiment, c’était tout ce qu’il trouvait à dire ?

— Moi, j’en déduis que tout repose sur trois principes : la volonté, la discipline, et la capacité d’adaptation. Avec ces trois éléments, on peut absolument tout obtenir.

Enfin… Ces trois éléments essentiellement, car c’était sur ceux-là que reposaient toutes les autres qualités utiles pour avancer.

— Si vous aviez en vous la moindre once de ces qualités, alors tout ne serait pas perdu.

Et puis… Mais pourquoi s’en souciait-elle donc ? Réfléchir dans l’ordre, agir en conséquences. Ne pas s’encombrer de détails superflus. Ne plus penser qu’à son propre intérêt. Cela changeait-il quoi que ce soit pour elle que cet espèce de rat crève lâchement ? Ce devait être parce que l’idée d’avoir déjà passé presque deux semaines ici pour une cause perdue était frustrant. Et puis… En fait, elle ne s’en souciait pas vraiment : seulement, ça ne lui coûtait rien d’essayer.
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Message par Thierry d'Anjou Ven 5 Mar - 21:08

Thierry garda la tête baissée, contemplant toujours avec honte son assiette vide, alors que Lucinde développait les déductions que celle-ci tirait de son histoire personnelle. Elle avait raison. Il le savait. Mais que pouvait-il faire ? Sa vie était décidée et on ne changeait pas facilement. Surtout à son âge. La lâcheté collerait toujours à sa peau. Il se redressa et soupira.

"Malheureusement, Lucinde, je n'en possède aucune."

Le regard triste, il se releva et se dirigea vers un des lits. Depuis hier, au retour de sa visite à Fromart, le prêtre s'appliquait sérieusement à ses devoirs et s'était résigné à se lever tôt pour dires toutes les messes. Même celle des matines. Son vieux corps fatiguait.

"Je vous souhaite une bonne nuit, Lucinde."

Sur ce, il s'allongea dans le lit et attendit que le sommeil l'emporte.
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Message par Lucinde Tiéran Sam 6 Mar - 14:46

— Malheureusement, Lucinde, je n'en possède aucune.

Lucinde s’efforça de ne pas témoigner trop d’agacement face à cette démission. Il n’essayait même pas ! Mais ce n’étaient pas ses affaires, à vrai dire. Elle n’était pas gentille, altruiste ou quoi que ce fut de ce genre : son sort ne lui importait guère.

Elle demeura stoïque, quoique déçue. Une part d’elle - celle qui avait oublié de tout prendre avec détachement et que c’était inutile - mourrait d’envie de le gifler et de lui hurler dessus. Seulement, si la fermeté soutenait la discipline, l’emportement engendrait le désordre. Il ne valait pas assez pour mériter qu’elle s’énerve.

Lâche, fuyard, qui partait se réfugier dans son lit. Comme elle avait terminé de manger - et qu’il était hors de question de laisser tout en plan - elle se chargea de débarrasser la table, de nettoyer ce qui devait l’être, pria, puis fit un dernier tout d’inspection avant d’aller elle-même se coucher, sur le lit le plus éloigné de celui du prêtre.

Ses résolutions tenaient encore, elle s’y raccrocha. Réfléchir dans l’ordre, agir dans l’ordre. Elle progressait, quand bien même cela ne fut pas flagrant pour un oeil inaverti. Elle se redressait, et gagnait en fermeté, de jour en jour. Elle serait bientôt prête à avancer. Chaque chose en son temps, disait-on.

Au bout d’un moment, elle finit par trouver le sommeil qui se faisait déjà moins capricieux, maintenant qu’elle s’était reprise en mains.

oOo

Aniète riait. Elle la toisait avec affection. Son visage se confondait avec celui de Marie-Laurence, avec celui d’Hortense. Leurs voix, aussi, se mélangeaient.

Elbore et Léandra jouaient à cache-cache dans la bibliothèque de Coutrenielle. Apparaissaient, disparaissaient. Une fois, elles étaient des petites filles, la suivantes d’authentiques renardes. Rousses comme les flammes. d’un roux soudain sanguinolent. Et ils étaient tous là. Dans les couloirs de son enfance la plus lointaine, froids, des grimaces terrifiées figées sur leurs visages. Les lieux l’inquiétaient toujours autant.

Lucinde chercha Maman des yeux. Elle avait besoin de Maman pour s’enfuir. Mais ils étaient tous morts, tous. Et la fillette ignorait quoi faire. Elle courait à droite, puis à gauche - désordre, incapable de réfléchir méthodiquement - mais tout se ressemblait. Elle se se souvenait plus comment on sortait de la maison. Elle avait peur, trop peur. Il était là. Il n’était pas loin. Il allait la rattraper. Maman disait toujours qu’il allait les retrouver.

Et il y avait du sang, du sang partout. Et tous, ils avaient tous la gorge tranchée. Et ils se retrouvaient partout où elle allait. Et Papa disait que c’était de sa faute. Sa faute, en écho à cette mère désespérée. Son esprit était embrouillé. Elle paniquait. Elle ne voulait pas avoir l’esprit embrouillé. Réfléchir dans l’ordre. Courir, elle ne savait pas où elle allait. Elle faisait n’importe quoi. Réfléchir dans l’ordre. Agir dans l’ordre. Réfléchir dans l’ordre.


oOo

Lucinde se réveilla en sursaut, soudainement redressée. Elle laissa échapper un glapissement. Elle haletait, endolories comme si elle s’était battue avec le lit inconfortable. Elle mit quelques instants à recouvrer ses esprits.
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Message par Thierry d'Anjou Dim 7 Mar - 17:06

Thierry avait rapidement sombré dans le sommeil et dormait profondément lorsque des halètement le réveillèrent. Surpris, il se redressa et tourna la tête pour apercevoir la silhouette tremblante de Lucinde dans l'absoute. Ses yeux la devinaient plus que ceux-ci ne la votaient réellement. Mais qui coucherait dans la cellule, à part elle ? Ils n'avaient recueilli personne. Elle demeurait silencieuse, peut-être perdue entre le rêve et la réalité. La nuit aurait-elle ramené des douleurs endormies ?

Le prêtre se sentait parfaitement incapable de se rendormir sans lui avoir adressé quelques paroles. Pour être certain que tout allait . Que ce n'était qu'un simple cauchemar. Il se leva et alluma la chandelle sur la table de chevet. La lumière chassait les ténèbres et les mauvais songes. Enfant, il en laissait toujours une endormie, quelque part dans la chambre de Beckie, pour que sa petite sœur rese apaisée, même si elle devait s'éveiller brusquement.

Il s'approcha lentement et, avec prudence, posa la main sur son épaule.


"Lucinde... est-ce que ça va ?"

Elle tremblait toujours, en proie à des cauchemars violents. Il s'écarta pour aller chercher le pichet d'eau et versa un verra pour retourner lui apporter.

"Essayez de boire un peu, Lucinde."

Il tenta de la dérider, de jouer à l'idiot, volontairement, pour essayer de la faire revenir.

"Sinon.. Je vais aller dessiner un phallus sur le mur de l'autel ! Vous venez m'arrêtez ?"

Le prêtre rit ouvertement de sa plaisanterie, espérant que celle-ci lui fasse reprendre ses esprits.
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Message par Lucinde Tiéran Dim 7 Mar - 18:51

Réfléchir dans l’ordre. Ne pas paniquer. Paniquer ne menait à rien de productif - moins encore que l’altruisme. Ne pas confondre vitesse et précipitation. Réfléchir dans l’ordre, c’était d’abord réfléchir posément. D’abord sortir de cette spirale instable. Revenir à la réalité était la priorité. Le reste passait ensuite.

“Le reste”, incluant de répondre à cette voix qui s’adressait à elle. “Le reste” incluant l’image qu’il aurait d’elle s’il la savait en proie aux cauchemars. Pas parce que ce n’était pas essentiel, juste parce que s’en soucier alors, c’eut été paniquer inutilement et aggraver la situation quelle qu’elle fut. Etape par étape, c’était ainsi que tout fonctionnait.

Elle l’entendit proposer à boire. Elle acquiesça, toujours silencieuse, et accepta le verre avec un léger sourire qui devait vouloir transmettre quelque chose comme “merci”.

Sa respiration apaisée, elle put boire. Par petites gorgées, comme elle le faisait toujours. Surtout quand elle était sous le choc ; après tout, c’était précisément pour affronter ce genre de situations que tout cela était utile. Pour tenir n’importe quel choc. Si cela n’avait pas été le cas, elle aurait sans doute eu une réaction encore moins productive ce jour-là.

Elle restait silencieuse, comme si elle n’avait pas tout à fait émergé. Cette fois, elle en était certaine : c’était les soirs où elle se laissait gagner par les doutes que la nuit était pénible. La solution était alors toute trouvée : il suffisait de ne plus douter.

Beaucoup auraient alors fait remarquer que c’était bien plus facile à dire qu’à faire. Pas elle : les doutes finiraient par partir si elle travaillait assez à les éliminer. S’il fallait encore passer par plusieurs nuits de cauchemars avant, eh bien elle affronterait encore ses cauchemars, voilà tout. Se plaindre était vain.

— Sinon.. Je vais aller dessiner un phallus sur le mur de l'autel ! Vous venez m'arrêtez ?

Lucinde leva les yeux tandis que Thierry éclatait de rire. Elle roula des yeux. Non mais franchement, il n’avait pas d’autres heures pour faire ses pitreries ? Vingt ans de vie supplémentaires n’étaient manifestement pas des années passées à accumuler de la sagesse. Néanmoins, elle reconnut dans son attitude une tentative pour l’amuser. Elle ne pouvait décemment le lui reprocher.

— C’est bon, je vais bien, affirma-t-elle d’une voix vide d’émotions. Retournez vous coucher.

Elle aurait bien pu ajouter “sinon vous serez fatigué demain matin”, mais elle se retint. D’abord parce que c’était des précisions inutiles, et puis aussi parce qu’elle n’était pas censée se soucier de la qualité de son sommeil.

— Désolée de vous avoir réveillé. Dans les rêves, il est plus difficile de rester discipliné. Elle ne savait pas pourquoi elle avouait cela, mais ne put s’empêcher de préciser : J’y travaille, ça viendra.

Elle se recoucha, espérant qu’il ne poserait pas plus de questions.
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Message par Thierry d'Anjou Lun 8 Mar - 16:47

Même aux prise d'un cauchemar, Lucinde conservait ce caractère renfermé et sec. Si elle était de nature colérique, comme pouvait l'avoir été sa sœur Beckie, elle lui aurait jeté ce verre au visage. cette pensée de sa cadette le remplit de tristesse. Si seulement elle aussi pouvait être là, couchée sur un de ces lits et non dans un cimetière. Il chassa ces pensées pénibles et reporta sa concentration vers sa gardienne. Elle ne le grondait pas pour as plaisanterie ? Elle lui demandait juste de se recoucher. Mais lui ne voulait pas. Il ne voulait pas la laisser seule. Il percevait sa vulnérabilité et son mal-être. Alors, il l'abandonnerait avec toutes ces pensées qui devaient lui pressuriser le crâne. Un sourire malicieux lui vint.

"Et si je ne veux pas me coucher, Lucinde ?"

Il croisa les mains derrière al tête comme un enfant, puis ajouta :

"Après tout, Alex a dit deux messes par jour, non ? Alors le reste de al journée, je pourrais dormir !"

Thierry fronça mes sourcils à cette question de contrôle et de discipline. Il soupira et vint s'asseoir au bord du lit.

"Lucinde.... Votre discipline et votre fermeté sont des qualité admirables, mais vous ne pouvez pas tout contrôler. Et surtout pas vos pensées."

Sa voix était étonnamment douce, compatissante.

"C'est pourquoi se confier, même si je sais que je suis sûrement la personne la moins adaptée pour cela, c'est important. Il faut libérer de son coeur les ténèbres avant que celles- ne nous avalent."

Il la contempla d'un regard triste.

"A moins que vous ne préfèreriez me ressembler, Lucinde ?"
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Message par Lucinde Tiéran Mar 9 Mar - 9:59

— Et si je ne veux pas me coucher, Lucinde.

Elle se redressa, et le foudroya du regard. S’il ne voulait pas se coucher, il n’avait qu’à s’asseoir, mais dans son lit, là-bas au bout de la pièce. Et la laisser se rendormir, même si elle n’était plus certaine d’y parvenir.

Pourtant, elle avait l’habitude, malgré ses horaires stricts, de se faire réveiller à n’importe quelle heure de la nuit. Parce qu’apparemment, les bébés avaient salement tendance à mal choisir leurs heures. Surtout quand ils n’étaient pas prévus. Et dans ces cas-là, elle n’avait jamais rechigné, parce que c’était comme ça, et que s’en plaindre n’avancerait à rien.

En revanche, Thierry qui faisait le pitre, c’avait de quoi l’agacer : elle, c’était la nuit qu’elle devait dormir, et non la journée. D’ailleurs, lui aussi, c’était la nuit qu’il aurait dû dormir. En toute bonne foi, elle s’excusa d’avoir coupé court à son sommeil avec son agitation. Diplomatie.

Mais cela ne fonctionna pas. Il s’était mis en tête qu’elle ne pouvait pas contrôler ses cauchemars seule. Ce n’était jamais que la troisième fois que tout basculait, que la troisième fois qu’elle devait retrouver tous ses repères… Elle savait ce qu’elle faisait : comme toujours, les cauchemars s’en iraient. Et bien sûr qu’elle redeviendrait maitresse de ses pensées. Même si ce qu’elle voulait - devait - penser était différent de ce qu’elle avait cultivé toute sa vie. Comme elle l’avait dit : la capacité d’adaptation était l’une des clefs pour réussir.

Elle n’avait pas besoin qu’on lui parle comme à une enfant qu’elle n’était plus.

Elle planta son regard dans celui de Thierry, puis le tourna vers son lit, là-bas. Puis de nouveau Thierry, puis de nouveau le lit, et une troisième fois. Manifestement, il ne comprenait pas. Il insistait.

La personne la moins adaptée ! Elle ne le lui faisait pas dire ! En outre, nulles ténèbres ne l’avalaient. Elle avait seulement mis de côté la lumière superflue qui attirait les parasites. Elle savait ce qu’elle faisait. Ce qui maintenait son coeur en place, c’était sa rigueur, et elle n’y perdait rien.

— Allez vous coucher, répéta-t-elle en laissant passer un léger agacement dans sa voix.

— A moins que vous ne préfériez me ressembler, Lucinde.

Elle ramena sur lui un regard glaçant. Cela, ça n’arriverait jamais. Parce qu’il n’était qu’une vieille loque qui n’avait ni volonté, ni discipline, et qui laissait chaque épreuve le faire régresser. Pour elle, tout n’était qu’un tremplin. Certes, elle ne finirait pas plus morale que lui - parce qu’elle devait d’abord penser à elle - mais pour le reste, ils n’avaient rien en commun.

— Pour jouer les vieux sages, Thierry, il est d’usage d’en connaître un peu plus de la vie que la personne en face.

Et même avec vingt ans de plus, ce n’était manifestement pas le cas. Que lui manquait-il ? De ne jamais être tombée amoureuse ? Honnêtement, c’était très loin de ses priorités.
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Message par Thierry d'Anjou Mar 9 Mar - 10:57

Lucinde ne désarmait pas et restait sévère, même quand des angoisses s'agitaient en elle, et le fusillait du regard. Elle lui indiquait le lit, à l'autre bout de la pièce, mais Thierry ne voulait toujours pas la laisser. Etait-ce par volonté de provocation, désir de l'agacer ou par souci envers elle ? Il ne le savait pas bien. Il savait en revanche ne pas pouvoir la laisser. Ceci, ce n'était pas possible. Il lui adressa un faible sourire de sa réponse sur le fait d'en connaître plus sur la vie que la personne d'en face. Il répliqua avec calme et même avec avec une certaine douceur dont il se révélait si peu coutumier.

"Je pense connaître déjà beaucoup de la vie, Lucinde. Même si je réagis bien souvent mal ou pas come il le faudrait. J'ai l'habitude de visiter de nombreuses familles, d'aller au chevet des malades et des mourants. Je me déplace même vers eux lors des épidémie de variole. Je connais les misères et les choses difficiles. Peut-être pas pour la personnes, mais au moins pour celle des autres."

Et s'il changeait de sujet ? Cela pourrait la calmer lui faire penser à une chose plus gaie.

"Savez-vous pourquoi j'ai peur des souris et des rats, Lucinde ?"

Il réfléchit un petit temps avant de débuter son histoire, maîtrisant les émotions qui remontaient et qui risquaient de l'étrangler.

"Le soir, j'aimais quitter mon lit et rejoindre celui de Beckie. Pour être là si elle faisait un cauchemar. Pour la rassurer. Mais elle... Elle ailait dormir avec des rats. Alors quand j'en voyais un sous les couvertures, ça me terrifiait. Et avec le temps, elle a commencé à s'amuser en me faisant sans cesse des farces. En s'arrangeant pour que j'en touche un. Elle était là-dessus terrible."

Et pourtant, aujourd'hui, il aurait tout donné pour retourner au château et toucher un rat glissé dans une de ses vêtements.

"Contre elle, je ne me vengeais pas. C'était ma petite sœur. Je l'adorais. Tout ce que je pouvais faire, c'était la protéger. La rendre heureuse. C'était comme ça que je concevais mon rôle de grand frère. Un jour, où nous sommes sortis jouer en forêt. J'affirmais être un chevalier. Je grimpais sur un arbre mort, couché au sol, comme si c'était mon cheval, et un bâton était devenu mo épée. Elle jouait, elle, à être la princesse que je devais sauver. Elle avait confectionné une couronne de fleurs, posée sur la tête, et s'était mise dans un buisson de ronces. Pour nous, c'était un château ennemi. Brusquement, j'ai sauté de cheval, je me suis battu contre les ronces, déclarant que c'étaient mille soldats, puis je l'ai porté dans es bras pour l'apporter devant une rivière. Là, elle s'est relevée pour annoncer être une fée, puis elle m'a éclaboussée en s'exclamant que le baptême de la forêt me rendrait immortelle."

Tout en racontant cette histoire qui lui revenait par bribes, Thierry souriait, ressuscitant l'image perdue de sa sœur. Malgré les remontrances de leur mère, ils n'avaient pas été si malheureux. Au contraire, ils savaient se défaire du quotidien et jouer à partir de rien.

"mais là, en découvrant que j'étais mouillé, je me suis sentis agacé. Le jeu ne m'allait plus. Alors, je lui ait sauté dessus et je me suis mis à la chatouiller. Elle a ri. Beaucoup. Jusqu'à quémander grâce. Puis, je lui ait donné un baiser. Pour lui accorder mon pardon. Et nous avons ensuite marché et mangé des fruits trouvés ici et là."

Il releva la tête pour fixer Lucinde. Son histoire avait-elle su l'apaiser ? Au moins un peu.
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Message par Lucinde Tiéran Mar 9 Mar - 13:07

Il connaissait beaucoup de la vie ? Eh bien elle aussi ! Et ce n’était pas une affirmation dans le vent, motivée par la sottise de la jeunesse. Elle avait passé cette étape-là. Il avait peut-être plus d’années au compteur, mais elle n’avait pas moins d’épreuves pour autant.

Il passait du temps auprès de mourrants ? Bien : elle aussi. Il connaissait la misère ? Bon, d’accord, elle n’avait jamais fait que la côtoyer. Mais franchement, vu les repas qu’on servait ici, il ne devait pas être plus affecté qu’elle.

— Oh mais ça je n’en doute pas : vous êtes l’incarnation des choses difficiles pour les autres. Elle soupira. Votre lit est là-bas, indiqua-t-elle. Et elle le pointa de l’index.

Non, manifestement, il se refusait à comprendre. Il était magistralement pénible. Et pourtant, elle n’avait pas envie d’être plus désagréable que cela. Et… Elle maudit la part d’elle-même qui lui laissait entendre qu’elle avait peut-être bien envie de discuter. Sinon, elle aurait été plus ferme, non ?

Pourquoi avait-il peur des rats ? Non, elle n’en savait rien. Avait-elle envie de le savoir ? Honnêtement, cela lui était franchement égal, mais si, en le laissant raconter, elle pouvait s’en débarrasser…

— Asseyez-vous, au moins, vous me donnez le tourni, commanda-t-elle en désignant le lit juste en face.

Elle serra sa couverture autour d’elle, et accepta de l’écouter. Elle remarqua qu’il n’avait pas vraiment indiqué d’où venait la peur mais… Tant pis.

Thierry chevalier, rien que ça. Personnellement, elle n’aurait jamais remis son sort entre ses mains. D’ailleurs… Sans y être absolument contrainte, elle n’aurait jamais remis son sort entre les mains de personne… Elle songea à Cecilia. Sa dernière exception. Et même alors, elle reprenait vite les choses en main. En fait, elle ne voyait que trois personnes auxquelles elle aurait pu se fier sur le long terme. Trois femmes. Dont une seule était encore en vie.

Pour ce qui était des jeux d’enfants… Elle n’avait pu les expérimenter qu’avec ses filles. Ses petites renardes… Elle ne les oubliait pas. C’était promis : jamais. Jamais, mais elle devait quand même avancer.

— J’étais fille unique, répondit-elle simplement. Et quand je jouais, c'était seulement pour faire semblant.
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