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[RP Flashback - Octobre 1597] Les sanglots longs des satyres de l'automne

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Message par Hibiki Ven 23 Avr - 0:08

Hibiki, fraîchement arrivé à Djerdan, avait fait la connaissance du prince Mavendra Singh Gohil, grand mécène des arts et finançant le temple dédié à Sarasvati dans lequel des danseuses graciles offraient à la divinité le spectacle sans cesse renouvelé de leurs corps ondulants. Il s'était immergé dans cette culture composée de dieux étranges et fascinants et baigné dans l'admiration qu'il ressentait pour un exotisme tranchant avec l’Europe occidentale à laquelle il s'était _en partie_ accoutumé. Le prince Mavendra, malgré un harem bien fourni, préférait de loin ses eunuques à ses femmes, partageant avec l'ambassadeur du Japon ce goût pour les beaux garçons. A force d'invitations et de sympathie, Hibiki avait eu tout loisir de contempler ces danseuses qui ne le laissaient pas insensibles, avant d'être mis lui-même à contribution en régalant son auditoire par ses danses, contes et espiègleries. C'est au détour d'une conversation avec le prince Mavendra qu'il put lui narrer ses débuts artistiques au sein de compagnies ne se limitant pas à sa seule personne, puis sa rencontre avec les prêtresses shintoïstes éduquant le peuple et de fil en aiguille, ils en vinrent à parler mythes, croyances et religion.

Le prince Mavendra était un hindouiste convaincu, mais tous deux se rejoignaient sur leur aversion commune envers le fanatisme religieux des inquisiteurs catholiques essaimant à travers toute une partie de l'Europe afin de récolter, par leur butinage intempestif, le miel de terreur des habitants qu'ils piétinaient comme de fragiles fleurs. Hélas, ils s'étaient propagés jusqu'à Monbrina, et les tensions se faisaient parfois sentir entre ces zélotes enragés et les musulmans et hindouistes djerdaniens. Les musulmans, surtout, haïssaient ces tortionnaires qui massacraient leurs "frères" dans la péninsule ibérique, aboutissant à des relations tendues avec l'Espagne et le Portugal. Djerdan commerçait principalement avec l'Empire Ottoman, alors à son apogée. De fait, l'islam et plus particulièrement le soufisme était devenu majoritaire dans ce petit pays coincé entre des géants; entre une pression catholique et islamique, celui-ci avait préféré celle qui menaçait ses plus belliqueux voisins.

Le prince Mavendra pour sa part maintenait un semblant de fortune grâce à une habile gestion, des talents diplomatiques, des alliances avec certains pachas et le respect qu'il savait imposer en tant que protecteur d'une culture qui brillait par son pacifisme et se voulait résolument non expansionniste _en partie par contrainte, puisqu'un prosélytisme déclaré aurait fait la perte de ce qui lui était cher. Dans son fort aux dentelles de pierre qui témoignait de la grandeur passée d'une dynastie, protégeant dans cet écrin de pierre le joyau du temple, le prince peinait à repousser les assauts d'une nature dévorant les remparts, guerroyant à la pointe de ses branches farouchement dressées telles des soldats de feuilles et de bois escaladant ces hauts murs en quête de lumière. Cette forteresse ressemblait à une vieille dame dont la finesse des traits laisse à entrevoir la splendeur perdue: Hibiki en ressentait un mélange de tristesse et de profond recueillement. Cette architecture mêlant raffinement et sauvagerie éveillait en lui des sentiments poignants et confus. Que de balades dans cette enceinte où seules les ronces se risquaient encore; que de poèmes et de répétitions visant à parfaire son art face à l'immensité du ciel ou les yeux rieurs d'une servante qui ne comprenait rien à son langage...

Pourtant, les beaux esprits ne manquaient aucune de ses réceptions, où des invités triés sur le volet pouvaient jouir sans crainte d'une hostilité assumée _en cercle très fermé_ envers un dogme dont il abhorrait l'hypocrisie et le carcan dictatorial. Parmi ces invités figurèrent bientôt l'ambassadeur du Japon, son amant, sa femme et Hibiki. Ce dernier, à force d'échanges finit par acquérir la confiance du prince qui lui commanda une pièce de théâtre et lui offrit une troupe pour l'incarner. Dramaturge et metteur en scène, le faux castré commanda, avec l'aval de son bienfaiteur, des décors réalisés sur de grands panneaux peints qui seraient complétés par la présence de quelques accessoires. Il bénéficia de l'aide d'un interprète qui connaissait l'anglais et se basa sur une ébauche de pièce rédigée dans la langue d'Albion mais pour laquelle il avait renoncé à tout espoir de la voir jouée en Angleterre dans sa version la plus... flamboyante suite à plusieurs refus d'éditeurs. Enfin, il tenait sa chance, pour le meilleur ou pour le pire! Il ne ménagea ni les artistes ni les peintres et surtout pas lui-même. Enfin, au mois d'octobre 1597, après un travail acharné, la pièce était prête à jouer. La représentation eut lieu sur une estrade installée dans les jardins alors que l'été indien enveloppait les silhouettes assemblées de ses dernières chaleurs sous un soir automnal illuminé de flambeaux et parfumé de citronnelle. Des rideaux cachaient le devant et l'arrière de la scène, servant de coulisses autant pour le matériel que pour les acteurs.

Tout d'abord les danseuses offrirent à Sarasvati une danse, un divertissement tout à fait charmant qu'elles exécutèrent avec le plus grand soin en l'honneur de leur divinité tutélaire. Puis les rideaux s'ouvrirent et les choses "sérieuses" commencèrent.






Acte I

Scène 1

Le Grand Inquisiteur, l'aubergiste
Décor: Intérieur d'une salle privée dans une auberge de luxe. Une table ornée d'une nappe et un belle chaise sur laquelle est assis le Grand Inquisiteur.


L'aubergiste
Comment aimez-vous vos hérétiques, Ô Grand Inquisiteur?

Le Grand Inquisiteur
Je les aime rôtis à la broche, bien dorés par les flammes, la chair attendrie sous le marteau puis marinée dans le sel, plongés juste avant dans un bain d'eau bouillante, mis à sécher sur nos plus belles pages de la Bible _par exemple celles du déluge.

L'aubergiste
Fort bien. Son éminence souhaite-t-elle des musiciens pour la divertir pendant ce festin?

Le Grand Inquisiteur
Voyons voir... Un chœur de lamentations et d'effroi.

L'aubergiste
Et en dessert?

Le Grand Inquisiteur
Un petit enfant de chœur.

L'aubergiste
Son Éminence ne sera pas déçue, nous en avons des frais, bien roses et potelés.

Le Grand Inquisiteur
Inutile de préciser que je le veux vivant, et que personne ne me dérange pendant cette dégustation.

L'aubergiste
Bien sûr, votre Éminence, vous ne serez pas déçu par la maison.

Le Grand Inquisiteur
Je l'espère. Allez
il congédie l'aubergiste d'un geste de la main.

Rideau


Scène 2


Le Grand Inquisiteur arrive devant un panneau figurant l'auberge et trouve la porte _découpée dans le bois_ close. Il frappe vigoureusement contre la porte et au bout d'un temps, l'aubergiste ouvre.


L'aubergiste
Ah, Grand Inquisiteur, que me vaut le plaisir?

Le Grand Inquisiteur
Le plaisir de manger chez vous.

L'aubergiste
Votre Éminence, votre fidélité me flatte... Malheureusement, c'est impossible

Le Grand Inquisiteur
Comment cela?

L'aubergiste
He bien, voyez-vous... nous faisons face à une pénurie.

Le Grand Inquisiteur
Comment donc?

L'aubergiste
Oui, hélas... Une pénurie d'hérétiques. Nous n'avons plus que de bons chrétiens dans le pays.

Le Grand Inquisiteur
C'est impossible. Un bon chrétien est forcément un pécheur, un pécheur est un coupable, et un coupable ça se grille.

L'aubergiste
Bien entendu, Votre Éminence. Mais...

Le Grand Inquisiteur
Mais quoi?

L'aubergiste
Les autorités en place ont promulgué un édit. Ils ont laissé entendre que votre appétit dépeuplerait le pays plus sûrement que n'importe quelle guerre, et sans rapporter aucun fruit.

Le Grand Inquisiteur
Aucun fruit? Je livre la guerre au diable et j'offre au roi, sur un plateau d'argent, un pays tout verdoyant de bons fidèles maintenus dans la peur et l'ignorance, tétant goulûment des paroles en latin auxquelles ils n'entendent rien et dont les réformistes voudraient les sevrer.

L'aubergiste
Je le sais bien, Votre Éminence...
En aparté, vers le public:
C'est surtout lui le diable. Il dresse des bûchers et à force d'enflammer notre pays, le fait ressembler à un enfer.

Pendant ce temps, Le Grand Inquisiteur effectue des allers-retours devant la porte, fulminant, et soudain s'arrête.

Le Grand Inquisiteur
Si je comprends bien, le roi craint que je décime sa populace.

L'aubergiste
En effet, Votre Éminence. Surtout, il ne voudrait pas que son pays paraisse faible et devienne la proie de déclarations de guerre de la part de ses voisins.

Le Grand Inquisiteur
Bien sûr, le souverain doit s'occuper des choses de ce monde...

L'aubergiste
... auxquelles votre esprit supérieur échappe parfois en compagnie de Dieu. Tout le monde ne peut pas vivre comme un saint.

Le Grand Inquisiteur, flatté et condescendant
Cela va de soi.
Il réfléchit un moment
Si je trouvais des hérétiques qui ne fassent pas partie des gens valides, je suppose que cela ne poserait aucun soucis au roi.

L'aubergiste
Je suppose. Personne ne pleurerait des infirmes ou des gueux de l'Hôpital général qui sont des bouches inutiles...

Le Grand Inquisiteur
Il faudra tout de même en laisser quelques uns. Dieu nous a légué de nombreux mystères, et ces pauvres hères font don de leur corps pour nous aider à les pénétrer...

L'aubergiste
Pénétrer les infirmes?

Le Grand Inquisiteur
Pénétrer les mystères, imbécile! Je ne mange pas de ce pain là, moi, je ne suis pas comme...

L'aubergiste
Comme qui?

Le Grand Inquisiteur
Comme personne.

L'aubergiste
ça on peut le dire: vous n'êtes comme personne.
Le Grand Inquisiteur lui jette un regard suspicieux
Je veux dire que vous ne ressemblez pas au vulgaire, au commun des mortels.
Le Grand Inquisiteur s'adoucit et sourit.

Le Grand Inquisiteur
Bien, je sais ce qu'il me reste à faire. Prépare-toi à rallumer tes fourneaux! J'ai grand faim!

Rideau

Scène 3


Décor figurant un tribunal. Une chaise placée un quart en biais à droite, une autre au centre, légèrement à gauche de hauts pupitres et vraiment à gauche un escalier de bibliothèque figurant une chaire.
Le Grand Inquisiteur sur la chaire, les juges installés derrière les hauts pupitres, une prostituée boiteuse nommée Marie Troussejaquette sur la chaise de droite, du public incarné par des esclaves figurants à droite derrière Marie Troussejaquette _les gens du public sont de profil.


Le Grand Inquisiteur
Et donc admets-tu, hérétique, que tu as vendu ta jambe au Diable afin de pouvoir envoûter les hommes qui venaient jouir de tes services?

Marie Troussejaquette
Ah ça, pour jouir, ils jouissent, mais le diable a rien à voir là d'dans.

rires gras dans l'assemblée.

Le Grand Inquisiteur
Silence, vilaine! J'appelle à la barre Madame Calottine.

Madame Calottine prend place sur la chaise du milieu, très roide et digne, avec une tenue et des attitudes de dévote.

Le Grand Inquisiteur
Jurez-vous sur la Bible de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité?

Madame Calottine, la main levée sur la Bible
Je le jure, Votre Éminence.

Le Grand Inquisiteur
Bien. Vous êtes l'épouse de Monsieur Calottine, infortunée victime de Marie Troussejaquette jugée en ce tribunal pour sorcellerie. Qu'avez-vous à rapporter à la Cour?

Madame Calottine
Votre Éminence, cette puterelle a envoûté mon mari! Toutes nos économies sont englouties par cette femme de mauvaise vie et il ne se passe pas une nuit sans qu'il n'aille la rejoindre! Elle lui a certainement fait boire quelque philtre de sa composition ou comment expliquer qu'il recherche la compagnie de cette boiteuse?

Marie Troussejaquette
Comment? He bien en lui ouvrant tout grand ce bénitier que tu réserves au petit Jésus de Monsieur le Curé! Ah ça, tu l'as bien calotté le Calottine, tout coiffé de cornes le cocu!

Madame Calottine s'offusque, de même que la moitié du public pendant que l'autre rit et que le juge tape du marteau en répétant "Silence dans la salle!"

Madame Calottine, blême de colère
C'est faux! C'est.... honteux! De la diffamation! Menteuse! Sorcière! Sale putain qui vole les maris des femmes respectables faute de pouvoir s'en trouver un!

Marie Troussejaquette
Belle respectabilité Madame de vous faire injecter dans le cul la crème des sermons de vos dévots que vous nous chiez par la bouche! On envoie son homme prendre des leçons de solfège auprès des putains, comme vous dîtes, qui acceptent de jouer de son flutiau et on se donne des airs de sainte en ouvrant son rez-de-chaussée à un calottin auquel il manque un "e" pour être le bon. Vous souffrez p'tet de myopie du langage z'allez dire. Mais vous autres, z'êtes bien contentes d'envoyer ces messieurs boire à d'autres fontaines que celles où ne sort plus pour vos maris que de la pisse et du dégoût. Vrai de vrai, le devoir conjugal il est moins lourd quand il est porté par d'autres. Mais voudriez quand même pas qu'en prenant vot' devoir, on prenne pas le droit à toucher nous aussi not' part du droit à palper un peu de l'oseille de Monsieur.

Grand tapage dans la salle, les uns d'accord avec la putain, les autres l'insultent, le juge président de séance s'excite et joue du marteau. Lorsque le calme revient à peu près, le Grand Inquisiteur reprend la parole.

Le Grand Inquisiteur
Voyez! Voyez comme Belzébuth inspire des paroles malfaisantes à cette sorcière qui insulte nos prêtres et nos plus honnêtes citoyennes! Il n'y a rien de plus éclatant que cette vérité! Je demande à Messieurs les juges que l'accusée soit soumise à la question pour qu'un aveu puisse laver son âme. Et je demande à ce qu'elle soit condamnée au bûcher.

Le juge président de séance
Accordé. Gardes, emmenez l'accusée et soumettez la à la question.

Marie Troussejaquette crache en direction des juges et du cardinal
Parodie de justice! Bande de chiens! Vous êtes bien contents de prélever une part sur not' pain tout en nous traitant de catins!

Elle disparaît, entraînée par les gardes.

Rideau


Scène 4


Quelques croquis de grande taille installés sur des chevalets présentent des scènes de torture courantes à l'époque chez les inquisiteurs. Marie Troussejaquette, maquillée de sorte à paraître avoir été torturée et ensanglantée, le Grand Inquisiteur, les juges et un bourreau. Marie Troussejaquette est maintenue par les cheveux au-dessus d'une bassine d'eau par le bourreau. Il lui plonge la tête dans la bassine pendant un moment puis la fait réémerger et la tourne vers le Grand Inquisiteur. Marie Troussejaquette halète.

Le Grand Inquisiteur
Allons, avoueras-tu enfin? Dis nous quel est ton maître!

Marie Troussejaquette reprend son souffle puis regarde le Grand Inquisiteur. Un jeu d'ombre dessine des cornes de diable sur l'ombre de la tête du Grand Inquisiteur.

Marie Troussejaquette
C'est vous le maître! Vous êtes le diable et je suis en enfer! Toute ma vie est un enfer depuis le début... et c'est vot' torture de nous faire croire qu'un jour y aura un paradis.
Elle pleure

Le Grand Inquisiteur
Pauvre enfant, notre vie sur Terre est une longue vallée de larmes, et il faut supporter sa peine pour accéder au paradis. Mais bientôt, vous serez libérée, délivrée du poids de vos péchés, purifiée par le feu. Mais pour cela, il faut vous confesser...

Marie Troussejaquette, toujours pleurant
Que voulez-vous que je dise?

Le Grand Inquisiteur
Répétez après moi: Moi, Marie Troussejaquette, confesse avoir forniqué avec le diable et lui avoir vendu ma jambe contre mes pouvoirs.

Marie Troussejaquette répète.

Le Grand Inquisiteur
Je demande pardon à Dieu et à tous ceux que j'ai offensés, et je demande à Notre Père à tous de me délivrer du mal.

Marie Troussejaquette répète.

Le Grand Inquisiteur
C'est très bien mon enfant. Maintenant, retournez vous recueillir en prières dans votre cellule.

La prostituée disparaît, traînée par des gardes, et le Grand Inquisiteur se tourne vers les juges.

Le Grand Inquisiteur
Comme vous pouvez le constater, l'accusée a avoué.

Le juge président de séance
En effet, Dieu grâce à votre secours a triomphé et c'est pourquoi nous la condamnons au bûcher. La condamnation sera annoncée comme il se doit.

Le Grand Inquisiteur s'incline face aux juges et ceux-ci lui rendent son salut. Rideau.

Fin de l'acte I
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Message par Hibiki Jeu 27 Mai - 14:28

Acte II

Scène 1

Décor: Champ de ruine, on voit un bûcher qui flambe au fond à droite.
Scène dansée: des hommes attrapent une femme qui se débat puis l'entraînent vers les coulisses. On entend un grand cri et puis plus rien. Deux hommes arrivent, habillés en villageois.


Villageois 1
C'est tous les jours comme ça.

Villageois 2
Tous les jours... depuis l'éradication des puterelles.

Villageois 1
Tous les jours, des bandes d'hommes joyeux chassent la garce. On dirait des démons qui rôdent à travers le pays, sous la lumière des flammes allumées par Son Éminence.

Villageois 2
Et nos filles, nos sœurs, nos femmes, violées, engrossées, impures, brûlées, noyées par l'inquisition...

Villageois 1
Y'en a tant qu'ont péri... Sorcières, femmes de mauvaise vie, a déclaré le Grand Inquisiteur.

Villageois 2
La plupart se cachent par peur du bûcher.

Villageois 1
Certaines ont été mariées à leur violeur. C'était ça ou la mort.

Villageois 2
Après les femmes, on a perdu nos r'bouteux et nos soigneurs.

Villageois 1
Ils l'ont bien cherché: ils aidaient les filles à avorter!

Villageois 2
Sauf que maint'nant, not' pays est comme un champ de bataille envahi de mouches. Plus personne pour nous soigner, pour soigner nos bêtes. La malepeste, la fièvre nous tuent et les monceaux de cadavre engraissent le Grand Inquisiteur.

Villageois 1
Cui-là, il reste bien planqué, et le roi n'fait rien pour l'arrêter. Je m'demande où il est tiens. Mais il est déjà trop tard. Il reste plus que l'armée et nous autres paysans. Les beaux savant ont été les plus malins, ils ont senti le vent tourner et ils sont partis bien avant. Maint'nant, ils aident les anglais ou les ottomans. C'est à n'y rien comprendre, j'croyais que c'étaient des hérétiques et pourtant il paraît que c'est l'paradis là-bas, comparé à ici.

Villageois 2
Si j'l'attrape, ce Grand Inquisiteur, j'lui plante ma fourche à travers le corps.

Villageois 1
Gaffe de pas prendre la sienne. Cet homme, c'est l'Diable déguisé sous sa cape et son chapeau rouge, j'te l'dis!

Villageois 2, sur un ton craintif
Tais-toi malheureux, attire pas l'mauvais œil sur nous...


Scène 2

Jeu de théâtre d'ombres sur un grand drap blanc, les torches situées à l'arrière servant de faisceau lumineux. On voit des navires quittant un rivage, à gauche. Un vaisseau pirate attaque l'un des navires et le capture (brève scène de bataille, toujours en ombres chinoises, avec derrière des tintements d'épée et les cris des comédiens et comédiennes illustrant les bruits de la bataille.) Une tempête en engloutit un autre (instruments de musique simulant le bruit de la tempête et silhouettes de vagues hautes). Finalement, un seul navire parvient au rivage de droite.


Scène 3


Décor figurant un bois qui semble impénétrable, auréolé d'une lumière surnaturelle, peint sur un tissu séparant la scène en deux parties sur toute sa longueur (donc une partie visible avant le "rideau", une autre derrière, invisible.)
A l'avant de la scène: une caravane de femmes marchent dans la nuit, emmenant avec elles leurs enfants. Elles sont habillées de manière à représenter toutes les classes de la société et des métiers variés. Elles portent juste quelques baluchons.


Femme 1
Nous partîmes 300 et nous arrivâmes 30
Aux portes de ce bois où nous tremblons d'effroi.
Plongées dans les ténèbres de jours meurtriers
Nous fuyons sans cesse les flammes des bûchers.
Le destin sans merci nous poursuit et nous guette
Aux aléas du sort la fortune nous jette...

Enfant
Maman, j'ai faim!

Femme 1
Ma pauvre enfant... qui nous portera secours dans ce voyage insensé où le péril emporta tant de nos infortunées compagnes?

Soudain surgit une femme qui passe entre les pans du rideau de milieu de scène représentant la forêt. Elle est vêtue à la mode indienne d'un sari coloré.

Servante de Parvati
Qui êtes-vous, voyageuses qui pénétrez dans ces bois sacrés? En ce sanctuaire tout devient féminin en l'honneur de la Glorieuse Parvati, y compris son mari. Le cerf se fait biche et le lièvre devient hase.

Femme 1
Nous sommes de pauvres âmes égarées, fuyant le Grand Inquisiteur ravageant nos terres. Bravant de sombres périls qui engloutirent tant des nôtres, vous nous voyez dernières femmes de notre patrie; toutes les autres ont péri. Abandonnées par les hommes et Notre Dieu, nous voici lasses et affaiblies. On nous a dit que le paradis se trouvait par delà la mort et la mort sera peut-être notre seule délivrance.

Servante de Parvati
Pauvres de vous, jurez fidélité à notre Déesse et vous accéderez dès votre vivant à un paradis terrestre. Ensemble, nous goûtons aux lèvres de nos compagnes le doux nectar de l'amour et cueillons aux branches des arbres les fruits sucrés du plaisir, dont les douceurs vernissent nos bouches si souvent unies en de tendres baisers.

Femme 2
Pouah! Hérésie!
Elle crache en signe de dégoût.
Jamais j'rejoindrais une bande de succubes qui rendent grâce à une diablesse!

Servante de Parvati
Libre à vous de continuer votre errance, soumises à la fureur des bêtes qui rôdent en ces bois. Toutes femelles qu'elles soient, ourses ou louves n'en sont pas moins terribles que les mâles de leurs espèces... Surtout quand elles doivent défendre leurs petits.

Femme 2
J'préfère encore mourir en paradis que d'risquer l'enfer auprès de ribaudes échaudées qui font sorcellerie pour châtrer leurs mâles!

Servante de Parvati
Celles d'entre nous qui furent homme auparavant ne regrettent en rien leur état précédent.

Femme 1
Qu'importe. Si nous avons fui une tyrannie, ce n'est certes pas pour en instaurer une nouvelle. Chacune est libre de prêter allégeance à cette déesse inconnue ou de poursuivre sa route au gré du hasard.

Deux groupes se forment: un petit et un grand. Le grand se range à côté de la servante de Parvati.

Femme 2
Quand j'pense que j'ai partagé un bateau avec vous, bande de vilaines araignée toutes engluées dans leurs toiles de luxure! Et maint'nant vous voilà pressées d'succomber aux feux d'l'Enfer qui vous rongent le cul.

Femme 1
Il suffit! Nous avons surmonté ensemble tant de dangers que l'heure est malvenue pour la querelle. Adieu, et puisse ce Dieu qui nous a tant déçues enfin entendre votre appel, vous qui lui restez fidèle.

Le petit groupe mené par la femme 2 s'éloigne avec force signes de croix.

Femme 1
A la servante de Parvati
Nous vous suivons, ô noble dame.


Le groupe de femmes fait un aller-retour de gauche à droite en mimant une marche à travers bois. Soudain, le rideau s'écarte complètement par le milieu et laisse apparaître une clairière (décor peint sur panneau de bois et silhouettes d'arbres sur les côtés. On voit apparaître les bords d'un lac, peint à droite sur les panneaux du fond.) Des danseuses exécutent une chorégraphie représentant Shiva sous forme féminine et Parvati tendrement enlacées, entourées de dames de compagnies s'ébattant dans les bois. La servante de Parvati mène le groupe jusqu'à sa maîtresse. Les femmes s'agenouillent devant Parvati, magnifiquement vêtue d'un sari rouge et or et couverte de bijoux précieux.

Femme 1
Salutations, Ô grande déesse. Dénuées de présents dignes de vous, nous déposons à vos pieds nos plus sincères excuses et implorons votre pardon pour être venues vous trouver sans avoir à vous offrir autre chose que nos simples personnes. Croyez bien que si vous consentiez à nous accepter dans votre suite, nous serions honorées de faire partie de vos servantes, chacune remettant sa vie et ses talents propres entre vos mains divines.

Parvati
Salutations, étrangères. Grâce à mes talents et ceux de mon époux, je n'ignore rien de vos tourments. Celui qui mit votre pays à feu et à sang n'est autre que le démon Mahishasura, réincarné en Grand Inquisiteur; Je l'ai déjà combattu par le passé et notre destin est de nous affronter à nouveau. Mais avant de vous accueillir, dîtes-moi, êtes-vous prêtes à renoncer à votre foi en cette chimère que vous appelez Dieu?

Femme 1
Je ne puis parler qu'en mon nom, mais pour ma part j'y renonce volontiers.

Parvati
N'aurez-vous aucun regrets? Aucun doute? Je sais que certaines d'entre vous se demandent si ceci n'est pas un test de votre faux Dieu pour éprouver votre fidélité.

Femme 3, se met à pleurer
N'irons-nous pas en Enfer si nous détournons nos pas du droit chemin?

Parvati
Ce que vous appelez droit chemin n'est jamais qu'un sentier putride recouvert de ronces, mais libre à vous de ceindre une couronne d'épines. Pour ma part, je considère qu'une créature, fût-elle dieu ou homme, torturant ses fidèles, n'est rien d'autre qu'un démon. Je vous le prouverai d'ailleurs: celui qui se fait nommer le Grand Inquisiteur est en chemin pour vous retrouver... cris et murmures d'effroi dans le groupe de femmes. ... et à cette occasion, je le forcerai à révéler son vrai visage. Alors, vous qui avez été abusées et trompées, vous pourrez répandre la nouvelle et enseigner quels sont les dieux et les déesses qui protègent, et lesquels sont des abominations qui détruisent.

Femme 3, qui a séché ses larmes
Pardonnez-moi, Ô grande déesse, mais... si le Grand Inquisiteur est un démon, peut-être a-t-il perverti la parole de Dieu? Peut-être que notre Dieu ne nous a pas abandonnées et nous a conduites jusqu'ici...?

Parvati
Vraiment? Votre Dieu qui voudrait se glorifier à lui seul de la création toute entière et n'admet aucune autre divinité, qui "parle" par la bouche des hommes et ne s'exprime jamais, ce "Dieu" avec ses pouvoirs immenses n'est pas même en mesure de combattre un démon qui prétend parler en son nom et il s'en remettrait à nous? Pauvre enfant, vous avez grandi dans l'illusion, c'est à dire qu'on vous a empêché de grandir. Auprès de moi, vous vous épanouirez et pourrez enfin fleurir sans avoir à mourir pour accéder à un prétendu paradis de plaisir.
Parvati tape dans ses mains et aussitôt des servantes accourent auprès d'elle.
Menez ces femmes au lac et procédez au rituel de purification.
Parvati se tourne vers le groupe de femmes réfugiées.
Il est temps pour vous d'abandonner vos vieux oripeaux et de renaître à la vie.

Nouvel intermède dansé, où les danseuses rendent gloire à Parvati. Les comédienne incarnant les femmes réfugiées pendant ce temps se changent en coulisses et réapparaissent vêtues de saris colorés. Elles se prosternent devant leur nouvelle divinité protectrice. Final comme un tableau, avec Parvati sur son trône, Shiva féminin à ses côtés, les danseuses formant deux haies d'honneur et le groupe de femmes prosternées. Rideau.

Fin de l'acte II
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Message par Hibiki Mar 15 Juin - 10:15

Acte III

Scène 1

Décor du début de la scène 3 de l’acte II, avec le rideau figurant le bois sacré remis en place au milieu de la scène. Devant le rideau, une cohorte de soldats suit un roi vêtu d’une armure rutilante. Derrière le roi se trouve le Grand Inquisiteur.

Le roi se met à chanter (moment disco en perspective)
Au royaume des pachas
Elles fument la shisha
Emportent nos enfants
Vers le hasard
Et dès que vient le soir
Elles se livrent ondoyantes
A des plaisirs provisoires


Où sont les femmes?
Avec leurs gestes pleins de charme
Dites-moi où sont les femmes
Femmes, femmes, femmes, femmes
Où sont les femmes?
Qui ont des rires pleins de larmes
Auraient-elles peur des flammes
Flammes, flammes, flammes, flammes
Où sont les femmes?

Elles ne parlent plus d'mariage
Elles s’baisent dans les feuillages
Et préfèrent les dagues
Aux bagues
Elles ont dans le regard
Quelque chose de vague
Après leurs jeux libatoires

Où sont les femmes?
Qu'on embrasse et puis qui se pâment
Dites-moi, où sont les femmes
Femmes, femmes, femmes, femmes
Où sont les femmes?
Qui ont ces drôles de vague à l'âme
Qu'on caresse et puis qui planent
Planent, planent, planent, planent
Où sont les femmes?

Le Grand Inquisiteur
Elles sont ici, Votre Majesté. Le groupe de femmes errantes que nous avons capturé non loin nous l’a assuré. Comme vous l’aurez constaté par leur témoignage, une magie impie a cours dans ces bois, et il est de notre devoir très chrétien de purifier ces lieux. Ramenez ces âmes égarées loin de la puissance maléfique de cet endroit pendant que j’attire le démon hors de son antre afin de lui livrer bataille.

Le roi
Ainsi soit-il. Qui suis-je pour m’opposer à la volonté de Notre Seigneur à tous ? En avant, soldats !

La cohorte suit le roi et passe entre les deux pans du rideau. Ils disparaissent derrière.
Le grand inquisiteur resté seul sur le devant de la scène se livre à un rituel, s’aspergeant d’eau bénite et psalmodiant une prière. Enfin, il se lève et se tourne de 3/4 vers le rideau, tendant un crucifix devant lui.


Le Grand Inquisiteur
Sors de ta cachette, démon ! L’heure est venue de débarrasser le monde de ta fourberie !

Roulement de tambour et les pans du rideau s’écartent à nouveau pour laisser apparaître Durga (l’une des formes de Parvati) dans toute sa splendeur.

Durga
Te voici enfin, Mahishasura. Je pensais avoir purifié le monde de ta souillure, mais tu réapparais après tous ces siècles par le jeu des réincarnations. Tu te dis vertueux et au service d’un nouveau Dieu, mais tu empestes la fourberie !

Le Grand Inquisiteur tombe à genoux face à la déesse, émerveillé
Quelle est cette beauté divine ? Jamais je n’ai contemplé pareille perfection et grâce aussi accomplie...

Durga
Ne sois pas surpris, Mahishasura. Déjà la première fois tu me voulais pour femme, et tout comme la première fois, tu devras me vaincre si tu désires m’épouser.

Le Grand Inquisiteur
Oh oui, je vous ferai mienne, et ensemble nous régnerons sur le monde ! J’ai grand hâte de vous glisser dans mon lit.

Durga
En garde, démon !

Scène dansée à partir de 0,28 minutes sur la vidéo représentant le combat de Durga contre le démon. Prenez le temps de regarder avant de lire la suite.














L’inquisiteur vaincu supplie
Pitié, Ô mon Dieu, entend l’appel de ton serviteur fidèle ! Viens moi en aide !

Durga
Ton dieu n’est que pacotille et j’espère bien que tu renaîtras en arbre pour être enfin de quelque utilité aux hommes et aux femmes que tu as tant malmenés.

Le Grand Inquisiteur
C’est faux ! J’irai au Paradis auprès de Notre Père et…

Durga
Tu auras l’occasion de vérifier cela dans un instant.
Durga assène son dernier coup de lance. Le grand inquisiteur meurt et les servantes de Parvati se réunissent autour d’elle pour célébrer sa victoire (voir fin de la vidéo du combat.) Elles sortent et ne restent que Durga, le groupe de femmes exilées et le cadavre du Grand Inquisiteur.

Femme 1
Gloire à vous, Durga, vous avez libéré le monde de ce fléau !

Durga
Et pourtant, nombreux sont les ennemis de l’équilibre. En ce pays, je suis vénérée, mais maintes contrées adulent ce prétendu Dieu et, en son nom, répandent ruine et destruction. Je vois tant d’hommes user de fables pour tyranniser leurs semblables, tant d’hommes s’ériger en bergers et tant d’autres bêler et les suivre… Moi seule, toute déesse que je suis, ne parviendrait pas à bout d’une si haute montagne d’ignorance.

Femme 1
Permettez-nous de devenir vos championnes. Nous répandrons la nouvelle de vos prodiges et combattrons les ténèbres dans lesquelles la chrétienté a plongé notre pays. Sous votre loi, notre royaume renaîtra de ses cendres.

Durga
Au groupe de femmes
Préparez le bûcher funéraire pour la dépouille du Grand Inquisiteur.
A la première femme.
Reste, j’ai à te parler.

Sortent toutes les servantes de Parvati et le groupe de femme exilées, excepté leur meneuse. Elles emportent avec elles le cadavre du Grand Inquisiteur.


Durga
Tu as bravé de nombreux périls et pris de sages décisions pour conduire les tiennes en sûreté. C’est pourquoi tu deviendras reine en ton pays. Tu auras pour nom « Jaya », la victorieuse.
Elle claque des mains et une servante arrive, qui s’incline face à la déesse.
Conduis jusqu’à moi le groupe qui a pénétré tantôt dans les bois.
La servante s’incline à nouveau puis sort.

Scène 2

Revient la servante avec le groupe constitué du roi et des soldats, tous transformés en femme.

Le Roi
Que nous arrive-t-il et quelle est cette sorcellerie ?

Durga
Ici, vous êtes soumis à ma loi. Dans ces bois, tout devient féminin et ainsi en est-il pour vous.

Le Roi
tire son épée et s’avance, menaçant.
Maudite sorcière !

Femme 1, devenue la reine Jaya, s’interpose en se plaçant devant la déesse et en écartant les bras. Le roi s’arrête mais garde son épée sortie.

Le Roi
Qui es-tu, toi qui ressemble aux femmes de mon pays ?

Reine Jaya
Autrefois, j’étais l’une de vos sujets. Parvati, que vous voyez ici sous sa forme guerrière, nous a recueillies et protégées lorsque partout nous étions persécutées. Sous votre règne, notre pays est devenu un charnier où l’on cultive les mouches et où l’on engraisse les vers. Les récoltes ? Des cadavres. Le bonheur ? L’ivresse, mais pas celle de l’amour ou des jours heureux, non ; l’ivresse du vin et de l’oubli. Vous étiez le représentant de Dieu, censé guider et protéger les hommes sur la Terre : vous nous avez guidé vers la ruine et votre protection n’est allée qu’aux brutes et aux fanatiques religieux. Mais il est temps que cesse cette folie.

Le Roi
En effet, cette folie qui pousse une femme à me parler ainsi.

Reine Jaya
Il suffit ! Vous n’êtes plus rien qu’une marionnette vide dont le Vatican ne voudra pas même tirer les fils, habillé que vous êtes de courbes féminines. Votre palais bruissait des courants d’air que brassait tout le vent de vos paroles tandis que d’autres régnaient sur votre peuple par la terreur et par le feu.  Mais ce temps est révolu.

Durga
Votre Majesté souhaite-t-elle retrouver sa virilité ?

Le Roi
Assurément !

Durga
En notre compagnie, vous demeurerez et pour maître aurez un sage qui vit dans ces bois. Lorsque vous serez purifié, vous pourrez retrouver votre royaume et celle qui deviendra votre épouse, la reine Jaya que voici.

Le Roi et la reine Jaya s’écrient en même temps
Comment ?!

Le Roi
Je ne vais pas épouser la première venue !

Reine Jaya
Je ne vais pas épouser ce malotru !

Grondement de tonnerre et posture menaçante de la déesse avec son trident.
Durga
Cessez vos querelles ! Comment osez-vous remettre en question la sagesse d’une déesse ?!

Une danseuse surgit et exécute un intermède à la gloire de Durga, vantant ses talents guerriers et sa victoire contre le démon. Les soldates changent d’attitude au fur et à mesure, et de méfiantes deviennent peu à peu impressionnées par la déesse.

Le Roi et la reine Jaya se jettent à ses pieds
Pardonnez-nous, Ô votre Grâce. Nous sommes à vos ordres.

Durga
Bien.
au roi:Vous, Votre Altesse, vous retrouverez votre forme première lorsque vous aurez accompli votre pénitence. Mais les humains ont la mémoire courte : voilà pourquoi chaque dimanche, le jour de votre ancien Seigneur, vous redeviendrez femme ; vous vous rappellerez à qui va désormais votre allégeance et surtout à respecter la divine puissance créatrice qui sommeille en chaque femme.

Le Roi
Qu’adviendra-t-il de mes hommes ?

Durga
Ils formeront une armée de guerrière, braves et fortes comme l’étaient les amazones en leur temps.
Ils resteront quelque temps à vos côtés, le temps de s’assurer qu’ils expient leurs fautes passées.

Reine Jaya
Pardonnez-moi, Ô noble Durga, mais que deviendra mon pays, sans armée et sans défense, à la merci de quelque belligérant d’humeur tapageuse sans même pouvoir lui livrer bataille ?

Durga
Soyez sans crainte, mes serviteurs ainsi que ceux de  Shiva, vous offriront d’ici peu leur amitié. Les autres pays y réfléchiront à deux fois avant de s’attirer la colère de si puissants alliés.
Elle se tourne à nouveau vers le roi:
A présent Sire, vous rédigerez une lettre désignant la reine Jaya comme votre légitime épouse et lui confierez les pleins pouvoirs dans l’attente de votre retour. Ensemble, vous régnerez en bonne intelligence et conduirez votre royaume à la prospérité.

Reine Jaya
En votre honneur, puissante déesse qui gouvernez nos vies.

Durga
C’est bien, allez .

Scène 3

Paysage de campagne en arrière fond.

Villageois 1
J’y comprends plus rien, vindiou !

Villageois 2
Et moi non plus !

Villageois 1
V’là qu’on a détruit les églises, chassé les curés et qu’on adore maintenant des déesses à 8 bras ou des dieux à tête d’éléphant.

Villageois 2
J’m’attendais donc à d’la colère divine, un déluge ou un orage… mais rien.

Villageois 1
Ah ça, rien de rien !

Villageois 2
J’dirais même plus : rien de rien de rien de rien !

Villageois 1
Oui, Rien.
Mais tout d’même… Moi j’préfère nos chênes sacrés et nos roches rituelles.

Villageois 2
Chut, faisons comme avant.

Villageois 1
Oui, comme si de rien n’était.

Villageois 2
Pis faut dire, l’avantage de cet’ religion, c’est qu’y vous trait’ point d’hérétiques ou d’infidèles.

Villageois 1
Pour sûr ! Z’ont même de jolies danses !

Villageois 2
Ah ça… !

Villageois 1
Enfin moi, tant que j’peux cultiver mes choux…

Villageois 2
C’t’important, les choux.

Villageois 1
Et les carottes, pour le potage.

Villageois 2
On peut pas faire ses vénérations à des dieux le ventre vide.

Villageois 1
Sans boustifaille, pas d’vie

Villageois 2
Et sans vie, pas d’fidèles.

Villageois 1
C’est ben vrai, dis. Pour ça, moi j’dis, c’est la terre qu’est sacrée.

Villageois 2
Ah ça, c’est une sacrée terre ! Une bien solide, comme on les aime ! Elle s’en est relevée de tous ces charniers !

Villageois 1
On sent même pas l’goût d’cadavre dans nos poireaux.

Villageois 2
Y a juste nos femmes qu’ont pris le melon…

Villageois 1
M’en parle pas ! La dernière fois qu’j’ai parlé de corriger la mienne, v’la t’y pas qu’c’est moi qu’ai été corrigé !

Villageois 2
Elles voudraient tout d’même pas nous refaire la géographie de la figure !

Villageois 1
Sous prétexte qu’elles ont vu du pays, elles rebattent les cartes !

Villageois 2
Et sur not’ dos, en plus. Bientôt, ce s’ra plus un planisphère, cause que j’s’rais bossu comme une mappemonde !

Villageois 1
Faudrait voir tout d’même à t’remplir la panse pour remplir l’aut’ moitié du globe.

Villageois 2
J’y travaille. Au moins, on a plus les prêtres à nourrir.

Villageois 1
Non, seulement les seigneurs et les danseuses.

Villageois 2
C’la dit, elles se trémoussent plus joliment qu’les curés.

Ils sortent.

Épilogue
Arrive une femme vêtue d’un costume mêlant mode antique et indienne, une sorte de mélange d’un sari et d’une toge grecque.

L’Histoire
Je suis l’Histoire. La grande Histoire, faîte de toutes les petites histoires des femmes et des hommes.  Une Histoire qu’on écrit au gré des souvenirs, une Histoire bafouée dans ses vérités mais pourtant chérie par ceux qui l’utilisent aussi bien que par ceux qui la servent. Les graines du mensonge ont semé dans mes branches les plus belles fleurs, les graines de la vérité ont donné les plus beaux fruits. Et pourtant, pas de fruits sans fleurs.
Cette histoire que vous venez d’entendre est une fleur mensongère, une chimère, qui pourtant est à jamais marquée dans vos esprits et insérée dans le cours du temps. Saurez-vous en tirer des fruits ?
Seule l’histoire nous le dira : la vôtre, qui reprend dès à présent ; quoiqu’en vérité… elle n’ait jamais cessé.


Fin
Hibiki
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