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Message par Irène d'Aubeville Lun 26 Juil - 22:28



Enfin chez soi !

Il allait certainement encore leur falloir du temps pour véritablement prendre possession des lieux mais Irène se sentait déjà bien ici. C’était un univers qui avait connu des rires, des fêtes, des malheurs, de la vie… Le vécu de cette maison la remplissait d’une bonne énergie. Tout était plus grand, moins étroit et cela faisait du bien. Ils retrouvaient un peu leur vie d’avant. Une vie plus joyeuse, moins proche de leurs sous.

Et en parlant de ça !

Irène avait encore expliqué à Cassandre que non, elle savait ce qu’elle faisait avec leurs finances et qu’elle n’avait d’ailleurs qu’à s’en prendre à elle-même car elle faisait tant d’économies et de ventes qu’ils se retrouvaient avec bien plus que nécessaire pour vivre décemment. Elle savait qu’ils avaient tous besoin d’une aide. Celle de Guillaume et de ses compagnons avait été très appréciable pendant quelques mois et leur absence commençait tout de même à se faire sentir. Alors Irène n’en démordait pas, il leur fallait quelqu’un. Elle tenait à prendre une femme, ils seraient tous plus à l’aise, elle la première. De plus, elle tenait à offrir un logement et un souper à quelqu’un qui en aurait besoin. Cassandre serait certainement d’accord pour ne pas laisser quelqu’un dans la panade.

Malheureusement, pour le moment, cela n’était pas très concluant. Cassandre se méfiait de tout le monde. La référence de celle-ci était trop obscure, le nez de l’autre se fronçait quand elle évoquait son histoire, donc elle mentait… Irène ne souhaitait pas la contrarier, mais elle commençait à épuiser ses possibilités. Grâce aussi commençait à balancer ses pieds sous la grande table de la salle à manger.

- Quand est-ce qu’on trouve, maman ?

- Eh bien, bientôt… J’espère… mais ce n’est pas simple pour le moment.

Si seulement la candidate parfaite pouvait passer la porte…


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Message par Eldred Kjaersen Mar 27 Juil - 11:08





Après un rapide passage par l’auberge comme prévu, Eldred avait pris le chemin de la nouvelle demeure d’Irène en compagnie de sa compatriote fraichement trouvée. Ils n’eurent pas vraiment le loisir de parler ou tout du moins, dût-elle se contenter de l’écouter parler de la famille d’Aubeville pour ce qu’il en connaissait.
D’ailleurs il se demandait si Cassandre serait là, elle aussi. Les choses semblaient enfin s’apaiser pour elle et il en était ravi. Pourvu que cela dure.

Le zakrotien frappa deux petits coups secs à la porte puis entra dès qu’il entendit une vague réponse de l’intérieur de la demeure. Il n’était encore jamais venu ici, mais c’était nettement plus grand que l’ancienne boutique. Il demeura un court instant perdu, comprenant soudainement la surprise et le léger malaise de sa petite valkyrie suite à ce déménagement.

Il fit de nouveau quelques pas jusqu’à arriver auprès de la maitresse de maison. Il s’inclina  poliment puis la salua :

— Bonjour Dame Irène, je suis désolé de vous déranger et j'en profite pour vous offrir mes félicitations pour la naissance de vos enfants. Vous êtes rayonnante en tout cas. Mademoiselle Grâce. fit-il dans une nouvelle légère révérence.

Il se tourna ensuite vers sa compatriote pour la présenter.

— Je vous présente Ingrid, c’est une amie d’enfance que j’ai retrouvée perdue par hasard sur la place du marché. Elle ne parle pas monbrinien…

Il regardait toujours la zakrotienne qui n’avait pas intérêt à démentir son mensonge ni lui faire la moindre honte. Elle n’avait pas le choix et c’était la meilleure solution à disposition. Eldred reporta son attention sur Dame Irène.

— En fait, elle n’a nulle part où aller et comme elle ne parle pas langue c’est très compliqué. Si on se rend compte qu’elle est de Zakros, on risque de la mettre en esclavage, vous comprenez ? Je sais que c’est beaucoup vous demander alors que nous nous connaissons peu, mais… auriez-vous la possibilité de l’aider pour quelques jours ?



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Message par Ingrid Mar 27 Juil - 18:29



Cinq enfants. Une mère seule avec cinq enfants. Cela aurait pu être un couple de personne âgées et leur bru. Ou encore un jeune couple sans enfants. Non il faut qu’il y en ait cinq. Cinq gamins avec des petites joues rebondies et de grands yeux innocents. Enfin quatre, puisqu’il a plus ou moins décrit l’aînée comme une teigne. Peste, teigne, c’est pareil. Une adolescente exigeante et peu commode. Marie aurait pu avoir treize ans elle aussi. Un jour. Dans trois ou quatre printemps. Est-ce qu’elle aurait été gentille ? Non, sans doute pas. Elle aurait dû l’appeler maîtresse et baiser ses chaussures sans doute. Ou pas. Qui sait. Ingrid se mort la langue. Ça n’arrivera jamais et cette Cassandre n’est pas Marie. Et elle n’a aucune raison de lui faire du mal à elle. Elle ne connaît pas son secret. Et les cinq petits ne seront pas abandonnés sur le parvis d’une église. Rien n’arrivera jamais. Ce n’est pas pareil. Elle a déjà travaillé pour une famille une fois, et cela s’est bien passé. Il n’y a pas de raison que les choses tournent au vinaigre. Ces enfants ne sont pas Marie et le petit George. Les morts sont morts et les fantômes ne franchiront pas les limites imposées. Les enfants n’en pâtiront pas. En plus elle a juré. Même si mourir d’une lame zarkotienne est de loin l’une des meilleures morts qu’elle a pu entrevoir. Si quelque chose va mal, elle partira. Elle quittera la ville, même si ses lunes ne sont pas encore passées et puis voilà.

Eldred – la princesse nulle en diplomatie – frappe à la porte. La jeune femme serre les dents si tant est que cela soit encore possible et se concentre sur ce détail. Elle ne doit pas faire de faux pas. Quitte à dépendre en grande partie de l’âme charitable des gens qu’elle croise, autant éviter de faire mauvaise impression dès le départ et se retrouver à faire du porte-à-porte jour après jour.

Une jeune femme qui doit avoir à peu près son âge apparaît, son ventre portant encore les quelques rondeurs d’après l’accouchement. Elle incline la tête pour saluer à son tour Dame Irène et Mademoiselle Grâce. Eldred aussi s’incline. C’est curieux de voir comment le zarkotien arrogant et insupportable qu’elle a abordé dans la rue est soudainement devenu un jeune homme très poli, qui s’incline face à une Dame et sa Mademoiselle. Devant combien d’autres a-t-il dû s’incliner lui aussi ? Il a beau parler de cette femme comme d’une amie, il se comporte avec elle comme si elle lui était supérieure en tout points. Parce qu’ils sont réduits à l’état de rats en laisse. Elle ouvre la bouche alors qu’il se tourne vers elle mais n’a pas le temps de dire qu’elle s’appelle Brunehaut. Il a déjà dévoilé son véritable nom. Donc sous prétexte que c’est son amie, elle doit tout savoir ? Ah non, elle est une amie d’enfance. Donc c’est lui qui choisit les mensonges qu’il raconte ? C’est proprement ridicule. Il s’agit encore d’elle. Ingrid l’amie d’enfance retiens de justesse un regard noir de colère. La laisser se présenter, ça ne lui est pas venu à l’idée ? Non, elle, elle n’a pas voix au chapitre. C’est sans doute parce qu’il lui propose son aide. Quelque part, c’est légitime, mais ne plus rien contrôler… Il devrait savoir ce que ça fait nom de nom !

Il continue de parler. Ingrid se concentre sur ces paroles, pour savoir combien de fois elle devra frapper elle ne sait encore quoi au lieu de lui. On ne frappe pas les gens qui vous aident. Un coup par secret et un autre de plus pour le mensonge.

Il parle vite, malgré son accent rocailleux. La jeune femme ne saisit pas grand-chose, jusqu’à ce qu’il évoque Zarkos. Ca elle comprend. C'est un mot simple, court, et très beau, contrairement à d'autres...…Esclavage… Ingrid tourne la tête vers son prétendu ami d’enfance, ahurie. Il ne l’a quand-même pas menée jusqu’ici pour la dénoncer ? Il n’aurait pas osé faire ça ? Ce n’est pas possible… Non ce n’est pas possible, sa demande le lui confirme quelques instants plus tard. Et heureusement pour lui. Un serment est un serment. A la minute où elle aurait vu des soldats s’approcher d’eux, elle l’aurait éventré. Quitte à mourir, autant qu’il paye sa traitrise. Fort heureusement pour tous les deux, ce n’est pas le cas.

Puisqu’il a fini de dévoiler ses secrets les uns après les autres, et il a de la chance de s’en tirer à si bon compte, Ingrid confirme son histoire par un sobre hochement de tête et une petite révérence. Il a dit que Dame Irène savait parler le zarkotien, elle peut peut-être envisager de se présenter elle-même maintenant. A moins que sa nouvelle nounou ne le lui interdise.

— Bonjour... Dame Irène. Je m'appelle Ingrid.

Elle en profite pour jeter un regard en biais à Eldred. Elle sait se débrouiller toute seule, il n'a pas besoin de jouer les nounous, même si cela part d'une bonne intention.
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Message par Cassandre Velasquez Jeu 29 Juil - 22:05

Irène avait beau insister pour recruter une employée, Cassandre ne le sentait pas. Une inconnue dans une maison, on je savait jamais ce que ça allait faire. Son frère avait bien oser voler sa propre famille. Alors une personne sans liens n'aurait aucun remords pour dérober leurs économies. Sa marraine tenait cependant à ce projet. Elle faisait ainsi semblant de se plier mais s'efforçait de trouver toujours un argument susceptible de persuader Irène. Par exemple, la première était très bien, mais elle ressemblait étonnement à une femme qu'elle avait justement aperçu voler des dattes sur le marché. Pour la seconde, elle avait prétendu lui trouver un teint malade. Or, pour gérer un ménage, il fallait une bonne santé. Lors de la troisième, elle joua à la petite fille innocente et assura que celle-ci lui convenait, puis dans le dos d'Irène elle lui murmura que ça allait être drôle de la torturer au moment où celle-ci s'y attendrait le moins d'un sourire sadique. Elle avait décliné l'offre d'elle-même, facilement intimidée. Quelle nature fragile ! Son petit jeu dura longtemps mais son imagination ne connaissait aucune limite. Pour chaque candidate, elle réussissait toujours à inventer une nouvelle raison.

Au bout d'un moment, Cassandre mima un bâillement quand Grâce manifesta son impatience.


"C'est long, oui, et c'est ennuyeux tout ça !"

En réalité, la fillette s'amusait bien. C'était drôle comme jeu et ça ne portait pas à de mauvaises conséquences. Elle simula cependant le contraire et s'appuya sur la table d'un air las.

Soudain, la porte s'ouvrit et Cassandre attendit un peu avant de se relever. Elle ne devait pas montrer trop d'empressement. Elle sursauta n'entendant la voix d'Eldred. Elle se releva et l'aperçut accompagné d'une femme. Un sourire narquois lui vint et elles exclama :

"Eldred ! C'est ta nouvelle maîtresse ?"

Elle pouffa puis l'entendit exposer la situation de la jeune femme. C'était une zarkotienne et son amie d'enfance ? Une idée commença à germer dans son crâne. C'était plus sûre ça que faire entrer une totale inconnue dans la maison. Cassandre se leva et courut enlacer Eldred puis se tourna vers la dénommée Ingrid.

"Bonjour Ingrid ! Moi, je m'appelle Cassandre ! Et elle là-bas, c'est Grâce. Ma petite sœur."

Elle se tourna vers Irène, tout sourire.

"Et si vous l'engagiez ? C'est une amie d'Eldred depuis leur enfance ! Alors, elle est forcément fiable ! Eldred, il emmènerait jamais de méchant à à la maison !"
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Message par Irène d'Aubeville Ven 30 Juil - 19:04



Alors que Cassandre commençait elle aussi à se plaindre avec un accent trainant d’ironie, Irène leva les yeux au ciel avant de hausser un sourcil moqueur dans sa direction.

- Autant dire à toutes les candidates de partir alors, ça leur économisera une belle frayeur…


Alors qu’elle se pensait sérieusement sur le point d’abandonner, surtout qu’elle avait l’impression qu’il n’y avait plus personne, deux coups se firent entendre. Elle l’autorisa à entrer et sourit en voyant Eldred. Cela faisait si longtemps ! Elle sourit.

- Bonjour, Eldred, je suis très contente de te revoir !


Elle inclina la tête aux félicitations et grâce rosit face à sa salutation. Irène observa avec curiosité la jeune femme à son côté. Elle secoua la tête à la remarque de Cassandre. Ça, contrairement à la maison, ça ne changeait pas… Elle la laissa cependant aller saluer son ami puis écouta sa présentation. Elle se leva pour aller les voir. Irène entendit le problème et s’adapta aussitôt, surtout en entendant le salut timide d’Ingrid.

- Góðan daginn gaman að kynnast þér.

Elle espérait que son accent s’était un peu amélioré depuis la dernière fois… Irène hocha la tête en comprenant le problème. Elle n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche que déjà Cassandre la devançait. Elle hocha la tête alors que Grâce faisait un petit signe gentil à la grande dame.

- Bonjour…

- Ma foi, si c’est la seule que tu acceptes !


Elle se tourna vers Eldred car incertaine de sa traduction.

- Ce serait pour prendre soin des enfants quand je suis à la boutique. Comme leur chambre est littéralement dans une autre maison, ça devient indispensable, surtout que je ne peux pas toujours déplacer le couffin. Je peux la loger et la nourrir, si elle ne craint pas de dormir sur un simple canapé avec un couverture. Elle pourra aussi aller où elle le veut les jours où je n’aurais pas besoin de sa présence ou dès que la boutique sera fermée. Ce sera un plaisir de l’aider.

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Message par Eldred Kjaersen Dim 1 Aoû - 10:58





Qu’elle le fusille ou non de ses yeux colériques, Eldred sentait le regard pesant d’Ingrid qui tentait de l’écraser de tout son poids. Si elle voulait commençait à vivre elle allait devoir s’habituer à faire confiance c’était comme ça que fonctionnait le monde. Il n’avait de plus rien dit de dangereux excepté son nom. Mais qu’était-ce un nom lorsque l’on pouvait se présenter comme Erik ou Björn ? Quant à son petit mensonge, c’était ce qu’il fallait pour débloquer la situation. Or, celui qui avait le plus à craindre et à perdre dans l’histoire c’était lui. Alors, elle pouvait bien fermer sans gueule grande comme le Ginnungagap et faire preuve de reconnaissance ne serait-ce qu'une fois dans sa vie.

Lui aussi était heureux de revoir Irène, cela faisait long moment qu’ils ne s’était pas vu – décembre n’ayant pas été des plus propices –. D’ailleurs, il découvrait les lieux avec grand plaisir… jusqu’à ce que Cassandre ne fasse son apparition. Sa maîtresse ? Il arqua un sourcil et dévisagea « son amie » : elle était loin d’être vilaine, on ne pouvait pas dire le contraire, quoique son aigreur l’enlaidisse quelque peu…

— Bonjour ma petite valkyrie ! Hmm, non. Désolé de te décevoir. Je crois qu’elle préfèrerait coucher avec un troll plutôt qu’avec moi.

Mieux valait en rire… et puis il avait assez d’une femme à porter sans en rajouter une deuxième qui ne faisait que râler. Cassandre semblait en tout cas enthousiaste à l’idée de l’embaucher et de ce qu’il comprenait, elle avait visiblement mené la vie dure à sa tutrice sur ce point. Ce qu’elle pouvait être incorrigible ! Irène expliqua la mission qui serait la sienne et vu les regards incompris qu’elle avait tiré à son explication doublée d’une présentation, il jugea préférable de traduire en zakrotien pour son amie d’enfance.

—Si tu ne crains pas de dormir sur un canapé Princesse-râleuse, elle te propose de te nourrir et de te loger si tu acceptes de t'occuper de ses enfants durant ses heures de travail. On est ici dans sa maison et la boutique se trouve dans la maison voisine, ce qui n’est pas pratique pour elle en l’état. En dehors de tes heures de travail tu seras libre de faire ce que bon te semble. Tu as des questions peut-être ?

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Message par Ingrid Lun 2 Aoû - 0:54




A peine ont-ils franchi la porte qu'une petite tornade vient les saluer, un sourire de mauvaise augure plaqué sur le visage. Ce ne peut être que la fameuse petite peste. Sa remarque lui échappe, en revanche le regard que lui porte Eldred non. Qu'est-ce qu'il a à la dévisager comme ça ? On dirait qu'il regarde un morceau de poisson dont il essaierait de juger la qualité. Il s'adresse à sa petite valkyrie (au moins un mot qu'elle connaît, même si cela lui fait tout drôle de l'entendre associé avec une autre langue). C'était donc ça. Une vraie petite peste en effet. Ce qui est surprenant c'est qu'elle paraisse si à l'aise avec ces choses-là à son âge. Au moins, elle a du caractère ça c'est sûr et ce n'est pas pour lui déplaire. Reste à voir si elle a la même fâcheuse habitude d'Eldred a toujours vouloir avoir le dernier mot et proférer des bêtises insupportables. En attendant, elle se tourne vers le principal intéressé par la question de la fillette.

- Je ne couche pas avec mes amis d'enfance, votre précieuse majesté, qu'ils soient homme ou troll. D'ailleurs je ne couche avec personne et ça ne changera jamais. Mais ceci ne regarde que moi et fouiner n'apporte jamais rien de bon, termine-t-elle à l'intention de Cassandre, davantage pour la forme puisqu'elle n'a sans doute pas compris un traître mot de ce qu'Ingrid vient de dire.

Puisque ce menu détail semble réglé, elle peut enfin espérer saluer la maîtresse de maison en bonne et due forme. Celle-ci fait l'effort de lui répondre en zarkotien et la jeune femme ne peut qu'apprécier le geste, même si son accent n'est pas parfait. Elle-même n'a pas réellement parlé sa langue maternelle depuis une éternité avant aujourd'hui, elle se gardera donc de toute remarque.

- Moi de même.

La petite valkyrie à la langue bien pendue ne tient décidément pas en place. Et son débit rend la compréhension compliquée. Ingrid arrive tout de même à saisir qu'elle se présente, ainsi que Mademoiselle Grâce et qu'elle est… forcément fiable ? Les enfants sont bien naïfs. Elle ne leur fera effectivement aucun mal mais déterminer aussi rapidement de la fiabilité d'une personne… ce n'est vraiment pas prudent. Elle se concentre tout de même pour lui rendre son salut en monbrinien. À priori, elle doit dire "Bonjour" et rajouter leurs prénoms donc Cassandre et Madem- non juste Grâce. C'est ainsi qu'ils procèdent tous. Bonjour maître, bonjour Irène, bonjour Eldred, bonjour Ingrid, bonjour madame, bonjour monsieur…

- Bonjour, Cassandre. Bonjour, Grâce, répond-elle, hésitante.

En espérant que son raisonnement soit juste, il lui semble qu'elle a déjà fait beaucoup d'efforts. Il y a intérêt qu'ils servent à quelque chose. Il semblerait que oui, puisque Irène parle de la prendre à son service, avant de sans doute détailler les conditions de l'arrangement, qu'Ingrid ne comprend pas, malgré tous les froncements de sourcils concentrés du monde. Il y a beaucoup trop de mots et ça va beaucoup trop vite. Heureusement qu'en plus d'être un (piètre) diplomate, son ami d'enfance a également reçu une formation d'interprète !

Non dormir sur un canapé ne la dérange pas, surtout si elle est nourrie avec ça. Contrairement à certaines princesses aux narines délicates qu'elle ne nommera pas, elle n'est pas douillette. Ce qui la dérange c'est que sa tâche principale consiste à côtoyer des enfants à longueur de journée mais elle n'en laissera rien paraître. Il ne lui a pas fallu longtemps pour peser le pour et le contre : cette proposition est très avantageuse, elle marquera peut-être un peu plus ce mois-ci si nécessaire et se débrouillera pour s'accommoder de cette situation. Ce n'est que pour un mois après tout.

- Je suppose que la petite valkyrie est autonome, cela signifie donc bien que je serais en charge des trois plus jeunes, et qu'en est-il de Madem- Grâce ?

Ingrid réfléchi encore quelques instants, le temps d'analyser la situation dans son ensemble et d'en évaluer les divers risques potentiels avant d'ajouter un dernier détail, modifié pour paraître crédible aux yeux de tous.

- Pour les gens de cette ville, je suis muette, c'est plus simple à expliquer. Ce serait aimable d'en tenir compte.

Et si la réponse est négative, il ne lui reste plus qu'à quitter la ville dès la nuit tombée. Tant pis. Elle sera bien reposée et restaurée, c'est déjà ça de gagné. A moins qu'attendre quelques jours soit moins suspect. Oui, elle attendra un ou deux jour avant de partir, on y prêtera moins attention.
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Message par Cassandre Velasquez Lun 2 Aoû - 11:46

Cassandre rit discrètement de la répartie d'Eldred sur le fait de coucher avec un troll. Elle se rapprocha et lui murmura à voix très basse :

"On lui organise une rencontre avec Alexandre alors ?

Ce n'était pas parce qu'ils avaient réglés leur opposition qu'elle n'allait pas continuer à se moquer de lui. Et puis, elle agissait comme ça avec tout le monde. Alors, c'était parfaitement juste comme réflexion.

Là dessus, Cassandre se présenta à Ingrid et celle-ci la salua aussi. Elle paraissait tendue. Inquiète peut-être aussi. C'était d'arriver dans une maison remplie d'inconnues ? Elle pouvait le comprendre. La fillette ne se sentait pas non plus à l'aise en débarquant dans cette maison. Si la zarkotienne venait du même pays qu'Eldred, elle avait dû vivre des choses difficiles et faire confiance aux étrangers, c'était impossible. Question de survie. Elle se décida de ne plus la fixer et préféra se tourner vers Irène et Eldred. Dans une situation comme ça, elle détestait qu'on qu'on la regarde comme un animal.

Irène donna à Eldred ses besoins pour la personne à recruter et celui-ci commença à traduire. Cassandre lui tira la manche et s'exclama avec fierté.


"Ajoute que moi j'ai pas besoin de nourrice. Je suis plus un bébé. Et c'est moi qui fait les courses."


Cassandre acceptait de faire confiance à cette femme car c'était l'amie d'Eldred mais elle n'allait pas lui confier leurs économies. Comment savoir si celle-ci ne les roulerait pas en mettant des pièces de côté et en prétendant que les prix avaient augmenté ? Elle avait bien vu combien c'était facile à faire quand elle travaillait au lupanar.

Ingrid répondait t Cassandre trouvait ça agaçant de ne pas comprendre les conversations entre elle et Ingrid. Elle voulait parler cette langue. Elle voulait comprendre qu'ils pouvaient bien se dire. Et pis, ça pouvait être toujours utile. Une idée lui germa alors dans l'esprit. elle releva la tête vers Ingrid.


"Dis, Ingrid, si tu m'apprends à parler zarkotien, je t'apprends à parler monbrinien."

Ce ne devrait pas être si difficile. Quand elles cuisineraient, en faisant des gestes, en fonction des situations, elles pourraient peu à peu acquérir du vocabulaire de l'autre langue.
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Message par Irène d'Aubeville Mar 3 Aoû - 18:16



Irène sentait comme une tension entre les deux amis d’enfance mais ne dit rien. Se charrier restait monnaie courante après tout… Elle secoua la tête quand Cassandre fit encore des siennes et sourit en voyant Ingrid répondre. Elle ne comprit que quelques mots mais cela suffit à la faire sourire. Elle en profita pour observer un peu mieux Ingrid. Il y avait chez elle quelque chose de flamboyant, sans doute d’une part à cause de tes cheveux roux et d’autre part pour une impression qu’elle ne savait pas vraiment expliquer… Elle espérait que cette intuition ne soit pas de mauvaise augure.

Mais après tout, elle semblait très bien, calme et tout à fait travailleuse, ce qu’elle avait besoin pour le moment. Elle lui sourit quand elle lui répondit. Il semblait encore y avoir une retenue, comme si elle était gênée d’être là mais Irène espérait que cela s’estomperait et qu’elles pourraient s’entendre. Elle s’illumina davantage et hocha la tête quand elle parla monbrinien, certes avec un accent encore tremblant, mais cela ne devait pas être pire que le sien !

Grâce elle aussi fut ravie et battit des mains avant de sauter de sa chaise pour venir saluer Ingrid.

- Bonjour, Ingrid ! Je suis contente de te rencontrer !


Elle sembla accepter toutes les conditions et demanda simplement des précisions. En entendant Grâce, Irène crut comprendre et se tourna de nouveau vers Eldred.

- Grâce peut se gérer toute seule. Elle est de toute façon souvent avec ses frères et sœur, vous pourrez donc garder un œil sur elle.

Elle reconnut également la méfiance de Cassandre mais cette fois ne put lui en vouloir. Pour l’argent, mieux valait être prudent, même si elle avait pris ses précautions, sans en toucher un mot à personne. Elle sourit cependant de la proposition généreuse de sa pupille et hocha la tête.

- Je suivrai aussi de loin s’il y a des cours, je suis un peu rouillée.

Pas tant que ça puisqu’elle saisit tout de même le mot « muette ». Elle comprit alors le problème d’Ingrid.

- Je vois… Ça ne me pose pas de problème. Si jamais quelqu’un vous entend parler, ce sera effectivement la mise aux fers et c’est hors de question. Je m’en tiens à votre version et pour le reste, nous verrons plus tard. Cela vous va ?

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Message par Eldred Kjaersen Mer 4 Aoû - 22:32





Eldred esquissa un discret sourire à l’intention de sa petite valkyrie.

— Il lui manque quelque chose pour qu’elle soit à son goût rétorqua-t-il d’un clin d’œil.

Ce à quoi Ingrid s’empressa de répondre en zakrotien. C’était sans doute pour cela qu’elle était si tendue après tout. Il nota cependant son « jamais », car il serait ravi de lui resservir sur un plateau d’épicéa si elle venait à manquer à cette parole. Il s’inclina ironiquement devant elle.

— A votre guise, princesse.

Passé ce petit intermède, il les laissa faire connaissance, sans intervenir puisque sa traduction n’était pas requise. Il ne reprit que lors des explications d’Irène, car il doutait qu’elle n’ait pu comprendre le quart de ce qui avait pu être échangé à cet instant. Elle l’interrogea sur les deux ainées, mais fut une première fois coupée par Cassandre vers qui il se retourna puis vers Irène qui répondit en monbrinien. Il acquiesça et traduisit dans la foulée :

— La petite Valkyrie est autonome, c’est elle qui est en charge de faire les courses, tu n’auras donc pas à t’en charger. Grâce peut se gérer seule, mais elle reste souvent avec le reste de la fratrie. Tu pourras donc garder un œil sur elle.

Il devinait sa méfiance habituelle avec les étrangers et la comprenait aisément. Il ne pouvait qu’approuver. Il en demandait déjà en leur demandant de lui faire une place sous ce toit et si ce n’était pas par fraternité il n’aurait jamais osé faire une telle chose, mais après tout elle avait juré. Tout irait bien. D’ailleurs cela commençait bien puisqu’elle lui proposa de lui apprendre le monbrinien en échange du zakrotien.

— Elle veut t’apprendre le monbrinien en échange du zakrotien. Tu devrais accepter. Rester « muette » est trop dangereux pour toi. puis à Cassandre — Je verrais si tu as bien appris tes leçons litla valkyrjan mín.
Ingrid en profita pour renchérir sur son problème de mutisme, à juste titre. Une nouvelle fois, Irène comprit le problème, il afficha un sourire.

— Vous n’êtes pas si rouillée que cela, Dame Irène ! Je n’ai même pas besoin de traduire. Je suis rassuré de voir que vous pourrez au moins la comprendre à défaut de communiquer fluidement.

Par précaution, il préféra faire l’interprète et reprit donc en zakrotien :

— Elle comprend et s’en tiendra à ta version. Elle ne veut pas que tu sois arrêtée à cause de cela. Vous verrez le reste plus tard. Ça te va ? Qu’en dis-tu ? s’enquit-il réellement, soucieux qu’elle se sente à l’aise parmi la famille avec qui elle allait vivre.

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Message par Ingrid Ven 6 Aoû - 15:15



Tous ces gens à l’attitude si bienveillante d’un seul coup, toute cette attention dirigée sur elle, c’est déstabilisant. Curieusement, hier à la taverne, cela ne la dérangeait pas, mais en plus petit comité, les choses sont différentes. Ce n’est pas normal qu’elle rencontre autant de personnes gentilles en si peu de temps, cela cache forcément quelque chose. De tous ceux qui le pourraient, aucun n’a vraiment pas l’air de dissimuler de mauvaises intentions pourtant. Il faudra qu’elle reste très vigilante, au moins les premiers jours. Et qu’elle repère rapidement des endroits par où s’enfuir. Au cas où.

- Ce n’est pas moi la princesse, madame-au-nez-fragile, rétorque-t-elle en croisant les bras.

A sa salutation maladroite, la petite Grâce s’approche d’elle, toute pleine de joie de vivre. Ingrid ne peut s’empêcher de reculer, le regard absorbé par la fillette en face d’elle. Elle est si petite… Comment est-ce qu’elle pourrait s’occuper d’enfants encore plus fragiles ? Un coup d’œil à ces quatre regards fixés sur elle lui permet de retrouver ses sens. Bien sûr qu’elle peut. Elle doit. Ce ne sont pas les mêmes personnes. Tout se passera bien et le pire qui puisse arriver serait sans doute qu’elle rompe son serment et qu’Eldred la tue, ce qui en soit n’est pas une si mauvaise chose. Tout va bien se passer.

Doucement, raide comme un manche à balais, elle pose sa main sur la tête de Grâce et caresse sa petite tignasse brune, à défaut de lui sourire. Ses cheveux sont si doux sous sa main osseuse qu’elle aurait pu la laisser là encore un moment si cela n’était pas si… bizarre. Mieux vaut ranger cette main à sa place, à savoir dans sa jumelle, là où elles ne causeront de mal à personne.

Cet incident révolu, ils peuvent discuter de l’arrangement qui se tisse entre elle et la Dame Irène, jusqu’à ce que Cassandre lui coupe la parole, pour être immédiatement traduite par Eldred. Tout comme sa mère, qui s’est entre temps chargée de répondre à sa question. Elle doit admettre que sans lui elle aurait été perdue. Cette discussion met à rude épreuve sa petite cervelle de sotte et comprendre tout ce qu’elles débitent s’avère de plus en plus difficile. Saisir un mot au vol au milieu d’une trentaine ne sert strictement à rien. Heureusement qu’il est là, mais il reste une princesse impertinente aux goûts de luxe. Elle lui tire mentalement la langue, même si c’est s’abaisser à son niveau. Au moins cela fait un bien fou.

- C’est compris. Mais tu peux lui dire que je ne comptais pas lui voler son travail. Je ne fais que ce qu’on a besoin que je fasse, ce serait inutile et complètement stupide de vouloir faire ce qui n’a pas besoin d’être fait deux fois.

Elles veulent qu’elle garde les enfants ? Elle gardera les enfants. Elles ne veulent pas lui confier leur argent et l’envoyer au marché ? Moins elle sort, mieux c’est de toute manière, alors elles n’ont pas besoin de prendre mille et une précautions de cette manière, même si c’est parfaitement compréhensible.

Ingrid tourne la tête vers Cassandre en entendant son prénom. A nouveau, la traduction s’avère indispensable. Elle se contente de hocher la tête, pour ne pas sortir du rôle contraignant de l’amie d’enfance. Elle n’a pas besoin qu’on lui dise ce qu’elle a intérêt à faire, elle est capable de choisir toute seule. Et puis d’abord elle ne « reste pas « muette » » elle est muette. Elle s’est simplement trouvée forcée de faire des exceptions à tours de bras en l’espace de quelques heures, c’est tout. Oui ce n’est pas très pratique de ne pas tout comprendre et de ne pas être tout le temps comprise, mais cela la protège et si elle a choisi de procéder ainsi, c’est pour une bonne raison. Mais déjà, la chose semble entendue, puisque sa toute nouvelle employeuse a déjà décidé d’assister aux leçons qu’elle n’a pas encore accepté de donner. La fin de sa phrase la fait froncer les sourcils. Rouillée ? Comment un être humain peut-il être couvert de rouille… A moins que cela ne signifie qu’Irène est défectueuse… Oui on dirait que c’est effectivement quelque chose du genre puisqu’Eldred « n’a pas eu besoin de traduire ». Ingrid pousse un soupir.

- Entendu. Mais je pensais qu’avec le temps tu avais compris que j’étais seule capable d’évaluer les risques que je souhaite prendre mon ami. Ce n’est pas grave, je te pardonne, au nom de notre amitié de longue date.

Cette petite pique plus que largement méritée envoyée, elle évoque un dernier détail qui a son importance : son mutisme, dont il vient déjà d’être plus ou moins question. Irène a l’air d’accepter, tout comme le lui confirme la traduction quelques instants plus tard. Dans ce cas, elle peut rester. Elle se tourne vers la mère de famille, et incline la tête.

- Merci Maî - Dame Irène. Son cœur manque un battement. Pourvu que personne n’ait rien remarqué. Maidame Irène, répète-t-elle plus vite, pour rendre son erreur la plus naturelle possible.

A force de rajouter maître devant les quelques mots qu’elle a déjà eu à prononcer, ça a fini par devenir un stupide réflexe. Comme si tous les mots de l’affreuse langue monbrinienne devaient automatiquement se terminer de cette horrible manière dans sa bouche. Quelle espèce d’idiote ! Et quelle langue immonde ! Elle ne veut pas parler la langue de cette pourriture. Elle ne veut pas que sa bouche prononce les mêmes mots qu’il a pu prononcer un jour ou l’autre. Pourtant il va falloir. La jeune femme se tourne vers Eldred.

- Oui ça va, répond-elle autant pour lui que pour s’en convaincre elle-même alors que ses entrailles n’en font qu’à leur tête et qu’un goût de bile a envahi son palais.

- Merci de ton aide.

Tout ira bien. Ça va passer, comme d’habitude. Ce n’est qu’un léger désagrément. Il n’y a pas de raison que les choses aillent mal avec cette famille un peu particulière. En plus elles seront entre femmes, pas d’imbécile de mari pour venir ternir le tableau. Quant aux autres… elle peut venir à bout d’une gamine sans problème si celle-ci décidait de venir lui chercher des noises et la mère de tout ce petit monde n’a pas l’air d’être du genre à vouloir des choses bizarres.

- Tout ira très bien.
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Message par Cassandre Velasquez Ven 6 Aoû - 16:39

Cassandre pouffa discrètement de la remarque d'Eldred mais ne dit rien de plus. Elle suivit avec plus d'attention la conversation même si beaucoup d'informations ne lui étaient pas accessibles à cause de l'autre langue. Quelle plaie ! Comment elle pouvait décider de se faire une opinion correcte si elle ne comprenait pas Ingrid ? Heureusement, il y avait Irène pour expliquer ce qu'elle attendait et Eldred devait traduire ses paroles. Quoique... Et s'il ajoutait un mot sur elle, une taquinerie destinée à l'embêter ? Ou alors à ennuyer Ingrid ? Elle pourrait le faire, elle. Elle trouverait ça trop drôle. Comme avec Nehalan, quand elle lui avait raconté travailler dans une boulangerie. Et il y était allé, sans imaginer qu'une inconnue pourrait mentir !

désireuse de ne plus se sentir exclue des discussions, Cassandre proposa à Ingrid de lui apprendre le monbrinien en échange de faire le même avec as propre langue. Irène se montra plus enthousiaste que la jeune femme.


"Oh oui ! Et puis, ça doit pas plus être compliqué que d'apprendre à lire !"

Comment Sylvère ferait pour enseigner une autre langue ? Il lui avait appris l'alphabet et ses premiers mots à partir d'exemple qu'elle connaissait bien. Alors, elle devrait sûrement faire pareil. Peut-être en faisant une activité tout en discutant ? Enliant les mots et les objets. Une idée commençait à lui venir à l'esprit alors que Cassandre continuait à observer les adultes et à scruter la moindre réaction. Surtout celles d'Ingrid. Le lapsus ne lui échappa pas. Mai... ? Elle était certaine que celle-ci avait voulu dire maîtresse et non ce madame mal prononcé. Un réflexe intériorisé par un esclave. A force de devoir le dire dire quotidiennement, on ne réfléchissait. Le fouet et le bâton brisait les volontés les plus coriaces. Ou leur dos. Elle ne fit aucunement la remarque. L'information lui suffisait. De toute façon, si c'était une esclave, alors elle lui devait assistance. Les esclaves s'entraidaient. Pour quoi ce soit. Comme quand elle avait été apporté ces tartines à Aud au risque de d'être punie. Ou quand elle avait offert cette identité à Jérémie.

Faisant semblant de rien, Cassandre s'exclama bruyamment :


"On pourrait faire la cuisine !"

La fillette se tourna vers Ingrid et mima l'action de verser quelque chose dans une marmite, puis de remuer . Elle s'obligea à parler pas trop vite.

"Faire la cuisine. En parlant. En discutant."

La fillette se tourna un instant vers Grâce eut un sourire espiègle. Elle pointa l'index vers as poitrine et dit lentement.

"Moi, petite fille."

Puis, elle tourna le doigt vers sa petite sœur.

"Et ça, c'est un bébé ! On dit comment bébé en zarkotien ?"

Là dessus, la fillette s'amusa à tirer la langue à Grâce, moqueuse.

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Message par Irène d'Aubeville Lun 16 Aoû - 18:10



Alors qu’Eldred traduisait pour elle, Irène observa un peu leur nouvelle colocataire. Elle ne semblait pas totalement à l’aise. L’idée d’habiter avec des inconnus qu’elle ne pouvait pas totalement comprendre sans doute. La réaction qu’elle eut avec Grâce la surprit. Elle n’avait peut-être pas l’habitude des enfants. Irène se pinça la lèvre. Si jamais elle voyait qu’elle n’était pas très à l’aise, elle pourrait sans doute lui confier d’autres tâches à faire, comme le ménage ou la cuisine. Cassandre pourrait alors reprendre son rôle même si elle ne doutait pas qu’Ingrid pourrait vite apprendre.

Grâce pour sa part fut un peu démunie. Elle s’attendait à un câlin… La drôle de dame finit par lui tapoter la tête mais elle trouvait ça quand même un peu bizarre… ce n’était pas vraiment comme ça que les adultes agissaient d’habitude. Peut-être que les Zarkotiens étaient tout simplement différents…

Irène sourit à Eldred et secoua la tête.

- Cela dépend pourquoi. Mais nous pourrons au moins communiquer. Sinon, nous emploierons tout simplement des gestes.

Elle regarda Cassandre en souriant également quand elle évoqua l’apprentissage.

- C’est différent, ça ne fait pas appel aux mêmes capacités mais tu t’en rendras bien compte toi-même.

Alors qu’Ingrid manque de commettre un impair, Irène se laisse prendre à son imitation. Elle s’arrête surtout sur le fait que son accent est bien à couper au couteau et qu’il est certainement très délicat de le cacher… Irène hoche la tête en souriant.

- C’est normal.

Elle se tourne ensuite vers Cassandre qui suggère une idée. Irène hoche la tête.

- Ce sera sûrement un bon entraînement.


Grâce, en revanche, apprécie beaucoup la pique et tira la langue.

- C’est pas vrai, je suis pas un bébé, je suis grande, j’ai presque cinq ans !

- Demoiselles, vos langues sont faites pour être dans vos bouches, gronda gentiment la mère de famille.

Grâce baissa la tête, un peu honteuse mais garda une petite moue. Elle avait trois petits frères et sœur, elle n’était certainement pas un bébé, d’abord !

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Message par Eldred Kjaersen Lun 16 Aoû - 22:07





Eldred resta un peu en retrait. Il allait de toute façon bientôt devoir les laisser pour rentrer à Frenn. Et puis tout le monde se débrouillait bien, excepté Ingrid qui faillit bêtement se trahir. Il ravala un soupir. Heureusement qu’on était chez Irène et non ailleurs. Et après c’était elle qui venait lui faire tout un foin mouillé pour ça ?! Comment avait-elle pu rester en vie si longtemps ? Ah oui, elle était muette. Ca valait mieux au fond. Au moins, personne ne releva son faux pas.

Cassandre semblait en tout cas motivée pour apprendre le zakrotien et enseigner le monbrinien ! Les leçons commençaient tout de suite, lui étirant un sourire attendri. Quant à aux chamailleries, c’était chose normale dans une fratrie et ce n’était que le début, si l’on considérait que les trois derniers étaient encore forts petits.

— Puisque tout le monde s’en sort très bien sans moi, je vais rentrer à Frenn. Je repasserai la semaine prochaine afin d’avoir de vos nouvelles. Dame Irène, il s’inclina légèrement merci infiniment d’avoir accepté de lui offrir le gite et le couvert.

Puis à Grâce :

—Mademoiselle, veuillez saluer vos frères et votre sœur pour moi.

Puis à Cassandre :

— À bientôt, ma petite valkyrie. J’espère que vous vous entendrez bien.

Enfin, il se retourna vers Ingrid et la serra fraternellement dans ses bras tout en lui murmurant pour ses seules oreilles :

— N’oublie pas ta promesse.
Une fois éloigné, il la regarda d’un petit sourire amical avant de lui faire à son tour ses adieux :

— J’espère que tu te plairas ici. Quand je reviendrai nous parlerons de ce fameux duel… Si tu as survécu à ma petite valkyrie d’ici là.

Ses commissures s’étirèrent définitivement taquines et il prit congé de la boutique-maison (vraiment très grande, il fallait le reconnaître).



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Message par Ingrid Mar 17 Aoû - 19:23



Ingrid laisse bien vite repartir Grâce qui paraît presque... déçue ? Un regard à sa mère lui confirme pourtant qu’elle a bien fait. Et si elle se mettait à croire qu’elle n’est pas capable de s’occuper correctement de ses enfants et décidait finalement de ne pas la prendre à son service ? Heureusement ce n’est pas le cas et la conversation se poursuitsur l’apprentissage de leurs langues respectives. La jeune femme se concentre sur la conversation et essaye de comprendre un maximum de choses mais ce n’est pas très concluant. Elle saisit simplement que Cassandre veut qu’elles cuisinent et surtout que personne n’a relevé son erreur stupide. Avec un peu de chance ils ont vraiment pris ça pour une faute de prononciation. Avec beaucoup de chance.

Elle relègue bien vite la question dans son esprit, de nouveau accaparée par la jeune fille qui s’est plantée devant elle, avec un regard malicieux. Qu’est-ce qu’elle a derrière la tête ? Ah elle veut plaisanter avec sa petite sœur. Il s’avère que ce n’est pas tout à fait cela. Dire bébé. Les battements de son cœur s’accélèrent, alors qu’Irène gronde ses filles. Bébé. Elle a dit bébé. Comment dit-on bébé. Et bien on dit bébé c’est tout ! Ca ne change pas, ce n’est qu’un bébé ! Un stupide bébé ! Qu’est-ce qu’on s’en fiche et contre-fiche de la langue dans laquelle on le dit ! C’est pareil. Pourquoi veut-elle absolument savoir ce mot-là ? Elle aurait pu lui dire comment on dit « table », ou « porte », ou « maison », ou « salade » ou « cheval », ou « la ferme », ou « je n’ai pas envie de répondre à cette question » ou encore « laisse-moi tranquille » et tout un tas de choses beaucoup plus utiles que juste « bébé ». Le mot zarkotien pour « bébé » est aussi vilain que son dos. Il ne mérite pas d’être prononcé. Il devrait ne jamais avoir existé. C’est un vilain mot, au même titre que Köttur, Skitr, kukalabbi, Mannfyla, Sonur tik et tellement d’autres encore ! Mais non, on attend d’elle qu’elle dise celui-ci, précisément ! Et bien elle le dira, même si ça lui arrache la gorge. Après tout elle doit « faire des efforts ».

- Ungbarn.

C’est bon ? On peut passer à autre chose maintenant que le caprice de mademoiselle est passé ? Eldred se remet à parler. Ça faisait un moment qu’elle ne l’avait pas entendu celui-là tient. Il remercie Dame Irène, s’incline… il s’en va ? Et comment est-elle sensée faire sans interprète alors que les gosses parlent mille fois trop vite et sont incapables d’intégrer qu’il faut ar-ti-cu-ler et parler dou-ce-ment si elle veut espérer comprendre ? Et comment est-elle devenue suffisamment stupide pour en arriver à penser qu’elle a besoin d’une aide constante alors qu’elle peut très bien se débrouiller toute seule ! Et qu’est-ce qu’il fait à s’approcher d’elle comme ça ?

Ingrid recule d’un pas. Il la prend dans ses bras. Comment ça ? Qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir lui faire des câlins ? Elle pendouille un instant avant d’enserrer prudemment son dos. Ah oui ils sont amis d’enfance. Quel mensonge stupide.

- N’oublie pas ta promesse.

Et puis quoi encore ? Qu’est-ce qu’il croit ? Qu’elle jure et qu’ensuite pouf ! Envolé ? Et c'est lui qui parlait de confiance...

- Ni la tienne, se contente-t-elle de répondre un peu sèchement.

Enfin, après ce qui lui semble être une éternité, il finit par la lâcher et lui sourire. C’est vrai qu’il l’aide beaucoup. Mais à quel prix ? Les enfants ça ne sait pas tenir sa langue. Mais il a l’air sincère dans sa volonté de l’aider. Pour le moment il n’y a eu aucun traquenard. Elle pousse un soupir agacé. C’est énervant... tout ça.

- C'est entendu. Et elle ne me fait pas peur.

Elle choisit de ne pas relever la première partie de sa phrase, se contentant d'un simple "merci" prononcé le plus gentiment possible. Quelle amie d'enfance irait grincer des dents quand on lui apporte une aide aussi précieuse ? Aucune. Et c'est pour cette unique raison qu'elle incline très brièvement la tête.
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Message par Cassandre Velasquez Mar 17 Aoû - 21:25

Cassandre écouta l'opinion d'Irène sur le fait que l'apprentissage d'une langue étrangère et l'écriture, ça ne serait pas pareil. Pourquoi donc ? Il suffisait juste d'apprendre les mots et leur équivalence dans l'autre langue. ce ne pouvait pas être si difficile que ça. La fillette haussa les épaules.

"Pfff... Vous dites d'être optimiste, et c'est vous qu'êtes pessimiste, là ! Moi, je vois pas en quoi ça serait difficile."

Là dessus, la fillette fit une petite leçon de vocabulaire, puis en profita pour adresser une petite pique à Grâce. Que c'était étrange, elle ne semblait pas aimer du tout. Quel dommage ! Car elle adorait la voir râler et prétendre ne pas être un bébé. L'aînée renchérissant en se hissant sur la pointe des pieds pour marquer un peu sa grandeur.

"Si t'es un bébé ! On est un bébé jusqu'au moment où on attend l'âge de raison !"

Elle s'amusa de sa réponse pour lui tire à nouveau la langue alors que Grâce faisait de même. Irène intervint alors pour rappelles que leurs langues seraient justement mieux dans la bouche. Toujours aussi espiègle, l'aînée se retourna et s'exclama :

"Ben oui, mais nos langues à Grâce et moi, elles sont trop belles pour rester dans notre bouche ! Alors faut qu'on les montre à tout le monde !"

Eldred indiqua à cet instant devoir repartir. Pendant qu'il saluait Grâce, Cassandre partit rapidement dans la cuisine prendre de la brioche et couru pour l'apporter à son ami quand celui-ci s'approcha pour lui dire au revoir.

"T'inquiète ! Tout ira bien ! Tiens, tu partageras ça avec Aud !"

Peu après son départ, Cassandre se rappela qu'Ingrid avait donné la réponse à sa question, amis dans la discussion elle avait oublié de la remercier. La fillette, toujours aussi espiègle, s'avança vers Grâce et murmura à l'oreille :

"T'as entendu ? T'es un ungbarn, en fait."

La fillette pouffa, puis se tourna vers Irène.

"Si on montrait à Ingrid la maison ? Après elle pourrait rester avec nous dans le salon. J'avais envie de jouer à la poupée avec Grâce, moi. C'était si long tous ces entretiens, vraiment ! Quelle idée de devoir une chose aussi ennuyeuse !"

Discrètement, son regard se tourna vers Ingrid. Pendant ses jeux prétendument innocents, elle aurait tout le loisir de l'observer et de déterminer s'il existait un quelconque danger.

"Alors, on fait ça, Irène ?"
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Message par Irène d'Aubeville Jeu 19 Aoû - 21:28



Alors qu’elle évoquait la langue, Irène leva les yeux au ciel à la déclaration de Cassandre. C’était incroyable la façon qu’elle avait d’affirmer des choses devant des personnes qui les avaient pourtant vécu. Mais elle finirait bien par comprendre qu’elle ne pouvait pas toujours avoir raison.

- Tu verras…

Grâce pour sa part tapa du pied en croisant les bras. Irène lui posa une main sur l’épaule. En revanche, elles doutaient les filles cessent un jour de se chamailler, même plus grandes. Quand elle voyait comment ils étaient déjà avec ses frères…

Elle siffla un peu à la remarque de Cassandre mais pas encore méchamment. Elle préféra se concentrer sur Eldred. Elle hocha la tête puis sourit à leur ami.

- C’est normal. Maintenant, rentrez sans crainte, tout se passera bien.

Grâce rosit un peu et hocha la tête avec beaucoup de sérieux.

- Oui, promis !


Alors que Grâce boudait de nouveau à cause du mot d’Ingrid, Irène fut un peu intriguée par un mot qu’elle connaissait dans leur langue. « Promesse » ? Laquelle ? Peut-être une promesse d’enfance ? Possible… Toujours est-il qu’elle laissa filer. Cela devait leur appartenir.

Alors qu’elles restaient à présent entre femmes, Irène allait se tourner vers Ingrid mais Cassandre prit les devants. Elle hocha alors la tête.

- Très bien, alors allons- y pour ça.

Elle observa Ingrid et lui sourit, la sentant encore tendue. Pourtant, elle n’en doutait pas, elles formeraient semble la plus charmante des sociétés.

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