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[RP solo] [9 Mars 1598] L'envol de la colombe alourdit les êtres restés au sol

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Message par Cassandre Velasquez Mer 4 Mai - 18:28

[RP solo] [9 Mars 1598] L'envol de la colombe alourdit les êtres restés au sol Corrid10

Cela faisait une quinzaine de jours que Cassandre était arrivée au domaine de Frenn et la fillette avait finalement pris ses habitudes. Après la toilette de Dame Kalisha, elle se rendait à la bibliothèque et poursuivait sa lecture de Gargantua. Elle notait toujours dans un carnet les noms et les mots compliqués, puis le soir sa maîtresse lui expliquait avec patience chacun des termes. Naturellement, avec son insatiable, cela entrainait souvent de nombreuses questions de sa part, toujours plus désireuse de comprendre ce qui se cachait derrière ces notions complexes. De temps en temps, pendant ses séances de lecture, Sébastien était présent, installé à une autre table, et s'appliquait à des exercices d'écriture. Une fois, il lui avait demandé timidement au bout de combien de temps elle avait su lire dans un livre. En se souvenant que le garçon avait commencé à apprendre durant le premier mois de l'année, Cassandre avait préféré lui mentir et dire qu'elle ne se rappelait plus, mais que cela lui avait semblé très long. Sur ce point, c'était une impression réelle, mais elle savait, elle, que cela n'avait pas aussi long que cela. Régulièrement, monsieur Wagner venait les interrompre et leur suggérait une pause. Si Sébastien obéissait docilement, Cassandre déclinait poliment, soucieuse de terminer son chapitre du jour. Une fois, l'intendant avait soupiré et avait déclaré "Vous possédez la même dure qu'Eldred, mademoiselle Velasquez". Satisfaite, Cassandre l'avait remercié du compliment d'un sourire légèrement espiègle avant que que le domestique ne se retire avec le petit infirme

Après sa séance de lecture, Cassandre descendit prendre le repas qui l'attendait, puis repartit dans les couloirs pour chercher un salon de libère où s'installer afin de poursuivre son ouvrage. Les broderies pour Coldris et Eléonore ne lui apportaient pas encore assez satisfaction. Les figures choisies qui ornaient chacun des deux mouchoirs étaient parfaite, mais le liseré la gênait toujours. Dame Kalisha, son époux et sa camériste prétendaient que ces mouchoirs seraient somptueux, pour son œil, ils ne l'étaient pas. Elle ne pouvait envoyer un tel présent à Coldris. Elle n'avait déjà pas pu terminer la broderie qu'il lui avait demandé au début du mois dernier à cause de sa stupide bêtise. Elle devait lui présenter un travail d'une qualité exceptionnelle. Par ailleurs, l'exigence, c'était autant une marque de respect pour ceux auxquels on destinait un objet que pour soi-même. Se contenter de l'effort minimal, cela ne faisait pas progresser.

Alors qu'elle poussa une porte donnant sur un salon, des éclats de voix retentirent. Trois garçons, à peine plus âgés qu'elle, se tenaient près de l'âtre. Les deux premiers s taisaient et écoutaient le dernier, un blond qui semblait appliqué à se donner des airs d'importance.

"J'étais tapi derrière le fauteuil alors que le baron et la baronne discutaient devant le feu. Et j'avais même pas peur, je vous le jure ! Ils étaient tristes. Le baron a reçu une lettre pour apprendre qu'un gars de leur connaissance était mort. Il s'appelait, euh, ah, oui, Nehalan Nehalan de Toraniel !"

Depuis le seuil de la porte, Cassandre se figea, interdite. Nehalan... Nehalan était mort. Elle secoua la tête. Ce n'était pas possible. Il était trop jeune. Elle avait entendu que celui-ci avait quitté la capitale pour entrer au monastère au début du mois dernier. Il devait y avoir une confusion quelque part. L'un des garçons s'exclama brusquement :

"Ah, je le connais ! Mon père a été au lupanar dans la semaine de la nouvelle année ! On parlait beaucoup de lui ! C'était vraiment un bel idiot ! Et un trouillard ! Il a passé la soirée à trembler dans son coi avant de fuir comme un gamin ! Même ma petite sœur est plus viril !"

Alors que les garçons riaient bruyamment, Cassandre baissa la tête honteuse. Si Nehalan était réellement mort, cela n'avait rien de drôle. C'était même très irrespectueux. Ce serait comme si quelqu'un venait se moquer de ses sœurs mortes dans un bordel ou de son père en prison. La fillette s'avança, les mains sur les hanches.

"Arrêtez !"

L'un d'eux la dévisagea, railleur.

"Et tu comptes faire quoi, petite fille ? "

Cassandre se mordit les lèvres, blessée de cette attaque qui ne lui rappelait que trop les piques narquoises de Benoit. Elle ne devait pas s'énerver. Ni se battre. Ce n'était pas une attitude d'adulte. Elle s'obligea à garder son calme et riposta froidement :

"C'est mal de rire d'une personne défunte."

"Parce que tu crois qu'elle va venir nous hanter, peut-être ?"

"Ben, non, Nehalan est bien trop couillon pour ça ! "

"Sûr ! Même qu'il se prendrait les pieds dans les pieds en essayant d'effrayer quelqu'un et mourrait une seconde fois !"

Cassandre se trouvait au supplice de ne pas réussir à convaincre ces trois idiots de cesser ainsi de rire. C'était pire qu'être exposée au pilori. Ace moment, il n'y avait qu'à attendre que cela passe. Ici, il fallait supporter leurs imbécilités et conserver la maitrise de ses nerfs. ne pas céder à la colère qui grondait de plus en plus en elle. Ne pas se jeter sur eux et leur refaire le portrait. Rester calme. Ne pas faire de vague. Elle serra de ses mains les pans de sa robe, de plus en plus agacée.

Soudain, un homme d'une forte carrure surgit au seuil de la porte et pénétra avec rapidité dans la pièce. Immédiatement, deux des garçons se précipitèrent en trombe vers la sortie et étalèrent dans les couloirs. Le troisième, celui ayant rapport la mort de Nehalan, n'eut pas le temps. Le contremaitre le saisit par le bras et l'obligea à demeurer sur place. Il pâlit aussitôt. Son interlocuteur le fixa avec lassitude.

"Simon, nous allons finir par croire que tu aspires à être battu. Même notre intendant, monsieur Wagner, toujours si altruiste, arrive à être excédé de tes comportements."

"Je suis désolé, monsieur."

"De plus, j'ai entendu que vous parliez de Nehalan de Toraniel et de son décès. où avez-vous appris cela ?"

Le dénommé Simon garda la tête baissée et arbora un air coupable éloquent.

"Je vois. Vous avez laissé vos oreilles traîner et répandu des confidences qui n'auraient pas dû l'être. Cela suffit. Nous discuterons de tout ceci avec le Seigneur de Frenn."

Cassandre contempla en silence le garçon qui ne protestait pas, vaincu, et qui acceptait docilement son sort. Il se laissait conduire à l'autel, s'offrant même au prêtre qui le sacrifierait aux Dieux. Elle crut se reconnaître un instant en lui lorsqu'elle se rendait au bureau de Coldris avouer sa stupide bêtise. Il agissait mal, c'était une une certitude, mais elle ne se sentait pas capable de l'abandonner vers la sanction qui l'attendait. C'était comme pour Aud quand celle-ci s'apprêtait à partir pour le domaine du monstre. La fillette réfléchit un instant eut une idée. Elle s'approcha d'un air timide du contremaître.

"Monsieur... Je vous en supplie, ne le unissez pas. C'est... c'est ma faute."

Tous deux écarquillèrent les yeux, intrigués de son intervention.

"Plait-il ? Qu'as-tu avoir avec ce futur gibier de potence ?"

Cassandre marqua une hésitation, qui lui permit de préparer la suite de sa comédie, avant de se reprendre.

"C'est... Simon est... Je lui ait donné un rendez-vous, monsieur ! Il...Nous... Mais je ne me souvenais pas que la pièce où je lui ait demandé de m'attendre était... Je suis désolée ! Je suis désolée d'avoir causé des ennuis à tout le monde!"

Elle se mit en même temps à renifler, les yeux baissés, tout en espérant que son interlocuteur ne se montre pas trop soupçonneux. Son histoire se tenait. Elle était arrivée depuis trop peu de temps pour avoir tout mémoriser dans le château. Le contremaitre se tourna vers Simon.

"Toi, tu sais."

Le garçon releva la tête, croisant un instant le regard de Cassandre.

"Je n'ai pas eu le temps. Elle et moi, on ne fait que se croiser. Quand elle m'a proposé ce rendez-vous, elle a dû partir aussitôt. et ensuite... Bah ensuite, je n'ai pas beaucoup réfléchi."

"Cela ne t'excuse pas pour ce que tu as répété."

Cassandre demeura concentrée entendant. La partie la plus difficile se jouait maintenant. Elle releva la tête d'un air timide.

"Il n'est pas toujours malin, oui, mais ce sont l'influence de ses amis. Je vous en prie, monsieur, ne le punissez pas. Accordez-moi une petite chance."

Le contremaitre la fixa avec austérité. Rien de son attitude ne semblait indiquer qu'il allait céder. Cassandre se remit à renifler, espérant le toucher avec de fausses larmes. Après un court instant, l'homme relâcha Simon.

"C'est bon pour cette fois, et c'est bien parce que tu as une aussi mignonne avocate. Mais recommence encore une fois, Simon, et tu iras directement t'expliquer devant le seigneur de Frenn."

Sur cela, l'adulte sortit et laissa les deux enfants seuls. Ils attendirent quelques instants dans un silence oppressant, puis Cassandre s'avança pour referma la porte. Elle se tourna ensuite, sévère, vers Simon.

"Je ne vais pas te gronder t'écouter les conversations, mais par contre les répéter à tes copains, c'est pas malin."

"Je sais. Mais... Pourquoi tu m'as protégé ? Tout à l'heure, nous..."

Cassandre hésita un instant sur la manière de répondre, puis secoua les épaules de son petit air espiègle.

"Existe-t-il une bonne raison de se moquer ou d'embêter les gens ? Alors, pourquoi il leur faudrait une pour aider quelqu'un ?"

Simon ne répondit pas et préféra fixer ses souliers. Cassandre s'éloigna et marcha lentement vers la fenêtre. Son regard contempla la ville lointaine alors qu'elle appuyait son front contre la vitre. La conversation surprise lui revenait en mémoire. Nehalan... Nehalan était mort. La silhouette fragile et maladroite du jeune homme s'invitait en elle et éveillait de la culpabilité. Elle n'avait pas cessé de se moquer de lui. Tout le temps. Surtout en compagnie de Coldris. Elle se rappelait pourtant qu'au procès, c'était le seul des témoins, hormis le baron arrivé en dernière minute, à ne pas avoir enfoncé Hyriel. Nehalan... Il s'était retiré au monastère pour fuir le monde qui l'oppressait et il en était mort. Elle releva la tête en observant un oiseau qui volait devant ses yeux et songea à son tour stupide à la boulangerie. Nehalan se souciait d'elle. Il était venu s'informer qu'elle se portait bien. Plutôt que toutes ces farces idiotes à Fromart, elle aurait été mieux inspirée de s'introduire à Toraniel et de retourner jouer avec Nehalan.

Brusquement, une main lui tira doucement le bras. Elle tourna la tête et vit Simon qui la fixait d'un air inquiet.

"Tu vas bien ? c'est ce gars ? Nehalan ?"

"Ouais..."

"C'était ton ami ?"

"Non. Nehalan... J'ai passé mon temps à me moquer de lui. Il m'agaçait. Je le trouvais lâche, bête et incapable de la moindre action."

"Hein ? Mais... Alors pourquoi t'es triste ?"

Cassandre soupira.

"Parce qu'à cette époque, j'étais stupide. Celle qui était agaçante, c'était moi. La fois où j'ai rencontré Nehalan, il était étrange, mais gentil. Il se souciait de moi, de qui j'étais. Et après, ne me suis moquée. Je n'ai fait que ça. Il ne le méritait pas."

Simon haussa les épaules, flegmatique.

"Bah... de toute façon, c'était qu'un noble."

Cassandre le fixa d'un regard sévère et reprit plus énervée.

"Ce n'était pas juste un noble, mais une personne, et une personne mérite le respect. Peu importe qui elle est. Peu importe son statut. Et aucune personne ne devrait non plus rester seule. mourir dans un monastère, c'est comme mourir en prison, c'est mourir comme si on avait jamais existé. Loin de sa famille. Loin de ses amis. Si j'avais essayé d'être amie avec Nehalan, de vraiment le comprendre, peut-être, peut-être qu'il ne serait pas parti à ce monastère."

Simon la fixa d'une moue sceptique.

"Mouais... Un noble, ça reste un noble."

Cassandre baissa le regard, se sentant vaincue, se rappelant des paroles agressives de mésange au pilori sur le même sujet. Un noble, c'était un noble. Non, ce n'était pas une justification. Rien n'excusait de s'être aussi mal conduite. Dans une telle situation, il ne lui restait plus qu'une chose à faire : assumer ses actes.

"Je vais aller écrire une lettre de condoléances pour le père de Nehalan."

Simon pouffa, moqueur.

"Si t'as u temps à perdre. Le gars, il va la mettre au feu sans la lire, tu sais !"

Cassandre ne prêta nullement attention à sa raillerie et quitta la pièce.

FIN
Cassandre Velasquez
Cassandre Velasquez
Esclave domestique ~ Grande prêtresse du culte d'Hyriel

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