Boite aux lettres de Kalisha Howksley de Frenn

Chère princesse Kalisha,

Ou devrais-je dire « chère comtesse de Monthoux » ? Je ne suis guère habituée à donner de tels titres à une compatriote de Djerdan, mais comme on le dit chez nous, à Monbrina, fais comme les monbriniens.

Notre rencontre fut brève lors de cette fête, au palais royal. Croyez bien que je le regrette. Nous n’avons certes jamais pris le temps d’échanger : vous aviez vos raisons et j’avais les miennes. Cependant, dans un tel pays, et en vue du climat politique actuel, je commence à songer à l’importance de nos positions. Malgré nos grandes différences.

Venez prendre le thé, à l’occasion. J’ignore à quoi ressemble la vie en mariage – et j’en remercie les dieux – mais si vous trouvez le temps, et que je le trouve également, alors ce serait un plaisir de vous recevoir.

Chère Kalisha,

Comtesse-Princesse Kalisha de Djerdan et de Monthoux, donc. Voilà un titre qu’il faudra vous inventer, à supposer que cela n’obscurcisse pas trop celui – très court – de votre époux. Nous savons combien les hommes sont sensibles à ce genre de détails… Cependant, vous comme moi, nous n’avons pas besoin de titre pour savoir ce que nous sommes. Où nous en sommes.

Qeneb, mon intendant, est prévenu de votre visite prochaine. Ma porte vous êtes donc grande ouverte.

Princesse,

Ce serait un grand plaisir pour moi que de me rendre dans votre domaine. J'emmènerai avec moi l'une de mes dames de compagnie, j'espère que cela ne vous dérange pas.

Chère Princesse Kalisha,

Je vous adresse mes plus chaleureux remerciements pour votre courrier et pour les friandises que vous avez eu la gentillesse de m'envoyer. Elles ont apporté un peu de variété à mes derniers dîners et, surtout, votre missive m'a apporté le bonheur de vous savoir bien rétablie.
Il était de mon devoir de prêter main forte à Mademoiselle votre belle-fille et à vous-même au milieu d'une telle situation. Tout mon soutien vous reste acquis et puissions-nous tirer au clair cette affaire qui nous a tous pris de cours. J'espère que j'aurai le plaisir de vous revoir, vous et Mademoiselle Florentyna, en de meilleures circonstances.

Prenez soin de vous et ne vous sentez pas coupable. Je vous adresse mes salutations distinguées,

Princesse,

ma visite a été un vrai plaisir. Vous transmettrez mes compliments au Comte votre époux pour le soin accordé à sa propriété. J’ai pu admirer les jardins mais j’ai tout particulièrement apprécié les œuvres que j’ai pu voir dans la salle où nous nous sommes rencontrées.
J’espère que vous vous êtes rapidement remise de votre malaise. Mes médecins pourront sûrement vous transmettre quelques conseils afin de mieux supporter ses émotions fortes. Si vous les souhaitez, n’hésitez pas à m’en faire la demande, je les mettrais à votre disposition.

A Madame Kalisha, Princesse de Djerdan,

Vous êtes par la présente, ce 16 février 1598, démariée du comte Prosper de Monthoux. Au nom de Sa Majesté notre Roy, nous vous prions de prendre vos dispositions pour vos noces, ce dimanche 22 février, avec Dyonis Enguerrand Aurèle, baron Howksley de Frenn et Premier Conseiller de l'Empire. La cérémonie aura lieu en l'abbaye de Montmercy à l'Est de la capitale. Une délégation se présentera au matin.