[20 Janvier 1598] La cueillette de la rose [RP sensible][Terminé]

Avertissement - Allusions sexuelles:

 
Belline, 29 ans

C’était le vicomte qui avait choisi pour le petit. Ca se voyait qu’il avait pas l’habitude des lieux ou des femmes en général. Depuis le temps, Belline savait les reconnaitre. Quand même, il avait pas l’air si jeune. On en voyait des plus petits se pointer au Lupanar pour devenir des hommes. De ce qu’elle avait compris tout au long de la soirée, c’est qu’il était curieux et que pour une certaine raison, il semblait déterminer à dépasser son appréhension. Quand elle avait glissé sa main entre ses cuisses, l’air de rien, elle l’avait senti se tendre, mais pas comme un homme aurait dû, plutôt comme une crispation de retenue que par plaisir. Il était mignon quand même avec ses gestes maladroits qui essayaient de copier ceux du vicomte comme un mime.

Il l’emmena assez rapidement dans une chambre et Belline le suivit de sa démarche ondulante qui mettait en valeur ses formes généreuses. Elle ferma la porte sur eux et se retourna, sourire enjôleur vers le jeune homme qui semblait s’accrocher avec ses béquilles plus fermement que nécessaire.

— Je sais, ça se voit. C’est habituel ne vous en faites pas pour cela. tenta-t-elle de le rassurer en caressant sa joue.

À sa question, elle étouffa un petit rire attendri avant de s’adosser à la table.

— Je vous en prie. Je suis payée pour vous faire passer un bon moment. Vous pouvez même vous allonger, ce ne sera pas plus cher !

Elle avait pris ce ton un peu coquin pour le détendre. Il devait bien savoir de toute façon que « Monsieur » avait réglé une somme rondelette pour s’octroyer le privilège de jouir seul de l’établissement.

— Belline. Vous voulez boire quelque chose, Monsieur Alexandre? Manger peut-être ? Si vous préférez nous pouvons nous tutoyer, d’ailleurs… Dites-moi juste ce que vous désirez.

 
Belline, 29 ans

Finalement il trouva le courage d’approcher son visage, le caressant d’une main moite, qu’elle recouvrit avant de la baiser tendrement. Elle hésita bien à faire quelque chose de nettement plus suggestif, mais il était inutile d’effaroucher le chaton plus qu’il ne l’était déjà. Au contraire, il fallait l’apprivoiser et le mettre à l’aise.

— Merci Monsieur vous me flattez

Oh lui aussi était mignon dans son genre, avec son corps tout juste adulte et cette quasi-innocence d’enfant. Elle préférait ça que certains gros porcs qui venaient par ici. Avec lui, elle n’aurait pas trop à se forcer pour faire son œuvre quand bien même elle se doutait que ce ne serait pas son meilleur amant. Elle le taquina d’ailleurs au sujet du lit avant de retirer ses chaussures pour venir s’installer sur ses genoux dans une posture lascive tout prêt de lui. Elle acquiesça au sujet de sa demande et s’empressa d’en demander une – il n’y avait guère que des fruits dans les corbeilles – avant de venir se rasseoir à ses côtés pour écouter ce qu’il avait à dire. C’était bien les puceaux ça, à noyer le poisson avec l’eau de leur aquarium. Elle sourit néanmoins attendrie par la démarche. Pour le reste ça ne l’étonnait pas. Ni l’éducation ni la mention de la maison de Fromart. Qui ne connaissait pas l’amour du vicomte pour les femmes après tout ?


— Je comprends, c’est adorable de votre part, Monsieur Alexandre. Votre future épouse a bien de la chance. Je vous apprendrai ce que je sais. La première leçon commence ici : détendez-vous. souffla-t-elle alors qu’elle avait glissé suavement dans son dos posant ses mains sur ses épaules avant de les laisser couler le long de ses bras pour l’aider à relâcher toute la tension qui l’habitait. Vous n’avez rien craindre, tout se passera bien. Ayez confiance en vous.

 
Belline, 29 ans

Il y aurait certainement un peu de travail pour lui faire ravaler son appréhension, mais rares étaient les puceaux qui sautaient à pieds joints sans la moindre hésitation dans cette inconnue. Et puis il fallait dire ce qui était : ils se mettaient tous une telle pression sur les épaules ! À croire que leur vie en dépendait !

Belline ne s’était jamais fait peindre. Elle n’avait pas l’argent nécessaire pour ce genre d’objet superflu. Un jour peut-être… Si jamais elle trouvait un beau prince qui l’emmènerait dans son beau château. Enfin… À vingt-neuf ans, elle avait passé l’âge de croire aux contes de fées… En revanche puisqu’il proposait si gentiment, il lui vint une idée. Elle fit tomber la large encolure de sa chemise autour de l’une de ses épaules à la couleur légèrement miellée :

— Hé pourquoi pas ! Avez-vous déjà peint des nus comme ceux du Lupanar ? interrogea-t-elle mi-curieuse mi-joueuse.

Alexandre lui confia la raison de sa présence et elle tenta de le rassurer autant qu’elle le pouvait. En fait c’était plutôt original comme demande, tout du moins de vouloir faire plaisir à sa femme. En général ce qui intéressait ces messieurs c’était surtout de prendre leur pied et de déposer leur semence pour avoir un héritier.

— Rien n’est jamais simple dans la vie, mais le vouloir est un bon début, n’est-ce pas ?

Elle s’efforça de le détendre autant qu’elle le pouvait à l’aide d’un massage improvisé et fut ravie de sentir certaines raideurs s’évanouir. En tout cas, son client n’était pas avare en compliments !

— Je crois qu’il s’agit de dattes. On m’a offert ce parfum de Djerdan qui sent bon le soleil.

Elle sentit soudain ses lèvres se poser dans sa nuque. Pudiquement, comme s’il y avait là le moindre témoin de leurs ébats à venir ce qui la fit doucement sourire alors qu’elle se retournait pour encadrer son visage de ses mains et soutenir son regard  de longues secondes. Cèderait-il à un baiser plus osé ? Avait-il déjà embrassé une femme ? Certains venaient ici sans le moindre contact et découvraient tout entre ces murs. Elle ne comptait pas le lui demander.

D’ailleurs l’on finit par toquer et elle se leva pour récupérer la pâtisserie demandée par le jeune homme. De nouveau à ses côtés, elle coupa un petit morceau collant du gâteau qu’elle lui présenta du bout des doigts.

 
Belline, 29 ans

L’épaule qui s’échappa de sa chemise attisa sa curiosité. Etait-ce de parler de peinture qui lui plaisait tant ? Belline n’y connaissait rien en art, mais dans ce genre de situation il suffisait de poser des questions pour poursuivre la discussion.

— Je pourrais être votre modèle si la patronne est d’accord, répondit-elle sans prêter attention à la main qui déshabillait sa gorge tant cela faisait partie de son quotidien.

Et encore, ses gestes incertains se montraient bien doux contrairement à d’autres. Elle tira légèrement sur le ruban qui maintenait son corsage pour les détendre quelque peu et l’inviter à poursuivre son exploration.

— Bien sûr que vous pouvez. Je suis là pour vous ce soir, déclara la catin d’un ton mutin avant de guider sa main. Vous pouvez les caresser, les malaxer, les embrasser ou même les pincer. Il faut simplement se montrer délicat… Il n’y a pas de règles si ce n’est celle de connaitre votre partenaire.

Alors que la nervosité le gagnait de nouveau (était-elle allée trop vite ?), elle parvint à le détendre d’un massage et même à obtenir de lui qu’il posa ses lèvres sur les siennes dans un baiser qu’elle développa jusqu’à ce que l’on ne frappe à la porte. Ah ! La fameuse pâtisserie. C’était l’occasion d’en profiter pour lui ouvrir l’appétit n’est-ce pas ? D’ailleurs elle ne savait pas quelle mouche avait pu le piquer, mais il semblait soudainement… différent… s’enhardissant même à lui lécher les doigts couverts de miel et à prononcer cette phrase plus qu’équivoque et qui sonnait étrangement dans sa bouche.

— Etes-vous sûr de vos paroles, Monsieur Alexandre ?

Parce qu’elle doutait quelque peu qu’il n’ait envie de commencer par déguster une certaine gourmandise et cela, c’était son expérience qui le lui disait. Elle prit sa main et la glissa sous ses jupons pour voir sa réaction :

— Peut-être serait-il préférable de commencer par une promenade dans le jardin.

 
Belline, 29 ans

Alors qu’il débutait l’exploration, Alexandre s’interrogea sur la meilleure façon d’user des seins mis à sa disposition. Elle le laissa explorer leurs courbes tout en lui offrant quelques explications. Sa remarque lui étira un sourire amusé puis elle lui pinça doucement la peau du dos de sa main

— Vous voyez, cela ne fait pas vraiment mal. En fait, c’est étrange, mais cela peut même être agréable parfois.

Et elle déplaça  ses doigts sur le petit bourgeon brun afin qu’il essaye à son tour avant qu’il ne se mette finalement à les malaxer avec un certain plaisir visiblement. Peu à près son visage alla s’enfouir entre eux les jumeaux et si Belline crut qu’il se sentait désormais plus à l’aise, elle déchanta rapidement. Sans doute était-il rattrapé par ses angoisses ? Quoi de plus normal après tout ! Qu’à cela ne tienne, elle fit de son mieux pour qu’il oublie ses inquiétudes. Un petit massage, des paroles rassurantes, un baiser et pour finir une pâtisserie qui ouvrit l’appétit de son client. Monsieur Alexandre avait visiblement la dent sucrée. Elle nota l’information pour plus tard : peut-être se déciderait-il à revenir et se laisserait-il alors tenter par certains jeux ?

Le moins que l’on puisse dire c’est que sa répartie l’étonna surtout lorsqu’il confirma savoir de quoi il parlait. C’était…  pour le moins… incongru comme proposition !

—On peut dire que vous avez du cran ! s’exclama-t-elle en riant.

Alors elle glissa sa main sous ses jupons. Serait-il aussi audacieux qu’il essayait de le paraître ? Son visage visage vira rubicond instantanément. Il semblait pourtant, à défaut d’être à l’aise, être déterminé et se permit de renchérir à son invitation. Regrettait-il ses paroles qu’il essayait tant bien que mal d’assumer ? D’un geste adroit, elle retira son corsage qui tomba sur le sol, libérant ses courbes de leur carcan. La transparence de sa chemise laissait désormais deviner les rondeurs parfaitement placées de son corps.

— Les paysages sont variés, Monsieur Alexandre : collines, vallons, plaines et même… grotte… fit-elle se cambrant avec malice pour se rapprocher de lui.

… et ne manqueront pas d’éveiller l’intérêt de vos sens… Par où désirez-vous débuter votre visite ?

 
Belline, 29 ans

Elle n’avait pas vraiment envisagé que cette histoire de pincement déclenche une telle réaction chez son client. Tout cela lui passait par-dessus la tête : quelle importance y avait-il à établir ce genre de calcul pénible ? Tout ce qui comptait était que cela soit plaisant et non douloureux. Elle ravala donc son froncement de sourcil qu’elle échangea contre un sourire alors qu’il s’essayait à l’exercice lui procurant un délicieux frisson.

— Bien sûr que j’en suis sûr, affirma-t-elle en embrassant la commissure de ses lèvres.

Malgré un petit malaise vite oublié, Belline put reprendre le cours de sa leçon charnelle. Il fallait dire que le jeune homme avait décidé de se jeter dans le grand bain avec une phrase qu’il regrettait sans doute désormais quoiqu’il l’assumât volontiers et c’était tout à son honneur. Elle retira son corset, puis sa chemise dans la foulée, découvrant son buste et sa poitrine aux yeux d’Alexandre. Alors par quoi commencerait-il sa promenade ? Les vallons visiblement. C’était quelque chose qu’il semblait apprécier en effet. Elle inclina la tête d’un air mutin lorsqu’il s’en saisit de nouveau pour les embrasser. Pendant ce temps ses propres mains s’étaient glissées sous sa chemise pour en caresser le ventre et l’aine.

— Et tant d’autres choses à découvrir… compléta-t-elle d’un souffle tiède dans son oreille laissant ses lèvres couler jusqu’à son cou qu’elle embrassa.

 
Belline, 29 ans

Malgré ses paroles qui se voulaient assurées, elle pouvait sentir toute la nervosité qui commençait à le gagner. Pourtant elle savait d’expérience que lui dire ne ferait qu’aggraver son cas. Elle ne pouvait que poursuivre sur cette voie dans l’idée de réveiller le désir qui sommeillait en lui jusqu’à ce qu’il ne prenne le pas sur sa raison. De ce compliment, Belline lâcha un rire cristallin qui souleva sa poitrine sous les soubresauts de sa cage thoracique.

— Oh vous êtes un poète, Monsieur Alexandre ! fit-elle en se mordillant la lèvre dans un regard pétillant.

Sur ce, elle décida de lui prodiguer quelques caresses avec dans l’idée de réveiller son membre, toutefois cela eut l’effet inverse et il recula subitement effrayé, le souffle court. Elle l’observa perplexe, se demandant comment elle pourrait parvenir à leur but commun s’il se montrait aussi nerveux face à ses mains. Elle entreprit de lui laisser retrouver ses esprits, cherchant pendant ce temps un nouvel angle d’approche. Était-il déjà amoureux ? Avait-il peur de la trahir ? La réponse lui vint d’elle-même lorsqu’il affirma vouloir reprendre l’expérience. Une affirmation qui se doubla d’une raideur aussi perceptible qu’inattendu dans ce contexte. D’expérience elle comprit qu’il était attiré par les hommes. Des clients comme ça, y’en avait régulièrement au Lupanar. Ceux qui venait ici pour se laver de leur vice et ceux qui espérait passer inaperçu. Certains étaient plus difficile que d’autres à satisfaire, mais en réalité, il était finalement assez rare d’échouer à les stimuler suffisant pour qu’ils ne fassent ceux pourquoi ils étaient là. Alexandre l’embrassa fougueusement et elle en fit de même, enjambant ses cuisses pour le chevaucher en faisant onduler sa colonne vertébrale.

— Souhaitez-vous enlever votre chemise… ou autre chose ? questionna-t-elle en traçant un chemin de baisers sur chaque parcelle de peau nu qu’elle trouvait.

Il fallait battre le fer tant qu’il était chaud et c’était l’occasion où jamais de progresser vers leur destination finale.

— Si quelque chose vous plairez, faites-le moi savoir, je suis là pour ça.

Après tout il n’aurait certainement pas de demandes excentriques comme certains clients pouvaient en avoir…

 
Belline, 29 ans

Sa proposition le figea un court instant puis il déboutonna sa chemise libérant son torse dans un presque blasphème qui la fit sourire.

— Et voici le mien ! ajouta-t-elle de concert.

Quant à sa remarque, elle pouvait remercier Isabelle d’accorder tant d’importance à la mythologie où elle n’aurait rien compris à son allusion…

— Alors vous êtes l’Apollon des Héphaïstos…

Elle avait vu bien pire ici aussi, au Lupanar comme client. Il avait de beaux traits, un visage angélique qu’elle traça du bout de ses doigts.

— Je vous trouve charmant et qui sait peut-être avez-vous des mains d’orfèvre ? se permit-elle de plaisanter afin de le mettre à l’aise.

Étant donné qu’il n’avait guère d’envie particulière, ils poursuivirent leur rapprochement. Dès qu’elle le sentit prêt, elle l’enlaça, collant son corps chaud contre le sien puis l’allongea sur le lit.

— Fermez-les yeux. Oubliez où vous vous trouvez, oubliez tout. N’écoutez que les sensations que vous renvoient vos autres sens, conseilla la catin dans un murmure tandis qu’elle se permettait de se mettre entièrement à nu, lui laissant ainsi tout le loisir de poursuivre son exploration sans le moindre obstacle.

Elle avait déjà eu ce genre de client, et de son expérience, c’était une astuce qui fonctionnait plutôt bien lorsqu’ils ne ressentaient pas d’aversion pour la gent féminine. D’autres préférés la prendre par derrière, mais mieux valait rester conventionnelle puisque son objectif était de faire plaisir à sa dame. Ah si seulement elle pouvait l’aider à ne serait-ce qu’un peu apprécier cette activité délicieuse ! Certes elle le faisait pour l’argent, parce que ça payait bien les traites de sa famille restée à la campagne… Et si parfois certains clients la répugnaient profondément d’autres fois elle devait tout de même admettre ne pas avoir à trop se forcer pour rendre crédible ses soupirs de satisfaction nécessaire à la bonne flatterie de l’égo masculin. C’était toujours mieux que de se déchiqueter les doigts à frotter les linges dans l’eau bouillante…

Belline, 29 ans

Si elle l’avait su avant, elle aurait directement commencé par lui parler de mythologie pour le mettre à l’aise. C’était bien pour outrepasser ce genre de situation qu’Isabelle tenait tant à leur inculquer un minimum de culture. Après tout, il s’agissait d’un établissement de plaisir de luxe où les clients étaient dotés d’une certaine éducation et recherchaient donc des femmes qui puissent les divertir également en ayant recours à leur discussion.

— Avez-vous prévu de m’épouser mon bel Héphaïstos? demanda-t-elle taquine.

Après tout pourquoi pas? Il était permis de rêver à une vie meilleure comme épouse, à élever ses enfants dans de bonnes conditions et avec amour. Depuis toutes ces années, elle n’en avait eu qu’un seul enfant à ses vingt-six ans et... six avortements dont elle n’était pas fière. Pourtant à choisir entre l’abandon, une vie de misère, la suspension de son travail ou... ça... Son choix avait été vite fait. Quant au décès de son enfant à tout juste trois mois, cela n’avait fait que renforcer sa position sur le sujet. Des avortements qu’elle faisait passer en fausse couche lorsque cela était nécessaire. Elle se demandait souvent si Leur Seigneur ne déciderait pas un jour de lui reprendre sa propre vie pour qu’elle cesse de piétiner ses dons.
Toutefois, toutes ces considérations étaient bien loin de son esprit en cet instant où elle s’évertuait à onduler contre son corps et l’embrasser pour attiser son désir qu’elle sentait peu à peu grandir en lui.

— Bien sûr, vous êtes un orfèvre des couleurs, Monsieur Alexandre.

Sur ces belles paroles il s’abandonna tant à un ses mains et ses lèvres qu’à ses conseils pour jouir au mieux de cette première fois.

 
Belline, 29 ans

Dire qu’elle n’appréciait pas ce moment eut été mentir. Elle aimait bien Alexandre. Il était gentil, doux, agréable et mignon, mais il ne l’épouserait pas. Et il préférait les hommes, même si de toute évidence les femmes ne lui déplaisaient pas. Le plus difficile quand on partageait un tel moment d’intimité c’était de ne pas trop s’attacher. Ces hommes restaient leur client. Aussi agréables fussent-ils, ils valaient mieux éviter de s’attacher. Ça arrivait souvent aux nouvelles qui s’amourachaient de l’un de leurs amants et se faisaient promettre monts et merveilles sous l’effet de l’alcool et de la luxure. Elles finissaient toutes pareilles. Toutes déçues. Même Belline n’y avait pas échappé. Ici on ne venait que pour fourrer, pas pour aimer, alors on l’y reprendrait plus, qu’importe les jolies paroles qu’on pouvait lui servir. Elle préférait en rire et les alimenter pour plaire ces hommes qui se sentaient ainsi importants. Elles étaient leur unique amour d’un soir et elles leur faisaient croire qu’ils étaient leur meilleur amant d’une vie.

Malgré tout Alexandre était attachant dans sa sincérité et elle prenait réellement plaisir à lui faire découvrir la sexualité entre un homme et une femme. C’est tout de même paradoxal, au fond, quand on y pensait. La catin fit donc de son mieux pour lui fournir sans tabou les réponses à ses questions. Au mot de « Maitre » ses fins sourcils brunis au khôl se soulevèrent légèrement : était-il esclave ? Non c’était impossible… Affranchi ? Cela paraissait tout aussi idiot. D’ailleurs il n’avait pas l’air d’un brigand ou d’un vaurien. Il était même cultivé… C’était sans doute son maitre au sens de professeur. « Monsieur » sans doute ? Oh assurément il aurait pu avoir ce genre de discussion, lui.

A l’évocation de sa fatigue, elle embrassa sa joue si douce en se demandant quel âge il avait réellement. Elle discernait bien les racines plus sombres de sa discrète barbe qui se faisait oublier, mais ses traits étaient si doux qu’il paraissait encore entre deux âges…

— Ah c’est parfaitement normal, oui ! Cela dépend des hommes certains sont  éreintés durant des heures et d’autres à peine quelques minutes. En général cela va de pair avec l’âge. En général…
Parce qu’elles avaient tout de même certaines exceptions parmi leurs clients, il fallait le dire. Quant à son père… Le prêtre de Saint-Eustache ? Elle secoua la tête, ça ne lui disait rien. En plus elle ne fréquentait pas cette paroisse alors elle ne voyait pas à quoi il pouvait ressembler.

— Je ne vois pas de qui il peut s’agir, mais s’il est père… prêtre, se corrigea-t-elle alors qu’elle se demandait comment cela était possible de base… il ne doit sans doute pas le crier dans les alcôves. Beaucoup de clients dissimulent leur véritable identité ici.

Belline caressa son torse lisse de jeune homme, elle n’était pas étonnée qu’il souhaite patienter avant de peut-être recommencer. Elle s’y attendait pour tout dire, mais certains puceaux se trouvaient si frustrés qu’une poignée de minutes plus tard, il prenait leur revanche.

— Bien sûr, nous avons tout notre temps. Nous pouvons simplement discuter ou peut-être souhaitez-vous réellement manger votre pâtisserie au miel cette fois-ci ? proposa la prostituée avec malice en détournant le regard vers le beignet abandonné.

Belline, 29 ans

C’était dans un échange de caresses mutuelles et parfaitement innocentes que Belline échangea avec Alexandre autour de cette nouvelle expérience. Il ne manquait pas d’interrogation et elle se fit un plaisir d’y répondre. Après tout, elle voyait ici tout un échantillon d’hommes plus différents les uns que les autres. Autant que son expérience puisse servir à quelque chose. Sa conclusion la fit rire et elle posa espièglement sa main sur sa bouche pour le faire taire.

— Mais non, Monsieur Alexandre ! Ce n’est pas ce que j’ai dit voyons ! Je faisais référence à votre fatigue. Elle ponctua sa réprimande d’un petit rire qui plissa jusqu’à ses yeux. Concernant l’endurance, eh bien il n’y a pas vraiment de règle absolue, ou du moins je n’en connais qu’une : les hommes qui n’ont pas joui depuis trop longtemps peinent souvent à conserver leur sang-froid bien longtemps. La nature est ainsi faite. Et pour ce qui est de l’âge, je ne crois pas que cela entre en compte, ce qui change c’est qu’il faut plus de stimulation pour avoir la trique.

Visiblement son père le prêtre n’avait pas ce problème ou alors il était encore bien jeune ? Non, ce n’était pas ce que sous-entendaient ses paroles. C’était le fils d’un proche du ministre alors ? Il l’avait sans doute pris sous son aile.

— Je ne sais pas, je suis désolée. Il y a souvent du monde à ces soirées privées. Il faudrait que je le vois pour vous dire avec certitude.

Le voir geindre de plaisir sous ses doigts lui procurait toujours une profonde satisfaction. Après tout, elle était payée pour le rendre heureux. C’était une partie de son métier qu’elle aimait : rendre les hommes heureux, les sentir abandonner leurs problèmes entre ses bras et laisser leur esprit s’élever… Belline n’aimait pas ceux qui venaient juste se soulager physiquement entre ses cuisses, ceux-là étaient brusques et la prenait sans ménagement, alors que les autres, ceux qui voulait passer un bon moment faisaient durer l’acte et le jeu. Elle appréciait d’ailleurs les soirées de « Monsieur » pour cette raison : il n’y avait que des invités triés sur le volet qui venait prendre leur pied. Enfin à quelques exceptions près… parfois il conviait aussi des gens qui n’avaient rien à faire là, juste pour le plaisir de les voir résister à la tentation ou mieux encore y succomber.

— C’est que votre expérience était plaisante ainsi, je suis ravie.

Comme il ne souhaitait pas remettre le couvert, la catin lui proposa de manger sa brioche, sans aucun sous-entendu cette fois-ci : elle savait en effet que l’activité ouvrait l’appétit. Elle ne s’était pas attendue à déclencher un tel effet chez lui. Pour un peu, alors que son ventre se retrouvait désormais contre le sien, elle en aurait douté de sa première hypothèse. Elle lui rendit tout aussi avidement son baiser, pressant son corps ondulant contre le sien.

— Laissez-moi vous faire offrande de ces deux brioches, ô Héphaïstos ! déclama-t-elle en lui présentant ses seins après ce baiser goulu.

Tout compte fait, forger devait endiguer la fatigue. C’est qu’elle aurait sans doute de la chance, sa femme, de l’avoir pour amant s’il se montrait aussi attentionné qu’avec elle et c’était tout ce qu’elle leur souhaitait songea-t-elle en gémissant sous ses caresses et baisers.