[9 Novembre 1597] La Princesse et le Roi

Elle riait aux éclats. Personne n'avait jamais ri de cette manière avec lui. Un rire qui lui fit dresser les cheveux sur la tête. Quelque chose qu'il n'avait pas ressenti souvent. Pour ainsi dire, c'était la première fois.

Et ô combien elle était belle quand elle était heureuse ! À cet instant, rien n'était plus facile d'imaginer que tout se passerait bien. Il avait la sensation - ridicule et puérile - que rien ne pouvait arriver.

En la reposant, il regretta presque de ne pas pouvoir la faire tourner ainsi à l'infini. Il se retrouva face à elle, manteau sur les épaules, à écouter ses remarques et il haussa des épaules :

- Oh, mais vous n'y trompez pas ! J'aime ma forêt et je ne l'abandonnerai pour rien au monde, même pour vos beaux yeux - même s'ils sont très magnifiques ! Mais j'attends avec...

Il n'eut pas le loisir de finir sa phrase : la sensation de ses doigts venait de nouveau faire bondir son cœur. Ces doigts plus légers que des plumes qui lui imposaient le silence plus efficacement que tout autre chose. Il ravala les mots qu'il allait dire. Son coeur battait étrangement plus vite et il attendait là, littéralement suspendu aux doigts de Kalisha, pour savoir ce qu'elle allait dire. Mais quand leurs regards se croisèrent, elle recula sa main et la bulle qui les avait entourés éclata.

Il regarda ces mêmes doigts tresser la couronne sans un mot. Il les regarda ajouter les bruyères fleuries aux feuilles séchées et à cet instant, il se dit qu'il n'y avait certainement pas plus belle couronne au monde.

Puis, elle se dressa et déclara aussitôt en levant la couronne en l'air :

- Agenouillez-vous pour votre couronnement !

C'était dit d'une telle manière, sans une hésitation dans la voix, que Sylvère ne pensa pas une seconde à protester. Son ton ne tolérait aucun refus. Alors, sans un mot, il posa un genou à terre devant elle et baissa les yeux. Quand il fut prêt, de nouveau immobile à regarder le sol de la forêt qui grouillait de petites bêtes, elle reprit d'un ton officiel son discours.

Sylvère dut se mordre les joues pour ne pas exploser de rire quand elle qualifia, fort méliorativement, son mari de porcin. Mais cela aurait brisé la magie du moment et il s'en serait voulu. Ici, dans l'intimité de la forêt, personne ne saurait jamais qu'un homme avait été couronné. Il n'y avait aucun témoin, sinon les oiseaux et les arbres défaits de leurs feuilles. Pourtant, cela ne rendait la chose que plus officielle encore.

Aujourd'hui, Sylvère devenait vraiment Roi. Ce n'était plus un titre hypothétique qu'il se donnait pour frimer et cela revêtait des allures solennelles. Après tout, ces sujets n'était-ce pas ces oiseaux et ces arbres, justement ? Le jeune homme n'aurait échangé sa place pour rien au monde. Il ne s'était jamais senti autant à sa place.

Enfin, elle déposa la couronne sur sa tête.

- Levez-vous en tant que Roi, Sylvère 1er.

De nouveau, Sylvère ne put rien faire d'autre qu'obéir. Le plus respecteusement possible, il se redressa. Il lui fit alors face, son regard rieur, les coins de sa bouche amusée, ses longues boucles soyeuses...

- Vous êtes belle quand vous souriez.

C'était sorti tout seul, et quand il s'en rendit compte, il secoua la tête. Ce fut à cet instant qu'une idée tout aussi saugrenue que la première germa dans son esprit. Il releva brutalement la tête vers elle - ce qui manqua de faire tomber sa couronne forestière mais il la rattrapa juste à temps.

- S'il y a un Roi à cette forêt, il lui faut aussi une Reine !

N'était-ce pas une évidence ? Et n'en était-ce pas une aussi que ce serait elle, cette reine-là ? Il eut un immense sourire et ni une, ni deux, il se remit à genoux, comme quelques secondes plus tôt, avec tout autant de respect :

- Kalisha de Monthoux.

Une pause. Il releva brièvement les yeux vers elle puis reprit :

- Acceptez la maigre proposition que je vous fais aujourd'hui, en tant que Sylvère d'Aiguemorte et Roi de la Forêt, d'en devenir la Reine.

Ce n'était décidément qu'une pure folie mais qu'est-ce qu'elle s'amusait, qu'est-ce qu'elle était heureuse à ce moment là, brandissant fièrement la couronne au dessus de la tête afin de le couronner! La joie qui l'habitait à ce moment là ainsi que la cocasserie du moment avait bien faillit avoir raison plus d'une fois de son apparent sérieux. Et lorsqu'il se releva, couronne forestière sur la tête, il avait l'air plus que jamais du Roi de ces lieux. A croire, qu'elle avait toujours siégé là, sur le sommet de son crâne. Il lui rappela quelque peu les représentations mythologiques qui avaient décoré la scène de son mariage.

- Vous la portez merveilleusement bien. lui répondit-elle essayant de masquer son trouble derrière un sourire.
Lui-même secoua la tête comme pour tenter de retrouver ses esprits. Kalisha avait la vague impression de vivre un rêve éveillé. Tout était si improbable et si agréable à la fois. Elle se sentait comme ivre, souriant et riant à la moindre occasion. Son corps lui paraissait si léger...
Soudainement Sylvère releva la tête, sans doute frapper par une nouvelle idée un peu folle et la couronne fut rattrapé de justesse avant qu'il ne déclare:

- S'il y a un Roi à cette forêt, il lui faut aussi une Reine !

Les sombres prunelles de la jeune femme s'agrandir sous l'effet de la surprise. Le plus fou et le plus beau des brigands s'agenouilla à ses pieds, posant sur elle ses yeux d'un bleu profond qui la faisait tant chavirer:

- Acceptez la maigre proposition que je vous fais aujourd'hui, en tant que Sylvère d'Aiguemorte et Roi de la Forêt, d'en devenir la Reine.

Elle en resta silencieuse de stupeur pendant quelques secondes. Elle devait assurément rêver. C'était sûr... Elle n'allait manquer de se réveiller d'ici quelques instants dans son lit du domaine Monthoux, où débuterait une nouvelle rébarbative journée. Il ne pouvait pas en être autrement. Comment pouvait-elle être dans la forêt, avec un brigand, à monter aux arbres et effectuer un couronnement? En attendant, elle décida d'en profiter. Si tout cela n'était qu'un mirage, autant en savourer chaque seconde qui s'égrainait. Elle regarda son Roi charmant avant d'effectuer une élégante révérence:

- Ce serait un honneur pour moi que d'être votre Reine, Sire.

Elle garda la tête basse quelques instants supplémentaires avant de relever sur lui ses petits yeux pétillants de malice

- Mais pour cela, vous allez devoir me faire à votre tour une couronne digne de ce nom!

Elle attrapa sa main et l'entraina aussitôt dans la clairière à la recherche des matériaux nécessaires.

Sylvère lui adressa un sourire. Même si ce n'était sans doute qu'un compliment comme un autre – certainement surtout pour dire quelque chose – il en fut touché.

Il s'écoula quelques secondes, durant lesquelles il aurait aimé que la terre cesse de tourner et où toutes sortes d'idées tordues virent le jour dans son esprit. Mais une en particulier retint son attention et... à sa grande surprise, alors qu'il était agenouillé là à ses pieds, elle accepta.

De devenir la Reine de la forêt.

Il se releva d'un bond, avec un immense sourire victorieux, alors qu'elle s'inclinait devant lui.

Il ne savait pas trop ce qui se passait en lui quand il la regardait, mais il y avait quelque chose. Comment se faisait-il qu'il l'appréciait à ce point, alors qu'il ne la connaissait somme toute que depuis la veille ? Leurs mondes étaient à l'opposé l'un de l'autre ! Elle vivait auprès d'un comte, et lui dans une forêt. Mais peut-être était-ce là toute la différence, justement.

- Ce serait un honneur pour moi d'être votre Reine, Sire.

Sylvère sourit encore et il répondit :

- Et c'est un honneur pour moi que vous vouliez bien l'être.

Il fit une pause et enchaîna aussitôt :

- Vous savez quoi ? Vous aurez une raison pour revenir, comme ça ! Il vous faudra administrer vos terres !

Elle releva enfin la tête dans sa direction. Des yeux rieurs. Des yeux malicieux et plein d'étoiles. Elle avait un beau sourire, de beaux cheveux et mais surtout, de beaux yeux, oh oui !

Il réfléchissait déjà à comment il allait pouvoir lui faire une couronne digne de ce nom quand sa main se glissa dans la sienne. Petite et chaude. Elle l'entraîna avec elle vers la clairière qu'ils avaient quitté quelques temps plus tôt.

Soudain, ses yeux se posèrent sur des fleurs et... il s'arrêta et comme il lui tenait toujours la main, elle ralentit elle aussi. Il lui lança un regard équivoque et déclara :

- Attendez, je sais ! Tournez-vous !

Il attendit qu'elle ne regarde plus pour se tourner vers le parterre de cyclamens qu'il avait aperçu. Il avait fait ça d'autres fois, et les lier les fleurs les unes aux autres ne lui prit que quelques minutes. Il lui en resta entre les doigts une couronne de fleurs, toute délicate, parfaite pour elle. Peut-être un peu éphémère mais... n'était-ce pas comme ce qui se tramait à cet instant ? Éphémère, oui. Mais merveilleux aussi.

Il s'approcha d'elle, posa ses mains sur ses yeux et demanda :

- Fermez les yeux, s'il vous plaît.

Et sans un mot, sûrement aussi heureux qu'elle, il passa devant elle. Puis, il déclara, le plus solennellement possible, comme elle l'avait fait pour lui :

- Par les pouvoirs que vous m'avez vous-même conférés, et parce que vous avez accepté de devenir ma Reine, Kalisha, je vous nomme officiellement souveraine de la Forêt !

Et il posa sur sa tête les cyclamens liées entre elles. Il se retrouva face à elle, les yeux fermés, à réfléchir à ce qu'il aurait pu faire et... il lui planta un bisou sur la joue avant de reculer. Et de déclarer comme si de rien :

- Alors ? Comment vous la trouvez ? Vous aimez ?

Sylvère semblait de fou de joie à l'idée qu'elle ait pu accepter sa proposition et cela en était d'autant plus contagieux. Même si elle ne voyait pas bien pourquoi elle aurait pu refuser un titre si prestigieux.
Elle préférait de loin être la Reine d'un Roi des brigands qui la rendait heureuse que Comtesse d'un Comte qui ne lui accordait pas la moindre attention.

Vous savez quoi ? Vous aurez une raison pour revenir, comme ça ! Il vous faudra administrer vos terres !

Elle lui sourit en retour. Evidemment qu'elle allait revenir! Elle avait désormais des arbres, des oiseaux et tout une flopée de ces infâmes petits cloportes à administrer. Et puis surtout, elle pourrait revenir prendre des nouvelles de son Roi charmant. Elle ne comprenait toujours pas comment tout ceci avait pu se passer en à peine une journée mais c'était un fait, elle s'apprêtait à écrire un nouveau chapitre de sa vie digne d'une de ses ballades favorites.

Elle l'embarqua alors dans la clairière afin qu'il puisse lui aussi lui faire une belle couronne. Tout était si parfait! Et dire qu'il était un hors-la-loi... Cela semblait impossible. Il était si attentionné, si amusant, si doux et si fou à la fois. Il était exactement tout ce que le Comte n'était pas et surtout tout ce qu'elle s'était toujours imaginée. En revanche, elle n'avait jamais songé trouver cela au fin fond d'une forêt brumeuse.

Soudain, il stoppa le coursa, lui intimant de se retourner. Elle afficha une mine surprise et se tourna de bon cœur.

- Vous savez réellement faire des couronnes de fleurs, mon Roi? Vous êtes décidément plein de talents et de ressources!

Elle attendit patiemment quelques minutes observant la nature se préparer à son grand sommeil hivernal. Puis elle posa son regard sur le manteau de Sylvère: il avait du être beau un jour, couvert d'une épaisse fourrure. Désormais il était quelque peu dégarni et elle ne l'en aima que plus. Enfin le moment arriva où il lui demanda de fermer ses yeux. Elle posa ses petites mains aux doigts graciles sur ses prunelles sombres sans que ce petit sourire ne puisse la quitter.

Par les pouvoirs que vous m'avez vous-même conférés, et parce que vous avez accepté de devenir ma Reine, Kalisha, je vous nomme officiellement souveraine de la Forêt !

Elle sentit quelque chose de cerclé et léger se poser à son tour sur sa tête. Souveraine de la Forêt. Si on lui avait dit un jour qu'on lui offrirait ce titre elle aurait sans doute rit aux éclats devant tant d'excentricités. Pourtant, elle se sentait étonnement fière de porter sa couronne et surtout de la partager avec lui. Elle savait à quel point sa forêt était importante à ses yeux et qu'il accepte ainsi de la partager avec elle la touchait profondément. Elle se sentait presque indigne d'un tel honneur alors qu'elle ne le connaissait que depuis si peu de temps.

Et soudain... Etait-ce un baiser qu'il avait déposé sur sa joue comme un petit papillon? Elle ouvrit soudainement les yeux, le rose lui était encore monté aux joues.

- Alors ? Comment vous la trouvez ? Vous aimez ? déclara-t-il avec sa nonchalance habituelle

- Et bien... Je ne peux pas en juger puisque vous me l'avez déposé sur ma tête sans que je ne puisse l'apercevoir

Elle se mit à rire et se vengea en déposant à son tour un timide baiser sur sa joue.

- Je suis sûr qu'elle doit être magnifique.

Sylvère eut un sourire en coin quand elle s'étonna de sa capacité à faire des couronnes de fleurs.

- Votre mari ne sait pas faire ça, lui, hein ? C'est bien dommage, je suis sûr que ça le rendrait plus aimable !

Non, décidément, ce comte ne la méritait pas. Elle, elle était merveilleuse. Drôle et heureuse. Carrément adorable dans sa manière d'être, dans sa peur des cloportes. Aussi et surtout dans la douce folie qui l'avait habitée, et qui l'habitait encore, quand elle avait accepté de rester avec lui et de devenir sa Reine.

Maintenant qu'il avait goûté à sa compagnie, si légère, il n'avait aucune envie de retourner à sa solitude. Enfin, bien entendu, il n'était peut-être pas si seul que ça mais jamais vraiment accompagné non plus... Avoir quelqu'un avec qui discuter ainsi avait quelque chose de séduisant.

Quand il lui demanda de fermer les yeux, elle posa ses mains devant ses paupières. De l'extérieur, ils devaient ressembler à deux enfants qui jouaient. Et l'impression devait être encore plus importante quand, après avoir reculé, elle lui rendit son bisou. Et que si elle avait pris un peu de couleur lorsqu'il l'avait lui-même fait, Sylvère vira pour sa part carrément à l'écrevisse. Cela ne l'empêcha pas de répondre cependant, pour ne pas perdre totalement la face :

- Une couronne aussi belle et délicate que vous, bien sûr !

Mais bon, pour une fois, il ne parvenait tellement pas à cacher son malaise. Quoique... malaise. Était-ce le bon mot ? Il se sentait à sa place, justement. Alors ne serait pas plutôt une simple gêne... ? Pour changer de sujet et retrouver une couleur plus normale, il déclara :

- Mais puisque vous restez et que vous êtes désormais la reine, il vous faut à tout prix visiter votre palace !

Enfin, palace. Tout était relatif. Surtout pour elle qui habitait dans un château, elle allait certainement avoir un léger choc en voyant dans quel luxe il... ne vivait pas, justement. Pas de matelas en plumes, ça non. Pour lui, c'était simplement une paillasse dans une grotte humide.

- Vous verrez, ce n'est pas la grande classe mais... je vous jure, il n'y a aucun cloporte à l'intérieur !

Et sans attendre la réponse, il l'entraîna à sa suite. Sa grotte n'était pas loin et en quelques minutes tout juste, ils furent arrivés à destination. Il sauta sans une hésitation, par habitude puis se retourna pour la réceptionner quand elle serait descendue à son tour.

Quelques secondes plus tard, il se retournait vers l'intérieur. C'était drôle comme le capharnaüm d'un endroit apparaissait quand vous aviez conscience d'avoir un oeil habitué à autre type d'endroits - beaucoup plus riches que celui-ci - juste à côté. Il fit la moue. À cet instant, il en avait presque honte. De se dire qu'il vivait là-dedans...

Il se tourna malgré tout vers elle pour guetter sa réaction et demanda, entre autodérision et grand sérieux :

- Pas trop déçue par votre nouveau palais ? Ça ne vous donne pas envie de rentrer chez vous ?

Il fit une pause, désigna le lit de fortune et ajouta :

- Ne vous inquiétez pas, je vous le laisserais... et j'irais dormir... - une pause, pour réfléchir où il dormirait justement, si elle prenait son lit et déclara après une illumination, en souriant : et j'irais dormir dans un arbre bien sûr !

Ah ça non! Ce n'était pas Prosper qui lui aurait tressé une couronne de fleurs aucun doute là dessus! D'ailleurs les fleurs étaient un sujet bien superflues pour lui, réservée à l’oisiveté féminine exclusivement.

Lorsqu'elle le remercia d'un discret petit baiser, le teint de Sylvère vira au rouge coquelicot. Il était tellement attendrissant comme cela qu'elle ne l'en trouva que plus beau avec ses cheveux sombres et son regard aigue-marine qui ressortait au milieu du pourpre de ses joues.

Elle lui sourit bêtement lorsqu'il lui indiqua que la couronne était à son image (image fort flatteuse au demeurant). Lui-même semblait quelque peu gêné parce qu'il venait de se passer et ce qui continuait de se passer. Il opta donc fort judicieusement pour un changement de sujet.

Visiter son palais! Il allait  l'emmener chez lui! Sa curiosité et son enthousiasme était à son comble

- Tant qu'il n'y a ni cloportes, ni scolopendres alors je suis sûr que ce sera très bien!

Elle suivit Sylvère qui l'entraina non loin jusqu'à l'entrée d'une grotte. Elle avait passé le court trajet à imaginer à quoi pouvait bien ressembler le repère d'un brigand. La seule image qui lui venait en tête était celle d'un conte pour enfant où le roi des brigands vivait dans une grotte au milieu de ses immenses richesses toutes plus brillantes les unes que les autres et qu'il avait accumulé à fil des ans.

Le hors-la-loi sauta et elle se jeta à son tour dans ses bras pour descendre. Elle aurait sans doute dû éprouver de la gêne à la sensation de ses mains autour de sa taille mais il n'en était rien. Au contraire, elle ressentait toujours un certain regret lorsqu'il la relâchait.
Elle découvrit alors son palais. Une grotte un tantinet humide, un sol de terre et un unique petit lit, ou du moins ce qui devait l'être.

Elle resta stupéfaite devant un tel minimalisme.

- Pas trop déçue par votre nouveau palais ? Ça ne vous donne pas envie de rentrer chez vous ?

Elle secoua la tête avant de pouvoir lui répondre

- Je préfère cent fois être ici avec vous que seule au milieu de mon luxueux château. Mais...

Elle n'avait pas quitté les lieux des yeux, tentant de rassembler ses idées pour les formuler convenablement

- Comment faites-vous pour vivre avec si peu? Cela fait longtemps que vous vivez ici?

En comparaison, la chaumière du médecin était le comble de l’opulence. Sylvère lui offrit son lit et elle attrapa sa main

- Je ne peux pas vous laisser dormir dans un arbre, et si vous tombez?! Qu'est-ce que je deviendrai sans mon Roi? Nous n'avons qu'à construire un autre lit! Et puis je vous amènerai de quoi en faire un vrai palais lorsque je reviendrai, vous verrez!

Un petit rire qui fit écho dans la grotte ponctua sa phrase. Elle savait déjà qu'elle reviendrait pas avec un unique cheval. Non elle serait bien trop chargée pour cela.

Il n'y avait ni cloportes ni scolopendres dans sa grotte - pas à ce qu'il sache toujours, il ne faisait pas vraiment attention - mais il doutait qu'elle n'y soit totalement à son aise malgré tout. Ça restait un endroit humide et peu confortable, après tout. Elle ne devait pas vraiment être habituée à cela.

Pourtant, elle sauta sans une hésitation dans ses bras quand il s'agit de descendre dans le boyau sombre. Il y eut un certain moment de flottement quand il se rendit compte que ses mains avaient traîné aux alentours de ses hanches plus longtemps que nécessaire. Mais elle ne sembla pas l'avoir remarqué. Ou du moins, elle ne dit rien. Sans doute trop occupée qu'elle était à détailler le palace - qui n'avait de palace guère que le nom. Ce n'était pas très luxueux, il en avait conscience mais il aurait tout donné pour savoir ce qu'il se tramait dans sa tête à cet instant.

Puis, enfin, le verdict tomba et il recommença à respirer. Il ne s'était même pas aperçu qu'il avait bloqué son inspiration dans sa cage thoracique. Qu'est-ce qu'il avait cru ? Que devant le luxe parfaitement inexistant de sa grotte, elle fasse demi-tour et retourne à sa vie dorée ? Peut-être bien. Il avait eu peur, oui. Il se rendait compte à quel point cela était ridicule. Surtout que...

- Vous méritez tellement plus que ce mari qu'on vous a donné ! J'aimerais tellement vous aider.

Ce à quoi il lui fut répondu :

- Mais... Comment faites-vous pour vivre avec si peu ? Cela fait longtemps que vous vivez ici ?

Elle n'avait toujours pas tourné la tête dans sa direction. Il avait conscience de ce que ça devait représenter pour elle. C'était avant tout pour ça qu'il venait de lui proposer son lit. C'était tout ce qu'il pouvait faire pour rendre le lieu un peu plus ... sympathique à ses yeux. Il ne s'était pas attendu à sentir sa petite main se glisser dans la sienne. Sa petite main chaude et douce.

- Et pourquoi pas ? Je ne suis encore jamais tombé. Mais je préfère construire un second lit quand même.

Des siestes dans les arbres, il n'en était pas à sa première. Mais l'idée qu'elle pense à construire un second lit pour lui, alors qu'il avait vaguement eu l'intention de dormir à même le sol humide le toucha. Elle était différente des autres nobles.

- Et pour répondre à votre question... j'habite ici depuis cinq ans. J'ai eu le temps de m'y faire. Croyez-le ou non, je ne reviendrais à la civilisation pour rien au monde. J'aime ma vie ici, même si beaucoup trouverait sûrement des choses à y redire.

Il sourit quand elle lui proposa de lui construire un vrai palais. Elle était touchante, vraiment. Il aurait voulu qu'elle reste pour l'éternité. Il ne la connaissait que depuis hier, elle n'était pas encore partie mais l'idée de retrouver sa solitude lui pesait déjà. Kalisha était sincèrement la seule amie qu'il n'avait jamais eue - c'était dire !

Il secoua la tête pour chasser cette nostalgie malvenue et s'avança à grand pas dans son palais. Il s'accroupit dans un coin et déclara en fouillant distraitement dans le tas de vêtements.

- Tenez, regardez là-dedans. Vous y trouverez peut-être des vêtements plus adaptés à votre nouvelle vie forestière !

Il se retourna vers elle et lui fit signe de s'approcher.

- Vous méritez tellement plus que ce mari qu'on vous a donné ! J'aimerais tellement vous aider.

Il ne s'en rendait pas compte mais il l'aidait! Plus que n'importe qui d'autres... Ce n'était peut-être rien de matériel ou de concret pour lui mais pouvoir passer cette journée en sa compagnie à rire et à être elle-même était la plus belle aide qui soit. Elle ne voulait pas partir mais elle savait que c'était là chose inéluctable. Seulement, elle aurait au moins ce souvenir à chérir et auquel se raccrocher lorsque tout irait mal.

Sylvère souhaitait dormir dans un arbre mais il n'en était pas question... C'est pourquoi elle lui proposa de construire second lit. Elle n'avait aucune idée de comment on pouvait bien construire un tel mobilier mais  elle ferait de son mieux pour l'aider, armée de ses maigres compétences. Tout ceci était si spartiate qu'elle en vint naturellement à se demander depuis combien de temps, il vivait ici.

- Cinq années?! Et... C'est tout ce que vous avez? Un lit? Vous n 'avez jamais eu envie de posséder autre chose ou de les améliorer?

Elle était plus qu'étonnée que l'on puisse vivre ainsi durant si longtemps. Elle était peut-être une princesse mais de ce qu'elle savait, tout un chacun souhaitait toujours obtenir plus et mieux ce qui ne semblait pas être le cas de Sylvère. Il était décidément bien différent... C'était sans doute cela qu'elle appréciait tant chez lui: il était simple, franc et sincère. A l'opposé de tous les nobles qu'elle croisait et avec qui elle devait composer, pesant sans cesse ses mots pour ne pas commettre d'impair.

Sylvère lâcha sa main et sentir l'air frais et humide contre sa paume au lieu de sa peau si chaude avait quelque chose... de frustrant. Elle l'observa s'enfoncer un peu plus loin et s'accroupir dans l'obscurité avant d'être appelée. Prise de curiosité, elle s'approcha, se demandant ce qu'elle pourrait bien dénicher dans une garde-robe de brigand. Le point positif était cependant que leur taille était similaire, sans parler du fait que Sylvère était plutôt menu pour un homme.

Elle s'accroupit à ses côtés et commença à farfouiller. Il y a vraiment de tout et n'importe quoi! A croire que c'était là l'armoire d'un acteur d'une troupe de théâtre. Elle regarda amusait les différents effets de son ami, jusqu'à tirer sur l'un des tissus. Elle ne put retenir une exclamation de surprise quelque peu amusée:

- Vous porter vraiment cela mon Roi? Ou devrais-je vous appeler désormais ma Reine?

Au bout de ses bras, se tenait dépliée une... Robe. Pas une soutane. Une robe. Une vrai robe de femme, comme la sienne. Elle eut un petit sourire amusée, attendant ses explications.

Kalisha semblait au delà de la surprise. Était-ce si exceptionnel de ne pas avoir cherché à vivre dans plus luxueux depuis cinq ans ? Sylvère se sentait très bien dans sa grotte et quand bien même il aurait voulu, qu'aurait-il pu faire de plus ? Il passait la plupart de son temps dehors et ne venait se réfugier dans le coin que par mauvais temps ou durant les nuits. Mais guère plus. Alors qu'importe.

- Un lit, c'est déjà mieux que rien, non ?

Et il lui adressa un sourire mutin puisqu'il savait pertinemment que cela ne risquait pas d'être l'avis de la jeune femme. Il fallait reconnaître pour sa défense que la frugalité de son palais ne devait pas correspondre à grand chose de connu pour elle. Cela le fit penser à une chose.

- Voilà, vous connaissez mon milieu de vie maintenant. À votre tour. Racontez-moi à quoi ressemble votre chambre...

Il avait curieusement très envie de savoir dans quel genre de pièce elle vivait à l'année. Est-ce que sa chambre lui ressemblait ? Y avait-elle mis des choses personnelles ?

Quand il s'accroupit devant les vêtements, elle ne perdit pas de temps pour le rejoindre et venir fouiller à son tour. Il y en avait beaucoup. De quoi habiller de nombreuses personnes. Pour ainsi dire, Sylvère n'en avait mis guère plus que le quart. La plupart du temps, il se contentait de son manteau pelé, de ses vieux habits habituels et, à l'occasion, d'un déguisement pour tromper sur son identité lors de ses passages citadins.

Il y avait de toutes les tailles mais en plus, Kalisha faisait à quelque chose près la même taille que lui. Rien de plus facile que de trouver quelque chose d'adapté à la situation. En tout cas, elle semblait amusée par ce qu'elle voyait.

Et Sylvère comprit vite pourquoi. Ce qui devait arriver arriva. Il avait oublié cette robe, pourquoi l'avait-il laissée avec les autres tenues ? Forcément, Kalisha n'allait pas laisser passer une telle chose et voilà qu'elle saisissait l'occasion de le taquiner au vol.

- Vous porter vraiment cela mon Roi ? Ou devrais-je vous appeler désormais ma Reine ?

Pourquoi, parmi tous les vêtements, avait-il fallu qu'elle trouve... celui ci en particulier ? Bon sang. Évidemment, elle attendait des explications désormais. Qu'allait-il bien pouvoir lui dire ?

Certainement qu'elle ne s'était pas attendu à trouver un tel vêtement dans la garde robe d'un brigand. Mais justement. Il aurait aimé lui dire de ne pas s'en occuper, que ce n'était rien qu'un des nombreux impôts qu'il avait gagné ces dernières années ou encore que c'était la première fois qu'il la voyait et qu'il n'avait pas la moindre idée de comment elle était apparue ici.

Mais il avait de sérieux doutes pour dire que cela ne suffise à satisfaire la curiosité de la dame.

- Ma tête est mise à prix, vous savez, commença-t-il alors. Je suis amené à faire quelques voyages en ville, surtout vers cette période, et je ne peux décemment pas y aller comme ça.

Il lui sourit, amusé, puis remarqua :

- Croyez-moi, il n'y a pas meilleur déguisement que cette robe pour passer inaperçu. Qui penserait que c'est moi ? Mais c'est loin d'être le seul, vous savez !

Sylvère avait déjà mis tous les déguisements possibles et imaginables. Du vieil homme boiteux à la charmante paysanne en passant par l'idiot du village. Il avait tout fait, et tout avait fonctionné à chaque fois.

- D'ailleurs, ajouta-t-il avec grand naturel, comme si de rien, je ne sais pas comment vous parvenez à marcher engoncée ainsi dans autant de tissus ! Ce n'est vraiment pas pratique !

Son milieu de vie... Il n'avait rien à voir avec le sien c'était sûr mais de là à dire que c'était forcément mieux... Elle prit un air songeur, le temps de rassembler une image mentale de sa chambre.

- Et bien... C'est nettement plus meublé. Ce n'est pas vraiment une chambre plus des appartements avec plusieurs pièces. Le sol est couvert de tapis, il y a un lit en bois sombre et au rideau pourpre, un petit secrétaire, une armoire... Une multitudes de tableaux inconnues. Et pour ainsi dire rien de chez moi.

Elle baissa la tête

- J'ai du tout abandonné en passant la frontière, vous savez. J'aimerai pouvoir faire importer certains biens mais je crains que cela ne soit désormais difficile. Il n'y a guère que les tissus que j'ai pu obtenir afin de faire confectionner des robes d'inspiration Djerdan

Elle lui sourit tristement avant de rapidement passer à autre chose: une garde-robe digne d'un acteur. On aurait pu habiller toute une troupe avec cela! Y compris des femmes... Elle n'en revenait pas qu'il ose se déguiser en femme pour venir en ville! C'était si incongrue! Elle réprima un petit rire en l'imaginant vêtu en femme.

- D'ailleurs, ajouta-t-il avec grand naturel, comme si de rien, je ne sais pas comment vous parvenez à marcher engoncée ainsi dans autant de tissus ! Ce n'est vraiment pas pratique !

Elle posa ses mains sur ses hanches, prenant un air faussement supérieur:
-Et bien peut-être que je partagerai mes secrets avec vous si vous êtes sage, Sire.

Puis ses yeux se posèrent à nouveau sur le vêtement en question, elle le prit de nouveau entre ses mains pensive. Puis regarda Sylvère avec cette petite étincelle qui disait "Je viens d'avoir une idée un peu folle. Un sourire s'étira aux coins de ses lèvres.

- Sylvère? Cela vous dirait de venir visiter Monthoux un jour?

Elle avait du mal à contenir son sourire qui menaçait de se transformer en petit rire.

- Avec cette robe vous pourriez passer pour ma nouvelle femme de chambre... Ça ne serait pas formidable?!

Cette idée était folle, mais puisqu'il était habitué aux déguisements, cela ne devrait pas poser de problème. Et ce serait tellement amusant d'être avec lui à Monthoux! Elle pourrait lui montrer le château, les jardins et il repartirait avec de quoi manger pour le mois à venir au moins.

Ses mains se joignirent sous menton, l'implorant du regard d'accepter cette idée, juste un peu plus originale que la moyenne.

Sylvère l'écouta sans la couper raconter l'environnement dans lequel elle vivait chaque jour. Et il se plaisait à imaginer ce qu'elle lui décrivait. Des meubles luxueux. Une enfilade de pièces de plus en plus belles. Des tapis qui couvraient intégralement le sol. Des tableaux. En soi, un lieu bien plus digne d'une princesse que sa grotte qui sentait le renfermé.

- Ça doit être magnifique, dit-il.

Sylvère n'avait jamais eu l'occasion d'entrer dans un tel lieu et il ne pouvait s'empêcher de se demander comment c'était en vrai. Sûrement pas si idyllique que ça si on en croyait les dires de la pauvre Kalisha.

Et son mari... Oh, s'il l'avait eu en face de lui, il lui aurait dit ses quatre vérités. Il se tourna vers elle et déclara pensivement, tandis qu'elle lui avouait qu'elle avait dû abandonné ses effets personnels à la frontière Djerdan :

- Vous savez Kalisha ? Vous méritez mieux que cette vie-là. Vraiment.

Il réfléchissait à tout cela, en fouillant distraitement dans les habits et en souriant devant la manière dont elle avait posé autoritairement les mains sur les hanches et il lui répondit :

- Quoi ? Je ne suis pas assez sage ? Je suis discipliné comme une image voyons !

Il avait à peine refermé la bouche avec un air content de lui quand d'un coup... son sourire. Le sourire qui lui soufflait de se méfier. Qui signifiait qu'une idée venait de s'implanter dans son esprit. Qu'est-ce qu'elle avait l'intention d'inventer encore ?

Il n'eut pas longtemps à attendre pour savoir. Visiter Monthoux ? Voir sa chambre, les tapis et les tableaux ? Sa garde robe ? Oh il était certain de passer un bon moment mais... le problème résidait ailleurs. Sa tête était mise à prix. Il ne pouvait décemment pas y aller ainsi. Mais visiblement, Kalisha avait déjà pensé à ce genre de détails puisqu'elle enchaîna aussi sec :

- Avec cette robe vous pourriez passer pour ma nouvelle femme de chambre... Ça ne serait pas formidable ?!

Être la... nouvelle femme de chambre ? Vraiment ? C'était encore une idée plus folle que celle de rester dans la forêt et de la nommer reine ! C'était loufoque mais terriblement tentant. Alors il n'hésita qu'une demi-seconde. Au Diable la prudence ! Il ne pouvait pas résister face à ces supplications... Ce n'était tout simplement pas possible.

- Je vous préviens. Je suis très mauvais coiffeur, il ne faudra pas vous plaindre.

Et il lui sourit. Aller voir ce château le réjouissait déjà. Il ajouta ensuite avec plus de sérieux :

- Vous voulez que je vous dise ?

Question purement rhétorique, il ajouta sans attendre une seconde :

- Si j'avais votre mari en face de moi, je lui dirais qu'il ne vous mérite pas, qu'il a une chance inestimable de vous avoir pour femme, que vous êtes drôle, gentille et merveilleuse et que, s'il ne s'en rend pas compte, alors ce n'est qu'un gros lard.

Elle méritait peut-être mieux mais c'était la vie dont elle avait hérité et qu'elle devrait assumer. Elle n'avait plus qu'à espérer que l'amour de son époux pour la bonne chair l'emporte rapidement... Et elle s'en voulut aussitôt d'avoir eu de pareilles pensées. Souhaiter la mort de quelqu'un était une chose terrible et si cela arrivait demain, par le plus grand des hasards, elle ne pourrait s'empêcher de s'en vouloir terriblement!

Mais il ne fallut pas grand chose pour éclipser ces sombres réflexions. Une simple remarque de Sylvère, un brin moqueuse et le tour était joué. Envolée la culpabilité et Monthoux!

A tel point qu'une idée farfelue germa dans son esprit -sans doute l'influence dû à la proximité de ce Roi Charmant-. Cette robe... Cette robe pourrait servir à le déguiser pour qu'il vienne lui rendre visite! Oh ce que cela serait amusant et terriblement heureux! Elle le regarda d'un air suppliant, mains jointes. Une demi-seconde plus tard (seulement) il annonça être un piètre coiffeur et pour toute réponse elle se jeta à son cou, lâchant la robe qui retourna s'empiler avec les autres vêtements.

-Merci merci merci merci merci merci

Ce n'était peut-être rien pour lui mais pour elle ça voulait dire beaucoup, c'était l'espoir de journées meilleures au château accompagnée de celui qui lui avait rendu sa joie de vivre. Elle le serra fort dans ses bras (sans doute un peu trop) mais elle ne voulait pas le laisser partir. Peu importe s'il la coiffait mal puisqu'il n'aurait jamais à la servir réellement, simplement à faire illusion.

- Vous voulez que je vous dise ? Si j'avais votre mari en face de moi, je lui dirais qu'il ne vous mérite pas, qu'il a une chance inestimable de vous avoir pour femme, que vous êtes drôle, gentille et merveilleuse et que, s'il ne s'en rend pas compte, alors ce n'est qu'un gros lard.

Ce furent les mots de trop, et alors qu'elle refusait obstinément de le lâcher, elle sentit les larmes lui monter aux yeux tant elle était touchée de ces quelques paroles anodines. Elle ne savait pas bien quoi lui dire de plus excepté un énième remerciement. Alors elle le serra encore plus fort contre son petit corps fluet de noble, se laissant porter par les senteurs de bois humides dont ses vêtements étaient imprégnés. Odeurs qui lui firent revivre cette matinée depuis son apparition en cochon pendu, en passant par l'ascension du grand chêne, le couronnement, et maintenant son palais. A contre cœur, elle desserra son étreinte, essuyant discrètement les quelques vestiges de larmes et reporta son attention sur les vêtements.

Après quelques instants de fouilles, elle dénicha une cape de laine épaisse recouverte d'une chaude fourrure, à peu près aussi élimée que le manteau de Sylvère. Elle en tomba amoureuse immédiatement et la serra contre elle.

- Vous ne trouvez pas qu'elle ressemble à votre manteau? Nous serons bien assortis ainsi!

Elle lui tendit la cape pour qu'il juge par lui-même. Son sourire était revenue et ses tristes pensées envolées d'un coup de vent un peu plus loin. Elle retira son manteau et se leva pour le poser sur les épaules du bandit avant de revêtir le précieux atour. La nouvelle Reine de la forêt, se leva avec grâce et fit un petit tour sur elle-même;

- Qu'en pensez-vous Sire? demanda-t-elle sincèrement.

Kalisha se jeta à son cou, en laissant tomber la robe qu'elle tenait devant elle. Il fallait dire qu'en acceptant de jouer les femmes de chambre, il ne pensait pas pouvoir provoquer une telle flopée de merci ni un tel élan de joie.

Sous le coup de la surprise, Sylvère ne put faire autrement que de se crisper. Mais bien vite cependant, il se détendit. Elle le serrait très fort contre elle mais, même s'il l'avait voulu, il n'aurait jamais pensé à se dégager.

Elle ne l'avait toujours pas lâché et il ne s'était pas non plus attendu à ce que ces noms provoquent en elle une telle émotion – au point que ses yeux ne brillent soudainement de larmes. Elle ne dit rien, mais son étreinte se resserra encore contre lui, à compter que ce soit possible de le serrer davantage encore. Il hésita durant une seconde puis il passa ses bras dans son dos pour la prendre dans ses bras à son tour.

Cet instant eut quelque chose de magique à ses yeux. Mais tout moment avait une fin et celle-ci vint à son tour, comme Kalisha se reculait et se tournait de nouveau vers la pile d'habits. Sylvère la regarda fouiller, perdu dans ses pensées, jusqu'à ce qu'elle se redresse en tenant une cape très élimée. Il sourit en la voyant la serrer contre elle.

- Je serais très heureux d'être assorti à vous !

Elle enleva son manteau et vint le lui poser sur ses épaules. Sylvère le remit aussitôt et quand il fut au chaud, il s'autorisa un frisson. On n'était que début novembre mais en forêt, la chaleur était déjà bien descendue et il était heureux de retrouver la chaleur relative de son vieux manteau.

- Elle est parfaite, ma Reine, répondit-il en s'incliant ensuite, en souriant. Je suis sûr qu'elle vous ira merveilleusement bien.

Il ne dit rien pendant quelques instants et reprit, en jetant un oeil dehors – ce qui lui permit de constater que le soleil était bien avancé dans le ciel.

- Qu'est-ce que vous diriez d'aller chercher ce pour quoi vous êtes venue dans cette forêt, gente dame ? Cela vous permettrait de vous présenter en tant que reine à votre premier sujet, j'ai nommé le très noble médecin de notre cour.

Kalisha se mit à tournoyer sur elle-même, amusée et débordante de joie. Elle savait déjà qu'elle chérirait cette cape plus que n'importe quel autre robe en sa possession. Ce n'était certainement pas la plus chère, ni le plus élégant des vêtements mais il respirait la félicité comme aucun autre.

- Qu'est-ce que vous diriez d'aller chercher ce pour quoi vous êtes venue dans cette forêt, gente dame ? Cela vous permettrait de vous présenter en tant que reine à votre premier sujet, j'ai nommé le très noble médecin de notre cour.

Ce qu'elle était venue chercher? Elle l'avait presque oublié. Tout cela semblait désormais bien loin et sans importance. Ce n'était pourtant que la veille. Qu'avait-il pu se passer en si peu de temps? Son cœur se serra à nouveau à l'idée de partir et surtout d'user de ce qu'elle était venue chercher.
Dans cette forêt, elle avait trouvé bien que plus que ce qu'elle avait imaginé, et elle le devait incontestablement à Sylvère. Elle regarda un instant ces doux yeux de saphir avant de trouver le courage d'acquiescer et de quitter son palais.

Il ne leur fallut que peu de temps pour se retrouver à son point de départ: la chaumière du médecin. Kalisha prit une longue inspiration en même temps qu'elle serra la main de son Roi dans la sienne, et ils s'annoncèrent.

Spoiler:

Le cycle de Keshalgër était pour bientôt et au lieu d’embêter Hyriel à chaque fois, cette fois elle comptait bien lui demander comment préparer la décoction contre ses douleurs elle même. Keshalgër était donc partie rendre visite à son "collègue" sorcier chez lui. Elle comptait bien lui offrir quelque chose en échange de sa recette, pour ça il fallait qu'elle voit ce qui pourrait intéresser Hyriel. Une fois devant la cabane du sorcier elle toqua a la porte, qui s'ouvrit sur le plus jeune des acolytes d'Hyriel. Keshalgër essaya de se rappeler de son prénom tout en le détaillant de haut en bas.

-Hmmm tu est... Guillot ? Non Guillaume! Hyriel est là ?

Guillaume lui répond que oui et Keshalgër le remercie d'un signe de tête, elle a un visage neutre mais pas froid, juste normal, sans sévérité ou de sourire.

Keshalgër salue les autres occupants de la cabane d'un signe de tête avant d'allez voir Hyriel.

- Bonjour Hyriel. J'ai quelque chose à te demander. Pourrais tu me donner la recette que tu utilises pour mes maux de ventre ? Comme ce n'est pas près de s’arrêter et que je finirais surement par quitter la forêt, ce serait plus simple pour moi de la connaitre. Je compte te payer pour ça, je peux te faire une amulette avec les effets de ton choix ou autre chose, à toi de voir.

Puis quelque instant plus tard quelque'un s'annonce à la porte du sorcier herboriste.

Les quatre amis avaient terminé le repas depuis peu et s’occupaient en attendant de repartir à leurs activités, surtout Eugène qui rassemblait de quoi partir en quête de fruits. Ils entendirent frapper. La jeune femme qui revenait ? Guillaume, le plus proche de la porte, alla ouvrir et cligna plusieurs fois des yeux en revoyant la sorcière aux tatouages. Il n’avait pas peur mais ça le surprenait. Il sourit timidement et hocha la tête à la correction avant de murmurer un timide « Oui. » et de s’écarter pour la laisser entrer. Hyriel la salua d’un signe de main et d’un sourire.

« Bonjour, collègue ! »

Il écouta sa demande et hocha la tête.

« Je vais te donner ça. Et pourquoi pas une amulette, oui, comme échange de bons procédés. Que peux-tu me proposer ? »

Il n’eut pas le temps d’entendre la réponse que l’on frappa à la porte. Guillaume, qui venait de se rasseoir, se releva en maugréant et alla ouvrir. Cette fois, ce fut bel et bien leur nouvelle compagne qui rentrait. Avec une couronne de fleur. Avec un manteau de brigand. Avec le brigand. Le brigand aussi couronné de fleurs. Mains dans la main. Hyriel haussa un sourcil, Guillaume ouvrit de grands yeux étonnés, Eugène inclina la tête et Florentin se retint de rire. Il finit par laisser échapper un souffle de rire qui ramena les autres à la réalité. Hyriel retrouva son sourire joueur et appuya sa tête sur son coude.

« La promenade a été bonne ? »

Kalisha ne semblait pas exactement ravie de retourner chez Hyriel. N'était-ce pas pour cela qu'elle était venue la veille, pourtant ? Ce moyen de tomber enceinte... Décidément, tout cela était compliqué. La veille encore, elle disait que c'était essentiel, et maintenant...

En pensant à la veille, cela lui rappela également qu'elle avait alors assurer partir à midi au plus tard. Et que, midi pourtant bien dépassé, elle était encore là. Et visiblement pour quelques temps encore puisqu'elle avait accepté de rester avec lui. À ne pas s'y méprendre, il était loin de s'en plaindre !

Le chemin jusqu'à la chaumière de Hyriel fut court. Il laissa Kalisha frapper et lui serrer la main – comme si elle craignait quelque chose, mais quoi ? Elle était chaude dans la sienne et c'était agréable.

La porte s'ouvrit peu de temps après, sur l'un des compagnons d'Hyriel. En les voyant, ils prirent tous une expression... surprise. Tous autant qu'ils étaient. Keshalgër était là aussi. Il fallait croire que c'était le rassemblement des habitants de la forêt. Manquait plus qu'un ou deux esclaves en fuite, et la panoplie serait au complet.

Après s'être reprit, Hyriel afficha de nouveau son sourire moqueur et demanda, en appuyant sa tête sur son coude, tout à fait nonchalamment :

- La promenade a été bonne ?


Oui, bon. Il aurait dû deviner qu'en rentrant ici avec des couronnes, Hyriel trouverait quelques moqueries à lancer. C'était être naïf – ou distrait – que de ne pas y avoir pensé.

Elle était pourtant jolie, la couronne de sa Reine ! Et celle qui la portait aussi, d'ailleurs. Très jolie...

Au lieu de le faire grimacer, la remarque d'Hyriel lui tira surtout un sourire idiot. Oui. Une merveilleuse promenade. Et Kalisha à côté de lui ne s'y trouvait pas étrangère. Pourtant, il ne se laissa pas aller et il rétorqua :

- Une promenade très agréable, en effet. En charmante compagnie. Je me devais bien de faire visiter le domaine à notre invitée, évidemment ! Être accueillant est la moindre des choses quand on héberge une noble dame. Connaissant la condition physique de mon cher médecin royal, j'ai cru bon de le remplacer dans ses obligations d'hôte et d'accompagner cette demoiselle afin d'éviter qu'elle ne s'égare.

Et il adressa un immense sourire à Hyriel, sans avoir lâché la main de Kalisha.

Kalisha serrait fort la main de Sylvère. Elle affichait ce petit sourire mi-nerveux, mi-ravi, attendant patiemment que la porte s'ouvre. Son cœur s'accéléra. Pourquoi craignait-elle ainsi la réaction de son hôte ? Cela dépassait son entendement toujours était-il qu'elle était là, fébrile, lorsqu'enfin grincement annonça que l'entrée se libérait.

C'était l'un des hommes vivant avec lui, elle l'avait vu la veille. Les autres aussi étaient là, ainsi que le médecin royal et une femme avec des tatouages. Ses yeux s'arrêtèrent un instant sur son physique peu commun à Monbrina.
Tous affichaient une expression de surprise et la réaction de son hôte ne se fit guère attendre. Était-il en train de se moquer?

Elle laissa Sylvère terminer avant de renchérir de plus belle:

-Oh oui! Fort bonne je vous remercie ! Sa Majesté a eu la bonté de montrer son Royaume d'un point de vue imprenable ! Une expérience que je ne suis pas prête d'oublier. Je n'ai pas pu résister à l'envie de lui offrir une couronne de ma confection en guise de remerciement

Après son emportement enjoué, ses joues rosirent en évoquant la couronne. Ce n'était pas la couronne en elle-même mais tout le reste: ce sentiment de plénitude, ce petit baiser innocent, ce brin de folie... Elle serra un peu plus la main de Sylvère.

Que dire... Keshalgër reste un moment bouche bée face a la scène. Sylvére le roi de la foret au coté d'une femme et ils portent des couronnes assortie. Après le petit moment de surprise un sourire en coin se dessine sur le visage de Keshalgër. Un sourire mi moqueur mi heureux. Après tout ils sont mignon tout les deux, mais la sorcière va pas loupé le bandit sur ce coup la ho non.

-Donc cette foret a une reine a ce que je vois. A quand les princes et les princesse?

La question était moqueuse, mais pas totalement, après tout Keshalgër adore les enfants et peux être, PEUX ETRE, qu’être père rendra Sylvére plus mature. L'espoir fait vivre après tout, non?
Puis Keshalgër réalise enfin qu'elle ne connais pas la dame qui accompagne le roi des écureuils. En temps normal elle sortirais son rôle de la sorcière antipathique et froncerais les sourcils et tout. Mais la c'est un peux tard pour faire la sorcière sans pitié et acide.

-Ha mais on se connais pas toutes les deux.

Elle se lève et s'approche de la femme en profitant pour la détaillé sous toutes les coutures. C'est indéniablement une belle femme, mais quelque chose cloche elle fait trop... Propre et maniéré pour une paysanne, une brigand ou tout autre membre du peuple. Elle fait plus... Noble. Mais que ce qu'une noble irais faire ici? Surtout au bras de Sylvére... Mystère, elle verra avec Hyriel il doit surement savoir lui, il a pas eu surpris de ça présence.

-Salut, je m'appelle Keshalgër et vous?

Elle a une manière de parler étrange, mélangeant quelque notion d’étiquette avec une façons de s'exprimer plus rustique.

Hyriel et ses compagnons pincèrent les lèvres en voyant le sourire idiot de Sylvère. Eh bien, eh bien, eh bien, quelle prestance, le roi de la forêt ! Et sa justification… bien entendu, il lui lançait une pique mais celle-là était aussi facile que gentillette. Et la noble dame approuvait joyeusement, comme c’était charment ! Hyriel inclina alors obséquieusement la tête, souriant.

« Que voilà un noble dévouement de vous-même vous occuper de cela à la place de votre médecin ! Nous sommes ravis de vous retrouver si heureux et, effectivement, cette couronne vous va à ravir ! »

Et puis la sorcière le suivait. C’était magnifique. Les compagnons d’Hyriel, surtout Florentin, laissèrent échapper des petits rires et même Eugène esquissa un sourire, signe chez lui d’un état proche de l’hilarité. Hyriel, lui, se mordit fort les lèvres pour ne pas rire franchement et garder la face. Il la regarde s’approcher de la noble dame et se présenter. Quelles nobles manières ! Ils sont bien bon enfant dans cette forêt…

La semaine avait été étonnamment longue et Louise n'avait pas su où donner de la tête. Il y avait eu tant de détails de l’organisation à gérer au Lupanar, comme si tout devait tomber en même temps. Les comptes à tenir, le ravitaillement nourriture, l'inspection médicale que sa chère Isabelle avait décidé de mettre en place pour contrôler la santé des filles, l'intendance du ménage et autres corvées... Elle n'avait pas eu une minute à elle. A un moment, une des prostituée lui avait cependant rappelé son état le besoin urgent de recevoir une certaine chose. Louise avait compris qu'elle ne pouvait plus reporter sa visite chez le guérisseur de la forêt.

Depuis fin Septembre, Louise avait décidé de recenser discrètement les besoins des filles et se rendait tous les quinze jours chez Hyriel chercher les potions qu'elles lui demandaient. Certaines souhaitaient des produits pour renforcer leur beauté u masquer les premières rides ou atténuer. Beaucoup réclamaient aussi des préparations contre un rhume ou un baume comme des blessures, notamment celles au niveau de l'intimité. Elle repartait chaque fois avec un sac bien rempli en échange des pièces que lui confiait les filles pour la transaction.

Cet après-midi-là, commençant à s'habituer au chemin, Louise avait trouvé rapidement rapidement la cabane du guérisseur. A son étonnement, le lieu était... peuplé. Serait-ce la nouvelle place du marché ? Elle aperçut, bien sûr, Hyriel et ses trois aides. A cela se rajoutaient un homme et une femme qui portaient chacune une couronne de fleurs sur la tête. Cela la fit sourire. C'était mignon. ils devaient être amoureux et heureux. Elle en eut un petit rire, dépourvu de toute moquerie, attendrie par la vision de ce couple. Une autre femme aussi était présente, plus singulière, affligée de tatouages sur le visage.

Après ces observations, elle s'avança et s'exclama joyeusement :

"Je ne savais pas, mon cher Hyriel, que votre maison était si populaire."

Elle sourit aux autres personnes et salua poliment.

"Bonjour à vous tous. je me nomme Louise."

Kalisha continuait de serrer sa main. Elle le laissa argumenter, puis renchérit aussitôt à sa suite. Il eut un immense sourire. Oh, lui non plus, il n'était pas prêt d'oublier cette escalade dans les arbres. Cela ne changeait pas vraiment des habitudes mais il n'avait été accompagné que rarement dans ce genre d'activités, encore moins par une jeune femme noble comme elle.

Ses joues se teintaient de jolies couleurs rosées et ainsi, elle était encore plus belle. Ses doigts se ressèrent encore davantage autour les siens, douce pression chaleureuse, et Sylvère la lui rendit sans bouger. Juste là, cette étreinte suffisait largement à combler tout ce que les mots n'auraient pu exprimer parfaitement.

Quant aux autres, ils souriaient toujours. Pour les uns, moqueurs, pour les autres, amusés. Parfois, un savant mélange des deux. Mais Sylvère avait d'autres choses à penser que leurs plaisanteries ridicules. Il saurait bien leur renvoyer la balle plus tard, quand ils ne s'y attendraient plus. Il alla même jusqu'à ne pas répondre à Keshalgër et laissa couler. Cassandre aurait été fier de lui qu'il se tienne tranquille, elle le lui reprochait si souvent !

Cette pensée lui tira un sourire amusé.

Finalement, Keshalgër s'approcha de Kalisha pour la détailler. Il fallait dire que le maintien altier de la jeune femme et ses paroles mesurées ne passaient pas inaperçus, dans une forêt loin de toutes convenances urbaines. Alors oui, il y avait des questions à se poser sur sa présence dans les environs.

Elles se présentèrent l'une à l'autre et, pendant ce temps, Sylvère adressa un sourire narquois à Hyriel qui continuait de se moquer, comme il savait si bien le faire.

- Je ne doutais pas une seconde que vous sauriez reconnaître l'importance de mon geste, mon cher médecin.

Et il s'inclina théâtralement, comme s'il se trouvait en train de jouer une pièce ce qui n'était certainement pas si loin de la vérité que cela, en réponse à son inclinaison de la tête.

Ce fut à ce moment que la porte s'ouvrit. Sur une femme. Une femme qui n'était pas de cette forêt, mais qu'il reconnut néanmoins comme étant celle du triomphe, dont il avait encore la bourse quelque part dans l'une de ses cachettes.

Bon, au moins, elle n'avait pas l'air d'avoir fait le rapprochement entre cette malheureuse perte et la bousculade d'Hyriel puisqu'elle souriait et, même, riait. Tout de même, elle avait le chic de passer en forêt quand il n'était pas là pour l'impôser ! C'était au moins la seconde fois !

Et puis, tant de monde dans cette petite habitation... Il plaisanta alors :

- Tu devrais peut-être penser à te convertir en auberge. Je suis certain que tu aurais beaucoup de clients et que tu y gagnerais au change...

La femme se tourna vers les autres de la pièce, pour se présenter à la ronde. Sylvère le premier enchaîna pour lui répondre :

- Sylvère d'Aiguemorte, roi de la forêt, enchanté. Et en voici la nouvelle reine !

Il y avait tant de monde dans cette chaumine... Tant d'yeux qui la détaillaient... Aucun n'était réellement hostile mais malgré tout, elle n'arrivait pas à se défaire de ce sentiment de malaise qui planait en elle.

Et dire qu'elle avait participé à des bals et autres soirées mondaines!
Et dire qu'elle avait rencontré le Roi!

Malgré tout cela, elle s'était rarement senti aussi mal à l'aise et peu à sa place. Sans doute car justement, quoi qu'elle tente de s'en convaincre ce ne serait jamais sa place. Eux devait sans doute s'amuser de voir la petite noble quel était jouer aux reines. Il n'y avait qu'à voir leurs petits sourires pour s'en convaincre.

La réplique de la femme aux tatouages acheva de  la tendre un peu plus et de faire virer son teint au carmin. Des princes et des princesses ? Elle écarquilla les yeux avant de rapidement regarder ce si magnifique sol de terre battue...

Elle enchaîna en se présentant d'une manière somme toute peu conventionnelle. Kali releva lentement la tête vers elle afin de se présenter à son tour:

-Diane de Vertebrume je suis enchantée de faire votre connaissance Madame Keshalger.

Pendant ce temps-là, Sylvère avait répondu au médecin non sans une petite révérence qui redonna instantément le sourire à la jeune Comtesse.

Sur ce la porte s'ouvrit et une inconnue fit son entrée. Décidément... Il y avait bien du monde dans cet humble chaumière ! Il faudrait bientôt pousser les murs pour pouvoir tous y tenir. A moins qu'elle ne s'adapte comme par magie?
Kalisha esquissa un sourire amusé. Son Roi charmant devait sans doute penser comme elle!

- C'est une excellente idée ! Et le service y est très bon qui plus est! renchérit-elle d'un air espiègle.

Enfin ce n'était pas totalement faux. On l'avait bien accueilli ici. Mieux que dans certains salons en tout cas.
L'inconnue se présenta. Louise.
Sylvère fit de même et Kalisha opta pour une révérence digne de son rang en guise de salutations.

-Diane de Vertebrume. Soyez la bienvenue dans notre Royaume, Louise. annonça-t-elle d'une douce voix

Face a la réaction de la noble le sourire de Keshalgër avais quelque chose de prédateur, cette femme était tout simplement adorable. La sorcière s'amuser de la gêne de la noble, Diane donc. Soudain une nouvelle tête fit son apparition, cela eu pour effet d'effacer le sourire de la tatouée. Elle qui était habituée a la solitude commencée a étouffée dans se lieux confiné peuplé de gens. Il faut qu'elle sorte. Tant pis pour la recette d'Hyriel elle repasserais plus tard.

-Je vais y allez. Hyriel on reparlera de ma demande plus tard ok?

Elle avais parler sèchement et sa respiration commence a s’accélérer. Elle se sent nauséeuse mais réussi a garder la face malgré son, teint qui blanchit a vu d’œil.
Elle salut la femme qui c'était annoncé comme s'appelant Louise et elle sort de la cabane pour aller respirer loin de la présence de tout ses gens. Une fois dehors un peux éloigné de "l'auberge d'Aigemorte" sa respiration se calme et elle reprend des couleurs.
La vie en société n'est vraiment plus faite pour elle.

Hyriel sourit à la pique de Sylvère.

« Que voulez-vous, mon roi ? Les simples médecins comme moi ne comprennent pas toujours les lubies des grands… »

Il sourit en grand à ces mots avant de le faire avec douceur à la nouvelle reine. La pauvre, elle n’avait pas l’air à l’aise. Il lui désigna un siège en l’invitant à venir s’y placer, pour la détendre. Hyriel ouvrit alors grand les yeux en voyant arriver Louise. Effectivement, c’était son jour de passage… Il sourit en haussant les épaules.

« Il faut croire que ma renommée n’est plus à faire… »

Il leva ensuite les yeux, amusé, à la pique de Sylvère.

« Dis plutôt que tu aimerais avoir plein de monde dans cette forêt pour les taxer… »

Il s’inclina à ceux de la dame de Vertebrume.

« Nous vous remercions du compliment. »

Il sourit à Keshalger en haussant les épaules.

« Quand vous le souhaitez ! À plus tard ! »

Il remarqua son malaise, de même que Guillaume qui alla lui ouvrir la porte pour l’aider, en lui souriant.

« Bonne journée ! »