Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

[30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Cassandre Velasquez Lun 17 Aoû - 14:06

La lune brillait fort cette nuit-là et éclairait les rues silencieuses de Braktenn. Les soldats du guet rôdaient partout mais Cassandre savait y faire pour les éviter. Autrefois, avec ses deux amis, ils s'amusaient régulièrement à les défier et ils avaient mémorisé les ruelles les moins évidentes pour s'y faufiler à l'abri. De ces jeux insouciants, elle avait appris comment la prévôté organisait ses patrouilles et les habitudes des soldats.

Il était tard. Elle était sortie du lit peu après l'endormissement de Grâce, qui dormait heureusement fort, et l'assoupissement de la maisonnée entière. Ces derniers jours avaient été consacré à sa collecte d'informations. Elle en savait assez sur Alduis de Fromart et surtout qu'il ne faudrait pas rester trop longtemps dans les murs de son domaine. Le redoutable ministre des affaires étrangères aurait apparemment des oreilles partout. Il fallait rester juste le temps d'atteindre le fils.

Pour s'introduire derrière les murailles censées être protectrices, la petite souris se faufila dans une étroite échauguette et atteignit la cour. Elle monta sur le toit de l'écurie et marcha dessus pour arriver jusqu'au lieu où elle se trouvait sous la fenêtre de la chambre d'Alduis de Fromart. Elle se situait heureusement au second étage. Elle n'aurait même pas deux mètres à grimper et les pierres présentaient des aspérités propices. Et si les choses se passaient mal à l'intérieur, elle pourrait rapidement s'extraire de là en sautant. Tout était sous contrôle. Pendant son ascension, malgré sa concentration pour chercher les bonnes prises, Cassandre s'amusa à songer à Syvère. Il adorerait sûrement à escalader le mur d'un château.

Une fois à l'intérieur, l'obscurité régnait. Aucun son. Alduis de Fromart semblait ne pas être là. Elle tâtonna dans le noir jusqu'au bureau et alluma une chandelle. La fillette en enflamma une seconde et la disposa sur la table de chevet. Ce serait dommage pour le la maître des lieux de ne pas la remarquer tout de suite.


***

Quand Alduis de Fromart arrivera dans sa chambre, il découvrira Cassandre assise en tailleur, au centre du lit. Une dague, dérobée par ses soins, était plantée devant elle, sa main posée sur la garde. Elle le fierxa avec une pointe d’insolence.

"Seriez-vous surpris par cette visite impromptue? Vous m'aviez surprise l'autre jour, il fallait bien pour moi rembourser mes dettes. Que voulez-vous, mon cher ? Tout se paie dans la vie !"

Son regard s’acéra alors que sa main se resserra autour de la dague.

"Je n'y toucherai pas la première. Mais si votre couteau voudrait me frôler à nouveau, ma dague s'enfoncera dans vos entrailles. Un guérisseur m'a un jour appris que c'était une blessure affreusement douloureuse et qui transformait votre agonie en porte de l'Enfer."

Elle eut ensuite un petit sourire faussement innocent.

"Ces précautions ayant été dites, seriez-vous prêt à une conversation civilisée ?"
Cassandre Velasquez
Cassandre Velasquez
Esclave domestique ~ Grande prêtresse du culte d'Hyriel

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www. - www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alexandre / Thierry d'Anjou / William Wagner
Messages : 1505
Date d'inscription : 28/10/2018
Age : 21
Localisation : Entre la forêt et la ville

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Alduis de Fromart Lun 17 Aoû - 16:53

La nuit était déjà tombée et la Lune illuminait les ruelles de sa lumière blafarde. Alduis n'avait pas sommeil, mais une fois n'était pas coutume, il avait bien l'intention de se coucher tout de même. Il avait encore de la fatigue à rattraper des derniers jours.

Ce n'était pas ce qui l'avait empêché de revenir, avec le livre ouvert à la page qu'il était en train de lire encore dans une main et une tartine beurrée dans l'autre. En arrivant devant la porte des appartements, il enfourna le dernier croque dans sa bouche, et tourna la page en s'apprêtant à pousser la porte de son épaule quand... il s'arrêta une brève seconde.

Un raie de lumière filtrait sous la porte. Sauf qu'il n'avait laissé aucune chandelle allumée, il en était sûr. Alors cela ne voulait dire quelque chose : quelqu'un se trouvait dans ses appartements. Aussitôt, une voix en lui hurla que c'était Coldris – qui d'autre viendrait à cette heure ? - mais une seconde, plus mesurée, parvint à reprendre le dessus.

Entrer.
Aviser ensuite.

Il ne poussa pas la porte particulièrement doucement. La lumière était allumée, alors qui que ce soit, la personne à l'intérieur ne cherchait pas à être discrète. Elle voulait être vue. Malgré tout, il s'attendait tout de même à découvrir le visage de son géniteur derrière le battant de bois, en train de regarder il ne savait quelles notes laissées sur son bureau de son air inimitable.

Mais il n'en fut rien.

Quand il entra, ce ne fut pas sur Coldris de Fromart que son regard se posa, mais sur une petite fille, assise en tailleur au milieu des édredons de son lit, dague plantée devant elle. Aussitôt, tous ses muscles se détendirent. Cassandre. Il guettait son arrivée depuis trois jours très exactement.

Sans plus lui accorder d'attention, il repoussa sa porte avec son pied et se replongea dans la lecture du livre. C'était là un document fort intéressant. Finalement, il le referma d'un geste ferme et le reposa sur le bureau, pour planter ses yeux au fond des prunelles de la gamine.

- Surpris ? releva-t-il avec un demi-sourire. Pas exactement. Je me demandais quand tu te déciderais à venir me trouver.

Oh, il aurait pu aller à sa rencontre, bien entendu. Sans lui laisser le temps de recueillir les informations dont elle avait besoin – il n'était pas né de la dernière pluie, il savait bien que ce qui lui avait pris tant de temps était sa petite enquête qu'elle avait menée sur lui.

Cela aurait pu jouer en sa faveur, de venir lui-même la trouver et il l'avait déjà fait. Mais pas cette fois. Il n'était pas question d'avoir l'air précipité ou de donner la sensation qu'il avait peur d'elle – ou plus exactement, qu'il avait peur de ce qu'elle savait pour lui. Et puis... Alexandre avait juré corps et âme qu'elle n'irait pas les dénoncer.

La main de la petite se resserra autour de la garde de son arme. Alduis ne bougea pas d'un pouce. Il se contenta d'attendre la suite. Qui vint aussitôt. Loin de disparaître, le sourire d'Alduis devint plus grand.

- Oh, mais j'espère bien pouvoir mourir de cette manière, finit-il par dire.

Une lente agonie.
Tout le temps voulu pour pouvoir se sentir vivant, en sentant le sang couler entre ses doigts.

- Mais aurais-tu seulement le temps de le faire ?

Il haussa des épaules, sans rien dire de plus, et détacha la ceinture où pendaient ses armes. Il la posa sur le bureau et fit cinq pas en arrière pour s'en écarter, de manière à ce qu'il n'ait pas le temps de revenir les prendre, quelles qu'en soient les raisons. Ne plus sentir leur poids caractéristique sur ses hanches était étrange, presque dérangeant. Qu'est-ce qu'il se sentait vulnérable sans elles, même face à une enfant !

- Tu es assurée que je ne ferais rien de tel, commenta-t-il alors en désignant sa ceinture et ses couteaux avant d'écarter les bras pour prouver qu'il n'avait rien à cacher en ajoutant : et je ne suis pas le genre d'homme prompt à dissimuler quelque lame secrète. Mes armes sont toutes ici.

Il coula un regard vers la fenêtre de sa chambre, encore entrouverte, et eut un petit sourire. Bien sûr. Elle était entrée par ici. Il revint vers elle.

- Allons droit au but. Je déteste tourner autour du pot. Mais avant... – nouveau sourire – nous ferions mieux de ne pas rester ici.

Et il était inutile de préciser pour quelle raison.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Cassandre Velasquez Lun 17 Aoû - 18:01

Lorsque la porte s'ouvrit enfin, Alduis apparut enfin et il paraissait tendu. Son regard l'examina et elle le sentit tendu. Il anticipait un combat, mental ou physique. Puis, son corps se relâcha. Comme si l'enjeu semblait devenu dérisoire. Que tramait-il ? Sa main resta serrée sur la garde de la dague, prête à dégainer. Il ne lui accorda aucune parole. Son attention ne cessa de le fixer. Ne jamais tourner à un ennemi, surtout un aussi dangereux. Il repoussa la porte du pied puis se concentra à son étonnement sur le livre qu'il tenait en main. Elle s'appliqua à ne rien trahir de sa surprise. Ils jouaient tous deux au jeu de jauger l'autre. Elle ne devait ni parler ni agir. Ils étaient des animaux sauvages qui s'observaient et celui qui finirait par adresser la parole à l'autre serait le perdant. Le dominé.

Elle ne perdrait pas.

Un sourire satisfait orna son visage quand Alduis se tourna enfin et lui répondit. Elle eut un haussement des épaules.


"Je regrette, mon cher Alduis, mais j'ai eu quelques obligations. M'en tiendrez-vous rigueur ?"

Elle eut un léger rire espiègle qui lui difficile à réprimer. Elle reprit vite contenance et observa Alduis qui confia désirer l'agonie que la fillette venait de lui décrire. Les paroles d'Eldred lui revinrent aussitôt.

"Vous êtes un chat blessé..."

Elle n'aurait peut-être pas dû dire ça. Trop tard pour regretter.

"Vous croyez vraiment que la mort vous soulagera ? Que la douleur de votre agonie vous soulagera ? Il n'y a rien pour vous porter ? Pas même... qui vous savez ? J'ai des blessures moi aussi. Des blessures qui me donnent de la haine et de la colère. Mais je ne veux pas mourir. Au contraire, je veux vivre et montrer de quoi je suis capable. Mourir... Mourir, c'est laisser nos ennemis gagner."

Cassandre s'arrêta là et l'entendit répliquer qu'elle pourrait ne pas avoir le temps de se défendre. Un frisson l'envahir. Sa main se resserra autour de la garde la dague. Elle se tendait. La fillette finit par répondre froidement :

"Essayez donc. Et si vous y arrivez, un de mes amis sera ravi de vous offrir l'agonie douloureuse dont vous rêvez tant."

Malgré sa peur, elle s'obligea à le regarder dans les yeux. Sans ciller.

Néanmoins, Alduis arrêta les provocations et alla vers son bureau se défausser de ses armes. De sa ceinture même. il revenait vers elle nu. C'était une première marque de confiance. au mins, c'était lui qui avait plié le premier. Elle devait faire aussi un geste. Montrer sa bonne coopération. Malgré son appréhension, elle déplanta la dague du lit et la rangea dans un pan de sa robe.

"Nous sommes à égalité. Mais si vous faisiez quelque chose, je peux la reprendre, moi."

Conserver l'avantage. C'était important. Elle le suivit du regard observer la fenêtre et comprendre son entrée. Il proposait de sortir discuter dans un lieu plus sûr. Elle répondit d'un ton sec.

"Je sais."

Elle non plus n'aimait pas tourner autour du pot.

Cassandre se leva et enjamba le rebord.


"Aurez-vous le courage de me suivre ? Si ça se trouve, je suis un démon qui ne fera que vous conduire en Enfer !"

Elle sauta dans le vide en riant.

Dans un réflexe instinctif, ses cheville et ses mollets se plièrent. elle se réceptionna sans mal sur le toit de l'écurie. De là, ils pourraient prendre un cheval pour gagner une cachette dans son royaume.





Cassandre Velasquez
Cassandre Velasquez
Esclave domestique ~ Grande prêtresse du culte d'Hyriel

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www. - www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alexandre / Thierry d'Anjou / William Wagner
Messages : 1505
Date d'inscription : 28/10/2018
Age : 21
Localisation : Entre la forêt et la ville

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Alduis de Fromart Mar 18 Aoû - 19:50

Alduis avait simplement pris le temps de finir ce qu'il voulait lire avant de se concentrer sur sa visiteuse. Il n'y avait eu nul duel mené pour sa part, même s'il l'avait bien évidemment gardé à l'oeil. Simple précaution. Ne savait-on jamais. Puis, quand il eut terminé, il se contenta de refermer le lourd registre sans ambage, pour enfin daigner se tourner vers elle.

- Faire attendre ses adversaires est une condition sine qua non, jeune demoiselle. Pourquoi en tiendrais-je rigueur, moi qui suis le premier à le faire ?

Il sourit, de ce sourire qui lui était propre. Mais qui disparu comme une flamme de bougie soufflée aux mots qu'elle prononça dans les secondes qui suivirent. Il était un chat blessé. Tant blessé, tant acculé contre le mur, tant effrayé, que les souris pouvaient désormais danser devant lui sans crainte. Il serra les dents.

- Bien sûr que la mort soulage. Pourquoi crois-tu que l'on achève les animaux blessés ?

Il ricana. Mais lui, personne ne venait l'achever. On préférait le laisser continuer de se noyer et de le regarder, assis sur la berge, bien en sécurité et à l'abri du moindre danger. On tuait les animaux blessés, oui. Et il était un chat blessé. Alors pourquoi personne ne venait ?

- La seule chose qui me porte, c'est la certitude que je peux mourir. Ici et maintenant, si je le décide. Que je peux saigner. Il n'y a que les vivants qui peuvent faire cela. Je ne regretterai rien. Quant à Alexandre, je le mets plus en danger que je ne le protége. Et puis, parfois, mourir, c'est tordre le cou de nos ennemis.

Si je mourrais maintenant...

Mon père serait bien embêté, puisqu'il serait sans héritier. Ça ne durerait peut-être pas, mais suffisament pour le mettre en rage.
Tu serais bien embêtée, toi aussi, puisque tu serais accusée.

Aucun de vous deux n'aurait gagné.


- Et puis, n'est-ce pas ainsi que doivent mourir les chiens dans mon genre ? Il paraît que j'aboie quand je devrais me taire.

Il ricana à nouveau. Il n'avait pas oublié les mots de son père, ils demeuraient bien présents dans son esprit. Des brûlures faites au fer blanc.

Et sais-tu ce que l'on fait des chiens de ton genre ?


Il détestait ne plus sentir le poids de ses armes. Tout son corps lui hurlait qu'il n'était plus en sécurité. Et pourtant... pourtant, cette adrénaline qui coulait dans ses veines avec le danger, il l'aimait. Il eut un hochement de tête quand Cassandre reprit la dague plantée dans le lit, laissant un trou dans les couvertures. Il écarta les mains tandis qu'elle précisait qu'elle y avait, elle, encore accès.

- Je ne ferai rien. Tu as ma parole. Je crois que j'ai plus d'intérêt à t'écouter.

Se tournant vers la fenêtre, elle s'y dirigea aussitôt. Il eut un sourire amusé. Sortir par la fenêtre quand il existait les portes ? Voilà une idée qui lui plaisait. Et puis, c'était là une sorte de défi qu'elle lui lançait. Fort bien. Il relevait.

- Sache que les gens qui ne croient pas à l'Enfer ne vont pas en Enfers. Et je n'y crois pas. Mais il me semble que ma place est réservée depuis bien longtemps.

Descendre ne fut pas compliqué. En quelques minutes, ils étaient aux écuries. Il s'approcha d'un des boxes et remarqua, en scellant sa jument :

- Navré de te l'annoncer, mais nous allons devoir partager la même monture. Deux disparitions poseraient des questions. Si tu as peur que je tienne pas ma promesse, tu auras qu'à t'assurer qu'au moins mouvement, je m'empale sur ta lame. Mais après tout, les affaires sont les affaires, non ?

Il eut un sourire carnassier en passant le pied dans l'étrier et en se calant sur la selle. Puis il tendit la main à Cassandre, sans vraiment escompter qu'elle n'accepte son aide. C'était juste pour la jauger une fois de plus.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Cassandre Velasquez Mar 18 Aoû - 21:46

Cassandre eut un discret sourire à sa répartie sur l'attente réservée à un ennemi. Elle répondit sur un ton amusé :

"Je suis d'accord. Et puis, c'est ce que vous venez de faire, non ?"

Son sourire à lui étrange. presque triste. Comme si toutes ses noirceurs l'avaient rongé. ressemblerait-elle à cet homme quand elle serait adulte si elle n'apprenait à apaiser ses colères ? Peut-être. Elle entendit ensuite ses paroles sur les animaux que l'on achève et secoua la tête. Non, elle ne li ressemblerait pas.

"Il y a une différence entre un humain et un animal. Les animaux n'ont qu'une conscience limitée et blessé ils deviennent parfaitement inutiles. Au contraire, un humain, même amputé d'un membre, même soumis aux pires sévices, a en lui une volonté. Une capacité à vouloir survivre. Survivre... Je ne fais que ça depuis des années. J'aurai pu me laisser mourir. Mais vous savez quoi ? Je ne veux. Si ce monde veut m'empêcher d'exister, me contraindre, eh bien, je veux lui montrer que c'est moi qui gagnerait !"

Une pointe d'insolence s'échappa à cet instant de sa voix tandis que Cassandre se redressa.

"Et puis, je suis une guerrière et les guerrières se doivent de toujours garder la tête haute !"

Ou presque toujours. Parfois, elles pouvaient avoir peur aussi et se réfugier dans les bras d'un guerrier plus expérimenté qui les réconfortait.

"Mais sinon, si vous tenez tant que ça à mourir, arrangez-vous pour le faire en ayant l'épée à la main et en ayant assez brave. alors, peut-être que ce sera moi qui viendra vous chercher pour vous amener au Valhala."

Elle le laissa poursuivre en silence ce discours sur la mort et ses craintes. Il cita Alexandre et sa peur de ne pouvoir le protéger. Elle retint un sourire. Parfait. Il lui fournissait de bons arguments pour le persuader de les rejoindre. Quel ennemi coopératif !


Cassandre se figea d'un coup quand vint la répartie sur les chiens qui devaient mourir ou qu'il fallait se taire au lieu d’arborer. Son corps trembla un instant. Elle se rappela de ce moment terrible, couchée au sol, à se sentir des mains qui lui écrasaient le sol, son visage enfoncée dans la terre battue et le fer qui brûlait la peau de son épaules. Ses poings se serrèrent. Elle répliqua froidement.

"Les bêtes qu'on force à se mettre au sol, à se coucher, elles feraient mieux de mordre plutôt que de se taire. Mordre, attaquer... c'est exister. Surtout que vous, vous êtes noble. Vous n'êtes pas sans défense. "

Peu après avoir retiré sa dague, Alduis l'observa et promis ne rien lui faire. Il disait avoir plus d’intérêt à l'écouter. Peut-être. mais on ne savait jamais.

"Je préfère rester prudente. Je suis une chienne qui préfère mordre que me laisser blesser, que voulez-vous ?"

Alors qu'elle attendit un instant la réaction d'Alduis depuis le rebord, elle eut un sourire de sa réponse et observa une seconde le ciel étoilé.

"Ah oui ? Je ne suis pas sûre de croire à tout ça. Mais si vous allez en Enfer, je vous y rejoindrai certainement. Je ne crois pas que le vieillard qui vivrait là-haut apprécierait de m'entendre le harceler pour l'éternité."

Là-dessus, elle sauta.

Dans les écuries, guidée par Alduis, ils dirigèrent vers un box et Cassandre découvrit avec émerveillement une superbe jument alezan. Malgré la mission, la fillette ne put se retenir de l'approcher et la salua d'abord avec respect, comme son père lui avait un jour appris, puis caressa son jument.


"Comment tu t'appelles toi ?"

Entretemps, Alduis sella le cheval puis lui rappela qu'ils devraient la partager. Elle comprenait. Elle avait déjà envisagé cette idée.

"Je sais."

Au début, elle pensait ne donner que cette réponse sobre. Puis, il entendit Alduis chercher à la jauger une nouvelle fois. Elle ne résista pas à l'envie de répondre en inventant un mensonge.

"Non, je vais vous faire confiance. Surtout... Je dois vous avouer que j'ai révélé ce soir à Alexandre que j'allais vous trouver pour convenir d'un statut quo. Il était tout tendu et avait très peur. S'il apprenait que quelque chose m'ait arrivé cette nuit, il comprendrait.. Or, vous connaissez son caractère, pas vrai ?"

Cassandre arbora un sourire carnassier et le laissa faire ses déductions seul. C'était un pur bluff. mais ça pouvait fonctionner. Elle en profita pour monter seule en croupe et se cramponner à la taille du cavalier.

"Moi, Cassandre, Princesse d'Aiguemorte, je vous ordonne de me conduire dans mon royaume !"

Son ton est devenu joueur. C'était bon de prendre le pouvoir sur un noble.
Cassandre Velasquez
Cassandre Velasquez
Esclave domestique ~ Grande prêtresse du culte d'Hyriel

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www. - www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alexandre / Thierry d'Anjou / William Wagner
Messages : 1505
Date d'inscription : 28/10/2018
Age : 21
Localisation : Entre la forêt et la ville

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Alduis de Fromart Sam 22 Aoû - 6:21

Elle l'avait fait patienter ces derniers jours, il en avait fait de même en finissant de lire son livre. C'était donnant donnant. Il hocha la tête sans répondre.

Elle était décidément une petite fille habile. Tandis que lui...

Lui, était un chat blessé.
Lui, était un chien désobéissant.

Et la différence entre les humains et les animaux n'était, tout compte fait, pas si évidente que cela.

- Les animaux ont une volonté aussi, petite fille.

Il l'avait appelée ainsi exprès. Parce qu'il était certain que cela lui ferait serrer les dents. Comme il serrait les dents quand on l'appelait par autre chose que son prénom.

- Quant aux humains, il arrive un moment où ils ne croient plus en la vie, et dès lors, ils deviennent aussi inutiles que les animaux. Tu te bats pour survivre depuis combien de temps ? Onze ans ? Peut-être douze...

Douze ans. C'était plus de moitié moins de ses vingt-huit ans. Croirait-elle toujours à ce qu'elle avançait, quand elle aurait son âge ? Quand la vie aurait fini de la mettre à terre ? Tout le monde ne s'appelait pas Alexandre.

- Il n'y a qu'au bord de la mort, que l'on peut survivre.

Qu'au bord de la mort que l'on pouvait oublier la vie quotidienne.

- Et quand je mourrais au combat, j'espère que je n'irai nulle part.

Que les choses deviendraient enfin calmes. Il voulait rejoindre le néant. Celui où on n'avait pas de souvenirs, celui où on ne pouvait plus réfléchir, celui où on n'existait plus — sauf dans la mémoire des gens et dans les registres. Il espérait enfin qu'on le laisserait tranquille.

Cassandre lui rappelait alors son statut. Il était noble, elle avait raison. Pourtant, il aurait donné de nombreuses choses pour ne pas l'être, justement. Pour être un paysan anonyme, ou n'importe quoi d'autre. S'il n'avait pas été le fils de son père... les choses auraient été différentes.

Mais c'était parce qu'il était noble qu'il pouvait sans cesse provoquer. Sauf que même cela représentait certains risques, surtout quand cela arrivait aux nouvelles de son père. Qui ne manquait jamais de lui rendre visite.

Il eut un sourire amusé, quand elle retira la dague de son lit. Elle était une chienne qui préférait mordre que d'être blessée.

- Mais les animaux qui mordent sont ceux qui sont blessés, jeune demoiselle. Tu viens de le dire. Alors le serais-tu ?

Bien sûr qu'elle l'était.
Comme lui.
Ils attaquaient, avant d'être attaqués... parce qu'ils s'étaient promis que plus jamais on ne leur ferait de mal. Et qu'il était temps d'échanger les rôles.

Assise sur le rebord de la fenêtre, elle leva les yeux vers les étoiles. Elle n'était pas sûre d'y croire... Lui, il était sûr de ne pas y croire. Que tout cela n'était rien d'autres que quelques mensonges inventés par des désespérés pour se rassurer. Se raccrocher à ce genre de choses était futile. Il ne fallait compter que sur soi-même. Ne jamais faire confiance. Surtout à quelqu'un qui n'existait pas.

Elle sauta. Et il la suivit juste après. Pendant qu'il scellait sa jument, Cassandre s'en approcha, avec un air impressionné. Ce à quoi il répondit d'un haussement d'épaules — bien conscient qu'elle serait surprise par son nom :

- Elle s'appelle Courage.

Sur ce, et sans lui laisser le temps de réagir, il passa le pied à l'étrier. Il lui tendit la main pour l'aider à monter, mais sans surprise, elle se débrouilla seule pour s'installer sur la croupe de la jument. Il eut un sourire, sans s'en offusquer le moins du monde.

- Je peux te prouver que tu n'as rien dit à Alexandre. Tu veux savoir pourquoi ?

Bien entendu, ce n'était pas une question, et il n'attendit pas pour poursuivre :

- Quoi que tu veuilles me dire, ce soir, tu as bien l'intention de te servir de ce que tu sais sur nous deux, je me trompe ?

Il talonna sa monture, qui partit au pas — le temps qu'ils étaient dans les enceintes de la ville :

- Cela veut dire que tu as besoin de quelque chose. Quelque chose de dangereux, pour que tu prennes la peine d'avoir un point de pression d'une telle ampleur. Sauf que nous savons tous les deux qu'Alexandre est beaucoup trop bavard. Alors tu n'auras pas pris ce risque.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Cassandre Velasquez Dim 23 Aoû - 15:18

Cassandre haussa les épaules à la réflexion du noble. Son expérience de fille élevée à la campagne lui laissait une piètre opinion de la conscience des animaux. Ils étaient gentils et affectueux mais n'en restaient pas moins des outils. Contrairement à des esclaves humains, aucun ne se révoltait de leurs conditions. Ils subissaient inlassablement. Même après leur marquage, le cochon ou le bœuf accueillait gentiment leur maitre.

"Un animal n'a qu'une volonté limité en comparaison à un humain. Nous pensons, nous, et ça fait toute la différence;"

Elle l'écouta poursuivre son raisonnement et sentit à quel point cet homme était désespéré. Il lui demandait depuis combien de temps elle survivait. Non, ce n'était pas aussi élevé que sa jeune vie. autrefois, elle n'avait pas à s'inquiéter des choses dangereuses.

"Seulement cinq. Il y a quelques mois, je vous aurai suivi dans vos idées. Mais depuis... J'ai connu des personnes qui montrent un monde plus rassurant. Ne voir que le mauvais côté des choses est douloureux, vous ne trouvez pas ? Et je n'ai pas envie d'avoir mal. On m'apprend aussi à canaliser ma colère mais ça, ça c'est plus compliqué."

Un silence s'installa entre eux. Alduis plongeait dans ses pensées intérieures et douloureuses. Cassandre se contenta de le fixer. Sans prononcer un mot. Sans effectuer un geste. Elle le jaugeait et 'analysait. Mais lui aussi faisait de même. Il la comprenait. Il était un animal blessé. Comme elle. Elle n'aimait pas qu'il s'en soit rendue compte et s'obligea à lui répondre d'une voix sèche.

"Peut-être."

Ils quittèrent finalement la chambre et se rendirent à l'écurie. Pendant que le noble sellait la jument, Cassandre en flatta le museau, appréciant le contact de l'animal, ayant l'impression temporaire de revenir dans la campagne de son enfance tranquille. Elle sourit en apprenant le nom du cheval puis traça d'un geste de al main la rune apprise par Eldred, celle qui ressemblait à une flèche.

"C'est un beau nom. Le courage, c'est un valeur importante, associé à l'hnneur, et à la justice."

Les mots de son ami résonnaient dans son esprit. Cassandre se pencha pour tremper l'index dans la terre au pied de l'animal puis traça deux fois la rune sur les planches du box. Eldred affirmait que tracer deux fois ce signe permettait d'invoquer la victoire. Alors que son doigt réalisa le dessin rapidement, Cassandre pria en même temps Zita pour la soutenir et lui apporter son concours dans la bataille qui s'annonçait.

Lorsqu'elle monta en croupe, les mains autour de la taille du cavalier, Cassandre grimaça d'entendre sa menace s'éventer aussi facilement. L'ennemi n'était pas bête. Effectivement, user d'Alexandre en moins de pression serait trop compromettant. Elle ne répondit pas. Il n'y avait rien à répondre et le laissa quitter le château. Son esprit se focalisa cependant sur la rune du courage, répétée deux fois, et continua à prier Zita dans l'espoir de conquérir cette précieuse victoire.


***

La jument se frayait un chemin dans la forêt, loin des sentiers bien tracés. Cassandre soufflait la route à suivre sans paraitre impressionnée par l'obscurité ou les cris des chouettes qui résonnaient au loin. les ombres grandissaient partout
et les feuillages obscurs bruissaient dans une atmosphère sinistre. La fillette mena le cavalier jusqu'à une petite grotte, très éloignée de la capitale ou des repaires habituels de Sylvère. Son grand frère lui avait montré lors de l'une de ses visites. En plein jour, ça donnait sur un petit promontoire qui surplombait une partie de al forêt. mais on ne voyait rien de cela en pleine nuit.

Cassandre sauta brusquement de cheval et s'appuya contre une pierre, près de l'entrée de la grotte.


"Nous serons bien ici, Alduis."

Ici, ils n'étaient plus en ville mais dans son royaume. La politesse et l'étiquette tombaient. Son regard balaya les alentours. Quelque part, Achille se dissimulait, prêt à intervenir si l'autre osait s'en prendre à elle. Ses doigts tracèrent une nouvelle fois la rune du courage dans le vide. Elle réussirait.

"Ici, tu n'es rien, Alduis, une personne ordinaire, face à moi la princesse d'Aiguemorte, Prends garde. Contrairement à ce qu'on raconte en ville, le grand Sylvère n'est pas mort. Il erre ici, à tout moment et viendra toujours au secours de sa précieuse petite sœur."

Une petite introduction qui suffirait à lui mettre en tête qu'elle n'était pas seule mais possédait de solides alliés. Et puis, elle aimait cette provoquer à le tutoyer. C'était une position incroyablement puissante et délicieuse que de sentir un noble face à elle en état de faiblesse.

"Ceci étant dit, si nous parlions affaire ? Vois-tu, Alduis, mon petit groupe est un groupe d'esclaves qui envisage une révolte. Une remise en question de l'autorité actuelle. Cette société injuste ne nous va pas. Les petites gens traités sans aucune considération, les injustices constantes, la religion omniprésente qui culpabilise les gens et les empêchent de réfléchir... Nous avons convenu que toi aussi pourrait être intéressé. Ton amour pour Alexandre est malheureusement interdit. Je le déplore. Pour moi, un homme peut aussi s'envoyer en 'air avec un autre homme ou une femme, je m'en moque. Toi, tu es noble. Fils unique. Tu écharperas aux éventuelles poursuites. mais Alexandre, comme de nombreux hommes du peuple qui se font prendre à ce crime, il sera... Tu n'as pas envie d'aider à changer les choses ? Tu n'as pas envie de créer un monde ù ton amant pourrait vivre en toute liberté ?"

Dans l'obscurité, éclairée par le rayonnement de la lune, Cassandre fixait avec attention son interlocuteur. Se laisserait-il séduire ?
Cassandre Velasquez
Cassandre Velasquez
Esclave domestique ~ Grande prêtresse du culte d'Hyriel

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www. - www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alexandre / Thierry d'Anjou / William Wagner
Messages : 1505
Date d'inscription : 28/10/2018
Age : 21
Localisation : Entre la forêt et la ville

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Alduis de Fromart Ven 28 Aoû - 21:57

Cassandre pensait être au fond du trou ? Elle était loin de la vérité, elle finirait par le découvrir. Lui-même avait souvent pensé qu'il ne pourrait pas tomber plus bas, qu'il avait atteint les bas-fonds de la vie – mais la suite des évènements avait toujours fini par le détromper. Il n'y avait pas de fond. La vie était une chute sans fin.

Survivre cinq ans. Qu'est-ce que c'était ? Rien. Rien du tout.

- Le bon côté des choses est encore plus douloureux. Parce qu'un jour ou l'autre, on finit par être déçu. – il eut un sourire terriblement sombre, pour ajouter : Rien ne fait plus mal que la déception.

Elle devait connaître le goût de la déception. Elle était comme lui. Blessée. Même si elle refusa de le reconnaître, et qu'elle ne lui donna qu'un << peut-être >> très sec... Il savait lire entre les lignes, lire dans le ton défensif qu'elle avait pris. Les animaux blessés mordaient avant d'être attaqués. C'était exactement ce qu'elle faisait à l'instant même. Cette pensée le fit sourire à nouveau. De son sourire carnassier sans imitation possible.

On est pareils, toi et moi, disait son expression. On se ressemble plus que tu ne le voudrais, petite.

Et jusqu'à avoir fini de sceller Courage, son sourire ne l'avait plus quitté.

Courage.
Honneur.


Ces deux valeurs auxquelles il croyait dur comme fer. Ce qui n'était pas le cas de la justice.

- Comment pourrait-il y avoir une justice, puisque la vie est injuste ?

Mais c'était une question rhétorique qui n'attendait aucune réponse et d'ailleurs, il ne lui laissa pas le temps de la donner. Elle monta en croupe, derrière lui, et ses petits bras ensserèrent sa taille.

Et Courage partit au pas.

o~o~o

Les arbres se resserraient de plus en plus, au fur et à mesure qu'ils progressaient dans la forêt. Alduis n'était pas venu ici souvent. Presque jamais, en fait. Il suivait les instructions de Cassandre, qui n'était pas du tout impressionnée par l'obscurité qui régnait ici. Il n'en attendait pas moins d'elle.

Lui-même n'avait pas peur. Pas vraiment. Parce qu'il avait tout de même laissé ses armes chez lui, dans ses appartements, et qu'il n'était jamais serein de ne pas sentir leur poids autour de sa taille. Il se sentait vulnérable, fragile, mis à nu. Et la forêt présentait nombre de cachettes dans lesquelles s'embusquer.

Finalement, Cassandre mit pied à terre et s'appuya sur une pierre. Alduis tira sur les rênes de Courage pour la faire s'arrêter. Bien. Ils étaient arrivés. Les choses allaient commencer.

Il mit pied à terre lui aussi.

La lumière de la Lune passait entre les ombres des ramures déshabillées et se répercutait sur ses vêtements immaculés, le nimbant d'un étrange hâlo blafard et fantomatique. La petite voix de Cassandre perça le silence relatif de la forêt. D'un ton assuré.

Elle le tutoya, sûrement avec la ferme intention de le déstabilise, mais Alduis ne tiqua même pas. Elle était dans son droit, elle était la maîtresse des lieux et à la place, il aurait fait exactement la même chose. Quoi de mieux pour jouer cartes sur table, pour remettre les choses à plat ? Alors, bien loin de déprécier, il eut un hochement de tête satisfait. Voilà. Les choses sérieuses arrivaient.

Elle faisait néanmoins des rappels inutiles. Des rappels dont il n'avait pas besoin, puisqu'il avait juré de ne pas lui faire du mal. Une promesse était une promesse, même faite à un ennemi. Il ne répondit pas, attendant qu'elle en vienne aux faits, et qu'elle cesse de s'attarder sur des points déjà limpides.

Elle débuta enfin.

Alduis plissa les yeux imperceptiblement pour écouter. Écouter et retenir. Une révolte d'esclave, contre l'autorité actuelle. Il n'y avait pas besoin de poursuivre. Ça lui plaisait déjà. Mais il ne la coupa pas et elle poursuivit donc son petit discours. Il devait en savoir plus. Parce que même si Alexandre assurait qu'elle ne parlerait pas de leur relation, il restait un risque. Et qu'il n'était pas prêt à le prendre.

Alors, écouter.
En apprendre le plus possible.
Négocier ensuite.

La suite n'eut pas le mérite d'être aussi direct. Elle enrobait davantage ses réponses, certainement pour essayer de le toucher — d'une quelconque manière. Ce qui le rendait parfaitement hermétique. Qu'elle soit direct, bon sang. Qu'elle ne fasse pas de détours.

Alors, comme ça, ils avaient convenu qu'il serait intéressé par leurs petites affaires louches ? Oui. Ils avaient parfaitement raison. Il l'était. Et pas seulement parce qu'ils avaient de quoi le faire chanter.

Quand elle eut enfin fini son explication, il plongea son regard dans le sien, et croisa les bras :

- Tu aurais pu aller trois fois plus vite, et nous épargner tes babillages pathétiques. Ce n'est pas en me prenant par les sentiments que tu m'acheteras.

Il eut un sourire glacial, et reprit :

- Je connais la situation et les risques mieux que toi - et tu es un de ces risques. Je ne crois pas à la possibilité d'un monde idéal. Je ne poursuis pas de rêves perdus par avance.

Une seconde pause, puis il conclut :

- Alors maintenant, redis-moi ça. Je veux des faits et des garanties. Rien d'autre.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Cassandre Velasquez Lun 31 Aoû - 13:53

Cassandre n'avait pas prononcé une parole jusqu'à leur arrivée dans la forêt, au sein de la cachette de son grand frère. Elle avait un peu médité le long du chemin sur les paroles de Alduis et comprenait à quel point celui-ci était déçu de la vie. Comme si rien de bon ne pouvait l'attendre. Elle étouffa un rire en songeant que Sylvère s'amuserait bien à démonter point par point ses arguments. Cet homme serait-il si bon pour leurs projets de révolte ? S'il se moquait de tout, jugeant al vie injuste, il pourrait à plus ou moins long terme les exposer à un quelconque danger. Mais avait-il le choix ?

Ils avaient besoin d'un noble.
Un appui solide.


Elle parla longtemps pour exposer les idées amis son interlocuteur balaya ça de quelques paroles. Il allait droit au but. Sans chercher à s’embarrasser. Du pragmatisme ? Cassandre sourit ? Si seulement les gens pouvaient tous se conduire de la même manière !

"Excusez-moi, messire, mais je croyais que tous les nobles aimaient que l'on enjolive les discours que l'on leur sert !"

Elle s'amusa à repasser au vouvoiement. Il n'avait pas tiqué une fois de ses tutoiements. Cela lui convenait mieux ? Ou il s'en fichait ? Elle avait envie de le tester un peu encore.

"Mais j'en prends note. moi aussi je préfère les approches... directes. Pour ce qui est des risques... Je suis esclave, messire, et un esclave, ça en dénonce pas un autre. Si vous le pouvez, expliquez-le à votre amant ou un jour ou l'autre il finira par avoir des ennuis avec ses bavardages !"

Elle venait de balancer son meilleur argument. Mais Eldred affirmait que Alduis les aiderait mieux s'il avait conscience d'agir de lui-même. Elle faisait confiance à Eldred.

"Quant aux garanties, si vous acceptez de nous aider, Alduis, si les choses deviennent pénibles pour Alexandre, nous pouvons le cacher dans cette forêt. J'ai entendu parler de votre père, je sais que votre amant dupent d'un maître redoutable.. Or, cette forêt est incroyable."

L'idée de cacher Alexandre quelque part dans son royaume la gênait. C'était comme introduire un ver sale dans une délicireuse poire. Mais pour la révolte, c'était indispensable. Et puis, imaginer ce gamin des villes, habitué au confort, en pleine forêt, ça pourrait être très drôle.

"Le royaume d'Aiguemorte est celui de la liberté et de l’égalité. Si nous acceptons d'y dissimuler Alexandre si les choses venaient à mal tourner, personne ne le touchera. "
Cassandre Velasquez
Cassandre Velasquez
Esclave domestique ~ Grande prêtresse du culte d'Hyriel

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www. - www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alexandre / Thierry d'Anjou / William Wagner
Messages : 1505
Date d'inscription : 28/10/2018
Age : 21
Localisation : Entre la forêt et la ville

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Alduis de Fromart Sam 5 Sep - 8:36

Tourner autour du pot. Enrober ses propos dans d'attendrissants arguments. Alduis avait horreur de cela. Prendre par les sentiments, qu'était-ce d'autre que de l'hypocrisie au plus pur de sa forme ?

Le temps n'attendait pas : il filait tout droit et les beau-parleurs ne faisaient que perdre de précieuses secondes. À la guerre, face à un adversaire décidé à vous ouvrir le ventre, il n'y avait nulle parade d'aucune sorte. On frappait. Fort et juste. Un coup, un seul, mais qui soit propre et précis.

Il eut un sourire narquois face aux excuses ridicules, sans sincérité, de la gamine. Il laissa ses dents blanches se dévoiler, dans un grognement presque animal :

- Je ne suis pas comme tous les nobles. Rentre-le toi dans ton crâne étroit.

Elle était repassée au vouvoiement, sûrement en voyant que sa tentative de provocation était lamentablement tombée à l'eau. Un signe clair pour lui, même si elle essayait de se donner au change : il avait gagné ce duel, elle avait cédé la première, revenue sur ses positions initiales.

Il ne bougea pas d'un pouce, resta bien droit. Ce fut tout à fait sérieusement qu'il répondit à ses propos sur la dénonciation des esclaves, par des esclaves :

- Je lui dirai.

Il en avait presque pris un ton solennel, le futur employé et le nombre de mots limités aidant. Et une promesse étant ce qu'elle était, un gage d'honneur, il le ferait.

Même si elle venait de lui dire clairement qu'elle n'irait pas dénoncer Alexandre, il resta sur ses gardes. C'était ainsi, il ne faisait confiance à personne. Pas sans une assurance. Il savait trop bien à quel point les êtres humains pouvaient être, pris dans la tourmente, de vraies girouettes. Aujourd'hui elle disait cela, mais qu'en serait-il demain ?

Il ne se leurrait pas : si elle se retrouvait à devoir choisir entre un ami et Alexandre, tiendrait-elle sa parole ? Il y avait à ce jour bien trop de gens qui prenaient les promesses comme des choses légères. Mais une promesse était bien plus que des mots : c'était un engagement sur la vie et sur l'honneur.

Néanmoins, Cassandre n'avait pas fini, et la suite fut amplement plus intéressante — même si elle aurait encore pu faire plus court. Cacher Alexandre dans la forêt, si la situation devenait inextricable. Alduis ne répondit pas, mais l'information n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Encore moins le futur, qu'elle avait utilisé. Une forme de certitude.

- Dis-moi de quoi vous avez besoin.

Elle pouvait d'ores et déjà le considérer comme un membre de leur petite révolte idéaliste — mais courageuse.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Cassandre Velasquez Sam 5 Sep - 14:37

Quelques chouettes ululaient et brisaient le silence de la forêt obscure alors que le vent agitait les branche nues, créant des ombres fantasques, et rendrait l'atmosphère plus sinistre encore. cela n'effrayait pas Cassandre qui gardait son attention sur la silhouette d'Alduis. Il la fixait, méfiant, l'analysant, comme elle l'analysait aussi.

Ils étaient deux animaux, plus sauvages que tous ceux qui vivaient dans cette forêt, qui s'observaient, prêts à attaquer au moindre signe d'agressivité.

Sa tentative de déstabilisation semblait avoir échoué. Il montrait de l'assurance. Elle ne se laisserait pas diminuer. Cassandre répliqua d'un ton ton sec et froid :


"Excusez-moi, messire, mais en tant qu'esclave, j'ai appris à être le plus poli avec tous les nobles. La flagellation, le pilori... Ce ne sont pas des choses qui me font très envie. Vous comprenez, je suppose ?"

Parler de flagellation lui remémora immédiatement toute l'histoire racontée par Eldred au sujet d'Alexandre. Une idée amusante lui vint et qui risquait de ne pas plaire beaucoup à Alduis. elle reprit d'une voix étonnamment plus tranquille, presque comme si elle devenait l'enfant innocente qu'elle n'était plus depuis longtemps.

"Au sujet de châtiments, vous saviez que votre amant a des goûts pour le moins spéciaux ? La semaine dernière, en se rendant chez le baron crochet, sa langue s'est montrée une fois de plus bavarde et a insulté les zarkotiens en en voyant un dans la pièce. Une fois son erreur comprise, Alexandre est devenu gêné et a réclamé de lui-même une punition. Il souhaitait qu'on le corrige de quinze coups de tisonnier."

Cassandre laissa échapper un léger rire grivois.

"Vous avez ces pratiques entre vous ? Oh, vous pouvez bien me dire ! J'ai grandi dans un Lupanar ! Alors, il n'y a que peu de choses que j'ignore du sujet."

Elle se rappelait avoir vu Alduis avant cette rencontre au marché mais il ressemblait à ce moment-là si peu au noble sûr de lui, sévère, que cela n'était pas facilement revenue. Quelques mois plus tôt, le ministre des affaires étrangères avait privatisé l’établissement pour ses bons plaisirs. On lui avait dit d’aller coucher, qu'on aurait pas besoin ce soir-là de ses services mais la fillette avait pensé au con traire que ce serait justement la soirée la plus intéressante. La fillette avait été caché tout le long et avait vu ce fameux ministre, fier, prenant avec autorité les pauvres filles, mais surtout ce jeune homme perdu au milieu de l'événement. Elle se souvenait que celui-ci suivait une prostituée comme si c'était pour monter sur l'échafaud. Un rictus moqueur se dessina sur son visage faussement angélique.

"D’ailleurs, vous ne vous faites pas trop chier à suivre papa quand celui-ci vous demande de l'accompagner au Lupanar ? Vos gestes et vos techniques sont pour le moins... laborieux."

Cassandre le fixa et laissa échapper un rire ouvertement moqueur.

"Vous ne m'avez pas ? Normal. J'étais très discrète. Et puis, les yeux fermés, on ne voit pas beaucoup de détails, non ? Moi, par contre, je peux parler des deux filles que vous avez baisé et les paroles que vous avez échangé."

Elle était fière de lui remettre en mémoire ces moments qui avaient été une parfaite humiliation. Elle en jubilait. Allait-il perdre la main ? Satisfaite, elle attendit quelques instants puis l'entendit assurer qu'il expliquerait à Alexandre qu'un esclave ne devait pas en dénoncer un autre. Il n'avait pas confiance. Elle le sentait. A juste titre. Ils n'étaient pas amis. Uniquement des alliés de circonstances. Sans rien pour les unir autrement que cette révolte. Il avait cependant paru intérressé par cette possibilité de cacher son amant au cas où les choses tourneraient mal.

Tout était parfait.
Leur allié les aiderait à réaliser leurs projets.

Cassandre continua de la fixer et répondit avec détachement :


"Pour ces détails, il faudra en discuter avec Achille, notre ministre des affaires culturelles."

Elle se souvenait d'un récit important au sujet du héros Achille et qui serait adapté à la situation. La fillette reprit, moqueuse :

"Il n'a en revanche, lui, aucun Patrocle, et il est bien moins colérique que celui des légendes grecques."

Si Achille prêtait attention à toute leur conversation, depuis les buissons où il s'était caché, celui-ci devait être heureux de l'entendre manier une référence savante.
Cassandre Velasquez
Cassandre Velasquez
Esclave domestique ~ Grande prêtresse du culte d'Hyriel

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www. - www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alexandre / Thierry d'Anjou / William Wagner
Messages : 1505
Date d'inscription : 28/10/2018
Age : 21
Localisation : Entre la forêt et la ville

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Le Cent-Visages Lun 7 Sep - 10:11

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

Jérémie n'avait prêté aucune attention à la conversation qui se tenait à l'intérieur. Il était beaucoup trop concentré sur sa propre mission, assez périlleuse pour qu'il ne s'égard pas à poser sa vigilance sur autre chose : l'esclave devait monter la garde. On ne savait jamais ce qui pouvait arriver dans ces bois. Cassandre et le jeune Fromart avaient bien fait de quitter le domaine paternel - échappant ainsi à la surveillance d'aigle du vicomte. Cependant, les bois comptaient aussi leur lot de périls et il était hors de question que quiconque puisse signaler une rencontre forestière entre le sire Alduis et deux esclaves. Les Fromart n'étaient pas du genre à plaisanter et le géniteur détesterait une pareille information. Ce serait tragique si Cassandre ou lui-même étaient dénichés là, dans la forêt en compagnie de l'héritier. Pas question, donc, de laisser son esprit vagabonder... comme il avait déjà trop tendance à le faire naturellement. Les iris noires et tranchantes du fugitif scrutaient les environs, à l'affût du moindre mouvement - tout comme ses oreilles guettant le moindre son.
La conversation commençait à prendre du temps. Aussi, au bout d'un moment, Jérémie passa-t-il à demi le visage hors de l'arbre derrière lequel il se cachait. Son geste pourra laisser voir à Alduis sa haute et sèche stature, aussi immobile qu'un sphynx gardien. Il avait accepté d'accompagner Cassandre pour ce pan dangereux de leur plan - et espéré de tout cœur que le jeune Fromart puisse être un allié fiable. Autant rester prudent toutefois : l'on ne savait jamais ce qui arrivait dans la tête des Grands de ce monde. S'ils ne voyaient l'aide à une révolte que comme un petit jeu... dont du jour au lendemain ils pourraient se détourner sans aucune grave conséquence pour eux. Il fallait tester Alduis. Voir s'il était ou non de cette espèce-là ?
A demi-dissimulé par l'ombre du chêne, Jérémie chercha à capter le regard de la fillette. Il arqua un sourcil. Sa mine interrogative lui demanda sans mot aucun si les choses étaient bien engagées. Si oui, il pourrait entrer en scène et donner davantage de détails. Il faudrait cependant que Cassandre prenne sa place à la surveillance. Ou que le duo se rapproche de lui, afin qu'il puisse continuer d'inspecter les environs tout en échangeant quelques mots avec le seigneur de Fromart et sa jeune comparse. Jérémie attendit. Il prendrait la conversation en route, curieux de cerner un peu mieux ce noble tout de blanc vêtu, au teint aussi neigeux que sa chevelure - quel contraste avec le grand noiraud qu'il était !
Le Cent-Visages
Le Cent-Visages
Gestion des PNJ
Gestion des PNJ

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Fatum / Dyonis Howksley de Frenn
Messages : 1923
Date d'inscription : 14/10/2018
Age : 34
Localisation : Partout et nulle part

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Alduis de Fromart Jeu 10 Sep - 10:30

Ni Cassandre, ni lui ne semblaient prêt à céder du terrain. Ils se regardaient en chien de faïence, comme s'ils risquaient à tout moment de mordre. Lequel des deux baisserait les yeux en premier ? Aucun n'y était décidé, et pourtant... il faudrait bien que l'un s'y plie. Restait à savoir lequel.

- Rester le plus polie, hum ? C'est pour ça que tu m'as tutoyé tout à l'heure.

Il lui adressa un sourire équivoque. Il n'était pas dupe de son petit manège dans lequel elle essayait de l'entourlouper. Il n'était pas né hier, et elle le prenait un peu trop pour un idiot à son goût.

Ce fut alors qu'elle reprit une voix plus tranquille, comme si elle retrouvait son innocence. Ce qui n'était, bien évidemment, pas le cas. Sa petite voix n'eut aucun effet, sinon le mettre sur ses gardes davantage, il avait horreur de l'hypocrisie.

Pourtant, la crispation de ses muscles à cet instant ne fut rien face à celle qui le saisit quand elle prononça deux mots. Votre amant. Alexandre n'avait rien à voir là-dedans, et elle n'avait pas à l'y amener. En temps normal, cela aurait certainement suffi à le faire bondir, mais pas aujourd'hui. Il ne la toucherait pas, il lui avait promis. Il fit un pas en arrière, pour établir une distance de sécurité, et elle aurait été bête — terriblement bête — de chercher à la combler.

Elle poursuivit sur sa lancée et il dût prendre une grande inspiration pour endiguer la tension qui naissait en lui. Il ne la toucherait pas. Quoiqu'elle dise pour le provoquer, il tiendrait sa promesse. Mais la fin le surprit tellement que tout redescendit d'un coup.

- Quoi ?

Quinze coups de tisonnier ? Quinze coups ? Alexandre était-il... fou ? Il n'eut pas le temps de réfléchir à tout ce que cela impliquait que déjà, Cassandre éclatait de rire et reprenait de ce ton moqueur qui la caractérisait :

- Vous avez ces pratiques entre vous ?

Alduis serra les poings. Il se contenta de siffler pour toute réponse entre ses mâchoires crispées, se contentant du minimum pour répondre, pour ne lui laissait aucune prise :

- Non.

Le lupanar. Le mot tomba comme la hache d'un bourreau. Immanquablement, penser à l'établissement le ramenait aux soirées qu'organisaient son père — et auxquelles il était convié.

Son père qui se pavanait comme un paon au milieu des femelles. Son père qui prenait un malin plaisir à l'y traîner à chaque fois.

Il avait fermé les yeux, pour oublier où il était, pour oublier qui était dans le lit avec lui. Il ne se souvenait plus des visages des filles. Elles étaient devenues floues dans son esprit, elles se confondaient et il aurait pu les croiser n'importe où qu'il ne les aurait pas reconnues.

Il sursauta quand Cassandre reprit la parole. Il aurait eu envie de lui faire ravaler son sourire moqueur, de défigurer son joli visage innocent. Il retint l'amer goût de bile qui lui vint. Elle l'avait observé. Alduis bloqua sa respiration dans sa cage thoracique, comme si cela lui permettrait de retenir la colère qui grossissait encore.

- Moi, par contre, je peux parler des deux filles que vous avez baisé et les paroles que vous avez échangé.

Alduis passa des mains tremblantes dans ses cheveux. Geste qui ne permit pas le moins du monde d'évacuer la pression. Elle avait de la chance qu'il ait promis de ne pas lui faire du mal. Il expira lentement, très lentement, se força à se calmer. Et étonnamment, cela fonctionna. Qu'aurait-elle fait, cette petite garce, si elle avait été à sa place ? N'aurait-elle pas fermé les yeux, elle aussi ?

L'apparition d'une face noire dans la nuit lui offrit la distraction idéale. Achille, s'il en croyait les propos de Cassandre. Les choses avaient assez traîné en longueur ainsi. Alors il planta son regard céruléen dans au fond des yeux sombres du fameux Achille :

- Tu ferais bien d'aller droit au but, la nuit ne durera pas éternellement.

Et elle était déjà bien avancée. Il faudrait rentrer avant l'aube pour ne pas attirer les soupçons.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Cassandre Velasquez Jeu 10 Sep - 15:56

Ils demeuraient immobiles dans cette clairière à s'observer, comme deux animaux sauvages qui seraient prêts à se jeter sur l'autre au moindre signe d'agression. Alduis répliquait à sa répartie sur la politesse et elle répondit d'un sourire moqueur.

"Ah ? je suppose que j'avais envie de vous embêter. Alexandre ne vous a pas mentionné que j'aimais les mauvaises plaisanteries ?"

L'évocation du nom d'Alexandre avait eu raison de l'état mental des on serviteur. L'amour rendait décidément les gens faibles et stupides. Cassandre se sentait puissante en cet instant de découvrir l'effet que possédait un simple nom et de petites anecdotes sur un noble censé posséder une grande puissance. Devant elle, l'insignifiante petite esclave, celle que presque personne ne voyait, il se pliait. Elle s'amusait follement et s'enivrait de cette puissance qu'elle venait d'acquérir par le pouvoir singulier des mots. Sylvère avait raison. Les mots détenaient un pouvoir incroyable, à la fois salvateurs ou destructeurs.

Alduis se reculait, sans doute pour respecter as promesse, et Cassandre n'aurait pas franchi la distance entre eux. Les animaux sauvages ne franchissaient pas le territoire de l'autre. Par contre, ils se délectaient de la souffrance de l'autre. Elle se régala en découvrant le jeune homme se prendre les cheveux. Ces soirées au Lupanar étaient décidément une sacrée faiblesse. Elle retiendrait cela. En entendant, le voir soumis à son influence, c'était jouissif.

Elle vit soudain la tête d'Achille dépasser d'un des buissons. Il devait s’impatienter depuis tout ce temps à attendre dans l'obscurité. D'ailleurs, Alduis en profitait pour abréger le supplice. Elle s'écarta pour rejoindre son ami et l'inviter à sortir. Un large sourire de triomphe l'illuminait. elle avait réussi. Elle avait tordu sa volonté. C'est lui qui avait demandé la suite.


"Vas-y Achille, explique donc de quoi on a besoin."

Sur ces paroles, elle passa dans le buisson et s'adossa contre un arbre pour fixer la lune entre les branches.
Cassandre Velasquez
Cassandre Velasquez
Esclave domestique ~ Grande prêtresse du culte d'Hyriel

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www. - www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Alexandre / Thierry d'Anjou / William Wagner
Messages : 1505
Date d'inscription : 28/10/2018
Age : 21
Localisation : Entre la forêt et la ville

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Le Cent-Visages Dim 20 Sep - 12:39

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

En approchant du repaire, en tendant l'oreille, Jérémie accrocha quelques bribes d'une conversation tendue comme une corde prête à céder à chaque instant. Le ton monocorde et polaire du jeune seigneur indiquait un esprit au pied du mur, tantôt menaçant, tantôt acculé par les saillies de l'enfant. La grande ombre s'arrêta avec un peu plus d'attention sur ce que dégageait déjà cet Alduis dans ces fragments de mots capturés : une froideur analytique dans laquelle il se retrouva grandement. Et il savait ô combien une pareille distance était un bouclier. Que pouvait-il bien y avoir à gratter, à découvrir sous l'intonation de tranchante épée de cet homme-là ? Cassandre, quant à elle, alternait comme de coutume fausse innocence et piques sachant dépasser les bornes de l'insolence. Jérémie savait combien elle pouvait faire mouche. Sans doute connaissait-elle quelque secret de cet Alduis pour parvenir ainsi à le dominer dans ce duel qu'ils se jouaient. Il aimait la vivacité de cette petite, son pragmatisme... mais il savait tout aussi bien qu'il lui arrivait parfois d'être gratuitement injurieuse et provocatrice - dans les grandes joies de cet âge ingrat. Heureusement, cela demeurait rare et Cassandre restait surtout une maligne petite allée, à qui l'organisation de premiers plans des réprouvés devait beaucoup.

Quand, enfin, sa face de spectre apparut devant le duo clandestin, Alduis lui ordonna sans détour de parler franc. Sans surprise. L'inverse aurait étonné le fugitif, à en croire ce qu'il avait déjà déduit du jeune seigneur. Parfait. La franchise lui convenait très bien. D'ailleurs Jérémie se tint droit, neutre, l'œil noir et fixe qui jamais ne cilla. Il n'offrira au noble polaire pas la moindre courbette, ni aucune fausse politesse dans ses gestes ou dans ses mots : tous deux savaient pertinemment qu'ils se trouvaient là pour faire le contraire que de respecter la protocolaire hiérarchie de cet Empire.
Avant de répondre à Alduis, l'esclave évadé nota le large sourire que lui adressait sa chère et rusée Cassandre. Un peu de chaleur humaine et la promesse d'un duel qui penchait en leur faveur. Il lui répondra d'un hochement de tête entendu, avant de la suivre du bout des yeux jusqu'au petit poste de surveillance où elle s'adossa. Le fugitif se retourna vers l'autre jeune homme - aussi blanc que lui était sombre, mais tous deux aussi secs dans leur style.

-- Comme Cassandre a dû vous l'expliquer, un réseau dissident s'organise. Il va nous falloir sans doute aller chercher des renseignements auprès de Greeglocks, le marchand d'esclaves de la capitale. Pour ce faire, nul n'est mieux indiqué que quelqu'un dont le privilège de la naissance ne lui attirera que le zèle du trafiquant.

Jérémie parlait sans détour. Il savait qu'a priori, un aristocrate ne gagnerait rien à corrompre la place que le hasard lui avait offerte à la naissance pour se corrompre avec des réprouvés. Inutile d'enjoliver les choses et de partir en vaines flatteries. Si Cassandre était là avec ce jeune seigneur, c'était qu'il avait d'autres raisons - ses raisons sans doute bien singulières - pour marcher dans pareille entreprise. Aussi le spectre s'était-il rappelé de la conversation en forêt avec Eldred. De son souhait de retrouver la trace de son ancien compagnon d'armes vendu comme esclave... et donc du besoin d'envoyer un noble aux renseignements.

-- Par ailleurs, entre autres actions, nous prévoyons aussi de saper le système à sa base. Par le dévoilement de la propagande et des usages fallacieux qui sont faits des textes d'autorité par ceux qui nous gouvernent. Il faut donner aux gens capables de lire un autre son de cloche. Car leur ignorance est la meilleure alliée des dominants. Aussi ais-je étudié tout cela, et composé dans ma tête un traité qui n'attend qu'une imprimerie pour voir le jour. Clandestine, bien entendu, car jamais la censure royale ne donnera à un tel projet autorisation d'édition. Nous nous sommes dit que l'appui, les relations et les pécunes d'un seigneur pourraient y remédier.
Le Cent-Visages
Le Cent-Visages
Gestion des PNJ
Gestion des PNJ

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Fatum / Dyonis Howksley de Frenn
Messages : 1923
Date d'inscription : 14/10/2018
Age : 34
Localisation : Partout et nulle part

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Alduis de Fromart Sam 3 Oct - 9:15

Les choses sérieuses commencèrent enfin. Après des temps infinis à discourir sur des choses qui étaient, somme toute, plutôt évidentes, les choses plus concrètes allaient être dites. C'était ce qu'il attendait. Ils avaient besoin de lui, et la particule dans son nom n'y était pas étrangère. C'était une évidence. Mais si le pourquoi demeurait clair, le comment était plus flou.

Cassandre disparut dans le buisson, pour guetter les environs. Au milieu d'une forêt, la possibilité de se faire attaquer restait présente. Cette idée refit naître la tension familière entre ses omoplates. Par réflexe, ses doigts se portèrent à ses couteaux, ... mais ils ne rencontrèrent que le vide. Vide qui lui rappela l'absence du poids apaisant à sa taille. C'était comme si on le privait d'une partie de lui-même. Et c'était d'ailleurs précisément parce qu'il ne les sentait pas sous la pulpe de ses doigts qu'il ne parvenait pas totalement à se détendre.

Il ne faisait confiance à personne. Encore moins à des esclaves rebelles. Il savait on ne peut mieux que la trahison pouvait venir de partout. Mais au même titre que ne pas espérer empêchait les déceptions, la perpétuelle méfiance annulait tout risque de traîtrise. C'était dans l'ordre naturel des choses.

Le fameux Achille, sorti de son point de guet, ne s'inclina devant lui, ni ne le salua. Alduis s'en accommoda très bien. Ils n'étaient pas là pour se faire de jolies courbettes. Au contraire, cette franchise décrispa imperceptiblement ses épaules. Les pires insultes sincères valaient mieux que les meilleurs compliments hypocrites.

Alduis détailla plus précisément son interlocuteur. Son visage était parfaitement inexpressif et même lui qui était pourtant habitué à déceler les signes les plus infimes, n'aurait su dire ce qui se passait dans sa tête. D'instinct, il se reconnaissait pourtant dans cette manière d'analyser en précision tout ce qui les entourait.

Enfin, Achille débuta. Il alla droit au but, ce qui plut de manière non-négligeable à Alduis. À vrai dire, il rencontrait rarement des gens qui soient aussi abrupt que lui dans leur manière d'énoncer les choses. Quelques secondes plus tard, les faits étaient annoncés clairement, sans fanfreluches, sans émotion pour essayer de manipuler. C'était simple et efficace. Il acquiesça :

- Et qu'est-ce que je dois demander à ce cher esclavagiste ?

La note dans sa voix ne cachait pas le mépris. Greeglocks, ce genre de limaces que Alduis abhorrait purement et simplement, de qui il aurait bien été tenté de leur couper la langue. Rien que pour les empêcher de lui lécher les bottes.

Achille reprit, sans perdre un instant de plus. Il était cette fois question d'imprimer. Alduis eut un sourire, et il remarqua :

- Je vois deux problèmes dans ce que tu me dis : je ne suis pas doué pour donner dans la discrétion. Et j'ai un père qui a la sale manie de savoir tout ce que je fais.

... et qui ne laisse rien au hasard.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Le Cent-Visages Dim 25 Oct - 14:44

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

Jérémie prenait toujours quelques secondes de temps en temps pour regarder vers les buissons où se tenait Cassandre : le fugitif n'aimerait pas que cette petite essuie le moindre danger, malgré tout ce que la révolte lui devait, malgré ses promesses de vaillance et sa grande détermination. Heureusement, en ce jour tout allait pour le mieux.
Le jeune homme avisa Alduis, qui ne parut nullement offensé de son austérité, de son absence de courbettes ou de compliments. Parfait. Tant mieux. L'évadé n'avait de toute façon pas prévu de se soumettre à tous ces protocoles alors précisément il avait choisi d'arracher lui-même sa liberté. Il apprécia la sobriété du jeune Fromart. Son caractère pour le moins direct et militaire. Un court instant, le noble sembla même décrispé par l'inexpression avec laquelle l'abordait Jérémie.

-- Un renseignement de la part d'un des membres de notre groupe, déclara-t-il enfin pour lui répondre quant au trafiquant d'esclaves. Il est à la recherche de son frère d'armes. Un certain Ingvar. Il est arrivé presque mourant, amputé de deux doigts, et apparemment le Premier Conseiller a insisté pour que ce captif reçoive des soins. Nous aimerions savoir qui a acheté Ingvar et où il se trouve désormais. Il serait un excellement élément dans notre groupe.

Mais surtout, il manquait à Eldred. Au milieu du ton lisse du fugitif, Alduis aura néanmoins pu entendre une pointe de mépris à l'évocation du marchand de chair humaine. Apparemment, ils partageaient ce sentiment. Rares devaient être les aristocrates à juger de la sorte leur fournisseur de main d'œuvre gratuite. Aussi Jérémie demanda-t-il :

-- Avez-vous déjà eu affaire à ce pourceau de Greeglocks pour que vous paraissiez si peu le porter dans votre cœur ? Un autre point sur lequel nous nous rapprochons.

Jérémie, tandis qu'il parlait, resta une seconde pensif sur le cas du seigneur de Frenn. Ainsi donc, il avait payé de sa poche les soins pour un esclave mourant... On racontait qu'il avait même fait édicter de nouvelles lois pour que dorénavant, des médecins veillent à un meilleur traitement des prisonniers acheminés vers Monbrina. Cela pouvait-il répondre à une sincère charité ou à un genre de respect ? Ou bien le calcul était-il purement stratégique, prompt à polir son image d'homme droit et pieux, mais aussi à faire passer l'Empire pour une puissance dotée d'un minimum de décence - celle du gant de velours ?

-- Votre père. Ah. Eh bien, la confiance règne. Le Ministre des Affaires étrangères et son héritier seraient donc si peu sur la même longueur d'onde ? glissa-t-il avec un haussement de sourcil entendu : décidément, intrigante famille que voilà, avec un géniteur réduit à surveiller les faits et gestes de sa progéniture. A-t-il tant motif à vous épier ?

Et encore ! Que se passerait-il si le paternel apprenait qu'Alduis s'entretenait présentement avec des esclaves rebelles ! Ce jeune noble plaisait à Jérémie. Il devait avoir bien des secrets et des pratiques qui feraient bondir les membres de sa prestigieuse caste. L'érudit reprit, concernant l'impression :

-- Ne pourrais-je pas vous dicter mon document ? Qui serait porté sous pseudonyme, et avec finances suffisantes pour demander sa mise aux presses, à quelque éditeur. Après tout, bien des Grands ayant des velléités d'écriture prennent un nom d'emprunt, trop soucieux de ne pas prostituer leur patronyme sur du papier qui ensuite se vend. L'on ignorerait que cela vient de vous, mais la contribution pécunière parlera bien assez.

Sourire en coin. Quelle hypocrisie que de refuser de salir son nom au contact d'une chose aussi quelconque que l'argent... tout en jouissant pleinement de la certitude que ledit argent achetait tout ou presque. Là encore, Jérémie avait été frontal, soucieux de formuler la demande sans détour.
Le Cent-Visages
Le Cent-Visages
Gestion des PNJ
Gestion des PNJ

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Fatum / Dyonis Howksley de Frenn
Messages : 1923
Date d'inscription : 14/10/2018
Age : 34
Localisation : Partout et nulle part

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Alduis de Fromart Mer 28 Oct - 16:19

C’était bien beau de vouloir le faire parler à Greeglocks, mais que devait-il lui soutirer exactement ? Là était la véritable question. La réponse fut directe comme les précédentes et tira un hochement de satisfaction à Alduis. Ça, c’était une conversation efficace ! Il y avait de toute manière plutôt intérêt à ce qu’elle le soit. Même si Alduis sortait souvent la nuit, pour faire des tours dans la ville pour ne revenir qu’au petit jour, mieux ne valait laisser la place à aucune question. Ce ne serait encore pas cette nuit qu’il dormirait.

Il nota les détails dans sa tête. Ingvar. Amputé de deux doigts. Qui avait certainement reçu des soins. Il s’agissait de le retrouver. Bien.

- Quand ? et comment exactement ? demanda-t-il.

Les phrases les plus courtes possibles. Pour gagner du temps. Il savait dores et déjà que son interlocuteur, aussi abrupt que lui, comprendrait la teneur de sa question et il n’avait nul besoin de plus de détails. Quand devait-il aller se renseigner auprès de cette limace esclavagiste ? et y avait-il d’autres informations qu’il aurait dû savoir.

Ce qui était sûr, c’était que l’homme s’attirait autant de mépris de sa part que de celle du fugitif. Alduis eut un sourire glacial.

- Hypocrite. Esclavagiste. Je n’ai pas besoin d’en savoir plus pour dire ce que j’en pense, répliqua-t-il simplement. Je ne respecte pas ceux qui attachent plus d’importance à l’argent qu’à leur honneur.

Et ce n’était qu’un détail parmi tous ceux qui faisaient de Greeglocks une personne exécrable aux yeux de Alduis. Mais puisque la liste aurait pu durer une bonne partie de la liste, il s’arrêta là. Quel respect méritait donc un homme plus lâche qu’un cloporte, qui brossait les nobles dans le sens du poil et déversait sa salive putride sur leurs bottes ? Alduis eut un rictus plein de morgue.

- Le Ministre des Affaires étrangères et son héritier seraient donc si peu sur la même longueur d’ondes ?

La grimace de Alduis se transforma en sourire. Un sourire comme il savait les faire, carnassier et plein d’animosité. Il ne répondit pas. Son expression parlait d’elle-même. Non. Ils n’étaient pas sur la même longueur d'onde. Quand l’un passait son temps libre au lupanar, l’autre le passait à s’entraîner. Quand le premier s’asseyait sur les principes aussi facilement que devant son bureau, le deuxième les mettait à l’honneur sur le champ de bataille.

- Mon père aime tout contrôler, fit-il d’un haussement d’épaules plus éloquent que n’importe quelle autre parole.

Il avait eu l’occasion d’en prendre conscience à de nombreuses reprises et de le constater un peu plus à chaque fois. Il ne savait pas exactement comment son père faisait pour toujours tout savoir, mais les faits étaient là. Il fallait donc construire autour de ce mur, pour espérer passer de l’autre côté sans être vu. Il en serait de même pour cette impression.

- Je peux payer, annonça-t-il sans détour. Mais je m’appelle Alduis. Et je tiens à ce que cela reste le cas.

Il n’userait d’aucun pseudonyme. Parce qu’un prénom était précieux, que cela se respectait et qu’il n’était pas ici pour être remplacé. Mais aussi parce qu’il n’était pas du genre à se cacher derrière une fausse identité. Sur ce point-là, il resterait intraitable. Il avait fait trop souvent l’expérience de perdre son prénom pour la provoquer de lui-même.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Le Cent-Visages Dim 8 Nov - 14:32

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

-- Dès que vous le pourrez, annonça simplement Jérémie - Eldred n'avait rien précisé là-dessus, mais le plus tôt possible serait le mieux. Quant à la méthode, il serait intéressant d'exploiter la mauvaise presse que l'on fait aux Zakrotiens depuis l'affaire du Rottenberg.

Le timbre de Jérémie était devenu plus caverneux encore à l'énonciation de ce nom - et ses R roulés rudement. Une brève grimace traversa son visage : il se remémora les sévices qu'Aud et lui-même avaient subis dans le château des horreurs. Les coups de canne. La lèvre déchirée, le nez éclaté. Des cheveux arrachés et qui, toujours aujourd'hui, laissaient un trou couvert de croûtes à l'arrière de son crâne - heureusement dissimulé par la masse importante de sa tignasse. Sans parler de ce qu'il avait fait à Aud. Dieu-merci, elle se trouvait désormais chez le Premier Conseiller et il paraissait que cet homme traitait bien ses esclaves. Jérémie se recentra sur la conversation et acheva son explication :

-- Après tout, vous êtes le fils du Ministre des Affaires étrangères. Et le Greeglocks pourrait croire que les Fromart s'intéressent de près aux cas de ces sauvages de Zakrotiens - mots appuyés par ironie - encore disséminés ici et là sur le territoire. Le gredin aura peur pour sa réputation, il vous dira où localiser le dénommé Ingvar et sera je pense des plus doux à coopérer pour se laver de toute éventuelle responsabilité.

Il fera silence, attendant les éventuels commentaires ou l'approbation du complice. Jérémie hocha la tête au tableau fait par Alduis du trafiquant d'esclaves et notera son mépris pour les marchands de chair humaine de son espèce. Mais plus encore, l'attachement profond du jeune homme à la valeur de l'honneur. Retroussant un coin de lèvre, le fugitif ne pourra s'empêcher de noter :

-- Alors que suppose que votre honneur a dû être à plusieurs reprises en conflit avec lui-même, puisque je crois savoir que vous êtes un brillant militaire au service de cet empire esclavagiste. (Un temps) L'on s'étonnera assurément de voir votre nom apposé à un traité sapant les bases intellectuelles de la puissance monbrinienne. D'ailleurs : souhaitez-vous le faire ou seulement fournir les pécunes ? Avec cette seconde option, seul mon prénom paraîtra, mais l'on pensera que vous êtes le mécène du mystérieux auteur dont vous faites porter le manuscrit. Si vous vous nommez aussi sur le texte, alors nous serons "Alduis et Jérémie". (Il acquiesça gravement à l'attachement du jeune seigneur pour son identité et apprécia d'entendre qu'Alduis refusait l'option du pseudonyme : acte honorable et courageux de sa part.) Je partage votre souhait. Notre identité disparaît lorsque nous sommes asservis. Je veux rester Jérémie. C'est cela aussi que j'ai tenu à récupérer en m'affranchissant.

Car ainsi voyait-il son évasion. Personne ne lui avait donné son affranchissement comme un susucre en récompense à un bon chien. Jérémie l'avait arrachée lui-même. Et avec un cynisme entendu, presque complice, il nota donc :

-- Mais de ce que j'entends de votre géniteur, il doit être bien plus dur de s'affranchir quand on est le fils d'un père comme le vôtre.

Derrière son ironie, il fallait déchiffrer la compassion de Jérémie - ce qu'il en restait du moins - pour d'autres formes de chaînes qu'il devinait autour d'Alduis. Pour tenir ainsi à son prénom, le jeune noble devait avoir subi une dépossession des plus graves par le passé. Jérémie n'aura pas l'indélicatesse de verbaliser sa curiosité sur ce point. Il trouva seulement savoureuse l'idée d'un "Alduis et Jérémie" à la tête d'un ouvrage dissident. Singulier duo qu'ils feraient. Un noble et un esclave. L'un aussi spectral que l'autre était ombre. Une identité que le seigneur tenait à garder ; le prénom que l'esclave fugitif partageait avec un prophète de la Bible qui, lui aussi, avait travaillé à avertir les politiciens de son temps.
Le Cent-Visages
Le Cent-Visages
Gestion des PNJ
Gestion des PNJ

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Fatum / Dyonis Howksley de Frenn
Messages : 1923
Date d'inscription : 14/10/2018
Age : 34
Localisation : Partout et nulle part

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Alduis de Fromart Dim 15 Nov - 16:14

Allez voir Greeglocks dès que possible. Soit. Dans ce cas, ce serait fait ainsi. Il nota les dernières informations que lui donnait son interlocuteur à ce sujet. Il avait entendu parler de cette histoire de Rottenberg, comme tout le monde, et avait eu vent de son dénouement. Au ton qu’il prit, Alduis devina aisément qu’il avait quelques rancoeurs contre ce Zakrotien qui avait été à tous les esprits ces derniers temps. Il ne releva pas.

Ce serait à coup sûr un point de pression facile face à cette limace d’esclavagiste. Ce ne devrait pas être trop dur d’en apprendre à ce sujet. Il appuya le tout d’un hochement de tête décidé, pour signifier qu’il avait eu les réponses à ses questions.

- Après tout, vous êtes le fils du Ministre des Affaires étrangères.

Ces quelques mots firent couler une bile acide qui lui brûla la gorge. Parce qu’on ne le voyait pas comme Alduis de Fromart. Non, on le voyait comme le fils du Ministre. À croire qu’il n’existait que dans son ombre. Mais Alduis voulait être quelqu’un d’autre. Il ne voulait pas que l’on s’arrête à sa filiation. Il eut une mimique crispée, mais ne dit mot.

Il en serait fait ainsi. C’était tout. Rajouter quelque chose aurait été superficiel, alors il se contenta de ce geste de tête approbateur.

- Alors je suppose que votre honneur a dû être à plusieurs reprises en conflit avec lui-même, puisque je crois savoir que vous êtes un brillant militaire au service de cet empire esclavagiste.

Alduis lui adressa un sourire sombre, pour répondre :

- Il semblerait que je ne sois bon qu’avec une arme dans la main.

C’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour s’arrêter de penser, le seul moyen qu’il avait trouvé pour de pas être juste le fils de Coldris de Fromart.

- Mais sache que je ne me suis pas engagé dans l’armée pour réduire des peuples en esclavage.

Pas pour brûler les récoltes non plus.
Ni pour violer les femmes et éventrer leurs enfants.

Et il en connaissait un certain nombre qui était du même avis que lui.

Il changea de sujet tout aussi vite et répliqua simplement sans une hésitation :

- Mon nom y sera. Et puisque tu t’appelles Jérémie, je te nommerai ainsi.

Spontanément, il posa son poing contre son cœur pour prouver sa bonne foi. Finalement, il laissa sa main retomber le long de son corps et demanda, en revenant vers sa jument, laquelle lui poussa l’épaule :

- Autre chose ?
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Le Cent-Visages Mar 24 Nov - 11:50

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Jzorzo11

Jérémie Torrès, esclave, 19 ans

Jérémie ressentit un malaise chez son interlocuteur quand il rappela qu'Alduis était le fils Fromard, l'héritier du Ministre. Il put comprendre cette gêne : être rattaché à cette fonction, voilà qui pouvait lui sembler pesant, sans doute n'aurait-il pas dû souligner cela. Pourtant, c'était bien à ce titre que le jeune noble serait entendu - et craint - de ce pourceau de Greeglocks. L'argument à faire entendre demeurait celui-là. Un temps, l'esclave se mordit la joue, puis prendra soin de ne surtout pas insister davantage sur ce point.
Sombre fut aussi son sourire pour répondre au sujet de sa bravoure militaire. Il acquiesça à son explication, sans l'ombre d'un jugement négatif. Jérémie pouvait comprendre cela : se battre pour se battre, pour faire quelque chose de sa vie et exister de cette façon, sans véritable attachement aux idéaux de l'empire. Soit. Après tout, lui aussi jouait un double jeu. Il pardonnait volontiers à Alduis d'être soldat de Monbrina, quand à côté de cela en ce moment même il s'apprêtait à signer de son nom un traité qui ferait grand remous.

-- Je crois que non, répondit-il sans plus à la dernière question du seigneur. Nous pourrons nous revoir pour la dictée du texte et lorsque vous serez allé voir Greeglocks.

Il surveilla les extérieurs et jugea que Cassandre avait assez longtemps monté la garde. Autant écourter sa mise en danger. Il ne restait plus au fugitif qu'à remercier Alduis. Cela se fera sans une parole, mais d'une petite révérence du haut du buste, sobre, directe? Quand le jeune Fromart le jugera bon, Jérémie tournera les talons et le quittera, non sans avoir au passage adressé un petit sourire à Cassandre et l'avoir gratifiée d'une tape amicale à l'épaule.
Le Cent-Visages
Le Cent-Visages
Gestion des PNJ
Gestion des PNJ

Fiche perso : www.
Liens et RPs : www.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Fatum / Dyonis Howksley de Frenn
Messages : 1923
Date d'inscription : 14/10/2018
Age : 34
Localisation : Partout et nulle part

Revenir en haut Aller en bas

[30 Novembre 1597]  Retrouvailles et négociations [terminé] Empty Re: [30 Novembre 1597] Retrouvailles et négociations [terminé]

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum