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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

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Message par Coldris de Fromart Lun 2 Nov - 16:26



Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

Rien ne doit être pris en mauvaise part s'il est offert avec candeur et respect.



Songe d’une nuit d’été, William Shakespeare





L’anniversaire de Bérénice était dans quinze jours. Quinze ans déjà ! Cela valait bien une petite fête non ? Bérénice avait supplié son père de faire une réception au château et il avait cédé, comme toujours!
Mais Bérénice n'abusait jamais de ses yeux doux.

Les fêtes à Fromart c’était si rare, et la demeure était si triste ! Et puis c’était bientôt l’été, les beaux jours étaient revenus et les jardins embaumés de toutes les fleurs.
Et puis surtout, elle allait avoir quinze ans. Elle espérait qu’il y aurait de beaux jeunes hommes invités et pas que les vieillards d'amis de son père. Elle avait très envie de rencontrer enfin l’amour.
Il serait assurément charmant, intelligent, pas trop bavard et attentionné et surtout courageux comme Alduis. Alduis était fort et fier. Mais Alduis avait changé. Il ne voulait plus bavarder avec elle comme avant, malgré toutes ses invitations. L’avait-elle déçu ? Pourtant, elle aurait bien voulu rencontrer ses amis, il devait surement en avoir des tas…

Pour l’heure cependant, il fallait préparer cette réception. Son père avait donné son accord mais il ne voulait s’occuper de rien ! Il n'était de tout façon jamais vraiment disponible. Son travail de ministre l'accaparait et Bérénice avait bien du mal à passer un peu de temps avec lui.
Heureusement qu’Alduis et Léonilde était là pour l’aider. Elle n’avait jamais rien géré d’autres que de petits goûters entre amies. En fait elle n’avait pas vraiment laissé le choix à Alduis et l’avait trainé cet après-midi là dans l’une des remises du château. Elle voulait y trouver de quoi décorer la réception. Dans tout ce fatras, il devait bien y avoir quelque chose non ? Régulièrement Bérénice s’arrêtait pour éternuer ou tousser tout en tirant sur un long pan de tissu ou en ouvrant une malle.

- Mais comment peut-il y avoir autant de poussière ici ?! s'exclama-t-elle en agitant les mains dans un nuage invisible.

Elle se parlait à elle-même. De tout façon, cela faisait plusieurs années que son frère était là mais pas vraiment là non plus, alors elle avait l’habitude de ne plus avoir de réponse.

- Alduis ? Alduis?! Tu trouves quelque chose?! Tu en penses quoi de celui-ci ? demanda-t-elle en étirant une large étoffe orangée.
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Message par Alduis de Fromart Mar 3 Nov - 17:30

[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] 16_ans

Alduis de Fromart
17 ans depuis quelques jours

_____________

Bérénice allait avoir quinze ans, dans quelques semaines à peine.

L'âge des jolis coeurs et des premières oeillades. Elle allait avoir quinze ans, et elle croquait la vie à pleines dents. Elle était ce genre de jeunes filles qui sourient tout le temps et qui laissent dans leur sillage, un soupçon de bonne humeur — et cela, partout où elles passent.

Tout le monde aimait la cadette des Fromart, mais comment leur en vouloir ? Elle était jolie, gentille, douce, rayonnante, aidante et amusante. Elle donnait le meilleur d'elle-même, n'abandonnait jamais quelque chose qu'elle avait entrepris et finissait toujours par réussir grâce à sa persévérance. Elle parlait bien et beaucoup, et on l'écoutait d'un air attendri.

C'était la plus belle et la plus intelligente de toutes les filles de son âge, il en était sûr, parce qu'elle était parfaite. Aucune d'elle ne pouvait lui arriver à la cheville.

Que pouvait-il être à côté d'elle ? Quand elle parlait avec animation à un repas, lui se faisait tout petit et mangeait en silence, en regardant son assiette. Quand elle écrivait de jolies lettres tout en pleins et déliés, lui était à peine capable de tracer une seule ligne sans faire de bavures.

Elle avait plein d'amies qui venaient parfois ici, et elles riaient ensemble en lisant des poèmes. Lui n'en avait aucun et il regardait simplement de loin — sans pouvoir réussir à faire taire totalement cette pointe de jalousie, envieuse, qui aurait aimé être aimée comme elle était aimée.

Devant elle, il faisait comme s'il avait des amis, lui aussi. Comme s'il était occupé. Pour ne pas perdre la face. Pour ne pas la décevoir.

Elle était aussi lumineuse et bavarde que son frère était silencieux et renfermé. S'ils n'avaient pas été aussi blonds tous les deux, disait-on autour d'eux, s'ils n'avaient pas eu les mêmes yeux bleus, on aurait pu se demander s'ils étaient réellement de la même famille.

Mais la vérité, c'était qu'elle était la seule personne avec qui il se sentait bien. Alors quand elle lui avait demandé de venir avec elle dans la remise pour chercher des décorations, il avait accepté sans pouvoir faire taire cette voix étrange en lui, qui était heureuse de voir qu'elle pensait toujours à lui. Il n'aurait échangé sa place pour rien au monde au fond de cette remise poussiéreuse, même s'il avait prétendu qu'il avait des choses plus intéressantes à faire. Et il était fier d'être son grand frère.

- Mais comment peut-il y avoir autant de poussière ici ?!

Alduis ne répondit pas. Il n'avait pas prononcé un mot depuis qu'ils étaient descendus. Qu'aurait-il pu dire ? Il cherchait mais il ne trouvait rien qui aurait été susceptible de l'intéresser, elle, sa merveilleuse petite soeur qui avait toujours des tonnes d'anecdotes amusantes à raconter.

Il continua de fouiller parmi les grands tissus. Aucun ne semblait bien. Il se souvenait de certains sur les tables, utilisés juste une fois, à telle ou telle grande occasion. Chaque motif faisait remonter un flot de souvenirs.

La voix enthousiaste de Bérénice le ramena au présent. Il releva les yeux vers elle en répondant à sa première question, d'un petit mouvement négatif de la tête. Il ne voyait rien d'autres que de vieux tissus et de vieux souvenirs.

Devant elle, elle tendait une étoffe orangée. Comme il ne pouvait décemment pas se contenter d'un geste pour cette interrogation, il se râcla la gorge et déclara :

- C'est joli.
... et c'est solaire. Comme toi.

Mais cela, il ne le dit pas. Les mots restèrent au bord de ses lèvres, comme s'ils venaient de geler sur sa langue au contact de l'air. Il rebaissa vivement la tête.

- C'est ta fête d'anniversaire, ajouta-t-il plus sèchement.
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Message par Coldris de Fromart Mar 3 Nov - 22:14



Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

Are you sure
That we are awake?
It seems to me
That yet we sleep, we dream

Etes vous sûr que nous sommes éveillés, Il me semble à moi, que nous dormons, que nous rêvons encore.

Songe d’une nuit d’été, Acte 4, William Shakespeare





Alduis fouillait silencieusement dans toutes les malles. Comme toujours, il était là mais pas vraiment là. Il n’avait pas refusé mais il n’avait pas accepté non plus. Il n’avait pas ronchonné à l’idée de revoir ses amies mais il n’avait pas non plus sauté de joie. De tout façon Alduis ne sautait jamais de joie. Cela faisait bien longtemps qu’il était devenu sérieux. C’était un grand frère sérieux. Un peu trop. Mais il était le grand-frère. Celui qui pensait remplacer Maman. Bérénice faisait tout pour l’égayer mais rien ne semblait jamais fonctionner. Avait-il seulement remarqué que trois de ses amies en pinçaient pour lui ? Ces petites chipies se seraient presque battues pour un regard de son grand frère, mais il ne semblait pas les remarquer. Pourtant Yseult, Rose et Sylvana étaient chacune plutôt jolies.

Regardait-il vraiment ce qu’il y avait dans la remise ? Bérénice tira sur un grand tissu orangé afin d’avoir son avis.

- C’est joli

Elle le plaça à bout de bras  pour mieux le voir en penchant la tête : peut-être pourrait-elle l’enrouler autour d’une arche ?

- Oui tu as raison ! Je pense qu’on peut trouver mieux que ce orange. Ca fait un peu trop automne, tu ne trouves pas ?

- C’est ta fête d’anniversaire répondit-il sèchement en baissant la tête

Les bras tombèrent le long de son corps et ses boucles penchèrent d’un côté. Avait-elle fait ou dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Elle baissa tristement les yeux sur l’étoffe. Peut-être que… Peut-être que cela lui rappelait des souvenirs ? Alduis avait toujours eu une bonne mémoire alors qu’elle même était assez étourdie. Parfois, elle oubliait ce que l’on venait tout juste de lui dire. Bérénice était ainsi, elle vivait dans un drôle de monde toujours joyeux. Rêveuse, elle était souvent perdue dans ses pensées à imaginer des histoires folles comme dans le Songe d’une nuit d’été. Mais elle savait qu’elle pouvait toujours tout demander à Alduis. Alduis se rappelait des moindres détails, comme de la météo qu’il faisait quand ils avaient joué au poupée étant enfant.

Il n’y avait rien d’intéressant dans cette remise. Que des vieilleries, déposées ici pour ne pas les jeter ou les donner. Mais contre tout attente, elle trouva enfin quelque chose d’amusant c’était comme une vieille panière en argent qui avait été cassée en son centre. Bérénice la posa sur sa tête et se drapa d’une vieille nappe rouge.

- Agenouillez-vous devant votre Reine, preux chevalier Alduis de Fromart ! dit-elle avec une voix impérieuse en tenant une baguette de métal comme un sceptre.

Puis elle se mit à rire d'un rire cristallin.
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Message par Alduis de Fromart Mer 4 Nov - 15:00

[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] 16_ans

Alduis de Fromart
17 ans depuis quelques jours

_____________

Alduis passait de malle en malle, à la recherche qui pourrait décorer la fête d’anniversaire de sa soeur. Mais rien ne semblait suffisamment beau, suffisamment délicat, pour qu’il le lui propose. Il doutait que cet objet existe quelque part dans le monde.

Parce qu’elle était parfaite.

Yseult. Sylvana. Rose. Roméline. Victoire. Aucune de ses amies, à ses yeux, ne pourraient jamais l’égaler dans n’importe quel domaine.

Elles étaient toutes jolies. Toutes gentilles. Toutes intruistes. Mais jamais elles ne dépasseraient sa merveilleuse soeur. Il avait bien remarqué les regards qu’elles lui lançaient de temps à autre, mais il faisait semblant de ne pas les voir.

Bérénice tenait désormais l’étoffe à bout de bras pour l’observer. Alduis se perdit un court instant dans la cascade de ses boucles aussi dorées que le blé et aussi douces que du satin.  Il répondit le plus brièvement possible et laissa, somme toute, sa soeur en juger par elle-même.

Elle décidait quelques instants plus tard seulement :

- Je pense qu’on peut trouver mieux que cet orange. Ça fait un peu trop automne, tu ne trouves pas ?

Alduis rentra la tête dans les épaules en rebaissant le regard, gêné. C’était sa fête d’anniversaire, après tout. Elle savait mieux que lui ce qu’elle voulait. Elle savait agencer les couleurs, elle. Elle savait tenir une conversation et recevoir des invités. Elle aimait autant les réceptions que Alduis les fuyait.

Elle rayonnait. On venait tourner autour d’elle comme des papillons attirés par sa lumière. Elle était un soleil. Le soleil de son ciel.

Il n’avait pas voulu répondre si brusquement. Mais les mots étaient venus trop vite pour être retenus. Dans le coin de son champ de vision, il vit ses bras retomber et il s’en voulut. Il n’avait pas voulu la blesser, ni mal lui parler. Il ouvrit la bouche pour s’excuser mais il ne trouva rien à dire.

Pardon... Mais c’était trop impersonnel. C’était trop simple. Elle méritait mieux. Il secoua de nouveau la tête et garda le silence.

Soudain, un bruit attira son attention. Il se tourna vers Bérénice. Elle venait de poser un vieux bibelot d’argent sur sa tête et posait sur ses épaules une grande cape rouge. N’importe qui aurait eu l’air ridicule, en clamant ainsi la chose… mais pas elle. Bérénice n’était jamais ridicule.

- Agenouillez-vous devant votre Reine, preux chevalier Alduis de Fromart !

Son rire, léger et cristallin, tira un frémissement de ses lèvres, un sourire tellement bref qu’on pouvait à peine lui en donner le nom. Puis, son visage redevint aussi fermé qu’avant. Mais comme elle riait toujours et qu’il aurait été incapable de lui refuser quelque chose, il obéit et posa un genou par terre, comme un véritable chevalier l’aurait fait devant une véritable reine.
Alduis de Fromart
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Coldris de Fromart Mer 4 Nov - 22:47



Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

So we grew together,
Like to a double cherry—seeming parted
But yet an union in partition—
Two lovely berries molded on one stem;

C’est ainsi que nous avons grandi ensemble, comme deux cerises jumelles, en apparence séparées, mais unies dans leur séparation, comme deux jolis fruits attachés sur la même tige .

Songe d’une nuit d’été, Acte 3-2, William Shakespeare





Pourquoi Alduis ne lui parlait jamais vraiment ? Est-ce qu’il trouvait qu’elle était une ennuyante pipelette qui parlait à tort et à travers ? Bérénice regrettait ce temps de l’insouciance où ils jouaient ensemble au poupée ou à se déguiser et même parfois aux chevaliers. Elle était la Princesse et il venait la sauver des brigands ou d’un dangereux dragon. Et parfois, elle aussi se prenait l’envie d’être un chevalier, alors Alduis la prenait sur son dos et courait dans le jardin comme un fou en poussant des hennissements plus vrais que nature. Ou étaient passés ces temps de félicités ? Perdu au fond d’une malle dans une vieille remise comme tous ces objets ? Alduis lui manquait. Son chevalier lui manquait. Il n’y avait pas de Princesse à sauver quand il n’y avait plus de chevalier pour la sauver. C’était la règle.

Mais si elle ne pouvait plus être la Princesse, elle pouvait toujours être la Reine ! Elle se dénicha une couronne, une cape et se prit au jeu. Même Alduis accepta de se soumettre à sa volonté.

- Moi Bérénice 1ère de Monbrina, je vous déclare Chevalier de l’Ordre du Saint Dragon Blanc, Alduis de Fromart. L’Empire salue votre bravoure et votre courage.

Elle adouba Alduis, fit un tour sur elle-même -manquant de faire vaciller sa couronne de fortune- et tendit sa main à son frère.

- Me feriez-vous l’honneur d’ouvrir ce bal, Chevalier Alduis du Fromart ?

Cette remise était la plus belle de toutes les salles de bal.

- Je chanterai si tu veux puisqu’il n’y a pas d’orchestre murmura-t-elle en aparté.
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Alduis de Fromart Jeu 5 Nov - 18:40


[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] 16_ans

Alduis de Fromart
17 ans depuis quelques jours

_____________

Sa tenue de reine avait beau être de bric et de broc, elle n'était pas ridicule avec. Au contraire. Qu'importe ce qu'elle portait, elle rayonnait toujours de la même façon, comme une étoile tout juste née.

Elle aurait pu lui demander de faire n'importe quoi, qu'il se serait empressé d'obéir. On ne contestait pas les ordres d'une étoile. Encore moins ceux de la plus belle du monde.

Il s'était agenouillé sans la regarder et contemplait le sol poussiéreux avec une attention démesurée. Comme si les petits moutons qui se trouvaient sous les malles méritaient toute sa concentration. Il distinguait juste les pointes de ses bottines, à quelques centimètres en retrait de son champ de vision et les pans de sa robe bleu ciel, qui lui donnait une allure de feu follet dans la semi-obscurité de la remise.

La baguette de métal dans la main, elle déclama d’un ton solennel, en faisant mine de l’adouber du même geste :

- Moi, Bérénice Ière de Monbrina, je vous déclare Chevalier de l’Ordre du Saint Dragon Blanc, Alduis de Fromart. L’empire salue votre bravoure et votre courage.

La jeune femme fit un tour sur elle-même, témoin de sa joie toujours débordante. Où trouvait-elle cette force de rire ? Où trouvait-elle ce sourire lumineux qui semblait continuellement accroché à ses lèvres ? Quelques années plus tôt, Alduis serait rentré dans son jeu. Il se serait levé et se serait incliné, le plus bas possible, en l’appelant Votre Majesté.

Mais les années avaient passé depuis ce temps-là. Il ne jouait plus à la poupée, ni au chevalier, ni à se déguiser en quoi que ce soit. Ils n’étaient plus des enfants. Alors il resta à genoux, sans bouger, jusqu’à ce qu’elle lui tende la main d’autorité, en demandant :

- Me feriez-vous l’honneur d’ouvrir ce bal, Chevalier Alduis de Fromart ?

Danser avec elle. Il ne sut quoi répondre. Il aurait eu très envie de danser avec elle… mais… mais il ne prit pas sa main et se releva seul, refusant du même fait cette invitation. Il épousseta ses vêtements sans la regarder et déclara de la voix la plus neutre possible :

- Ce n'est pas le moment. On est là pour trouver de quoi décorer ton anniversaire.

Un bref instant, sa voix se troubla puis il secoua la tête pour se reprendre et se retourna vers les coffres :

- Je… Il faut s’y remettre.

Il aurait voulu dire quelque chose de plus doux, de moins abrupt, mais il n’aurait su trouver les mots pour l’exprimer. Il préféra revenir à leur premier objectif. Pour essayer d’occuper ce silence gêné - et cette honte en lui - il se fit violence pour demander :

- Comment est-ce que tu vois les choses, au juste ?
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Coldris de Fromart Jeu 5 Nov - 22:26



Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

Therefore I think I am not in the night.
Nor doth this wood lack worlds of company,
For you in my respect are all the world.

je ne crois donc plus être alors dans les ténèbres :
ce bois n’est point une solitude pour moi ;
avec vous, j’y trouve tout l’univers


Songe d’une nuit d’été, Acte 2-3, William Shakespeare





Alduis refusa sa main qui retomba le long de son corps.

- Ce n'est pas le moment. On est là pour trouver de quoi décorer ton anniversaire.

Sa baguette tomba sur le sol rebondissant plusieurs fois dans un écho métallique assourdissant. Bérénice le regardait figée. Pourquoi ? Pourquoi ne voulait-il plus participer ?

- Je… Il faut s’y remettre.

- Je… Je suis désolée Alduis… Tu avais surement mieux à faire que de t’asphyxier dans la remise. répondit-elle penaude en baissant la tête pour observer ses souliers désormais poussiéreux.

Un léger soupir s’échappa de ses narines. Ses yeux parcoururent la pièce avant de se poser à nouveau sur son frère qui était affairée autour d’une caisse. Elle fit de même et commença à s’intéresser à des bibelots variés, qu’elle posait en plusieurs tas suivant l’intérêt qu’elle leurs trouvait. Elle s’arrêta sur un vase imposant aux larges anses. Elle pouvait déjà imaginer un bouquet odorant de lilas violet accompagné de quelques fleurs bien moins spectaculaires. Ce serait du plus bel effet comme centre de buffet. Elle n’avait pas réellement fait attention au silence qui venait de s’installer. Elle avait l’habitude. C’était ainsi. Dès qu’elle cessait de parler le silence revenait et ses pensées vagabondaient comme de petits chevaux sauvages d’une idée à l’autre.

- Comment est-ce que tu vois les choses, au juste ?

Elle tourna la tête vers lui, aussi surprise par sa question que sa prise de parole spontanée.

- Je… Et bien j’aimerai quelque chose de printanier et féérique tu vois ? Comme dans ces contes. Plein de fleurs et de jolies couleurs pastels ! son enthousiasme naturel avait reprit le dessus.
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Alduis de Fromart Ven 6 Nov - 13:32

[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] 16_ans

Alduis de Fromart
17 ans depuis quelques jours

_____________

Les doigts de Bérénice lâchèrent son sceptre de fortune. Le métal rebondit contre les dalles et se répercuta dans l'espace fermé.

Glong, glong, glong, faisaient les échos.
Boum, boum, boum, répondait les battements de son cœur.

Il n'avait pas voulu la vexer. Ni la blesser d'aucune façon. Il voulait juste que son anniversaire soit à sa hauteur. Il tenait à elle plus qu'il ne pourrait jamais tenir à personne d'autre. Pourquoi devait-il être aussi maladroit avec elle ? Aussi... médiocre, quand elle était aussi merveilleuse ? Jamais elle ne cherchait quoi dire, jamais elle ne blessait avec ses mots. Il aurait dû accepter, il le voyait bien maintenant, mais il ne savait pas comment faire pour se rattraper.

Encore une fois, il s'était trompé.
Encore une fois, il était trop tard.

- Je... Je suis désolée, Alduis... murmura-t-elle d'une petite voix, la tête baissée.

Lui aussi aurait voulu s'excuser. Dire qu'il était désolé. Qu'il n'avait pas voulu lui donner cette impression d'avoir mieux à faire. Parce que la vérité était là : il n'avait rien à faire et s'il n'aurait pas proposé de lui-même de l'aider, il était content qu'elle lui ait demandé.

Il aurait aimé lui dire tout cela, mais il n'y put s'y résoudre totalement. Comment aurait-il pu lui avouer qu'elle était sa seule amie, alors qu'elle semblait le croire si occupé et entouré ? Il ne voulait pas la décevoir. Il répondit d'une voix fermée :

- C'est pas grave. Ce n'était pas urgent. Ne t'inquiète pas.

Et il se concentra à nouveau sur une malle. Il fouillait sans vraiment regarder et écarter les choses. De toute façon, ce n'était guère que de vieilles babioles sans intérêt, et aucune ne lui semblait faire l'affaire. De toute manière, son attention était tournée ailleurs.

Ne t'inquiète pas. Pff, c'est tout ce que tu as trouvé à dire ? Idiot !

Dans le silence, les entrechoquements des objets s'entendaient clairement. Alduis avait l'habitude d'en être entouré, et il le préférait souvent plutôt qu'à quelque conversation. Mais celui-ci le gênait, sans qu'il puisse dire pourquoi. Parce qu'il n'avait pas voulu que les choses se passent ainsi.

Alors il prit la parole de lui-même. Pour en savoir plus sur ce qu'elle cherchait. Il souhaitait se rattraper. Au moins essayer. Et cela commençait par rompre ce silence absurde et trop pesant.

Elle lui jeta un regard surpris. Alduis essaya de faire taire la gêne qui s'était installée en lui et de ne pas se dégonfler. Bérénice ne fut pas longue à se reprendre. Bientôt, son enthousiasme fut revenu, et elle lui expliquait.

Quelque chose de printanier et féerique. Qu'est ce qui pourrait convenir à un tel thème ? Il baissa les yeux sur les vieilleries grises et poussiéreuses. Qu'y avait-il de magique dans cette remise ? Ce n'était rien que des objets démodés et oubliés.

Il secoua la tête et répondit, d'une petite voix :

- Tu es déjà un conte de fées à toi toute seule...
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Coldris de Fromart Ven 6 Nov - 14:57



Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

All that glisters is not gold.

 Tout ce qui brille n’est pas or.

LE marchand de Venise, Acte 2-7, William Shakespeare





Ce n’était pas grave ? Pas urgent ? Et s’il disait cela juste pour ne pas la froisser ? Après tout, il avait peut-être eu peur de refuser sa demande ? Pourtant jamais Bérénice ne lui en aurait tenu rigueur. Elle frotta distraitement son bras et se remit à fouiner parmi les différentes caisses. Jusqu’à ce qu’Alduis rompe le silence. C’était étonnant. D’ordinnaire, il le laissait s’étirer durant d’interminables minutes sans même sans rendre compte. Alors oui, forcément elle s’était étonnée de le voir prendre la parole spontannément.
Lorsqu’elle croisa son regard cependant, elle s’en voulut aussitôt. Pourquoi ne pouvait-elle pas mieux cacher ses émotions, comme son père par exemple ?
Elle devait se reprendre… Alors elle lui répondit et son en train habituel jailli à nouveau comme l’une de ces fontaines des jardins.

- Tu es déjà un conte de fées à toi toute seule...  

Bérénice s’immobilisa. Avait-elle bien entendu ces mots si discrètement prononcés ? Presque timidement ? Alduis n’était pas timide. Il était courageux. C’était un courageux chevalier. Et bientôt, il entrerait dans l’armée et il deviendrait un officier réputé, elle était sûr. Parce qu’elle aimait tant venir le voir s’entrainer. Il était si doué avec une épée. Parfois, il daignait bien vouloir lui faire l’honneur de s’entrainer avec elle et elle se sentait terriblement mauvaise face à lui. D’ailleurs, il devait sans doute faire exprès de perdre… Mais cela n’avait pas d’importance car c’était parmi les meilleurs moments qu’elle passait avec lui. Là-bas, il était si différent…

Bérénice se précipita vers lui et sauta à son cou qui était plus haut d’une bonne tête que le sien.

– Merci mon grand frère chéri murmura-t-elle car il n’y avait pas besoin de plus quand son oreille était tout près.
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Alduis de Fromart Ven 6 Nov - 17:28

[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] 16_ans

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17 ans depuis quelques jours

_____________

Elle n'avait peut-être pas besoin de prendre de ces vieilleries, finalement, puisqu'elle était déjà une princesse. Qu'il lui suffisait d'une baguette de métal, d'une nappe rouge et d'une passoire trouée pour devenir une reine. Elle était à elle seule le il était une fois d'une histoire et sa conclusion, ils vécurent heureux pour le reste de leurs jours. Bérénice était cela, et plus encore. La fée magique, la princesse prisonnière et même, le pieux chevalier.

Il le lui avait dit, à mi-voix, surpris lui-même de trouver le courage de le lui dire. Elle était merveilleuse, elle n'imaginait pas à quel point elle l'était.

Elle s'était immobilisée. Alduis ne sut pas comment l'interprêter. Ce n'était pas ce qu'il fallait dire ? Il avait été encore maladroit ? Il passa la main dans ses cheveux, pour essayer de contrôler sa gêne. Il se râcla la gorge.

- Je... C'était ridicule. Ne fais pas attention à...

Il n'eut pas le temps de finir, elle se précipita soudain dans ses bras, laissant tomber la nappe au passage, et se jeta à son cou. Alduis se crispa, malgré lui, étonné par cet élan d'affection.

- Merci mon grand frère chéri...

Mon grand frère chéri.

Son coeur fit un bond de joie dans sa poitrine, soudainement plus léger qu'une plume. Alors ça voulait dire qu'il avait bien parlé ? Qu'il n'avait pas fait de bêtise et ne l'avait pas vexé involontairement en cherchant à lui dire à quel point elle était parfaite ?

Il se détendit sans pouvoir retenir le sourire qui lui monta aux lèvres et passa ses bras dans son dos pour la serrer et la soulever, afin qu'elle soit au même niveau que lui.

C'était dans ces moments-là où il se sentait important ou utile. Il était le grand frère chéri d'un conte de fée, d'un feu follet, d'un soleil permanent. Et rien n'aurait pu exprimer à quel point il en était fier, sinon cette solide étreinte où il l'écrasait entre ses bras sans donner l'impression de vouloir la relâcher.

Enfin, il la reposa sur le sol et resta quelques secondes immobiles, à se demander ce que l'on disait après ce genre d'instants. Qu'est-ce qu'elle dirait, elle ?

Pour la première fois depuis qu'ils étaient entrés dans la remise, il leva les yeux et plongea son regard dans le sien. Sans trembler. Il se perdit dans les immensités pleines d'émotions de ses prunelles et enfin déclara, d'une voix un peu plus assurée, mais toujours basse et emplie d'une certaine timidité :

- Votre Majesté veut toujours danser avec son piètre chevalier ?

Il posa une main dans son dos et prit la sienne dans la deuxième.
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Message par Coldris de Fromart Ven 6 Nov - 23:15



Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

Pour un ciel féerique et divin
Nous fuirons sans repos ni trêves
Vers le paradis de mes rêves.

 

Le vin des amants, Charles Baudelaire





Alduis passa sa main dans ses cheveux et elle vit bien qu’il était terriblement mal à l’aise. Mais pourquoi ? Sa main se dressa dans le vide comme pour arrêter un flux invisible.

- Non, non, non… murmura-t-elle impuissante avant que ses jambes ne réagissent sans attendre et comble la distance.

Sous ses petits bras, elle pouvait le sentir se crisper aussi solidement qu’une buche. Peut-être qu’il n’appréciait pas ? Peut-être qu’elle était trop exubérante… Il était toujours si calme et si sérieux... Mais soudainement, il se détendit et la souleva dans les airs en souriant. Bérénice ne put se retenir de rire joyeusement.

Ce n’était rien et c’était tout à la fois.

Parce que c’était comme ça qu’elle aimait son grand frère. Quand il souriait, il ressemblait un soleil de printemps qui vous réchauffez agréablement le cœur.

Elle se plongea dans ses yeux, si clair par rapport aux siens. Les mêmes que ceux de papa. Il paraissait qu’elle avait ceux de maman, mais Bérénice ne s’en souvenait pas assez bien pour le confirmer.

A sa proposition, elle secoua la tête d’un air taquin

- Non, non, non ! Je ne danse qu’avec de preux chevalier, moi !

Elle pencha alors la tête d’un air ingénue avant d’ajouter aussitôt

... Mais ça tombe bien puisque j’en ai un sous la main!

Alduis passa une main dans son dos et la glissa la seconde dans la sienne. Bérénice commença à chantonner lentement pour accompagner leur pas sur ce plancher poussiéreux. Parfois, ils passaient dans un rayon de lumière et soudainement, Alduis semblait auréolé. On aurait presque dit un ange... Elle souriait sans pouvoir s’arrêter. Depuis combien de temps n’avaient-ils pas passé un tel moment ensemble ? Bien trop longtemps.
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Message par Alduis de Fromart Sam 7 Nov - 11:11

[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] 16_ans

Alduis de Fromart
17 ans depuis quelques jours

_____________


Elle avait soufflé ces trois petits non avant de venir se jeter à son cou. Que signifiaient-ils ? Pourquoi les disait-elle maintenant ? Quelque chose dans la situation lui échappait, et il craignait que ce soit important.

Il ne s’était pas attendu à cette étreinte spontanée et il ne put rien faire contre le raidissement de surprise qui le saisit à cet instant. Ce n’était pas contre elle, simplement une réaction à ce geste élancé - et inhabituel.

Mais de temps à autre, les habitudes avaient besoin d’être changées. Alors il se détendit et lui rendit son câlin. Ce fut sans vraiment réaliser qu’il la souleva dans les airs. Le rire de Bérénice emplit la remise de ses éclats joyeux et le´gers, et il la serra encore plus fort contre lui.

Quand elle riait, on aurait dit un carillon qui sonnait l’arrivée du bonheur.

Un bref instant, il appuya son front contre son épaule et ferma les yeux. Est-ce qu’il était vraiment son grand frère chéri ? Il aurait à peine osé y croire, mais elle le lui avait dit. Elle le lui avait vraiment dit !

Finalement, il la regarda dans les yeux. Quand il la regardait, des fois, il lui semblait voir Maman. Parce qu’elle avait le même regard plein de douceur.

De nouveaux, ces trois non. Alduis baissa les yeux.

- Je ne danse qu’avec de preux chevaliers, moi !

Alors elle ne voulait pas danser avec lui ? Il aurait dû accepter la première fois. Bien sûr, elle ne voulait plus désormais. C’était normal, après tout. Il relâcha les doigts autour de ses bras et allait reculer quand elle ajouta aussitôt :

- … Mais ça tombe bien, puisque j’en ai un sous la main !

Aussitôt, son visage s’illumina. Alors il posa une main dans le creux de son dos, prit la sienne dans la seconde. Il avala sa salive. Elle était si belle, avec ses cheveux dorés et ses yeux lumineux. Sa douce voix s’éleva dans le silence de la remise. Elle chantait si bien ! C’était le meilleur de tous les orchestres.

Sans prononcer un mot, Alduis l’entraîna dans la danse. Il avait les mains moites et restait concentré, de peur de faire un faux pas. Il n’aurait plus manqué qu’il lui écrase les pieds... Son regard bleu semblait la traverser sans la voir.

Mais plus ils voyageaient entre les vieilleries - qui parfois tintaient quand malencontreusement, ils en heurtaient une - plus Alduis prenait confiance, en prenant conscience que tout allait bien. Petit à petit, il se détendit, ses pas furent plus fluides et son regard redevint plus vivant, pour revenir au fond de celui de sa soeur. Il lui sourit, en réponse à celui qui étirait les lèvres de la jeune fille innocemment.

Au bout de quelques minutes à écouter la voix mélodieuse de sa soeur et balancé par le rythme des pas dansés, il murmura enfin :

- Je suis désolé, Bérénice. Je suis désolé d’être aussi maladroit mais c’est que… je ne veux surtout pas te décevoir.
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Coldris de Fromart Sam 7 Nov - 12:19



Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

Praising what is lost makes the remembrance dear
  Louer ce qui est perdu, — c’est en rendre la mémoire plus chère…
Tout est bien qui finit bien, Acte 5-3, Shakespeare





Avait-il vraiment cru qu'elle allait lui refuser de danser ? C’était tout bonnement impossible ! Pour une fois qu’ils faisaient réellement quelque chose ensemble et non côte à côte, elle n'allait pas dire non.

Parfois ou souvent, elle se disait qu’elle était trop accrochée à ses souvenirs pour accepter le changement. Le frère qu'elle avait connu lui manquait mais les gens changeaient c’était normal non ? Alors c’était sans doute un peu égoïste de sa part de vouloir garder auprès d'elle le Alduis de son enfance avec qui elle jouait aux poupées et aux chevaliers. Le problème c'est que lorsqu'elle voyait soudainement son visage s'illuminer comme lorsqu'elle avait accepté, elle en oubliait instantanément toutes ses résolutions et se retrouvait projetée plusieurs années en arrière, avec ce grand frère qu'elle aimait tant et qui la rendait si fière.

Alduis était concentré sur ses pas et nerveux. Elle pouvait sentir la moiteur de sa main entre ses doigts. Pourtant, il n'avait pas à rougir de sa performance. Il se débrouillait même plus tôt bien ! A quoi pensait-il ? Est-ce qu’il était aussi heureux qu'elle ? Elle avait beau croiser son regard, elle ne voyait rien. Il semblait regardait bien au-delà. Peut-être qu’il n'aimait pas cela et qu’il avait juste voulu lui faire plaisir en proposant ? Sans doute parce qu'elle avait lâché cette baguette sur sol. C’était sans doute pour ça. A nouveau la culpabilité s’empara d'elle et sa voix trembla légèrement.

Bérénice chantait toujours et eux tournaient toujours. Parfois, ils heurtaient des bibelots qu'elle avait posé à terre ou des objets couverts de grands draps blancs. C’était comme une partition annexe à son chant. Parfois des sons brefs et aiguës, parfois un écho un peu plus sourd et vacillant. Elle souriait et Alduis s’illumina. Comme un soleil après de longs jours de pluie. Le sourire de Bérénice s’étira encore et ses yeux se mirent à scintillait comme de petits étangs miroitant sous le soleil.

- Pourquoi tu me décevrais Alduis ?

Ils firent quelques pas de plus, tournant d’un côté puis de l'autre.

- Je ne sais pas comment sera le mari que Papa me choisira mais j’espère qu'il sera comme toi quand tu souris.

Ce qui voulait dire beaucoup de chose : rayonnant, attentif, un peu moqueur, honorable, fort, loyable…
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Alduis de Fromart Sam 7 Nov - 13:33

[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] 16_ans

Alduis de Fromart
17 ans depuis quelques jours

_____________

Ils dansaient. Sans orchestre, accompagnés seulement des notes chantantes de la voix de Bérénice, dans une vieille remise poussiéreuse. C’étaient quelques pas esquissés simplement, dans l’espace libre et réduit, slalomant entre les malles et les vieilleries traînant par terre. Ce n’était certainement pas la plus belle performance qu’ils auraient pu faire mais cela n’avait pas d’importance.

C’était une danse improvisée. Quelques instants partagés et inattendus. Quelques instants précieux. Inoubliables. Qu’importe, au fond, ce qu’en penserait quelqu’un extérieur : ils ne la faisaient pas pour eux.

Bérénice chantonnait toujours. De temps à autre, sa voix tremblait sans qu’il ne comprenne pourquoi, avant qu’elle ne se reprenne et poursuive de plus belle. Il craignait à chaque fois que ce soit sa faute. Que se disait-elle, en ce moment ? Quelles pensées s’agitaient dans sa jolie tête blonde ? Regrettait-elle d’avoir accepté ? Il espérait que non, parce qu’il faisait de son mieux.

Mais elle continuait de sourire. La danse ne ralentissait pas. Si elle avait voulu arrêter, elle ne serait plus en train de chanter, n’est-ce pas ? Cela l’encouragea et enfin, son visage s’ouvrit. Les yeux de Bérénice pétillèrent et l’idée que ce soit lui qui y arrive, qui la rende heureuse à cet instant, le remplissait d’un étrange bonheur.

Il aurait aimé être plus adroit avec les mots. Mais il n’y arrivait pas. Elle disait merci avec tant de naturel, exprimait ses sentiments si facilement… Comment faisait-elle ?

- Pourquoi tu me décevrais, Alduis ? demanda-t-elle enfin, alors qu’ils poursuivaient de tourner, dans un sens puis dans l’autre.

Il n’y avait plus que le silence et le bruit de leurs pas sur le sol pour rythmer leur sens. Mais c’était aussi bien comme cela.

Pourquoi la décevrait-il ? Il y avait tellement de raisons à cela, tellement de possibilités ! Il avala sa salive et détourna le regard. Jamais il ne lui avait avoué cela auparavant. Il ne savait pas comment s’y prendre.

- Parce que… parce que tu es merveilleuse. Tu… tu es gentille, tu es belle, tu es toujours heureuse, tu es généreuse et altruiste et… Tu as plein d’amies aussi, mais jamais elles ne t’arriveront à la cheville… parce que toi, tu es parfaite et tu es forte partout, alors que moi…

Il se tut et secoua la tête. Et puis, soudain, il y eut cela :

- Je ne sais pas comment sera le mari que Papa me choisira mais j’espère qu’il sera comme toi quand tu souris.

Alduis ne sut que répondre à cela. Sourire. Il n’y avait qu’elle qui arrivait à le faire sourire. La preuve, c’était que ses mots venaient encore d’y parvenir. Et enfin :

- Tu mérites le mari le plus exceptionnel du monde.
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Coldris de Fromart Sam 7 Nov - 21:42



Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

La joie est le passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection.
 

Baruch Spinoza





- Parce que… parce que tu es merveilleuse. Tu… tu es gentille, tu es belle, tu es toujours heureuse, tu es généreuse et altruiste et… Tu as plein d’amies aussi, mais jamais elles ne t’arriveront à la cheville… parce que toi, tu es parfaite et tu es forte partout, alors que moi…

Bérénice restait sans voix. Elle manqua même un pas et trébucha sous l’avalanche de compliments qu’Alduis venait de lui faire. Il pensait vraiment tout ça d’elle ? Ses petites joues de porcelaines se mirent à rosir malgré elle.
Elle ne s’était jamais vue comme quelqu’un de très ordinaire. Et certainement pas parfaite…

- Alors que toi, tu es le meilleur frère du monde Alduis. rétorqua-t-elle aussitôt Tu devrais arrêter de te dévaloriser tout le temps… S’il te plait…

Son ton s’était fait presque implorant, alors qu’elle avait incliné discrètement la tête.  Comment pouvait-il penser cela de lui ? Elle n’avait jamais rien vu d’autre en lui que son chevalier de lumière qui viendrait la délivrer des griffes d’un vilain dragon écumant de rage.

Elle n’avait pas cessé de danser, ni de le regarder dans ses yeux si bleus.

-Et puis c’est faux. Je ne suis pas du tout parfaite. Déjà parce personne n’est parfait. Et ensuite, je suis toujours dans la lune, maladroite, sensible et… Regarde… Elle leva la main sa main droite Je ne suis même pas capable de finir une misérable broderie sans me coudre les doigts avec !

Elle ne put s’empêcher de lui sourire avec un certain amusement. Parce que vraiment, il n’avait pas à s’en faire. C’était presque d’être gênant d’être admirée de la sorte lorsqu’on se sentait parfaitement normale. Surtout quand elle aurait rêvé de pouvoir épouser quelqu’un comme Alduis. Elle espérait surtout que son père ne la marie pas à quelqu’un du double de son  âge ou de violent… Elle s’arrêta de danser et enlaça Alduis.

-  Merci Alduis, merci.

Elle prit sa main et le ramena vers une malle fermée.

- Viens, reprenons. On pourrait chercher ensemble non ? On a pas encore fait celle-ci regarde.
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Alduis de Fromart Dim 8 Nov - 0:25

[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] 16_ans

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_____________

Bérénice ne disait plus rien. Elle trébucha même et ne dut de rester debout que grâce à Alduis, en face d’elle, qui parvint à la rattraper juste à temps. Il garda quelques instants ses doigts refermés autour de ses épaules, sans oser la regarder, et avala sa salive. Pourquoi devait-on avoir l’air surpris `a chaque fois qu’il faisait un compliment ? Il s’y prenait si mal que cela ? Il regrettait déjà d’avoir ouvert la bouche et se sentait à cet instant aussi à l’aise qu’un poisson que l’on venait de sortir de l’eau.

Les joues blanches de Bérénice se teintèrent d’une jolie couleur rosée. Elle ressemblait à une poupée fragile et délicate. Ses boucles semblaient faites de milliers de fils d’or qui luisaient dans les minces raies de lumière. Elle était mille fois plus belle que toutes les autres filles de son âge.

- Alors que toi, tu es le plus merveilleux frère du monde Alduis, rétorqua-t-elle alors.

Alduis ne comprenait pas. Comment pouvait-elle le trouver merveilleux ? Il était toujours taciturne, silencieux, renfermé. Il évitait au plus possible la foule quand elle demandait à organiser des fêtes. Il était tout ce qu’elle n’était pas. Et inversement.

Si Bérénice n’avait pas continuait de danser, Alduis se serait arrêté. Il ne la regardait plus dans les yeux, mortifié. Il préférait se concentrer sur leurs pieds. Ses pas étaient moins précis que quelques instants plus tôt. Il n’aurait pas dû dire cela. Il avait fait exactement le contraire de ce qu’il voulait. Ne l’avait-il pas déçue ? Lui en voulait-elle ?

- Pardon... lâcha-t-il.

- Je ne suis pas du tout parfaite. Déjà parce que personne n’est parfait.

Alduis osa à peine répondre. Il n’était pas d’accord. Parce qu’elle, elle était parfaite. Il n’y avait pas besoin de savoir coudre pour ne pas l’être, et tout ce qui faisait partie d’elle ne faisait que la rendre encore plus merveilleuse encore. Mais comme il se doutait que sa soeur insisterait sur cette voie de nier, il préféra garder ses mots pour lui. Il les enfouit de nouveau au fond de lui et se renferma dans son silence habituel.

Bérénice lui sourit. Finalement, elle s’arrêta de danser et le prit dans ses bras. Le remercia encore. Cette fois, il ne put retenir ses paroles :

- Tu vois…

Il baissa les yeux, serra la main qui venait de se glisser dans la sienne.

- Tu dis toujours merci si facilement. Tu sais bien parler et moi, quand j’ouvre la bouche, ça fait complètement l’effet inverse de ce que j’aimerais et…

Soudain, elle l’entraîna vers une malle fermée en déclarant qu’il était temps de reprendre les recherches ensemble. Alduis ouvrit la malle sans un mot. Elle était pleine de babioles quelconques.  

- Tu penses vraiment qu’on trouvera quelque chose ?
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Coldris de Fromart Dim 8 Nov - 9:59



Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

One day Alice came to a fork in the road and saw a Cheshire cat in a tree. ‘Which road do I take?’ she asked. ‘Where do you want to go?’ was his response. ‘I don’t know,’ Alice answered. ‘Then,’ said the cat, ‘it doesn’t matter

Un jour, Alice parvint à un point où le chemin bifurquait. Elle vit un chat du Cheshire dans un arbre. ‘Quel chemin dois-je prendre?’ demanda-t-elle. ‘Où vas-tu?’ répondit-il. ‘Je ne sais pas’, avoua Alice. ‘Alors, dit le chat, ça n’a pas d’importance  

Alice aux pays des merveilles, Lewis Carroll





Ni elle, ni lui ne parvenait plus à garder leur pas aussi précis que quelques instants plus tôt. Bérénice s’arrêta et se suspendit à son cou, avant de prendre sa main. Elle prêta une oreille attentive à ses mots, un sourire bienveillant au bord des lèvres.

- Il suffit juste d’écouter ce que te dit ton cœur au lieu d’écouter ton esprit. Tu verras c’est facile. Et puis parler c’est comme écrire ou faire de l’escrime. Il faut s’entrainer pour s’améliorer. Si tu évites de t’y confronter ce sera un peu plus dur à chaque fois au contraire. Aller viens !

Et elle entraina Alduis sans plus de cérémonie vers une malle qu’ils n’avaient pas encore visité. Alduis la déverrouilla. Elle était pleine à  ras-bord de tissus et de babioles diverses et variées. D’un simple coup d’œil, elle pouvait déjà discerner un bougeoir doré, ce qui devait être un petit portrait, une cuillère et quelques dentelles jaunies par leur retraite forcée.

- Ca n’a pas d’importance Alduis. Ce qui compte c’est que l’on ait passé un bon moment ensemble, non ?

Bérénice posa sa tête contre l’épaule de son frère. Peu importait la destination si le voyage était plaisant. Qu’ils trouvent ou non ce qu’elle cherchait (ou ne cherchait pas) n’avait finalement que peu d’importance. Quant à décorer sa fête, il y aurait toujours une solution quelque part. Si ce n’était pas dans cette remise, ce serait ailleurs, elle en était persuadée.

Elle fouilla donc cette énième malle avec autant de plaisir que la toute première qu’elle avait ouverte. Ce n’était peut-être que des vieilleries sans intérêt mais Bérénice avait l’impression d’ouvrir un coffre aux trésors volait à un pirate. Sa seule obsession était d’essayer de deviner l’usage du prochain objet qu’elle allait en extirper. Quelle drôle de capitaine flibustier ce devait être ! Elle s’imaginait déjà sur son navire grinçant des amarres et les embruns lui fouettait le visage et chatouillait ses cheveux dorés. Elle tira sur la dentelle jaunie et ce fut une petite poupée de chiffon qui semblait revenir d’entre les morts.

- Létilia !!! s’écria-t-elle en regardant ses pomettes effacées

Elle avait tant joué avec elle. Elle avait vécu tant d’histoires : on l’avait bien sûr sauvée des griffes d’un dragon, elle avait épousé un roi, tué des bandits… Elle avait été courageuse ou très peureuse. Elle avait été sage ou rebelle. Létilia avait certainement  vécu un bon millier de vies durant sa carrière de poupée des enfants Fromart, comme en témoignait sa coupe de cheveux asymétrique.

Bérénice passa ses doigts sous ses aisselles afin de pouvoir faire mouvoir ses bras et la fit sautiller sur le rebord de la malle comme une jeune fille en fleur.

- Alduis! s’exclama Bérénice d’une autre voix tandis que la poupée feintait la surprise de ses mains Cela faisait si longtemps que je ne vous avez pas revu ! Environ… la poupée se gratta la tête Presque dix ans ! Vous avez bien changé mon grand gaillard depuis !

Bérénice devait se retenir de rire avant d’avoir fini complètement son petit jeu d’acteur. La poupée, elle, caressait sa chevelure trop courte d’un côté.

- J’espère que vous avez eu le temps d’améliorer vos compétences de coiffeur depuis, mon cher ami répondit la poupée.

La jeune fille pouffa de rire n’en pouvant plus et l’éclat de rire se mit à jaillir sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit. Elle se souvenait très bien du jour où Alduis lui avait assuré qu’elle serait plus jolie avec des cheveux courts qu’avec de longues nattes.
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Message par Alduis de Fromart Dim 8 Nov - 11:16

[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] 16_ans

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_____________

À l’entendre parler, on aurait dit qu’il n’y avait rien de plus simple que de parler avec son cœur. Que les choses étaient naturelles. Au contraire, il trouvait cela terriblement dur. Et quand il le faisait, sans réfléchir, on lui jetait des regards ahuris ce qui lui donnait systématiquement l’impression d’avoir dit la dernière des idioties.

- Oui... reconnut-il quand elle lui expliqua que la parole était comme le reste : elle demandait de l’entraînement.  Mais il y a quand même des personnes qui sont plus fortes que les autres dans certains domaines.

Et ce n’était pas pour rien que Alduis préférait de loin s’entraîner des heures avec son épée dans les mains plutôt que de devoir tenir une conversation. Il n’avait aucun don pour parler. Bérénice, si.

Elle l’entraîna vers l’une des malles, qu’il ouvrit aussitôt. Il y avait tellement de choses vieilles comme le monde ici. Pour la plupart, il se rappelait des objets, et quelques images s’imposaient brutalement à son esprit, occupant momentanément son esprit. Il doutait de trouver quoi que ce soit qui convienne à la recherche de Bérénice dans cette remise. Même si elle s’émerveillait de tout, que ses yeux pétillaient comme une enfant qui vient de recevoir un nouveau jouet.

Et pourtant, elle avait raison. Ce n’était pas si important que cela, au final, de trouver ou non ce qu’ils cherchaient. Il se souviendrait de cette petite danse improvisée, rien que tous les deux, dans cette réserve poussiéreuse. Mais il se souvenait de tout.

Bérénice vint appuyer sa tête contre son épaule. Alduis ne bougea pas mais un petit sourire vint danser sur ses lèvres.

Ils reprirent la fouille. Ou plus exactement, Bérénice reprit et Alduis la regarda faire, debout à côté d’elle. Soudain, sa sœur tira sur un bout de tissu jauni… qui se révéla être une poupée de chiffon. Alduis la reconnut aussitôt, mais Bérénice fut plus rapide que lui à réagir, avec cette explosion de joie dont elle faisait preuve en permanence :

- Létilia !!!

Létilia. Vieillie, aux couleurs passées, à la coupe de cheveux douteuse, mais Létilia tout de même. Une dizaines d’aventures lui revinrent en mémoire aussitôt. Une lueur s’alluma dans ses yeux. Une lueur qui ne fit que grandir comme Bérénice attrapait la poupée sous les aisselles pour lui faire prendre vie. Elle la fit sautiller sur le rebord de la malle.

Alduis la regarda faire en souriant, tandis qu’elle prenait une voix différente.

- Cela faisait si longtemps que je ne vous avais pas revu ! Environ… presque dix ans !

Dix ans.
Alduis répondit sans une hésitation, comme s’il annonçait le repas de midi.

- La dernière fois, c’était le 18 juillet 1575 très chère Létilia et il y avait même eu un arc-en-ciel ce jour-là ! Ravi de vous revoir !

Bérénice se retenait de rire pour poursuivre son imitation. Rentrant dans son jeu, Alduis attrapa la main de la poupée et la serra entre deux doigts. La poupée lui répondit, et il haussa les épaules en relâchant la petite main de chiffon :

- Mais Madame Létilia ! Votre coupe de cheveux vous donne un air unique ! Je soutiens toujours que vous êtes bien plus belle comme cela !

Enfin, il releva les yeux vers Bérénice quand elle pouffa de rire. Il croisa son regard, aussi pétillant que le sien. Ce fut un instant de complicité, comme avant, quand ils étaient petits. Il semblait qu’ils venaient de remonter le temps, de revenir dix ans plus tôt, quand ils avaient décidé de donner un air plus… jeune… à la poupée de sa sœur. Son sourire s'agrandit encore. Il revoyait encore les longues nattes de Létilia tomber.

Sans prévenir, il éclata soudainement de rire.
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Message par Coldris de Fromart Lun 9 Nov - 13:08





Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

If you knew Time as well as I do,' said the Hatter, `you wouldn't talk about wasting it. It's him.
Si tu connaissais le Temps aussi bien que moi, tu ne parlerais pas de le perdre. Le Temps est un être vivant.

Alice aux pays des merveilles, Lewis Carroll




Alduis n’avait pas tort. Elle devait bien lui concéder ce point. Il était bien plus douée qu’elle ne le serait jamais à l’escrime. Mais ce n’était pas pour cette raison qu’elle comptait baisser les bras et arrêter de s’entrainer. Au contraire, elle redoublait d’effort pour s’améliorer. Elle préféra pourtant ne rien répondre à son frère. Mieux valait passer à autre chose avant qu’il ne se referme complètement. Alduis était comme une porte. Souvent close, on pouvait apercevoir ce qui se cachait derrière par le trou de la serrure. De temps en temps, elle s’entrouvait, laissant apparaitre le jardin qui s’y trouvait avant de brusquement claquer. Plus rarement encore, elle s’ouvrait en grand, lui laissant tout le loisir d’admirer la belle personne qu’il était réellement.



Actuellement, elle laissait passer un léger filet de lumière, alors la dernière chose que souhaitait Bérénice était qu’un coup de ne vent la referme brusquement. Qui savait alors quand elle s’ouvrirait pour la prochaine fois ?

Elle entraina Alduis vers une malle afin qu’il puisse chercher ensemble de quoi décorer sa fête d’anniversaire. Elle ne s’était pas attendue un seul instant à tomber sur cette bonne vieille Létilia qui avait vécu tant d’épopées -et de misères- de la part des enfants Fromart.  Bérénice ne put s’empêcher de retomber en enfance et de donner vie à cette poupée défraichie sur le rebord de la malle. Même son frère joua le jeu ! Son sourire s’agrandit encore. Le 18 juillet… Elle ne se souvenait plus de la date exacte. Ce n’était qu’un évènement parmi tant d’autres. Pas plus qu’elle ne souvenait de l’arc-en-ciel quand bien même elle était toujours aussi excitée à l’idée d’en apercevoir un. Létilia fit une révérence et Bérénice poursuivit son jeu d’acteur en essayant tant bien que mal de garder son sérieux. Son frère arguait qu’elle était plus belle comme ça. La poupée prit une pause pensive et se caresser la chevelure, perplexe.

Son regard pétillait et celui d’Alduis aussi. La porte s’ouvrait petit à petit. Son sourire s’étirait et elle sentait ce rire montait en elle, prêt à jaillir de ses lèvres. Ils étaient là, deux adolescents en train de jouer avec une vieille poupée qui ne ressemblaient plus à grand-chose. Comme lorsqu’ils étaient deux enfants plein d’innocence.

Sans crier gare, la porte de l’esprit d’Alduis s’ouvrit à la volée et il éclata de rire, imité par Bérénice qui ne pouvait guère plus se retenir désormais. Elle en avait les larmes aux yeux. Alduis avait joué avec elle ! Il était même en train de rire ! Et dès que leur regard se croisaient, ils se mettaient à pouffer et à rire de nouveau aux éclats.  Bérénice en avait mal aux côtes. Elle essayait de parler mais les soubresauts qui l’agitaient l’en empêchaient.

Après plusieurs minutes, elle réussit enfin à se calmer. Elle se jeta dans ses bras, tenant toujours Létilia dans sa main et le serra fort contre elle

– Tu me manques, Alduis. Mon grand frère me manque. Quand est-ce qu'il reviendra enfin ?

Ses mots étaient sorties spontanément sans qu’elle n’y réfléchisse. Alduis lui manquait. Le Alduis qui avait sa porte toujours ouverte. Désormais elle était toujours close. Il pouvait bien vivre côte à côte, ils vivaient dans deux mondes différents. Alduis avait changé mais Bérénice ne voulait pas l’accepter. Elle n’y arrivait pas car elle sentait qu’il était toujours là. Dissimulé mais toujours là.






Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

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Si tu connaissais le Temps aussi bien que moi, tu ne parlerais pas de le perdre. Le Temps est un être vivant.

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Alduis n’avait pas tort. Elle devait bien lui concéder ce point. Il était bien plus douée qu’elle ne le serait jamais à l’escrime. Mais ce n’était pas pour cette raison qu’elle comptait baisser les bras et arrêter de s’entrainer. Au contraire, elle redoublait d’effort pour s’améliorer. Elle préféra pourtant ne rien répondre à son frère. Mieux valait passer à autre chose avant qu’il ne se referme complètement. Alduis était comme une porte. Souvent close, on pouvait apercevoir ce qui se cachait derrière par le trou de la serrure. De temps en temps, elle s’entrouvait, laissant apparaitre le jardin qui s’y trouvait avant de brusquement claquer. Plus rarement encore, elle s’ouvrait en grand, lui laissant tout le loisir d’admirer la belle personne qu’il était réellement.



Actuellement, elle laissait passer un léger filet de lumière, alors la dernière chose que souhaitait Bérénice était qu’un coup de vent la referme brusquement. Qui savait alors quand elle s’ouvrirait pour la prochaine fois ?

Elle entraina Alduis vers une malle afin qu’il puisse chercher ensemble de quoi décorer sa fête d’anniversaire. Elle ne s’était pas attendu un seul instant à tomber sur cette bonne vieille Létilia qui avait vécu tant d’épopées -et de misères- de la part des enfants Fromart.  Bérénice ne put s’empêcher de retomber en enfance et de donner vie à cette poupée défraichie sur le rebord de la malle. Même son frère joua le jeu ! Son sourire s’agrandit encore. Le 18 juillet… Elle ne se souvenait plus de la date exacte. Ce n’était qu’un évènement parmi tant d’autres. Pas plus qu’elle ne souvenait de l’arc-en-ciel quand bien même elle était toujours aussi excitée à l’idée d’en apercevoir un. Létilia fit une révérence et Bérénice poursuivit son jeu d’acteur en essayant tant bien que mal de garder son sérieux. Son frère arguait qu’elle était plus belle comme ça. La poupée prit une pause pensive et se caresser la chevelure, perplexe.

Son regard pétillait et celui d’Alduis aussi. La porte s’ouvrait petit à petit. Son sourire s’étirait et elle sentait ce rire montait en elle, prêt à jaillir de ses lèvres. Ils étaient là, deux adolescents en train de jouer avec une vieille poupée qui ne ressemblaient plus à grand-chose. Comme lorsqu’ils étaient deux enfants plein d’innocence.

Sans crier gare, la porte de l’esprit d’Alduis s’ouvrit à la volée et il éclata de rire, imiter par Bérénice qui ne pouvait guère plus se retenir désormais. Elle en avait les larmes aux yeux. Alduis avait joué avec elle ! Il était même en train de rire ! Et dès que leur regard se croisaient, ils se mettaient à pouffer et à rire de nouveaux éclats.  Bérénice en avait mal aux côtes. Elle essayait de parler mais les soubresauts qui l’agitaient l’en empêchaient.

Après plusieurs minutes, elle réussit enfin à se calmer. Elle se jeta dans ses bras, tenant toujours Létilia dans sa main et le serra fort contre elle

– Tu me manques, Alduis. Mon grand frère me manque. Quand est-ce qu'il reviendra enfin ?

Ses mots étaient sorties spontanément sans qu’elle n’y réfléchisse. Alduis lui manquait. Le Alduis qui avait sa porte toujours ouverte. Désormais elle était toujours close. Il pouvait bien vivre côte à côte, ils vivaient dans deux mondes différents. Alduis avait changé mais Bérénice ne voulait pas l’accepter. Elle n’y arrivait pas car elle sentait qu’il était toujours là. Dissimulé mais toujours là.
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Message par Alduis de Fromart Sam 14 Nov - 16:46

[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] 16_ans

Alduis de Fromart
17 ans depuis quelques jours

_____________

La poupée avait perdu de sa beauté d’antan. Ces années passées, oubliée dans la remise, dans une malle sous quelques objets désuets, ne l’avait pas arrangée. Elle n’avait plus guère de forme, ni de couleur. Mais cela ne faisait rien. Elle aurait pu avoir perdu un bras, ou bien une jambe, elle aurait toujours revêtu les couleurs d’un rêve à ses yeux.

C’était une porte sur l’innocence qui s’ouvrait. Une porte sur le passé et sur tous ces jours à jouer ensemble. Sur toutes ces histoires inventées pour lui faire plaisir et sur tous leurs rires. Une porte sur un autre monde.

Létilia prit une pause pensive et se caressa ses cheveux courts et coupés inégalement. Alduis souriait. La situation était si décalée, si improbable et si inattendue qu’il ne put rien faire contre le rire qui le prit soudain. Sa soeur, qui se retenait déjà de rire, ne fut pas longue à le rejoindre.

Ce fut un instant bien différent de ceux qu’ils connaissaient d’habitude ensemble. Dix ans avaient passés depuis cette poupée. Mais cela ne comptait plus. À chaque fois que leurs regards se croisaient, le rire repartait de plus belle. C’étaient des instants plein de complicité. Plein de joie.

Les yeux de Bérénice ressemblaient à des étoiles tant ils brillaient. Alduis ne regardait plus la poupée. Il n’y avait plus que sa soeur qui comptait qui comptait. Avec ses longs cheveux blonds, son rire carillonnant et joyeux, sa joie débordante et sa peau blanche. Elle ressemblait à une fée. À une fleur de printemps juste éclose, fraîche et délicate.

Elle était si parfaite.

Alduis réussit à reprendre sa respiration le premier. Il ne riait pas souvent de cette manière. Et s’il y avait une personne dans ce château qui en était capable, c’était bien elle.

Soudainement, Bérénice se jeta dans ses bras, Létilia toujours dans la main, et le serra contre elle. Alduis lui rendit son étreinte spontanément. Elle dit alors, d’une voix étrange, qui arrêta immédiatement Alduis :

- Tu me manques, Alduis. Mon grand frère me manque. Quand est-ce qu’il reviendra enfin ?

Alduis recula, les sourcils imperceptiblement froncés, en essayant de comprendre. Que voulait-elle dire ? Il recula d’un pas, plus sérieux, mais plus intrigué que fermé. Il demanda :

- Qu’est-ce que tu veux dire, Nicie ?

Cela faisait des années qu’il ne l’avait pas appelée ainsi. C’était étrange. Mais il ne s’y arrêta pas. Il voulait comprendre.

- Je ne suis jamais parti, pourquoi je te manquerai ?

C’était ridicule comme idée.

Quand il rentrerait dans l’armée, elle le verrait moins, c’était vrai. Mais il n’y était pas encore. C’était idiot d’y penser dès maintenant, alors que ce ne serait pas avant presque un an !
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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Coldris de Fromart Dim 15 Nov - 22:08





Bérénice de Fromart, bientôt 15 ans

Do you not know I am a woman?
When I think, I must speak.

“Savez-vous pas que je suis femme? Quand je pense, il faut que je parle...”


Comme il vous plaira III-2, William Shakespeare




Ce fou rire était sorti de nulle part. Bérénice n’en revenait toujours pas. Cela faisait tellement longtemps qu’elle riait seule qu’elle ne s’attendait plus désormais à être accompagnée de son frère.

C’était tellement merveilleux. Deux petites perles translucides demeuraient accrochées au coin de ses yeux brillants. Elle s’était jetée dans ses bras, tant ce moment partagé semblait avoir créé un pont traversant le fossé qui les séparait d’ordinaire.
La tête posée sous sa clavicule, elle entendait son cœur battre.

Son grand-frère lui manquait.

Celui avec qui elle partageait tout. Maintenant… Elle n’osait même plus se confier à lui. Bérénice avait pris l’habitude de garder ses interrogations pour elle car elle sentait bien que cela ne l’intéressait pas vraiment. La dernière chose qu’elle aurait souhaité, c’était bien de passer pour une jeune fille qui ne pensait qu’à elle. Alors elle se taisait.

Sous airs enjouées, elle était en réalité bien plus soucieuse qu’elle ne le laissait paraitre. Elle allait avoir quinze ans. Les jeunes hommes commençaient déjà à lui tourner autour depuis quelques temps. Un jour, son père lui annoncerait qu’elle allait devoir se marier. Et si elle tombait amoureuse avant, est-ce qu’elle pourrait choisir ? Ou est-ce que tout était déjà écrit à l’avance ?

Mais ce n’était pas tout. Elle avait peur du départ d’Alduis. Il allait entrer dans l’armée. Partir à la guerre. Et… Et… Peut-être qu’un jour la seule chose qui reviendrait de lui serait une lettre. Ils n’étaient plus aussi proches qu’avant mais son absence allait laisser un profond vide à Fromart.

Son frère… Son frère lui manquait déjà terriblement. Parce qu'il avait tant changé.

Alduis se recula subitement. Un soupir s’envola. Pourquoi avait-elle dit à haute voix ce qu’elle pensait toujours tout bas ? Incorrigible. Elle était incorrigible ! Elle s’en mordit les joues. Surtout en voyant ce regard perplexe. Ses bottines frottèrent négligemment le sol poussiéreux tandis que ses yeux fuyaient aussi loin que possible.

- Je… Je…

Et voilà! Elle se sentait terriblement bête maintenant ! Incapable de lui expliquer pourquoi cette phrase avait subitement jaillie de ses lèvres.

- Oublie Al’. Je dis n’importe quoi.

Elle pivota aussitôt pour se tourner vers la caisse. Les petites perles de cristal se détachèrent et roulèrent le long de ses joues avant de s’écraser dans un petit ploc sur le parquet défraichi.

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[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] Empty Re: [Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé]

Message par Alduis de Fromart Lun 16 Nov - 12:03

[Flashback - 11 juin 1586] - Drôle de poupée [Terminé] 16_ans

Alduis de Fromart
17 ans depuis quelques jours

_____________

Tu me manques, Alduis.

Pourquoi lui manquait-il ? En presque quinze ans d’existence, les moments où ils avaient été séparés se comptaient sur les doigts de la main et s’élevaient rarement au-dessus de un jour ou deux. Alors pourquoi ? Ses mots n’avaient pas de sens. S’il avait toujours été là, avec elle, il n’y avait pas de raison qu’il lui manque.

La seule explication qu’il voyait, c’était son départ à l’armée… mais ce ne serait pas avant plusieurs mois au moins ! S’inquiéter maintenant ne servait à rien. Vraiment à rien. Ce ne devait pas être cela non plus.

Alduis sentait que quelque chose lui échappait. Ce ne serait pas la première fois qu’il ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire, et ce ne serait pas la dernière. Bérénice disait toujours des tonnes de choses étranges, dont il ne parvenait pas à saisir le sens. S’il ne pouvait pas lui manquer physiquement, c’était bien qu’elle avait voulu dire autre chose. Était-il bête pour ne pas comprendre ?

À chaque fois, Alduis se retournait le cerveau. Pendant des heures, il essayait de comprendre ces mystérieuses phrases qu’elle disait régulièrement. Pendant des heures, il lui était impossible de penser à autre chose. C’était comme si elle inscrivait des mots au fer rouge dans son esprit et que la brûlure se ravivait dès qu’il en détournait les yeux. Malgré tout cela, Alduis arrivait rarement à une conclusion qui lui convenait.

Il recula. Pour l’interroger. Pour qu’elle lui explique.

Elle fuyait son regard. S’en rendre compte le déstabilisa encore plus. Pourquoi ? Elle semblait avoir honte. De lui ? Sa petite voix timide s’éleva, balbutiante, comme si elle ne trouvait pas les mots pour lui répondre. Mais Bérénice savait toujours quoi dire ! C’était lui qui cherchait sans cesse la bonne manière de s’exprimer, normalement.

La pointe de ses bottines frottaient le sol. Alduis observa les petites volutes de poussière que cela soulevaient. Bérénice pivota sur ses talons pour reprendre leur recherche. L’ambiance semblait plus lourde. Létilia était de nouveau inerte. Des éclats argentés traçèrent des sillons sur les joues de sa sœur, et s’écrasa par terre. Alduis allait faire un mouvement, pour poser une main sur son bras, pour la consoler maladroitement mais...

- Oublie Al’. Je dis n’importe quoi.

Alduis laissa son bras retomber le long de son corps. Il se referma comme une huître et détourna les yeux à son tour. Il haussa les épaules nonchalamment, comme s’il se fichait de ce qu’elle avait dit, comme s’il n’avait pas remarqué ces minuscules gouttelettes qui perlaient sur sa mâchoire :

- D’accord, répondit-il simplement.

Mais Alduis n’oubliait jamais.
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