Un commerce aux esclaves

Satisfait de son affaire et d'avoir mille rilchs en prime, Guillaume salue très courtoisement le cardinal, la religieuse et Irène puis il se retire. Il espère que tout se passera bien, que Dyonis croira ce qu'il lui dira et que les garçons ne poseront pas de problèmes chez le cardinal. A priori, ce que l'intendant a dit devrait inviter le religieux à se méfier d'eux. Guillaume s'éloigne.

Matthieu vit avec satisfaction l'intendant s'en retourner. Il intima à sa soeur d'un geste de la suivre. Irène savait que ce genre d'ordre en public ne se contestait pas. Elle grogna puis suivit Matthieu qui se dirigeait vers des ruelles, sans un regard en arrière. Irène jeta un regard triste mais, elle l'espérait, suffisamment encourageant pour leur dire qu'elle se débrouillait. Elle interrogea du regard Tristan, pour savoir s'il pourrait avancer seule étant donné qu'elle portait Alex et que le cardinal ne bougerait pas le petit doigt pour un esclave invalide.

L'esclave avançait, tête baissée, mais la relevait de temps en temps pour garder un œil sur Alexandre entre les bras d'Irène. Toute la révolte restait contenue entre les mâchoires cruellement serrées de Tristan. Ne pas fondre en pleurs. Il adressa un petit "oui" de la tête à Irène pour lui assurer qu'il saurait se débrouiller : ses bras avaient depuis bien longtemps pris l'habitude de se dépatouiller sur les pavés, au mépris de la saleté qui maculait sans cesse ses roues et ses mains. Au mépris aussi de chaque vibration du siège bringuebalé qui venait pulser dans ses membres et remonter jusqu'à ses épaules. Le garçon tiendrait le choc. Pour Irène et Alexandre.
Derrière son apparence détachée, il tremblait de ce qui allait arriver.