[4 janvier 1598] - Requiescat in pace [Terminé]
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Re: [4 janvier 1598] - Requiescat in pace [Terminé]
Elle profita encore un peu de ce qu’il la gardait dans ses bras, partagée entre tout ce que cette situation lui inspirait. Du mépris pour son attitude ridicule ? La peur de voir ce moment se finir ? La honte, ne sachant pas ce qu’il en pensait ? Un réconfort inexpliqué, aussi ? Eléonore ne supportait pas l’idée de ne plus comprendre ce qu’elle faisait ni pourquoi. Mais elle ne pensait pas avoir envie de se libérer.
Pas jusqu’à ce qu’il mentionne Alduis : ce faisant, il lui avait remémoré cet aspect de la situation. Et cela la mettait mal à l’aise. Toutefois, ce ne fut pas, comme précédemment, un dégout irrépressible qui l’aurait poussée à mettre de la distance. Elle se redressa simplement, sa main tomba sur son poignard. Elle ne comptait bien entendu pas s’en servir, ni même le sortir mais… son contact était même plus rassurant que celui de son médaillon.
— Non... Je ne pense pas qu'entrer en conflit le pousse à faire attention à lui, malheureusement. Il ne fait plus aucun effort depuis la mort d’...
Eléonore ravala ses extrapolations tout à fait inappropriées. Autant pour ne pas laisser entendre qu’elle savait quelque chose de compromettant que parce qu’il était hors de question qu’elle livre ce nom qu’elle gardait jalousement au fond de son cœur. Un lueur s’alluma dans ses yeux bruns : autant le laisser croire encore un peu qu’il y avait eu plus qu’un amour purement fraternel entre son Auguste et elle. Autant le laisser douter, réfléchir, ne pas comprendre. Elle le laisserait dans le flou tant qu’elle même n’aurait pas plus d’informations.
Elle tenta d’oublier le mal qu’elle avait fait à Alduis. Cette culpabilité d’autant plus oppressante que lui, il ne semblait pas le lui reprocher. Elle avait été absolument ignoble. Et… Puisqu’il voulait une explication… Le sourire d’Eléonore s’élargit irrépressiblement en songeant à celle qui était née dans l’esprit d’Eltinne, et semblait, à toute personne un peu renseignée, tout bonnement absurde.
— A en croire ma dévouée gouvernante, il m'aurait brisé le coeur en m'apprenant ses fiançailles, commença-t-elle.
Elle ne voulait pas rire. Il ne fallait pas en rire, ou Coldris se serait douté de quelque chose. Elle n’était pas censée savoir. Encore moins approuver.
— Ce qui n'a pas beaucoup de sens étant donné que j'étais déjà au courant une dizaine de jours avant cette fameuse brouille et que je ne vois pas en quoi cela pourrait m’affecter.
Hormis, évidemment, par le peu d’enthousiasme qu’Alduis vouait à cette perspective… Ce qui se comprenait parfaitement. Elle le comprenait d’autant plus que si elle ne faisait pas plus d’efforts, elle se retrouverait très vite dans une situation bien similaire.
Gabriel l’avait-il vraiment suppliée de trouver quelqu’un qui leur évite ce mariage ? L’avait-il, comme ses yeux l’avaient lu, qualifié de désastre et d’ultime recours ? Et elle, comme d’habitude, ne faisait rien pour arranger la situation. Elle sortait à peine et… Vu le gouffre dans lequel elle s’apprêtait à jeter sa réputation, l’ultime recours risquait de devenir fort nécessaire. Egoïste jusqu’au bout des ongles, comme toujours !
Mais il ne fallait pas y songer. Pas pour le moment. Il serait toujours temps d’assumer ensuite.
— Mais… Eltinne a toujours raison, ajouta-t-elle avec une pointe de sarcasme. Alors si elle est à ce point persuadée que le problème est là, il ne sert à rien de chercher à la contredire.
D’autant que cette version des faits était bien moins grave de ce qu’il se passait en réalité. Et qu’être persuadée que sa protégée s’était amourachée d’Alduis lui avait carrément fait oublier cette invitation qu’elle avait dû “décliner”. Au fond, cela l’arrangeait presque. L’idée lui tira un sourire plein de malice.
Tu vois, mon Ariste ? J’y arrives ! Je sais encore faire diversion, comme avant. Tu verras : de folies, j’innoverai. Et tu auras raison, alors : j’étais beaucoup plus inventive que toi, et beaucoup plus douée à ce jeu-là. A charge de revanche, grand frère. Et... Je t'aime à jamais. Tu resteras ma seule force.
Re: [4 janvier 1598] - Requiescat in pace [Terminé]
Pourquoi ne parvenait-il jamais à profiter bien longtemps d’un moment d’inactivité ? C’était ainsi depuis toujours. Quelques minutes et c’était déjà le bout du monde pour lui. Son esprit se remettait à penser, les engrenages tournaient et les étourneaux piaillaient réclamant de la nourriture spirituelle ou bien une question échouée un peu plus tôt refaisait surface, charriée par le ressac de son esprit.
Ce fut le cas des paroles sur Alduis qu’il avait surpris au gré de la conversation tout à l’heure. Il ne manqua pas sa main qui se posa sur son poignard. Le même tic qu’Alduis.
- Depuis la mort de qui ? enchaina-t-il immédiatement, intrigué.
Elle savait et refusait de le dire. Il en déduisit qu’ils avaient une relation commune. Sans doute la raison de sa visite à Fromart. Forcément à l’armée. Il ne voyait pas Alduis fréquenter grand monde en dehors de son cercle militaire. Depuis quand son fils, ne faisait-il plus d’effort ? Il chercha mentalement. Il y avait eu le retour de Mornoy, mais ce n’était pas tout, cela n’avait fait que s’accentuer un peu plus depuis. Quand ? Pourquoi ne parvenait-il pas à situer précisément les évènements ?
- Vous parlez de ce fameux militaire brun?
En fait, il avait dit ça au hasard, mais parfois, un peu de bluff pouvait s’avérer payant pour obtenir des informations. Faire croire que l’on en savait plus.
- Vous savez Eléonore, je connais les goûts de mon fils. compléta-t-il pour la rassurer.
Car il se doutait bien que cet homme avait dû finir dans le lit d’Alduis à un moment donné. Chose qu’il ne comprendrait sans doute jamais, mais qui ne changerait jamais non plus. Il fallait bien se faire une raison.
Elle retourna au centre de sa question, ce fameux désaccord. L’avis de sa gouvernante lui fit un étouffé un discret rire. Pour tout dire, c’était plutôt lui qui devait être affligé de son prochain mariage.
- Mais votre cerbère n’était pas là. Et je me fiche de son avis. Alors Eléonore, que s’est-il passé avec Alduis. Dites-moi tout, je suis tout ouïe !
Qu’importe ce qui s’était déroulé, il en avait tant vu, que rien n’aurait vraiment pu l’étonner ou l’effrayer.
Il nota au passage le nom de la gouvernante, sans doute culbutée, quelques dizaines d’années plus tôt. Il vérifierait dans ses carnets -par pure curiosité- si son nom apparaissait quelque part. Le problème c’était qu’il n’avait pas forcément tous les noms, mais il avait toutefois pris l’habitude de les demander…
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [4 janvier 1598] - Requiescat in pace [Terminé]
Moi, d'une certaine manière...
Elle n'avait absolument aucune réponse satisfaisante à lui fournir. Aucune qui ne l'a trahisse pas. Idiote ! Tellement idiote ! Lui arrivait-il de saisir les excellentes occasions de se taire qui s'offraient à elle ?
— Je n'en sais rien.
Ce n'était que la stricte vérité. Seulement, elle ne répondait pas à la question de Coldris, mais à celle qui s'était déployée dans son esprit : Ariste était-il réellement lié à tout cela ? Ou se faisait-elle des idées ?
Quand à la mention d'un militaire brun, elle lui fit froncer les sourcils, intriguée. Il ne pouvait pas savoir. Il n'avait aucun moyen de savoir. Et s'il pensait avoir deviné quelque chose, elle, en revanche, n'était rien censée en savoir.
D'une certaine manière, à cette instant, elle retrouva le ministre qu'elle avait rencontré le quatorze décembre. Implacable. Et... Dangereux. Il ne fallait oublier à aucun moment – la résolution en fut remise à l'honneur – qu'il était dangereux. Selon ses propres mots : débauché, immoral et manipulateur. Le genre d'homme qui n'aimait pas savoir que des informations susceptibles de lui nuire se promenaient librement, connues par une femme qui multipliait les gaffes.
La main d'Éléonore se resserra sur son poignard. Toujours pas dans l'intention de s'en servir mais... Si elle devait mourir, elle voulait que ce soit par cette arme-là. Elle se rendit compte qu'elle n'avait pas respiré depuis plusieurs secondes quand il lui signala qu'il était au courant pour l'homosexualité d'Alduis.
Oui ? Et alors ? C'était elle qui avait besoin de l'ignorer, non ? Pourquoi lui disait-il une chose pareille ? Si elle n'en avait rien su, cela aurait seulement créé des soupçons dangereux… Pourquoi ne parvenait-elle pas à discerner de menace dans son ton ?
Mais... Elle croisa son regard, et comprit qu'elle ne parviendrait pas à le convaincre de son ignorance. Elle ne comptait pas non plus le supplier. Jamais. De toute façon, elle n'avait pas peur de mourir. Elle ne regrettait pas la dernière fois que cette idée l'avait effrayée, repoussée. Même si elle ne parvenait pas à déterminer pourquoi elle avait tant tenu à survivre et perdu ainsi ses moyens… Elle y avait malgré tout fait des rencontres qu'elle n'aurait pas échangées, si bien que son orgueil n'en était pas si blessé. Ce n'était pas une raison pour se laisser dépasser une nouvelle fois.
— Je le sais. Il n'empêche que mes hypothèses sur ses gardes-fou ne regardent que moi.
Risquait-il d'en déduire qu'elle savait pour le reste ? Savait-il, lui, pour le reste ? De toute façon, elle ne comptait pas en discuter. Et avec ou sans ça, elle en savait déjà bien assez pour s'attirer la méfiance. Une méfiance dont elle ne voulait pas. Une méfiance qui risquait de tout gâcher. Elle ne voulait pas de cela.
On revint à la question initiale. En effet, Eltinne n'avait pas su ce qu'ils s'étaient dit. Elle n'avait fait que constater que qu'Éléonore avait été horriblement blessée. Déchirée. Qu'elle avait passé la nuit à pleurer en jouant un peu trop avec son poignard. Qu'elle n'avait plus rien su manger. Qu'elle s'était écroulée, tout simplement, jusqu'à trouver la force d'aller demander pardon à Alduis. Avait-elle imaginé qu'il passerait outre si facilement ? Qu'il n'avait gardé aucune rancune ? Il était tellement gentil avec elle.
Mais elle n'avait rien à en dire. Elle souffrait encore trop de sa réaction et du mal qu'elle avait causé. Il fallait qu'elle cesse d'y penser : il lui semblait qu'un certain temps s'était déjà écoulé, et qu'ils arriveraient à destination d'ici plutôt peu de temps. Elle voulait encore un peu profiter d'être seule avec lui. Certes, elle resterait un peu là-bas. Et qui savait comment cela tournerait mais... Mais...
— Oh, mais je me fiche éperdument de son avis ! assura Éléonore en souriant. D'ailleurs… elle saisit brièvement les lèvres de son interlocuteur. Juste de quoi illustrer son propos et... Et se rappeler qu'elle en voulait encore, pauvre idiote ! Je ne vois vraiment pas pourquoi je m'en soucierais..
Elle s'éloigna, juste de quoi résister à l'inconscience qui palpitait sur ses lèvres. Elle préféra ne pas mettre en mots le jugement qu'elle portait sur sa propre attitude. Ou bien, juste user de vagues euphémismes comme "irresponsable" ou "déraisonnable".
— Mais il reste qu'il faudra se montrer beaucoup plus persuasif que cela pour obtenir ne fusse qu'un indice, déclara-t-elle, les prunelles pétillantes de malice. Et je doute que vous ayez les arguments, très cher.
Non. Il n'avait pas les arguments, parce que c'était entre Alduis et elle et que cela ne le concernait pas. Mais... C'était tellement satisfaisant de le faire tourner en bourrique. Et puis... Elle n'était pas malhonnête ! Elle le lui donnerait,son indice ! Juste... Rien d'évident. S'il voulait être fourbe, elle le serait aussi.
Re: [4 janvier 1598] - Requiescat in pace [Terminé]
Elle n’en savait rien ? Coldris haussa un sourcil plus que suspicieux. Ce n’était pas le genre de phrase que l’on commençait lorsqu’on ne connaissait pas la fin…
- Vous me mentez, Eléonore se contenta-t-il de répondre.
A son coup de bluff, il la vit froncer les sourcils. Ce n’était peut-être que la surprise mais il considéra qu’il avait en effet vu juste : un amant d’Alduis. Brun donc.
- « Auguste », n’est-ce pas ? compléta-t-il tandis que ses yeux observèrent sa main se resserrer autour du poignard.
De quoi avait-elle peur ? Il n’y avait rien à craindre, puisque tous deux étaient au courant des faits. Autant s’épargner de ridicules simagrées et en venir aux faits. Pourtant face à cette crainte, il ne put s’empêcher de la rassurer, alors même qu’il aurait repoussé toutes les autres. Il posa sa main autour de la sienne, toujours solidement arrimée à la poignée.
- Vous pouvez parler librement vous savez. Alduis vous fait confiance, je sais donc que vous êtes au courant. Vous n’avez rien craindre de moi, je veux simplement comprendre.
Coldris ne comprenait pas pourquoi elle s’obstinait à ne rien lui dire. Elle pouvait bien l’embrasser autant qu’elle le voulait, il en faudrait plus que cela pour qu’il n’oublie ce sur quoi son esprit s’était désormais focalisé sans qu’il ne puisse y échapper. C’était là, c’était posé, écrit en lettre capitale. Impossible à manquer. Impossible à éviter. C’était une pièce qui n’avait pas de place. Il ne savait pas quoi en faire. Il la tourner, la retourner entre ses doigts mais rien n’y faisait. Pourquoi avait-il l’impression qu’elle était importante quand elle essayait au contraire de la banaliser ? Parce qu’elle ne répondait pas. Si elle ne répondait pas c’était que quelque chose l’en empêchait. Alors quoi ? Pourquoi ne pouvait-elle pas répondre ? De quoi avait-elle peur ?
Il s’égarait encore et encore dans le labyrinthe que composait ses pensées. Une question en amenait une autre, puis une autre et dix autres ressortaient du passé pour se manifester.
Persuasif. Persuasif. Il rangea subitement le capharnaüm de son esprit et fit place nette. Son calme retrouvé, il prit son menton entre ses lèvres, fixant intensément ses deux charmantes prunelles. Le silence s’installa plusieurs secondes, comme une invitation à le combler d’un baiser puis Coldris déclara espiègle :
- Je peux trouver tous les arguments du monde lorsque je suis motivé ma chère !
Et déjà une idée naissait dans son esprit, tandis qu’il passait enfin les grilles de Fromart. Enfin ou déjà. Il hésitait finalement. Enfin car le trajet en voiture était toujours inconfortable et déjà car il n’avait pas envie de le laisser repartir, ni de mettre fin à ce moment si précieux. Son regard se posa sur la cour d’honneur, couverte d’une abondante neige qui s’était installée jusque sous les arcades poussées par le vent.
- Vous allez pouvoir informer mon fils qu’il est terriblement souffrant !
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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