[18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
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[18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Tu te souviens du pont,
Qu'on traversait naguère...
Pour passer la rivière,
Tout près de la maison ?
Qu'on traversait naguère...
Pour passer la rivière,
Tout près de la maison ?
Irène était sortie en ce début d'après-midi déneiger un peu. Habituellement, Cassandre le faisait mais elle était sortie. Encore pour aller Dieu seul sait où... Irène soupira mais continua à balayer tout en fredonnant, pour bercer Ludovic qu'elle avait pris contre elle dans une pièce de tissu. Grâce se reposait à l'étage mais son petit benjamin avait été bien agité. Elle avait donc préféré le prendre avec elle.
Et pendant ce temps-là, sa pupille déambulait en ville... Irène ne savait plus très bien quoi faire. On la lui avait confié mais que restait-il à lui apprendre ? Des choses qu'elle ne voulait pas entendre, qui glissaient toujours sur elle comme de l'eau de pluie. Elle avait un pied dans le monde des enfants, un autre dans celui des adultes et Irène ignorait si elle parviendrait un jour à basculer complétement dans l'un des deux. Il faudrait pourtant. Elle cesserait enfin de se torturer et de se trouver si mal, à la frontière entre deux univers sans réussir à déterminer sa place.
Le petit pont de bois,
Qui tenait plus que guère,
Que par un grand mystère,
Et deux piquets tout droits.
Qui tenait plus que guère,
Que par un grand mystère,
Et deux piquets tout droits.
Elle soupira de nouveau alors qu'elle enlevait la neige sans toutefois cacher la devanture de la boutique. Elle aurait bien voulu de l'aide mais Sylvère et Eldred semblaient tout aussi démunis. Qui écoutait-elle réellement à présent ? Peut-être seulement elle mais ce n'était certainement pas la meilleure des choses. Irène frotta un peu le dos de Ludovic. Lui dormait à présent, sans se préoccuper de rien, paisible, comme devait le faire Grâce à l'étage. Si tous les enfants pouvaient être si facile. Elle passa une main sur son ventre. Et ce bébé, comment serait-il ? Alors qu'elle comptait les jours, elle commençait à se poser des questions : garçon ? fille ? grand ? petit ? bruyant ? calme ? En tous cas, cela ferait de l'animation à la maison. Elle sourit alors qu'elle sentit un petit coup de pied. En tous cas, il avait la bougeotte, elle le sentait de plus en plus souvent. Peut-être était-il pressé de sortir. Elle préférait que ce ne soit pas encore tout de suite... Même s'il naîtrait sans doute en hiver, elle préférait qu'il puisse rester le plus longtemps possible au chaud, dans son ventre. Elle ne voulait pas que l'un des derniers souvenirs d'Antoine disparaisse, lui aussi...
Elle secoua la tête. Qu'imaginait-elle voyons ? Il serait en parfaite santé et elle aussi. Tout irait bien, comme toujours et peut-être même que la naissance de cet enfant du miracle ne ferait qu'améliorer la situation.
Le petit pont de bois,
Qui tenait plus que guère,
Que par un grand mystère,
Et deux piquets tout droits...
Qui tenait plus que guère,
Que par un grand mystère,
Et deux piquets tout droits...
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Malgré les cailloux que Cassandre lui avait lancé, Nicolas était revenu rôder discrètement près de la boutique de al Rose Azul. pour la voir. Discrètement. Elle maniait le balai ou la pelle à l'extérieur. Elle accueillait les clients. Elle aidait en cuisine. Elle paraissait heureuse. Pourtant, le garçon était presque certain que ses rires et sa joie sonnaient faux. Et surtout il l'avait aperçu sortir certaines nuits, l'air sombre. Elle allait mal. Très mal. Mais s'il essayait, elle le chasserait encore.
En voyant Cassandre quitter la maison, de manière plus que précipitée, comme si elle avait une chose importante à faire, une idée lui était venue : et s'il racontait tout à cette Dame Irène ? Il avait même un bon plan pour couvrir ses traces. Il s'était renseigné sur cette famille et normalement, même s'il parlait, Cassandre ne serait pas informée. Mais ça lui coûtait de le faire. C'était quand même dénoncer une camarade. Une amie. Une autre enfant des rues. Et c'était mal. Normalement, on ne parlait pas avec les adultes. Et surtout pas pour leur donner des confidences. Mais Cassandre allait mal. Et ça, c'était quelque chose qu'aucun enfant de rue ne saurait régler seul. Elle avait besoin d'un adulte.
Après une dernière hésitation, Nicolas se décida à quitter son poste d'observation pour pousser timidement la porte. La vision qui lui apparut le laissa sans voix, la bouche légèrement femme. Comme elle était belle cette femme, vêtue de cette robe, avec son bébé dans les bras. On aurait dit la Sainte-Vierge avec le petit Jésus, comme ces statues qu'on voyait dans l'église. le garçon reniflait. Les souvenirs de sa mère lui revenaient. Ses parents étaient décédés lors d'une épidémie. Quand il avait sept ans. ou six. Il ne se rappelait pas bien. Il lui manquait tant. Il aurait aimé, comme Cassandre, avoir la chance, d'avoir lui aussi une nouvelle famille et se faire bercer comme ce bébé.
"Bon... Bonjour m'dame."
Devant ce qui lui apparaissait de plus en plus comme une Sainte, l'enfant retira humblement son couvre-chef et se signa même.
"Je... Je suis un ami de Cassandre. Je voudrais vous parler d'elle. De... De certaines choses."
Il baissa le regard, encore gêné de sa démarche. De sa dénonciation. De sa trahison.
"Je... Est-ce que vous promettez que vous dirai pas à Cassandre que ça vient de moi ? Je sais que vous avez un frère général. Vous avez qu'à lui dire que c'est lui qui l'a appris. ou que vous lui avez demandé des informations. Un général, ça doit pouvoir bien se renseigner sur un tas de trucs."
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Si tu reviens par là,
Tu verras la rivière...
Car j'ai refait en pierre
Le petit pont de bois.
Tu verras la rivière...
Car j'ai refait en pierre
Le petit pont de bois.
Elle finit de balayer et considéra, avec le bâillement qui venait de lui décrocher la mâchoire, qu'elle ferait mieux d'aller se reposer à l'intérieur.
Et je l'ai recouvert
De rondis de bois vert,
Pour rendre à la rivière
Son vieil air d'autrefois.
De rondis de bois vert,
Pour rendre à la rivière
Son vieil air d'autrefois.
Elle aimait cette chanson, cela l'apaisait et le travail et le temps n'en passaient que plus vite.
Et je l'ai recouvert
De rondis de bois vert,
Pour rendre à la rivière
Son vieil air d'autrefois.
De rondis de bois vert,
Pour rendre à la rivière
Son vieil air d'autrefois.
Elle s'interrompit soudain en voyant un jeune garçon venir vers elle. Un peu interloquée, elle se pencha vers lui avec un sourire bienveillant. Pauvre petit, il était en guenilles, dans ce froid... Sans doute un enfant des rues. Elle se crispa un peu. C'était une misère de voir des enfants comme lui dehors... Si elle avait pu, elle les aurait tous accueillis, pour au moins leur donner un toit et un peu de chaleur en cet hiver rude. intérieurement, elle soupira. Elle ne devrait pas l'embêter avec ses considérations et plutôt lui demander ce qu'il faisait là.
- Bonjour.
Elle fut surprise par sa présentation et le laissa aller jusqu'au bout. Soudain, il lui sembla que c'était comme un don du ciel. Ce petit la connaissait, il savait ce qu'elle avait vécu, il pourrait l'aider à mieux la comprendre ! Elle lui sourit doucement et secoua la tête.
- Si tu me le demandes, je ne dirai rien, c'est promis. Maintenant, veux-tu que nous rentrions, pour nous mettre au chaud et en discuter ?
Dès qu'il eut répondu et même un peu avant, elle le prit doucement par les épaules pour le guider à l'intérieur. Elle alla alors poser rapidement Ludovic dans son berceau et se débarrassa de la pièce de tissu. Irène revint alors vers le garçon, toujours avec un sourire tranquille puis le guida vers la cuisine.
- Au fait, quel est ton nom ? Moi, je m'appelle Irène et lui c'est mon fils, Ludovic. Mais peut-être que Cassandre t'en a parlé.
Elle lui indiqua une chaise où il pouvait s'asseoir.
- Veux-tu quelque chose à manger ou quelque chose de chaud pendant que nous parlons ?
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Le jeune garçon contemplait l'apparition céleste ou ce que son esprit candide interprétait comme tel. Elle lui adressa la parole et il baissa timidement les yeux. Est-ce qu'une personne comme ça pouvait lui parler ? Il ne s'en sentait pas du tout digne. Elle lui proposait même de rentrer. Nicolas observa la porte, indécis, peu habitué à une invitation comme celle-ci. Il ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait pénétré dans une maison ou un commerce. D'habitude, rien qu'à le voir, on le chassait. On supposait qu'il ne venait que pour chaparder.
L'enfant se laissa docilement guider vers la porte. La main de la Sainte était si douce, si agréable. il releva la tête et sourit gentiment. Elle l'invita dans as cuisine et lui indiqua une chaise. Nicolas s'installa, encore surpris, ne se rappelant pas la dernière fois où ses fesses s'étaient posé sur un tel siège. Dans la rue, au mieux, on s'asseyait sur une caisse ou un muret. Au pire, sur les pavés. La Sainte se présenta, puis son fils. Il hocha lentement de la tête.
"Je sais, oui. Mais pas par Cassandre. Par moi. Avant de venir, j'ai observé et je me suis renseigné. Un enfant des rues, m'dame, ça ne s'engage pas avant de savoir où il va. Ou alors il est bête. Moi, je m'appelle Nico."
Nico... On ne l'appelait plus que comme ça depuis des années. Mais il avait un autre om. Donné par ses parents. C'était quoi déjà ? Il fit un effort de mémoire.
"Nico.. Nicolas. Nicolas.... Nicolas Beaurin."
C'était bizarre à énoncer mais pourtant ça lui faisait plaisir, comme si dire son nom complet le rendait unique. Il eut un sursaut en entendant Irène lui proposer un marché. Gêné, le garçon baissa la tête.
.
"Euh... mais non, m'dame ! J'ai mangé hier, ça va ! Faut pas gaspiller votre nourriture comme ça !"
Nicolas hésita. Commenta border ses informations. Comment révéler un sujet aussi difficile ? Il gonfla la poitrine pour se donner du courage et lâcha abruptement :
"Le papa de Cassandre... Il est mort."
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Le petit semblait un peu impressionné mais Irène fit tout pour le mettre à l'aise. Il semblait surtout surpris qu'elle l'invite à entrer. Elle se souvenait bien que certains de ses voisins chassaient ces pauvres enfants, parfois à coups de balai. Mais ce n'était pas leur faute et s'ils volaient, c'était justement parce qu'on refusait de les aider et de faire preuve d'un peu de charité. tout cela était désolant. Elle commença à chercher les gâteaux qu'elle avait fait quelque jours auparavant pour faire plaisir aux filles.
Elle lui sourit avec indulgence quand il lui expliqua d'où il la connaissait. Elle hocha la tête.
- Tu as bien raison d'être prudent.
Elle sourit à son nom.
- Nicolas... C'est vraiment très joli comme prénom. Et c'est un bon saint qui te tient en sa sainte garde.
Elle remit alors la main sur les biscuits et sourit en les amenant sur la table. Elle fronça cependant les sourcils à sa réponse.
- Cela signifie que tu n'a pas mangé aujourd'hui et à ton âge, c'est important de le faire tous les jours. Et puis je ne gaspille pas voyons. Si tu savais combien d'économies Cassandre me fait faire ! Je ne sais pas comment elle fait pour acheter autant avec si peu ! Alors rassure-toi, les placards sont pleins et il y a bien assez à manger ! Allons, sers-toi !
Elle poussa le bol de biscuits vers lui, l'incitant à en prendre autant qu'il en voulait. Elle le laissa alors raconter tout en s'asseyant. Heureusement qu'elle avait atteint la chaise lorsqu'il parla, car elle aurait sans aucun doute trébuché. Ses yeux s'agrandirent et elle porta une main à sa bouche alors que des larmes perlaient à ses yeux.
- Oh, mon Dieu... Mais... comment... que s'est-il passé ? Comment est-ce arrivé ?
Elle en parlait si peu qu'elle le pensait même déjà au paradis... Mais en ce cas, c'était encore plus horrible. Elle avait eu une chance de le revoir et... Elle baissa la tête et adressa une prière silencieuse à la Vierge. Qu'elle l'accueille en son sein...
Elle lui sourit avec indulgence quand il lui expliqua d'où il la connaissait. Elle hocha la tête.
- Tu as bien raison d'être prudent.
Elle sourit à son nom.
- Nicolas... C'est vraiment très joli comme prénom. Et c'est un bon saint qui te tient en sa sainte garde.
Elle remit alors la main sur les biscuits et sourit en les amenant sur la table. Elle fronça cependant les sourcils à sa réponse.
- Cela signifie que tu n'a pas mangé aujourd'hui et à ton âge, c'est important de le faire tous les jours. Et puis je ne gaspille pas voyons. Si tu savais combien d'économies Cassandre me fait faire ! Je ne sais pas comment elle fait pour acheter autant avec si peu ! Alors rassure-toi, les placards sont pleins et il y a bien assez à manger ! Allons, sers-toi !
Elle poussa le bol de biscuits vers lui, l'incitant à en prendre autant qu'il en voulait. Elle le laissa alors raconter tout en s'asseyant. Heureusement qu'elle avait atteint la chaise lorsqu'il parla, car elle aurait sans aucun doute trébuché. Ses yeux s'agrandirent et elle porta une main à sa bouche alors que des larmes perlaient à ses yeux.
- Oh, mon Dieu... Mais... comment... que s'est-il passé ? Comment est-ce arrivé ?
Elle en parlait si peu qu'elle le pensait même déjà au paradis... Mais en ce cas, c'était encore plus horrible. Elle avait eu une chance de le revoir et... Elle baissa la tête et adressa une prière silencieuse à la Vierge. Qu'elle l'accueille en son sein...
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Dans la cuisine, assis sur la chaise, Nicolas se tassait, intimité par la douceur troublante que cette Sainte lui témoignait. Il releva la tête au commentaire sur son prénom.
"Ah oui... je ne le connais pas ce Saint."
Malgré son refus d'accepter de la nourriture, elle déposa une assiettes de gâteaux et insista pour qu'il en prenne. Nicolas l'observa un petit temps, puis jugea que ce serait stupide de ne pas en profiter. Qui sait avant combien de temps ça serait possible avant de manger à nouveau ? Sa main se dirigea vers le plat pour prendre discrètement deux biscuits. Il en glissa un à l'intérieur de sa manche et grignota le second.
"M'ci, m'dame !"
Nicolas mange timidement son biscuit tout en écoutant la femme vanter les capacités de Cassandre d'économiser de l'argent. Il hésita, puis se décida à annoncer abruptement cette révélation. Sa tristesse lui fit mal. Le garçon baissa la tête et attendit qu'elle se remette avant de parler à nouveau. Profitant du manque de vigilance, l'enfant prit discrètement trois biscuits pour en cacher deux dans sa manche et manger le dernier.
Lorsque son interlocutrice eut repris la paroles, Nicolas se décida à exposer la situation.
"Vous voyez, dans al rue, c'est difficile de survivre. On vole, on mendie.. Mais ça reste difficile et on mange peu. Moi, je ne suis pas bon pour ça. Puis, ça peut être dangereux. Alors, je propose de surveiller en change d'une pièce ou de nourriture. Et un jour où je surveillais une prison, j'ai rencontré Cassandre. J'étais petit. Cassandre venait souvent là-bas. Pour avoir des nouvelles de son papa. Il était enfermé là-bas depuis plusieurs années. Pour des dettes. Je ne savais pas qu'on enfermait les gens pour ça. Les voleurs, je comprends, oui. Mais pourquoi enfermer quelqu'un qui peut pas payer ? C'est pas sa faute. En plus, le pauvre, il avait eu de mauvaises récoltes. pourquoi ils ont pas attendu une année plus favorable ? La justice, c'est vraiment pas un truc simple. Cassandre et moi on a commencé à être amis. Puis, quand elle est devenue esclave, elle m'a demandé de surveiller la prison de son papa. Pour l'avertir si j'apprenais qu'il allait sortir. Elle me donnait deux tranches de saucissons en échange chaque semaine."
Nicolas marqua une pause pour regarder tristement Irène, désolé de lui faire mal par ses paroles.
"Puis, cette semaine... Je crois que c'était le 12. ah oui, c'était le lendemain de la Saint-Daniel ! Je lui ai.. J'ai appris al veille que son papa est mort. Alors, je suis venu lui répéter. Elle était dans la cour de votre voisine, à balayer, quand j'ai appris... Elle a été en colère. Très en colère. Et elle m'a chassé en me jetant des cailloux. Mais c'est pas sa faute. Vous allez pas la punir hein? Elle était juste triste. Et elle ne voulait pas y croire."
Il baissa la tête, penaud.
"Moi, quand mes parents sont morts, je suis resté au pied de leur lit, sans bouger, à attendre qu'ils se réveillent. On est vraiment bête quand on découvre que quelqu'un est mort."
Il poussa un soupir.
"Et puis, Cassandre... Cassandre, c'est une fille."
Nicolas se mordit les lèvres, gêné.
"Elle détesteras m'entendre dire ça. mais dans la rue, il y a pas beaucoup de filles. Et les garçons, ils peuvent êtres cruels. Ceux qui se pensent les plus forts aiment l'affirmer. Moi, j'ai déjà été battu parce qu'un garçon m'a vu recevoir des gâteaux après une mission. Pour me les voler. Et Cassandre... Cassandre, quand elle faisait mieux que les garçons de sa bande, on la félicitait pas. On lui disait juste que c'était parce que c'était une fille. Ou alors on la mettait de côté, parce que c'était une fille. Alors, elle s'est habituée à être agressive. Un chien qui aboie et grogne, on l'approche pas. Vous comprenez ?"
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Irène sourit doucement au jeune garçon.
- C'est le Saint Patron des enfants perdus et dans certaines régions, on dit qu'il apporte des cadeaux à tous ceux qui sont sages lors de la nuit du 6 décembre.
Elle fut ravie de voir qu'il se décidait enfin à piocher dans le plat. Elle songea à lui faire un baluchon lorsqu'il partirait. Après tout, il y avait encore bien trop de biscuits dans ce bol et toutes les filles de la maison ne suffiraient sans doute pas à les écouler. Elle n'était d'ailleurs pas complètement aveugle et voyait bien que non pas un mais deux biscuits venaient de s'échapper du plateau. Bien, il faisait des réserves.
Cependant, sa bonne humeur fut de courte durée. Elle écouta l'histoire attentivement, les yeux toujours brillants et une main devant la bouche. pauvre enfant, pourquoi la vie se montrait-elle aussi cruelle avec elle ? Et Nicolas avait bien raison... Pourquoi enfermer des gens à cause de l'argent ? Toujours ce nerf de la guerre qui les engloutissait tous, un par un. Ça n'était pas juste... Ni pour ce pauvre homme, ni pour Cassandre. Elle ne put que secouer la tête avec une figure navrée.
- Je ne sais pas... les créanciers sont ainsi cruels... parce qu'ils ont des familles à nourrir eux aussi, bien sûr mais...
Elle ne parvint pas à terminer. Tout cela était bien triste... Elle sourit cependant faiblement en constatant que Cassandre n'avait pas toujours été complétement seule comme elle l'avait cru. Elle avait eu des amis... Elle écouta la suite avec attention. Elle se pinça les lèvres puis agrandit les yeux.
- Des cailloux ? Mais... grand Dieu...
Elle réalisa soudain. Mais alors...c 'était pour ça qu'elle se comportait comme un animal blessé depuis plusieurs jours ? Était-ce pour cette raison ? Cela expliquerait tout. Mais pourquoi était-elle encore restée silencieuse ? Irène plongea sa tête dans ses mains. Quand se déciderait-elle à lui faire confiance, sans qu'elle ait à savoir tout par d'autres sources et bien souvent bien trop tard ? Sa tête lui semblait prête à exploser. Et comment aborder le sujet ? Peut-être que l'excuse de Joseph lui servirait en effet. Ou Matthieu, n'était-il pas en train de courir après son sorcier fantôme ? En toutes logique, il aurait ainsi pu connaitre le sort des prisonniers. Elle secoua alors la tête à la question de Nicolas.
- Non, non... C'est une enfant, elle est en colère... Même si je te demande de l'excuser, ce n'est pas ainsi qu'on accueille un ami qui veut nous aider...
Elle se désola quand Nicolas lui conta son histoire. Elle alla poser une main sur son épaule.
- Oh, j'en suis sincèrement désolée, Nicolas. J'ai perdu mes parents moi aussi et ça a été très dur...
Même si elle n'avait pas fini à la rue... Mais au moins, elle pouvait comprendre cette douleur-là.
Elle fronça un peu les sourcils à la suite, même si elle entendait les arguments. Pourquoi fallait-il toujours que les femmes soient dépréciées, tout le temps, partout ? C'était d'un désagréable... Mais c'était la dure loi de la vie. Cependant, les dires de Nicolas l'éclairèrent un peu. En effet, cela expliquait sa méfiance, son attitude constamment défensive, sa peur et ses réflexions parfois méchantes. Ce n'était pas quelque chose qui avait toujours été. la rue l'avait forgé ainsi. Et même ici, elle montrait parfois cette facette d'elle. Cela n'avait jamais vraiment disparu et cela ne disparaitrait sans doute jamais vraiment. Elle se redressa.
- Oui, je comprends... Mais je t'avoue que... je ne sais pas quoi faire... J'ai presque tout essayé avec elle : la douceur, la fermeté... Je lui ai donné sa liberté et j'ai maintenant l'impression qu'elle en use mal mais je ne souhaite pas l'en priver à nouveau... Toi qui la connait, qu'en penses-tu ?
- C'est le Saint Patron des enfants perdus et dans certaines régions, on dit qu'il apporte des cadeaux à tous ceux qui sont sages lors de la nuit du 6 décembre.
Elle fut ravie de voir qu'il se décidait enfin à piocher dans le plat. Elle songea à lui faire un baluchon lorsqu'il partirait. Après tout, il y avait encore bien trop de biscuits dans ce bol et toutes les filles de la maison ne suffiraient sans doute pas à les écouler. Elle n'était d'ailleurs pas complètement aveugle et voyait bien que non pas un mais deux biscuits venaient de s'échapper du plateau. Bien, il faisait des réserves.
Cependant, sa bonne humeur fut de courte durée. Elle écouta l'histoire attentivement, les yeux toujours brillants et une main devant la bouche. pauvre enfant, pourquoi la vie se montrait-elle aussi cruelle avec elle ? Et Nicolas avait bien raison... Pourquoi enfermer des gens à cause de l'argent ? Toujours ce nerf de la guerre qui les engloutissait tous, un par un. Ça n'était pas juste... Ni pour ce pauvre homme, ni pour Cassandre. Elle ne put que secouer la tête avec une figure navrée.
- Je ne sais pas... les créanciers sont ainsi cruels... parce qu'ils ont des familles à nourrir eux aussi, bien sûr mais...
Elle ne parvint pas à terminer. Tout cela était bien triste... Elle sourit cependant faiblement en constatant que Cassandre n'avait pas toujours été complétement seule comme elle l'avait cru. Elle avait eu des amis... Elle écouta la suite avec attention. Elle se pinça les lèvres puis agrandit les yeux.
- Des cailloux ? Mais... grand Dieu...
Elle réalisa soudain. Mais alors...c 'était pour ça qu'elle se comportait comme un animal blessé depuis plusieurs jours ? Était-ce pour cette raison ? Cela expliquerait tout. Mais pourquoi était-elle encore restée silencieuse ? Irène plongea sa tête dans ses mains. Quand se déciderait-elle à lui faire confiance, sans qu'elle ait à savoir tout par d'autres sources et bien souvent bien trop tard ? Sa tête lui semblait prête à exploser. Et comment aborder le sujet ? Peut-être que l'excuse de Joseph lui servirait en effet. Ou Matthieu, n'était-il pas en train de courir après son sorcier fantôme ? En toutes logique, il aurait ainsi pu connaitre le sort des prisonniers. Elle secoua alors la tête à la question de Nicolas.
- Non, non... C'est une enfant, elle est en colère... Même si je te demande de l'excuser, ce n'est pas ainsi qu'on accueille un ami qui veut nous aider...
Elle se désola quand Nicolas lui conta son histoire. Elle alla poser une main sur son épaule.
- Oh, j'en suis sincèrement désolée, Nicolas. J'ai perdu mes parents moi aussi et ça a été très dur...
Même si elle n'avait pas fini à la rue... Mais au moins, elle pouvait comprendre cette douleur-là.
Elle fronça un peu les sourcils à la suite, même si elle entendait les arguments. Pourquoi fallait-il toujours que les femmes soient dépréciées, tout le temps, partout ? C'était d'un désagréable... Mais c'était la dure loi de la vie. Cependant, les dires de Nicolas l'éclairèrent un peu. En effet, cela expliquait sa méfiance, son attitude constamment défensive, sa peur et ses réflexions parfois méchantes. Ce n'était pas quelque chose qui avait toujours été. la rue l'avait forgé ainsi. Et même ici, elle montrait parfois cette facette d'elle. Cela n'avait jamais vraiment disparu et cela ne disparaitrait sans doute jamais vraiment. Elle se redressa.
- Oui, je comprends... Mais je t'avoue que... je ne sais pas quoi faire... J'ai presque tout essayé avec elle : la douceur, la fermeté... Je lui ai donné sa liberté et j'ai maintenant l'impression qu'elle en use mal mais je ne souhaite pas l'en priver à nouveau... Toi qui la connait, qu'en penses-tu ?
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Tout en grignotant le biscuit, Nicolas écoutait les explications sur ce patron dont il devait son nom. Le protecteur des enfants perdus ? Il ne semblait pas quand même aider beaucoup d'entre eux. Quoique.. Pour lui, ça allait. Il arrivait à manger tous les deux ou trois jours et il n'avait jamais eu de problème avec les soldats du guet ou des curés. Quelques brimades de commerçants qui le soupçonnaient de vols mais sans plus. Pour bien d'autres ,e possédaient pas cette chance. Le garçon ne dit rien, poli, ne voulant pas brusquer une aussi gentille dame.
La conversation devint plus pénible quand il fallut aborder la raison de pourquoi l'enfant se trouvait dans cette maison. Il se confessait sans la moindre gaieté et le visage peinée de cette Sainte le blessait. Il hocha timidement la tête à ses paroles sur les créanciers.
"Ils ont des familles à nourrir, oui, mais... Mais eux ils ont déjà des tas d'argent. Ils ont de beaux vêtements, de la nourriture à profusion.. Et leurs enfants ont même des jouets ! Alors, ils pourraient quand même attendre un peu, non ?"
La suite devenait de plus en plus triste. Nicolas avait mal pour cette femme qui souffrait à cause de ses mots. Il secoua la tête, d'un gentil petit sourire, à son intervention.
"Je ne lui en veux pas du tout. Je lui ait même pas voulu sur le moment. Elle souffre, je sais. C'est pas sa faute."
Il lui adressa un nouveau sourire quand elle posa la main sur son épaule, touché du geste.
"M'ci, m'dame."
Depuis un moment, le garçon oubliait de se resservir. La discussion lui nouait l'appétit. Et il n'avait ni envie de manger ni de faire des réserves. Afin de l'aider à mieux comprendre Cassandre, Nicolas commença à donner des explications sur la vie dans la rue quand on était un enfant, des dangers, des difficultés et de ce que ça impliquait en plus d'être une fille. Dame Irène l'écoutait avec attention puis lui demanda à la fin son avis pour l'aider avec Cassandre ? Il fit une moue.
"Pfff.. Raisonner cette foutue tête de pioche..."
Son esprit chercha une piste. Il lui vint assez vide une idée. Il y avait bien eu quelqu'un qui avait beaucoup compté pour Cassandre. Qui gardait certainement une grande aura en elle.
"Simon..."
Nicolas releva et fixa Irène.
"C'était il y a environ trois ans. Pendant plusieurs années, enfin, je crois, il y a beaucoup de légendes qui ont été bâties depuis, un garçon aidait les enfants des rues. C'était un des nôtres, je crois. Il braconnait, il faisait de la contrebande... Il revenait régulièrement en ville pour apporter de la viande. A cette époque, on raconte qu'on mangeait facilement et bien. Et qu'on pouvait prendre le temps de jouer. Moi, j'ai pas connu Simon. Je suis trop petit, je suppose. Mais si j'essaie de me rappeler, c'est vrai qu'il y a trois ou quatre ans, je mangeais parfois de la viande. Mais surtout... Simon, il détestait la violence. Je le sais, ça, de source sûre, car c'est Cassandre qui me l'a dit. Elle s'était plainte quelques fois que Simon la grondait quand elle attaquait Benoit qui se moquait d'elle ou qu'elle trichait contre lui. Mais elle l'admirait énormément."
Le jeune garçon marqua une pause, ordonnant les souvenirs qui lui revenaient.
'"Mais Simon était aussi un farceur et souvent imprudent. Il aimait provoquer les soldats du guet. Mais un jour ils l'ont eu. et il a été pendu. Au début, je ne croyais pas cette histoire, mais on disait que Simon a ri quand on lui a passé la corde au cou. Mais Cassandre m'a dit l'avoir vu. Il riait vraiment. Pas d'un rire désespéré. Joyeux. Comme quand on a fait une plaisanterie. Comme si mourir ça lui faisait pas peur. Comme s'il ne regrettait rien. Cassandre avait l'air... très admirative."
Nicolas se tut quelques instants avant de poursuivre.
"Je pense que si vous arriviez à lui rappeler Simon, que Simon détestait la violence, que Simon détestait qu'on soit méchant, Cassandre pourrait redevenir gentille."
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Irène ne sut quoi répondre à Nicolas. En effet, ce n'était pas juste. mais c'était ainsi qu'on avait conçu le système...Elle ne put rien faire d'autre que soupirer.
- Dans un monde idéal, c'est un argument qui devrait être entendu...
Elle fut ravie que Nicolas puisse comprendre la douleur de Cassandre et ne pas lui en vouloir. Rares étaient les personnes qui se mettaient ainsi à la place des autres. Elle secoua la tête lorsqu'il la traita de tête de pioche.
- Je sais que son caractère n'est pas facile, mais comme tu l'as dit, elle a une bonne raison.
Elle haussa un sourcil lorsqu'un nom franchit ses lèvres. Simon... Un enfant qu'elle avait connu ? Elle écouta très attentivement son historie et comprit rapidement que Cassandre avait pu avoir un rapport très particulier avec lui. Elle agrandit les yeux à la fin de son histoire. Oui, ça expliquerait pourquoi elle était toujours si froide. Elle pensait qu'il fallait être... détachée. Irène écarquilla les yeux. Et en perdant toutes les personnes qu'elles aimaient, en connaissant cette souffrance, elle avait dû penser que l'amour ne donnait que de la souffrance. Alors elle s'était fermée. Complétement fermée. Mais on ne pouvait pas vivre ainsi. Et surtout, elle ne pouvait pas admirer quelque chose qui n'avait pas de sens pour elle. Elle ne pouvait pas... Irène chassa ses idées désagréables de sa tête.
- Je vois, je comprends beaucoup mieux certaines choses... Et je pense que tu as raison, le lui rappeler pourrait lui rendre un peu de son caractère doux. Merci beaucoup pour ton aide, Nicolas.
- Dans un monde idéal, c'est un argument qui devrait être entendu...
Elle fut ravie que Nicolas puisse comprendre la douleur de Cassandre et ne pas lui en vouloir. Rares étaient les personnes qui se mettaient ainsi à la place des autres. Elle secoua la tête lorsqu'il la traita de tête de pioche.
- Je sais que son caractère n'est pas facile, mais comme tu l'as dit, elle a une bonne raison.
Elle haussa un sourcil lorsqu'un nom franchit ses lèvres. Simon... Un enfant qu'elle avait connu ? Elle écouta très attentivement son historie et comprit rapidement que Cassandre avait pu avoir un rapport très particulier avec lui. Elle agrandit les yeux à la fin de son histoire. Oui, ça expliquerait pourquoi elle était toujours si froide. Elle pensait qu'il fallait être... détachée. Irène écarquilla les yeux. Et en perdant toutes les personnes qu'elles aimaient, en connaissant cette souffrance, elle avait dû penser que l'amour ne donnait que de la souffrance. Alors elle s'était fermée. Complétement fermée. Mais on ne pouvait pas vivre ainsi. Et surtout, elle ne pouvait pas admirer quelque chose qui n'avait pas de sens pour elle. Elle ne pouvait pas... Irène chassa ses idées désagréables de sa tête.
- Je vois, je comprends beaucoup mieux certaines choses... Et je pense que tu as raison, le lui rappeler pourrait lui rendre un peu de son caractère doux. Merci beaucoup pour ton aide, Nicolas.
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
[quote="Cassandre Velasquez"]
Nicolas n'ajouta rien d'autre après sa déclaration, sans doute un peu osée. Dans un monde juste, les familles ,e seraient pas séparées et les enfants n'auraient pas à mendier pour espérer se nourrir. Malheureusement, ils ne vivaient pas dans un monde juste. Et les mots ne serviraient pas arranger cette situation. Il fallait seulement l'accepter avec courage et résignation. Il préféra ainsi parler à nouveau de Cassandre et de toutes ces histoires qu'il savait à son sujet. Surtout du légendaire Simon. La femme l'écoutait avec grande attention et analysait ses paroles. Cela lui faisait un peu étrange d'être ainsi écouté. D'ordinaire, on le chassait, à peine il eut prononcé un mot.
"J'espère, m'dame, que tout ça vous sera utile."
Le garçon songea que c'était poli de se retirer. Il ne fallait pas trop embêter les gens. Surtout quand ils étaient gentils. Il se leva de sa chaise mais son regard revint vers l'assiette de biscuits restée sur la table. Il y en avait emporté quelques uns en réserve. mais s'il demandait les autres ? Il se rappela de ce médaillon découvert la veille dans une ruelle toute proche, là où il s'était posté pour surveiller aujourd'hui. Ce serait largement suffisant pour payer quelques gâteaux.
"M'dame ?"
Nicolas s'exprima d'une petite voix, toute polie, et indiqua timidement l'assiette.
"Je pourrais les prendre ?"
Il sortit de sa poche le médaillon, sale, couvert de boue, et le déposa sur la table.
"J'ai de quoi payer en échange. Et j'ai pas volé ! Je l'ai trouvé hier dans la ruelle en face de votre boutique ! Il était dans un coin, dans une trace de pas. Je sais pas qui a jeté ça mais ça devait l'embêter. mais ça a de la valeur, non ?"
Nicolas n'ajouta rien d'autre après sa déclaration, sans doute un peu osée. Dans un monde juste, les familles ,e seraient pas séparées et les enfants n'auraient pas à mendier pour espérer se nourrir. Malheureusement, ils ne vivaient pas dans un monde juste. Et les mots ne serviraient pas arranger cette situation. Il fallait seulement l'accepter avec courage et résignation. Il préféra ainsi parler à nouveau de Cassandre et de toutes ces histoires qu'il savait à son sujet. Surtout du légendaire Simon. La femme l'écoutait avec grande attention et analysait ses paroles. Cela lui faisait un peu étrange d'être ainsi écouté. D'ordinaire, on le chassait, à peine il eut prononcé un mot.
"J'espère, m'dame, que tout ça vous sera utile."
Le garçon songea que c'était poli de se retirer. Il ne fallait pas trop embêter les gens. Surtout quand ils étaient gentils. Il se leva de sa chaise mais son regard revint vers l'assiette de biscuits restée sur la table. Il y en avait emporté quelques uns en réserve. mais s'il demandait les autres ? Il se rappela de ce médaillon découvert la veille dans une ruelle toute proche, là où il s'était posté pour surveiller aujourd'hui. Ce serait largement suffisant pour payer quelques gâteaux.
"M'dame ?"
Nicolas s'exprima d'une petite voix, toute polie, et indiqua timidement l'assiette.
"Je pourrais les prendre ?"
Il sortit de sa poche le médaillon, sale, couvert de boue, et le déposa sur la table.
"J'ai de quoi payer en échange. Et j'ai pas volé ! Je l'ai trouvé hier dans la ruelle en face de votre boutique ! Il était dans un coin, dans une trace de pas. Je sais pas qui a jeté ça mais ça devait l'embêter. mais ça a de la valeur, non ?"
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Irène sourit à Nicolas qui semblait un peu étonné de son écoute. Pourtant, il le méritait.
- Bien sûr que cela me sera utile et sache que je te suis vraiment très reconnaissante pour tout cela.
Alors qu'il se levait, sans doute pour partir, elle ne voulut pas le retenir. Après tout, il avait sans doute à faire, à moins qu'il ne veuille fuir un peu la tempête qui menaçait d'arriver. Elle vit bien qu'il fixait les biscuits et allait lui proposer de tout emporter quand il sortit un bijou. Elle pencha la tête. Ce n'était certainement pas à lui, il avait dû le trouver dans une ruelle. Elle lui sourit.
- Tu peux les prendre même sans me payer, voyons. Cela dit, ce médaillon est bien sale. Si tu veux, tu emportes les biscuits et tu reviens dans quelques jours pour reprendre le bijou. Je l'aurais nettoyé et tu pourra le vendre. Cela t'irait ? Je pense en effet qu'il a de la valeur, il semble travaillé sous toute cette crasse.
Cette forme lui disait même quelque chose mais elle ne s'y arrêta pas. Après tout, ce n'était qu'un bijou ovale comme il en existait beaucoup d'autres.
- Bien sûr que cela me sera utile et sache que je te suis vraiment très reconnaissante pour tout cela.
Alors qu'il se levait, sans doute pour partir, elle ne voulut pas le retenir. Après tout, il avait sans doute à faire, à moins qu'il ne veuille fuir un peu la tempête qui menaçait d'arriver. Elle vit bien qu'il fixait les biscuits et allait lui proposer de tout emporter quand il sortit un bijou. Elle pencha la tête. Ce n'était certainement pas à lui, il avait dû le trouver dans une ruelle. Elle lui sourit.
- Tu peux les prendre même sans me payer, voyons. Cela dit, ce médaillon est bien sale. Si tu veux, tu emportes les biscuits et tu reviens dans quelques jours pour reprendre le bijou. Je l'aurais nettoyé et tu pourra le vendre. Cela t'irait ? Je pense en effet qu'il a de la valeur, il semble travaillé sous toute cette crasse.
Cette forme lui disait même quelque chose mais elle ne s'y arrêta pas. Après tout, ce n'était qu'un bijou ovale comme il en existait beaucoup d'autres.
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Alors qu'il s'apprêtait à repartir, Irène lui adressa des paroles de reconnaissance. Nicolas lui sourit.
"M'ci m'dame. Vous êtes vraiment très gentille."
Elle ne vouait même pas de paiement pour les biscuits. Il hésita. Puis il se dit qu'elle avait sûrement assez de nourriture pour tout le monde. Les gâteaux, c'était un supplément. Il se décida à les emporter pour les glisser sous la veste en remerciant une fois bien poliment cette sainte femme.
"D'accord/ Alors, je viendrai le chercher la semaine prochaine. Ou alors... Ou alors vous pourriez le vendre pour moi ? moi, on va croire que je l'ai volé. Ou on me dira que c'est de la camelote. On me forcera à n'en avoir pour quelques pièces. Vous, vous pourrez fixer le vrai prix."
Il ne chercha pas à négocier. Il lui faisait confiance. les Saintes, ça ne faisait pas de méchancetés. Nicolas la salua poliment en al remerciant encore une fois puis quitta la boutique.
Re: [18 décembre 1597] Tu te souviens du pont qu'on traversait naguère ?
Irène lui sourit.
- Ne me remercie pas, c'est normal.
Elle soupira un peu. Elle ne devrait pas être remerciée pour être gentille... Ce genre de comportement devrait être la norme. Le monde s'en porterait certainement bien mieux... Elle le laissa réfléchir puis acquiesça.
- Très bien, faisons comme ça, dans ce cas.
Elle pourrait peut-être lui donner un peu plus de cette façon et des biscuits. Elle sourit en raccompagnant Nicolas. Elle le regarda partir puis sourit en continuant sa chanson qu'elle n'avait pas fini, alors qu'elle revenait vers le médaillon.
Elle prit un torchon et commença à gratter un peu la terre. c'est dommage, il semblait vraiment très joli...
Elle commença alors à voir quelque chose... de familier... Elle fronça les sourcils et gratta un peu plus. Ce... Irène se mit à blanchir. Non... ce n'était pas possible. Elle gratta un peu plus, compulsivement et découvrit alors ce qu'elle craignait de voir. Elle lâcha le médaillon, tremblante. Ce dernier s'ouvrit alors.
Irène faillit bien se laisser glisser à terre. Ces portraits... Elle les connaissait... Irène écarquilla les yeux. Elle n'osa pas le toucher.
Non... Non c'était impossible... Elle prit une inspiration tremblante.
Ce médaillon devrait être au fond de l'océan...
Elle déglutit en recueillant enfin le médaillon au creux de ses mains. Elle traça le contour des traits de son Antoine, derrière elle qui posait assise sur une chaise. Des larmes commençaient à couler sur ses joues.
Mais comment... Qui ?
Elle se leva soudainement, prise d'un élan incontrôlé. Elle ne sut par quel miracle elle ne réveilla pas grâce, ni comment elle monta au grenier. Elle parvint au coffre qu'elle cachait au fond, sous un peu de paille et sortit un linge. Elle le retira, dévoilant une figure de proue d'un bateau, un cheval à queue de poisson.
Irène se rappelait encore, le jour où on la lui avait amené. La preuve qu'il n'y avait plus aucun espoir. Qu'Antoine était mort...
Est-ce qu'on ne lui avait pas tout dit ? Pourquoi ce médaillon était revenue à elle, après tout ce temps ? Est-ce que... Non, si Antoine était encore vivant, il serait revenu... Alors qui ?
Elle...
Irène regarda de nouveau le portrait puis s'effondra en pleurs sur la figure, le médaillon dans les mains.
- Ne me remercie pas, c'est normal.
Elle soupira un peu. Elle ne devrait pas être remerciée pour être gentille... Ce genre de comportement devrait être la norme. Le monde s'en porterait certainement bien mieux... Elle le laissa réfléchir puis acquiesça.
- Très bien, faisons comme ça, dans ce cas.
Elle pourrait peut-être lui donner un peu plus de cette façon et des biscuits. Elle sourit en raccompagnant Nicolas. Elle le regarda partir puis sourit en continuant sa chanson qu'elle n'avait pas fini, alors qu'elle revenait vers le médaillon.
Elle suit depuis ce temps,
Son cours imaginaire
Car il ne pleut plus guère
Qu'une ou deux fois par an.
Son cours imaginaire
Car il ne pleut plus guère
Qu'une ou deux fois par an.
Elle prit un torchon et commença à gratter un peu la terre. c'est dommage, il semblait vraiment très joli...
Et dans ce coin de terre,
Un petit pont bizarre
Enjambe un nénuphar
Au milieu des fougères...
Un petit pont bizarre
Enjambe un nénuphar
Au milieu des fougères...
Elle commença alors à voir quelque chose... de familier... Elle fronça les sourcils et gratta un peu plus. Ce... Irène se mit à blanchir. Non... ce n'était pas possible. Elle gratta un peu plus, compulsivement et découvrit alors ce qu'elle craignait de voir. Elle lâcha le médaillon, tremblante. Ce dernier s'ouvrit alors.
Irène faillit bien se laisser glisser à terre. Ces portraits... Elle les connaissait... Irène écarquilla les yeux. Elle n'osa pas le toucher.
Non... Non c'était impossible... Elle prit une inspiration tremblante.
Ce médaillon devrait être au fond de l'océan...
Elle déglutit en recueillant enfin le médaillon au creux de ses mains. Elle traça le contour des traits de son Antoine, derrière elle qui posait assise sur une chaise. Des larmes commençaient à couler sur ses joues.
Mais comment... Qui ?
Elle se leva soudainement, prise d'un élan incontrôlé. Elle ne sut par quel miracle elle ne réveilla pas grâce, ni comment elle monta au grenier. Elle parvint au coffre qu'elle cachait au fond, sous un peu de paille et sortit un linge. Elle le retira, dévoilant une figure de proue d'un bateau, un cheval à queue de poisson.
Irène se rappelait encore, le jour où on la lui avait amené. La preuve qu'il n'y avait plus aucun espoir. Qu'Antoine était mort...
Est-ce qu'on ne lui avait pas tout dit ? Pourquoi ce médaillon était revenue à elle, après tout ce temps ? Est-ce que... Non, si Antoine était encore vivant, il serait revenu... Alors qui ?
Elle...
Irène regarda de nouveau le portrait puis s'effondra en pleurs sur la figure, le médaillon dans les mains.
Et dans ce coin de terre,
Un petit pont bizarre
Enjambe un nénuphar
Au milieu des fougères...
Un petit pont bizarre
Enjambe un nénuphar
Au milieu des fougères...
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