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[le 2 janvier 1598] - Reconnaissance d'un lourd aveu, reconnaissance d'un geste d'amour [Terminé]

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Message par Éléonore de Fromart Jeu 11 Mar - 11:30

Elle se détestait. Horriblement. Une semaine. Elle avait mis une semaine avant de réussir à sortir. Une semaine ! Pour elle, ça relevait du manque de volonté. Ou bien de la fatigue accumulée pendant les jours où elle était constamment surveillée et incapable de dormir. Même plus assez douée pour sortir en douce. Même ça, sans Ariste, elle ne savait plus le faire.

Ou bien… Ou bien, c'était parce qu'une part d'elle avait eu du mal à pardonner. Même si elle savait qu'il avait agi pour le mieux. Par égoïsme. Parce que malgré tout, même si elle savait, au fond, que c'était la meilleure chose à faire, c'avait été difficile de l'entendre. Cruellement.

Et parce qu'elle avait honte, aussi. Et peur de connaître l'effet que ses mots avaient eu sur Alduis. Peur qu'il m'envoie promener purement et simplement après les atrocités qu'elle avait laissées échapper. Qui ne lui étaient même pas destinées, pour la plupart.

Jean ouvrit la voiture. Elle acquiesça. Elle n'avait pas eu la force d'inventer le moindre stratagème pour qu'Eltinne ne l'apprenne pas. Elle avait certainement su immédiatement qu'ils étaient partis, Éléonore s'expliquerait en rentrant. À moins qu'elle ne puisse pas rentrer…

Elle descendit du véhicule, les jambes tremblantes. Elle s'accrocha aux dagues qu'elle portait pour se donner du courage. Pour savoir qu'Ariste était avec elle.

Il fallait au moins qu'elle voie Alduis. Au moins pour lui. Même s'il ne pouvait pas lui pardonner à elle, il fallait qu'il sache qu'il n'avait rien à se reprocher.

Elle fit quelques pas dans la cour enneigée. Alduis refuserait sans doute de la recevoir… Mais elle n'avait pas le choix. C'était de sa faute, elle devait essayer.

Elle hésitait à faire demi-tour lorsqu'elle repéra Alexandre qui sortait. Elle se précipita vers lui sans réfléchir, désespérée. Il la détestait certainement, lui aussi. Mais c'était peut-être son seul moyen d'accéder à Alduis.

— A... Alexandre… Où est-il ? Est-ce qu'il va bien ?

Elle ne précisa pas de qui elle parlait. Elle chercha le regard du jeune homme, prête à affronter tout le mépris du monde s'il le fallait.
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Message par Alexandre Jeu 11 Mar - 17:15

Une nouvelle fois, Alexandre s'éveilla seule dans le grand lit que son amant et lui partageaient depuis plus d'une semaine. Neuf jours précisément. Neuf journées de bonheur, à pouvoir le voir à n'importe quel moment, sans à avoir trop à se cacher. Il se leva et s'habilla chaudement avant de descendre prendre le petit-déjeuner. Les domestiques commençaient à connaître ses habitudes et lui avaient préparés de délicieuses pâtisseries dont son palais gourmand se régala. Quel bonheur que cette existence confortable après des mois de privation ! Quelle idée que le jeûne ! En quoi s'empêcher de manger des gâteaux ou de la viande priverait-il du Paradis ? L'important, c'était de se concentrer sur sa foi et de garder une moralité acceptable. Des paysans produisaient les matières premières qui servaient aux artisans à les fabriquer, puis les commis les achetaient et enfin les cuisiniers les préparaient. Si ceux qui pouvaient se le permettre ne profitaient pas de ces bonnes choses, ce serait un frein terrible à l'économie et des centaines de personnes perdraient leur emploi. La nourriture était vitale. Même dans ses excès.

Une fois sorti de table, il descendit aux cuisines féliciter les employés, comme après chaque repas. Ils ne s'étonnaient plus de sa présence et entendaient avec ravissement ses compliment ou opinaient de la tête, gênés quand il notait une imperfection sur un aliment.

Alexandre sortit par la porte de la cuisine, agacé de devoir remonter l'escalier, et fit le tour du château, désireux d'en profiter pour aller voir Théo. Il aimait beaucoup son adorable mule, si docile, si douce, et lui rendait visite une à deux fois par jour. Le jeune homme s'approchait de l'entrée principale et se dirigeait vers les écuries lorsque son regard surprit l'arrivée d'une voiture. Il s'immobilisa, les mains appuyées sur ses béquilles pour stabiliser son équilibre, et observa l'arrivée du visiteur. Il s'agissait d'une silhouette et , en la fixant, Alexandre reconnut Eléonore. Un sourire doux lui vint. Malgré ce que son amant affirmait, elle ne le détestait pas. Elle avait été choquée de ces révélations brutales sur le décès de son cousin et avait réagi à chaud. Comme lui avec Eldred. Il s'avança pour la saluer lorsque la jeune femme lui parla le premier et demanda des nouvelles de Alduis. son sourire s'agrandit.


"Il va bien, oui.

Puis, percevant le malaise qui l'accablait, Alexandre combla les mères qui les séparait et l'enlaça respectueusement.

"Je sais que vos paroles ont dépassé votre pensée. Que vous ne vouliez pas blesser Alduis, Eléonore. Vous étiez en colère et la colère, même si celle-ci est violente et peut causer beaucoup de tort, elle reste une émotion naturelle. Il est naturel de crier quand nous avons mal ? Alors, quand le coeur souffre, lui aussi se révolte, quitte à dire les pires bêtises."

Il se recula, puis ajouta d'un sourire doux.

"Mais si vous en avez besoin, Eléonore, je vous pardonne pour ce que vous avez pu dire à Alduis ce jour-là."

Alexandre
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Message par Éléonore de Fromart Ven 12 Mar - 8:27

Contre toute attente, Alexandre ne l'a rejeta pas. Il sourit. Sourit, et la rassura sur l'état d'Alduis avant de l'enlacer.

Surprise, Éléonore se crispa un instant. Elle ne comprenait pas. Vraiment pas… Oui, ses paroles avaient dépassé sa pensée – celles qu'elle adressait au jeune homme, du moins, car celles qui lui avaient échappées pour elle-même était toujours aussi valables – mais il n'empêchait pas qu'elle avait été absolument odieuse... Une émotion naturelle… Il n'y avait qu'Ariste – et parfois Gabriel – pour ne jamais lui reprocher ses emportements. Mais d'habitude, elle ne disait rien d'aussi horrible… Elle n'était pas comme ça. C'était seulement… Ils ne comprendraient jamais. Elle se détestait tellement qu'elle en était incapable de tenir sa langue. Pitoyable, ridicule, méprisable. Aucune force de caractère.

Elle rendit brièvement son étreinte à Alexandre avant qu'il ne se détache d'elle, et affirma qu'il lui pardonnait, lui. Elle acquiesça. Ce n'était pas ce qu'elle était venue chercher, mais c'avait quelque chose de réconfortant... Jusqu'à réaliser qu'il ignorait sans doute la moitié des horreurs qu'elle avait pu proférer. C'était évident : il ne l'aurait jamais accueilli avec tant de bienveillance s'il avait su.

Elle aurait dû lui dire. On ne mentait pas sur ces sujets-là... Mais elle ne voyait vraiment pas comment avouer une chose pareille. Et si elle s'y risquait, on ne la laisserait jamais parler à Alduis.

— J'ai été horrible, rappela-t-elle néanmoins. Absolument horrible. Mais je... Il faut que je lui parle. Que je lui explique que...

Parce que, bien qu'elle soit sotte, inutile et incapable de faire quoi que ce fut correctement tout seule, elle était la seule qui puisse retirer les mots qu'elle avait prononcés. La seule qui soit vraiment légitime pour parler au nom d'Ariste, le rassurer au nom d'Ariste.

— S'il vous plaît. Dites-moi où il est. Il ne faut pas qu'on m'annonce, il ne voudrait pas me voir mais... Il faut que je lui dise. Et après, je pars. Je n'insisterai pas. Mais il faut que je le voie.
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Message par Alexandre Ven 12 Mar - 10:47

Alexandre continuait de sourire à la jeune femme. Elle avait accepté, surprise, l'accolade, mais sans la comprendre. Il l'entendit confesser ses remords et ses inquiétudes pour Alduis s'entendaient dans sa voix brisée. Elle souhaitait le voir pour clarifier la situation et présenter des excuses. Il opina à la tête suite à sa requête et l'invita à la suivre.

"J'ai entendu qu'il serait aux écuries, sans doute à monologuer devant Courage. Puis-je vous accompagner ? Je m'y rendais justement pour sortir Théo et lui faire dégourdir les pattes. Depuis mon arrivée à Fromart, il ne sort plus beaucoup et il aurait besoin d'exercice."

Alexandre passa en premier pour indiquer le chemin tout en observant la silhouette de la jeune femme en proie à ses tourments intérieurs.  Il se rentait le devoir de l'apaiser. Au moins, de faire quelque chose en ce sens.

"Eléonore, il y a peu j'ai perdu un ami qui m'était cher. Vous le connaissez, vous, sous le nom de monstre de Rottenberg. Mais sous ce nom se cache un garçon de quinze ans qui fut froidement assassiné avec sa famille par un esclave dans l'unique dessin de s'emparer de son identité. Ulysse aurait pu devenir une personne merveilleuse. Nous avions promis de nous écrire. De garder contact. Je n'ai jamais rien reçu. Et pour cause, il était décédé. Mais je n'en savais rien. Et j'ai longtemps continué à croire qu'il reviendrait vers moi. Que notre amitié se poursuivrait. Alors, quand j'ai appris la vérité, Eléonore, quand j'ai su qu'une misérable esclave zarkotien avait tué mon ami, j'ai éprouvé une colère et une haine terrible. Je me suis mis à haïr les gens de Zarkos pour le simple fait qu'ils étaient de Zarkos. je liais leur vie aux crimes du monstre, aveuglé par la colère. J'ai eu des mots très durs pour plusieurs de personnes. Notamment..."

Sa voix trembla. Alexandre se remémora de ce moment pénible et glacial où il avait eu ces paroles humaines pour al petite servante qui nettoyait le sol du bureau du seigneur de Frenn. Son regard perdu le hantait. 

"J'ai dit un jour des choses horribles sur les zarkotiens, sans remarquer une jeune esclave, d'origine zarkotienne, qui lavait le sol non loin de là. Elle ressortait du domaine du monstre, en plus. Elle y avait survécu. Malgré les sévices. Et moi, avec cette langue acérée, je l'ai sans doute à nouveau brisée."

Il releva la tête vers Eléonore et eut un sourire triste. 

"Tout le monde peut dire les pires bêtises au pire moment. Vous, au moins, vous l'avez compris rapidement. Moi, je suis aveuglé dans ces idées stupides pendant un long moment. Alors, je pense que vous n'êtes coupable de rien, à part de vos émotions et de votre attachement à votre cousin. Mais ceci, ce ne sera jamais ni crime ni une faute."
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Message par Éléonore de Fromart Ven 12 Mar - 18:49

Alduis était aux écuries. Il parlait à Courage – elle ne reprit pas Alexandre sur la formulation offensante, elle comprenait qu'on puisse être sceptique… et puis, elle n'était pas en position de juger.

— Je... Si ça ne vous dérange pas, je préfère lui parler seule. Vous comprenez ?

Parce que... C'était difficile. Parce qu'elle n'avait pas envie de ne pas pouvoir tout expliquer de peur qu'Alexandre intervienne. S'il voulait savoir ensuite, ce n'était pas à elle de lui refuser, mais elle devait d'abord pouvoir expliquer. En revanche, elle n'allait pas l'empêcher de la conduire jusque là.

Sur le chemin, il décida de lui raconter quelque chose… Elle ne savait pas très bien où il voulait en venir - était-elle aussi trop stupide pour comprendre cela ? - mais il devait chercher à lui démontrer quelque chose. Elle avait vaguement entendu parler de cette histoire… Très vaguement. Sans doute des nouvelles qu’on lui avait rapportées pour vainement essayer de la tirer de son apathie.

— Parfois, on associent des idées qui ne vont pas forcément ensemble...

Elle se remémora sa discussion avec Eldred, sur le fait qu’il se voie ou non qu’il était un esclave. Elle ne put pas non plus échapper au souvenir de cette corruption qui regnait dans la capitale - comme plus forte qu’ailleurs - et qui révulsait tant Oncle Eineld qu’il ne voulait plus y mettre les pieds… Quoi qu’il n’ait certainement pas tort de penser qu’on ne se démarquait pas avec de bons sentiments… il ne fallait pas juger là-dessus une personne toute entière, c’était réducteur. Comme si on se mettait à rejeter les soldats à cause des vies qu’ils avaient forcément dû prendre… Alors que la perfection même avait combattu et que…

Elle se détestait ! Voilà ! Comme d’habitude, elle n’était qu’une sale petite égocentrique et se mettait à réfléchir à autre chose tandis qu’on lui parlait… Alors qu’il parlait pour essayer de la rassurer, qui plus est ! Méprisable petite égocentrique ridicule.

Les écuries… Elle hésita un moment devant, tandis qu’Alexandre terminait ses explications. Il y avait sans doute plein de choses qu’elle aurait pu dire, mais… Elle ne trouva rien sinon un “Merci” un peu confus.

Elle fit encore quelques pas avec lui avant de repérer Alduis et Courage. Elle se figea, les larmes aux yeux. Il n’allait même pas vouloir l’écouter. Qui aurait eu envie d’écouter une femme odieuse, stupide, inutile, méprisable comme elle ? Elle fixa celui qu’elle avait plusieurs fois désigné comme son ami, Alexandre n’existait déjà plus.
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Message par Alexandre Ven 12 Mar - 22:20

Alors qu'ils commençaient à se mettre en chemin, Eléonore demanda à rester seule avec Alduis. Il le comprenait parfaitement. Cela se révélait bien plus pratique de mener une conversation difficile avec simplement l'interlocuteur visé.

"Bien sûr. Je n'entrerai que pour prendre ma mule et je m'éloignerai."

Tout en marchant, Alexandre percevait le malaise intérieur que vivait la jeune femme et il se sentait comme obligé de l'entretenir de ses propres travers. De la soutenir. De lui enseigner que tout le monde pouvait se comporter de manière affreuse. Ils étaient des êtres humains, faillibles, perfectibles, Il garda ensuite le silence le reste du parcours, supposant qu'elle avait besoin de se concentrer sur son objectif.

Quand ils arrivèrent à l'écurie, Alexandre tourna un bref instant al tête pour apercevoir Alduis qui bavardait avec Courage, le dos tourné, et s'écarta rapidement pour rejoindre Théo. La mule hennit joyeusement en l'apercevant et l'infirme posa ses béquilles sur la cloison de la stalle pour prendre ensuite la tête de l'animal dans ses bras.


"Tu vas bien, Théo ? Tu as passé une bonne nuit ? La mienne fut excellente. Mais oui, tu es gentil ! Tu as bien mangé ce matin ? L'avoine était assez bonne ? Moi, je me suis régalé avec des éclairs au chocolat. Tu as assez mangé alors ? On va aller faire de l'exercice dans la cour ! Bon, tu es sorti hier, oui, nous sommes allés en ville mais nous ne nous déplaçons quand même moins et tu as besoin de faire de l'exercice, tu comprends ?"

Le jeune homme monta sur le dos de la mule et la guida pour quitter l'écurie, sans chercher à observer ce qui se passait ailleurs. S'il devait savoir, Alduis le lui répéterait.
Alexandre
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Message par Alduis de Fromart Lun 15 Mar - 21:15

Alduis avait appuyé son front contre l’encolure de Courage. Il écoutait le souffle de sa respiration régulière. Elle était si belle. Si calme et paisible. Pour Alduis, elle était ce qui se rapprochait le plus d’un roc inébranlable. Jamais elle n’avait envie de pleurer, jamais elle n’était en colère, elle avait toujours le même regard humide et en même temps si émotif. Il avait la certitude qu’elle écoutait ce qu’il disait. Et qu’elle comprenait, à sa manière, la détresse tangible qu’il éprouvait chaque jour de la vie qui passait.

Il s’était tu un bref instant. C’était cela, le mieux, en compagnie de Courage : elle n’attendait pas qu’il y ait une conversation. Avec les humains, il fallait toujours parler, parler, parler, répondre aux questions, répondre aux exigences, répondre aux attentes. Répondre, toujours répondre.

— Est-ce que tu te souviens de Mathurin, toi ? murmura-t-il en soupirant profondément. Tu t’en souviens, dis, n’est-ce pas ? Tu n’as pas oublié, toi non plus...

Mathurin qui adorait sa jument.
Mathurin qui saluait Courage avant même de lui dire bonjour.

— Tu m’en veux, toi, de l’avoir poussé ? Tu penses qu’il m’en veut aussi ? À sa place, c’est ce que je ferai, je crois. Ou peut-être pas… Je ne sais pas en fait… Ce ne doit pas être si mal que ça, d’être mort. Tu en penses quoi ? Est-ce que tu te poses ce genre de questions ?

Il releva la tête pour la regarder. Quand il fut interrompu par du bruit qui lui fit regarder l’allée. Il s’était attendu à voir beaucoup de monde mais pas… Éléonore. Que faisait-elle ici ?

Un instant, il écarquilla les yeux, se demandant ce qu’il était censé faire. Il avala sa salive. Partir ? Rester ? Dire quelque chose ? Ou même… se cacher ? Il écarta cette solution bien vite. C’était ridicule et irréfléchi. Elle l’avait déjà vu, désormais. Alors, c’était inutile de fuir… Mais cela rompait cette promesse tacite qu’il s’était faite à lui-même : si elle ne souhaitait pas le revoir, alors il ne se mettrait pas en travers de sa route.

Il entendit la voix d’Alexandre non loin, discutant avec Théo, sa mule, et lui faisant maint et maint commentaire sur l’exercice physique dont l’animal manquait. Peut-être qu’Éléonore était là pour l’accompagner ? qu’elle n’avait pas prévu que lui, serait là aussi ?

Mais toutes ces probabilités bancales volèrent en éclats quand Alexandre quitta les écuries et qu’Éléonore resta sur place. À le regarder. À sembler attendre il ne savait quoi. Alduis glissa les mains dans la crinière de Courage. La jeune femme avait-elle les larmes aux yeux ? Il baissa le regard, incapable de soutenir ses prunelles larmoyantes.

Une chose était sûre : ils ne pouvaient pas rester ainsi à se regarder dans le blanc des yeux éternellement. Il fallait que l’un d’eux parle. Alduis prit son courage à deux mains, en resserrant les doigts autour de la crinière de sa jument. Il avala sa salive. Se râcla la gorge. Ouvrit la bouche. Ne trouva rien à dire. La referma. Et finalement, murmura :

— Tu… as besoin de quelque chose ?

Car elle ne pouvait pas être là pour une autre raison. Quelque chose devait bien la pousser à venir ici, et ce ne devait pas être par gaieté de cœur… Quelles raisons auraient-elle, alors qu’il avait tué celui auquel elle tenait le plus. Il appuya de nouveau son front contre l’encolure de Courage et murmura, plus bas encore, si cela était possible :

— Je suis désolé… Sincèrement désolé… Je ne me demande pas que tu me pardonnes, bien sûr que non, je… comprends mais je suis désolé. Je ne voulais pas continuer à le cacher. C’est tout.

Et il l’avait dit de manière terriblement maladroite. Il ne dit rien de plus. Ne ferait pas l’affront de lui demander un pardon qu’elle ne voulait pas lui donner. Il comprenait sa décision. Il aurait pris la même à sa place.
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Message par Éléonore de Fromart Mar 16 Mar - 11:45

Le silence s'étira. Incapable de le briser, Éléonore cherchait des mots. Comment osait-elle revenir après ce qu'elle lui avait dit ? Comment osait-elle seulement parasiter son champ de vision ?

Alduis semblait mal à l'aise. Semblait... Elle ne savait pas. Elle n'avait rien à faire là. Elle mourait d'envie de faire demi-tour en courant. De disparaître. De ne plus exister. De crier au monde entier tout le mal qu'elle avait fait, juste pour que quelqu'un s'en vengé. Pour que quelqu'un l'achève. Pour qu'elle cesse d'être un fardeau pour le monde entier. Pour... 

Avait-elle besoin de quelque chose ? Oui, il y avait beaucoup de choses dont elle avait besoin. Beaucoup de choses qu'elle n'était clairement pas en droit de demander. Alors... Éventuellement : le droit de lui parler, l'occasion de lui expliquer. Juste pour qu'il ne culpabilise plus. Juste pour ce qui s'était passé avec Ariste. Juste parce qu'elle le lui devait. Pas pour elle, elle ne comptait pas, elle n'avait pas le droit.

Ses lèvres tremblèrent un "Je..." hésitant. Elle se détestait. Elle se détestait tellement. Elle se détestait d'autant plus qu'elle ressentait sa détresse. Elle avait été tellement atroce qu'il ne pouvait même plus soutenir son regard. S'il avait persisté une pointe de rancoeur en elle, ce spectacle la fit taire. Il n'était pas à blâmer. D'abord parce qu'il avait agi avec de bonnes intentions, mais aussi parce que cela le rongeait. Ariste n'aurait pas été fâché, elle n'avait pas le droit de l'être non plus. 

Elle fit un pas en avant, puis s'immobilisa pour tendre l'oreille à ces mots qu'il prononçait si bas. 

— Non...

Quel monstre elle faisait ! Elle l'avait enfermé dans sa culpabilité avec son emportement égoïste. Elle aurait dû être capable de prendre sur elle, d'attendre pour défaillir. Elle aurait dû encaisser le choc, et le prendre dans ses bras pour le rassurer quand il était encore temps. 

— Je ne te reproche rien , Alduis.

Les mots avaient filé entre ses lèvres. Seuls. Elle n'avait pas le droit de le laisser dans le doute et la douleur. Elle savait trop ce que c'était pour l'imposer à qui que ce soit. Elle se détestait tellement d'avoir accentué son mal être simplement parce qu'elle était... perdue. 

Pas en avant.

— Je ne t'en veux pas. Je comprends ton geste. C'était... Un geste d'amour, je le sais. C'était... Enfin, je veux dire : tu n'as rien à te reprocher.

S'il s'en était réellement pris à son Ariste, elle n'osait pas imaginer les dégâts que sa colère aurait provoqués. S'il lui avait voulu du mal... S'il avait tenté de lui nuire... Sa conscience ne s'en serait jamais remise, mais elle l'aurait certainement tué.

Mais là... Là... Elle savait qu'il l'avait libéré. Elle était seule, vide, inutile. Elle ne valait plus rien. Elle avait perdu jusqu'au goût de vivre, mais elle ne comptait pas. Cela ne comptait pas si Ariste avait moins souffert. Même lui avoir imposé de vivre, elle ne pouvait que l'en remercier si c'était la volonté de l'être parfait qui avait donné un sens à son existence. D'ailleurs... D'ailleurs, elle était certaine qu'au moment de dicter sa lettre, Ariste avait déjà renoncé. Elle le dirait à Alduis, elle lui dirait tout pourvu qu'il s'apaise. 

Elle reprit, d'une voix troublée par l'émotion : 

— C'est... C'est moi qui suis désolée... Je... J'étais sous le choc, tu comprends ? Tu sais...

Non, elle n'avait pas la droit de se chercher des excuses. Elle avait été cruelle, elle l'avait blessé, alors elle ne gaspillerait pas le temps qu'il lui accordait à essayer d'atténuer ses propres fautes. Pauvre égoïste qu'elle était ! 

— J'ai dit des choses horribles, mais je veux juste que tu saches que je ne les pensais pas. Ça ne m'excuse en rien, mais toi... Toi, tu ne dois pas y penser.

C'était bien facile, de lui demander de ne pas y penser après ce qu'elle avait fait... 

Elle baissa les yeux. Comment avait-elle pu être si horrible ? Elle se détestait. Elle se détestait tellement. Son avis ne comptait même pas, à vrai dire. Il n'y avait qu'une opinion qui avait de la valeur, qui méritait d'être connue :

— Il ne t'en aurait pas voulu. Et cela, elle le savait. C'était dans ses tripes, elle le savait. Elle le connaissait trop pour se tromper. Même s'il y avait eu une chance pour qu'il s'en sorte, ce à quoi il ne croyait plus, il ne t'en aurait pas voulu.
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Message par Alduis de Fromart Sam 27 Mar - 10:43

Alduis se sentait terriblement mal à l’aise. Que voulait-elle ? Il pensait qu’elle ne voulait plus jamais le voir et il comprenait sa décision. Pourtant, pour une personne qui avait dit une telle chose, elle semblait rester bien longtemps. Alors il parla. Parce que le silence était pesant et qu’il ressentait subitement le besoin de le remplir, comme si parler comblerait celui qui se trouvait au fond de son ventre.

— Je ne te reproche rien, Alduis.

La réponse le surprit. Ah bon ? Elle ne lui reprochait rien ? Déstabilisé par cette déclaration, il baissa la tête et serra les doigts autour de la crinière de Courage. Pour répondre, en hésitant entre une certaine tristesse, un peu d’aigreur - envers la vie - et beaucoup d’incompréhension.

— Tu devrais pourtant.

Parce qu’il l’avait tué. Parce que ça aurait été ce que chacun aurait fait. Un frisson glacé courut sur sa peau. Mais Éléonore ne se démonta pas. Déjà, elle reprenait, poursuivant sur sa lancée.

— Je comprends ton geste. C’était… un geste d’amour, je le sais.

Drôle de geste d’amour, pensa une voix dans la tête d’Alduis, moqueuse. Il savait bien que lorsqu’on aimait vraiment les gens, on ne les poussait pas dans le vide. Ni ne les étouffait avec un oreiller. Pour quelles que raisons que ce fut. Il secoua la tête et se mit à parler, sans savoir ce qu’il allait répondre avant d’entendre sa propre voix s’élever.

— Je n’aurais pas pu… rester là… et le regarder. Pas sans rien faire.

Il avait préféré regarder son cadavre, et porter sa mort sur sa conscience, plutôt que de l’observer mourir.

— Je lui avais promis de rester jusqu’à la fin, reprit-il. Jusqu’à la fin.

Et il avait tenu sa promesse.

Quant à ce qu’elle lui avait dit… il secoua la tête. C’était vrai que ses mots résonnaient dans sa tête et donnaient plus d’ampleur aux voix. De nouveau, il retint un frisson. Ce n’était pas facile, de ne pas y penser, lorsque l’on avait une mémoire comme la sienne.

— C’est pas grave, murmura-t-il.

Mais il n’aurait pas cru que les mots qui franchirent les lèvres de la jeune femme le soulageraient autant. Comme s’il n’avait attendu que cela ces derniers mois. Il ne t’en aurait pas voulu. Il hocha doucement la tête. C’était comme si on venait subitement de lui donner l’autorisation de respirer. Il desserra les doigts et leva les yeux vers Éléonore.

Mais une petite voix sournoise vint s’immiscer dans son esprit pour se moquer. Le poids parti ne fut pas long à revenir.

Et Mathurin ?
T’en aurait-il voulu lui ?
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Message par Éléonore de Fromart Lun 29 Mar - 18:27

Aurait-elle dû lui reprocher son geste ? Non, certainement pas. Parce qu’elle savait, elle comprenait. Parce que d’une certaines manière, il l’avait fait par amour. Par amour… ou du moins, pour ses principes. Mais cela revenait au même : l’intention était noble. Et quoi qu’elle puisse en souffrir désormais, il avait épargné à Ariste une agonie atroce.

Elle le comprenait d’autant mieux qu’il l’avait vécu. Il n’avait pas supposé de manière irréfléchie, non : il savait que dans cette situation, il n’était qu’une seule chose que l’on pouvait vouloir. Le seul paramètre atroce dans cette histoire était qu’elle avait dû survivre, elle. Et qu’elle n’avait plus d’espoir, elle. Le seul qui avait vraiment su la faire rire… oh, c’était certainement déjà terminé, maintenant.

Quoi qu’il en soit, Alduis n’était pas responsable - elle comprenait qu’il n’ait pas pu rester comme ça après ce qu’il avait traversé. Les atrocités qu’elle avait proférées, il ne les avait nullement méritées. Elle s’assura qu’il le comprenne. Elle ne le pensait pas. Il était quelqu’un de bien. Il n’était pas obligé de lui pardonner - même pas de prétendre que ce n’était pas grave -, elle voulait juste, autant qu’elle le pouvait, le décharger du poids de ses paroles malheureuses.

Et puisque son avis n’était peut-être pas suffisant, elle le rassura au nom du principal concerné. Parce qu’elle ne connaissait mieux que quiconque, et qu’elle avait le droit de se prononcer pour lui. Cela sembla l’apaiser un moment… Puis, quelque chose dans son regard se troubla de nouveau. Alors, elle entreprit de clairifier un point.

— Ariste te l’a demandé, pas vrai ? De rester jusqu’à la fin ? Mais la réponse lui apparaissait déjà comme évidente. Elle le sentait dans ses tripes : Il avait déjà renoncé. Il était déjà mort, Alduis… Tu n’as fait que rendre les choses plus faciles pour lui.

Elle ne savait pas si c’était lié à son mal-être, mais après tout, un poids en moins était toujours un poids en moins. Elle ne savait pas quels fantômes l’habitaient, mais une chose était certaine : il était hors de question que celui d’Ariste le tourmente. Ariste était celui en qui on puisait de la force et du réconfort - c’était bien ce qui rendait son absence si lancinante. Hors de question qu’Alduis ait le moindre doute.

— Il y a… quelque chose... reprit-elle.

Elle plongea la main gantée dans son manteau, et la ressortit munie d’une dague, presque jumelle de celle qu’elle conservait si précieusement. Alduis la reconnaitrait, la jeune femme en était certaine. Elle la lui présenta en la tenant par la lame.

— Il aurait voulu que tu aies ceci. Et moi aussi.
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Message par Alduis de Fromart Mar 6 Avr - 23:45

Alduis osa un sourire. Il n'aurait pas cru que les mots de la jeune femme auraient su apaiser cette angoisse dans son ventre. Il avait la sensation qu'on lui avait un poids de la poitrine. Il avait fait ce qu'il fallait faire. C'était rassurant.

Mais il restait Mathurin, toujours là dans un coin de son esprit. Il n'avait pas de sœur pour parler en son nom. Pas de proches qui pourraient lui pardonner. Et quand bien même ! Pourquoi l'auraient-ils fait ? Il avait achevé Ariste, certes, mais il avait assassiné Mathurin.

Et cela... on ne pouvait pas le pardonner. Il secoua la tête pour se changer les idées et repousser — pour la millième fois — le cadavre désarticulé du jeune homme. Il savait que les regrets ne le ramèneraient mais cela ne lui empêchait pas de s'en vouloir chaque jour davantage, d'autant quand il voyait Alexandre. Il ne pouvait pas s'empêcher de s'imaginer comment il serait à l'heure actuelle, ce qui se serait passé s'il avait laissé les choses se faire naturellement.

Il hocha la tête, sans savoir quoi répondre. Oui, il lui avait demandé de rester jusqu'à la fin. Il avait tenu sa promesse. Mais même si elle posait la question, elle connaissait déjà la réponse. Il baissa les yeux. Il avait envie de la croire.

— Je suis désolé, dit-il encore. Je ne voulais pas te forcer à vivre. Pardon.

Il comprenait trop bien ce que c'était, d'être sans cesse empêché de mourir pour vouloir l'imposer à quelqu'un. C'était néanmoins ce qu'il avait fait lui-même.

— C'est toi que j'ai tuée... alors que je te connaissais même pas... Pardon.

Soudain, Éléonore s'approcha. Alduis était toujours dans le boxe et la jeune femme en dehors, la porte les séparait encore. Quelque chose ? Alduis ne bougea pas. Que voulait-elle dire ?

Elle sortit alors un objet de son manteau. Une arme. Une dague. Pas n'importe qu'elle. L'une de celles d'Ariste. Il ouvrit de grands yeux. Et elle la lui tendait ? Vraiment, c'était pour lui ? Il n'osait pas y croire. Il savait quelle importance Ariste attachait à ses lames.

Alduis se disait qu'elle allait renoncé à cette idée mais elle semblait insisté. Alors il tendit doucement la main pour prendre le pommeau. Elle était équilibrée et légère. Pratique et effilée. Il l'observa avec attention, comme si elle était en verre. Doucement, il passa son doigt sur la lame pour juger le tranchant. Une goutte de sang glissa sur la pulpe de son index. Sans s'y arrêter, il le porta à sa bouche pour essuyer. Le sang ne coula pas davantage.

Il releva la tête vers Éléonore. Il savait quelle valeur avait ce présent. Et il ne trouvait pas les mots pour l'exprimer. Alors il sortit du boxe pour la serrer fort contre lui.

— Merci, je la chérirais comme la prunelle de mes yeux. Promis.

Puis il la passa à sa ceinture, doucement à côté de celle de Soffrey. C'était étrange, ce n'étaient que leurs armes mais ainsi, il avait la sensation qu'ils étaient un peu avec lui.
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Message par Éléonore de Fromart Jeu 8 Avr - 17:13

Il n’avait pas voulu la forcer à vivre, Eléonore le savait. Elle ne lui en voulait pas. Il n’y avait qu’une chose à faire, en réalité : le remercier. Oui, elle aurait préféré pouvoir mourir en paix, ce jour-là. Elle avait été sereine, prête. C’était limpide jusqu’à ce qu’elle lise ce fichu courrier. Mais c’était la volonté d’Ariste. Si c’était ce qu’Ariste voulait pour elle, qu’importe que ce fut pénible ou qu’elle ne puisse s’empêcher de rêver de délivrance, elle n’avait pas le droit de contester. Ni de souhaiter avoir pu l’éluder. C’était comme cela.

— Je te l’ai dit : je ne t’en veux pas.

Il l’avait tuée, tout en la forçant à vivre. Dit comme cela, c’avait l’air idiot. Incensé. Et pourtant, d’une certaine manière, c’était vrai. Quoique cela prêtait à rectification :

— Non : c’est le typhus qui m’a tuée, Alduis. Toi, tu as empêché de souffrir la seule partie de moi qui comptait vraiment.

Elle se détestait de l’avoir fait culpabiliser. Elle se détestait, parce qu’elle savait qu’il avait agi pour le mieux. Pas pour elle, non, mais pour celui qui avait toujours eu le plus d’importance à ses yeux : il était mort persuadé qu’elle s’en relèverait et sans davantage de souffrances gratuites. Elle n’arrivait toujours pas à comprendre comment son tout avait pu se figurer qu’elle serait capable de vivre sans lui, mais ça, c’était une autre histoire…

Alduis semblait éberlué lorsqu’elle lui tendit la dague. Elle, elle n’en doutait pas. C’était pour lui. Ariste aurait certainement pensé à lui en confier une s’il avait encore été en état d’y penser. Il l’avait privilégiée elle. La première et la dernière dans son coeur à jamais. Il la pensait sans doute capable de gérer le reste. Sans lui, elle ne savait plus rien faire correctement, mais cela, elle savait qu’il l’aurait voulu. Parce qu’Alduis aussi avait occupé une place importante pour lui. Et qu’en moins d’un mois, c’était pour elle qu’il avait pris de l’importance.

Il semblait lui avoir pardonné, sans qu’elle n’ait fait l’affront de le demander. Sinon, il aurait peut-être accepté son présent, mais il ne l’aurait pas étreinte ainsi après avoir inspecté l’arme.

Il semblait vraiment touché par ce cadeau, et elle en avait presque les larmes aux yeux. Elle lui rendit brièvement son étreinte. Il ne la détestait pas. Elle l’aurait mérité, pourtant. Il était formidable. Si seulement il avait bien voulu l’entendre…

— Je n’en ai jamais douté, répondit-elle tandis qu’il rangeait cette dague à sa nouvelle place. Avec lui.

Elle avait l’impression de lui avoir confié une partie de son Bien-nommé, et par là même une partie d’elle. Indissociables qu’ils avaient été. Mais elle ne le regrettait pas. Elle n’avait pas l’impression de l’avoir perdue, au contraire. Elle l’avait partagée pour lui rendre son éclat.

— Encore désolée de m’être emportée, l’autre jour… Je…

... ne sais rien faire correctement depuis qu’il n’est plus là

— je t’ai dit que je ne t’abandonnerais pas, et c’était vrai. Mais je ne m’imposer si… Si tu n’as plus envie de me voir.

Parce qu’après tout, le fait qu’il ne la déteste pas ne signifiait pas qu’il la considérait encore comme une amie. Ni qu’il était prêt à la supporter plus longtemps. D’ailleurs, ne plus la revoir lui serait sans doute favorable… mais elle, elle n’aurait pas la force de couper les ponts. Sans Ariste, elle était bien trop lâche pour ça.
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Message par Alduis de Fromart Mer 14 Avr - 15:09

Elle ne lui en voulait pas. Oui mais… Cela ne changeait rien. Il avait écrit la lettre qui lui avait imposée de vivre. Il avait achevé Ariste. Il savait bien, au fond, qu’il avait fait ce qu’il restait à faire vis-à-vis du soldat. Il aurait voulu que quelqu’un soit là pour le faire quand il avait été à sa place…

Ce qu’il n’avait pas prévu, en revanche, c’était qu’Éléonore en souffrirait davantage que n’importe qui. C’était elle que la maladie avait détruit, bien plus que cela n’avait été le cas pour Ariste lui-même. Il ne répondit rien alors qu’elle parlait. Qu’aurait-il pu dire ? Tout lui semblait vide de sens.

Quant à cette dague… Cette dague. Ce n’était pas rien que de la tenir entre ses mains. Il savait quelle valeur pouvaient avoir des armes, pour un militaire. Les siennes étaient comme une extension de lui-même. Elles le rassuraient. Il était tellement habitué à sentir leurs poids autour de sa taille que leur absence provoquait toujours une sensation de manque. Alors ce cadeau, c’était le plus beau qu’elle pouvait faire, le seul qui aurait eu une véritable valeur à ses yeux.

La dague d’Ariste alla rejoindre celle de Soffrey à sa ceinture. Et il la serra dans ses bras. Spontanément. Et Éléonore le serra contre elle, brièvement. Il finit par reculer. Tandis qu’elle parlait, il la regardait, sans broncher, sans faire un geste, et attendait qu’elle ait terminé.

La fin le surprit. Il pencha la tête sur le côté, comme s’il essayait de comprendre un truc qui lui échappait, puis il finit par demander sincèrement :

— Pourquoi je ne voudrais plus te voir ?

Il fit une brève pause et ajouta :

— On est amis, non ? Et des amis qui ne veulent pas se voir, ce ne sont pas des amis.
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Message par Éléonore de Fromart Mer 14 Avr - 21:00

S’il avait décidé de ne plus la voir, elle l’aurait accepté. Parce qu’elle n’avait pas le droit de lui imposer sa présence - ni même son existence générale - s’il ne le voulait pas. Moins encore après ce qu’elle lui avait fait. Au fond, s’il décidait de la rayer définitivement de sa vie, elle pourrait peut-être plus facilement tirer un trait sur la sienne. Plus facilement en finir.

J’ai ri, l’autre jour ! Que te faut-il de plus ! Et j’ai eu un ami. Et j’ai réparé mes bêtises. C’est assez, non ?

Non. Elle ne se faisait pas d’illusion. Cela ne lui suffirait pas. Elle était enchainée à cette vie, maintenant, et elle ne trouverait jamais la force de désobéir. Et pourtant, elle avait essayé de nombreuses fois depuis avril. Elle n’arrivait plus à aller au bout. Et elle y arriverait sans doute encore moins maintenant que quelqu’un comptait sur elle. Maintenant qu’au fond d’elle, il existait un petit espoir… C’était pour cela, sans doute, qu’elle faisait encore tant de choses stupides : pour trouver une excuse qui lui permette d’abandonner.

Pourquoi n’aurait-il plus voulu la voir ? Elle lui aurait bien listé tout ce qu’il y avait à lui reprocher. A force de se rester seule face à elle-même, elle en avait trouvé pas mal. Sans doute même avait-elle réussi à en oublier, idiote et lâche qu’elle était.

Mais il était encore son ami. Il ne la détestait pas. Sous le coup de l’émotion, elle se jeta dans ses bras.

— Tu as raison : on est amis.

Elle se détestait. Elle se détestait de lui avoir fait du mal. Elle se détestait de s’être énervée toute seule pour rien, juste parce qu’elle avait souffert. Elle allait essayer de se rattraper, c’était promis. Elle n’était plus bonne qu’à ça, maintenant : se rattraper.

— Je t’aime beaucoup, Alduis, tu le sais ? demanda-t-elle en le serrant contre elle.

Oui, elle l’aimait beaucoup. Comme… Un ami très cher, même s’ils ne se connaissaient pas depuis si longtemps. Au fond, même si c’avait pu l’aider à partir, elle n’aurait pas voulu tout gâcher.
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