[16 janvier 1598] D'un regard qui panse ¤ ft. Lavinia [Terminé]
Page 1 sur 1 • Partagez
[16 janvier 1598] D'un regard qui panse ¤ ft. Lavinia [Terminé]
Laurine Monge
Voilà plusieurs jours que Dyonis se consacre à trouver celle en qui Lavinia et lui-même pourraient mettre toute leur confiance. Il a ressorti des dossiers entiers d'adresses, épluché ses contacts, et finalement retrouvé le nom ainsi que les coordonnées d'une apprentie soigneuse. La jeune femme tout juste mariée est infirmière, encore en attente d'évoluer très prochainement vers le saint graal que représente le statut de matrone. C'est dans le cadre de la recherche de mains bienveillantes pour soigner les esclaves perquisitionnés à Rottenberg que le baron avait fait sa connaissance. Et elle lui a semblé tout indiquée pour l'office qui s'annonce en ce jour... Professionnalisme, douceur, calme, mais aussi un petit sens de la conversation propre à détendre les patients, la dénommée Laurine avait pansé les misères aussi bien physiques que morales de plusieurs victimes de l'abominables Martin-Ulysse.
Elle est donc là ce matin, convoquée exprès à Frenn. Avec son aval, un véhicule missionné par le Premier Conseiller est allé la chercher. Dyonis l'aura reçue comme il se doit, lui aura proposé un rafraîchissement de bon accueil, et à présent il se trouvait avec elle dans la petite chambre bien chauffée où allait arriver Lavinia. Son père a envoyé William la faire appeler. Il a pris toutes les dispositions : la pièce est claire, apaisante, dotée de fauteuils autour d'une table basse ou attend du thé - se besoin de faire une pause au milieu de l'examen pour se détendre. Quand sa fille passe la porte, Dyonis approche, passe un bras à ses épaules et lui sourit :
"Lavinia, je vous présente Madame Laurine Monge."
Il la regarde. Elle s'incline, timide mais souriante, à l'entrée de cette noble jeune femme.
"Madame."
"Vous pouvez avoir toute confiance en elle pour votre auscultation et pour les suites qui seront à donner."
"Si vous avez la moindre question avant de commencer, Madame, ou tout au long de cette rencontre, je vous prie de ne surtout pas hésiter ! Tout ira bien."
Inutile d'en dire davantage, Lavinia tout comme son père et l'infirmière savent de quoi il en retourne. Constater les marques de maltraitances, donner quelques conseils de bien-être pour les semaines à venir, et surtout : dresser le procès verbal de tout ce qui aura été observé de condamnable sur le corps de la jeune femme. Avec un rapport écrit en main, établi du reste par une praticienne de parfaite moralité et dont le travail est reconnu, Lavinia et Dyonis pourront ensuite engager des choses très sérieuses contre Antoine de Kergemont.
Derrière Laurine attendent un lit et un paravent pour le dissimuler : le baron est présent pour le soutien à Lavinia, mais il est bien évidemment hors de question, au nom de la décence, que son regard de père et d'homme assiste au détail des opérations. Seule la dame Monge passera avec la jeune femme de l'autre côté de ce haut cache de bois verni.
Re: [16 janvier 1598] D'un regard qui panse ¤ ft. Lavinia [Terminé]
Lavinia avait mal dormi cette nuit, même sa promenade nocturne dans les jardins ne lui avait pas permis d’obtenir un sommeil reposant. Encore là, à cette heure matinale, elle déambulait autour des écuries. Celles-ci étaient désertes et tant mieux. Elle avait besoin d’être seule pour garder son calme, l’épreuve à laquelle elle allait se soumettre était assez affolante en soit pour ajouter une quelconque distraction. Elle n’était pas d’humeur à alimenter une conversation quand elle savait ce qui allait se jouer.
Elle était en train d’appliquer des exercices de respirations quand William était venu à sa rencontre. Malgré elle, son estomac s’était contracté, son père la faisait quérir, elle ne pouvait plus reculer. Durant tout le trajet, elle s’efforça de rester calme, de réfréner ses tremblements. Il était hors de question d'apparaître dans la pièce que lui présentait William toute affolée.
Son souffle se bloque tout de fois quelques instant lorsqu’elle fait son entrée auprès de son père et de la jeune femme qui s’appraite à l’examiner. Son père la rassure automatiquement, son contact l’apaise et lui donne la force de répondre à ses présentations en s’inclinant également avec un demi-sourire.
— Madame. Je m’en remets à vos bons soins en toute confiance.
Du coin de l'œil, Lavinia aperçoit le lit dissimulait par un paravent. C’est plus fort qu’elle, son corps recule instinctivement. Dyonis est au premières loges pour constater son geste malheureux. Lavinia peine à repousser cette pulsion qui la force à faire demi-tour et s’enfuir. Elle joint ses mains sur son ventre afin de camoufler leurs tremblements.
— Que dois-je faire ? réussit-elle à articuler. Je retire ma toilette et vous attends derrière ?
Quelle était sotte à enfoncer des portes ouvertes de la sorte. Cela ne manquerait pas de mettre également son père mal à l’aise.
Elle était en train d’appliquer des exercices de respirations quand William était venu à sa rencontre. Malgré elle, son estomac s’était contracté, son père la faisait quérir, elle ne pouvait plus reculer. Durant tout le trajet, elle s’efforça de rester calme, de réfréner ses tremblements. Il était hors de question d'apparaître dans la pièce que lui présentait William toute affolée.
Son souffle se bloque tout de fois quelques instant lorsqu’elle fait son entrée auprès de son père et de la jeune femme qui s’appraite à l’examiner. Son père la rassure automatiquement, son contact l’apaise et lui donne la force de répondre à ses présentations en s’inclinant également avec un demi-sourire.
— Madame. Je m’en remets à vos bons soins en toute confiance.
Du coin de l'œil, Lavinia aperçoit le lit dissimulait par un paravent. C’est plus fort qu’elle, son corps recule instinctivement. Dyonis est au premières loges pour constater son geste malheureux. Lavinia peine à repousser cette pulsion qui la force à faire demi-tour et s’enfuir. Elle joint ses mains sur son ventre afin de camoufler leurs tremblements.
— Que dois-je faire ? réussit-elle à articuler. Je retire ma toilette et vous attends derrière ?
Quelle était sotte à enfoncer des portes ouvertes de la sorte. Cela ne manquerait pas de mettre également son père mal à l’aise.
Re: [16 janvier 1598] D'un regard qui panse ¤ ft. Lavinia [Terminé]
Laurine Monge
Dyonis devine bien que le début de journée n'aura pas été des plus agréables pour sa fille. Se préparer à un examen comme celui-ci a dû certainement lui tenir les tripes nouées, comme quand on se prépare à une opération de taille et que tout semble nous oppresser jusqu'à la fin de la chose. Il accueille Lavinia d'une étreinte et d'un sourire rassurants, lui présente Laurine. Cette dernière inclina la tête à la prise de parole de la demoiselle de Frenn, mais demeure un temps en retrait, permettant à Lavinia de prendre encore avec son père - ou seule - tout le temps nécessaire avant de passer à l'action.
Le paravent et ce qu'il implique génère chez la jeune femme une marque d'anxiété qui n'échappe pas au baron. Le bout de sa prothèse revient lentement à l'épaule de sa fille. Il cueille son regard et souffle un :
"Tout va bien se passer."
Personne ici pour la dévêtir de force, l'insulter, la brutaliser... Autant de choses qui remontent sans doute à la gorge de Lavinia à la simple idée de devoir quitter ses habits. Puis il s'écarte quand sa fille s'adresse à l'infirmière, qui à son tour acquiesce à la question qu'elle devine générée uniquement par la tension de ce moment.
"Oui, s'il vous plaît. Mais prenez tout votre temps, appelez-moi dès que vous vous sentez prête."
Dyonis s'assied mais demeure attentif à tout. Il a apprécié de voir Madame Monge laisser ses feuillets et sa plume dans un cabinet adjacent, devinant le motif de ce geste : c'est afin de ne pas avoir l'indélicatesse de noter le triste liste des blessures devant la concernée. Cette femme devait avoir une bonne mémoire. Le seigneur comprit qu'elle allait retenir tout de ce qu'elle voyait et ne procéder au rapport qu'une fois Lavinia partie... à moins bien sûr que cette dernière ne demande ouvertement à le regarder en cours d'écriture.
Re: [16 janvier 1598] D'un regard qui panse ¤ ft. Lavinia [Terminé]
Lavinia alla se réfugier derrière le paravent. Derrière ce mur pourtant si fragile, elle se sentait quelque peu rassurée. L’objet était assez opaque pour qu’on ne puisse pas la voir, mais l’on pouvait tout de même apprécier les silhouettes au travers, ombre ondulant sur la toile comme un de ces arts asiatiques.
Elle pouvait entrevoir celle de son père qui s’était assis dans un des fauteuils mis à disposition. Sa présence était rassurante même si elle ne pouvait s'empêcher de penser que pour lui cela devait être une sorte de honte de devoir supporter une solution comme celle-là.
Elle réalisa quelques exercices de respirations pour disperser la tension qui l’habitait et entama la lourde tâche de se dévêtir. Elle retira tout ce qu’elle put jusqu’à rencontrer la difficulté du corset. Elle se faisait tellement du mouron pour cette entrevue qu’il ne lui était pas venue à l’esprit de trouver une toilette plus facile à retirer. Quelle gourde !
— Je… pouvais-vous m’aider à déserrer mon corset ? Je pense être prête après cela.
Le plus dur allait arriver, supporter le regard sur son corps. Allait-elle devoir justifier chaque marque ? Devrait-elle narrer les circonstances qui lui avaient valu de tels souvenirs ? Elle avait pu se livrer à Eldred, elle devait trouver le courage d’en faire de même ici.
Elle pouvait entrevoir celle de son père qui s’était assis dans un des fauteuils mis à disposition. Sa présence était rassurante même si elle ne pouvait s'empêcher de penser que pour lui cela devait être une sorte de honte de devoir supporter une solution comme celle-là.
Elle réalisa quelques exercices de respirations pour disperser la tension qui l’habitait et entama la lourde tâche de se dévêtir. Elle retira tout ce qu’elle put jusqu’à rencontrer la difficulté du corset. Elle se faisait tellement du mouron pour cette entrevue qu’il ne lui était pas venue à l’esprit de trouver une toilette plus facile à retirer. Quelle gourde !
— Je… pouvais-vous m’aider à déserrer mon corset ? Je pense être prête après cela.
Le plus dur allait arriver, supporter le regard sur son corps. Allait-elle devoir justifier chaque marque ? Devrait-elle narrer les circonstances qui lui avaient valu de tels souvenirs ? Elle avait pu se livrer à Eldred, elle devait trouver le courage d’en faire de même ici.
Re: [16 janvier 1598] D'un regard qui panse ¤ ft. Lavinia [Terminé]
Laurine Monge
Le baron regarde ailleurs, laissant ce moment déjà difficile pour Lavinia à elle seule et à la jeune infirmière. D'autant que ce paravent n'est pas complètement couvrant. On entend toutefois son souffle tranquille, et sa posture stable donne à sentir la présence droite et calme prête à intervenir à la moindre tension. Mais tout semble se dérouler correctement. Il écoute sa fille avoir recours à quelques exercices de souffle qui, espère-t-il, la tranquillisent suffisamment.
"Bien sûr," acquiesce Laurine à la demande de la demoiselle.
Aucune gêne dans sa voix : elle est tout à fait habituée à ce genre de demandes auprès de patientes, et même parfois de plus difficiles encore quand les consternées sont dans des états de dépendance avancée - les rendant incapable de retirer quoi que ce soit seule. L'infirmière approche donc et ses mains fines s'emploient doucement à desserrer les nœuds du corset. Un à un, elle commence à écarter les lacets, en espérant ne pas faire mal à Lavinia. Sans question maladroite mais d'un simple regard interrogateur, elle lui demande si tout va bien. C'est alors qu'elle perçoit chez la jeune noble un certain malaise alors qu'approche le plus difficile. Aurait-elle une question qu'elle n'ose poser ? Un problème qui n'aurait pas encore été soulevé ?
"Quelque chose vous préoccupe, Madame ?" demande-t-elle par acquis de conscience, avec le ton le plus naturel possible.
Re: [16 janvier 1598] D'un regard qui panse ¤ ft. Lavinia [Terminé]
L’infirmière avait bien senti ses inquiétudes en l’aidant à ôter son corset. Elle s’était juré d’être forte et d’aller de l’avant, alors dans un souffle, elle interrogea la jeune femme.
— Comment voulez-vous procéder ? Vous constatez juste… les faits ou je vous narre les circonstances ?
Pourquoi se sentait-elle si vulnérable ? Ce n’était pas elle qui était en faute dans toute cette histoire. Mais si les conclusions venaient à dire qu’il n’y avait rien de probant ? Que tout ce qui lui était arrivé était tout à fait normal. Après tout, son mari avait, grâce à leurs alliances, droit sur son corps et son esprit.
Lavinia secoua la tête pour faire disparaître ses pensées négatives qui l'empêchaient de vivre sa vie comme elle l’entendait. Elle profita du courage qui venait de ressurgir pour finir de se dévêtir et montrer au grand jour sa première marque, celle qui lui barrait le ventre. Elle devait vivre avec, autant les accepter à présent. Elle devait en faire une force et plus un boulet qu’elle trainerait.
— Mon...époux est un soldat. Il côtoie la violence et la mort à longueur de journée. Je n’ai jamais réussi à être à la hauteur de ce qu’il attendait de moi. Vous voyez, il n’est pas du genre très patient et à montrer son affection. Des fois je me dis que le problème vient de moi et que je n’ai pas su...
Lavinia ne fiit pas sa phrase, elle était tellement vide de sens.
— Comment voulez-vous procéder ? Vous constatez juste… les faits ou je vous narre les circonstances ?
Pourquoi se sentait-elle si vulnérable ? Ce n’était pas elle qui était en faute dans toute cette histoire. Mais si les conclusions venaient à dire qu’il n’y avait rien de probant ? Que tout ce qui lui était arrivé était tout à fait normal. Après tout, son mari avait, grâce à leurs alliances, droit sur son corps et son esprit.
Lavinia secoua la tête pour faire disparaître ses pensées négatives qui l'empêchaient de vivre sa vie comme elle l’entendait. Elle profita du courage qui venait de ressurgir pour finir de se dévêtir et montrer au grand jour sa première marque, celle qui lui barrait le ventre. Elle devait vivre avec, autant les accepter à présent. Elle devait en faire une force et plus un boulet qu’elle trainerait.
— Mon...époux est un soldat. Il côtoie la violence et la mort à longueur de journée. Je n’ai jamais réussi à être à la hauteur de ce qu’il attendait de moi. Vous voyez, il n’est pas du genre très patient et à montrer son affection. Des fois je me dis que le problème vient de moi et que je n’ai pas su...
Lavinia ne fiit pas sa phrase, elle était tellement vide de sens.
Re: [16 janvier 1598] D'un regard qui panse ¤ ft. Lavinia [Terminé]
Laurine Monge
"Le rôle du rapport que je vais établir n'est que de constater, Madame. Rien de plus" veut la rassurer Laurine alors que Lavinia se prépare après un souffle pour tenter de s'apaiser. "Il s'agit d'établir une preuve, qui viendra appuyer vos démarches, mais vous n'avez pas à vous justifier de quoi que ce soit."
Un constat tout à fait neutre et détaché. Voilà quel est son travail. Le reste appartient à la jeune femme. Le document ferait en toute neutralité la liste des sévices remarquables, mais ne doit rien donner à lire de plus - encore moins ce qui relève de questions aussi intimes et douloureuses. D'autres professionnels prendront en charge cette partie-là si des actions en justice sont menées.
En voyant la demoiselle de Frenn reprendre courage, Laurine lui adresse son sourire le plus chaleureux et pose doucement une main sur son épaule : un de ces gestes plein de conviction qui lui dit "vous allez y arriver, vous êtes forte, tout va bien se passer". Alors commence la prise en considération de chacune des marques, à commencer par cette longue au milieu du ventre. Autant de traces égrenées au fil d'un calvaire. L'infirmière sait rester impassible et professionnelle, le visage encourageant, mais son cœur se serre. Lavinia semble avoir besoin de parler et elle écoute son triste récit.
Dyonis aussi, de l'autre côté du paravent. Il serre les mâchoires et retient un soupir. Depuis son retour, combien de personnes avaient dit et répété à Lavinia qu'elle n'est pas coupable. Qu'elle vaut mieux que cela. Que son mari est le seul criminel de l'histoire et ne s'en tirerait pas ainsi... Cela est apparemment si difficile à admette encore, le chemin est long. Le seigneur de Frenn espère que de l'entendre de la bouche d'une professionnelle - et d'une autre femme - saura apporter sa pierre à l'édifice.
Laurine prend le temps de s'installer en face de la jeune femme, ses mains viennent à la rencontre des siennes, s'y referment avec calme. Yeux dans les yeux elle engage :
"Madame, la profession de votre époux n'a rien d'une excuse. Combien de soldats compte notre Empire ? Figurez-vous ce que ce serait si tous étaient des brutes épaisses dans leur foyer ? Et en vous épousant, il a juré de vous aimer et de vous devoir la protection. Et c'est ce qu'on fait si on aime vraiment quelqu'un." (Un temps) "Nous nous connaissons à peine, mais suffisamment déjà pour vous dire que rien ne mérite la façon dont il vous traite. Il est coupable. Et lui seul. Vous valez tellement mieux que lui, vous vous devez de retrouver la joie et de ne plus le laisser vous atteindre. Partir, cela a déjà demandé un immense courage. Accepter cet examen aussi. C'est bien la preuve que vous êtes forte et vous vous voulez autre chose pour la suite de votre vie, parce que les premières étapes sont toujours les plus difficiles."
Re: [16 janvier 1598] D'un regard qui panse ¤ ft. Lavinia [Terminé]
Lavinia écouta avec attention le discours plein de bienveillance. Celui-ci faisait écho à bien d’autres qui émanaient de diverses personnes de son entourage. Ils avaient tous raison, et elle devait se battre pour enfin avoir la vie qu’elle méritait, exempt de violence. Un coup d'œil vers l’ombre qui appartenait à son père lui redonna du courage. Un autre l’aurait renvoyé chez elle sans remords en prônant le devoir conjugal qu’importe les conditions. Elle avait de la chance d’avoir un lieu où se réfugier à l’abri de son époux.
Elle sera en retour les mains de Laurine et lui offrit un sourire déterminé. L’inspection de ses cicatrices sembla terminée même si certaines n’étaient plus visibles depuis. Lavinia se rhabilla après en avoir demandé l’autorisation silencieuse. Elle attendit qu’on l’invite à quitter la protection de son paravent.
Elle savait que de l’autre côté son père l’attendait avec patience. Mais d’un coup, une petite angoisse la saisit, il allait prendre connaissance de ses blessures indélébiles. Elle le connaissait toujours calme, maître de ses émotions. Comment allait-il prendre la chose ? À ne pas en douter, il ne montrerait rien devant elle.
Elle appréhendait pourtant ce moment et ce qui allait suivre. Elle était un peu perdue, elle ne savait pas ce qui allait se passer après la rédaction de ce fameux rapport. Cependant, elle avait toute confiance en son père et se remettait à son jugement.
— Puis-je ? demanda-t-elle en indiquant le fauteuil vide auprès de Dyonis.
Re: [16 janvier 1598] D'un regard qui panse ¤ ft. Lavinia [Terminé]
Laurine Monge
La détermination de Madame Lavinia fait grand plaisir à la jeune infirmière, tout comme au seigneur de Frenn qui, rien que par les ombres, devine ce qu'il s'échange de soutien et de courage entre les deux femmes. Mademoiselle Monge mène donc sans aucun commentaire son observation, prenant tout le temps nécessaire à la patiente pour oser lui dévoiler les différents endroits de sa personne.
Le rapport est rempli, empilant les lignes dont chacune racontait un petit morceau de la triste histoire. Mais aussi, quelque part, de la force qu'il a fallu à Lavinia pour oser quitter le domaine conjugal et entreprendre de changer de vie : ainsi certaines blessures sont-elles déjà sur la voie de s'estomper. Signe des cicatrisations à venir. Quand l'épreuve est passée, Laurine s'écarte pour laisser à la jeune femme le temps de se rhabiller. Elle dépose le dossier fermé près du seigneur de Frenn et s'incline devant lui, signe que son office est accompli.
Avant de quitter la pièce puis le domaine, Mademoiselle Monge serre une dernière fois avec douceur la main de Lavinia. Devant elle aussi, elle fait une petite révérence et s'éloignera après ses derniers vœux : "Je vous souhaite bon courage, Madame, pour la suite de vos démarches. Je prierai pour qu'elles aboutissent et que vous retrouviez au plus vite la vie épanouie que vous méritez."
Le seigneur la remercie, la fait raccompagner. Son regard bleu se repose alors sur le dossier fermé au coin de la table. Il ne l'ouvrira pas. Ce qu'il contient est terrifiant d'une part. Et d'autre part, relève de l'intimité de sa fille. Une fille ne souhaite sans doute pas que son père voit cela et un père, en retour, refuse d'associer la chair de sa chair à un froid rapport sur ses souffrances. Dyonis voit là-dedans une manière de respecter Lavinia. Celui qui regardera ce document, ce sera un magistrat dont ce genre d'affaires est le travail. Un professionnel, pour qui savoir ces choses-là n'aura nul impact sur quelque relation de proximité - inexistante - avec Lavina. Il est du reste inutile au seigneur de lire en détail un pareil document pour avoir une idée maintenant bien précise des épreuves essuyées par sa fille.
Cette dernière s'en revient justement près de lui. "Bien sûr." sourit-il en la laissant s'asseoir. A son tour il lui demande en désignant le dossier clos : "Fais-je emporter ceci dans mon bureau ? Il fera preuve le moment venu. Puis n'existera plus." Ni ces papiers, ni tout ce qu'ils racontaient de tragédie : Dyonis souhaitait juste que tout cela relève, d'ici quelques temps, uniquement de souvenirs à conjure.
Il approche d'elle, entoure un bras autour de ses épaules - avec le plus de délicatesse possible pour ne rien raviver des douleurs qu'il sait. Chaleur de leurs visages rapprochés. Leurs regards se croisent. "Vous avez été forte." assure-t-il, conscient que cet examen n'a pas été le moment le plus aisé qui soit. Aussitôt, en même temps qu'il verse pour tous deux de quoi déguster un rafraîchissement, son visage se réjouit. Il a une surprise à annoncer à Lavinia - et pas des moindres. Pourvu que cela lui fasse plaisir. Dans un sourire, il engage : "J'ai une grande nouvelle : Goderigue et Tommen se sont annoncés pour la toute fin du mois. Ils viennent avec leurs enfants, qui se réjouissent déjà de voir Tante Lavinia."
Sujets similaires
» [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
» Journal de Célénian
» [21 - 30 janvier 1598] Au bout de l'errance [Terminé]
» [4 janvier 1598] - Requiescat in pace [Terminé]
» [19 janvier 1598] - Légitimité d'existence [Terminé]
» Journal de Célénian
» [21 - 30 janvier 1598] Au bout de l'errance [Terminé]
» [4 janvier 1598] - Requiescat in pace [Terminé]
» [19 janvier 1598] - Légitimité d'existence [Terminé]
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum