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[21 - 30 janvier 1598] Au bout de l'errance [Terminé]

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Lun 22 Nov - 12:35

Les derniers jours n'ont laissé aucun répit. Cette soirée chez le roi d'abord. Puis il a fallu décuver et se remettre de ses émotions. Puis il y a eu... la sépulture. Aujourd'hui, Édouard est en terre. Dyonis est un peu plus reposé - pas calmé, mais au moins l'esprit plus clair. Assez clair pour être de nouveau furieux de ce que le vicomte a avancé lors de leur conversation juste avant la soirée. En comparaison, leur petite blague à lui et Der Ragascorn n'est rien du tout. Il doit entendre le principal intéressé.
Dans son bureau, le seigneur de Frenn appelle un de ses gardes. "Faites mander Eldred." ordonne-t-il aussitôt l'homme entré - et aussitôt obéi. Seul, Dyonis fait les cent pas, prothèses croisées dans son dos. Son crochet fait une telle pression qu'il en a un peu mal mais n'a même pas l'énergie de se décrisper. Le ministre a-t-il dit vrai ? Il aimerait que ce ne soit pas le cas mais soyons sérieux, pourquoi aurait-il menti et porté un coup aussi bas ? Non. Et s'il y a un sujet sur lequel les deux hommes peuvent se retrouver, c'est celui de leurs complications de pères... Mais alors Eldred... Comment a-t-il pu ?! Eldred et Lavinia, que s'est-il passé, par tous les Saints ?
Et dire qu'il avait toute confiance en ces leçons d'équitation. En Eldred. Et que, lui, le père de Lavinia, a tout fait pour essayer de lui redonner le sourire ! Oh bien sûr, elle a souffert des mains d'un mari indigne qui aura son châtiment en temps voulu, mais maintenant, comment va-t-on pouvoir défendre sa fille de façon crédible si on apprend en ville qu'elle a... a... Lavinia ne s'aide pas. Son tour viendra sous peu. Pour l'heure : Eldred.
Eldred... ce ne peut pas être son genre d'avoir profité de sa faiblesse, non, ce n'est pas cela... Le seigneur secoue soudain la tête. Il n'est pas temps d'aller aussi loin dans les questionnements. Chaque chose dans l'ordre. Il inspire. Remettre ses idées en place avant qu'Eldred n'entre. Une femme mariée. La fille de son maître...

Quand le Zakrotien passe le seuil, Dyonis se tient statuaire devant lui, à l'angle de son bureau. Pieds ancrés dans le sol, prothèses toujours fermes dans son dos. Il a le regard polaire et implacablement fixe des plus mauvais jours. Ses yeux clignent à peine - ou si rarement... La colère du Premier Conseiller n'est pas du genre à exploser d'un coup, mais à se couler dans l'atmosphère par toute cette posture glaciale. Sans détour et sans discours, il n'y va pas par quatre chemins :
"As-tu été intime avec ma fille ?"
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Message par Eldred Kjaersen Lun 22 Nov - 16:21





Eldred ordonnait le bois dans la remise après l’avoir coupé. Ainsi il pourrait sécher pour l’hiver prochain. Il fallait toujours anticiper d’une année sur l’autre pour que le stock soit toujours suffisant, on ne pouvait pas brûler du bois vert au risque de s’enfumer et d’encrasser la cheminée. Il y avait quelque chose de méditatif à les empiler les unes sur les autres. Son esprit voguait paisiblement dans le froid relatif de l’hiver monbrinien lorsqu’un garde l’interpella. Il fallait se rendre auprès du baron. Eldred le questionna, mais il ignorait la raison. « j’fais qu’obéir, t’sais, j’ai pas d’mandé » qu’il lui répondit. Il ne s’en étonna pas plus que cela, peut-être souhaitait-il sortir ? Eldred agita la tête et lui emboita le pas sans poursuivre la discussion. Le gars se poussa pour le laisser entrer.

Il s’inclina profondément notant tout de même l’atmosphère électrique et bien trop pesante de la pièce pour ne pas le faire frémir. Que s’était-il passé ? Ce n’est qu’en se redressant qu’il perçut le regard bleu foudroyant du baron de Frenn. Il aurait presque eu envie de se retourner pour être sûr que c’était bien à lui qu’il était destiné, mais en réalité… Y avait-il le moindre doute possible ? La bouche soudainement asséchée par l’air polaire, il déglutit péniblement, listant mentalement tous les méfaits que l’on pouvait lui reprocher : sédition, hérésie et…

— As-tu été intime avec ma fille ?

C’était… il se figea soudainement jusque dans les battements de son cœur. Que répondre à cela ? Que répondre à cela à part…

– Je… Oui, messire.

Et baisser la tête pour prier les Dieux qu’il soit assez chrétien pour ne pas l’envoyer au mur.
Et songer à ces derniers jours… Comment pouvait-il justifier son comportement si ce n’est par sa faiblesse d’homme ? Comment aurait-il pu l’avouer à un veuf qui aimait toujours sa défunte femme au point de se refuser aux autres ? Elle l’avait embrassé, il ne l’avait pas repoussé et c’était là sa première erreur.

– A Fromart, après son accident... Je suis allé prendre de ses nouvelles et…

Comment pouvait-il avouer que pris dans un élan de désir il avait cédé à son corps ? Que lui ne pouvait souffrir d’être seul depuis toutes ces années et qu’il essayait désespérément de tourner la page ? Comment pouvait-il avouer avoir été aussi naïf et idiot qu’un bambin pour avoir cru qu’il pourrait y avoir la moindre chose entre eux ? Elle…

Il releva la tête pour affronter son regard glacial. Il le méritait. Il méritait tout ce qui arriverait. Il voulait juste… Ne pas aller mourir au mur.

– Je sais que cela ne changera rien, mais je suis sincèrement désolé de ce qu’il s’est passé ce jour-là et je regrette terriblement d’avoir cédé.


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Message par Dyonis Howksley de Frenn Mar 23 Nov - 11:49

Avant même qu'Eldred réponde, son attitude le fait pour lui. Visage figé. Déglutition. Et puis il confirme. Cela lui fait au moins l'honnêteté à décharge. D'autres auraient nié, ou se seraient répandus en insupportables justifications. Et Dyonis préfère les choses directes. Malgré tout, les rides de colère s'accentuent à son visage qui en apparaît comme cassé.
Le Zakrotien penche la tête. Il peut, oui. Et dire que le baron l'a plusieurs fois défendu - en face du cochon de Monthoux, en face des insultes d'Alexandre sur son peuple, en face de Thierry lors de ses menaces de dénonciations même il l'aurait défendu coûte que coûte. Dyonis a en Eldred une immense confiance, ce qui ne fait qu'accroître sa peine qui en l'occurrence prend la forme de courroux.
Un sec hochement de tête tel un couperet reçoit les informations fournies. Fromart. Ceci explique cela et corrobore les dires du ministre. Sans montrer s'il reçoit déjà ou pas encore ses excuses, il écoute. Enfin ses prothèses parviennent à quitter son dos pour revenir le long de son corps. Un tout petit peu de vie a l'air de reparaître dans ses yeux à un mot qu'il répète pour l'ampleur de ce qu'il signifie : "Cédé."

Ainsi donc, cela dirait que ce n'est pas le Zakrotien qui a engagé les frais. Il y a seulement répondu - ce qui n'excusera rien, mais donne quand même un éclairage sur la situation. Lavinia. Lavinia aurait la première mis le pied dans le scandale. Lavinia qu'il ne reconnaît plus depuis son retour. Si les traitements de son mari ont de quoi la déphaser, son père ne peut pour autant admettre l'étendue de ce qu'il apprend là. En tout cas, pour l'heure, ce détail vient détendre un tout petit peu la face implacable du baron.
Beaucoup de questions restent. Que s'est-il diable passé ? Comment Lavinia s'est-elle égarée à ce point ? Eldred la fréquenterait-il encore après cela ou est-il sincère dans son regret - laissant présager qu'il en restera là après cela ? Il y a de toute manière intérêt. Un égarement, oui c'est probable. L'éclaircissement de tous ces points ainsi que des circonstances viendra ultérieurement - Dyonis n'en est pour l'heure pas capable. Il y réfléchit seulement. Le baron croit en la rémission et en la seconde chance. Ce qui lui permet de décrisper enfin la mâchoire pour laisser claquer sa voix :

"L'estime que j'ai pour toi et ce que je devine des torts en cette affaire t'épargnent la mort. Tu ne reverras plus ma fille." Son visage se ferme à nouveau. Déglutition. Il n'aime pas ce qui va suivre - comme il n'a jamais aimé assister aux châtiments publics, mais la loi et son incarnation sont ce qu'elles sont. "Gardes !" appelle-t-il.
Deux hommes ne sont pas longs à entrer, faisant sonner le bruit grinçant de leurs armes dans ce silence de mort. Désignant Eldred, yeux dans les yeux comme lui-même l'a fait plus tôt, le seigneur ordonne : "Trente coups de fouet." (Un temps) "Dix jours à garder le lit ensuite. Vous ferez mander la matrone."

Et déjà, alors qu'on entraîne Eldred vers le coin du domaine destiné aux sanctions, le baron se prépare. Il restera présent. Jamais il ne se dérobe à la vision, au ressenti et aux conséquence de ce qu'il commande ou de ce qui a trait à la loi de l'Empire - façon d'en assumer la responsabilité. Comme quand il avait assisté à la bastonnade d'Alexandre. Comme quand il restait ferme jusqu'au bout des graves sanctions d'esclaves rebelles. Comme quand il avait assisté au bûcher sur la Grand' Place. Il ne prend pas le moindre goût à ce spectable, il en bloque même sa respiration et visse son regard sur ce qui est en train de se produire. Derrière sa figure impassible, ses dents se sont serrées. Sa gorge se noue, son ventre s'alourdit de pierre mais il n'est pas question d'en laisser rien voir.
Ce sera donc en sa présence que le dos d'Eldred est découvert, que les soldats le lient, puis que s'abat la lanière pour les trente morsures ordonnées. Manière aussi pour le Premier Conseiller de veiller - pour faire bonne mesure - qu'aucun garde chargé d'administrer les châtiments ne se laisse aller à des abus... ou au contraire à des indulgences. De s'assurer, enfin, que lorsque se termine le supplice, toutes les bonnes mesures soient prises pour transporter convenablement Eldred et faire le nécessaire en termes de soin.
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Message par Eldred Kjaersen Mar 23 Nov - 14:34





avertissement - chatiment corporel:

Cédé. Oui, il avait cédé. Il aurait dû la repousser. Dès le départ, il aurait dû. Mais non, idiot qu’il était il avait cru, il avait cru qu’il pourrait y avoir plus. Il regrettait d’avoir cédé et pourtant il n’arrivait pas à regretter l’étreinte de leur corps. Il regrettait d’avoir cédé parce qu’il avait compris que ce n’était que la stabilité et l’oreille attentive qu’il était qui l’avaient attirée dans ses bras quand lui avait tenté de l’en éloigner. Il avait cru l’aimer. En fait, il ne pourrait sans doute plus aimer, moins encore maintenant qu’il finissait blesser qu’avant. Il était sincèrement désolé d’avoir brisé la confiance qui s’était établie entre eux et tous les mots du monde n’auraient jamais pu lui faire comprendre cela. Il n’y avait pas plus sourd qu’un homme en colère si ce n’était un père en colère. Peut-être bien qu’en cet instant son regard était bien plus démonstratif que ces paroles qu’il n’arrivait pas à sortir.

Il attendit que le verdict tombe avec une profonde appréhension. Si on devait l’emmener au mur… Si on devait… Alduis viendrait le tuer comme un guerrier n’est-ce pas ? Il ne voulait pas mourir indigne… Il eut un profond soupire de soulagement lorsque sa voix claqua pour annoncer qu’il renonçait à l’exécution. Eldred s’inclina profondément.

— Je vous remercie infiniment, Messire et je vous renouvelle mes sincères excuses. Peu importe la peine, je l’accepte de bonne grâce.

Qu’importe tant qu’il conservait sa vie. Qu’importe maintenant que son honneur était blessé. Aucune sanction ne lui ferait plus de mal que de le lire la déception dans le visage de celui qu’il avait si souvent voulu considérer comme un ami si leur rang n’avait pas jeté un fossé entre eux. Trente coups de fouet. Cela faisait quoi ? Deux minutes environ ? Rien qu’il ne puisse endurer. Les dix jours en revanche… Il croisa le regard du baron : il savait pertinemment qu’il manquerait les fiançailles n’est-ce pas ? Il déglutit péniblement avec toute la tristesse du monde dans le regard puis se redressa pour faire face aux gardes qui lui saisissaient les bras avec une poigne de fer.


— Inutile, je ne résisterai pas. Je vous suis.

Il emboita le pas aux gardes. À combien de ces coups de fouet avait-il déjà échappé depuis son arrivée à Frenn ? C’était si peu cher payer compte tenu de son ardoise. Arrivé à la cour des châtiments, Eldred retira lui-même son manteau puis sa chemise et se laissa lier les poings  au mât. Bien sûr, le Seigneur de Frenn se trouvait là imperturbable afin de vérifier le bon déroulé de l’opération. Cela n’en blessa que plus encore le zakrotien de savoir le spectacle qu’il lui offrirait et qu’il devrait subir. Honte, il avait affreusement honte.


Trente coups de fouet. Environ deux minutes de souffrance pour dix jours de supplice à se maudire de sa bêtise. Trente coups de fouet qu’il acceptait entièrement. Il ne crierait pas. Dans sa tête, il commença à chanter un air à la gloire d’Odin et de Tyr. L’un borgne, l’autre manchot. La mélodie qui résonnait dans les profondeurs de son esprit le ramena aux combats et à la paix intérieure qui les précédait immanquablement. Il inspira et ferma les yeux paisiblement.

Un... Deux… Trois...


Cela n’avait rien à avoir avec la morsure de l’acier dans la chair lorsque l’adrénaline du combat se déversait et qu’on se sentait plus vivant que jamais, en quasi-communion avec les autres mondes et pourtant parfaitement présent. Il sentait le feu se déverser petit à petit.

Quatre... Cinq… Six...

David les répartissait autant que possible sur son échine. Il serrait les mâchoires pour ne pas hurler. Endurer. Comme un homme. Comme un guerrier. Il revit cette bataille… Efjabörg… Là où il avait rencontré Alduis la toute première fois. Il avait failli le tuer. Il aurait dû le tuer, s’il n’y avait pas eu cette corne qui avait retenti.

Sept… Huit... Neuf…

Et maintenant, c’était lui qui venait d’échapper à la mort. Ce putain de mur de merde. Il acceptait pourtant chacun de ces coups avec une quasi-reconnaissance tant leur douleur n’était rien à côté des blessures qu’il aurait pu infliger par ses bêtises…

Dix... Onze… Douze…

Il se sentait si con. Il avait failli abandonner son meilleur ami pour une femme qu’il n’aurait de toute façon jamais pu avoir… Et le pire c’est qu’il y croyait ! Un bouseux de Zakros qui se faisait la fille du deuxième homme de l’Empire. Et en plus, il avait aimé sentir son corps contre le sien… Il n’aurait dû mériter que le mur.

Treize… Quatorze… Quinze…


Et tout ça pour quoi ? La peau de son dos pouvait bien commencer à se fissurer ou même peut-être à ruisseler, rien ne lui ferait jamais plus mal que cette colère retournée contre lui-même qui lui fouettait le cœur avec bien plus de vigueur. Aveugle. Stupide. Con comme une bouse…

Seize… Dix-sept… Dix-huit…

Il serrait si fort les mâchoires pour ne pas crier et ne surtout pas insulter ce pauvre David qui n’y était pour rien,  que le gout ferreux du sang se répandit dans sa bouche. Il ne s’exécutait pas de gaieté de cœur. En cet instant, il regrettait même jusqu’à sa bonne entente avec les gardes. Lui faire subir ça… Et les Dieux savaient qu’il réalisait parfaitement la position dans laquelle il le plaçait. Qu’il se rassure : il ne lui en voulait pas le moins de monde, pas même lorsque le fouet mordait sa chair meurtrie…

Dix-neuf… Vingt... Vingt-et-un…


C’était à lui qu’il en voulait et si ses yeux le brulaient autant que son dos ce n’était même pas par douleur, mais de rage envers ses putains de conneries… Cloitré pour dix jours. Mis à pied à ne rien faire. Rien. Rien. Rien.

Vingt-deux… Vingt-trois… Vingt-quatre…

Il ne serait même pas présent pour soutenir Alduis pour ses fiançailles. Quel blaireau d’ami il pouvait faire ! Tout ça pour quoi ? Pour quoi ? Pour quoi ? Il avait envie de hurler cette question jusqu’aux cieux, jusqu’à en faire agiter le feuillage de la cime d’Yggdrasil dans l’espoir que quelqu’un lui réponde. Il en avait l’âme labourée de sa bêtise et de sa faiblesse.

Vingt-cinq…  Vingt-six… Vingt-sept…

Comment avait-il pu trahir Dyonis pour… Il se sentait si misérable… Si misérable d’avoir brisé sa confiance. D’avoir piétiné allègrement tout ce qu’il avait mis des mois à bâtir. Et là encore, l’homme se révélait admirable et si magnanime à ne le faire que fouetter…

Vingt-huit… Vingt-neuf… Trente.

Il n’avait cessé de sentir son regard sévère sur son dos et cela lui faisait bien plus mal que tous les coups du monde. Il avait si honte. Ses yeux le brulaient. On l’attrapa sous les aisselles. Il cracha tout le sang qui inondait sa bouche à force d'en mordre tout ce qu'il pouvait. Ses jambes ne répondaient plus. Il n’avait pas le courage de croiser son regard pour y lire la profonde déception qui devait y flotter et le ferait couler l’instant d’après. Il se laissa trainer par les gardes jusqu’à sa paillasse… Comment avait-il pu tomber si bas ? Sa forêt lui manqua soudainement. Il n’avait pas la force de bouger lorsqu’on tritura ses plaies. Il aurait tant voulu disparaitre. Complètement, jusque dans la mémoire de tous pour qu’aucun n’ait à subir cela. Dix jours… En réalité, il préférait rester terrer là comme le rat qu’il était pour l’éternité.

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Dim 28 Nov - 14:46

Tout dans l'attitude d'Eldred signifie à Dyonis une honte sincère et pas moins de désarroi. Comme si les choses s'étaient emballées. Et qu'avec le recul il les considère déjà différemment. Plutôt bon signe. C'est avec dignité qu'il présente ses excuses puis suit les gardes sans faire le moindre remous - l'inverse aurait de toute manière étonné le seigneur.
Le petit groupe traverse le domaine dans un lugubre silence jusqu'à cette cour. Le seigneur surveille le déroulé des opérations tout en réfléchissant : oui, il sait très bien que le plus pénible n'est même pas forcément le fouet, mais les suite. Que les blessures qui prennent le plus de temps à sécher sont celles à l'âme. Qu'il va manquer les fiançailles de la demoiselle de Monthoux et son ami Alduis. Cela fait partie des choses à assumer. Il va cependant de soi qu'une fois de nouveau libre de ses mouvements, Eldred pourra revoir son ami.

Les lacérations commencent alors à claquer. Les nombres à s'égrener le long d'une douloureuse route. Dyonis surveille. Il salue la vaillance du Zakrotien, à la hauteur de la réputation des guerriers de chez lui. Eldred supporte sans cri. Il semble descendu en lui-même, à racler au fond de ses tripes tout ce qu'il a de patience et de capacité à résister - c'est à dire beaucoup. Enfin, quand claque le dernier coup, l'esclave s'effondre entre les bras des gardes qui le transportent. Un filet de sang, coulé de ses lèvres, macule le parterre en plus des flaques pourpres laissées par le serpent de cuir. Aussitôt, le baron fait appeler un domestique pour le nettoyage.

Il regagne son bureau d'un pas lourd, un soupir bloqué au fond de sa gorge. Assumant pleinement ce qu'il a ordonné, il a toutefois un instant de prière vers le Seigneur. Qu'il assiste Eldred dans sa rémission tant physique qu'intérieure. William sera sans doute là. Et bientôt résonneront les roues de la vouture dont descendra la matrone qu'on a envoyé chercher. Tout sera fait pour une guérison optimale. William... Le baron a bien conscience de l'effroi que son intendant va concevoir à la nouvelle. Lui qui vit encore avec les démons du faux Rottenberg et de ses sévices. Dyonis se promet de se tenir à disposition si Monsieur Wagner a besoin d'une conversation suite à ce qui vient d'arriver.
Les choses défilent ainsi méthodiquement dans sa tête, les unes après les autres, à régler dans l'ordre. Les soins d'Eldred, vu. William, vu. Lavinia... Une autre étape qui s'annonçait pénible. Un autre point arrive soudain à l'esprit du baron : l'affranchissement du Zakrotien, convenu avec Coldris en échange de sa réparation à Alexandre. Il ne peut plus accomplir cela en mars comme si de rien n'était. Les plans sont à revoir, décide-t-il alors que la porte de son office claque derrière lui.

oOo

30 janvier

Neuf jours. Certainement pas suffisants pour qu'Eldred soit pleinement remis. Il va souffrir encore plusieurs semaines au moins et les soins sont loin d'être terminés. Il a été convenu que son travail des prochaines semaines serait adapté en fonction. Mais au moins, le Zakrotien est en état de recommencer à bouger et son maître a autorisé qu'il quitte le lit. C'est vers cette chambrette où l'esclave a passé sa convalescence que le seigneur se dirige, avant qu'il ne vide les lieux. Il pousse la porte, accompagné d'un valet qu'il remercie quand celui-ci lui dépose un petit siège près de la couche d'Eldred avant de sortir. Le regard du baron, bien plus apaisé que la dernière fois que le Zakrotien l'a vu, croise ses yeux puis passe brièvement sur sa solide silhouette : la matrone a raison, la santé de l'esclave va vers le mieux. Aucune complication.

"La guérison est en très bonne voie. Tu peux quitter cette pièce à partir d'aujourd'hui." engage-t-il. Quitter cette pièce et implicitement, s'expliquer avec qui ne l'aura pas vu pendant ces dix jours - Alduis, par exemple. Croisant ses prothèses sur ses jambes, il prend une brève inspiration et : "Comment tout ceci est-il arrivé ? Je souhaite comprendre." Pas de reproche. Un ton neutre et sincère cette fois-ci. Le souhait d'une discussion qui puisse l'aider à prendre les meilleures décisions. Sa fille, notamment... sa fille... qu'il ne reconnaît vraiment plus depuis son retour en novembre.
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Message par Eldred Kjaersen Lun 29 Nov - 15:09





Neuf jours. Les premiers avaient été les pires à endurer. Il avait l’impression d’avoir la peau du dos entièrement pelé. Ce qui n’était sans doute pas si loin de la vérité, mais il n’avait jamais osé demander à William l’étendu des dégâts. Le moindre courant d’air, le moindre lambeau de laine déversait une rivière de lave qui se rependait de ses côtes à sa colonne vertébrale. Il fut bien évidemment hors de question de dormir autrement que sur le ventre. Même encore aujourd’hui, il ne s’y risquait pas. Les journées étaient longues. Occupés à son introspection, aux souvenirs de Zakros et au travail des cadeaux qu’il souhaitait offrir. Il n’avait sans doute pas le droit de faire cela réflexion faite, mais qu’importe. Il ne dérangeait personne et sa plus grande punition resterait indubitablement son absence aux fiançailles de son meilleur ami. C’était d'ailleurs pour se faire pardonner qu’il voulait lui offrir cette dague. Et ce quand bien même cela n’effacerait jamais son absence, il le savait. Au moins, le message de retour de « son lapin » avait eu pour effet de lui alléger la conscience et même de le faire sourire. Ne restait plus désormais qu’à le revoir…

Les journées s’étaient ainsi succédé sans qu’il ne tente de les compter. Il n’attendait pas sa libération avant février. Dix jours, ce pourraient être onze ou douze ou plus aller savoir. Il n’en voulait pas le moins du monde au baron. Il aurait agi de même à sa place, peut-être même avec encore plus de sévérité. Tout ce qu’il espérait, c’était que lui aussi accepte de lui pardonner son erreur. Il se demandait bien comment il avait pu en arriver à une telle extrémité désormais que tout ceci semblait appartenir à une autre vie.

L’esprit perdu dans les méandres des torrents de Zakros, Eldred se releva dès qu’il aperçut la silhouette sévère du seigneur de Frenn dans l’encadrement de la porte. Et tant pis si cela faisait un mal de chien ou que cela risquait de rouvrir les plaies les plus profondes, il était hors de question de le recevoir avachi comme un mourant. William pourrait bien râler, cela ne faisait rien, il en serait ainsi.

— Messire, salua-t-il en s’inclinant raidement pour éviter les tiraillements.

À peine eut-il le temps de se redresser qu’il l’autorisa à quitter sa cellule. Aujourd’hui ? s’étonnèrent ses grands yeux bruns avec stupéfaction. Il ne pensait pas que ce serait si tôt…

— Je vous remercie.

Il ne restait plus qu’à prévenir Alduis. Il pourrait sans doute prendre un cheval pour se rendre à Fromart, mais était-ce complètement raisonnable ? Un message serait sans doute mieux. Il réprima un soupir. Vivement qu’il puisse retrouver ses activités habituelles sans se soucier de ces quelques blessures plus encombrantes qu’autre chose. Il y avait tout de même quelque chose d’étrange à voir Dyonis ainsi assis… Il n’avait pas l’air prêt à partir, loin de là, il semblait prendre le temps. Ses prothèses métalliques se croisèrent sur ses jambes et la réponse lui vint. Comment était-ce arrivé ? Vaste sujet.

— Vaste histoire. Je ne suis pas sûr moi-même de complètement savoir. Je crains d’en avoir pour un moment car je ne pense pas pouvoir résumer les faits de peur de laisser certains détails d'importance et je vous prie d’excuser d’avance les paroles que je pourrais avoir...

Et puisqu’il acceptait, Eldred prit une profonde inspiration fouillant dans sa mémoire les bribes de tout ce qu’il aurait préféré oublier.

— Votre fille m’a rencontré dans une ruelle de Braktenn alors que j’étais sorti faire des courses. Elle m’a percutée de plein fouet, écrasant mes œufs sur son corset. Elle se promenait seule dans les rues et semblait fuir quelqu’un. J’ai essuyé comme je pouvais ses habits avec mon manteau pour qu’elle soit un peu plus présentable puis je l’ai accompagné à la Rose Azùl étant donné qu’elle souhaitait autre chose. Nous avons plaisanté en chemin, j’ignorais qu’elle était votre fille à ce moment-là. Elle me prenait pour un « monsieur ». Ai-je l’air d’un « Monsieur » ? Il n’y a que William pour vouloir m’appeler « Monsieur Eldred ». Enfin je ne sais pas… Certes nous sommes bien traités à Frenn, mais cela se voit que je suis un esclave n’est-ce pas ? Combien y’a-t-il de Zakrotiens libres à Braktenn ? Je n’ai pas une tête de Monbrinien que je sache.

Il soupira profondément puis reprit la suite de son récit, tâchant d’ordonner ses idées.

— Vous savez, j’étais dans le bureau à remettre du bois quand elle est venue vous voir. Elle croyait que je faisais affaire avec vous. Je ne savais même pas quoi répondre cela. Je pensais qu’elle se moquait de moi. Mais non. Et puis elle m’a raconté ce qu’il s’était passé à l’église. Elle s’est approchée et a posé sa main sur mon cœur, puis finalement elle a saisi ma tunique entre ses mains. Je vous passe les détails du curé, vous les connaissez, j’étais assez en colère quand j’ai compris qu’il avait pu abuser d’elle. Ça me rendait mal à l’aise, mais en même temps je n’arrivais pas à m’en détacher. Enfin le pire fut de réaliser qu’elle était votre fille, j’aurais préféré disparaitre dans l’âtre et peut-être que j’aurais dû tout compte fait… Et puis elle a voulu que je lui donne ces cours d’équitation. Je mentirais en disant que je n’étais pas heureux de passer du temps en sa compagnie, mais je craignais que… Enfin à juste à titre visiblement. Je ne pouvais pas vraiment refuser de toute façon. Et puis j’étais esclave, elle aurait dû comprendre qu’il n’y aurait jamais rien entre nous ? Ou bien est-ce commun de la part des dames de Monbrina?
A vrai dire cela devait bien exister non ? Et puis c’était si pratique de disposer d’un esclave pour un amant. On pouvait s’en débarrasser facilement. A se repasser les évènements, il aurait dû refuser immédiatement. Quel idiot fini… Il ferma brièvement les paupières.

— Et puis il y a eu les leçons d’équitation. J’oscillais entre la joie et l’appréhension. La première fois, Hestia a henni et votre fille prise de panique a reculé jusqu’à heurter un box voisin. Alors je l’ai prise par les poignets et je l’ai emmené dans la sellerie pour l’éloigner des chevaux. Comme la situation me pesait, je me suis permis de lui dire qu’elle me plaisait beaucoup mais qu’elle était noble et mariée quand je n’étais qu’un esclave et que vous seriez en droit d’exiger ma vie si j’avais le malheur de l’approcher. Qu’importe le respect ou la liberté que vous m’octroyez. J'espère bêtement qu'elle cesse de s'imaginer quoi que ce soit sans pour autant la vexer... Mais elle avait remis ces mains sur mes bras et se trouvait affreusement proche en cet instant si proche qu’elle s’est hissée sur la pointe des pieds pour m’embrasser, ici. il pointa du doigt la commissure de ces lèvres. J’étais…  je n’ai pas compris ce qui venait de se passer sur le coup et en même temps idiot que je suis, je l’ai rattrapé alors qu’elle fuyait parce que je voulais naïvement l’aider avec les chevaux et que je craignais de ne pas être à la hauteur de l’honneur que vous m’aviez fait. Grand mal m’en a pris. Elle se dénigrait si souvent que j’avais envie de l’aider et elle semblait si malheureuse que je la repousse… Je suis entièrement fautif là-dessus je n'aurais pas dû céder, j’ai voulu la consoler, lui expliquer que je ne pouvais pas faire ce que je voulais, seulement… j’ai fini par lui dire l’inverse bêtement, je crois. Ou je ne sais plus exactement c’est confus. Je voulais tellement la revoir simplement sourire, comme dans la ruelle à Braktenn où elle riait. Puisqu’elle était censée apprendre à apprivoiser sa peur je lui ai proposé de me raconter une anecdote pour lui faire penser à autre chose. Cela semblait plutôt fonctionnait quoi qu’elle s’intéresse surtout à moi, mais je n’y accordais pas d’importance tant qu’elle pouvait restait calme. Nous avons pris un cheval en longe pour aller à la mare où elle attrapait des grenouilles. Elle voulait que j’en attrape une. Je lui ai demandé de rester à distance, car l’eau est bien trop glaciale en cette période de l’année. Elle m’a répondu qu’elle était peut-être bien du genre à prendre des bains de nuit et qu’elle espérait que je la rejoigne sans rechigner ce soir. Et puis… elle m’a raconté ce que le curé lui avait fait subir… et je suis désolé… Je n’aurais sans doute pas dû, mais sur l’instant je n’ai pas réfléchi tant cela me paraissait évident et je l’ai prise dans mes bras pour la consoler, car, enfin vous imaginez n’est-ce pas ? Et je n’aurais pas dû non plus accepter sa proposition nocturne. Elle savait que vous n’étiez pas présent ce jour-là et…

Non inutile de lui dire que cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas eu de femme entre les bras qu’il ne pensait plus clairement…

— En vérité ou je suis particulièrement candide, ou je surestime la bonne tenue des dames, car je n’imaginais rien d’autre qu’une innocente promenade. Elle a commencé à jouer avec moi, en se dévêtant pour que je la rattrape en plein hiver ! Croyez bien que je lui ai demandé de cesser ce jeu dangereux. J’ai fini par la rattraper en la plaquant dans la neige – désolé c’était l’unique solution –. J’ai embrassé ses mains car c’était le prix qu’elle avait proposé au jeu et que cela n’avait rien de bien inconvenant. Elle m’a mis au défi d’en récupérer plus. J’ai refusé. Puis elle m’a parlé d’elle et je lui ai proposé de lui construire un abri rien qu’à elle.  Elle m’a avoué être terrifiée et ne plus parvenir à fermer l’œil de la nuit. Je pensais qu’Hyriel aurait pu l’aider comme avec Aud seulement, il n’était plus là… J’ai fini par la raccompagner et elle m’a salué en embrassant mes mains et en les posant sur son cœur. Elle était fragile et je voulais juste la protéger et l’aider. Je n’y peux rien, c’est plus fort que moi et puis elle était votre fille, je m’en sentais d’autant plus obligé que j’ai de respect pour vous. Je sais que tout ceci est paradoxal avec la honte que j’ai pu vous causer mais c’est pourtant l’humble vérité, Messire. Ensuite, nous pouvons passer à la fugue si vous voulez les détails également quoique vous en connaissiez une bonne partie déjà.

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Mar 7 Déc - 10:25

En le voyant entrer, Eldred se redresse d'un coup, s'incline. Dyonis s'empresse de lui signifier, d'un geste du plat de sa main métallique, de rester tranquille pour ne pas se faire plus mal que nécessaire. Puis le seigneur prend place à côté de lui. Il s'entend remercier de cette autorisation à quitter enfin la chambrette. Pour ce qui est des mots qui pourraient sortir et des détails possiblement omis, il acquiesce sans plus : soit. Il ne demande pas d'enrobage après tout, seulement de la franchise et il sait qu'il peut compter sur le Zakrotien pour cela.

Si le visage du seigneur est d'abord grave, se figurant sans mal l'état de fuite et d'alerte perpétuels dans lesquels devaient être Lavinia, il plisse les sourcils à cet affaire de "Monsieur". Ce qui équivaut à une réponse assez éloquente pour qui connaît Dyonis : le doute est permis et le saisit. Il ne faut pas être sorti de Saint-Cyr, même pour qui n'a jamais vu de Zakrotien, pour déduire que le rang d'Eldred n'est as celui d'un Messire.
Un bref sourire attendri traverse le visage du baron concernant ce "Monsieur Eldred" de la part de Monsieur Wagner. Mais Monsieur Wagner... est un cas à part dont le seigneur comprend bien la démarche. Quant au nombre de Zakrotiens libres, Dyonis réfléchit un instant et : "J'ignore le chiffre exact. Pas beaucoup je suppose, pour être honnête."

Dyonis se souvient ensuite très bien de ce jour de retour de sa fille à Frenn, de la présence d'Eldred près de l'âtre. Lui-même s'était cependant très vite retiré et... Oh, Seigneur, ces cours d'équitation. Il ne les aurait jamais autorisés, s'il avait été en possession des précédents éléments à l'époque. Il avait participé involontairement. Il pli contrarié crispe un instant ses traits, autant après lui-même qu'aux gestes pour le moins entreprenants de sa fille. Oui, il comprend bien ce qui s'est joué. Les dires d'Eldred confirment qui a ouvert le feu et qui a cédé... Savoir qu'il n'y aurait rien entre eux deux ? "Certes oui. En connaissance de cause qu'elle était à ce moment, toi comme elle auriez dû." Il secoue brièvement la tête, un peu d'indulgence dans le regard après cette remarque : pour ce qui est d'Eldred, l'ardoise est réglée. "En effet, il doit bien se produire des égarements de ce type entre maîtres et esclaves. Si l'aristocratie était exemplaire et au fait de ses devoir, cela se saurait." Lui-même aurait beaucoup moins de travail. Et accessoirement, n'aurait pas été si vite Premier Conseiller.
La suite le crispe inévitablement. Tous ces détails intimes. Tout ce que sa fille n'aurait pas dû faire. Ces prudences qu'Eldred lui a d'abord adressées avant de céder. Mais soit, il a demandé à entendre l'histoire. Il l'écoute donc et la démêle. Rapidement, il partage l'analyse du Zakrotien : aussi triste que cela soit, cela semble être essentiellement une épaule et une oreille attentive que Lavinia a cherché. Un soupir de père aussi déçu qu'attristé quitte ses lèvres : oh, oui... il sait combien sa fille se dénigre sans cesse, combien elle a été détruite, et combien elle recherche d'attention. Dyonis saisit. Et en effet, difficile de repousser quelqu'un de si fragile. Le baron aurait dû agir bien avant. Ah si seulement il avait été informé ! Ou plus attentif...
"Oh Seigneur" grommelle-t-il, atterré, aux déplorables détails qui suivent. Attraper une grenouille, eh bien voyons. Dans une mare glaciale. Et cette promenade ensuite... Retirer ses habits... mais ?! C'est alors moins de la colère que du dépit qui paraît dans les yeux froids du seigneur. Soigner Lavinia aurait été en effet une urgence. Et même bien plus tôt que cela. Hyriel aurait-il pu quelque chose, comme le suggère Eldred ? Cela aurait été un plus grand miracle encore que celui auquel il a assisté chez le roi. "En effet" souffle-t-il quant à l'absence du guérisseur : Dieu merci, il est vivant, mais resté bien caché tout le mois de janvier.
"Oui. Je saisis." dit-il dans son style lacunaire, désormais sans colère, à l'aveu d'Eldred : tout paraît très honnête dans son explication et Dyonis entend bien la grande tension dans laquelle il a été mis. La frontière est très mince et vitement franchie entre l'envie qu'il a eue d'aider sa fille... et les brèches que cela ouvrait. Cela ne pardonnait pas. Cela expliquait toutefois et la neutralité du seigneur laisse entendre qu'ils sont désormais quitte de cela - puisque châtiment a été donné et qu'Eldred apparaît lucide, regrettant ce qui est arrivé. Il va maintenant falloir envisager de sérieux soins pour Lavinia. "Dis toujours." invite-t-il enfin quand Eldred se propose de revenir sur cette fugue... quand bien même il redoute déjà les détails - et frémit au souvenir de l'état dans lequel il a retrouvé sa fille ce soir là. Il revoit son mal être, ce repas pris avec elle, ses regards fuyants. Avait-elle perdu la raison ? Tenté de mettre fin à ses jours sous couvert d'une fugue ? Et pourquoi fuguer ?! Elle était en sécurité à Frenn, il lui avait juré qu'elle y resterait autant que nécessaire et qu'en tant que son père, il l'y protégerait.
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Message par Eldred Kjaersen Mer 8 Déc - 16:16

 

Eldred raconta dans le détail chacune de leurs rencontres et ce qui en avait découlé. Il n’attendait pas particulièrement de réaction dans un sens ou dans l’autre du baron de Frenn. Il se contentait d’énumérer prosaïquement les faits. Il était quelque peu peiné d’avoir à ravaler certains traits peu glorieux de sa fille. Pour avoir été père, il se doutait de ce qui pouvait bien traverser son esprit en cet instant et il s’en désola. D’autant que tout cela n’était rien à côté de ce qu’il restait encore à aborder.

— J’ai omis certains détails à sa demande. Je l’ai fait sciemment pour ne pas vous inquiéter davantage ni lui causer de problème. Quand j’ai retrouvé sa piste dans la tempête, j’ai dû semer les gardes parce qu’elle… avait pris la fuite. Elle courrait comme une folle sans prendre garde à où elle mettait les pieds. Quand je l’ai rattrapée, elle était sur un lac. J’ai tout de suite vu que la glace était trop fine. Ça s’entendait aux craquements qui agitaient la berge. Je lui ai ordonné de s’allonger et d’attraper ma main. Mais elle parlait, parlait, sans réaliser le danger qui la guettait. Elle… Je suis désolé, Messire… Je ne sais pas comment vous dire cela autrement, mais elle ne s’est pas perdue. Elle voulait mourir. Elle pensait qu’elle mourrait durant sa fugue, car je lui avais dit que l’hiver à Zakros était des plus dangereux. Je… Elle était perdue, elle me parlait de sa mère et de son mari… Elle voulait que j’appelle les gardes pour qu’elle casse la glace et qu’on ne me reproche pas sa mort. Elle persistait à dire que tout le monde se fichait bien de sa mort… Et puis un des loups de Sylvia s’est approché et la glaça a cédé. Il ne parvenait plus à remonter alors il commençait à attraper les jupons de Lavinia qui a commencé à paniquer… Je me suis jeté à plat ventre et je l’ai remonté aussi vite que possible avant que tout ne casse. Elle ne réalisait pas qu’elle était toujours en danger. J’essayais de vérifier l’état de ses pieds pour prévenir d’éventuelles engelures et tout ce qu’elle trouvait à me dire c’était qu’elle ne voulait pas être un fardeau. Je l’ai prise dans mes bras, j’ai embrassé son front et… Oui l’espace d’un instant je me suis pris à rêver que je pourrais la rendre heureuse, que je pourrais essayer d’être affranchi et… j’ai déposé un court baiser sur ses lèvres avant que les gardes arrivent. C’est idiot, je sais.

Il soupira. L’adrénaline, le danger, la proximité de la mort, tout cela avait décuplé les sensations et fait sauter les derniers verrous qu’il maintenait tant bien que mal. Le reste, il le savait, les pieds enroulés dans sa peau de mouton et le trajet retour.

— Et puis il y a eu le fameux jour où je suis allé à Fromart. Elle a commencé à me parler de son mari. Elle tournait comme un loup en cage, alors j’ai attrapé ses mains pour qu’elle puisse poser. Je voulais la rassurer et qu’elle puisse dire ce qu’elle avait à dire. Elle… Je… Je suis désolé, Messire. Il baissa honteusement la tête sans savoir comment dire cela… Je devrais sans doute mieux me taire, mais je vous ai promis la vérité aussi crue soit-elle… Elle... Il releva les yeux pour affronter ceux de son maitre. Elle a dit qu’elle aurait mieux fait d’y rester et qu’elle n’était là qu’à cause de moi. Ou grâce à moi. Je ne sais pas. Je suis sincèrement désolé. J’imagine sans mal combien cela doit être blessant pour vous en tant que père.

Il lui laissa le temps d’absorber la nouvelle avant de reprendre.

— Elle m’a questionné sur comment étaient les épouses à Zakros. Ses mains se sont agrippées à ma tunique et je n’ai rien fait pour me dérober. Elle m’a embrassé. Franchement.

Et il laissait le reste à la discrétion de sa prude imagination.

— Elle a posé sa tête contre mon torse et a commencé à me lire une lettre de son odieux mari. Elle m’a parlé de lui ensuite. Mais je ne vous dirais rien à ce sujet avec tout le respect que je vous dois. J’ignore ce que vous savez et je refuse de la trahir. Je lui ai demandé de vous convaincre de me laisser l’accompagner à Kergemont pour tuer son mari. Elle ne voulait pas que je me sacrifie, mais moi cela m’était égal. J’aurais préféré cent fois mourir ainsi que n’importe comment d’autre. Je ne veux mourir qu’au combat. Elle m’a ensuite montré certaines choses. J’aurais voulu qu’elle s’accepte et elle m’a demandé de… et je n’ai pas su refuser. Je ne pouvais pas. Je m’en excuse encore, cela dépassait ma volonté. Je vous prie de croire que je n’aurais rien fait sans la moindre invitation.

Et cela faisait bien trop longtemps pour qu’il ne puisse résister à ses mains contre son torse. Il avait conscience de son erreur. D’autant plus qu’elle ne pourrait plus faire annuler son mariage désormais, mais sur le coup il s’était tellement persuadé tuer son époux que l’idée n’avait pas traversé son esprit en rut.

— Après… après elle m’a questionné sur Jörmungand et ma famille et elle a voulu remettre ça. Voilà, vous savez tout désormais.

Il n’avait rien de plus à dire sur le sujet. Il n’était sans doute qu’un divertissement  pour une âme brisée.

— Je n’en avais pas le droit, mais j’ai vraiment eu envie de l’aimer. Parce qu’on ne choisit pas sur qui ça tombe. Désormais… je crois qu’elle n’avait sans doute pas toute sa raison pour m’aimer. J’étais juste différent des nobles qu’elle côtoyait et surtout de son mari et c’est ce qui l’a attirée. C’était mon attention, pas vraiment moi. J’aurais dû m’en rendre compte sur la glace quand elle était prête à mourir sous mes yeux pour son propre caprice.

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Lun 13 Déc - 11:16

Il n'est effectivement pas au bout de ses mauvaises surprises. Mais il faut avoir toutes les pièces, et Eldred s'exécute toujours avec sobriété et franchise dans ce qu'il présente des faits. Le baron comprend sans mal qu'avec ces éléments, oui, Lavinia a dû demander à Eldred de celer certaines choses... Cela est évident, avec le recul. Et voilà qu'il relate ce terrible jour où les soldats et Eldred lui ont ramené sa fille frigorifiée. Un sauvetage auquel avaient aussi participé Alduis et cette étrange géante du nom de Sylvia. Si Dyonis n'a jamais vraiment pu retrouver cette dernière, il n'a pas manquer d'envoyer ses remerciements et un cadeau à Alduis. Pour le reste... C'est comme si lui-même se glaçait à mesure en entendant cette nouvelle version des faits. Et une version qui, pour sa plus grande peine, éclaircit bien des choses. Il n'avait pas compris, le soir même, comment - par les Saints ! - Lavinia avait pu fuguer, quelle mouche l'avait piquée, et lorsqu'ils avaient dîné le soir elle était restée terriblement évasive.
Et pour cause... "C'était donc bien cela." lâche la voix un peu tremblotante entre ses dents serrées : par cela, il entend : elle voulait mourir. L'affreuse idée lui avait effleuré l'esprit ce soir-là, mais sans qu'il ne puisse la confirmer. Il avait voulu la chasser loin, et combien avait-il été aveugle... Une déglutition pénible marque sa peine de retour, à la conscience du fait que ce jour-là, il aurait pu la perdre. Si Alduis et Eldred n'étaient pas intervenus. Eldred dont il avait pensé hâter l'affranchissement pour ce fait héroïque. Motivé par d'autres raisons moins avouables et... il n'avait rien vu.

Puis il y eut cette affaire avec le prêtre, où là encore Eldred avait fait preuve de bravoure, ainsi que la jeune Éléonore pour qui Dyonis a aussi une très grande reconnaissance. De son attitude en face de ce sac de fiente de Thierry, le seigneur sera toujours redevable au Zakrotien en dépit du reste. Mais déjà, Eldred poursuit ses explication. Oui, ce jour à Fromert... Ces paroles désespérées de sa fille, l'épaule secourable qu'a alors été Eldred là où lui... lui... Il entend dans la voix du Zakrotien toute son empathie, toute la tristesse qu'il éprouve à dire cela à un père, cependant... peut-être fallait-il qu'il entende ces choses-là. Dures. Mais vraies. Dyonis plisse la lèvre. Cette fois-ci il cille, plus longuement que les autres fois, renvoyant ses larmes menaçantes de là où elles viennent. Quand il rouvre les yeux, ils ne pleurent pas mais sont humides. "Blessant... mais sans doute vrai. Je... Je l'ai mal mariée d'abord, et ensuite je... n'ai fait que travailler depuis des mois. Alors c'est vrai : si elle vit encore ce n'est pas grâce à moi." Mais grâce à Eldred, et le bref regard de remerciement le sous-entend alors. S'il avait eu encore des mains elles se seraient serrées. À défaut il demeure immobile. Tête à tête avec ses faiblesses de père. Il espère être au moins un Premier Conseiller un peu moins calamiteux.

Le colère s'invite ensuite dans son déferlement d'émotions, à la mention de son ignoble mari. "Entendu." accepte-t-il sobrement l'idée qu'Eldred ne dise pas tout de cette lettre et des sévices que lui-même devine bien. Bien sûr : certains faits, certaines souffrances - et leur récit - appartiennent à sa fille. Il n'a pas à entrer dans ses choix. "Elle a été vue par une infirmière. Je ne sais probablement pas tout, mais les rapports de la consultation m... m'en laissent deviner assez." Des maltraitances sous toutes les formes possibles. Dyonis ne développe pas, il sait qu'Eldred sait. Le visage pâle, les traits crispés, Dyonis apprend le sacrifice qu'il était prêt à prendre pour débarrasser la terre de cette ordure. Nouvelle déglutition.

Puis un silence de longue et sincère estime à cet idéal de la mort au combat énoncé par le guerrier. Un souhait que quelque part, l'éducation chevaleresque du baron lui fait comprendre pleinement. Il hoche lentement la tête. Dieu-merci, les choses n'en seront pas arrivées à cette extrémité. Dyonis promet : "J'en sais assez maintenant moi aussi pour remuer ciel et terre tant que cet individu ne sera pas mis hors d'état de nuire." ...Et dire qu'Eldred aurait pu se sacrifier pour une tâche qui aurait dû être celle d'un père. Le baron s'en trouve piteux.
Il inspire, reçoit la suite qu'il a déjà en grande partie devinée : les étreintes, sa fille invitant Eldred, l'espoir de la rendre à nouveau heureuse au cœur de ce dernier... Puis l'emballement qu'il décrit. Imaginer de nouveau les démences auxquelles s'est livrée Lavinia, sa fuite, son passage sur la glace et... Le seigneur prend sa tête dans sa main de fer. "Je m'occuperai d'elle mieux que je ne l'ai fait jusqu'à présent." promet-il dans un souffle, pour lui-même autant que pour Eldred. "Et en effet, on ne choisit pas qui les élans du cœur nous désignent. Ce qui ne rend certaines luttes avec soi-même que plus nécessaires mais plus dures." (Ses yeux se voient, il plongent dans certains souvenirs. "Quelque part, en cela j'ai eu une chance immense : celle de très vite aimer vraiment ma femme. Alors que les épousailles n'étaient que contractuelles. Et d'en recevoir autant d'elle, malgré tout ce que j'étais de peu commode." Un jeune homme réservé, peu fantaisiste, peu à l'aise à exprimer de l'affection, et un grand infirme avec toutes les contraintes que cela a amené.
Il secoue la tête, soudain un peu gêné à s'entendre avoir glissé vers les confidences. Mais c'est alors surtout l'empathie d'Eldred pour le père qu'il est qui lui revient très fort aux tripes. Comme si lui aussi connaissait ces douleurs. "Tu... es père ?" ose-t-il demander. Il sait si peu de choses de l'ancienne vie d'Eldred - avant Monbrina.
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Message par Eldred Kjaersen Mar 14 Déc - 12:06





Il était sincèrement désolé d’avoir à lui avouer une telle chose. Il savait combien le suicide était une chose grave chez les chrétiens quand chez lui ce n’était qu’une mort parmi d’autres et qui pouvait même se justifier pleinement dans certaines conditions. Mieux valait se donner la mort que de vivre dans le déshonneur. Ce n’était pas non plus de gaité de cœur qu’il lui fit part des paroles de sa fille. Le voilà qui culpabilisait désormais… Eldred se pencha en avant pour atteindre son avant-bras et y poser une main rassurante.

— Vous n’avez rien à vous reprocher. Il est toujours facile après coup de s’accuser de tous les maux.

Il devait néanmoins poursuivre son récit jusqu’au point final. Il hocha la tête à la mention de l’infirmière qui avait donc dû voir les cicatrices, mais ne développa tout de même pas ce point. Quant à la promesse du baron, il opina lentement, le visage fermé.

— Ma proposition tient toujours, qu’importe que la situation soit différente, réaffirma-t-il.

Puis il embraya sur la fin sans plus attendre, afin d’en finir une bonne fois pour toutes.  Mieux s’occuper de Lavinia… Il n’en demandait pas tant à vrai dire. Il ne savait pas de quoi elle aurait pu avoir besoin. Ou plutôt si et il avait l’impression de trahir la confiance qu’elle lui avait octroyée ces dernières semaines. En réalité, il ne savait plus. Il y avait tellement cru… Et désormais, il n’en restait qu’un bris de glace emporté par la débâcle.

— Je ne suis pas d’accord, Messire. Pourquoi devrait-on choisir de souffrir plutôt que d’être heureux par pure convention sociale ? Comment pourriez-vous accepter de refuser le bonheur simplement car il a été un jour décrété qu’il en était ainsi ?

Il s’était toujours battu pour ses idéaux et cela ne changerait pas. Et si son histoire avec Lavinia avait dû perdurer, alors il se serait aussi battu pour. Quitte à périr et finir sur le Mur. Il n’y avait pas de meilleur combat que celui des plus belles causes. Le regard du baron se perdit jusqu’à retourner visiblement loin en arrière. II était même étonné de le voir se confier ainsi, lui, le pudique Premier Conseiller. Le plus étrange était de se reconnaitre dans ses propres paroles. Lui aussi n’avait pas choisi Byrnja, mais il en était immédiatement tombé fou amoureux. Il se prit à étirer un timide sourire nostalgique à la vision de sa femme, si forte et déterminée…

— Tu… es père ?

… qui n’avait pas survécu à la perte de son enfant. Son sang se glaça soudainement en revoyant les images du petit corps blême et glaciale. Il secoua vivement la tête pour chasser les picotements dans ses yeux puis détourna le regard.

— Plus maintenant, trancha-t-il d’une voix d'outre-tombe. Monbrina l’a tuée.

Il passa ses mains sur son visage pour enlever toute trace d’humidité potentielle sur ses traits bourrus, puis accrocha le regard de son maitre :

— La famine et l’hiver ont eu raison de sa vigueur peu après sa seconde année. Nous avons tout fait, mais… il n’y avait plus rien et même en se privant, elle était trop affaiblie. La fièvre l’a emportée.

Elle avait chaussé ses sandales en direction du glacial Hellheim sans qu’aucun d’eux ne parvienne à la retenir dans leur monde. Sa joyeuse petite fille.

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Mar 21 Déc - 12:01

Tout à ses pensées, Dyonis ne s'attend pas au contact sur son avant-bras. Il en a un petit sursaut, avant de se détendre et de ne pas retirer son bras. Son regard plonge, un peu tranquillisé - et touché de ce geste - dans celui d'Eldred. Le baron hoche lentement la tête. Il sait bien qu'avec le recul, on s'accuse aisément... Malgré tout, il a tant de choses à rattraper, à réparer comme père.
De la triste réflexion, il passe à la surprise à cette promesse renouvelée. C'est tentant. Très tentant. Dyonis s'adosse au mur, son regard roule légèrement en hauteur. Il apprécie faire les choses légalement. La dernière fois qu'il a dérogé à ses principes, il s'en est voulu ensuite et à présent il doit réparation aux deux jeunes garçons. Lavinia vit désormais protégée à Frenn, son époux ne peut pas l'atteindre. Enfin... pour l'instant. Il est très malade. Et si... si c'était justement l'opportunité ? Il pouvait espérer qu'une saignée un peu trop zélée vienne à bout de lui. Ou bien... forcer un peu le destin ainsi que le proposait Eldred ?

"Je... t'en remercie. Cela dit, il n'est pas question que tu risques quoi que ce soit dans cette opération. Cela demande la plus grande préparation, mais... je vais considérer l'idée." (Lèvre pincée, puis regard plus ferme) "Oui, cela ressemble peu à l'homme de loi que j'essaie d'être..." Sa phrase se suspend. Il n'est encore à l'aise ni avec cette idée, ni avec la possibilité qu'Eldred s'y risque. Sa perte l'affecterait bien plus qu'il ne l'aurait jamais imaginé il y a six mois de cela.

Laissant cela à sa prospection, il encaisse la fin de ce triste récit, les dernières révélations d'Eldred. Ah, bien sûr, ces amours interdits et mariages arrangés y ont joué leur part. Ils sont parfois des désastres. Celui de sa fille. Celui de la princesse Kalisha... Cependant, il faut bien parfois souscrire à ce genre de décrets. "De certaines unions dépendant parfois des paix ou des guerres. Il faut croire que c'est notre devoir, quand on est par ailleurs si privilégiés." souffle-t-il, alors que, pourtant, le point de vue d'Eldred touche quelque chose en lui - ce que trahira son regard très pensif. Il garde ses méditations pour lui. Doivent-ils admettre que le vrai bonheur soit une rare grâce pour eux, dont les sentiments sont contractuels ? Une chance que, lui, a eu, mais probablement si peu d'autres.

Les confidences d'Eldred le glacèrent. Il laisse passer un temps de silence profond, plein de respect, pour ces tragiques événements et pour ces êtres chers évoqués là devant lui. Il a été père. Monbrina lui prit la chair de sa chair.

"Je suis... sincèrement désolé." dit-il dans un souffle. Et il l'est. Profondément. Sa voix ne dit pas autre chose. Cet Empire qu'il sert pourtant et à qui il sera toujours loyal par le poste qu'il occupe. Mais du haut duquel il espère précisément le rendre plus humain. Peut-on cependant espérer cela quand les fondations même sont sanglantes ? Plus d'une fois, le Premier Conseiller s'est interrogé sur la nécessité de ces carnages. La nécessité même d'une pareille expansion territoriale. Monbrina n'était pas à plaindre quand il n'était qu'un simple pays.
Oh certes il se souvenait bien des maladresses à la chaîne du roi Clément II, de la perte de prestige et de ressources de Monbaina avant Der Ragascorn, toutefois il s'était demandé certains jours si cette situation avait pu se rééquilibrer autrement que par une revanche expansionniste. Il y a deux semaines même, à l'Hôpital Général, ces questions l'avaient déjà traversé quand Coldris avait fermé les yeux d'Édouard, mort-vivant pour cet Empire. Les soldats meurent, les civils aussi. Dyonis déglutit à imaginer sans mal cette fillette emportée par la maladie, parce qu'on avait saccagé des terres.
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Message par Eldred Kjaersen Sam 25 Déc - 14:11





Eldred n’avait pas envisagé à un seul instant de ne pas renouveler sa promesse au prétexte que sa relation avec Lavinia était terminée. L’individu qui était son mari n’en restait pas moins un être détestable  et mieux valait s’en débarrasser sans attendre. D’autant plus s’il était malade. Cela passerait aisément pour naturel. Le baron sembla méditer un temps sa proposition : il savait pertinemment que ça n’était pas sa manière de faire, mais parfois il fallait savoir passer outre ses principes. Il eut un sourire à sa remarque.

— C’est pour ça qu’il vaut mieux que je m’en charge personnellement. Ne vous en faites pas pour moi, j’en ai vu bien d’autres et un malade ne me fait pas peur. Mais je comprends que ce soit contraire à votre morale. Vous êtes quelqu’un de bien, vous n’avez pas à être blanc comme neige.

Quant aux mariages, Eldred savait cela. Il n’y avait pas que les Grands qui se mariaient par intérêt. Chez lui aussi ce n’était pas différent. Que l’on soit Prince ou paysan, cela n’y changeait rien. On ne se mariait que pour obtenir plus. Seule la taille de ce « plus » variait considérablement, mais pour ce qui était du sentiment des gens, cela devait être similaire au fond. Pourquoi cela aurait-il changé pour un pêcheur ou un seigneur ?

— C’est partout pareil, messire. Ici, là-bas. Pour vous, pour moi. Un mariage, ce n’est qu’une alliance. D’ailleurs c’est bien comme ça que vous appelez la bague en question en monbrinien. Comme quoi, ça veut tout dire…

Et pour ce qui était de sa famille à lui, il n’en restait plus grand-chose. Quelques images diffusent qui comme la brume se dissipait peu à peu dans sa mémoire sans qu’il ne puisse les retenir malgré toute la volonté du monde. Seul le traumatisme de leur perte demeurait gravé dans son cœur et en cela il comprenait Alduis. Monbrina avait détruit tous ceux auxquels il tenait. Il était désolé de lui sortir la vérité de manière si crue. Il n’y était pour rien, lui. Il n’aurait jamais accepté de telles choses. Dans le silence de mort qui s’installa, Eldred détourna la tête, sentant les larmes lui picoter le ras des paupières. Il hocha tristement la tête à ses paroles sincères, laissant s’écouler de nouveau plusieurs secondes avant de prendre une profonde inspiration pour reprendre ses confidences. Sans succès. Puis une autre et finalement…

— Ma femme… Elle n’a pas supporté. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même… Et six mois plus tard… Il y a eu la fameuse bataille où j’ai rencontré celui qui allait être mon ami et perdu celle que j’aimais.

Quelle ironie, songea-t-il avec un faible sourire dont il ne savait pas bien la signification. Qu’en penserait-elle de son amitié avec leur ennemi ? Certainement rien de bon et cela le peinait d’autant plus.

— Elle… Enfin, elle avait l’habitude de m’accompagner avant. Mais je savais au fond de moi que cette fois ce serait différent. Après le chant du cor, je l’ai cherché partout. Je l’ai retrouvé sous un de vos capitaines, leurs épées mutuellement entremêlées dans leurs abdomens, si bien qu’ils avaient presque l’air amoureusement enlacé.

Et quand il était arrivé, c’était Alduis qui était en train de libérer le corps de sa femme. Son inspiration se bloqua avant de siffler dans un long soupir.

— Elle a reçu la plus belle mort qui soit pour un Zakrotien et pourtant, je crois qu’une part de moi-même s’en sentira éternellement responsable.

Tout ce qu’il pouvait faire c’était vivre avec et l’accepter. S’accepter. Personne ne remplacerait Byrnja. C’était désormais une certitude. Il était voué à errer seul, car c’était ainsi que les Dieux l’avaient voulu et il s’y soumettait avec humilité.



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Message par Dyonis Howksley de Frenn Ven 21 Jan - 16:14

Blanc comme neige, il ne l’est certes pas – et Eldred l’a déjà pressenti même s’il n’a pas les détails de l’affaire de septembre. En un sens, l’argument le touche. Tout comme la qualité pratique de malade de leur cible. En profiter est fort peu chrétien, cependant… avec tout le mal qu’il a causé, sa position actuelle de faiblesse, l’avantage qu’apporterait les compétences d’Eldred pour mettre un terme définitif à ce sujet.
« Je te rendrai réponse très vite. » assure-t-il. Le temps de veiller à tous les détails. Que personne ne risque de prendre Eldred en faute, qu’un complice soit dans les parages pour assurer ses arrières, qu’un cheval lui soit remis pour effectuer son petit pèlerinage. Et autres précautions. Ce ne sera que l’affaire de quelques jours et à la voix de Dyonis, il se fait déjà sentit que son cœur fléchit vers ce que vient de rappeler son vis-à-vis. « Merci. » complète-t-il, tant pour l’avis dont Eldred le gratifie que pour le geste qu’il est prêt à faire. Un acte brave parmi tous les autres.

« Ci fait. » commente-t-il, songeur, au sujet de cette alliance en effet chargée de symbole. Oh, lui n’en porte pas et n’en a jamais porté du fait de ses prothèses, mais les nécessités contractuelles de ces épousailles ont toujours bien été là. Ainsi donc, il comprend qu’il en a été de même à Zakros, que les épousailles d’Eldred ont tenu de quelque chose d’étonnamment semblable.
Dans un silence de profond respect, le seigneur l’entend évoquer sa défunte fille, puis son épouse qui l’a suivie dans la tombe peu de temps ensuite. Les larmes montent en même temps que les souvenirs – sans doute est-ce la première fois qu’il voit Eldred ainsi. C’est cette fois-ci Dyonis qui se rapproche pour poser une main de sincère solidarité à son épaule. Sans prononcer mot. L’émoi l’en empêche et rien de pertinent ne lui semble pourvoir être dit. Simplement recevoir, écourter, méditer.

« Ton ami… Alduis de Fromart ? » augure-t-il quant il entend l’ironique et triste épisode de cette femme perdue pour un ami trouvé – quand bien même à l’époque ils l’ignoraient.
Il déglutit. Amour et mort mêlés. La dépouille de cette épouse contre celui d’un chef militaire Monbrinien, épées et corps brisés dans l’élan commun d’un même combat. Triste Histoire qui accouche dans le sang. Et au prix des petites histoires personnelles. « Puis-je connaître son nom ? » demande-t-il, la voix basse, sobre. Il a habitude d’associer aux rituels et à certaines prières les noms des gens, vivants ou défunts, qui comptent pour lui ou pour des gens qui lui sont particulièrement proches. Le nom est du reste une clé pour honorer une mémoire.
« Elle m’apparaît honorable à bien des égards. » souffle-t-il après le compliment qu’Eldred adresse à la défunte. Oui, sans doute une grande guerrière comme en compte Zakros – puisque chez eux les armes peuvent embrasser les deux sexes, un peu comme dans cette étreinte des fers. « Et je comprends ton sentiment mais… t’assurerai la même chose que tu l’as fait pour moi : reste à se mettre en paix avec ce que l’on a été et à avancer. Et c’est pour moi une fierté qu’un peu de cette progression se fasse à tes côtés. »
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Message par Eldred Kjaersen Dim 23 Jan - 12:29





Tout ce que pouvait faire Eldred, c’était de lui proposer ses services et de le rassurer sur sa décision. Le reste… Le reste lui appartenait. Quoi qu’il décide, cela lui conviendrait. Il inclina la tête à la mention de sa réponse qui ne tarderait pas à arriver. Quelque part, il avait sans doute déjà pris sa décision, mais se donner le temps de la réflexion était comme toujours tout à son honneur.  Il le gratifia d’un sourire bienveillant à ses remerciements : c’était parfaitement normal. Il n'avait pas le sentiment de procéder différemment de sa conduite habituelle.

Ils en arrivèrent à évoquer les alliances matrimoniales aussi intéressées dans le peuple que dans la noblesse, à Monbrina comme à Zakros. L’homme était ainsi bâti qu’il cherchait toujours à obtenir plus d’une façon ou d’une autre à sa propre échelle. A la curiosité du baron, il répondit sans filtre. Quand bien même il savait que cela risquait de le heurter. La vérité était ainsi : cru et dépouillé. Comme la mort qui avait emporté sa petite fille chérie puis sa femme. Il le remercia de son soutien retourné d’un signe de la tête. Si on lui avait dit que sa vie se poursuivrait ainsi…

A la mention de son ami, il eut un nouvel acquiescement. Oui, l’ironie du sort avait voulu qu’il rencontre celui qui allait devenir son meilleur ami le jour où sa femme s’était… Il ne pouvait pas réellement mettre de mot sur la chose. Ce n’était pas complètement un suicide, pas plus qu’une simple mort au champ d’honneur. La nuance était bien plus subtile là-dedans. Son récit semblait le mettre mal à l’aise, sans doute l’image lui évoquait-elle un tableau tout particulier. Et encore, il n’insista pas sur la boucherie qu’avait été cette bataille. Cette boue mêlée de sang et de viscères, les corps mutilés, écrasés, compressés, les regards vitreux, les plaintes d’agonie…

— Elle s’appelait Byrnja, répondit-il solennellement.

Quand parviendrait-il réellement à tourner la page ? Quand ? Il avait beau essayer, il avait beau avoir l’impression d’y parvenir, lorsqu’il regardait ses pieds, il finissait toujours par réaliser qu’ils n’avaient pas bougé malgré tous ses efforts combinés. Honorable, oui elle l’était à bien des égards. Fière, courageuse, aimante, amusante, agaçante, déterminée… La liste était trop longue pour ses louanges. Il eut un petit sourire triste à ses paroles.

— Je m’y emploie croyez-moi, mais je finis toujours par y revenir sans comprendre comment, confia-t-il.
Il était touché de cette marque de confiance et presque d’affection ? que lui offrait le baron en cet instant. Il inclina la tête dans un profond respect.

— C’est une fierté partagée.

Désormais, il ne pouvait plus le décevoir. Il finirait par y arriver, entouré comme il l’était, n’est-ce pas ? Étrange ironie tout de même que de panser ses plaies avec ses anciens ennemis. Les Nornes ne manquaient assurément pas d’un humour grinçant.

Il avait autre chose à aborder. Plus délicat et tout aussi absurde. Enfin, il n’était plus à cela près dans les incohérences de sa destinée après tout. Ses longues heures de réclusion à tailler le manche du poignard d’Alduis lui avaient au moins permis de méditer sur ce qu’il comptait faire dans les mois à venir. C’était insensé, pourtant il en était arrivé à la conclusion suivante.

— Messire… J’aurais une faveur à vous demander… Je sais que cela va vous paraitre étonnant, mais… Il figea son regard on ne peut plus sérieux dans le sien : la prochaine campagne va bientôt débuter n’est-ce pas ? J’ai bien réfléchi et j’aimerais requérir votre autorisation afin d’accompagner mon ami Alduis lorsqu’il partira. Entendons-nous bien, je ne fais pas cela pour l’Empire. Uniquement pour veiller sur mon ami là-bas. Je refuse d’être affecté à quiconque d’autre que lui.

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Lun 7 Fév - 10:21

— Byrnja, répète-t-il, la voix basse et grave, avec cette même déférence.

Un ton qui à lui seul laisse sentir le respect que, via cette conversation, il respecte sans même la connaître. Qu’elle ait été l’épouse d’Eldred suffit. Et qu’elle ait souffert des désirs voraces de ce monarque que pourtant il sert. Dyonis l’associerait à ses pensées et méditations, parmi les défunts dont il porte le souvenir pour lui-même ou des proches. L’émotion d’Eldred est du reste évidente. Ses blessures se cicatriseront-elles jamais ? Peut-être pas. Cela le suivrait sûrement sa vie entière, comme lui-même la perte de sa propre épouse ou son accident alors qu’il était enfant.

— Il semble que nous partagions cette tâche au quotidien, admet-il bien volontiers quant à cette exigence qu’ils ont tous deux d’essayer d’admettre leurs erreurs, leurs blessures, pour être un peu meilleurs chaque jour.

Sur ce silence et ces respects échangés, Dyonis relève la tête, intrigué, alors que le Zakrotien s’engage dans cette faveur à lui demander. Il acquiesce, curieux de ce dont il pourrait bien s’agir mais faisant déjà confiance à Eldred quant au bon sens de cette demande. Quand viennent les détails, il carre les épaules et se pince la lèvre. Un grand sérieux gagne son regard. Une gravité certaine. Oui, Djerdan… Ce maudit dernier conflit. Mais au moins, le dernier. Der Ragascorn est vorace, cependant le Premier Conseiller voit difficilement comment il pourrait s’attaquer aux autres continents. Et ce n’est pas comme si le souverain était encore tout jeune.
Cette guerre, donc. Oui, elle aura lieu. Avec un peu de chance, elle sera moins meurtrière que d’autres si la chose venait à se passer plutôt sous forme de protectorat. Il ne faut néanmoins pas vendre la peau de l’ours prématurément. Il y aura bien des combats. Et Alduis de Fromart s’y rendrait. Accepter la requête d’Eldred, c’est le renvoyer sur un front. Le laisser risquer la mort dans un combat, aux côtés de son ami. Mais Dyonis peut-il refuser ? Alduis serait sûrement heureux et soulagé d’avoir un ami comme auprès de lui. Quant à Eldred, il vient à l’instant de lui rappeler que son idéal est celui du guerrier. Un guerrier qui serait prêt à trépasser au combat, que cela serait même un honneur pour lui. Le seigneur ne se voit pas lui refuser cela. Après un temps grave, réfléchi, il finit cependant par déclarer :

— Accordé.

Il estime peu utile d’ajouter quelque commentaire. Cette seule autorisation lui semble suffisante pour signifier comprendre toutes les raisons qui animent Eldred, et sa personnalité, et ses aspirations. Quant à l’Empire, oui, cela va de soi que l’idéal du Zakrotien n’est pas là. Sur un sourire tout de même, il ajoute :

— J’espérerai de tout cœur que le jeune Alduis et toi nous reviendrez sains et saufs.

Et quand bien même… Ils ont choisi cette voix. C’est donc sur cette nouvelle marque de confiance, et de compréhension amicale de leurs aspirations profondes, que le seigneur devra s’en retourner à ses ouvrages. Aurait-il cru, dix jours auparavant en ordonnant cette punition contre Eldred, qu’ils passeraient aujourd’hui à pareille proximité ? À confidences et engagements aussi sincères ? Dyonis le sent désormais, cette affaire avec Lavinia appartient au passé. Ne resterait à abattre que le fantôme de son abject mari, et dès le lendemain il ferait savoir à Eldred sa décision : qu’il accepte son offre. Entre temps, il aura tout organisé pour que l’opération se déroule en toute sécurité.

— Les affaires me rappellent, nous nous reverrons prochainement. Tu as sans doute bien assez vu cette chambre, tu peux reprendre le cours de tes habitudes.

…Et aller enfin voir Alduis, songe-t-il à part soi, bien conscient que d’avoir raté ses fiançailles doit lui peser. Sur le salut d’un dernier hochement de tête, le seigneur se retire.
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Message par Eldred Kjaersen Dim 20 Fév - 23:03






Eldred frissonnait toujours d’entendre le nom de sa défunte femme, surtout dans une autre bouche que la sienne. Il inclina doucement la tête. Il pouvait sentir tout le respect qu’il mettait dans ce prénom, alors même qu’il ne la connaissait que par les quelques paroles échangées.
Il esquissa néanmoins un petit sourire à la mention de leur tâche commune. Comment deux hommes aussi différents qu’ils pouvaient l’être parvenaient-ils à nouer une telle proximité ?

— Le chemin parait moins terrible lorsqu’il est effectué en bonne compagnie, conclut le zakrotien.

Toutefois il n’y avait pas qu’avec le baron qu’il cheminait. Il y avait également Alduis. Son meilleur ami. Celui qu’il n’abandonnerait pour rien au monde. Celui qu’il irait même accompagner à l’autre bout du continent pour être sûr qu’il reviendrait vivant ou qu’ils mourraient ensemble. Il resta suspendu à ses lèvres dans l’attente du verdict, ses larges mains posées à plat sur ses cuisses.
Accordé.
Il expira de soulagement. Il pourrait partir avec lui. Il n’allait pas le garder ici. Il pouvait lire dans son regard qu’il en comprenait toutes les motivations et rien n’aurait pu plus le réjouir que ce simple mot. Il s’inclina profondément.

— Merci, Messire. Nous ferons tout pour que ce soit le cas

Le baron prit congé sur cela et Eldred se leva pour le saluer d’un large sourire : il était heureux qu’il ne subsiste aucune animosité entre eux et plus encore qu’ils se soient quelque peu rapprochés.

— N’oubliez pas d’écouter William et de vous reposer, se permit-il un brin taquin avant qu’il ne disparaisse.


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