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[4 janvier 1598] Priorité à droite, crétin ! ¤ Ft. Eldred, Tristan [Terminé]

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Message par Le Cent-Visages Mar 6 Avr - 20:19

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Tristan, esclave, 15 ans

L'air vicié se respirait à peine. Tristan devait l'avaler pourtant, le laisser tapisser sa gorge en une série de souffles courts, parfois crachotant. Tout ce monde autour de lui ! Des pas pressés sur le sol encore plein de neige. Des charrettes. Des baudets chargés de vivres qu'un livreur menait par la bride. Autant d'allées et venues qui brassaient air, buée, poussière. L'encombrement des rues, sous la fraîcheur de ces jours, tournoyait en tous avec la perpétuelle activité des citadins-fourmis concentrés sur leur travail. Des marchands vendaient. Des porteurs avançaient, le dos chargé des produits marins couverts de leur pellicule de glace depuis leur débarquement au port. Des esclaves décrottaient les rues après les passages de chevaux. Êtres de courbure et de silence, ils progressaient ployés au milieu des marcheurs. Le petit invalide, quant à lui, se frayait un pénible chemin du bout des bras, comme à la nage au milieu de la houleuse mer de corps et véhicules. Assis sur son landau décrépit, sa tête avait le malheur de se trouver au niveau des aisselles odorantes. Il zigzaguait comme il le pouvait, habile de ses tours de poignets ou de son jeu de jambe quasi dansant. Mais cela ne l'empêchait pas de sautiller – tac, tac, tac, tac – toujours de ses roues sur le pavé. Quand ce n'était pas de la boue pour noircir ses longs doigts. Le garçon se sentait avalé, pressé, poussé, dans le creux de l'étau aux mille visages. Saisissant clair-obscur que le contraste entre les habits bruns des humbles gens et la blancheur des cieux de l'hiver. Celle des toits aussi, parés de leurs petits stalactites : c'était comme si les maisons avaient revêtu leurs parures.
Quand par bonheur un bout de ciel se dégageait entre les silhouettes des valides, Tristan contemplait les monuments plus prestigieux de Braktenn. Ils piquaient au loin. Clochers, statues, colonnes. Ça s'élançait vers l'infini pendant qu'ici-bas le travail de l'armée des mains faisait battre le cœur, circuler le sang au creux des rues comme autant de veines.

Soudain, du remous inhabituel se fit entendre dans une artère. Deux véhicules fracassés l'un contre l'autre. Une paire de conducteurs ayant joué au plus con, sans que l'un ne donne la priorité à l'autre, et à présent tous les deux coincés ! Un des fourgons frottait même le mur, alors que son adversaire tanguait tel un bateau ivre. Et les deux types de s'injurier :

– T'as pas vu que j'arrivais plus vite, couillon va !
– La belle affaire ! Chuis chargé, moi, 'spèce de fot-en-cul !
– Dégage, sacre-pute j'ai assez perdu de temps !
– Va te faire voir !
– Merde de d'tes aïeux !

Et pas un pour rattraper l'autre. Chambardement. Hennissement des pauvres bêtes au claquement des fouets. Alors que Tristan s'était décidé à se détourner du malheureux spectacle pour continuer son trajet – dans la venelle que l'altercation avait au moins le mérite de désengorger un moment – vrombit tout à coup un fracas infernal ! Madre Mia... Un des deux conducteurs venait sans doute de tenter encore au forceps, et de renverser cette fois-ci l'adversaire.
Tout s'emballa. Bruits. Frappes. Cris des badauds, pas qui se pressaient pour passer malgré tout en rasant les murs. Nouveau fracas sonore. Le petit invalide n'eut pas l'occasion cette fois-ci d'en localiser la provenance : quelque chose heurta le côté de sa charioté. Un puissant coup accompagné d'une hennissement. Un cheval. Un cheval le projetait au sol. Tristan n'eut que le temps de pousser un cri aigu avant de se recroqueviller pour amortir le choc. Il tomba hors de son fauteuil, mais heureusement sur le côté. Rien de cassé. Il haleta. Roulement de son dos, de sa poitrine. Souffle à reconstituer.

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Message par Eldred Kjaersen Mer 7 Avr - 10:24





La ville l’avait toujours rebuté. Déjà à Zakros, il avait étouffé durant son séjour d’un an à Dorlok. Pourtant, la capitale zakrotienne serait passée pour une paisible petite ville provinciale à côté de la fourmilière qu’était Braktenn. La seule chose qui avait changé depuis son arrivée était son moyen de locomotion : il n’est plus enchainé dans une cage à bétail, mais juché sur une belle jument arabe alezane qui ne semblait pas plus apprécier le chaos urbain que lui-même. Il passa sa main contre son encolure pour la rassurer à l’aide de quelques paroles murmurées dans sa langue natale.
Suivre ce même chemin que la toute première fois, lui laissait toujours une désagréable sensation sur l’échine quand bien même il avait l’impression d’avoir vécu cela dans une autre vie. Et dire que cela ne faisait même pas un an encore. Il avait toujours bien du mal à réaliser qu’il avait tissé tant de liens avec celui qui était autrefois son ennemi, ce pays qui s’était mis en tête de mettre à feu et à sang le sien.
Comme toujours dans les rues, ça criait, ça se harpaillait, ça s’interpellait, ça s’esclaffait. Un vague brouhaha ronronnant rompu par le mélange contrasté des sons spongieux de la bouillasse de neige brune, du martèlement régulier des sabots sur les pavés et des couinements réguliers des charrettes à bœufs ou à chevaux qui tentait de se frayait un passage des tortueuses petites rues. Quelle idée d’être justement sorti pour faire ferrer la jument à la pire heure ! Malheureusement, il n’avait guère eu le choix. Il prenait donc son mal en patience. Sur sa droite les esprits s’échauffaient, spectacle habituel des alentours de la place du marché. Un petit attroupement s’était formé. Les oreilles de la jument tournaient dans un sens puis dans l’autre avant de s’écraser en arrière. Il la sentait se tendre sous ses cuisses au fur et à mesure que la tension montait.

Hurlement. Craquement.

Trop tard, la jument se cabrait dans un hennissement effrayé avant de culbuter d’un coup de sabot une malheureuse chariote qui se vida de son contenu dans un couinement aigu. Eldred sauta aussitôt à terre en apercevant le jeune homme s’écraser au sol et de se rouler en boule comme un petit hérisson. Brides dans une main, l’ancien guerrier se baissa pour tendre une main salutaire à l’invalide.

— Vous n’avez rien ? Je suis sincèrement désolé… Laissez-moi vous aider. déclara-t-il de sa voix rocailleuse.

Ce fut à ce moment qu’il reconnut le visage juvénile qui se trouvait devant lui. En septembre dernier au palais. Il l’avait fixé étrangement. Il était au côté du Général et de sa fille tandis que lui-même discuter en compagnie d’Aud…

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Message par Le Cent-Visages Jeu 8 Avr - 15:28

[4 janvier 1598] Priorité à droite, crétin ! ¤ Ft. Eldred, Tristan [Terminé] Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Le vacarme continuait de tournoyer au-dessus de sa tête. Au milieu du brouillis des voix et des véhicules grinçants, Tristan reconnut des claquements de sabots. Oui, c'était bien un cheval qui venait de le renverser. Reconstituant peu à peu la scène alors que ses idées se remettaient en place, il comprit que la pauvre bête avait dû être effrayée par ce remue-ménage. Et lui-même commençait à vérifier, par de petits mouvements de çà de là, que ses membres ne souffraient d'aucune brisure, d'aucune foulure. Il ne saignait pas, non plus. Bon, il avait de la chance. Plus de peur que de mal.
Une voix. Un timbre sombre et roulant de rocher, mais que la fermeté lui rendait rassurant. L'homme lui proposait son aide et de sa grande main joignit le geste à la parole. En se déroulant à tâtons, le garçon tourna la tête et découvrit celui qui le secourait. Il resta deux secondes en suspend, fouillant d'abord sa mémoire devant ce visage pas inconnu... puis se rappelant. Le palais. Cet imposant homme à la suite du seigneur de Frenn. Tristan se souvint surtout des fulgurances qu'il avait eues en l'observant pendant la soirée. Curieuses visions. Regard brun avec la force de ce qui est puissamment enraciné dans la Terre. C'était la Lune et la Terre, avait-il songé en l'avisant en compagnie de la servante blonde avec lui. Et une stature claire-épée, alors même que c'était lui qui portait à la joue la balafre d'un fer.

Le jeunot enroula bien volontiers ses longs doigts autour de la paume tendue. Avec son aide il se redressa d'abord sur les fesses, fit quelques roulements d'épaules, de bassin, cherchant la meilleure position avant de pouvoir regagner son siège resté abattu à côté de lui. Autour, ça bardait encore mais on commençait tout de même à se calmer. Et le passage à se fluidifier : les deux chauffards devaient avoir fini par décrocher leurs véhicules l'un de l'autre. Tristan releva sa tunique sur son épaule droite marquée. Il sourit à l'homme. Et eut même le cœur à s'amuser, par soulagement puisque rien de grave :

-- Oh, juste eu les quatre fers en l'air mais j'vais bien, merci. (Il eut une petite moue lui même désolé alors que ses yeux allaient de son vis-à-vis à sa monture d'un magnifique teint brun-roux.) C'pas vot' faute, elle a dû avoir peur la pauvre, avec les deux aut' nigauds qu'ont fait tout ce foin.

Petit haussement de menton vers le bout de la rue où - enfin - le tandem de gros têtus vidait les lieux, après cependant quelques derniers noms d'oiseaux encore. Les gros malins... Tristan préféra ne pas s'appesantir sur leur cas et s'intéresser de nouveau à l'alezane tenue en bride. Imposante, soignée, la robe luisante et un regard sombre qui paraissait s'apaiser aussi après son coup de frayeur.

-- Elle est vraiment belle ! Vous faites souvent la route avec ?

Entre les lignes de sa question se traçait sa surprise. Cela l'étonnait, un serviteur - voire un esclave ? - dehors avec un cheval comme celui-là. Son maître devait vraiment lui accorder une très grande confiance. Et puis est-ce qu'il montait parfois dessus comme un noble ? Le garçon avait beaucoup de mal à associer cet homme, son destrier, avec toutes les horreurs drainées par la silhouette noire et le château gris du baron au crochet.
Mais les pavés commençaient à lui faire froid aux fesses. Il se mordit les lèvres sur un petit rire ravalé en reprenant conscience de sa position. Tristan accrocha les prunelles de l'homme et demanda :

-- Est-ce que ça vous ennuierait pas de relever mon fauteuil ? (qu'il lui désigna) Et d'me donner un p'tit coup de main pour que j'm'y réinstalle ? Si vous voulez, je tiens la bride de... c'est comment son nom ? Et vous aussi, vous vous appelez comment ?
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Message par Eldred Kjaersen Ven 9 Avr - 15:05

 

La belle jument rousse avait paniqué et envoyé valser ses sabots contre la chariote du malheureux garçon qui acheva sa course roulée en boule. Eldred lui tendit aussitôt la main et reconnut l’infirme qui l’avait fixé étrangement au palais. D’un geste puissant mais doux, il le remit sur ses fesses, remarquant au passage la marque sur son épaule. Un esclave donc. Les oreilles de l’équidé tournoyaient toujours accompagnant ses grands yeux humides qui parcouraient frénétiquement les environs à la recherche d’un danger potentiel. Elle semblait heureusement plus calme, quasi figée dans le sol.
Le zakrotien en profita pour lui essuyer le dos d’un revers de son manteau : en plus d’être sales, l’espèce de bouilli neigeuse brune risquait de lui donner la mort. En tout cas, il n’avait pas l’air de trop lui en tenir rigueur, ouf.  Il faisait même preuve d’humour, rassuré, Eldred lui adressa un sourire. L’ironie voulait que sa jument ne soit ferrée qu’à l’avant malgré ses quatre pattes.

— J’aurais préféré qu’elle garde les siens au sol répliqua-t-il avec humour.

Les yeux noisettes du garçon -du moins c’était ce qu’il semblait être- jonglaient entre lui-même et sa monture qui au mot « foin »  dressa subitement les oreilles dans sa direction avant de baisser sa tête pour lui asséner un amical coup de museau dans l’aisselle l’air de dire « tu le caches où, dis ? »
Eldred éclata de rire et lui caressa le chanfrein.

— C’est une expression ma belle, désolé !  il répondit ensuite à la question Non pas vraiment, du moins pas en ville, elle n’a pas l’habitude et elle est vite effrayée comme tu vois. Je devais juste l’emmener se faire ferrer. Elle a de jolis souliers tout neufs maintenant !

Il flatta son encolure et comme si elle avait compris, se redressa fièrement en piétinant les pavés. Eldred glissa un regard désolé vers le garçon : à en discuter, il en avait oublié le plus urgent.  Il secoua la tête pour refuser son aide et glissa son bras au travers de la bride. Elle était si peureuse qu’au moindre bruit suspect, elle risquait de prendre ses sabots à son cou et dans l’emporter dans une folle cavalcade. Il en était hors de question. D’une part pour sa sécurité et d’autre part car ce cheval était sous sa responsabilité et valait une petite fortune. Il redressa le fauteuil, puis souleva le petit sans difficulté pour le remettre sur son rustique trône à roulettes.

— Elle s’appelle Hestia et c’est une chipie. Moi c’est Eldred, et toi ? Tu peux me tutoyer, tu sais. Chez moi, personne ne se vouvoie ou presque, alors…

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Message par Le Cent-Visages Dim 11 Avr - 22:52

[4 janvier 1598] Priorité à droite, crétin ! ¤ Ft. Eldred, Tristan [Terminé] Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Les gestes de l'homme étaient sécurisants. Sûrs et fermes, mais précautionneux. Tristan lui sourit en guise de "merci" une fois sur son derrière. Son manteau pour lui essuyer le dos ne fut pas de refus lui non plus et, l'espace d'un instant, il en serra les pans de ses petites mains pour s'y blottir comme un chat. Et bien apprécier de sentir l'humidité ainsi épongée. Elle partirait plus vite de ses habits. Son rire juvénile tinta au bon mot de l'étranger - car oui, il l'était de façon évidente à en écouter plus attentivement son accent - et redoubla de bon cœur quand le museau du cheval descendit l'effleurer, joueur. Tristan comprit : il avait dit "foin". Réflexe évident ! L'amusement lui fit plisser les yeux tandis que, d'un geste attendri, il enroula un bras au cou de l'animal après que son "propriétaire" lui ait lui-même offert une caresse.

-- En plus de toutes ces émotions, j'te fais des fausses joies.. Ah la la ! souffla la voix douce et dansotante du garçon, tout en retirant son bras après la petite accolade. Pourtant j'en fais apparaître des choses avec mes tours d'magie, mais le f... (chuchotant, espiègle, à l'homme) ce-dont-il-ne-faut-pas-dire-le-mot... ça je maîtrise pas encore !

Tristan écouta les explications avec une petite moue navrée : ça oui, elle avait l'air vite effrayée la pauvre jument, et n'était vraiment pas tombée au bon moment. Puis l'invalide acquiesça. C'était donc pour lui faire porter ses jolis chaussures qu'il avait le droit de sortir dans les rues de Braktenn avec la monture du seigneur. Il s'attendrit de nouveau aux gratouilles données à la belle alezane autant qu'à sa parade fière, une fois ses appuis et sa sécurité retrouvés. Tristan acquiesça au refus de l'homme de lui laisser les rênes : après tout il avait raison, c'était lui qui savait le mieux contrôler ce cheval, et comme il semblait imprévisible... Non, ce n'était pas son petit gabarit pâlot qui saurait la retenir en cas de problème !

-- Wouhou ! s'amusa-t-il à lâcher en sentant son poids-plume soulevé d'un coup, comme cela, sans aucune difficulté. Merci beaucoup ! ajouta-t-il en rajustant au mieux ses fesses au fond de la pauvre caisses, ses talons sur la barre métallique transversale qui lui faisait office de cale-pieds.

Il hocha du chef au nom exotique d'Eldred et sourit à celui d'Hestia : comme la déesse des histoires antiques ! Lénius lui en avait parlé. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas revu son ami... Comme ses récits toujours si colorés et... personnels... des épisodes mythologiques lui manquaient. Se portait-il bien ?

-- C'est joli, Hestia. C'est pour sa couleur c'est ça ? Si j'me rappelle bien c'que m'a raconté un ami qui sait plein d'histoires, c'est une déesse de la maison et du feu non ? (Un temps, offrant une petite gratouille flatteuse à l'encolure de l'intéressée) Moi j'm'appelle Tristan. (Et de son prénom aussi, Lénius lui avait donné l'origine et les références il y avait déjà plusieurs années de cela.) Lui, apparemment c'est un chevalier amoureux mais qui est obligé d'aller vivre dans les bois à cause de son amour. Et Eldred alors ? Est-ce que ça veut dire quelque chose ? Ou est-ce que c'est quelqu'un chez toi ?

Il aura bien évidemment acquiescé tout guilleret, en s'accompagnant d'un large sourire, pour le tutoiement - et à l'idée même que dans le pays d'origine de son vis-à-vis, tous ces embrouillassements entre le "tu" et le "vous" n'aient pas cours. Ses yeux furent alors attirées par deux étincelles à terre : ses couteaux ! Bigre ! Il avait failli les oublier sur le pavé ! Un léger rose lui monta alors aux joues et il demanda d'une plus petite voix :

-- Pardon j't'embête une dernière fois mais... est-ce que tu peux me redonner les deux couteaux, là ? (Il les lui pointe.) Et alors le pas de "vous" chez toi, c'est pour quoi ? D'ailleurs c'est où chez toi ?

Un esclave alors, comme lui, aura-t-il largement déduit en outre. Presque tous les étrangers présents sur le sol de Monbrina l'étaient comme esclaves, du moins quand ils travaillaient et avaient toute l'apparence d'appartenir au petit peuple. Les ambassadeurs, les commerçants et les grandes émissaires, c'était une autre affaire et manifestement, Eldred ne relevait pas de cette catégorie-là.
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Message par Eldred Kjaersen Lun 12 Avr - 22:58





Il était attendrissant le p’tit gars à plisser des yeux dans un rire muer et câliner la jument qui en redemandait, éternelle insatisfaite. Une vraie femme ! Il s’amusa de sa remarque intérieurement tout en écoutant leur discussion avec espièglerie. Il faisait des tours de magie ? Alors c’était un artiste ? Est-ce qu’on l’employait pour divertir son maitre comme certains ?

— Et qu’est-ce que tu peux faire apparaitre ? demanda-t-il avec curiosité avant de le replacer dans son fauteuil.

Il ne put retenir un petit rire face à son exclamation tout enfantine. Il secoua la tête. Il n’y avait rien à remercier, après tout c’était quand même de sa faute. Il aurait dû faire attention. Pour un peu, il aurait pu sérieusement le blesser. Heureusement tout était qui se finissait bien ! Eldred n’imaginait pas ce que cela pouvait faire d’être privé de ses jambes.  Si cela était arrivé à Zakros, il en aurait sans doute terminé aussi sec quand bien même il aurait reçu le soutien nécessaire. Il n’aurait jamais pu accepter d’être un poids pour les siens.

Il se présenta, ainsi que l’animal. Hestia. Cassandre, lui avait dit que c’était une déesse qui protéger le foyer. Un peu comme Frigg. Il acquiesça donc.

— J’imagine. Mais ce n’est pas moi qui l’aie nommé alors je ne sais pas trop.

Tristan. Triste an. C’était drôle comme nom. Ça ne présageait rien de très heureux de nommer un enfant comme ça. C’était comme lui imposant de vivre chaque année une mauvaise année sans jamais pouvoir s’en échapper. Quel guerrier pouvait bien porter un nom si malchanceux ? C’était comme Violaine. Il avait entendu ça l’autre jour au marché. Qui avait envie de s’appeler Viol-Haine ? Il n’avait pas pu s’empêcher de se demander s’il y avait une histoire particulière ou si ses parents étaient justes profondément idiots.

Eld veut dire ancien et red c’est le conseiller. Tu n’as pas trop la poisse avec un prénom comme le tien ?

Pure curiosité encore, mais puisque le garçon semblait désireux de parler, il tenta le coup.  D’ailleurs il semblait apprécier poser des questions lui aussi. Il avait des couteaux ? Ses sourcils sursautèrent. Pourtant il était esclave, il avait le droit de porter des armes ? C’était dangereux quand même de porter des armes en étant esclave. Même en étant autorisé, c’était un coup à se retrouver à la Prévôté le temps d’un contrôle. Il ramassa les deux petits couteaux qu’il soupesa par habitude. Ils étaient parfaitement équilibrés pour être lancés mais le fil de lame manquait un peu d’affutage. Il les lui rendit.

— T’as le droit d’avoir ça ? Soit prudent quand même.

C’était un peu Odin qui se foutait des aveugles puisqu’il avait lui-même son poignard dissimulé dans un repli de sa tunique. Enfin, bon… Et pour ce qui était de sa question sur sa langue eh bien…

— C’est juste que ça n’existe pas. Tout le monde dit « tu ». Ça ne change pas le respect de changer de mot. Chez moi c’est à Zakros.

« Tu sais ce pays de barbares sanguinaires » faillit-il rajouter ironiquement par pure habitude des réactions locales. Heureusement, tout le monde n’était pas comme ça ici, il avait fini par le comprendre. Certains pouvaient être curieux, d’autres neutres.

— Et chez toi, c’est ici ? Enfin, ici….

Il étouffa un petit rire de sa maladresse.

Eldred Kjaersen
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Message par Le Cent-Visages Jeu 15 Avr - 22:32

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Tristan, esclave, 15 ans

Comme Hestia avait l'air d'apprécier les gratouilles et les caresses ! Tristan ne se priva pas de lui en donner, toujours prêt à de sympathiques contacts avec les animaux. Cela lui rappelait la vieille mule et les chatons qui menaient leur vie tranquille, dans l'ermitage des nonnes-gitanes qui l'avaient fait re-naître quelques années. Il finit cependant par s'écarter de la jument pour reprendre position dans la chariote. Il sourit de la curiosité d'Eldred et de son rire, avant de répondre :

-- Oh b'en ça dépend. Là je les ai pas sur moi, mais de p'tits sous ou des cartes à jouer. Et puis y a les boules aussi, pour les faire aller vite, vite, vite, et deviner dans laquelle de mes mains elle est ou dans quel pot, se souvint-il avec un fond de nostalgie amusée - il avait plus d'une fois gagné ainsi sa pitance du jour.

Hestia était donc nommée par quelqu'un d'autre que son promeneur du jour : très certainement par son maître. Le garçon hocha la tête, avec un autre regard vers l'animal à présent assagi. Tout comme la rue enfin revenue à son trafic ordinaire. Ce maître, l'invalide y pensa de nouveau en entendant la signification du nom d'Eldred. "Conseiller". Un début de grimace le traversa et il prit soin de la chasser sitôt, notamment d'une plaisanterie qui l'y aida - à voix basse tel un secret :

-- Alors comme ça c'est toi, le Conseiller ! Si l'pays savait !

Voilà. Cela désamorçait et il put conjurer le mauvais souvenir alors que ses doigts pianotaient une confuse mélodie muette sur ses jambes. La question que lui retourna Eldred lui fit suspendre ses gestes et lever au ciel un regard songeur. Oh oui, il y avait pensé des années durant, à l'éventualité qu'un prénom comme celui-ci lui ait décrété son malheur. Ses parents l'auraient-ils condamné sans le vouloir d'abord par ce prénom ? Ensuite en l'abandonnant à l'Hôpital Général. Et puis, les trois Sœurs l'en avaient tiré et rendu très heureux. Pas si poisseux alors. Mais ensuite elles étaient mortes et il était retombé à la rue. Et puis l'esclavage... et finalement dans cet esclavage même, de grands bonheurs. Alors oui, bonne question que celle de savoir si la Chance l'aimait ou pas ! En outre, il voyait son prénom différemment depuis que Lénius lui avait conté cette belle histoire du chevalier qui le portait. Pensif, il pencha la tête sur le côté et roula des épaules.

-- Ah ça j'me l'demande parfois, rit-il. J'ai eu beaucoup d'accrocs, et en même temps... à chaque fois de la joie dedans ces accrocs alors l'un dans l'autre, c'est comme si y avait un équilibre. Mais l'tableau général, y m'échappe. Dis ? Tu crois toi que l'nom qu'on reçoit est une signature de c'qu'on sera pendant la vie ?

Alexandre aussi disait souvent qu'il n'avait pas de chance. Et ce n'étaient pas ses mésaventures qui plaideraient le contraire. Mais il avait le nom du plus grand des empereurs. Le garçon retrouva son sourire en voyant Eldred récupérer ses couteaux, les inspecter au passage, les analyser, puis les lui rendre. Il avait l'air de s'y connaître en armes pour porter ce moment d'intérêt envers ses lames. Il les reprit et les rangea à leur place habituelle : entre son dos et l'arrière de son fauteuil, dans un espace de protection qu'il leur y avait aménagées. La recommandation de son vis-à-vis ne l'étonna pas : un esclave avec des dagues n'était sûrement pas monnaie courante - ou roulante.

-- Merci ! (dit-il quand il aura récupéré ses poignards.) Oui, mes maîtres m'autorisent à les garder. Mais j'suis prudent avec, je t'assure. J'les sors le moins possible. C'est au cas où, pour s'défendre. Ils sont vraiment gentils, mes maîtres. C'est la famille Cassin-d'Aubeville, je sais pas si tu connais ? (Bon, exception faite du sévère Cardinal Matthieu...) J'ai même le droit de m'promener de temps en temps comme là, en ce moment, quand j'ai fini l'travail. (Dans un début de rire à sa situation vraiment pas banale quand on y pensait, il ponctua : ) J'suis un esclave à vacance et à dagues, c'est dingue !

Presque aussitôt il retrouva davantage de sérieux et de timidité : oui, c'était dingue. Et rare, il en avait conscience. Tristan aimait s'en réjouir... en même temps que lui venait parfois un fond de honte. Est-ce qu'il avait le droit d'être heureux comme ça, de s'égosiller, de ne pas cacher sa légèreté quand l'écrasante majorité des esclaves étaient si mal ? Et que leur peine, on la cachait. Ces esclaves-là, on ne les voyait pas : les champs, les mines, les galères, les souillardes des châteaux étaient leurs prisons. Comment dès lors devait se comporter un esclave content ? Est-ce que ce n'était pas même un paradoxe ? Eldred d'ailleurs, il eut du mal à savoir à vue de nez ce qu'il pouvait penser de sa propre condition. Là, comme ça, il n'avait pas l'air mal... Les apparences savaient cependant être trompeuses, et les gens tristes cacher leur peine. Et puis, son maître était... son maître... son m... ce maître-là. Avec des crochets. Oui, plusieurs. Pas juste au bout de son bras, au plafond aussi. Et... Et... Petite secousse dans son bras. Brusque. Remontée sans que le garçon ne l'eut sentie venir. Il se gratta au poignet. Geste parasite.
Quand il en prit conscience, dans un étirement il s'efforça de reprendre possession de lui-même pour s'extraire des mauvaises sensations et raccrocher l'agréable conversation. Il acquiesça à l'explication d'Eldred quant au "tu". Oh oui, sûr qu'il y avait bien d'autres façons de donner du respect.

-- Zakros, c'est tout là haut non ? Les terres au Nord ? J'en sais pas vraiment plus, j'sais même rien du tout dessus. Dis, c'est comment ? T'avais l'air de bien r'garder mes couteaux, c'est en rapport avec c'que tu faisais là-bas ? Et si j'ferme les yeux, c'est quoi que j'dois voir ? Y a des bruits sinon qui pourraient m'faire me figurer ? (Voir, entendre, humer, pour lui tout cela était pareil et venait se mélanger pour le faire se figurer les choses. Un temps, quant il fut question de "chez lui", léger) Ouais on peut dire ça : les rues ça a été chez moi plusieurs années. Mais si ta question c'est l'pays, oui je suis monbrinien.

Constat énoncé d'une voix un peu plus pincée : curieux pays quand même qui asservissait ses sujets pour peu qu'ils aient fait une bêtise ou "parasitaient"... car ayant eu la malchance d'être pauvres. Il s'aperçut soudain, au passage des badauds sur le pavé et au son d'un clocher, que l'heure tourne.

-- Oh mais p'têtre tu dois rentrer ? j'voudrais pas t'mettre en retard et que... Dis ? Et si je roulais un petit moment à côté de toi pendant ton chemin ? Enfin... si tu veux bien quoi.
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Message par Eldred Kjaersen Dim 18 Avr - 15:27





Eldred acquiesça en écoutant ce qu’il savait faire. Il a déjà vu des tours de ce genre sur la Grand’Place et à Dorlok aussi. Il devinait qu’il avait dû bien souvent gagner de quoi vivre en effectuant ce genre de spectacle. Depuis quand était-il devenu esclave ? Est-ce qu’on l’avait ramassé comme certains pour parasitisme ? Il avait l’air tout jeune, un brin naïf et pourtant, il avait le sentiment qu’il avait déjà vécu une vie entière quand d’autres n’étaient encore que des nourrissons. Eldred lui donna la signification de son nom. Il ne remarqua pas la fugace petite grimace sur son visage, ou alors c’était simplement son inconscient qui l’occulta.

Sa plaisanterie le fit rire et il y répondit sur le même ton de confidence :

— Chuuut je veux rester discret.

Déclaration qu’il assortit d’un clin d’œil entendu à son complice. Sa question sur son prénom le laissa songeur. C’était sans doute maladroit, mais c’était quand même un drôle de prénom pour un enfant lorsqu’on y réfléchissait bien. Sa réponse pleine de philosophie lui arracha un hochement de tête.

— Tu as raison, la vie est faite de haut et de bas. La roue tourne, c’est ce que je dis toujours, du moment que quelqu’un l’actionne. Cette idée de tableau lui rappeler ses légendes bien de chez lui, il reprit Chez moi on voit le destin comme une grande tapisserie, tissée par le passé, le présent et le futur. Nous ne sommes qu’un fil qui rencontrons d’autres pour former un vaste motif que nous ignorons tous. Au gré de nos choix, le motif peut évoluer parfois, mais il est toujours là. Les noms, je ne sais pas ici, mais d’où je viens, on donne un nom porteur des qualités que l’on souhaite transmettre ou bien celui d’un illustre ancêtre. Je ne sais pas si c’est la signature de notre vie, ou la couleur de notre fil, mais c’est ce que croit les parents lorsqu’ils choisissent un nom.

Il se souvenait parfaitement du jour où ils avaient décidé avec sa femme de nommer leur fille Sigrún. C’était comme une évidence, mais de toute évidence cela ne lui avait pas porté chance. Ou alors il n’avait toujours pas percé ce fameux secret de la victoire. Il ramassa ses dagues et les lui rendit, non sans les inspecter au passage -réflexe de forgeron autant que de guerrier-. Il comprenait parfaitement l’usage qu’il en avait et il ne comptait de toute façon pas juger le moins du monde. Il travaillait avec Irène ? Eldred opina du chef. En fait, il ne connaissait qu’elle et il avait aperçu le Général aussi -une fois- sans vraiment y faire attention. En tout cas, le petit avait l’air presque enthousiaste à avoir de tels maitres. Il le comprenait : c’était rare. Et c’était sans doute encore plus rare lorsqu’on était infirme comme lui.

— J’ai de la chance moi aussi. Je suis assez libre. Je n’aurais jamais pensé pouvoir dire cela un jour depuis que j’ai foulé le sol de Braktenn

Ce jour-là, il ne l’oublierait jamais. Pas plus que tous les précédents même s’ils se brouillaient les uns avec les autres tant ils avaient été semblables. La sensation d’étouffement, le grincement des roues, les cahots qui faisaient souffrir les moins portants d’entre eux. Il songea à tous ses frères qui n’avaient pas eu sa chance et qui avaient terminé, les Dieux savaient où, dans l’enfer salin des galères ou dans les ténèbres étouffantes des mines. Combien étaient encore en vie de tous ceux qui avaient été déportés ?

— Zakros, oui, c’est tout là-haut ou plutôt tout là-bas déclara-t-il amusé.

—Je ne suis pas trop pressé ne t’inquiètes pas.le rassura-t-il en commençant à marcher à ses côtés tout en poursuivant Les Monbriniens disent que c’est l’enfer sur terre. il esquissa un sourire Moi, je trouve que c’est le paradis. Il y a de grandes landes humides aux odeurs tourbières, de larges forêts de bouleaux et de résineux, tapissés aux pieds d’un petit tapis buissonneux. Il y a aussi de hautes montagnes au centre et de grandes falaises découpées  comme des dents en bord de mer. L’hiver est long. Tout est blanc et endormi. Il y fait froid, très froid. Tout est gelé et la neige est épaisse. L’été, c’est une explosion de vie et de fleurs. Et de moustiques aussi. Tous les insectes bourdonnent sans cesse dans tes oreilles. On peut aussi y manger des myrtilles et d’autres baies l’été. Puis c’est de nouveau l’hiver

Voilà à quoi ressemblait Zakros, même si c’était bien difficile de décrire tout un pays en quelques mots à peine. Un pays rude et franc. Comme ses gens. Quant à lui, vivre dans les rues… Ça n’avait pas dû être facile.

— Ils t’ont… ramassé?

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Message par Le Cent-Visages Sam 1 Mai - 22:47

[4 janvier 1598] Priorité à droite, crétin ! ¤ Ft. Eldred, Tristan [Terminé] Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

La description de ses anciennes activités de bateleur semblaient donner à songer à Eldred. Lui-même les évoquait avec un brin de nostalgie, quand bien même les Cassin le traitaient bien désormais et lui permettaient de les refaire parfois. Le garçon se rappela des regards émerveillés de Bélyl, de Guillaume, de Sœur Cécilia, à ses tours de couteau pour découper esthétiquement des grenades. Son vis-à-vis rit à sa plaisanterie et à sa réponse tout aussi joueuse et complice, accompagnée de son clin d'œil, Tristan rapprocha pouce et index en rond près de sa bouche dans un "excellent, rester discret c'est bien".

-- J'dirai même plus, les roues tournent, ne put-il s'empêcher de glisser en joignant le geste à la parole, recommençant à actionner son petit véhicule pour se remettre en bonne position le long de la route.

Mais aussitôt, il se tut pour se rendre tout ouïe à la vision du Destin que narrait Eldred. Comme le garçon aimait qu'on lui conte des choses ! Surtout quand elles disaient des choses fortes sur la vie et la façon de l'appréhender. Cette représentation lui plut. Il ne se priva donc pas de sourire largement puis de s'enthousiasmer :

-- Trois femmes ! Oh ! V'là qui change d'un vieux barbu sévère qu'y en a qui voient au d'ssus de nos vies. J'aime bien qu'le divin, ça puisse être vu aussi comme des femmes. Et nos vies, comme une œuvre d'art. (Il ferma un instant les yeux, se remémorant de certaines tisserandes qu'il avait eu croisées - lesquelles savaient confectionner de leurs doigts et d'un arc-en-ciel de fils tant de choses ravissantes !) Mais est-ce que tu crois qu'ce sont elles qui nous tissent même si on croit qu'on est libres... ou bien qu'elles acceptent qu'avec nos choix, (de nouveau à voix plus basse en accord avec ses mots) on puisse leur souffler de temps en temps une nouvelles direction pour leur tapisserie ?

Car oui, c'était tout de même lourd de sens, que d'imaginer trois êtes supérieures confectionnant les jours de quelqu'un d'autre. Tristan laissa sentir à ses intonation qu'il comprenait qu'il s'agissait d'une légende, toutefois comme souvent c'étaient des histoires qui savaient poser les plus fortes questions sur la réalité. Il acquiesça quant à la couleur donnée à une vie par un nom : oui, il situait. Un patronage. Ou un souhait, mais qui ne faisait que donner une direction.

-- Ici, souvent on donne le nom du papa ou de la maman, ou d'un des grands-parents, à ce qu'y paraît. (Lui, il ne saurait jamais.) Après, y a aussi des originaux.

Un tout autre sujet vint cependant le happer quand Eldred lui confia avoir eu de la chance. De la chance, sur le sol de Monbrina alors qu'on venait d'un pays annexé ? De la chance, sous le seigneur de Frenn ? Il avala un filet de salive de traviole et sa bouche arrondit lâcha d'une voix toute surprise - quoiqu'il ne pouvait qu'être heureux pour son vis-à-vis :

-- Pour de vrai ? Alors il est pas trop méchant ? (Se mordillant la lèvre, craignant soudain d'avoir peut-être dit quelque chose de stupide ou déplacé... mais ça avait été plus fort que lui.) 'Fin... J'sais pas, je... Pardon, ça m'regarde pas.

Au moins, Tristan eut vite l'occasion de chasser l'image du seigneur de Frenn et des craintes qui s'y étaient naturellement associées pour Eldred. Mais c'était étonnant, il ne semblait en effet pas si mal traité que cela, lui non plus. Et tant mieux ! Même si la personnalité du baron-crochet lui en devint soudain plus floue à saisir. Le Zakrotien lui parlait de son pays - infiniment plus agréable conversation, que le garçon savoura comme un tableau se formant à mesure devant ses yeux. Et avec, une mélodie de couleurs, des odeurs à toucher sous ses doigts. Il vit l'humus, palpa les nuances des falaises, entendit les bruissements des insectes au milieu de tout ce vert. Du vert et du blanc, aussi, et des fleurs !

-- Comme ça a l'air varié ! La ville, elle fait si pauvre en sensations à côté. Ces montagnes que tu dis... j'suis sûr que quand y a d'la brume devant, elles doivent donner l'air d'êt' si fines et transparentes qu'on pourrait passer à travers. Sans êt' mordues par leurs dents, hé. (Il passa sa langue à ses lèvres quant il fut question de fruits) Mmmmh ! J'vois c'que c'est, y en a des fois sur les marchés. Mais... mais alors... si c'est aussi beau et aussi... tout ça ! ...pourquoi y en a qui disent que c'est l'Enfer ? Et pourquoi ils y sont allés envahir alors ?

Questions naïves et franches, toujours avec ce timbre doux laissant deviner l'absence totale d'intention de blesser ni de remettre en cause le tableau précédent. Simplement, il cherchait à comprendre. Tristan se rassura quant au fait qu'Eldred avait le temps : il le seconda donc très volontiers en faisant progresser son fauteuil à côté de lui, tous deux accompagnés par le pas tranquille d'Hestia à laquelle l'invalide donnait de temps en temps de nouvelles œillades souriantes.
La dernière question le rembrunit. Que dire ? Oh... il pourrait évacuer le sujet en répondant un simple "oui" : ramassé pour parasitisme, c'était plausible. Il aurait été même infiniment plus probable, avec la vie qu'il menait jusqu'en septembre, d'être arrêté pour cela... plutôt qu'à cause de sa rocambolesque mésaventure. Mais le seigneur de Frenn savait. Et pour cause ! Il lui devait ce procès. Par ricochet, il se pourrait donc qu'un jour tôt ou tard Eldred entende son histoire dans le château de son maître. Autant donc donner la vérité. Quoique très concise. Le regard baissé de honte, le garçon aligna :

-- En septembre, j'ai fait des très mauvaises rencontres. J'ai suivi une femme en voulant l'aider, mais j'savais pas que... qu'elle... (son discours se décousit : le motif des trois femmes tapissières à cet endroit-là de sa vie devait être bien terrifiant) 'Fin, t'as p'têtre entendu parler de l'incendie du presbytère de Saint-Eustache ? C'était elle, et moi j'étais là au mauvais endroit au mauvais moment. 'Me suis trouvé pris comme possible complice et... b'en... travail forcé pour plus que j'traine dans les rues au cas où.

Son cœur avait accéléré. Le rythme de ses mains à ses roues se faisait plus nerveux. Cette fois, il ne sut pas comment embrayer sur autre chose. Et encore, il avait résumé à coups de truelle ! Il ne parla ni des bêtises d'Alexandre, ni de leur tentative de premier amour, ni de l'interrogatoire dans les caves - qui l'avait fait délirer de douleur... Et les folies provocatrices de Thierry qui n'avaient pas contribué à calmer le baron-crochet, et la corde que le seigneur avait demandé de cette voix polaire dont il entendait encore le glas.
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Message par Eldred Kjaersen Mar 11 Mai - 22:02





Eldred aimait bien le petit dans sa chaise à roues qui ne manquait ni d’humour ni d’autodérision. Si toutes les roues tournaient, alors les bonnes choses  revenaient plus vite.

— C’est encore mieux alors, si c’est des petites roues !

Enfin, cela voulait aussi dire que l’on pouvait revenir plus rapidement au point de départ, mais cela il ne voulait pas en entendre parler. Il préféra d’ailleurs lui parler des trois nornes et de leur tapisserie du destin. Il aimait bien la façon dont il voyait les choses.

— Chez moi, il y a autant d’hommes que de femmes. Tu sais si ça se trouve c’est pas un vieux barbu mais une jolie femme. Après tout personne ne l’a vu non ? il esquissa un sourire amusé Pour répondre à ta question, eh bien figure-toi que je me la suis souvent posée moi aussi. Et chez moi l’on préfère croire que le destin est pluriel et dépend de nos choix et que la tapisserie se modifie au gré de nos choix. Tu sais, toi qui joues aux cartes : tu les mélanges et c’est ce que fait la destinée mais c’est à nous qu'il appartient ou non de les jouer. Le résultat dépend du joueur, pas de celui qui les mélange.

Et dans la vie comme au jeu, certains étaient plus doués que d’autres avec une même main. C’était ainsi. Quant à savoir si le prénom choisi avait réellement une influence, cela restait dur à dire.

— Chez moi c’est ce que vous appelez le nom de famille qui récupère le nom du père. Enfin en général. Je m’appelle Eldred Kjaersen. Le fils… du Marais. Parce qu’on vivait près d’un marais et que je n’ai pas vraiment de père. Enfin j’ai eu un père qui m’a élevé mais nous ne partageons pas le sang.

Bref c’était surement compliqué à expliquer à Monbrinien que l’on pouvait avoir des relations hors mariages et ne pas avoir de père pour diverses raisons. D’ailleurs, il n’avait jamais cherché plus loin pour sa part. Son père était celui qui l’avait élevé et c’était tout ce qui comptait.
Il évoqua les conditions assez souples de sa servitude et sa remarque lui fit étirer un sourire.
— Méchant ? Non, il est juste et droit. Sévère oui. Mais c’est quelqu’un de bon. Lors de notre rencontre, une cervelle de troll à oser me dire que j’allais avoir le meilleur maitre de Monbrina. J’ignore si c’est le meilleur, mais j’ai beaucoup de respect pour lui et je pense que c’est réciproque. Tu le connais ?

Puisque son nom avait l’air de réellement le terrifier. Enfin Dyonis pouvait faire peur de prime abord mais n’importe qui le connaissant réellement aurait plutôt trouvé l’homme bon. Il fit ensuite de son mieux pour lui décrire la diversité de Zakros. Si différente de la capitale qui lui faisait toujours tourner la tête par moment. Il aimait bien ce qu’il décrivait.

— Je ne sais pas. Moi, tu sais, c’est la ville qui me dit le tournis. Il y a trop de choses qui assaillent tes sens de partout ici. La nature, c’est plus calme et on voit plus loin. Enfin quand il fait beau. C’est marrant, quand j’étais petit, j’imaginais que c’était des griffes qui lacéraient les nuages. il sourit à cette évocation Parce qu’il fait froid à te geler la morve l’hiver, que les nuits sont si longues que tu remercies chaque jour de beau temps le soleil d’inonder ton visage quelques heures, parce que c’est humide et boueux l’été et que tu es assailli sans arrêt par ses nuées de moustiques qui bourdonnent constamment dans tes oreilles. Et je ne sais pas pourquoi. Pour notre bois ? Par orgueil ? J’ai arrêté de chercher tellement c’est idiot.

Il marchait tranquillement, côte à côte, le grand guerrier du nord avec son élégante jument arabe en bride et lui, le garçon à la chaise aux roues tournantes. Quel drôle de trio ils devaient former ! Il s’en voulut de son innocente question. Il n’avait pas voulu le mettre mal à l’aise ou quoi que ce soit. C’était simplement venu dans le fil de la discussion. L’incendie ? Oui il en avait entendu parler à Frenn et il avait croisé une femme dans le château également. Et pas vraiment le genre de Dame que pouvait recevoir le baron de temps à autre. Il hocha la tête. « Au cas où ». On faisait beaucoup de choses « au cas où » par ici. Comme la christianisation de son peuple, « au cas où il voudrait aller au Paradis » et si on ne voulait pas alors ?


— Désolé, je ne voulais pas parler de mauvais souvenir. Ca fait pas longtemps alors… Je suis arrivé ici en Avril dernier, moi. Ils m’ont capturé après une révolte. C’était moi qui l’organisais, je n’étais pas partant pour lancer les opérations immédiatement, mais je n’ai pas su dire non. Comme je le craignais, ce fut un lamentable échec. Je ne sais même pas pourquoi ils ne m’ont pas exécuté ce jour-là…

Il espérait que parler de sa propre capture l’aiderait à se focaliser sur lui plutôt que sur sa propre expérience qui semblait… Traumatisante. Pauvre garçon. C’était un mignon petit chat des rues qui n’avait rien d’un quelconque voyou ou mendiant.

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Message par Le Cent-Visages Lun 17 Mai - 23:51

[4 janvier 1598] Priorité à droite, crétin ! ¤ Ft. Eldred, Tristan [Terminé] Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

-- Voilà, c'est pour ça ! commenta-t-il quant à ses roues, en ouvrant les bras comme à une évidence.

Il haussa le menton, signant un "J'ai tout compris" - parodie de fierté de qui se satisferait de son choix d'un tel véhicule propice au Destin. Il échangea un sourire avec Eldred, roulant au rythme apaisé des sabots d'Hestia. Ses yeux s'arrondirent à la possibilité d'autant de dieux - et des deux sexes. Comment ne pas s'y perdre ? Savoir si on les connaissait tous et ne pas faire de jaloux dans le culte ? La suite l'enthousiasma et il se rangea d'un hochement de tête à cette image de Destin qui se composait au gré des choix, quand bien même d'autres éléments s'y brodaient. C'était stimulant. Et en même temps... cela signifiait-il que si l'on perdait, c'est qu'on l'avait mérité ?

-- Tu veux dire plusieurs dieux ? Genre combien ? Et... chez nous, les prêtres disent que Dieu, il incarne le Bien. Mais alors est-ce que plusieurs dieux, ça veut dire plusieurs Bien qui s'entrechoquent ? J'espère qu'y a pas d'quoi se sentir tourner la tête... (Un temps, son visage s'illumina quand Eldred lui présenta le divin - en l'occurrence la divinité - en belle femme.) Oh, oui ! T'as raison, on l'a jamais vu, pourquoi ce s'rait un homme. Si ça s'trouve, c'est même au delà des sexes que nous on a. Quelque chose de tellement beau mais qu'on peut pas imaginer ! Ou alors, des fois j'me demande si... (Plus bas) si la divinité, au lieu d'êt' au dessus et séparée de nous, elle s'rait pas avec nous et autour. Si la Terre c'est sa création, alors tout c'qu'il y a dans la nature c'est p'têtre des parties de Dieu - un peu comme un enfant qui est une partie de ses parents.

Il venait de laisser courir ses rêveries comme autant d'hypothèses sur lesquelles il haussa les épaules. Il ne savait pas. Juste, il imaginait. Mais assez lucide pour imaginer discrètement, auprès de quelqu'un qui lui inspirait confiance. Ces propos ne seraient pas du goût de tout le monde - à commencer par son maître, ou d'autres qui l'enverraient au bûcher. La bonhomie du garçon s'effaça un peu alors qu'Eldred lui parlait de ses deux pères : un qu'il n'avait pas, et un autre qu'il avait mais non via le sang. Il arqua les sourcils et osa un timide :

-- Qu'est... qu'est-ce qui s'est passé ? (Un peu plus rieur, pour faire confidence pour confidence en matière de famille) Moi j'ai coutume de dire que j'ai trois mamans !

Loin de crisper Eldred, sa question quant au baron crochet lui étira un sourire - première surprise pour le jeunot. Il put s'y raccrocher pour apaiser ses mouvements traumatiques. Continuer de rouler. Recevoir ce nouveau son de cloche au sujet du Premier Conseiller. Comme une autre pièce du vitrail, ajoutant une nuance au motif. Malgré tout, Tristan restait en alerte et eut du mal à intégrer l'idée d'un personnage aussi juste et droit que le disait Eldred. Peut-être aussi parce qu'il n'avait jamais mécontenté son maître ? Ou qu'il se trouvait de son côté ? Empêtré dans ces questions, Tristan se pinça la lèvre et ne la desserrera que pour un rire nerveux qu'en entendant le Zakrotien parler d'une "cervelle de troll" - drôle de formule. Il ne savait pas ce que cela voulait dire mais c'était grondant à l'oreille - et pas vilain - il retenait.

-- Ah... Je... D'accord. Je... Je sais pas tout sur lui, et j'le connais assez peu. Juste de l'enquête. C'est lui qui l'a menée. Il a reçu la femme de l'incendie, j'sais pas ce qui s'est passé entre eux. Mais un aut' garçon et moi, on a été condamnés par lui. (Il s'arrêta. Pourquoi racontait-il ça ? D'instinct, parce qu'il avait déjà mis un doigt dans l'engrenage... il lui paraissait ardu de s'arrêter net. Tristan déglutit, prenant conscience d'être avec quelqu'un qui avait le respect le Premier Conseiller. Aussi par réflexe, par crainte d'être allé trop loin, et dans le doute à présent d'avoir à essayer de s'innocenter encore - comme lors de cet horrible soir, il se crut l'obligation d'assurer ou plutôt de bafouiller : ) Mais on... rien fait, c'est vrai... vrai, juste... mal tombés...

Pas aidés, non plus, par Alexandre qui avait trouvé intéressant de circuler illégalement dans la propriété du baron. En mentant au personnel et en étant insolent. Et malgré tout, Alexandre, précisément, avait pardonné au seigneur de Frenn. Tristan le ré-entendait affirmer combien il l'estimait bon au fond de lui. Entre l'avis de son ancien amant qu'il estimait beaucoup, et aujourd'hui celui d'Eldred, il y avait peut-être à changer de prisme - mais cela ne collait toujours pas avec ce qui lui avait été fait, à lui, ce soir-là dans les sous-sols de Frenn. Salutaire fut le changement de sujet et justement, ils empruntèrent un virage à un carrefour alors que le Zakrotien soulignait le tournoiement citadin.

-- Oh la la j'comprends. Ça m'a fait tout drôle aussi quand j'suis arrivé en ville y a quelques années, après quelques temps dans un ermitage dans la nature, et encore avant dans... (Il laissa sa phrase en suspend effiloché. Il ne savait pas parler de l'Hôpital Général. Tristan put heureusement embrayer sur un petit) Brrrrr (quant à cet interminable froid qu'il s'imagina lui traverser les chairs en écoutant Eldered. Et pourtant, ça avait l'air d'être beau quand même. Sans réserve, le garçon rit en accompagnement de la conclusion pour le moins directe d'Eldred quant à Monbrina) Ah b'en ça, idiot... Le roi, il dit que c'est pour unifier. Mais moi j'vois qu'c'est pour amener des gens et des biens. Si ça s'trouve, tous les discours très très compliqués de la politique, c'est pour avoir l'air intelligent et bien déguiser qu'au fond, b'en c'est juste du caprice c'qu'ils font ?

Des gens pour travailler, il y en avait à Monbrina. Des vivres pour les payer. Et des ressources à bien partager aussi. La terre était clémente, les champs et vignes souvent fertiles, les forêts denses. Prendre des voisins comme esclaves dépassait Tristan, même en ayant entendu les justifications savantes de la chose. Alors qu'il y pensait, ses yeux voguèrent autour de lui, picorèrent ici la vue du ciel immense, là bas tant de fruits à disposition sur les étals du marché, un peu plus près les perles noires d'Hestia, avant de revenir chercher tout là-haut le regard d'Eldred qui le dépassait bien de presque trois têtes ! Il poussa un soupir désolé aux circonstances de l'arrivée du Zakrotien et de ses compatriotes. Pauvres d'eux... Pour avoir essayé de reprendre ce qui était leur terre. Mais curieusement, sa dernière question alluma quelque chose de vif dans son regard. D'abord grave, le jeunot essaya :

-- J'sais pas... Pour avoir ta force au travail ? Ou parce qu'y pensent qu'êt esclave c'est pire que d'êt' mort ? (Puis laissant un sourire d'optimisme fleurir à ses lèvres) Ou parce qu'en secret, c'est les Tisseuses qui les ont dirigés, pour que toi tu puisses continuer d'agir sur Terre ? P'têtre qu'elles pensent que t'as quelque chose d'aut' à faire encore ? Et que c'est toi qui leur a soufflé.

Tel était ce qu'il essayait de se dire, en d'autres termes, pour lui-même. Que rien n'était fini tant que ne sonnait pas la mort et que dans son asservissement il allait trouver bien d'autres choses à dessiner.

-- Dis ? Si tu pouvais, là, demain, tu f'rais quoi ?
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Message par Eldred Kjaersen Mar 25 Mai - 12:50





Tristan semblait étonner qu’il y ait plusieurs Dieux chez lui, pourtant il avait l’air de connaitre l’origine du nom d’Hestia. Eux aussi, les grecques en avaient plusieurs, ce n’était pas différent à Zakros.

— Euh combien? Beaucoup. Je ne sais pas, je ne les ai pas comptés. Il y a deux grandes familles de Dieux chez moi. Les Ases et les Vanes. Ils sont à l’origine de la première guerre du monde, mais aussi de la première paix. Durant cette paix, ils ont tous craché dans une même cuve pour former Kvasir, le dieu de la Sagesse, de la poésie et… de l’hydromel. il marqua une pause face à son regard interloqué. Il en avait trop dit. Ou pas assez. C’est lui qui a enseigné la science aux hommes car il savait tout. Un jour, il s’est rendu chez deux nains qui brassaient de l’hydromel qui l’ont assassiné pour obtenir la sagesse de son sang et créer l’hydromel poétique qui donne l’inspiration aux poètes et la science.

Drôle d’histoire pour un Monbrinien. Il aurait peut-être dû s’abstenir. Enfin ce n’était pas pire que de boire le sang du Christ à la messe après tout. Une chose était certaine : Kvasir n’était pas le draugr cloué où le pays compterait plus de skalde que n’importe quel autre. Il y avait erreur sur la marchandise.

— Ce qui est amusant c’est que le terme de Kvas veut dire les fruits écrasés. Comme pour faire du vin, tu vois ?

Mais il n’avait toujours pas réellement répondu à ses remarques et reprit donc :

— En fait, il n’y a pas vraiment de Dieux bons ou mauvais. Ils sont tous assez humains si on peut dire. Comme une autre espèce d’hommes, tu comprends ? Ils ne sont pas parfaits et ils peuvent mourir comme n’importe qui d’autre. C’est un autre monde parallèle au nôtre qui repose sur Yggdrasil, l’arbre monde avec huit autres mondes qui cohabitent entre eux.

Eldred essayait d’imaginer cette représentation d’une entité qui serait à l’intérieur de lui, mais c’était trop différent de ce qu’il connaissait depuis toujours pour qu’il arrive à se l’imaginer pleinement. Et puis il n’avait pas envie d’être un bout de Dieu ou de lui appartenir. Comment pouvait-on être pleinement libre si on était une partie de quelqu’un. Ses doigts par exemple, c’était lui et ils ne faisaient que ce qu’ils lui ordonnaient. Non, décidément cette hypothèse ne lui plaisait pas vraiment, même s’il appréciait l’idée poétique derrière. Il n’avait pas envie d’être une goutte de l’hydromel fait du sang d’un Kvasir…

Ils parlèrent finalement de famille tout en marchant et le petit à roulettes voulait en savoir plus.

— Trois mamans ! s’exclama-t-il Pour sûr c’est pas courant, ça ! Je ne peux pas te répondre parce que je ne sais pas vraiment. Pour moi, mon père c’est celui qui m’a élevé. L’autre, il n’était pas là. Il est peut-être parti ou bien il est mort. C’est mon père qui m’a dit que je n’avais pas son sang. A Zakros, les femmes sont quand même plus libres qu’ici, ce genre de situation arrive, ce n’est pas inhabituel. Et toi, tes mamans alors ?

La question suivante porta sur le baron de Frenn. Il essaya de fournir une réponse aussi précise que possible afin de satisfaire sa curiosité. C’est sûr qu’il était impressionnant lorsqu’on ne le connaissait pas, mais étrangement Eldred avait plutôt l’impression de l’inverse. L’avait-il froissé un jour ? Il lui posa tout de même la question. Au pire, il ne répondrait pas.

Mais un aut' garçon et moi, on a été condamnés par lui.

La phrase produisit un drôle d’écho dans sa mémoire. D’ailleurs les deux compagnons de route s’arrêtèrent d’un coup, simultanément. Le zakrotien cherchait à rassembler les fragments. Il voulait être sûr… Et si c’était lui ? En même temps qui cela aurait-il pu être ? Il savait que c’était Dyonis qui l’avait condamné. Tristan reprit soudainement en se justifiant.

— Je te crois, tu n’as pas l’air d’un mauvais garçon. Ça se voit. il posa une main amicale sur son épaule pour le rassurer. Dis-moi l’autre garçon, il s’appelle Alexandre ? Avec des béquilles ?

La fameuse cervelle de troll. En même temps, il pouvait être affreusement idiot lorsqu’il s’y mettait… Enfin si c’était son ami, il valait sans doute mieux éviter de l’appeler ainsi. D’ailleurs, si ça se trouvait ils avaient peut-être bien été plus intimes qu’amis, étant donné la largesse avec laquelle il pouvait considérer d’autres hommes comme de simples amis. Il se souvenait encore de leur altercation sur les quais.  Un ami qu’on baise ça s’appelle un amant. C’était pas compliqué pourtant non ? Ils empruntèrent un virage à angle droit et s’engouffrèrent dans une nouvelle rue tout aussi animée à l’atmosphère étouffante.

— Un ermitage dans la nature ? Tu connais le roi de la forêt toi aussi ?

Et après ? Après il ne sut jamais. Ses mots se turent et Eldred n’osa pas insister, sentant que le sujet était délicat à aborder. Qui plus est, il ne se connaissait que depuis quelques minutes à peine. Il préféra donc lui parler de Zakros et de tout ce que les Monbriniens détestaient là-bas. Il écouta avec attention sa remarque sur la politique étrangère.

— C’est comme manger un gâteau. Y’a ceux qui mangent leur part, ceux qui piquent dans l’assiette du voisin et ceux qui engloutissent tout le gâteau avant de rouler par terre la panse à moitié éclatée.

C’était peut-être bien ce qui se passerait quand Monbrina aurait avalé la dernière part : elle exploserait de l’intérieur. Si seulement c’était possible… quant à savoir pourquoi il était là, il était arrivé aux mêmes conclusions que lui : peut-être bien qu’il avait quelque chose à faire ici. Quoi ? Pouvait-il réellement changer les choses ? Il acquiesça tout de même avant que sa question ne le laisse pantois. Ce qu’il ferait ? Il s’arrêta net.

— Bah… En fait je ne sais pas. Avant je voulais rentrer chez moi et recommencer à me battre jusqu’à réussir ou mourir, mais… j’ai fini pas rencontré des amis ici, et je n’ai pas envie de les abandonner. Je ne peux pas. Alors je resterai surement ici, et pour le reste je ne sais pas. Et toi qu’est-ce que tu voudrais faire ?









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Message par Le Cent-Visages Ven 4 Juin - 20:35

[4 janvier 1598] Priorité à droite, crétin ! ¤ Ft. Eldred, Tristan [Terminé] Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Tristan se concentrait pour retenir ces noms que lui découvrait Eldred - Ases, Vanes, Kvasir... - et le tableau général de l'histoire où toutes ces entités intervenaient. Il s'efforçait de mémoriser, comme quand Lénius ou Alexandre contaient des mythes. Le garçon manquait du panorama global, n'ayant que par-ci par-là la connaissance de quelques mythes sans les relier. Il s'imaginait aussi naïvement que ce n'était que dans le passé que des peuples avaient autant de dieux. Savoir que ce maillage de multiples divinités existait encore, comme à Zakros, l'interpella. Il arrondit la bouche et se réjouit même dans un rire d'entendre qu'un était à la fois dieu de la sagesse, de l'art... et de l'hydromel ! Fallait croire que la boisson pouvait être liée à la créativité - voire à l'ouverture des esprits à d'autres perceptions de la réalité. Mais point trop ! Le petit esclave ne trouvait pas le père Thierry particulièrement sage ou créatif quand il buvait à l'excès. Il secoua la tête à cette association d'idée et écouta Eldred - avant même qu'il n'eut à demander led étail.

-- Ici, y a un dicton qui dit que dans le vin, il y a la vérité. C'est en latin, j'saurai pas te le redire, mais... (Il écarta les mains devant lui, penaud, sourire en coin, puis s'interrogea plus sérieusement sur l'assassinat de Kvasir le sang coule pour donner inspiration et connaissance.) C'est... curieux, comme on dirait que toutes les croyances ont leur dieu qui doit souffrir et verser son sang pour que quelque chose de bien arrive, ou qu'on sache des trucs ! Y a Kvasir, y a... euh... celui que j'sais plus son nom... mais qui a été démembré par des furies, y a Jésus et tout... (Un temps) En fait, j'aime bien l'idée qu'les dieux soient pas invincibles. P'têtre qu'y peuvent nous comprendre si eux aussi ils ont des ennuis !

Des dieux humains... ça aussi, il aimait - y compris dans la religion officielle de Monbrina. D'autres choses de cette foi le révulsaient, mais un dieu humain, mangeant, buvant, marchant au milieu des gens ordinaires, et ayant peut-être même eu des histoires d'amour, voilà qui le réconciliait avec une partie de ces dogmes. D'autant que les Cassin leur apportaient de cela une version bien plus douce et pacifique de ce qu'il avait eu l'heur de connaître naguère.
Il se lécha les babines à la seule image de ces bons fruits écrasés capables de faire du vin ou tant d'autres délices ! Tristan se rappela dans la foulée de ces  grenades partagées avec Bélyl, Guillaume, Sœur Cécilia et les Cassin. D'ailleurs, un nom qui signifiait "fruit écrasé" liait là encore quelque chose de beau avec un acte qui broyait. Comme s'il fallait ça pour sortir le suc et s'en délecter.

-- Tellement pas courant qu'j'évite de le dire aux gens qui sont... euh... sûrement moins ouverts à ça, confia-t-il à Eldred après avoir évoqué ses mères : pas le genre de propos qu'apprécieraient des esprits plus rigoureux ou dévots. Son interlocuteur, en revanche, n'y verrait certainement aucun outrage après lui-même avoir confié une double paternité. Il acquiesça d'ailleurs aux détails qu'Eldred peignait de son histoire : d'un côté celui qui méritait le titre de père en élevant. De l'autre, celui qui l'était par la vie donnée. Pour avoir discuté d'un pareil sujet avec Alexandre, Tristan savait combien les deux ne faisaient pas nécessairement une seule et même personne : semer, c'était une chose. Élever, c'en était encore une autre et tout le mérite du titre se trouvait là. Pas de chance pour Alexandre, il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre entre le biologique et l'adoptif. Quoi que... dans ses meilleurs moments, le père Thierry donnait une lueur d'espoir quant à un possible changement. Mais il revint aux souvenirs que confiait Eldred. Ainsi, il ne savait rien de son père "naturel". Oh... Je vois. Y t'manque pas ? Ou y a des jours où tu t'dis que t'aimerais quand même savoir qui c'est ? Même si ça enlève rien à c'ui qui t'a élevé, juste... b'soin de savoir ? (Il se mordilla la lèvre. Lui, il l'avait eu, ce besoin de connaître le biologique. Il avait réussi à se faire la malle de l'hôpital général pour retrouver la route du géniteur mais... un tabassage et un retour à la case institut l'avaient reçu au bout du chemin. Et la mère naturelle n'avait rien fait. Depuis, Tristan ne s'estimait que fils de trois autres mères. Il retrouva d'ailleurs son enthousiasme pour les présenter - aussi bien qu'il put, espéra-t-il, pour leur faire honneur - à Eldred) Y la maman qui m'a fait naître mais... j'saurai jamais rien d'elle à part qu'elle m'a pas voulu donc elle compte pas. En fait, les trois mamans, c'est celles qui m'ont adopté et c'est avec elles que j'suis re-né. J'devais avoir huit ans quand elles m'ont sorti du trou, et après j'ai vécu heureux avec elles dans les coins d'nature où elles bougeaient. On disait qu'c'étaient des nonnes-gitanes. Elles faisaient leur vie, leurs aides et tout d'un village à l'autre, d'un ermitage à l'aut' ou par les chemins, elles s'fichaient un peu des règles des ordres des fois mais comme elles faisaient rien d'mal on les laissait tranquille.

Il sourit à cette replongée dans ses souvenirs. Libre avec elles. Jusqu'à ce que la santé de deux se fît trop fragile et qu'un supérieur ne leur a pas laissé le choix que de ré-intégrer une communauté fixe. Et elles avaient fait jurer à ce type de faire ce qu'il fallait pour Tristan, et... il ne l'avait pas fait. Ce furent donc les rues à partir de là. Au moins l'allure enjouée de la conversation avec Eldred ne le laissa pas s'enfoncer dans de mauvais souvenirs, car déjà l'ermitage générait au Zakrotien le lien avec ce fameux roi de la forêt. Pour Tristan, c'était comme un personnage de légende ! ...Mais celui-ci était vrai. Il leva haut les yeux pour rencontrer les prunelles du solide guerrier et confessa :

-- J'ai entendu dire des trucs sur lui mais j'l'ai jamais vu. Dis... c'est pas vrai que c'est un pilleur et un violeur... ? Y a des gens qui sifflent ça en ville, mais de l'aut' côté des personnes que j'ai croisées qui disent qu'il est... un peu foufou mais très gentil ? (Il haussa le menton, curieux de la version que lui en donnerait Eldred. Et tant qu'ils en étaient au registre des singulières connaissance... un garçon, des béquilles, oh oui, même qu'il les jette pour essayer d'assommer des prêtres lubriques avant de découvrir qu'il en est le fils) Alexandre, c... c'est lui ouais... D'où c'est qu'tu le connais ? Y... y t'a raconté cette histoire ?

Peu glorieuse histoire, pour laquelle Tristan eut le bonheur de ne pas se sentir jugé par Eldred alors qu'il avait un instant laissé apparaître sa honte, son besoin de se justifier, de tenter d'effacer cette mauvaise image qui devait circuler de lui à Frenn et ailleurs. L'immense main du Zakrotien recouvrant son épaule fut pour le jeune invalide un profond réconfort. Il rougit à ses mots et aligna trois petits hochements de tête comme s'il lui fallait lui-même se convaincre de ce qu'il entendait. Eldred lui faisait confiance. Il respectait son maître mais ne pensait pas tout comme lui. Tristan sourit et ses petites billes dorées s'arrêtèrent, humides, quelques instants dans les calmes yeux bruns tout là-haut.
Il rit joyeusement de l'image  judicieuse de ce gâteau, mais aussi de se figurer une bonne tripotée de ces Grands aperçus au Triomphe rouler par terre d'indigestion, avant d'inspirer et de lever les bras avec une fausse fatalité plus attendrissante que tragique :

-- Voui... Et aussi, y a ceux qui se font tout voler alors même pourtant qu'c'est eux qui l'ont préparé, le gâteau, mais qu'on les voit pas travailler. Oh mais j'espère bien qu'ça changera, 'fin on sait jamais...

Moins plaisantin, Tristan s'étonna d'abord de l'état d'esprit dans lequel Eldred lui confia être : c'était troublant de se sentir bien - ou du moins pas mal - finalement, dans le pays qui avait fait de lui un esclave. Il comprenait son premier état d'esprit, cette volonté de retour et de reprise de sa part du gâteau. Mais il finit par entendre tout autant le choix d'une certaine résilience, et le bonheur trouvé à la présence d'amis même chez l'ennemi. En vérité, ils n'étaient pas si éloignés en cela : Tristan s'accommodait de plus en plus de sa situation quand bien même cela n'enlevait rien à l'injustice à l'origine de la chose. Le sourire qu'il eut alors n'était pas joueur, mais admiratif et ému à la fois : ce devaient être de très précieux amis, pour qu'Eldred ait troqué ses premiers plans contre le fait de ne pas les quitter.

-- J'sais pas trop, dit-il à son tour, j'vois les choses venir et pour l'instant elle sont bien, alors... Y a deux des filles d'mes maîtres qui m'enseignent à lire et écrire. Et j'aimerais vraiment faire de l'art ! J'en fais un p'tit peu pour coiffer Mademoiselle et lui donner des bijoux - ce qui lui avait valu les réprimandes de certains en tant qu'amateur d'activités impies ou de femmes. Mais y a aussi la danse, et les numéros avec les couteaux, ça m'ferait rêver d'en vivre !
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Message par Eldred Kjaersen Sam 12 Juin - 11:25





Tristan semblait boire ses paroles autant que l’hydromel issu du sang de Kvasir. Cela faisait plaisir à voir. Il avait rarement l’occasion de pouvoir parler ainsi de ses croyances qui risquaient de le conduire droit sur un bucher pour hérésie. D’ailleurs ce n’était sans doute pas une bonne idée d’en parler au milieu de tout ce monde, mais en même temps, il n’avait pas dit qu’il croyait en ce qu’il racontait non ? Il passerait quand même à l’église faire semblant de prier sur le retour pour Frenn. Ne savait-on jamais.

— Ah oui c’est sûr quand t’as trop bu t’as tendance à dire toutes les vérités même celles que tu ne devrais pas. Eldred eut un éclat de rire rauque En fait, tu sais mes dieux n’interviennent pas trop dans mon monde. Ils sont juste là, alors nous comprendre ? Je crois qu’ils n’en ont rien à cirer.

Des dieux anciens l’on passa à la famille proche. Leurs pères, leurs mères. Un sujet qu’il n’avait jamais abordé avec quiconque depuis son arrivée à Monbrina et bien rarement sur son sol natal. Sa question le laissa d’ailleurs un moment perplexe.

— J’y pense rarement. Parfois oui. Souvent non. Sans doute par peur d’être déçu ou de découvrir quelque chose que je n’aurais pas dû. L’ignorance est parfois plus douce et paisible que la réalité.

La seule chose dont il était à peu près certain c’est qu’il ne devait pas être un enfant issu d’une relation non consentie a fortiori avec un Monrbinien. Il voyait mal sa mère ne pas avoir craché sur ces fumiers d’adorateurs de draugr. Tristan lui raconta à son tour son enfance.

— En fait t’as quatre mamans alors, pas trois !

Des errances du jeune garçon, ils évoquèrent le roi de la forêt, suite logique de ces gens qui vivaient en marge de la société.

— C’est un original. Je pense qu’on le confond avec d’autres brigands ou que certains usurpent son identité. Je le vois plutôt comme un excentrique que comme un sanguinaire. Surtout quand tu le vois protéger sa forêt. Tu devrais le rencontrer, un jour. Je pense que vous auriez de quoi discuter.

Eldred lui adressa un sourire jusqu’à ce que le nom d’Alexandre revienne flotter dans l’air. Il soupira profondément.

— Je le connais de Frenn. J’ai juste fait le lien c’est tout. En novembre, il est venu au château rencontrer le baron. Il a dénoncé Sylvère et Hyriel puis a dessiné leurs portraits. Quand il a remarqué ma présence, il m’a insulté à cause de mes origines similaires à celle de l’usurpateur. Avec moi, il y avait une jeune esclave zakrotienne aussi que le baron a récupéré chez le faux Rottenberg… Il s’est mis en colère pour nous défendre et Alexandre s’est excusé en demandant quinze coups pour la peine. Le baron les a réduit à cinq. C’est moi qui l’ai fait. Je suis désolé pour ton ami. Je l’ai revu à l’église en décembre. Il m’a sauvé de son idiot de père qui voulait me faire bruler parce que je voulais pas sucer ses écrase-merdes.

Il avait bien conscience que ce n’était pas ce genre de nouvelles qu’il aurait voulu entendre mais bon, c’était la réalité. S’il était chez les Cassin, il devait savoir que son ami avait migré à Fromart et lui épargna donc ce détail. Ils parlèrent ensuite politique et son image de gâteau le fit bien rire alors qu’il renchérissait avec malice. Oh oui il avait raison, il y avait toutes les petites mains qui le préparaient en silence et n’en voyaient jamais la couleur. Il haussa pour sa part les épaules l’air de dire « on verra bien ». Et pour ce qui était de ses projets s’il était libre, il constata son étonnement puis son admiration, ce qu’il comprenait aisément. Cela ne devait pas être tous les jours qu’un esclave étranger avouer vouloir demeurer ici s’il le pouvait. Pourtant se dire qu’il devrait abandonner Alduis et tous les autres étaient désormais trop dur. Même le baron… Il avait fini par s’attacher à lui d’une certaine façon, tissé dans un profond respect mutuel. Étonnant, certes, mais bel et bien présent.

— C’est de beaux projets que t’as là ! C’est bien d’apprendre à lire et écrire. Je sais pas non plus. Enfin que les runes de mon alphabet ancien, mais ça sert à rien ici à part à se faire accuser de sorcellerie. En tout cas, j’aimerais beaucoup te voir faire un numéro un jour !

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Message par Le Cent-Visages Sam 19 Juin - 20:27

[4 janvier 1598] Priorité à droite, crétin ! ¤ Ft. Eldred, Tristan [Terminé] Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Tristan pouffa : c'était vrai, ça, que l'alcool rendait... soit étrangement créatif - et pas des meilleurs façons - soit porteur de vérités abruptes. Il prit une pose dans leur chemin pour reposer ses bras menus, s'enroula, se déroula jusqu'à sentir ses muscles assez réchauffés pour poursuivre. Quelques pavés déchaussés de-ci de-là lui demandaient un effort de manœuvre : virage gauche, créneau, bascule, pulsation en avant du bout de ses pieds - comme une chorégraphie taillée au cordeau. Une fois le chemin redevenu plus praticable, il rendit toute son attention à Eldred qui éclata de rire avant de préciser la nature de ses dieux.

-- Oh, alors ils sont juste... comme les aut' éléments d'la nature ? Ils font leur vie et puis c'est tout ? ...D'accord, ouais c'est... assez différent du dieu d'ici ou de ç'ui de Djerdan - Ola ou Alla j'sais plus, une fois l'Cardinal l'a dit mais j'ai oublié.

Il aura parlé plus bas, tout en adressant de discrets coups d'yeux aux environs : ça allait, cette rue qu'ils parcouraient n'était pas trop bondée et personne ne semblait  porter attention à deux - du moins pas au-delà des regards curieux pour l'étrange groupe qu'ils formaient. Tant mieux pour leur conversation. Et pour leurs fesses. Tristan acquiesça à ce que le Zakrotien confiait au sujet de son père : une position qui se comprenait. Et s'il découvrait des horreurs ? Et s'il était déjà de l'individu véritable après s'être imaginé plein de choses à son sujet ? Comme lui-même... en fin de compte non, il aurait préféré ne pas connaître le géniteur.

-- Ouais j'vois. C'est vrai, y a des vérités dur à porter. Ou qu'on préférerait pas entendre... (soudain rieur en refaisant le lien, accompagné d'un cercle dessiné de ses doigts) comme celle de l'alcool ! (Plus sérieux) Par contre j'sais qu'y en a qui disent qu'y vaut mieux savoir. Même si c'est horrible et tout. Genre en politique, savoir ça permet d'pas se faire enfler. Et en même temps, y en a d'aut' qui disent qu'y vaut mieux pour le commun des gens pas être trop trop savant, comme ça ils font leur vie et après tout y ont pas besoin de beaucoup plus. (Il dodelina du chef dans une petite grimace, avant de papillonner encore de son esprit davantage rempli de questions que de certitudes) Et pourtant y a bien des cas où c'est mieux, ouais, l'ignorance. Le mien de 'Pa j'ai beaucoup regretté de l'avoir découvert. Bon maintenant, c'est cicatrisé, voilà.

Il marqua un temps d'arrêt et réfréna une petite moue au rappel de ma quatrième, pour ses mères - la première en fait, mais qui se rattachait à trop de mauvais souvenirs. C'était comme s'il voulait l'oublier, tout en sachant bien qu'il était et resterait une moitié d'elle. Tristan sourit pour donner le change, et s'illumina bien davantage à entendre parler de Sylvère. Eldred était donc de ceux qui faisaient plutôt confiance au brigand. Comme Dame Irène. Comme Cassandre. Il arrondit les lèvres aux conseil de son interlocuteur et approuva volontiers :

-- Oh b'en sûrement, s'il est comme tu dis, Dame Irène aussi. Faudra que j'vois avec elle ou Mad'moiselle Bélyl, ou son père vu qu'c'est plutôt eux qu'je sers. Quoi que, si ce roi est plein d'surprises, p'têtre qu'on se verra à l'improvisé comme dans un d'ces coups de théâtre, dans la rue ou hors les remparts ou... va savoir quoi d'autre encore ! (Pétillant à l'idée de cet homme veillant sur une forêt comme sur un enfant.) La forêt, pour moi ça s'rait acrobatique, mais j'ai pas peur ! En plus si y a des gens avec moi.

Le long soupir d'Eldred au nom d'Alexandre arrêta Tristan. L'inquiéta. Oh, y aurait-il un problème ? Et alors la suite ! Quoi ? Mais... Mais... Mais ? Il arrondit les yeux, la bouche, plaqua une main à ses lèvres à cette histoire de dénonciation, puis de punition demandée par lui-même, puis d'insultes à deux autres esclaves. Sa tête roula dans ses épaules, il cilla avant de bafouiller :

-- Wow... c'est trop d'informations d'un coup là... (Il aura plaisanté de ces mots dans un demi-sourire tentant de se décontracter devant de pareilles nouvelles.) Alexandre, il... il... en a fait d'grosses bonnes. Mais dénoncer des gens et insulter des origines c'est... c'est... vraiment, j'imaginais pas ça d'lui.

Il se tordit les doigts dans un pan de son écharpe, avant de reprendre le maniement de ses roues. Fallait pas traîner, Eldred n'avait sûrement pas tout son temps. Tristan d'ailleurs ne savait strictement pas où il allait, il le suivait simplement - sans doute jusqu'à la porte de la ville que son interlocuteur devrait passer pour reprendre la route de Frenn. Ses yeux effarés pianotaient en tous sens, comme à la recherche d'une explication - suppliant un "pourquoi ?" au sujet de son ancien amant. Un amant de si peu de temps en fin de comptes, quelques jours... Le garçon commençait sérieusement à se dire qu'ils ne se connaissaient peut-être pas si bien que cela au final. Même leur dernière conversation amicale, en décembre, dans l'église, était restée somme toute assez cordiale sans trop de plus. Bon... Il lui restait toutefois grandement reconnaissant d'avoir plaidé la cause des invalides auprès de ce nouveau charpentier - sous forme de rampe qu'il lui avait fait installer.

-- Quinze coups ? Genre demandé lui-même ? Son père aurait a-do-ré, lâcha-t-il, navré et un poil amer - sans préciser qu'il pensait à l'adoptif : il ignorait jusqu'à quel point Eldred connaissait l'histoire personnelle d'Alexandre. Mais cette détestation de soi, cette envie malsaine de se faire salement corriger alors que d'un autre côté il faisait tout pour se mettre en valeur. L'baron a bien fait en tout cas d'au moins réduire, dut-il reconnaître même si ce fut d'une vois un peu précipitée. Même si pas d'coup du tout ça aurait été bien aussi. Et c'pas ta faute, t'as obéi...

Il secoua la tête, massa son front dans sa main, puis préféra rire de la dernière répartie d'Eldred quand au père Thierry, même s'il ne trouvait en revanche pas amusant du tout la première partie de la phrase - ce qu'il n'aura pas manqué de signifier d'un regard noir... ou du moins aussi noir que pouvait le faire sa petite mine juvénile. Il aura toutefois arqué un sourcil : un prêtre aussi peu catholique que Thierry, s'en prendre à Eldred pour ses dieux ?! Mais on croyait rêver ! Il roula des yeux et piaffa :

-- Mais il est pas possible ce con ! Il est vachement, mais vachement de vachement bien placé pour faire la police à la foi des autres, moi j'dis. J'pourrai t'en apprendre de jolies sur lui. Bref. J'suis content qu'Alexandre t'ait secouru pour le c... coup... acheva-t-il dans un petit miaulement, conscient soudain que l'expression était moyennement choisie après cette affaire de quinze frappes.

Ses pensées restaient tournées vers Alexandre : il savait qu'un ministre l'avait repris après sa nouvelle affaire de sodomie. Aucune nouvelle depuis. Mais déjà lors de leur dernière discussion à l'église, Tristan avait senti que leurs chemins se séparaient et de beaucoup. Qu'Alexandre allait s'envoler vers d'autres cieux beaucoup plus ambitieux. Qu'avec le temps leurs parcours seraient très différent et s'oublieraient sans doute mutuellement. C'était ainsi. Il haussa les épaules et impulsa un coup plus brusque à son fauteuil - comme une façon de s'ordonner à lui-même d'aller de l'avant, de penser à la suite et de rouler avec enthousiasme son propre chemin.

-- Et moi de même : j'aimerais bien les voir tes runes dis ! chuchota-t-il, mais tout de même assez fort pour que les claquements de sabots d'Hestia ne recouvrent pas complètement sa voix fluette. Faudrait qu'on s'trouve une occasion héhé : ton alphabet, contre un numéro d'moi. Et comment qu'un alphabet pourrait être de la sorcellerie ?
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Message par Eldred Kjaersen Ven 25 Juin - 10:20





Tristan marqua un arrêt sur les pavés, le temps de détendre un peu ses bras. Ça ne devait pas être évident d’avancer dans sa petite carriole. Il lui aurait fallu un poney pour la tirer. Il se demandait d’ailleurs comment c’était possible qu’il ait deux petites brindilles en guise de bras pour faire office de jambes. En tout cas, il était adroit pour ne pas chavirer entre les pavés pleins de merde en tout genre.

— C’est comme des gens normaux qui vivraient dans un autre pays où tu ne peux pas aller, en fait. Je croyais que c’était le même avec un autre nom. C’est tous les mêmes.

Tous des imposteurs. Mais il garda cette partie pour lui-même. C’était un peu trop pour la rue, y compris dans un murmure rauque. Il en avait déjà assez pour finir en torche sur la Grand’Place. Pour ce qui était de son père, pas celui des Cieux - quoiqu’il y était peut-être – Eldred aimait autant ne rien savoir, ou tout du moins ne cherchait-il pas à découvrir la vérité. Si les Dieux voulaient lui apporter la connaissance alors il l’accueillerait, mais il n’irait pas sacrifier un œil pour ça. Il acquiesça à ses paroles.

— La connaissance ça pèse lourd. Il faut avoir les épaules pour pouvoir le porter sinon on finit par se faire écraser aussi surement que sous une enclume.

Il corrigea son compte au sujet des mères ce qui le fit prendre une mine boudeuse. Pourtant s’il avait deux pères alors lui avait quatre mères. C’était aussi évident que cela. Le roi de la forêt semblait en revanche beaucoup plus le réjouir et il y avait de quoi vu le personnage !

— C’est possible que tu le vois en ville, oui. C’est aussi un acrobate, sa vie est un grand spectacle je crois. Si ça se trouve tu l’as même déjà vu sans le savoir. Déguisé en curé, en mendiant ou même en demoiselle.

Eldred étouffa un petit rire. En fait, ils auraient pu faire un numéro les deux-là. Amusement rapidement remplacé par un profond sérieux lorsqu’il rappela les faits concernant Alexandre. Il s’en voulut presque de lui montrer cette façade si peu reluisante voire pitoyable de celui qui était son ami. Il alla même jusqu’à lui parler des coups dont il omit de préciser le fameux tisonnier. Et c’était sans doute mieux vu comme il s’en étonnait. Il ne put d’ailleurs s’empêcher de souffler un rire devant son commentaire. Oui oui tout à fait « genre demandé par lui-même » et même insisté pour être exacte répondit-il par l’affirmative. Pas de coups du tout, c’était pas possible, dans l’état des choses. Par contre il aurait pu le laisser se flageller tout seul comme un grand et comme ces idiots de chrétiens qui se fouettaient en priant. Quant au curé, la spontanéité de Tristan eut le don de briser la lourdeur de ses confessions.

— Alexandre m’en a raconté de belles je dois dire. Je sais pas comment il fait pour pas le noyer dans le bénitier ou son vomi.

Ils continuaient à marcher cahin-caha sur les pavés cabossés en direction de la porte de la cité qui le ramènerait à Frenn. En un coup d’œil à ses petites mains qui s’affairaient à faire avancer sa petite charrette, il se dit qu’il allait devoir en faire des kilomètres pour rentrer après ça, quand lui s’installerait confortablement sur Hestia pour galoper jusqu’aux murailles du domaine… Ils en profitèrent pour échanger leurs visions et désirs respectifs pour l’avenir, jusqu’à parler lecture et alphabet.

— Je te montrerai avec plaisir si tu veux. Faut juste qu’on ait de quoi écrire ou un endroit pour tracer dans le sol où y’a personne. En fait tu sais, chez moi, on écrit assez peu. C’est pas vraiment de là que viennent nos runes. Le père des Dieux, Odin s’est transpercé de sa lance et suspendu à l’arbre-monde pour acquérir la connaissance des mystères dont font partie les runes. D’ailleurs rún  veut dire mystère. Chaque symbole est rattaché à une signification particulière. On les utilise en divination et pour donner des propriétés aux objets par exemple. Tu vois avant les combats on se peinture avec une combinaison de runes censée apporter la victoire. C’est pour ça que c’est considéré comme de la sorcellerie. C’est pas juste un alphabet pour écrire des livres. D’ailleurs, on a pas vraiment de livres.

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Message par Le Cent-Visages Mer 7 Juil - 18:30

[4 janvier 1598] Priorité à droite, crétin ! ¤ Ft. Eldred, Tristan [Terminé] Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Tristan ondoya des épaules, songeant aux graves responsabilités que semblaient effectivement impliquer la connaissance. Peut-être qu'il fallait admettre de ne pas savoir certaines choses, tout comme admettre l'indifférence de certaines divinités aux tribulations humaines. Peut-être que cela épargnerait bien des conflits sur Terre si beaucoup de gens acceptaient cette frontière - et de ne pas imposer des dieux à autrui si les dieux eux-mêmes ne s'imposaient pas tant que cela d'eux-mêmes.
Il ne se fit pas prier pour quitter ce grave sujet, préférant s'intéresser aux tribulations du roi de la forêt dont l'évocation égaya le visage juvénile. Tristan aimait l'idée de ce roi au multiples visages et costumes. Et les surprises qu'il réservait par ses rencontres aux identités masquées. Peut-être que cet homme aurait aimé faire du théâtre ? Il se l'imagina volontiers artiste et comédien dans son genre, même si lui ne le faisait pas sur des planches... D'ailleurs, aimerait-il cela, être un acteur, donner des représentations ?

-- Oh ce serait drôle, ça ! Je trouverais ça délicieux de l'rencontrer, et qu'en fait on découvre d'fil en aiguille qu'on s'est déjà vus. (Un temps, rieur) En prêtre ? Ah ah, si tu veux mon avis, j'suis sûr qu'il est même meilleur curé que... au hasard... b'en le père Thierry ! En tout cas, on pouvait difficilement être pire.

Et justement, Eldred pouffa à leurs découvertes respectives quant au Saint Père et au Fils apparemment amateur d'auto-flagellation... En tout cas, en novembre. Tristan espérait bien que d'ici-là, en changeant de maîtres et de mode de vie, Alexandre trouve davantage de stabilité et un environnement qui lui serait enfin beaucoup plus sain. Tristan rit à son tour de l'imaginer glougloutant dans son bénitier et miaula :

-- Oh non... pauvre bénitier !

Après quoi il surprit le regard du Zakrotien vers ses petites mains et lui rendit par habitude un sourire comme pour souligner que tout allait bien, qu'il avait l'habitude. Même si, il devait se l'avouer en regardant de nouveau vers Hestia, il adorerait un jour décoller de son fauteuil roulant et galoper sur une telle monture. Se sentir porté, libre, apprécier une vision un peu plus en hauteur sur le déroulé des rues... Après tout, il avait déjà une fois découvert Braktenn vue de haut sur le dos de cette drôle de gentille géante ! Comme des oiseaux sur les toits. Qui pouvait le plus pouvait donc le moins... et qui savait si un jour, il ne pourrait pas profiter d'autres moyens de se mouvoir. L'esclave quitta sa rêverie et releva les yeux très haut vers Eldred qui parlait avec passion de ses runes. De leur origine mystérieuse - c'était le cas de le dire. Le garçon roula de la tête en arrière : eh bien... Odin lui aussi était de ces dieux devant en passer par la souffrance pour obtenir la connaissance. mais lui, il devait avoir les épaules d'assumer un tel savoir. Et si les runes pouvaient permettre d'y avoir un petit accès ? Il sourit.

-- Oh j'comprends mieux. La divination, ça crisperait mon maître. Pourtant, y a des croyants qui disent bien qu'y a des mystiques qui ont des révélations. Pourquoi ce s'rait pas pareil ? (Un temps) Wow, c'est comme si vos livres, c'était votre peau elle-même ! J'trouve ça beau ! Les gens eux-mêmes sont les mémoires et les porte-savoir. (Il préféra ne rien dire concernant les victoires que pourraient ou non apporter ces signes, comme il savait comment s'étaient terminés les conflits entre Zakros et l'Empire... La divination, cela l'interpella bien davantage.) T'en as déjà eu, toi, des prophéties ou ce genre de choses avec ces runes ? En tout cas, oh que oui qu'ça m'intéresserait d'les découvrir. Hm... Vers le port, y a des coins avec du sable, on pourrait tracer et que ça s'efface ni vu ni connu pas d'ennui ! Sinon, b'en y a la rue du Pont-Sainte-Claix, j'ai longtemps dormi là-bas sous les arcades et c'est assez tranquille. J'sais pas si tu vous où c'est ? Si jamais j'te montrerai. En tout cas j'pourrai amener de quoi écrire si jamais on va là bas, Mad'moiselle Bélyl me donnerait c'qu'y faut sans soucis. (Un temps, plus bas) J'suis pas obligé de lui dire pour quoi c'est. J'aime bien faire des dessins alors elle se posera pas de question.

Il arrondit sa bouche en bulle et dressa son doigt malingre devant avec un clin d'œil. Mademoiselle Cassin était ouverte et douce, mais Tristan ne voulait pas non plus pousser mémé dans les orties. Surtout que son père le général n'était pas toujours en odeur de sainteté et devait protéger sa réputation. Le pauvre, il ne méritait pas ça, il avait si bon cœur et essayait de faire son boulot de façon la moins dégoûtante possible... L'invalide déglutit et finit par s'arrêter d'un coup en découvrant qu'ils étaient arrivés vers les murailles... Ce côté particulier du rempart, derrière lequel se trouverait le chemin vers Frenn. Tristan ne voulait pas approcher de la porte. Il ne voulait pas voir ce château. Il n'avait pas revu ce château - même de loin - depuis... les événements. Il n'était pas sûr de se sentir encore prêt pour cela. Son petit fauteuil resta donc où il était. Il s'étira une nouvelle fois et, retrouvant son sourire, précisa à Eldered :

-- Je... Je... En fait, j'crois que j'vais pas pousser trop loin, sinon ça m'fera beaucoup à crapahuter en chemin inverse. Même que ça fait déjà longtemps que j'ai pas été d'ce côté là d'la ville. (Un temps) Oh, et j'suis bête j'oubliais ! Si tu as le.. le temps... tu peux aller trouver Madame d'Aubeville et lui dire que t'aimerais bien qu'on s'voit, à la date où tu peux. Elle transmettra ; j'vais souvent la voir !

C'était déjà fini... Ils allaient devoir se séparer. Pourvu qu'Eldred et lui-même aient l'un comme l'autre les opportunités de se revoir - rien n'était moins sûr pour deux esclaves dont les obligations dépendaient d'autres. Il voulait cependant espérer. Le garçon suivit son élan : il enroula son bras autour de celui d'Eldred puis y accola sa joue - il était si bas, par rapport à lui : voilà donc tout ce qu'il pouvait en terme d'accolade. Sur un large sourire, il accorda ensuite de nouvelles caresses à Hestia.

-- J'suis si content qu'on se soit rencontrés ! Oh, la prochaine fois ça sera sans coups de sabot, héhé, mais s'y ont pu servir à ça. (Il haussa les épaules, puis fit un petit salut de la main avant de retourner sur un enthousiaste) Au r'voir, Ancien Conseiller !
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Message par Eldred Kjaersen Mar 13 Juil - 14:54





Eldred avait délaissé les considérations religieuses pour lui donner son avis sur le roi de la forêt. Il était sûr que les deux là pourraient bien s’entendre. D’ailleurs, cela faisait un bon moment qu’il ne l’avait pas revu. Il semblait être retourné dans ses bois depuis le mois dernier.

— Ca m’étonnerait même pas, il est du genre à apparaitre quand tu ne t’y attends pas. Et le père Thierry, on se demande comment Dieu peut vouloir d’un type pareil pour le servir

Et qu’on ne vienne pas lui servir que c’était sa volonté. Ou alors c’était qu’il était complété fêlé ce Dieu qu’ils adoraient tous ici. Ce qui n’était sans doute pas complètement improbable en y réfléchissant bien. Du père, il passa au fils, avec qui il ne savait toujours pas bien sur quel pied danser. Parfois idiot comme un bouc, parfois presque sympathique. Il ne voyait toujours pas bien ce qu’un homme comme Alduis pouvait trouver à celui-ci. Ils étaient bien trop différents. Chaque fois qu’il les voyait ensemble, il avait ce pressentiment sur son échine qui lui disait que quelque chose clochait. Il n’aurait su l’expliquer. Et ce n’était pas parce qu’il s’agissait de deux hommes, ça non, il pouvait le concevoir, c’était juste… Il n’avait pas de mots pour décrire le vague malaise qu’il ressentait. Enfin, ça ne le regardait pas.

En revanche, il surprit son regard sur la jument à nouveau alors qu’il reposait ses mains endolories et se promit de le faire monter sur un cheval la prochaine fois qu’ils se verront. Là, ils arrivaient bientôt à destination, ce ne serait pas très intéressant. Il savait où le trouver maintenant, alors il tenterait de faire un petit détour par chez lui à l’occasion qui ne manquerait sans doute pas de se reproduite. D’autant plus qu’il avait un cours de runes à donner et le petit Tristan un numéro à faire !

— Je comprends pas, tu as déjà fait beaucoup de chemin pour m’accompagner. J’espère que ça ira pour le retour. J’irai voir Dame Irène dès que j’aurais un peu de temps pour que l’on s’occupe de cet échangé, c’est promis.

Eldred eut un léger sursaut en sentant les petits bras s’enrouler au tour du sien qui était plus gros que ses brindilles de cuisses. Il esquissa un sourire, passa la bride autour de sa main et se baissa pour l’enlacer réellement.

— Le plaisir est partagé, prend soin de toi. La prochaine fois je te ferai monter sur dos. Tu pourras regarder le monde de haut comme ça !

Il le relâcha puis mit pied à l’étrier pour se hisser sur Hestia qui attendait sagement le départ. Ses adieux le firent sourire  et il agita à son tour la main pour répondre sur le même ton :

—A bientôt Joyeux An!

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