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[8 Janvier 1598] Les liens tissés autour d'un ange [Terminé]

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Message par Alexandre Dim 11 Avr - 16:38

Pour aujourd'hui, Alexandre avait une journée tranquille pendant que son maître s'en retournait poursuivre sa mission dans les champs d'Asphodèle. Il lui souhaitait intérieurement beaucoup de courage car il doutait que le directeur aurait changé les dispositions de son établissement aussi vite que celui-ci avait fait repeindre les murs de l'entrée. avec un peu de chance, les pensionnaires auraient été mieux traités, mais là encore le jeune homme doutait. Ce individu ne lui rappelait que trop son père adoptif et ce dernier ne s'amendait jamais de ses défauts. Il gardait profil bas face à ses supérieurs, puis retournait à ses mauvaises habitudes une fois ceux-ci éloignés.

Néanmoins, actuellement, Alexandre était bien loin de songer à ces vilaines choses. Installé dans le salon de lecture, Il gardait Adéis pendant que sa mère s'occupait à d'autres activités. Il souriait avec tendresse à l'adorable petit garçon et l'invita à s'asseoir dans le canapé pour lui raconter une histoire. Il aimait naturellement celles se déroulant en mer, influencé par son oncle Sarkeris, et avait eu une bonne idée pour retenir son attention.


"Alors, c'est l'histoire d'Ulysse, le roi d'Ithaque, qui après une longue guerre, avait envie de rentrer à la maison. Il lui fallait cependant faire un long voyage pour revenir à son île natale. Son vaisseau naviguait depuis plusieurs semaines en mer et les marins n'apercevaient aucune terre. Ils n'étaient plus sûrs d'être sur la bonne route. A toutes ces préoccupations qui minaient l'équipage se rajouta une autre plus terrible encore : les provisions commençaient à s'épuiser. Heureusement, ils arrivaient à se débrouiller en pêchant, mais Ulysse se disait que les marins seraient plus rassurés s'ils touchaient terre rapidement."

Soucieux de l'impact de ses mots, Alexandre plaçait des respirations vers al fin de ses phrases et attendait un petit instant pour poursuivre afin de susciter le suspense et l'imagination de son jeune auditeur. Il lui montra également une gravure d'Ulysse, sur le vaisseau, entourés de ses marins.

"Puis, un matin, un homme aperçut une île. Elle était magnifique, immense même, et n'apparaissait pas sur leurs cartes. Des forêts épaisses la recouvraient. Ulysse prit le temps d'observer ce nouvel environnement, puis décida d'y descendre avec une quinzaine de marins. Ils commencèrent à explorer les lieux, burent dans l'eau des rivières sur leur passage, détaillèrent les arbres... jusqu'au moment où des bêlements retinrent leur attention. S'il y avait des bêlements, c'étaient que des gens vivaient là et ils se devaient de leur porter assistance. C'était une loi sacrée que l'hospitalité en Grèce. La troupe suivit ainsi le cris et découvrit une caverne, où attendaient des chèvres. Il n'y avait personne."

Alexandre marqua une pause, souriant à Adéis, laissant un instant sa main jouer avec ses belles boucles rousses

"Les marins voulurent prendre les chèvres et repartir mais Ulysse dit non. C'étaient contraire aux règles de l'hospitalité. Ils attendirent le retour de celui qui vivait là. Ils attendirent une heure. Deux heures. Puis trois. Et un être vint...."

Il s'interrompit au milieu de la phrase pour montrer la gravure du Cyclope face à Ulysse et ses compagnons.

"C'était un Cyclope qui possédait cette grotte et qui ramenait un autre troupeau de chèvres. Ulysse resta calme et lui demanda l'hospitalité, comme cela devait se faire pour respecter la loi de Zeus. Le Cyclope entra en coèreet riposta que lui un Cyclope ne craignait pas la colère de Zeus et attrapa au hasard deux marins pour le dévorer ,!"

A cette progression du récit, Alexandre monta la voix pour y donner plus de rythme et rendre l'action plus palpitante.

"Après cette scène terrible, Ulysse et ses compagnons se replièrent dans le fond de la grotte. Ulysse réfléchit et mit au point un plan. Pendant la nuit, il leur fit tailler un tronc d'olivier qui trainait là et créer une lance. Le lendemain matin, Ulysse s'approcha du Cyclope et lui proposa poliment un verre du vin qu'ils avaient emmené avec eux. Le Cyclope adora. Il en redemanda, puis voulut connaître le nom d'Ulysse. Ulysse déclara s'appeler Personne et le Cyclope déclara que comme Personne était gentil, il mangerait Personne  dernier. Ulysse continua à deviser avec le Cyclope quand ses compagnons arrivèrent par derrière et attaquèrent le Cyclope. Ils lui percèrent cet unique œil sur le front. Le cyclope poussa un cri terrible."

Afin de mieux l'illustrer, Alexandre poussa à ce moment un long cri, comme pour marquer l'agonie.

"Le Cyclope fuit vers l'entrée de la grotte en criant toujours. D'autres Cyclopes vint le trouver et il cria : On me tue ! On metue ! On lui demanda : qui te tue ? Et le Cyclope répondit : Personne me tue. Les Cyclopes ne comprirent pas et s'en retournèrent donc puisque pour eux personne ne tuait leur camarade. Le Cyclope, blessé, décida de bloquer l'entrée de la grotte et de tâter ceux qui essayaient de sortir pour ne laisser passer que des ses chèvres. Mais Ulysse eut une nouvelle idée : il ordonna à ses marins de se cacher sous le ventre d'une des chèvres. Ainsi, le Cyclope tâtait le dos de l'animal, sans pouvoir deviner qu'u homme se cachait en dessous."

Alexandre s'amusait à raconter cette partie excitante du mythe et espérait qu'Adéis l'appréciait tout autant et ne s'ennuyait pas.

"Lorsque les hommes furent sortis, ils s'empressèrent de courir au vaisseau. A ce moment-là, Ulysse se mit à crier à l'intention du Cyclope. Il dit ceci ! "Tu as bafoué les lois de Zeus ! Te voilà puni par Ulysse !" Ses compagnons eurent peur de cette défiance. Le Cyclope venait vers eux et poussait des cris. Il se mit à jeter comme il pouvait des pierres. Le vaisseau continuait cependant à s'éloigner et Ulysse proclama une dernière fois fois : Retiens bien ceci : Je suis Ulysse, roi, d'Ithaque !"

Toute histoire racontée à un enfant se devait de posséder une morale. Il se décida ainsi à conclure d'une voix plus basse que pour son récit.

"Alors que les voiles du vaisseau s'éloignaient, le Cyclope, rageur, s'agenouilla et pria son père, Dieu des mers, pour l'implorer de le venger. Le Dieu entendit son appel et causa tant de problèmes à Ulysse que tout son équipage mourut, les uns après les autres, et que lui ne put rentrer finalement à Ithaque qu'après dix années d'errance, soit vingt longues années après son départ pour la guerre."

Alexandre attira à lui le petit garçon pour lui faire un câlin, désireux de l'apaiser si la fin de l'histoire avait pu lu faire peur, et l'embrassa. Sa main lui fit ensuite quelques chatouilles, légères, dans le dos.

"Alors, Adéis, que retiens-tu de cette histoire ? Tu le trouves comment Ulysse ?"
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Message par Bérénice d'Aussevielle Lun 12 Avr - 14:33




 
Adéis, 4 ans


Alexandre tapotait le canapé pour qu’il vienne s’asseoir à côté de lui, lui proposant de lui raconter une histoire. Oh oui ! Adéis adorait les histoires !

— Est-ce que c’est une histoire de pirates, Alexandre ? demanda innocemment le petit garçon en sautant sur le divan pour s’asseoir.

Mais il reçut une réponse négative et fit la moue. Il était déjà en train de réfléchir à ce qu’il allait faire lorsqu’il entendit la première phrase. Le roi rentrait de la guerre. Comme papa. Il se calma instantanément et regarda par la fenêtre. Son père lui manquait. Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu et encore plus longtemps qu’il ne lui avait pas raconté d’histoire. Il aimait bien avant lui raconter des histoires de chevaliers ou de Romains. Avant qu’il ne revienne blessé, Adéis adorait les histoires de batailles. C’était ses préférés. Plus maintenant. Parce que dans la vraie vie les héros se blessaient ou mouraient. Il reprit le cours de l’histoire à la mention du navire. Tonton Sarkeris était devenu le roi d’Ithaque et le petit rouquin n’en perdait pas une miette, le regard rivé droit vers celui de l’esclave. Est-ce que son oncle avait visité cette île lui aussi ? Il lui demanderait la prochaine fois.

— C’était qui ? demanda-t-il incapable de subir la tension dramatique.

La réponse vint aussitôt sous forme d’illustration. Sa bouche et ses prunelles émeraudes s’arrondirent comme des billes. Un géant. Un géant avec un seul œil au milieu, c’était très bizarre ! Un peu effrayant. Surtout ses dents. Mais peut-être qu’il était gentil lui aussi, comme Monsieur-gargouille-sans-ailes ? Mais en fait non. Il n’était pas très très gentil. Adéis se cacha sous le bras du jeune homme pour écouter la suite du récit pensif.

— Pourquoi Ulysse n’a pas échangé son vin contre des chèvres si le cyclope aimait ça ? Se venger, ça ne sert à rien. Mon père dit toujours qu’il faut être plus intelligent et tendre la main. Et pourquoi Ulysse le punit ? C’était à Zeus de le faire pas à lui.

Il écouta la morale et fronça les sourcils en entrecroisant ses bras.

— C’est bien fait pour lui ! Ça lui apprendra à se prendre pour Dieu. Il faut être idiot quand même pour se perdre pendant vingt ans.

En fait ce n’était plus tonton Sarkeris, lui, il ne se perdait jamais, même quand il allait aux Indes. Les Indes c’était loin et la Grèce c’était tout petit. Il l’avait vu une fois, sur une carte de grand-père. Mais il ne pouvait s’empêcher de repenser à son père, en voyant les béquilles d’Alexandre posées à côté. Est-ce que c’était comme le gentil sorcier ?

— Dis Alexandre, est-ce que tu crois que mon papa pourra aussi marcher comme toi quand il ira mieux ? demanda-t-il en se laissant cajoler.

Bérénice venait de rentrer, elle avait écouté toute l’histoire de l’amant de son frère sans oser l’interrompre par son entrée. Il était adorable avec Adéis, cela devait lui faire du bien d’être si bien entouré à Fromart après avoir été si seul à Aussevielle. Ces dernières semaines, elle n’avait plus eu le cœur à rire et jouer avec lui comme auparavant. Si seulement Démétrius pouvait accepter de quitter son fief pour les rejoindre à la capitale ! Elle ferait les aller-retour au domaine pour la gestion si cela était nécessaire de temps à autre, mais il serait bien mieux ici pour recommencer une nouvelle vie. Cette ultime question lui serra le cœur et elle profita pour entrer.

— Me revoilà! J’espère qu’il n’a pas mis sens dessus dessous le château durant mon absence !

Adéis sauta hors du divan d’un seul bond pour venir se projeter entre ses jupons. Elle embrassa sa tignasse de feu avec un amour tout maternel.

— J’ai été très sage ! Je n’ai pas glissé sur les rambardes comme vous me l’avez demandé et je n’ai pas couru partout. Pas trop. Un petit peu.

Il se pinça les lèvres et son regard esquiva la scène vers une quelconque distraction.

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Message par Alexandre Lun 12 Avr - 18:24

Au commencement de l'histoire, Alexandre perçut qu'Adéis était déçu que cela ne parlerait pas de pirates. Heureusement, il a question du voyage en mer des marins retiendraient sa fascination. Il conta le récit jusqu'à l'arrivée du Cyclope et observa la réaction de l'enfant. Allait-il avoir peur ? Il observait al gravure avec curiosité et semblait impressionné mais se montrait courageux.  Alexandre sourit pour lui témoigner son admiration face à l'épreuve. Il l'accueillit ensuite ses bras pour le réconforter au fil des événements qui commençaient à devenir angoissants. Ses mains remirent sa chevelure rousse et il lui donnait de temps en temps un baiser lors de l'une de ses pauses pour reprendre sa respiration.

Comme cela se révélait agréable de prendre soin d'un enfant ! Jouer avec lui, l'amuser, le distraire... Tout en pratiquant une activité joyeuse, on pouvait lui enseigner des bases importantes pour son éducation et son développement et même en découvrir sur soi-même.

Ainsi, Alexandre aimait entendre le raisonnement d'Adéis qui se questionnait sur pourquoi Ulysse n'avait pas négocié le vin contre les chèvres.


"Mais tu es un garçon très intelligent, toi, dis-donc ! Le digne petit-fils de ton grand-père ! Oui, il aurait été plus sage de commercer avec le Cyclope mais je suppose qu'Ulysse se croyait plus fort et désirait le prouver. Ton papa a bien eu raison de t'apprendre ces belles choses et il peut être fier de toi."

En théorie, son maitre lui avait interdit d'évoquer l'infortuné Démétrius d'Aussievieille avec Adéis mais Alexandre ne pouvait l'ignorer si l'enfant en parlait de lui-même. Au contraire, il fallait entendre ses paroles, les comprendre et le rassurer. Sa situation se révélait déjà suffisamment pénible.

"Et tu as encore raison : Ulysse aurait dû laisser Zeus le punir. Comme nous devons laisser le Roi et sa justice agir. Personne ne doit se substituer à la loi et à la justice."

Tout en lui expliquant ces notions, son bras cajolait l'enfant et le berçait avec tendresse.

Alexandre termina de raconter l'histoire et en énonça finalement la morale puis observa l'entendre en tirer son raisonnement. Sa véhémence le fit sourire. Il ressemblait à son grand-père, autant pour la concision des réponses que pour son intransigeance.  Il se décida à le tempérer quelque peu et à lui apprendre la nuance.

"Il a été stupide à faire parler son orgueil à la place de sa raison. Cela est incontestablement mal. En revanche, pour se perdre en mer, ce n'est pas faute de son idiotie, mais de la volonté du dieu Poséidon. Suite à la prière du Cyclope, c'est lu qui est responsable de toutes ces errances et de la disparition de ses compagnons. Cela, même le plus habile des hommes, ne pouvait y échapper. C'était son châtiment."

Adéis se tut finalement pour réfléchir et vint soudain se blottir contre lui, perdu. Alexandre l'accueillit et s'évertua à le réconforter. So n visage blêmit ensuite des questions posées et de son regard tourné vers ses béquilles. Que lui répondre ? Comment expliquer à un garçon aussi jeune la dureté de la vie ? Il l'embrassa avant de se décider à tenter une approche.

"L'infirmité est une chose complexe. Personnellement, il m'a fallu des années avant d'être capable de marcher à peu près normalement. Je ne sais pas si ton papa pourra remarcher un jour ou non. Mais même si ce n'est pas possible, il se déplacera en fauteuil. Tu as déjà vu en ville des infirmes en fauteuil ? On peut parfaitement vivre en dépit de cette particularité. J'ai un ami dans cette situation et malgré cette condition il danse. Je pourrais t'emmener le rencontrer si tu le désirais. Peu importe comment il sera, ton papa, Adéis, ce sera toujours ton papa. "

Tout en s'expliquant, Alexandre s'employait à caresser la chevelure du garçonnet  ou à la chatouiller délicatement dans le cou. Que cela se révélait complexe de dissiper les ombres qui se cachaient dans ce jeune esprit.

"Cela me rappelle le jour où je suis devenu enfant de chœur ! J'avais neuf ans et j'ai aperçu à la fin de la messe ton grand-père, le papa de ton papa, venir féliciter le prêtre pour avoir choisi un enfant infirme. Il m'a même fait une caresse dans les cheveux. Je ne l'ai pas vraiment connu, ton grand-père, mais il m'a fait l'impression d'un homme exceptionnel et je suis certain que ton papa lui ressemble."

Alexandre fixait Adéis en s'efforçant à dissimuler son embarras et se demanda s'il saurait réussir à se sortir de cette situation délicate. Par bonheur, Bérénice apparut à l'entrée du salon et l'enfant oublia leur conversation pour aller se jeter dans ses bras. I respira. Les choses s'arrangeaient. Il les laissa profiter de leurs retrouvailles jusqu'au moment om la mère désira savoirsi son fils avait été sage.

"Oui, il a été parfaitement sage."

Si on omettait le domestique qu'il avait renversé tout à l'heure dans une de ses courses. Mais à quoi bon le raconter ? Adéis s'en était aperçu et était retourné en arrière pour s'excuser. Il adressa ainsi discrètement une œillade complice au petit garçon pour lui assurer la promesse de ne rien révéler de ce petit incident.
Alexandre
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Message par Bérénice d'Aussevielle Mar 13 Avr - 15:51




 
Adéis, 4 ans

Lorsqu’Alexandre le félicita pour son esprit, Adéis hocha vigoureusement la tête, fier des compliments reçus. Il avait hâte de revoir son papa pour lui raconter toutes les nouvelles choses qu’il avait faites et apprises ces dernières semaines. Il se demandait quand est-ce qu’il pourrait rentrer à la maison pour revoir son papa. Une nouvelle fois, il acquiesça lorsqu’ils évoquèrent la justice.

— Et Dieu rendra justice dans l’autre monde. conclut-il satisfait.

D’ailleurs, Alexandre lui expliqua qu’il n’y pouvait rien dans son errance. C’était peut-être vrai, mais quand même, s’il avait été intelligent, il aurait rejoint la terre pour se rapprocher de son ile au lieu de se laisser mener en bateau sur les mers. Adéis alla se blottir contre lui. Il avait beau essayer de songer à autre chose, c’était toujours vers son papa que ses pensées le ramenaient. Ulysse s’était peut-être perdu en mer, mais lui, il revenait toujours au point de départ, comme un bois flotté charrié par la marée. Se déplacer en fauteuil. Il hocha la tête. Comme Monsieur Gargouille-sans-ailes, il se souvenait.

— Mais il ne pourra plus monter à cheval… Et… Et… Comment il va faire pour monter les marches ? demanda-t-il inquiet il y a plein d’escaliers à Aussevielle !

Dans les restanques autour du domaine, il y avait plein de petites marches en pierre pour passer de l’un à l’autre des étages bordés d’olivier. Avant son papa l’emmenait souvent tout en haut de la colline, au pied du calvaire, de là on pouvait voir la ville et ses jolies maisons de pêcheurs de toutes les couleurs. Mais ce qu’il préférait, c’était ces journées où on ne distinguait pas bien le ciel de la mer à l’horizon. Alors c’était fini ? Ils ne pourraient monter tout là-haut comme avant et déposer un petit bouquet au pied de la croix ? Ses yeux commencèrent à s’embuer de larmes. Comme la dernière fois, juste avant qu’il parte à la guerre et qu’il s’était accroché à ses chausses en le suppliant. « Soit courageux Adéis, c’est toi l’homme de la maison maintenant » avait-il dit en lui ébouriffant les cheveux dans un sourire. Un peu comme Alexandre le faisait. Il esquiva ses caresses et se redressa. Il devait être courageux. Il se mordit les joues, mais les larmes commencèrent à s’échapper quand même alors qu’il essayait de se concentrer sur ce que disait l’homme. Son autre grand-père. Il l’avait vu, il était très gentil, mais il ne se souvenait plus très bien de lui. Juste qu’il était parti au Ciel et qu’il le reverrait dans très longtemps. C’est ce que son papa avait dit et il l’avait cru. Il réussit tout de même à sourire. Il n’y avait personne de plus gentil et de plus fort que son papa.

Ce fut à ce moment que Bérénice entra pour réceptionner la tornade flamboyante contre ses jupons. Elle remarqua aussitôt le regard fuyant de son fils qui cherchait un appui chez Alexandre. Qu’avait-il donc bien pu faire cette fois-ci ? Il n’y avait que lorsqu’il était sur son poney qu’il ne causait pas de catastrophe, mais elle préférait cent fois cela à le voir tristement dans son coin sans un bruit. Elle ignora donc l’œillade à laquelle Adéis camoufla un petit rire avec sa main.

— Alors c’est parfait ! Merci de lui avoir tenu compagnie durant ce temps. Je suis sûr que mon père t’as laissé une tonne de choses à faire, alors je ne te retiens pas plus longtemps, Alexandre

— Il m'a fait plein de bisous!

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[8 Janvier 1598] Les liens tissés autour d'un ange [Terminé] Empty Re: [8 Janvier 1598] Les liens tissés autour d'un ange [Terminé]

Message par Alexandre Mar 13 Avr - 19:11

Alexandre écouta avec satisfaction Adééis qui raisonnait merveilleusement pour son âge et connaissait déjà les leçons importance de la vie. Il apprendrait avec le temps les subtilités de la justice et du Bien et du Mal mais cela viendrait en son heure. pour le moment, il le gratifia d'une légère caresse afin de le féliciter de ma justesse de son raisonnement.

"Tu es un brave garçon, Adéis, très intelligent."

Le courageux garçon céda à la tristesse en confiant ses tourments de ne jamais revoir peut-être son père. Alexandre le serra fort dans ses bras et l'embrassa plusieurs fois dans l'espoir de réconforter ce petit être troublé. Il tentait comme cela lui était possible de trouver les bons mots pour le rassurer sur l'état compliqué dans lequel la guerre avait laissé l'infortuné Démétrius. Il ne lui cachait rien du fait que celui-ci resterait éventuellement infirme. Il ne pouvait lui cacher une pareille hypothèse. Ce serait mentir inutilement. Adéis se montrait trop intelligent pour ne pas percevoir cette possible vérité. Il l'entendit alors s'inquiéter des soucis matériel, comme le fait de ne plus monter à cheval ou bien sûr ce maudit problème des escaliers.

"Je monte à cheval, Adéis. Pas seul. J'ai besoin d'u marchepied qu'une autre personne doit ensuite retirer et ranger. Et pour descendre, je dois aussi attendre qu'on m'en apporte. Et pourtant, il y a quelques mois, j'ai voyagé jusqu'à Iswhiz à cheval, huit heures par jours. Ton papa pourra remonter, je pense, même si infirme. Il aura seulement besoin de l'aide de domestiques."

Il restait à présent le sort de ces fichus escaliers.

"Quant aux escaliers, c'st là une plaie à mon sens de ce pays. On ne songe ni aux infirmes, ni au vieillissement qui gênera toute personne à un moment dans ses déplacement. J'ai querellé il y a peu un architecte qui ne comprendrait pas pourquoi je lui demandais de construire une rampe d'accès à l'église Saint-Eustache. Si moi, un simple esclave, infirme, a pu imposer cette construction, Adéis, penses-tu que ta famille ne serait pas capable d'aménager votre habitation de sorte à faciliter la vie de ton papa ?"

Il avait lâché le petit garçon afin de lui exposer ses idées droit dans les yeux. Afin d'être certain de capter son attention. Le sujet était trop sérieux. Il le laissa réfléchir à ses paroles, puis se pencha pour lui embrasser le front tout en agitant sa chevelure du feu.

"Tu sais, Adéis, ma amman à moi, elle a dû partir dans un couvent à Iswyz. Pour fuir son mari, un homme méchant et cruel. Elle me manque à moi aussi. Même si je suis un adulte. Mais je prie Dieu pour le ramener. Ne disais-tu pas tout à l'heure que Dieu rendait la justice ? Alors, il finira certainement par nous rendre ton papa et ma maman ! Ce sera sera peut-être long et nous devons être patients, avoir confiance. "

Peu après ces dernières paroles, Bérénice apparut et l'enfant courut la rejoindre. Après quelques échanges sur la sagesse relative de son comportement, elle s'apprêta à repartir avec Adéis.

"Un instant !"

Il se leva ensuite et prit une seule de ses béquilles pour marcher vers une belle commode en bois ébène, dont les pieds étaient sculptés en pattes de lion. Il ouvrit le tiroir et en sortit l'ouvrage qu'il avait terminé de relier hier. Dedans figuraient une quinzaine d'illustrations qui représentaient toutes Adéis dans un moment de sa vie quotidienne, avec de belles couleurs. Comme il lui tardait de découvrir la surprise de son expression devant ce cadeau ! Il dissimula son impatience derrière un masque d'impassibilité afin de mieux amener ce beau moment et revint pour poser le livre sur la table.

"Ceci est pour vous, ma chère madame d'Aussievieille,"

Alexandre prit un ton légèrement exagéré en invitant Bérénice à venir prendre le présent et son regard devenait joueur.

Alexandre
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[8 Janvier 1598] Les liens tissés autour d'un ange [Terminé] Empty Re: [8 Janvier 1598] Les liens tissés autour d'un ange [Terminé]

Message par Bérénice d'Aussevielle Mer 14 Avr - 23:08




 
Adéis, 4 ans

Adéis reçut les compliments d’Alexandre avec fierté. C’était toujours agréable d’être félicité, mais ses pensées le ramenèrent bien vite à son papa. Peut-être qu’il pouvait monter sur un cheval lui, mais lui, il pouvait aussi se tenir debout avec des béquilles. Ce n’était pas pareil. Il soupira. Peut-être qu’il ne pourrait jamais l’accompagner se promener en poney. Quant aux escaliers, il se mit à réfléchir dans une moue pensive, les yeux rivés vers le plafond. Et… En fait il ne savait pas. Peut-être bien. Ou peut-être pas. Les restanques, c’était pas quelques marches de l’église. C’était vraiment pentu !

Finalement, il hocha timidement la tête en guise de réponse et se fit ébouriffer les cheveux. Il s’extirpa félinement et tenta vainement de les remettre en ordre du plat de sa main d’un air scandalisé. Il n’était un petit chat ou chien… Il était un pirate !

Il valida cependant ses propos au sujet de Dieu. Mais il se demandait quand même pourquoi son papa avait été puni par Dieu dans ce cas. Parce qu’il était très gentil et très sage et très brave et très pieux aussi.

— Peut-être que c’est Lui qui a décidé que ce serait comme ça, alors pourquoi Il nous les rendrait. Et puis toi, t’es grand, d’abord, t’es un adulte. Les adultes, ça vit dans leur maison à eux sans leurs parents, c’est pas pareil !

Sa tristesse commençait à se muer en colère grandissante, comme une lave bouillonnante dans le creux de son estomac. Heureusement, sa mère arriva et la sentir tout contre lui avec son parfum de fleur l’apaisa instantanément. Ils allaient d’ailleurs repartir lorsqu’Alexandre les arrêta. Il regarda le livre être déposé sur la table. C’était quoi ? Il leva les yeux vers sa mère qui fixait elle aussi l’ouvrage, étonnée.

— Pour moi ? Vraiment ? Mais pourquoi Alexandre ? demanda-t-elle interloquée en faisant quelques pas vers la table dans un bruissement de tissus satinés.

Il n’y avait rien d’inscrit sur la couverture de ce livre relié dans un cuir bleu. Ce n’était pas trop épais. Pas un roman. Plus une sorte de carnet. Bleu, Adéis aimait beaucoup le bleu. Il disait que c’était la couleur d’Aussevielle et en un sens c’était vrai : leurs armoiries étaient bleues, mais le petit garçon faisait surtout référence à la vue depuis la terrasse principale où ciel et mer se mélangeaient jusqu’à ce que Hélios ne décide d’embraser l’azur dans un ultime spectacle avant le voile d’encre de la nuit. C’était peut-être une histoire pour Adéis ? Elle savait que l’amant de son frère aimait écrire durant son temps libre. Bérénice croisa son regard rieur qui cachait assurément quelque chose. Un petit sourire en coin, elle se saisit de son présent qu’elle ouvrit fébrilement comme si un mauvais diable risquait d’en sortir. Oh non pas qu’elle craignait une mauvaise farce de sa part, mais les surprises avaient toujours cette part d’inconnue aussi effrayante qu’excitante. Sur la première page, il n’y avait rien. Pas de titre. Elle prit le papier -qui était plus épais que pour un livre ordinaire- et tourna la page.

Elle écarquilla les yeux en découvrant un portrait espiègle d’Adéis avec beaux yeux rieurs vert-turquoise et ses bouclettes cuivrées qui ressemblaient tant à son père. Il en avait d’ailleurs le sourire -et pas que- Adéis ressemblait beaucoup Démétrius. C’était à la fois un plaisir de l’avoir à ses côtés et tout de même un petit pincement, mélange de culpabilité et de tristesse face à son absence. Elle tourna la page.
Adéis en train de dévorer une tartine.
Elle sourit, amusée. Cela, c’était surement d’Alduis.
Elle tourna à nouveau la page et découvrit une nouvelle illustration, puis une autre, puis une autre. À chaque nouvelle page, son sourire s’étirait un peu plus et son regard s’illuminait. C’était un si beau cadeau ! Elle avait tellement hâte que Démétrius puisse le voir. Peut-être… Peut-être qu’elle pourrait lui faire porter par un coursier à Aussevielle en même temps que son courrier ? Elle s’en voulait tellement de l’avoir délaissé pour rentrer auprès de sa famille. Comme toujours, sa joie était voilée mais elle enferma toute tristesse dans son cœur et s’exclama émerveillée :

— C’est si beau, Alexandre ! Et… et tellement réaliste ! Parfois j’ai l’impression de le regarder un jour et de le voir changer le lendemain. Quand d’autres fois, je ne le vois pas même grandir.

Elle s’approcha du jeune homme et l’enlaça.

— Merci, merci, merci, merci beaucoup. C’est un si beau présent. Mais pourquoi ?

Elle le relâcha, le livre toujours précieusement tenu dans une main.

— J’aimerais l’envoyer à Démétrius, si tu n’y vois pas d’inconvénient.
À la mention de son papa, Adéis leva les yeux vers sa mère, silencieusement.

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Message par Alexandre Jeu 15 Avr - 13:49

Alexandre fixait avec appréhension ce bien jeune garçon qui se débattait avec dans l'esprit des réflexions difficiles. Comment pouvait-il gérer des émotions et des concepts que lui-même avait mis des années avant de pouvoir les accepter ? Il le sonda, cherchant à percevoir une fragilité ou des doutes. Son corps se raidit en l'entendant affirmer que Dieu aurait décidé de l'infirmité de son père.

"Non, Adéis !"

Sa voix avait malgré lui été plus sévère et plus forte qu'il ne l'aurait. Les discours des prêtres, du cardinal Cassain, tout cela lui revenait en même temps en mémoire. Il s'obligea à contenir l'émotion qui remontait et à reprendre son calme. Sa main plongea en même temps sous sa chemise pour en extraire la médaille de la Vierge offerte par sa mère pour sa communion. Il le serra avec force en puis le tendit devant l'enfant

"Dieu est amour, Adéis, et Il nous a envoyé son fils, te souviens-tu ? Les guerres sont terribles mais elles sont déclenchées par les hommes. Les morts et les blessés qui en découlent ne sont que le résultat de ces décisions. Dieu n'y est pour rien. Parfois, Il intervient, oui, pour abréger des souffrances, quand un malheureux a risquerait d'agoniser dans une souffrance atroce, ou Il choisit d'épargner quelques personnes. Comme ton papa. Dieu n'a pas puni ton papa, Adéis, Il l'a sauvé."

Alexandre canalisa mal les émotions que ces paroles faisaient naître en lui. Les récits d'Alduis et d'Eldred lui revenaient, accompagnés de toutes leurs horreurs. Il se rappelait de ses naïvetés puériles qui lui faisaient imaginer les guerres comme un jeu, sans comprendre que des vies humaines étaient considérablement affectées par des décisions politiques. La grandeur de leur Empire rayonnait mais reposait sur de grandes quantités de sang. Son esprit revit Edouard à l'hôpital général, meurtri dans sa chair depuis de si longues années, reclus, puis quelques autres anciens soldats qu'il avait pu croiser dans les rues de la capitale, principalement des infirmes, qui vivaient mal depuis qu'ils avaient quitté l'armée. Leur pays, sous la coupe de cette religion étouffante, qui se vouait à stigmatiser les infirme, avait oublié les plus vulnérables, ceux qui avaient servi à l'Empire et n'en avaient jamais été remercié. Il devenait temps de remédier à cette situation inique et insupportable.

Le jeune homme revint finalement à Adéis et ajouta :


"Comme pour moi. Je suis né d'un prêtre et d'une femme mariée. Mais Dieu ne m'a pas puni pour leur péché. Dans le sang de mon père coule une maladie qui se transmet depuis plusieurs siècles. Pourtant, à part moi, les autres enfants qui ont pu naitre frappés de l'infirmité étaient, eux, conçus dans le mariage, sans faute. Dieu n'est pas un être vengeur, Adéis. Il donne des grâces, Rien de plus."

Il espéra que le message était passé et suffisamment clair. Adéis semblait décidé à ne pas le lâcher et sa tristesse devenait colère en refusant de vor leur situation du même point de vue. Alexandre le laissa exprimer son idée puis reprit d'une voix calme.

"As-tu l'intention de renoncer à voir tes parents une fois que tu seras adulte, Adéis ? Oui, les enfants devenus adultes partent et s'installent ailleurs, mais ils n'en restent pas moins les enfants de leurs parents. Peu importe ton âge, tu seras toujours l'enfant de ton papa et ta maman, Adéis. Comme je serais toujours l'enfant de ma mère et de mon père. Souviens-toi du sixième commandement : tu honoreras ton père et ta mère. Je souhaite ainsi voir ma mère revenir afin de prendre soin d'elle, comme elle le faisait quand j'étais un petit enfant vulnérable, et la savoir à mes côtés pour partager les moments importants, comme mon mariage ou la naissance de mes enfants. La famille, c'est important, et chérir ces liens l'est tout autant."

Il espérait ce nouveau message passé mais ne put réellement le confirmer : Bérénice venait d'entrer et Adéis se précipita pour la rejoindre. Ils allaient repartir mais Alexandre les arrêta pour remettre le fameux préparaient qu'il préparait secrètement depuis presque deux semaines. Même Alduis n'en savait rien. Il la contempla découvrir sa surprise, ému, puis feuilleter les pages, transportée par l'émotion d'apercevoir les portraits de son fils. Le jeune homme souriait, touché par son bonheur, lorsque celle-ci vint l'enlacer pour le remercier.

"Allons, allons, pourquoi aurait-on besoin d'une raison pour faire plaisir à une amie ?"

Il lui sourit en lui rendant son accolade. Elle eut alors cette idée d'envoyer le carnet à son époux, resté dans leur fief, et opina.


"Je suis certain que cela le ravira. Du reste..."

Par prudence, croisant un instant le regard d'Adéis, il se rapprocha et chuchota à son oreille.

"J'en ai préparé un second, pour votre père, mais je suis certain qu'il vous laissera le regarder. Mais garde ceci secret, je vous prie. Je compte lui remettre de manière à le surprendre."

Il s'écarta et ajouta d'une voix normale, d'un regard joueur :

"Ce n'est pas le dernier à en faire des surprises. Bonnes ou mauvaises."
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Message par Bérénice d'Aussevielle Ven 16 Avr - 21:38




 
Adéis, 4 ans

A la réprimande d’Alexandre, Adéis sursauta malgré lui, peu habitué à entendre ce timbre si sévère dans sa voix. Il sentit une colère noire émanait de son jeune gardien qui le fit frissonner. Il y avait comme un décalage entre ses paroles et ce qu’il percevait de lui. Il baissa la tête entre ses épaules mi-apeuré, mi-honteux. Pourquoi pendant les croisades des chevaliers chrétiens mourraient alors ? Ce n’était pas logique. C’était bien pour Dieu qu’on s’était battu. C’est ce qu’avait dit son papa quand il lui avait raconté son histoire avant de partir. Il retenait difficilement les larmes qui montaient au bord de ses paupières. Si Dieu l’avait épargné alors pourquoi il l’avait quand même laissé être blessé ? Il y avait forcément une explication. Il se mordit les joues avant de lâcher malgré lui un :

— C’est pas vrai ! Et c’est pas juste ! Pas juste ! Pas juste ! s’exclama-t-il avec toute la véhémence de l’enfance.

Adéis n’écoutait plus, il s’était enfermé dans son petit monde d’idées et d’idéaux duquel il ne parvenait plus à sortir pour le moment. Tout ceci était bien trop compliqué pour lui et tout ce qu’il voulait s’était retrouvé son papa heureux comme avant qui le jetait dans les airs. Il soupira bruyamment en croisant ses bras contre sa poitrine. Les grandes personnes, c’était différent. Lui n’était qu’un petit qui essayait d’être grand, c’était différent. Il écouta cependant cette fois-ci le développement d’Alexandre. Il secoua la tête penaude : non, il voulait continuer de les voir, toujours, parce qu’il les aimait. Il sentit le rouge lui monter aux joues de honte, de se voir ainsi rappeler ce qui semblait des évidences (même si lui n’en savait trop rien, parce qu’il ne connaissait pas encore tout cela).

— Pardon.marmonna-t-il les mains derrière le dos en grattant le tapis de la pointe de son pied.

Puis le petit garçon se jeta dans ses bras pour lui faire un câlin. Sur ce, sa mère entra et il changea de cible, parce que rien ne valait les bras de maman et son odeur de jardin plein de fleurs. Il observa distraitement les illustrations qui passaient, déçu de n’en voir aucune en plein abordage.

Quant à Bérénice, elle était très touchée de recevoir un si beau présent, mais ses pensées allèrent immédiatement à son époux resté seul à Aussevielle et privé de ces moments pleins de bonheur. À lui qui n’avait pas la chance de le côtoyer. Il en avait été privé de longs mois durant les deux dernières années -et encore il avait pu rentrer trois fois l’an durant quelques jours-.  Maintenant qu’il était de retour, il ne pouvait toujours pas en profiter et en plus, elle l’avait privé de lui.

Alexandre acquiesça et elle eut pour sa part un timide sourire qui s’agrandit en entendant les mots prononcés dans son oreille. Son père allait être si heureux ! Il aimait tant son petit fils qu’elle avait parfois l’impression qu’il l’aurait gardé pour lui tout seul. Adéis se hissa sur la pointe des pieds, essayant de capturer quelques mots, langue qui prenait l’air entre ses lèvres, mais rien d’un autre qu’un charabia soufflé indéchiffrable ne lui parvint. Puis qu’il parlait de surprises, il avait une question qu’il n’avait pas posé toute à l’heure. Talons reposés au sol, il déclara avec enthousiasme :

— Mère, vous ne savez pas quoi ? Alexandre va se marier et avoir des enfants ! Il me l’a dit tout à l’heure !

Bérénice écarquilla les yeux subitement. Alexandre ? Se marier ? Cet Alexandre-là ?

— Adéis, je ne crois pas que ce soit le cas.
— Si, si ! Il me l’a dit que sa mère viendrait pour son mariage. Dis-lui Alexandre ! implora-t-il du regard.

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Message par Alexandre Sam 17 Avr - 17:00

Alexandre remarqua le garçonnet ressentir de la crainte et s'en voulut de s'être montré trop sévère. Il souhaitait l'éduquer, pas l'effrayer. Alors que l'enfant perdait tout contrôle de ses émotions, le jeune homme vint le cueillir dans ses bras et l'obligea lentement à se calmer. Il le laissa continuer à crier à l'injustice tout en lui prodiguant des caresses dans le dos et en l'embrassant la nuque. Il finit même par le prendre sur ses genoux afin de le serrer au près de lui. Le frêle petit corps tremblait encore contre le sien.

"Pleure, Adéis. pleure autant que tu as besoin."

Un autre baiser claqua sur la tête de l'enfant pour accompagner ses paroles réconfortantes.

Lorsqu'Alexandre sentit Adéis légèrement plus serein, il lui développa son explication sur l'attachement à sa mère. L'enfant comprenait et s''excusait même. Il lui sourit et l'embrassa sur le bout du nez en riant doucement.


"Tu étais déjà pardonné, mon petit."

Sa mère arriva et lui oublier définitivement tout ce chagrin et ses questionnements douloureux. Alexandre les contempla se retrouver ému, jugeant la scène plus que touchante, même s'il la découvrait quotidiennement. Comment pouvait-on ne pas s'attendrir continuellement d'un tel tableau ? La vision d'une mère et de son enfant constituait ce qui revêtait de plus beau et de plus sacré.

Alexandre exposa ensuite sa magnifique surprise et se plut à constater que celle-ci rendait heureuse Bérénice. Elle feuilleta avec plaisir les pages et eut cette excellente idée de l'envoyer à son époux. Comme cela lui ferait effectivement plaisir ! Il approuva l'initiative et lui évoqua discrètement la sienne vis-à-vis- de Coldris. Leur entende l'amusa et il lui adressa un sourire complice. Cela était drôle de duper gentiment une personne avec une amie. Le moment s'interrompit brusquement lorsque Adéis se mêla à leur conversation et rapporta des paroles déplacées et complexes.


"Adéis !"

Le teint d'Alexandre avait pâli et il recula pour s'asseoir lourdement dans le canapé.

"Ce... ce n'est.."

Il déglutissait, les joues cramoisis, se sentant infiniment mal à l'aise.

"C'est... un projet. Lointain."

Les mots sortaient lentement de sa bouche. La température semblait avoir monté subitement. Cette bouffée de chaleur venait-elle de sa gêne ou venait-on de trop fourrer de bûches la cheminée ?

"Je... Je veux des enfants. Un jour.

Ses joues le brûlaient un peu plus. il lui semblait avoir pris feu.

"Je sais. C'est.. difficile. Pour... euh, certaines raison. Mais je veux une famille. Un jour. Depuis toujours."

Ses yeux perdirent fialemet à la contemplation du superbe tapis persan sous ses pies. Quelles couleurs éclatantes ! Il n'avait pas encore remarqué la précision de ces motifs géométriques. Combien d'heures de travail fallait-il pour aboutir à un tel résultat ? Combien de personnes devait-on employer ? Le tapis était si grand. Comment procédait-on ? Cousait-on des parties séparés pour mieux les assembler ensuite ? L'esprit d'Alexandre s'égarait à ces détails, désireux de fuir la réalité devenue étouffante.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Lun 19 Avr - 16:18




 
Adéis, 4 ans

On entendait les anges voler dans le salon. Mais sans leur trompette. Juste le bruit de leurs ailes blanches. Adéis regardait tour à tour Alexandre puis sa mère. Que se passait-il ? Il n’avait rien dit de particulier, si ? Pourtant, il avait l’air tout blanc et maman avait ce léger regard gêné des bêtises pas trop graves. Est-ce qu’il devait s’excuser ? Même sans savoir pourquoi ? Et voilà qu’il avait les joues toutes rouges. Il était si en colère que ça ? Le garçon baissa les yeux, penaud, en se mordant les joues.

Bérénice ne savait trop que dire. Elle ne voulait pas lui mentir, mais il était sans doute un peu petit pour comprendre de quoi il retournait. Pauvre Alexandre qui ne savait plus où se mettre. Il était en train de s’assortir avec le tapis qu’il fixait désespérément. Elle préféra le laisser aller au bout de son explication.

Adéis avait quant à lui relevé les yeux. Il ne comprenait pas vraiment où était le problème. C’était normal, tous les adultes faisaient ça. Ils se mariaient et avaient des enfants. Son regard s’illumina finalement.

— C’est parce que tu n’as pas d’amoureuse c’est pour ça ?

Il se jeta dans ses bras.

— Je vais t’aider à trouver une princesse et puis je suis sûr que grand-père t’autorisera à te marier. Il est gentil.

C’était décidé. Il allait trouver une amoureuse à Alexandre pour qu’il puisse avoir des enfants lui aussi ! Il en avait tellement envie ! Ça ne devait pas être si compliqué non ?
Derrière Bérénice observait la scène d’un air attendri, haussant les épaules à Alexandre, l’air de dire « Bon courage. Tu vas devoir faire avec maintenant ! »

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Message par Alexandre Lun 19 Avr - 17:44

Comme un tapis ne lui avait jamais paru aussi intéressant ! Alexandre aurait pu passer plusieurs heures, le regard accroché à ce motif triangulaire, pour ne pas avoir à relever les yeux vers Bérénice. Que s'imaginait-elle en ce moment ? Et que risquait-elle le de répéter à son frère ? Blesser Alduis par les propos que répéteraient Adéis ou sa mère, c'était bien la dernière chose qu'il désirait. Ils n'avaient jamais réellement parlé tous deux de projets maritaux. il savait le sujet difficile pour son amant. Le simple fait d'avoir un enfant le plongeait dans un profond malaise.

Il aimerait en discuter avec Bérénice et mieux expliquer sa position mais un parasite bien gênant suscitait entre eux.

D'ordinaire, Alexandre adorait Adéis et pouvait passer des heures en sa compagnie, à l'écouter raisonner ou à tenter de lui inculquer par le jeu des éléments de cultures. La semaine dernière, le jeune homme lui avait proposé de confectionner ensemble une maquette de la ville de Troie et, pendant plusieurs jours, tout la construisant, il lui narrait quelques épisodes de l'Iliade en les simplifiant naturellement pour s'adapter à son âge candide. La semaine prochaine, quad Léonilde aurait pourvu au matériel, il lui montrerait comment réaliser un drakkar et en profiterait pour lui expliquer ses connaissances sur ce peuple inconnu. Le petit garçon songerait sûrement à son oncle.

Aujourd'hui, en ce moment, les jeux et les rires s'étaient évanouis et seul un profond embarras envahissait le salon. Adéis ne comprenait à quel point sa naïveté pouvait être affreusement blessante. Alexandre se força à prendre sur lui et redressa la tête quand il vint s'approcher de lui, croyant bien agir.


"Je... J'ai surtout du mal à envisager que ma mère pourrait revenir bientôt. même pour mon mariage. Elle est si loin et il y a tant de contraintes ici pour elle."

Cette explication devrait suffire. Il avait mentionné un peu plutôt que sa mère avait un époux violent que celle-ci devait attendre sa mort avant de revenir à Braktenn. Oui, il allait comprendre et cesser de poser des questions aussi gênantes.

Adéis se jeta dans ses bras et Alexandre le serra en l'embrasant au front. Il ne souhaitait surtout pas que celui-ci croit être fâché ç cause de sa curiosité. son visage blêmit de nouveau lors de la proposition suivante. Parler... Adéis souhaitait parler à Coldris de cette... Il souhaitait parler de cette conversation. Coldris... Il était mort. Ou plutôt le peu de respect acquis à ses yeux allait subitement s'éteindre.


"Ton.. grand-père..... Il..."

Son esprit lui revint peu à peu et songea que ce ne serait peut-être pas une si mauvaise chose. Que Coldris sache qu'il souhaitait se marier et avoir une descendance, ceci prouvait prouvait son désir de se conformer aux normes sociales. Ce serait également un bon moyen de faire taire définitivement mes rumeurs sur son homosexualité. Par ailleurs, s'il devenait le secrétaire du ministre des affaires étrangères, ce serait effectivement plus sensé de le voir épouser une jeune femme de bonne famille. So, agitation se dissipa lentement Alexandre reprit :

"Seul un prince peut épouser une princesse, Adéis. Pour ma part, je me contenterai de celle qui voudra de moi."

Ou dont le père acceptera de voir sa fille convoler en justes noces avec un boiteux. Beaucoup seraient sûrement rebutés. Surtout que son infirmité se trouvait être héréditaire. Néanmoins, dans quelques mois, une alliance avec un secrétaire de ministre serait plus intéressante et ses béquilles pourraient même devenir invisibles.

"Et si tu allais lui dire ça, Adéis ? il se trouve en ce moment au salon, au premier étage"

Selon ses souvenirs, Léonilde se trouvait en cet instant ce salon. Il se chargerait du petit pendant que lui entamerait une discussion peu évidente avec la mère.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Mar 20 Avr - 15:54




 
Adéis, 4 ans

Adéis ne comprenait pas pourquoi il reparlait de sa mère. Ça n’avait pas de rapport avec les enfants ou son mariage. Ou alors, il avait peur que sa maman revienne parce qu’il n’avait pas encore trouvé de princesse à épouser. Oui. Ce devait être ça. Alors il se jeta dans ses bras et lui fit part de ses déductions. Alexandre le serra dans ses bas et l’embrassa, mais ce n’était pas comme d’habitude. Non, c’était différent. Il était inquiet, il le sentait. Le petit garçon tenta de le rassurer comme il pouvait. Tout le monde trouvait bien une amoureuse un jour non ? Même que Tonton Sarkeris en avait plein ! Il pourrait peut-être lui laisser une, il n’en avait pas besoin d’autant. Ou alors il pourrait lui donner des conseils ?

Aux paroles d’Alexandre, il se redressa en mettant ses poings sur ses hanches, comme sa mère le faisait pour le sermonner et répéta d’une voix qui se voulait autoritaire :

— Tu es un Prince si tu le décides ! Comme moi ! Je suis un pirate. On doit toujours chercher ce qu’il y a de mieux, mon grand-père ne te l’a jamais dit ?

Sur ce il soupira -par mimétisme- et fut invité à quitter les lieux. C’était bizarre. Il ne l’avait pas entendu rentrer, mais… Il tourna la tête vers sa mère qui appuyait d’un sourire. Adéis se pinça les lèvres et après une dernière embrassade avec elle, se décida à obéir, bon gré, mal gré.

— Maman, Alexandre, il s’inclina profondément je vous souhaite une excellente journée.

Ses petits pas trainants le portèrent jusqu’à l’embrasure où il se retourna brièvement vers une Bérénice pleine de fierté.
— Tu viendras jouer avec moi, après ?
— Promis !

Et elle l’observa disparaitre calmement, refermer la porte sans la claquer. Elle soupira de soulagement puis…

— Grand-père ! Alexandre cherche une princesse pour se marier et avoir plein d’enfants ! hurla la voix du garçonnet depuis l’escalier.

Bérénice se laissa tomber dans un fauteuil.

— Navrée… marmonna-t-elle la mine contrite.

En même temps, c’était prévisible. Il ne risquait pas d’oublier quelque chose d’aussi palpitant. Il comprendrait, plus tard, que les choses n’étaient pas toujours aussi simples qu’elles n’y paraissaient. Ceci-dit, elle devait admettre que si Alexandre se mariait réellement, cela arrangerait sans nul doute tout le monde. La vérité sortait de la bouche des enfants après tout.

Arrivé, dans le salon du premier étage, il ne trouva que Léonilde qui haussa un sourcil étonné par sa présence.

— Alexandre m’a dit que Grand-père était ici… marmonna-t-il

Léonilde eut un petit sourire et l’invita à s’asseoir sur l’un des fauteuils.

— Oh non, je crains que tu n’aies encore le temps avant qu’il ne rentre. Tu n’es pas avec ta mère ?

Il secoua la tête.

— Elle est occupée avec Alexandre. Pourquoi les grandes personnes demandent toujours aux enfants de sortir, Léonilde ?
— Elles ont leurs petits secrets répondit-il sur le ton de la confidence accompagné d’un clin d’œil amusé Est-ce que tu veux me raconter ce que tu as fait avec lui ce matin en attendant ?
Il acquiesça vivement et commença à lui raconter sa matinée.

Bérénice d'Aussevielle
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Message par Alexandre Mar 20 Avr - 22:45

Alexandre éprouva l'envie de rire face à la mine autoritaire du jeune garçon qui lui affirmait pouvoir décider tout ce qu'il désirait Même un Prince ou un pirate. Il contint cependant son amusement et songea que ce n'était pas si faux. Bientôt, n'allait-il pas être le secrétaire d'un puissant ministre ? Ce serait une position plus qu'avantageuse et ses béquilles, que l'on lui renvoyaient souvent métaphoriquement à la figure, disparaitraient presque de la vue de ceux qui aimaient autrefois se moquer. Un Prince... Comme celui de Machiavel. Son père adoptif lui avait demandé de bin étudier cette œuvre car Coldris de Fromart l'appréciait et il pourrait venir à tout visiter leur librairie selon l'idée qui s'était enracinée dans son esprit. Alexandre dissimula un sourire. Il savait que grâce à ses conseils, il ferait de lui un prince.

Finalement, Adéis se retira, mais non pas sans faire résonner sa voix dans tout le château. Alexandre grimaça alors que les pas de l'enfant frappaient les marches de l'escalier. Si Alduis n'était pas informé, là, il ne le serait jamais ! Son regard gêné croisa celui las de Bérénice qui s'asseyait.


"Ce n'est pas sa faute. Je n'aurais pas dû lui dire ça. Je voulais faire une comparaison entre son père et ma mère pour l'aider aller mieux. Je suppose, au moins, avoir réussi cet objectif-là."

Comment aborder à présent une discussion sur un pareil sujet, surtout de la manière dont il avait été abordé ? Alexandre se décida à rassembler son courage et à être sincère.

"Depuis assez jeune, je souhaite fonder un jour une famille. D'avoir des enfants. de créer des liens avec eux. Bien sûr, en découvrant, il y a quelques mois que... Enfin, quand je découvrais une certaine chose, j'ai eu... J'ai eu des questions. mais je suppose que je pourrais quand même, avec une femme, après tout, beaucoup de mariages sont arrangés. alors, alors, ce n'est pas si différent. Enfin je crois."

Il garda la tête baissé, affreusement gêné par un sujet aussi intime.

"Alduis, lui, en revanche, n'est pas vraiment... intéressé par cela. Il.. Nous.. je n'ai encore jamais discutéde ceci avec lui."

Un soupir s'échappa de sa gorge.

"Même si ce soir, cela va se produire."
Alexandre
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Message par Bérénice d'Aussevielle Mer 21 Avr - 15:36






Quand elle avait vu Adéis s’incliner si exemplairement, elle s’était bien dit que c’était un peu trop beau pour être vrai, pourtant son optimisme de mère l’avait empêché d’anticiper la catastrophe qui se déroula en suivant. Voilà. Tout le château était désormais au courant. Bien sûr ce n’était là que des paroles en l’air d’un petit garçon espiègle, mais on ne manquerait pas à coups sûrs de taquiner Alexandre à ce sujet. Et pour cela, elle en était foncièrement navrée.

L’amant de son frère grimaça puis tenta de minimiser les faits en lui expliquant la situation.

— En effet, c’est plutôt réussi ! commenta-t-elle avec légèreté pour dédramatiser.

— Je suis désolée de t’avoir imposé cela, Alexandre. C’est compliqué en ce moment et je n’ai pas de vraies réponses à lui donner, parce que moi-même je les ignore et bien évidemment ce n’est pas satisfaisant pour un si petit esprit.

Et encore, elle se doutait qu’il étouffait bon nombre de ses questions et de ses craintes « pour faire grand ». Seulement, du haut de ses presque cinq ans, il était encore trop petit pour garder ses interrogations à l’infini. Elle finissait toujours par ressortir un jour ou l’autre comme une fontaine. ET c’était très bien ainsi. Elle ne l’aurait jamais blâmé pour partager ses peurs et ses malheurs. Elle ne voulait pas qu’il finisse comme elle, par les enfouir ou les confier à une vieille armure cabossée. Alexandre au moins n’avait pas ce problème et elle lui prêta une oreille bienveillante.

— Ne soit pas gêné Alexandre. C’est dans l’ordre des choses de vouloir fonder une famille et avoir une descendance. Tu n’as jamais couché avec une femme alors ? Tu sais, un mariage ne se résume pas au lit. Il y a d’autres moyens de lier une relation tout aussi profonde et sincère. Le plus important, c’est la confiance et le dialogue.

Il était si mal à l’aise à en parler, pourtant il n’y avait vraiment pas de quoi. Il n’avait pas à en avoir honte.

— Alduis… Il n’a jamais été à l’aise socialement, peu importe le contexte, c’est ainsi depuis toujours et cela ne changera sans doute jamais. J’ai essayé toutes ces années, mais je crois juste que tout cela lui passe au-dessus de la tête. J’ai parfois l’impression qu’il vit dans un monde parallèle. Et même si je ne comprends pas vraiment cela ne m’empêche pas de l’accepter. J’espère que son mariage se passera bien, je sais qu’il fera les efforts qu’il faut pour, pourtant j’ai toujours cette crainte que l’un d’entre eux soit malheureux.

Elle se rapprocha pour venir s’accroupir à ses côtés et poser une main sur la sienne.

— Ne t’en fais pas, je suis sûre que tout se passera bien si tu lui expliques. Cela ne remet pas en cause ce qu’il y a entre vous et lui aussi sera bientôt marié. Qui plus est ce serait une bonne chose pour tout le monde.

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Message par Alexandre Mer 21 Avr - 18:29

Peu après le épart pour le moins bruyant d'Adéis, Bérénice vint s'asseoir dans le fauteuil et présenter ses excuses. Alexandre assura n'avoir rien à pardonner et sourit du compliment qui lui était adressé.

"Non, ce n'est aucunement une gêne, Bérénice. J'aime l'occuper de lui, même si certaines de questions sont dérangeantes. Je suis cependant persuadé moi aussi que celles-ci doivent être posées ou il finira par grandir avec des angoisses."

En formulant cela, le jeune homme songea instinctivement à son amant. Si ce dernier savait mieux communiquer ses sentiments, il s'épanouirait au mieux et cesserait de ressasser tous ces sentiments sinistres qui l'oppressaient. Si seulement il avait eu la force de dire non à son père ou de simplement ignorer ses remarques au lieu de chercher continuellement son aval. Lorsque les personnes essayaient de le blesser, il se fermait et se montrait plus stoïque que jamais. Il tourna la tête et fixa ses béquilles appuyées contre la table basse.

"Mon infirmité doit faire remonter toutes ces questions. Votre père, en allant me chercher, m'avait interdit de lui évoquer son père. Je pense qu'il ne souhaitait que le protéger. C'est un homme sévère, qui considère que l'on doit enfouir ses sentiments, mais je ne crois pas que ce soit la bonne méthode. Surtout avec un enfant. Néanmoins, sur le sort de votre époux, je ne pense pas que vous devriez être défaitiste. Comme je l'expliquez à Adéis, votre famille possède un train de vie pus que confortables. Certes, la transition sera difficile, surtout pour votre mari, mais avec du temps et des aménagements, je reste persuadé que revenir à un quotidien paisible est possible."

Alexandre songea à Démétrius d'Aussevielle et aux rares fois qu'il l'avait vu à l'église, accompagnant son défunt père, mais avait du mal à se souvenir de son visage. Cela remontait à bientôt une dizaine d'années. Il gardait cependant en mémoire les sourires empreints de douceur que les deux nobles adressaient à ceux qui entraient en conversation avec eux. Le malheureux devait se sentir opprimé d'être stigmatisé à présent dans sa chair. Se pensait-il puni de Dieu, comme le croyait Adéis ? Non, ce ne pouvait être possible. Démétrius, à l'instar de son père, accordait tant de bienfaits à la population. Dieu n'aurait pu le châtier. Jamais.

"C'est peut-être  présomptueux, mais peut-être que si je parlais à votre époux, j'arriverais à lui démontrer que l'on vit bien en dépit de l'infirmité.

Sur cette parle sans doute trop libreet trop auudacieuse, Alexandre choisit de revenir vers l'autre sujet qui le mettait pourtant mal à l'aise. Il confessa ses intentions puis entendit la réponse si douce et si bienveillante de Bérénice. Au travers des ses mots et de sa voix, il crut percevoir l'ombre de sa mère. Il hocha de la tête. Oui, souhaiter se marier, fonder une famille er avoir une descendance, il n'y avait rien de plus normal. Tout être humain ne pouvait que ressentir ce désir de voir son sang se perpétuer. Même cette assertion, qui aurait été atrocement gênante , dans al bouche de Coldris de Fromart, devenait agréable dans celle de Bérénice. Sa gentillesse et sa prévenance réchauffaient son âme.

"Non, je n'ai jamais couché avec une femme. Pas même avec une autre personne qu'Alduis. Si ma mère m'a appris eh quoi consiste la sexualité, et si si mon père s'est chargé de m'en montrer régulièrement la pratique, elle m'a aussi appris à rester chaste. Elle me disait qu'un bon chrétien ne pouvait le faire qu'ave son époux ou son épouse. Dans le seul but de procréer."

Ses joues rosissaient à ce moment et le brûlaient. Il croyait entendre le rire moqueur de Coldris. Alexandre lui intima intérieurement se taire. Même quand son maître ne se trouvait pas là, il arrivait malgré tout à le faire se sentir idiot.

"Quand on pense qu'elle, elle multipliait autrefois les aventures... Mais à ma naissance, devant mon infirmité, elle a cru que c'était de sa faute. Et elle s'est recouverte d'un longue châle religieux dans l'espoir de laver ses fautes et encore plus les miennes. Mon... Son époux, lui, m'encourageait à aller au bordel. Il affirmait qu'une fois marié je ne pourrais profiter et que je devais m'amuser pendant ma jeunesse. Je me croyais alors normal de ne pas ressentir ces désirs. Je croyais être un bon chrétien, chaste, et que je serais u époux exemplaire quand mes parents auraient décidés de me marier."

Son esprit se souvint de ses draps si souvent souillés. Généralement, suite à ses propres découvertes de son corps. A quoi pensait-il à ces moments-là ? Il ne se rappelait pas.

"Je sais, oui, qu'un mariage ne se résulte pas qu'au lit. Oui, j'aimerais avec mon épouse entretenir une relation cordiale. A défaut d'être d'être des amants, nous pourrions être d'excellents amis."

Bérénice évoqua ensuite son frère et les efforts que celui-ci déployait pour être... normal.

"Alduis est... Alduis. On ne peut pas le changer. On doit uniquement l'accepter. Tel qu'il l'est. Je ne sais pas ce que mariage donnera. Florentyna st cependant une jeune femme intelligente et sensible. Je suis certaine qu'elle saura composer une relation agréable entre eux. Quand on sait élever un porc et rattraper ses erreurs, on peut tout accomplir."

Un sourire impertinent illumina son visage.

"Oh, pardonnez-moi, Bérénice de ce langage, mais à subir depuis tant d'années les tribulations du porc et du singe m'a ôté tout sentiment de bienveillance à leur égard."

Rien dans as voix n'indiquait cependant le moindre regret de son bon mot. au contraire, il transpirait de la fierté.

Néanmoins, son assurance se fissura rapidement à se souvenir de la discussion qui viendrait ce soir avec Alduis. Se passerait-elle bien ? Comprendrait-il réellement son désir ? Il n'eut pas le temps d'y penser longtemps que Bérénice vint s'accroupir pour le réconforter et lui prendre la main. Alexandre lui sourit, sincèrement touché.

"Oui, il est important pour tous deux d'être marié. Un homme célibataire attire les rumeurs. Surtout que dans mon cas, il y a eu des affaires judicaires liées à... Je ne souhaite pas connaître son sort. Ni voir Alduis le subir."

Il réalisa que Bérénice ne pouvait suivre sa pensée et décida d'expliciter mieux ses paroles.

"Ma mère me racontait cette histoire pour que je garde en mémoire qu'on ne doit jamais défier la loi. Autrefois, 'ai eu un oncle , un frère de ma mère, qui a été brûlé avec son amant en place publique. Ils avaient mon âge. Et ils ont été dénoncé... par le frère de mon oncle. Lui-même renseigné par une indiscrétion de ma mère. Elle était jeune et naïve. Le frère a organisé un véritable piège pour que les soldats de guet les surprennent en... "

Alexandre serra ses mains autour de celles de Bérénice. Son corps tremblait mais cette fois de rage.

"C'est un homme monstrueux ce Henri Agaësse."
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Message par Bérénice d'Aussevielle Ven 23 Avr - 23:05






Alexandre la rassura sur l’incident qui venait d’avoir lieu. Elle le comprenait parfaitement, il pouvait être aussi adorable que pénible par moment. C’était ainsi qu’étaient les enfants. Elle le remercia d’un sourire et tous deux tournèrent de concert le regard vers les béquilles. Cela ne l’étonnait pas de son père à vrai dire. Il aimait tant tout contrôler et elle devait reconnaitre qu’il n’avait pas tort dans un sens : lui parler de Démétrius spontanément n’était sans doute pas nécessaire. À vrai dire, elle lui en était même reconnaissante. Entre la distance et les difficultés, il était préférable qu’il puisse s’amuser avec innocence comme tous les petits garçons de son âge.
Pour être tout à fait honnête, elle-même s’efforçait de ne pas trop y penser de peur de trébucher. Dès que son esprit la ramenait à Aussevielle, une foule d’interrogations et d’images surgissaient. Invariablement, le soir, alors qu’elle s’efforçait de prier pour lui par habitude et car il savait que cela lui tenait à cœur, chacune de ses maigres résolutions tombait à genoux. Et rien que d’y penser, la respiration lui manquait déjà.

C'est peut-être  présomptueux, mais peut-être que si je parlais à votre époux, j'arriverais à lui démontrer que l'on vit bien en dépit de l'infirmité.

Elle ravala ses larmes.

— Je ne sais plus.

Un accident c’était différent. Ce n’était pas comme naitre infirme. Alexandre n’avait jamais connu le plaisir de se mouvoir avec aisance et sans difficulté, il ne pouvait pas savoir ce que cela faisait de tout perdre du jour en lendemain. À sa façon, il vivait lui aussi pour la guerre. Tout ce qu’il avait aimé nécessitait des jambes. En une fraction de seconde, sa vie avait basculé sans retour en arrière possible. Et il y avait tout le reste. Tout ce qu’elle pressentait mais qu’elle ignorait. Tout le traumatisme qui en découlait. Elle connaissait Démétrius, il était de nature confiante et optimiste, on ne le brisait pas comme une vulgaire brindille. Or, c’était tout ce qu’il restait de lui : des fragments éparpillés qu’elle n’arrivait pas à ressouder entre eux, parce qu’elle ignorait comment faire. Une larme roula qu’elle essuya rapidement du revers de sa main.

Heureusement pour elle, Alexandre aborda un autre sujet, celui de ses désirs familiaux. Elle chassa bien rapidement sa peine pour lui répondre. Elle aurait tout le loisir ce soir, de se laisser aller après lui avoir écrit. Est-ce qu’il lirait ? Elle espérait. Est-ce qu’il serait content de lire ces nouvelles ? Elle l’espérait aussi.

Elle me disait qu'un bon chrétien ne pouvait le faire qu'avec son époux ou son épouse. Dans le seul but de procréer.

En entendant cette dernière phrase qui faisait rosir les joues du jeune infirme, elle ne put retenir un éclat de rire qu’elle étouffa finalement du plat de sa main.

— Je suis désolée. C’est juste que… Enfin Alexandre… Même mon époux n’était pas vierge à notre mariage et Dieu merci ! Cela aurait été terriblement gênant comme situation. Les hommes ont cet avantage indéniable face aux femmes. Et encore, je ne suis pas la plus à plaindre comme tu peux t’en douter.

Elle esquissa un petit sourire espiègle et le laissa poursuivre. Il comprenait sa mère et il comprenait aussi son père adoptif. Même si d’autres ne s’embarrassaient pas tant des conventions sociales. Finalement, Bérénice acquiesça à sa volonté de tisser une relation amicale.

Ils évoquèrent ensuite Alduis et si l’entendre parler de Florentyna ainsi ne pouvait que la rassurer un peu plus. Quant à la fin, elle ne put retenir un rire cristallin.

— Oh non ne t’en fais pas, tu peux parler librement avec moi, Alexandre. Je ne t’en tiendrai pas rigueur. Je ne doute pas qu’elle sache y faire, j’ai beaucoup apprécié sa rencontre et il me tarde de la revoir.

Concernant le mariage, homme ou femme non mariés après un certain âge ne manquait jamais d’attirer les rumeurs, c’était indéniable. Elle appréciait Alexandre, mais elle refusait de laisser un scandale surgir bêtement sur la famille. Son père en serait malade. Elle se demandait même comment il en était arrivé à réussir à accepter d’héberger l’amant de son fils sous son toit. Elle avait bien sa petite idée bien entendu, mais il avait certainement dû pour cela noyer son vin dans de l’eau… Pendant ce temps, Alexandre lui raconta cette histoire de famille absolument terrifiante. Elle camoufla rapidement sa bouche qui s’était ouverte dans un « O » autant de stupeur que d’effroi.

— Mais c’est affreux ! Comment… Comment peut-on faire cela à sa propre famille ? À ses propres frères et sœurs ? C’est… C’est...
Et les mots lui manquaient tant le choc était grand. Inconcevable. Voilà ce que c’était. Répugnant et inconcevable. Jamais, jamais, jamais, elle n’aurait l’idée de se retourner contre sa famille. Bien au contraire, elle aurait tout fait pour eux. Un détail attira cependant son attention:

— Agaësse? Comme l’armateur?


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Message par Alexandre Sam 24 Avr - 11:17

Le sujet de l'infirmité affectait énormément Bérénice et à son visage perdu, noyé dans la détresse que des sentiments qu'elle s'efforçait continuellement de refouler. Afin de ne pas perdre la face en public. Afin de pas inquiéter Adéis plus que nécessaire. Alexandre se leva, touché, pour s'asseoir près d'elle et lui prendre les mains.

"Tout ira bien, Bérénice."

Ses mains prirent les siennes et les enveloppèrent de sa chaleur bienveillante. Il se pencha pour les embrasser, comme un frère le ferait pour une sœur, comme il l'aurait fait avec Claire.

"Il n'y a jamais rien que l'on puisse surmonter, Bérénice. Alors, ayez confiance."

Il lui sourit avec tendresse, le coeur gonflé de l'espoir que ses mots puissent apaiser ses maux.

Le sujet de leu conversation changea et revint aux révélations que la naïveté d'Adéis avait déclenché. Alexandre confessa ses intentions et ses désirs, puis aborda la manière dont il avait éduqué à la sexualité. Naturellement, en bonne Fromart, elle rit de ses égarements. Cela demeurait toutefois bien moins pénibles que les moqueries dont Coldris se passait maître pour lui rappeler ses bêtises absurdes. Il lui sourit.

"Ne le soyez pas. Je sais : j'étais idiot. Mais ma mère m'a ainsi éduqué. Elle souhaitait faire de moi un bon chrétien et racheter les péchés de ma naissance. Vous pouvez vous moquez. Faites donc ! Votre père ne m'épargne pas. Il ne se prive pas d'une occasion pour me rappeler notre première rencontre dans une maison close à la frontière de Djerhann. Pour ma défense, j'ai été exaspéré d'avoir fouillé toutes les tavernes et bordels de la ville avant de découvrir où se terrait mon père. Quant à votre père, il défendait son style de vie et moi, dans ma naïveté, j'ai déclaré que tout chrétien devait respecter la chasteté et que la sexualité devait se pratiquer dans le cadre du mariage etv de la procréation. J'ai même ajouté que toute autre relation était contre-nature."

A quoi bon dissimuler cette information ? Tôt ou tard, elle finirait par l'apprendre et il préférait que son amie entende l'explique de sa bouche qu'au travers d'une raillerie acide de Coldris.

"Dans quarante ans, sur son lit de mort, il me la ressortira encore."

Il se raccrocha à la suite de la discussion et fronça les sourcils au rappel de cette différence fondamentale entre les hommes et les femmes. Non, l'obligation de la virginité d'une femme pour son mariage n'avait rien de juste, tout comme son ignorance. Pourquoi autoriser les fiancés à être expérimentés et non leurs prétendantes ? Cette contradiction l'agaçait de plus en plus. L'ombre de Nehalan, les joues rouges, revenait aussi.

"La sexualité est effectivement trop mal enseignée et lorsque certaines personnes la découvrent, elles ont un choc immense. San compter, les sous-entendus que cela leur fait manquer. Pour revenir au sujet, je trouve cela injuste, profondément que les femmes soient à ce point lésés. Vous dites : heureusement que Démétrius avait de l'expérience. Et pourquoi vous, vous n'auriez pu en avoir ? Sous prétexte de cette pomme que croqua Adam, on donne bien trop facilement le mauvais rôle à Eve. Portant, Adam était un homme et non un enfant. A moins que ce ne sont le vrai sens du message : les hommes ne sont donc que des enfants, faciles à corrompre ? On retrouve cette même fable absurde dans le mythe de Pandore, où on l'on s'en sert pour instrumentaliser que la femme est faible, sauf que l'on oublie que Pandore a été crée pour cela : perdre les hommes. Elle n'était que le jouet des dieux, sans libre arbitre. Par ailleurs, tout ceci, c'est démontrer que l'on sous-estime fort le caractère et les capacités des femmes."

Durant sa démonstration, Alexandre songea naturellement à sa mère, qui endurait les sévices de son époux avec résiliences, à son amie Florentyna si instruite, qui aurait pu accomplir tant de belles choses si son rôle de femme ne se contentait pas qu'à du mécénat, à Irène qui gérait seule son commerce et l'éducation de ses enfants, tout comme elle tentait de contrôler une affreuse petite peste insolence, à Lucinde qui avait su canaliser son père là où personne, même lui, n'avait su y parvenir ou même à Bérénice devant lui, qui tenait toute cette maisonnée et soutenait continuellement Alduis depuis toutes ces années.

"C'est nous les hommes qui devrions vous êtes soumis, en vérité. Mais ceserait injuste. Je préfère aspirer à une égalité."

Ils abordèrent ensuite la bonne manière de construire un mariage et tombèrent d'accord sur leurs positions. Alexandre fut ensuite un peu plus gêné à aborder sa relation avec Alduis, redoutant de l'embrasser, puisse détendit en entendant Bérénice rire gentiment. Il lui sourit, apaisé par cette confiance mutuelle qui naissait entre eux.

"Merci. Tu es gentille."

Ses joues rougirent aussitôt de ce tutoiement grossier. Il se mit à bafouiller :

"Pardonnez-moi."

Peu après, une fois le malaise dissipé, Alexandre se laissa aller à conter cette sinistre histoire de famille. Bérénice en était profondément outrée choquée. Comment pouvait-on effectivement ? Cela se révélait si sordide. Sa voix devint presque glaciale.

"Je sais. Mon oncle a aussi tout fait pour éloigner ma tante et ses filles alors que celle-ci était veuve, sans grandes ressources, peu après le décès de mon grand-père. Dans un désir de ne pas payer la dot de ses nièces si celles-ci devaient se marier. Elles vivent à présent dans une petite ville, loin de Braktenn, Elles ne sont pas la misère, mais ce ne sont pas non plus de bonnes conditions. Et il y eut pire. Cela, ma mère me le révéla il y a peu de temps. Mon oncle s'est entendu à l'époque avec mon père adoptif pour le conseiller afin qu'il épouse ma mère. En échange, il renonçait à sa dot. Mon oncle utilisa même le cadavre de mon autre oncle pour contraindre ma mère : il avait su étouffer le scandale du bûcher mais a menacé de sa sœur de tout ire à leurs parents si elle refusait la main du libraire.

Les traits de son visage marquaient sa répugnance.

"C'est le pire des hommes."

Bérénice reconnut le nom et Alexandre hocha de la tête.

"En effet, c'est bien lui."
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Message par Bérénice d'Aussevielle Dim 25 Avr - 22:52






Bérénice fut touchée de l’attention d’Alexandre. « Tout irait bien » c’était précisément ce qu’elle s’était dit quand elle avait appris la nouvelle. Puisqu’il était en vie tout irait bien. C’était tout ce qui comptait. Et puis elle s’était rapidement aperçue que ce n’était pas si simple. Maintenant, elle voulait encore y croire, mais il ignorait comment toucher au but. Pourtant, elle savait qu’il avait raison, il n’y avait jamais rien qui ne puisse être surmonté. Elle se souvenait du premier hiver sans sa mère -ce qui ne changeait pas grand-chose de toute façon-, dans l’allée principale, la neige qui avait fondu la veille avait créé une vraie patinoire pour la promenade dominicale. Sur le parvis, Bérénice ne parvenait pas à tenir debout plus de quelques pas à force de glissade. Elle avait voulu rentrer, dépitée, mais son père s’était accroupi pour l’aider à se relever.

On ne va pas rentrer Bérénice, tu vas y arriver. Quand on veut, on peut. Il suffit de toujours vouloir aller plus loin. Tu vois le balustre avec la fissure ? Bien. Va jusqu’à celui-ci. Et quand tu y seras, tu iras au suivant là-bas, d’accord ? Concentre-toi. Maintenant va.

Et elle l’avait fait. Oh elle était tombée mais elle s’était relevée sans rechignée autant de fois qu’il avait fallu jusqu’à atteindre les allées du jardin. Elle voulait lui montrer qu’elle pouvait être aussi forte que lui, parce que lui lorsqu’il perdait l’équilibre, il ne tombait jamais.

Elle lui répondit d’un signe de la tête, manière délicate de conclure un échange sur lequel elle ne souhaitait pas s’étaler et le sujet passa aux confidences d’Alexandre sur la façon dont il avait abordé la sexualité plus tôt. Elle n’avait pu s’empêcher d’en rire, sans réellement de désir de moquerie, simplement car cela lui paraissait absurde. Bien sûr c’était ce que l’on entendait et disait partout, mais qui le prenait au pied de la lettre ? Les bordels n’auraient pas lieu d’exister si tel était le cas. Elle imaginait sans mal son père prendre un malin plaisir à lui rappeler ses paroles et afficha une mine navrée. Elle voyait parfaitement ce que son père avait pu et trouvé encore de risible : les relations contre nature. Celle-là même qui se déroulait sous son propre toit. Bérénice ne comprenait toujours pas, mais elle l’avait accepté depuis bien longtemps. Uniquement parce que c’était son frère et qu’elle l’avait vu si désemparé qu’elle n’aurait jamais pu douter qu’il subissait son inclinaison et qu’elle était pour lui autant un fardeau que des chaines. Qui pouvait en arriver à se mutiler de la sorte en espérant ne plus être désiré ? Qui ?
Alors qu’il développait son avis sur les femmes -naïf sur la sexualité, réaliste mais trop révolutionnaire pour le reste- elle prit finalement la parole :

— Ce n’est pas possible car il n’y a que nous pour porter vos enfants et c’est pour cette raison que les femmes doivent rester vierges jusqu’à leur mariage. Il a bien sûr toujours moyen de tricher mais c’est là une question d’honneur personnel. La plus grande force des femmes c’est d’être sous-estimée, Alexandre. Cela nous donne un avantage indéniable. Il n’y a que les hommes pour user de la force brute.

Qu’ils continuent donc de s’imaginer donc qu’elles étaient faibles ! Il n’y avait rien de pire que de déprécier un adversaire. N’était-ce pas là un des enseignements de Machiavel ? Il fallait savoir jouer de son image, connaitre ses forces et ses faiblesses pour mieux les utiliser.
Ils abordèrent ensuite le sujet du mariage qu’il souhaiterait contracter un jour avant de fonder une famille. Une idée parfaitement normale et dont il ne devait pas rougir ou la remercier. Au tutoiement spontané, elle n’eut qu’un petit sourire amusé.

— Il n’y a pas de mal.

Ce qui était bien vrai. Elle n’allait pas lui en vouloir pour si peu. Alexandre conta finalement ce récit familial atroce. Le pire était tout de même que ses parents soient morts sans connaitre le sort de leur propre enfant. C’était idée lui donnait la nausée à s’en nouer la gorge. Quel être pouvait être si abject ? À croire qu’on ne brulait que les innocents.

Elle acquiesça au nom, un goût acre de cendre et de bile dans la bouche. Il lui fallait des bateaux pour sa flotte. Enfin celle qu’elle mettrait officiellement au nom de Sarkeris s’il était d’accord et qu’elle dirigerait elle, parce qu’une femme noble qui fait du négoce, cela faisait mauvais genre. Restait à savoir si ses navires étaient taillés pour ses projets et cela seul son frère pourrait le lui confirmer ou infirmer.

— J’ai entendu du dire qu’il avait une belle flotte de frégates et quelques navires fluviaux pour acheminer les denrées à Braktenn. Peut-être… Peut-être que je pourrais t’aider si jamais tu décidais de souffler la tempête qu’il a semé.

Comment, cela elle l’ignorait encore, mais tout le monde avait un point faible. Alors si elle pouvait couler l’armateur pour récupérer ses navires à prix d’or, elle n’hésiterait pas. Il fallait juste trouver comment…

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Message par Alexandre Lun 26 Avr - 13:43

Alexandre exposait naturellement ces idées qui lui venaient depuis si longtemps, fruit de ses expériences et de ses observations, et regrettait que Bérénice ne semble pas les partager. Il se révélait si dommage que les principales concernées acceptent si aisément leur sort, sans essayer à s'en extraire. Pourtant, sa simple existence à lui prouvait que l'on pouvait dépasser les inconvénients de la naissance ou du simple statut. Comme on aurait affirmé Adéis, si l'on souhaitait être un Prince, on le devait. Par conséquent, une femme désireuse de l'acquitter, si elle le voulait réellement, le pourrait tout autant.

"Le mariage en lui-même pourrait être repensé. Pourquoi pas, par exemple, instituer que les enfants hériteraient de la mère et non du père ? Il n'y a jamais de doute sur les origines d'une maternité."

Son esprit se souvenait de cette idée suggérée par Coldris lui-même et l'avait depuis beaucoup étudié.

"Même si je conçois l'idée pour le moment comme trop révolutionnaire. Pour le moment, nous devrions déjà tendre à ce que les femmes cessent d'être aussi ignorantes lorsqu'elles se retrouvent à contracter un mariage. Les jeunes filles doivent être éduquées au contact de la société et non recluses dans des convent comme si elles étaient des criminelles. Autrement..."

Sa phrase se suspendit, la pensée troublée par cette impression étrange qui lui était venue en discutant avec Lavinia de Kergemont. sa voix se baissa.

"Autrement, elles risquent de mal finir. De mal comprendre certaines situations et de se retrouver dans des pièges terribles."

Il songea aussi à Kalisha, ignorante avant ses propres noces, pourtant si importates pour leurs deux nations.

"Or, si une union est décisive pour sceller un contrat, de quel type ce soit, Il s'avère à mon sens vital que la femme sache tout de ce qui sera attendu d'elle."

Ses sourcils se froncèrent alors au commentaire sur les hommes.

"Je vous prierais également de ne pas faire de généralités. Certains hommes, oui, vous méprisent. Comme mes pères, les deux, le comte de Monthoux et d'autres noms me viennent. Il en existe cependant qui vous font confiance et qui connaissent votre valeur. Et qui ne considère pas la force comme un premier élément d'action. Comme votre père ou le seigneur de Frenn."

Alexandre éprouvait un si grand plaisir à exprimer ses opinions, lui qui les ressassait dans sa tête depuis si longtemps, lui que l'on écoutait autrefois jamais. Il aimait cette sensation de savoir sincèrement écouté et respecté. Bérénice n'approuverait peut-être pas toutes ses paroles mais elle ne les balayerait pas non plus d'un geste comme s'il se révélait indigne d'exposer ses amis.

Puis, il vint ce moment où il s'oubliait et la tutoyer. Alexandre en rougit mais elle n'en prit pas ombrage. Il lui adressa un sourire compatissant, touché, avant de se lancer dans la suite de ce long récit effroyable. L'histoire la répugnai. Qui n'aurait-elle pas choqué ? Quel être pouvait se montrer aussi cruel, surtout avec sa propre famille ? Bérénice demanda alors si c'était le fameux armateur et le jeune homme s'empressa de confirmer d'un hochement de tête. Elle lui proposait une vengeance contre cet oncle maudit et il ne comptait pas laisser cette chance. Un sourire narquois se peignit sur son visage.


"Adéis dirait que Dieu s'occupera de rendre la justice mais il faut savoir offrir un coup de main à Dieu, non ? Tel Eole, nous lui confierons un sac avec de mauvais vents et le forcerons à l'ouvrir."

Une pensée l'arrêta cependant.

"J'aimerais cependant que ses enfants soient épargnés. Je n'ai aucun lien avec mes cousins mais je sais la plupart encore jeunes, trois sont même des enfants. Je souhaiterais qu'après la déchéance de leur père on les place quelque part, peut-être une institution, là ils termineront de bien grandir."
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Message par Bérénice d'Aussevielle Sam 1 Mai - 15:43





Alexandre développaient ses idées et elle comprenait aisément pourquoi son père avait pu décider de le former. Il était parfois un peu candide dans ses propos, mais il avait cette force qui lui permettait de sortir de la boîte dans laquelle on l’avait élevé. Une compétence rare en ce monde où la plupart n’étaient que des chevaux aux œillères.  L’idée n’était pas idiote, bien que, comme il le faisait remarquer, elle était bien trop révolutionnaire pour espérer faire son chemin de leur vivant.

— Tu as parfaitement raison, mais l’éducation est une chose bien complexe à maîtriser et qui dépend beaucoup de chaque précepteur. Je suis certaine que certains couvents ne sont pas mauvais, Alexandre. Tu sais, l’éducation devrait de ses choses du privé devrait revenir aux parents. Les pères emmènent bien leur fils au bordel, les mères pourraient éclairer leurs filles. Certaines le font, certainement.

D’autres n’en avaient pas et disposaient simplement d’une bibliothèque et d’un père qui aimait les femmes. Elle n’avait pas eu de mère mais elle se souvenait encore de ce soir où quelques jours avant son mariage, Coldris était venu s’asseoir à ses côtés, sur son lit pour lui expliquer ce qui allait se passer. Elle avait hésité à lui avouer les emprunts répétés dans sa bibliothèque et ses discussions avec tante Solange, mais de peur de rompre ce moment de complicité, elle l’avait simplement remercié avant de l’enlacer. En vérité, même en sachant tout cela, l’inconnu demeurait terrifiant. Elle n’aurait su dire si se retrouvait devant Démétrius qu’elle connaissait plus ou moins déjà avait eu quelque chose de rassurant ou au contraire de terriblement gênant. Finalement -et heureusement- tout s’était déroulé simplement et elle avait ou compter sur son mari pour dédramatiser la situation.

Et si elle remerciait sincèrement son père de ses attentions et de son éducation, il n’en demeurait pas moins qu’Alexandre se fourvoyait. Certains hommes reconnaissaient peut-être la valeur des femmes, mais jamais cela ne leur serait venu à l’idée de les comparer en tant qu’homme ou encore de leur confier certaines responsabilités.

— Tu ne connais pas mon père. Les femmes ne servent qu’à donner du plaisir et à enfanter. Il m’aime parce que je suis sa fille et non parce que je suis capable. Il n’envisage pas même un seul instant que je puisse prendre sa suite, car c’est pour lui, aussi absurde que de te voir courir jusqu’au port de Braktenn.

A la suite, lorsque la sordide histoire de famille d’Alexandre lui fut révélée, elle lui proposa de se venger. Elle avait déjà dans l’idée de mettre la main sur ses navires si Sarkeris lui confirmait qu’il s’agissait là d’une belle opportunité. Elle, n’avait pas son œil critique dans ce domaine. Quant à la façon d’y parvenir il faudrait y réfléchir à tête reposée. Il n’imposa qu’une seule condition : s’occuper de ses enfants. Elle acquiesça.

— Bien entendu, ils ne sont en rien responsables et nous veilleront à ce qu’ils puissent grandir sereinement. Les enfants n’ont pas à payer les erreurs de leurs parents. Nous réfléchirons ensemble aux meilleures options et si ceux-ci sont assez grands, ils pourront même évoquer leurs désirs.

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Message par Alexandre Sam 1 Mai - 18:47

Au terme de ses longues explications sur l'expositions de ses vues, Alexandre redouta que Bérénice puisse le prendre pour un illuminé. Ses idées sortaient tant du cadre. Pourtant, elle l'écoutait avec sérieux et respect. Parfois, il lui semblait apercevoir un léger hochement de la tête. Elle reconnut finalement tomber d'accord tout en objectant sur quelques points.

"Naturellement, vous avez raison aussi. Certains précepteurs sont... J'ai rencontré il y a un peu un garçon, pas beaucoup moins âgé que moi, qui se comportait à peu près comme Adéis. Quoique... non. Adéis, lui, a confiance en lui. Un peu trop même. Il existe sûrement de bonnes institutions religieuses mais le résultat de l'une d'elles me laisse en ce moment... perplexe."

Le souvenir de sa conversation continuait à le hanter. Il hésita à l'évoquer directement à Bérénice. Elles étaient amies. Elle pourrait peut-être l'aider.

"Votre amie Lavinia, Bérénice, elle ne m'a rien réellement, mais dans son discours et son attitude, j'ai perçu qu'elle vivait des choses pénibles. J'ai essayé de la faire parler, de l'encourager, mais tout ce qu'elle m'a répondu est qu'elle doit porter sa croix, tel le Christ, et que sa souffrance lui permettrait d'atteindre le Paradis."

Il avait eu ces idées lui aussi ridicules alimentées par les superstitions de sa mère. Ses expériences et ses lectures avaient depuis ouvert son esprit.

"Je pense ainsi, comme vous, que les parents sont plus indiqués, pour élever un enfant. Si eux-mêmes auraient été cependant bien éduqués dans leur temps."

Un petit silence se produisit quand Alexandre loua Coldris pour son ouverture d'esprit. Bérénice laissa alors entrevoir son amertume à constater que son père ne la voyait que comme sa fille, sans distinguer ses talents ou ses capacités. Pourtant, la solution à untel problème se trouvait être facile. Il répondit dans un haussement des épaules nonchalant.

"Et alors ? Prouvez-lui le contraire."

La seule et unique manière que démontrer son savoir-faire était d'en faire l'exposition. Comme lui-même le faisait sans cesse depuis qu'il travaillait pour Coldris.

"Homme ou femme, il n'existe qu'une seule et unique chose pour influer nos actions : notre volonté. Imaginez un peuple au bord d'un précipice. Personne ne pensera à le traverser. Tout le monde jugera qu'on est bien à rester au bord et le monde de l'autre côté s'effacera. Pourtant viendra tôt ou tard un individu pour repousser cette limite. En créant un pont par exemple. Voilà que vers quoi nous devrions tous tendre : être cette personne qui surpasse les limites et fait surgir un pont inattendu. Réalisez de telles prouesses, Bérénice, et votre père ne pourra plus ne pas reconnaître vos mérites."

Leur conversation porta finalement sur sa sordide histoire de famille et le désir de vengeance qui se combinerait à merveille avec les desseins de Bérénice. Elle approuvait sa décision d'épargner les enfants et de leur permettre de s'épanouir au mieux.

"Je ne connais pas bien ces cousins. Je ne l'ai jamais vu. Sauf l'ainé, de loin, en me promenant sur le port. Il a déjà vingt-sept ans et travaille avec son père. Mes cousines correspondent occasionnellement avec eux. Quand ils se rappellent de répondre. Ils ne semblent pas porté par l'écriture ou la lecture. Les deux suivants ont dix-neuf et quinze ans. De ce que ma cousine Charlotte m'a rapporté, ils vivent de manière oisive. Sa sœur Amélie, elle, les soupçonne d'attendre la part de leur héritage. Pour les deux derniers, ils ont six et ans ans. Paul dit vouloir être marin et..."

Brusquement, à la mention du mot marin, Alexandre rougit fortement en croisant le regard de Bérénice et de son trouble lors de leur rencontre avec Boréalion.

"Enfin, il a onze ans, quoi ! C'est un rêve assez courant, quoi ! Surtout pour un garçon qui passe son temps sur le port, à observer les navires, entendre les récits ! Il n'est pas dit qu'il ne changera pas d'avis dans six mois !


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Message par Bérénice d'Aussevielle Dim 2 Mai - 16:22






Elle ne s’était pas attendue à ce que leur discussion tourne à l’échange d’idée ou au débat sur l’éducation des femmes. A vrai dire, ce n’était pas pour lui déplaire, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus eu de discussions de ce genre et c’était agréable de faire autre chose que de mignons petits goûters entre dames de bonne société. D’ailleurs, elle ne lui avait toujours pas proposé à boire, ce qui avait quelque chose d’incongru lorsque l’on se souvenait qu’il était esclave. En fait, Bérénice n’avait jamais trop côtoyé d’esclaves à Fromart. Les rares présents se montraient particulièrement discrets. Et puis quoi qu’on en dise, il n’avait rien d’un esclave ordinaire et aux dires de son père ce n’était qu’une question de semaines ou de mois désormais.

— Peut-être souhaites-tu quelque chose à boire ? Adéis n’a pas dû te laisser beaucoup de répit, j’imagine

Et quand on parlait du louveteau, on en voyait les pattes charbonneuses. Bérénice ne put retenir un petit rire à cette comparaison. Oh oui Adéis ne manquait pas de confiance en lui, entre le sang provocateur des Fromart et l’assurance placide des Aussevielle… Ils auraient pu débattre longtemps des institutions religieuses douteuses ou des précepteurs affligeants que l’on pouvait trouver. Elle imaginait sans mal le calvaire que le leur avait dû subir afin de satisfaire aux exigences démesurées de leur père.
Alexandre évoqua ensuite Lavinia et son visage s’assombrit. Elle évita de justesse de lever les yeux au plafond en entendant son récit. Et pour cause, elle se souvenait encore fort bien de ce premier janvier où son père avait dû intervenir avant que Sarkeris ne l’emmène voguer. Et le pire c’est qu’il n’était pas vraiment coupable. Tout cela pour qu’elle s’agace ensuite d’un simple jeu.

— C’était une amie d’enfance. Les gens changent parfois. répondit-elle évasivement.

Elle l’aurait sans doute aidée avec un peu plus de dévotion si elle n’avait pas elle-même son propre poids à porter en plus des autres habituelles. Tout le monde se réjouissait d’Adéis et la féliciter pour ce petit bonhomme plein de vie, mais personne n’imaginait à quel point cela pouvait être difficile au quotidien. Et cela, personne n’avait le droit de l’admettre, surtout pas une mère.

Elle eut un sourire triste à la répartie d’Alexandre. Lui prouver le contraire. Cela faisait sans doute vingt ans déjà qu’elle essayait, mais on ne pouvait rien montrer à quelqu’un qui refusait de regarder. On ne changerait pas son père. Il était comme il était, plein de qualités merveilleuses et quelques pénibles défauts. Elle préférait essayer de tracer son propre chemin comme elle le pouvait, sans trop se soucier de son avis ou de son regard. Elle aurait voulu elle aussi, être ministre un jour, mais les femmes ne devenaient pas ministre.
Ils parlèrent de son oncle, l’armateur et des suites de leur petite affaire. Certains de ses enfants étaient déjà bien grands mais les deux derniers étaient encore petits. Elle ne savait pas comment encore, mais elle leur trouverait la meilleure place possible. Elle acquiesçait à ses propos, se concentrant sur les différentes informations jusqu’à ce qu’il évoque le terme de « marin » et tourne au rouge pivoine. Bérénice se mit à rire sans pouvoir se retenir, cachant délicatement sa bouche avec sa main. Elle se souvenait encore de leur rencontre avec Boréalion.

— Toi, tu rêves surtout de marins et de leur grand mât ! taquina-t-elle amicalement.

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Message par Alexandre Dim 2 Mai - 17:35

Durant son long exposé, Alexandre sourit à Bérénice qui lui proposait à boire. Cela faisait effectivement un moment, depuis le petit-déjeuner, où sa gorge, n'avait pas avalé un peu d'eau ou de jus de fruits.

"Oui, bien sûr. Et Adéis monopolise l'attention mais il est aussi si agréable. C'est toujours un plaisir de le garder."

Le jeune homme poursuivit le fruit de ses réflexions et et, après une hésitation marquée, se décida à se confier sur ce qui était venu de son intuition au sujet de Lavinia. Bérénice se referma à la mention de ce détail et Alexandre regretta de l'avoir abordé. Il aurait dû s taire. Elle prit sobrement la parole afin de marquer la rupture de leur amitié. Que s'était-il donc passé entre elles ? Avait-elle pu commettre un grave manquement ? Il se rappela, une fois de plus, de cette agression honteuse qui lui avait fait ouvrir les yeux sur les agissements de son père. il poussa un soupir, presque aigri.

"D'autres, en revanche, ne changent jamais."

Il avait beau être idéaliste, Alexandre renonçait à y croire. Son père ne saurait jamais se comporter de manière honorable. Il ne savait même pas contrôler ses ardeurs.

Rapidement, le sujet passa et Alexandre tenta de persuader Bérénice de ne pas se décourager de démontrer ses capacités à son père. La tâche paraissait insurmontable mais lui n'y voyait rien d'impossible. Il s'agissait uniquement de le souhaiter, puis de déployer tous les moyens possibles pour mettre en forme la réalisation de ses désirs. Si un misérable petit esclave, infirme, ignoré de tous, pouvait devenir le secrétaire d'un puissant ministre, n'importe qui serait susceptible d''atteindre les rêves qui se formaient dans son esprit. Le courage et l'audace récompensaient l'ambition.

Alexandre apporta finalement des précisions sur sa famille, notamment sur les enfants de son oncle, qui ne devaient pas souffrir de cette vengeance. Puis vint le moment om un simple mot lui fit perdre tout le sérieux qu'il avait pu avoir durant l'entièreté de leur conversation. Ses joues cramoisies lui donnaient l'impression d'avoir pris feu. Il se décida à reprendre le contrôle de la situation et s'exclama sur le ton de la taquinerie :


"Je suis certain que ces mêmes marins vous ferez le même effet, ma chère Bérénice !"

Il sourit, joueur, et ajouta :

"Après tout, face à un bel éphèbe, vous serez pas plus différente que moi, non ?"
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Message par Bérénice d'Aussevielle Lun 3 Mai - 12:04






Bérénice fit le service d’un peu de jus de fruits, elle le voyait mal avoir pu se désaltérer depuis tout ce temps. Or la discussion se poursuivait plus longtemps qu’elle ne l’aurait imaginée de prime abord. Elle était ravie que cette tâche plaise autant à Alexandre, dans le cas contraire, elle n’aurait jamais pas lui imposer de garder son fils.  Elle savait qu’il pouvait être parfois éreintant, même si c’était ce qui faisait son charme.

Quant à son amie d’enfance, elle remercia intérieurement Alexandre de ne pas s’étendre davantage sur le sujet. Elle lui adressa tout de même un léger sourire afin qu’il ne se sente pas coupable de quoi que ce soit. Ce n’était pas le cas et elle ne lui en voulait nullement, seulement voilà, les choses étaient assez compliquées en ce moment et elle ne pouvait pas prendre plus à sa charge. Elle n’avait pas vraiment envie de comprendre et c’était son instinct de survie qui le lui imposer. Sa famille passerait toujours avant le reste et c’était ce qu’elle faisait encore aujourd’hui. Elle devait garder assez de force pour eux qui en avait le plus besoin.
Alexandre rétorqua avec aigreur. Elle ignorait de qui il s’agissait. Assurément quelqu’un qu’il connaissait depuis longtemps et de suffisamment proche de lui. Elle frotta doucement son épaule.

— Parfois c’est pour le mieux, mais je devine que tel n’est pas le cas. Tu souhaites peut-être en parler ?

Ils évoquèrent ensuite la place des femmes dans ce monde. Alexandre parlait d’ambition, mais il ne réalisait pas à quel point la situation était complexe. À choisir, un infirme aurait toujours plus de chance d’obtenir une place de pouvoir qu’une femme. La vérité était telle que les femmes se situaient bien en dessous de chaque homme.  Cela ne l’empêcherait pourtant jamais d’essayer de se faufiler comme une anguille entre eux. Elle serait plus maline et plus fourbe. Ils ne se rendraient compte que trop tard qu’elle était là où elle était.

Et cela commençait par obtenir une flotte. Peut-être celle de son oncle dont il semblait désireux de se venger. Leur discussion prit un tournant inattendu lorsque le mot « marin » s’envola dans les airs comme une belle tourterelle.  Évidemment, elle ne put s’empêcher de le taquiner en toute amitié sur ses égarements et fut ravie de voir qu’il n’en prenait pas la mouche bien au contraire !

—Cela va être compliqué de me faire le même effet, tu en conviendras. Il faut bien quelques avantages à naitre femme. plaisanta-t-elle

Et puisqu’il s’inquiétait de savoir ses goûts elle répondit sur le ton d’une espiègle confidence

— Pour tout dire, je préfère les étrangers aux marins ! Surtout les Vénitiens.

Petit sourire en coin, elle le laissa se souvenir ce qu’elle avait raconté à ce sujet lors de leur entrevue avec Boréalion.

— Il y a quelque chose que je n’ai jamais raconté à Alduis, d’ailleurs. Lorsque nous étions à Venise avec mon père, nous avions été invités un soir à un bal au Palais des Doges. Oh c’était si fabuleux, Alexandre ! Tu aurais dû voir cet édifice massif et en même temps plein d’élégance avec sa dentelle d’arcades, ses chapiteaux travaillés et sa mosaïque de briques de couleurs. Et l’intérieur… Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau, tous ses plafonds peints, les bas-reliefs, les voutes, les dalles de marbres. Où que tu regardes, il y a quelque chose à admirer ! Mais ce soir-là je n’étais pas venu pour l’architecture ou pour l’art. J’étais simplement venue m’amuser un peu et danser à ce bal masqué. J’ai rapidement faussé compagnie à mon père. À moins que ce ne soit lui ? Je n’en suis plus si sûre. Qu’importe…

Elle chassa ses idées parasites de la main et reprit :

— J’avais retrouvé ce soir-là un cavalier tout à fait distingué avec qui nous pouvions parler toscan. Je dois dire qu’il éclipsait tous les autres avec ses grands yeux bruns et son accent chantant. Plus tard, dans la soirée, l’atmosphère étouffante des salons nous ayant lassés, nous sommes sortis sur le pont de la paille admirer la lune qui se reflétait sur la lagune. Et nous nous sommes embrassés…

Pas particulièrement chastement. Elle en avait encore des frissons à se souvenir de ses mains dans sa nuque. Autant d'ailleurs pour avoir bravé les interdits que pour le plaisir qu’elle en avait ressenti.

— Jusqu’à ce que mon père n’arrive, l’empoigne et le jette par-dessus le pont sans autre forme de procès. Le pauvre a fini tête la première dans le canal en pleine nuit.
Si elle avait du mal à retenir un petit sourire amusé aujourd’hui, elle avait été folle de rage ce jour-là, mais s’était rapidement calmée face à la colère de son père qui avait menacé de la renvoyer à Monbrina ou de l’enfermer dans leurs appartements.

— Je venais de me fiancer avec Démétrius et je n’aurais de toute façon rien fait. J’avais simplement envie de m’amuser et de profiter de la vie.

Elle poussa un soupir.

— Entre Papa et Alduis, ce n’était pas toujours facile. Pourtant je suis ni idiote, ni irraisonnable.


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Message par Alexandre Lun 3 Mai - 17:18

Bérénice venait de faire apporter du jus de fruits et les servait elle-même. Alexandre lui adressa un sourire bienveillant tout la remerciant poliment avant de se pencher pour prendre son verre.

"A votre santé !"

Il trempa ses lèvres dans le jus de grenade et apprécia aussitôt la première gorgée. quel plaisir de consommer d'aussi bons fruits ! Ils continuèrent leur conversation jusqu'au moment où cela porta à évoquer les gens qui changeaient. Ou d'autres qui le faisaient pas. Son coeur se serra à cette pensée et le ramena à Saint-Eustache. Vers son imbécile de père. Il se trouvait à présent sous bonne garde et ne nuirait plus à aucune malheureuse femme. Pourtant, la chape de la culpabilité se referma une nouvelle fois sur lui. Pourquoi devait-il être la conscience d'un homme qui n'en possédait pas la moindre ? Il avait accompli ce qu'il pouvait, ave les moyens à sa disposition. Même s'il avait essayé, l'évêché aurait-il écouté les informations qui émanaient de la bouche d'un enfant ? Probablement pas. L'Eglise étouffait ses scandales. Il n'aurait rien pu faire. Au contraire, depuis des années, il avait agi au mieux pour gérer la paroisse et s'efforcer de la garder respectable.

Bérénice interrompit ses réflexions et Alexandre lui répondit d'abord par un sourire attendri.

"Je songeais à mon père. A mon imbécile de père. Pendant des années, je le méprisais pour se laisser aller à ses œuvres sexuelles ou ses aspects autoritaires sur certains individus ou de sa faciliter à user de la corruption. Puis, en découvrant nos liens, e découvrant réellement la sexualité, j'ai commencé à avoir sur lui un autre regard. Plus tendre. Et plus piteux. je pouvais enfin comprendre qu'un homme qui a dû choisir la prêtrise par défaut, qui a essayé de s'y conformé, ait pu finalement s'égarer. Puis, il y eut.. J'ai appris récemment qu'il avait agressé une femme. Il y aurait pu avoir pire si une autre femme n'était pas intervenue pour l'arrêter. Depuis, je suis... Je ne sais pas."

C'était la vérité. Il ne savait plus du tout du comment se positionner à présent vis-à-vis de son père. Quelle devait être leur relation ? Il ne pouvait cautionner cette attitude. Il avait agressé une femme. Comment pourrait-il continuer à le voir, comme si de rien n'était, avec ce crime entre eux ?

"Pourtant, un fils reste un fils. Peu importe ce que le père fait ou fera. Mais c'est dur d'être un fils. Surtout quand le père ne réalise que des bassesses."

Ce serait sans doute plus aisé de le détester mais Alexandre s'en savait parfaitement incapable. Peu importait ses débordements, cet imbécile, il l'aimait.

Leur conversation passa à revenir sur la place des femmes, puis enfin sur cette idée de vengeance. Alexandre dissimula un sourire en songeant à cet oncle qui payerait prochainement pour des années de fourberies et de mépris. Ilse détendit ensuite pour conter ce qu'il savait de ses jeunes cousins. Un peu trop même. En lâchant le mot maudit, Alexandre rougit alors que Bérénice le taquinait gentiment. Il soupira finalement quand celle-ci rappela que le désir d'une femme se percevait nettement mieux que celui d'un homme. Cette réflexion éveillait une curiosité nouvelle en lui. Il eut une brève hésitation mais l'envie de savoir se révéla plus forte que al bienséance.


"Ah oui... d'ailleurs Bérénice, pour une femme, comment se manifeste le désir chez une femme ? Et comment le sentez-vous ? Pour un homme, on découvre assez tôt ces sensations, en jouant, en explorant... Mais comment cela vient pour une femme ? Est-ce que vous auriez, par exemple, des érections intérieures, dans votre ventre ? Moi, je me souviens avoir eu la première vers l'âge de douze ans, durant l'été. Cela se passe vers les mêmes périodes pour une femme ? Pourtant, du point de vue théologique, on déclare la fille nubile à douze ans et le garçon à quatorze ans. Cela ne veut-il pas dire les femmes sont charnellement mûres plus tôt que nous, les hommes ?"

Tout en exposant les questions qui lui traversaient l'esprit, Alexandre raisonnait à ces idées et cherchait à comprendre ce mystère qui l'avait souvent laissé perplexe. Que se passait-il donc dans le corps d'une femme ?

Peu après, Bérénice se décida à lui confier ses goûts en matière d'hommes, un critère qui lui rappela leur conversation avec Boréalion. Lors du récit qui suivit, les yeux d'Alexandre brillèrent à la description féérique de Venise. Comme son amie parlait bien et rendait la narration si vivante ! Il s'imaginait avec elle dans ce bal, saturé de jeunes jeunes personnes, puis l'accompagner s'échapper avec ce soupirant dans les rues de la ville sous le clair de la lune. Quel tableau absolument superbe. Il la visualisa nettement embrasser le prétendant, les mains et les silhouettes tremblantes, et Alexandre souriait, rêveur, de cette vision, jusqu'au moment où la fin le fait déchanter.


"Votre père a toujours su soigner ses apparitions."

Il lui sourit à la fin de ces confidences, quand elle se plaignit de l'ingérence de son père et de son frère dans sa vie, et lui prit avec délicatesse les mains.

"Ils veulent votre bien. Mais s'ils ne réalisent pas être étouffant"

Il se pencha pour déposer un court baiser chaste sur sa main.

"Pourtant, moi, je suis assuré que vous êtes une adversaire plus coriace qu'eux d'eux réunis. Mais leur orgueil masculin les empêche de le voir. C'est commun. Mon propre père me voit encore en enfant. Comme si je restais un marmot de dix ans.

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