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le 7 janvier 1598 | Amende honorable [Terminé]

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Message par Alduis de Fromart Sam 29 Mai - 22:56

Il avait presque trente ans. Et pourtant, cette porte de bureau continuait de l'impressionner malgré lui. À chaque fois qu’il se tenait devant, il ne pouvait s’empêcher de se rappeler tous ces épisodes où il s’était trouvé ici, son père assis derrière le massif meuble, lui de l’autre côté. C’était plus fort que lui, comme un vieux sentiment d’insécurité, de manque, qui restait solidement ancré au fond de son ventre.

Pourtant, il n’avait pas le choix. Il allait devoir entrer, affronter le regard de son père et lui présenter ses excuses. Ses excuses les plus honorables. Et ses aveux. Alduis en était venu à la conclusion qu’il valait mieux lui parler de ce traité avant qu’il ne le découvre par lui-même. Si ce n’était pas déjà le cas. Auquel cas, il n’avait plus qu’à aller s’enterrer quelque part.

Aussi fou que cela puisse paraître, il s’était entraîné avec Courage ces derniers jours et cela l’avait aidé à organiser ses pensées. Elle avait beau n’être qu’une jument aux yeux des autres, elle était bien plus que cela. Il pouvait bien lui confier tous les secrets du monde, il savait qu’elle les garderait à jamais pour elle. Et c’était rassurant d’en être sûr. Les langues humaines étaient parfois trop rapides à les dévoiler, surtout involontairement.

Alduis leva la main, la posa sur la poignée froide. Il attendit encore un peu, quelques secondes. Le temps de compter jusqu’à dix. Puis il frappa. Sans attendre la réponse, de peur d’avoir brutalement envie de faire demi-tour dans l’autre sens, il entra. La porte révéla le bureau.

Son père était assis là, sans surprise. Il releva la tête dans sa direction. Et Alduis mit un point d’honneur à ne pas baisser le regard. Non pas par défi, pour une fois, mais parce qu’il avait décidé d’assumer jusqu’au bout. C’était la meilleure façon de s’excuser. Éléonore l’avait encouragé il ne savait combien de fois durant les journées précédentes, elle aussi, et lui avait donné suffisamment de courage pour cela. Si elle disait vrai, que Virgil disait vrai du temps de son vivant et que son père pensait ce qu’il avait dit alors…

Il hocha la tête pour saluer Coldris et vint se placer en face du bureau. Il avait beau avoir soigneusement révisé ce qu’il allait dire, comme un poème appris par coeur, les choses n’en restaient pas moins impressionnantes. Il prit une courte inspiration, suffisamment pour dire d’une traite, de la voix la plus assurée possible :

— Je suis venu pour m’excuser. Si vous l’acceptez.
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Message par Coldris de Fromart Dim 30 Mai - 13:19




Depuis son retour de l’hôpital général, Coldris n’avait plus une minute à lui. Cette inspection avait déterré d’importantes problématiques qui pourraient être à beau profit pour soigner l’image de l’Empire et s’assurer que ses racines s’ancrent un peu plus profondément encore sous terre afin de lui assurer stabilité. Parmi les points clés, il avait notamment retenu la nécessité de prouver par des actions palpables le bien-fondé de cet empire pour le petit peuple ainsi que l’amélioration des conditions de vie des vétérans infirmes.

Le ministre étudiait donc avec attention les différentes pistes qui s’offraient à lui pour héberger ce projet qui ne manquerait pas de plaire à Sa Majesté, d’autant plus qu’il comptait utiliser pour le financer une part des recettes fiscales de l’Église, reversée chaque année à l’état ainsi que les dividendes excédentaires de l’hôpital général. En conclusion, cela ne couterait pas plus cher de bien soigner leurs invalides de guerre en même temps que leur image.

Il en était là, à étudier les dossiers de deux abbayes à moitié à l’abandon lorsqu’on frappa à la porte. Il n’avait pas entendu les pas dans le couloir, focalisé qu’il était à déterminer les avantages et inconvénients de chacun. La porte s’ouvrit avant même qu’il ait le temps de donner son autorisation et il sut de fait qu’il s’agissait de son fils. Il releva aussitôt à la tête. Il était donc rentré. Il croisa son regard et n’y vit pour une fois ni provocation, ni agressivité, ni fuite. Alduis le salua d’un signe de la tête qu’il lui rendit et le vicomte le décortiqua à chaque nouveau pas qu’il faisait. C’était la première fois qu’il entrait ici aussi calme et serein et cela ne pouvait que plaire à son père.

— Je suis venu pour m’excuser. Si vous l’acceptez.

Il acquiesça lentement puis déposa les feuillets qu’il tenait toujours entre ses mains face à lui avant de lui indiquer l’un des sièges présents.

— Je t’écoute. déclara-t-il posément.

Coldris se souvenait de la lettre d’Éléonore, une lettre touchante qui l’avait apaisé presque autant que lorsqu’elle était à ses côtés. Une lettre pleine de bienveillance et de douceur. Mais il se souvenait également des paroles d’Alduis, des paroles dures, insultantes et parfaitement déplacées. Si cela n’avait pas été pour elle ou qu’elle n’aurait pu lui pardonner, il n’aurait sans doute guère pu le faire lui-même. Le père était prêt à accepter les excuses de son fils, mais cela n’irait pas sans aveu de sa part non plus.

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le 7 janvier 1598 | Amende honorable [Terminé] Empty Re: le 7 janvier 1598 | Amende honorable [Terminé]

Message par Alduis de Fromart Dim 30 Mai - 23:03

Quelque chose n’était pas comme d’habitude. C’était étrange. L’ambiance aurait dû être tendue, en tout cas, plus que cela. Mais ce n’était pas le cas. Il n’aurait su dire pourquoi, mais malgré les circonstances qui amenaient Alduis dans ce bureau, l’air ne crépitait pas d’une colère mal contrôlée. Cela l’encouragea.

Coldris avait même relevé la tête quand il était entré, lui avait rendu son hochement de tête. Habituellement, il l’ignorait, le laissait mariner debout et prenait son temps pour finir ce qu’il faisait. Aujourd’hui, rien de tout cela. Il lui proposa même un siège. Néanmoins, Alduis secoua la tête.

— Je préfère rester debout, si vous voulez bien.

Là encore, il n’y avait pas de provocation dans ses mots. Juste la plus pure des sincérités. Alduis n’avait jamais été totalement à l’aise assis. On s’asseyait pour écrire, pour prendre le thé et discuter. Que des choses qu’il ne savait pas faire. Ou si mal. Coldris accepta et ainsi Alduis resta-t-il debout devant le bureau.

À sa ceinture, ses armes avaient un poids un rassurant et il ne ressentait pas le besoin, pour une fois, de les serrer fort. Les sentir lui suffisait.

— Je t’écoute.

Alduis hocha la tête. Il laissa passer quelques secondes, le temps de réviser une dernière fois. Il savait qu’il avait été injuste. Maintenant qu’il repensait à la situation, avec un œil plus extérieur, sa propre réaction lui semblait disproportionnée. C’était lui, et lui seul, qui était en tort. Et il en avait conscience. Il ne savait pas ce qui lui avait pris. Sur le moment, en les voyant dans la neige, à la vue de tous, un sentiment inexplicable lui avait serré le coeur. Un sentiment qui l’avait envahi comme une poix, pour le dépasser, comme la colère. Il débuta enfin, après avoir pris une courte inspiration pour se donner le courage nécessaire :

— Je suis désolé. Je sais que ça ne retirera pas ce que j’ai dit, mais je suis désolé. Ce n’est pas ce que je voulais dire.

Mais tu l’as dit.

Alduis ignora la petite voix insinueuse qui venait se glisser dans son esprit, prête à retourner ses propres mots contre lui-même pour le faire douter. Il secoua la tête imperceptiblement pour la chasser. Il ne voulait pas d’elle. Ce n’était pas à elle de parler pour lui.

— Je sais que je n’aurais pas dû vous observer. J’aurais dû continuer mon chemin et ne pas vous déranger. Mais je ne m’y attendais pas.

Comment aurait-il dû réagir, alors qu’il venait à l’instant de découvrir son père embrassant Éléonore ? Les choses lui avaient échappé. Encore une fois. Combien de fois s’était-il laissé débordé malgré lui ? Comme ses mains le témoignaient, les dizaines de lignes blanches qui parcouraient ses paumes, beaucoup trop de fois.

— Je voulais surtout vous dire que… je sais que vous aviez raison, que vous étiez dans votre droit. Et je sais aussi que vous vous êtes contrôlé.

Et rien que pour cela, il l’admirait. Parce qu’Alduis en était incapable. Tout finissait toujours par exploser.
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Message par Coldris de Fromart Lun 31 Mai - 13:35




C’était sans doute la première fois que son fils passait la porte de son bureau aussi calme. Pour une fois, il n’avait pas l’impression d’accueillir un hérisson prêt à se rouler en boule ou à envoyer une décharge d’aiguilles au moindre mot. C’était pour cette raison qu’il lui avait proposé de savoir -exceptionnellement-, mais Alduis préférait demeurer debout. Chose étonnante, il ne serrait pas ses armes. Il acquiesça lentement de la tête.

— À ta guise. déclara-t-il posément.

Quelques secondes plus tard, lorsqu’il fut prêt, son fils entama ses excuses. Il opina silencieusement sans l’interrompre. Ce qu’il y avait de bien avec Alduis, c’était qu’il ne disait jamais que la vérité, qu’elle plaise ou non. Il ne savait pas faire semblant et s’il venait s’excuser et lui dire ces mots c’était qu’il les pensait tous intégralement et qu’il avait pesé chacune des lettres, à l’inverse de ce jour où sa rancune l’avait devancé.

J’étais en train de faire quelque chose, figurez-vous. Et qui était plus intéressant que de vous regarder sauter la première venue.

À nouveau, il acquiesça. Il aurait dû passer son chemin en effet, mais il comprenait aisément sa surprise. À vrai dire, il n’amenait jamais aucune femme à Fromart pour son bon plaisir. Et les fois cela avait pu arriver c’était qu’il était seul au domaine.

Si vous ne voulez pas être interrompu, vous n’avez qu’à regarder où vous les baiser.

Il était effectivement en droit de faire ce que bon lui semblait chez lui et avec qui il l’entendait. Alduis n’avait pas son mot à dire que cela lui plaise ou non. Il inclina de nouveau la tête et fut pour le moins surpris de la fin. Il savait qu’il s’était contrôlé ? Il fronça les sourcils. Était-ce une idée d’Éléonore ou était-ce la sienne ? Après tout, elle avait bien employé ces mêmes mots dans sa lettre. Au fond, cela n’avait pas tant d’importance. S’il le disait, c’était qu’il le pensait et le voir reconnaitre cela ne put que le toucher. Il avait eu envie de dire et de faire bien pire que ce qu’il avait fait ce jour-là. Pour être tout à fait honnête, il l’aurait certainement giflé. Il resta pensif quelques secondes puis expira lentement avant d’annoncer :

— J’accepte tes excuses, Alduis. Parce qu’elles sont sincères et qu’elle t’a également pardonné tes ignobles propos.

Il entrelaça ses doigts sur son bureau et poursuivit :

— Je comprends que tu aies pu être surpris de ce qu’il s’est passé ce jour-là.

Et ce n’était nullement prévu. Il avait prévu de se rendre au cimetière puis de rentrer ensuite travailler, certainement pas de croiser la dernière personne qu’il s’attendait à trouver là-bas. Et tout s’était enchaîné. Il aurait pu se justifier en long et en large, mais cela ne servait à rien et il n’en avait pas particulièrement envie. Après tout, qui il sautait - ou non - le regardait.

— Cependant tu n’avais pas le droit de t’en prendre à elle comme tu l’as fait. C’était extrêmement insultant et parfaitement inacceptable. Tu peux bien dire et penser ce que tu veux de ma conduite et de ma vie, je ne tolèrerai plus de tels propos envers elle. Ou envers quiconque. se rattrapa-t-il.

Il soupira légèrement. Il ne manquerait qu’il tire des conclusions hâtives et erronnées. Enfin, c’était d’Alduis qu’il s’agissait. Il n’avait pas pour habitude de chercher des sous-entendus qu’il ne comprenait de toute façon pas, ce qui le rassura. Bérénice aurait déjà haussé un sourcil en remarquant qu’il s’était repris.

Vous auriez dû me laisser sauter.

— Quand bien même c’était sans doute nécessaire, je m’excuse de t’avoir mis à la porte.

Vous auriez dû me laisser sauter.

… Je suis heureux que tu sois de retour… Et… Apaisé.

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Message par Alduis de Fromart Lun 31 Mai - 21:04

Le silence flotta quelques secondes. Puis, Coldris soupira et accepta ses excuses. Simplement. Alduis ne réalisa pas immédiatement ce que cela signifiait. Cela s’était-il sincèrement passer aussi bien ? C’était la première fois que cela arrivait. Habituellement, les choses finissaient toujours pas dériver et monter en puissance… pas cette fois-ci.

Pourtant, il ne devait pas se réjouir trop rapidement : il avait à peine commencé ce qu’il était venu dire. Cette partie-là était la plus facile à aborder. Il restait la deuxième, plus terrifiante, mais qu’il devait affronter tout autant. Son père semblait dans de bonnes dispositions, peut-être cela ne serait pas si terrible ?

Pour le moment, il se contentait d’écouter la réponse de son père. À vrai dire, il n’avait pas simplement été surpris, il en avait été littéralement sidéré. Cela aurait pu être n’importe quelle autre femme qu’il n’aurait certainement même pas pris la peine de jeter un oeil. Mais Éléonore. Comment aurait-il dû - et surtout, aurait-il pu - s’y attendre ? Alors qu’elle lui avait demandé, mainte et mainte fois, d’être discret… Il ne savait toujours pas ce qu’il devait penser vis-à-vis de la situation.

Alduis hocha la tête, sans rien répondre. Que dire de plus ? Il avait présenté ses excuses, Coldris les avait acceptées. Il avait conscience qu’il avait fait une erreur, en se laissant emmener par le torrent de ses émotions, et son père le savait.

— Je ne recommencerai plus.

C’était tout ce qu’il fallait retenir. Il ne recommencerait plus. Même si ses mains devaient en pâtir, il ne recommencerait plus. Il réciterait l’alphabet à l’envers, comme Eldred le lui avait dit, ou il trouverait autre chose.

— Je suis heureux que tu sois de retour… Et… apaisé.

Alduis aurait aimé lui dire qu’il aurait peut-être dû attendre encore un peu avant de s’avancer mais il garda le silence et accepta les excuses à son tour. Ce qu’il s’apprêtait à dire désormais, il n’en avait pas parlé avec Éléonore.

Juste avec Courage. Quand il lui avait posé la question, pour savoir si à sa place, elle l’aurait avoué ou si elle aurait attendu les foudres, elle l’avait simplement regardé avec ses grands yeux bruns humides. Il l’avait pris pour un “oui”. Il prit son courage à deux mains pour débuter :

— Il y a autre chose que j’aimerais vous dire.

Il ne savait comment aborder la question. Peut-être n’y avait-il aucune manière de le faire. Le mieux était certainement encore de le dire le plus simplement possible.

— Il y a un récent traité sur l’anti-esclavagisme… Que j’ai signé.

Voilà, c’était dit. Maintenant, il n’y avait plus qu’à attendre l’orage qui ne tarderait pas à descendre du ciel. Mais avant, Alduis avait encore une chose à ajouter :

— Je sais que je vous ai promis de me tenir tranquille mais j’avais promis de signer cela avant de m’engager auprès de vous. Je sais aussi que vous pensez que l’honneur est pour les idéalistes, mais je tiens au mien.

Plus qu’à sa propre vie. Et Coldris le savait pertinemment.
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Message par Coldris de Fromart Mar 1 Juin - 11:01




Les excuses acceptées, Coldris se détendit. C’était à se demander comment cela avait pu se passer aussi bien. Il savait qu’il ne recommencerait plus désormais. Si son père le lui avait dit c’était plus pour donner son regard personnel sur ce qu’il s’était passé et se libérer par la même occasion de la colère qu’il avait pu avoir ce jour-là. À son tour, il s’excusa des paroles qu’il avait pu avoir à son encontre et l’affaire fut close.

— Il y a autre chose que j’aimerais vous dire.

Coldris l’invita à poursuivre d’un signe de la tête. Il avait un mauvais pressentiment. Sans doute parce qu’il lisait dans ce regard qu’il connaissait par cœur l’appréhension. Il fronça légèrement les sourcils et se redressa dans son fauteuil pour encaisser ce qui allait suivre.

— Il y a un récent traité sur l’anti-esclavagisme…

Ce n’était sans doute pas nouveau. Des détracteurs il y en avait toujours eu et il y en aurait toujours. Le monde était ainsi fait. Ils l’avaient modelé ainsi. Contrairement à ce qu’il laissait entendre à tout un chacun, il n’était en réalité pas lui-même un fervent défenseur de l’esclavage, mais c’était une contrepartie sur laquelle il n’y avait pas eu lieu de négocier. Si cela n’avait tenu qu’à lui, il aurait créé une Légion étrangère de prisonniers de guerre, en guise de chair à canon pour ses conquêtes. C’était toujours mieux que d’envoyer ses propres soldats au charnier. Et l’Empire aurait su montrer sa gratitude aux plus valeureux d’entre eux en leur offrant l’affranchissement et une bonne bourse. Un projet qu’il n’avait jamais pu mettre en place tant il avait été préféré de les importer sur le sol monbrinien.

… que j’ai signé.

Signé ? Il cligna des paupières, stupéfait. Il avait du mal à en croire ses oreilles. Était-il en train de lui dire qu’il avait apposé son nom sur un traité dissident ? Il lui fallut quelques secondes avant que son cerveau n'accepte l’idée même que son fils venait de se rendre coupable de trahison.

— Alduis ! tonna la voix du vicomte dans le bureau. Comment as-tu osé !
— Je sais que je vous ai promis de me tenir tranquille mais j’avais promis de signer cela avant de m’engager auprès de vous. Je sais aussi que vous pensez que l’honneur est pour les idéalistes, mais je tiens au mien. répliqua aussitôt son fils.

Ses poings s’abaissèrent brutalement sur le plateau du bureau à deux reprises. Comment avait-il pu mettre son nom sur un torchon pareil ! Il ferait bien d’en bouffer chaque page avant qu’il ne lui tombe entre les mains !

— Ton honneur, Alduis? Ton honneur? Et que fais-tu de celui de ta famille? Que fais-tu de ton sang ! Étais-tu assez naïf pour t’imaginer que cela ne concernait que ta petite personne ?

Il frappa à nouveau son bureau de rage. Évidemment, s’il l’avait fait avant sa promesse cela ne pouvait être que dans un but : lui nuire à lui. Il grinça des dents et siffla froidement.

— Si ma personne t’importait si peu, tu aurais dû au moins penser à ta sœur. Ce n’est pas parce qu’elle ne porte plus notre nom qu’elle ne fait plus partie de la famille.

Il expira bruyamment les vapeurs fumantes de colère de ses naseaux avant de prendre sa tête entre ses mains. Comment avait-il pu faire une chose pareille ? Qu’avait-il signé ? Alduis ? Alduis de Fromart ? Qu’allait-il faire de ce torche-cul désormais ? Il inspira profondément. Au moins, il avait eu la présence d’esprit de lui avouer avant qu’il ne tombe lui-même dessus, ou pire que quelqu’un lui en parle au palais. Il secoua la tête. Comment avait-il pu ? Ses poings heurtèrent son front puis il se leva et commença à faire les cent pas durant de longues secondes. Il fallait chasser la colère et réfléchir froidement aux faits. Il avait promis de signer ce traité avant sa promesse. Avant le 18 décembre. Il était en contact avec des séparatistes. Et il imaginait sans mal comment on en était venu à l’approcher lui plus qu’un autre. Il secoua la tête. On s’était servi de lui et il avait sauté à pieds joints dedans. Il ne voulait pas être le fils du ministre et c’est pour cela qu’il avait signé. Pourtant derrière cette signature, il n’était que cela. C’était ce que l’on attendait de lui. Il secoua de nouveau la tête. Le document ne circulait pas encore librement, il avait donc une longueur d’avance. Il soupira et se rassit, nettement plus calme.

— Quand on tient ses promesses Alduis, on se ménage toujours une porte de sortie. Tu aurais pu signer de ton deuxième nom sans te parjurer et personne n’aurait su de qui il s’agissait.

Ses mains jointes passèrent le long de son visage.

— Ils se sont servis de toi.

Mais cela n’avait désormais plus d’importance. Accoudé à son bureau, il se massa pensivement le front.

— Je vais trouver une solution. Ne t’en fais pas. Je veux ce torchon sur mon bureau avant demain soir. Quand a-t-il été imprimé ?

Après tout, il avait l’habitude. Il n’en était pas à son premier incident de la sorte. Il y avait sans doute moyen d’en tirer un quelconque bénéfice. Il allait l’étudier et trouver les failles. Avec un peu de chance – et de talent – il pourrait même s’en servir pour ses propres intérêts.

—Merci d’être venu avouer, Alduis.

Ne disait-on pas « faute avouée, faute à moitié pardonnée » ? D’autant plus que c’était la première fois qu’il osait venir lui faire ses aveux.

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Message par Alduis de Fromart Mar 1 Juin - 19:54

Voilà, c'était dit. Pour le meilleur et pour le pire, surtout pour le pire, les choses étaient dites. Il n'y avait plus qu'attendre. Il ne s'attendait pas à échapper à l'orage. Malgré sa volonté de rester maître de lui-même, il n'en restait pas moins que la fureur de son père demeurait l'une des choses qui lui faisaient le plus peur. Qui suscitait le plus de réactions de la part des voix. Pourtant, il continuait sans cesse de la provoquer. Et cela pourquoi ? Il n'en savait rien.

Invariablement, un vent glacial s'abattit sur la pièce, le temps que Coldris comprenne les implications de la révélation qui venait de lui être faite. Alduis se prépara, autant faire se peut, au déchaînement des éléments qui surviendrait ensuite. Cette pièce avait vu d'autres intempéries et demeurait toujours intacte… Si on exceptait les anciennes taches d'encre qui s'étaient répandues sur le sol dix-huit ans plutôt.

Les seuls premiers mots furent percutants, tonnants. Puis, ce furent le percutement des poings de son père sur le bureau. Une fois. Deux fois. Cette fois-ci, Alduis ne put retenir un réflexe instinctif et il sursauta. Le mauvais temps finissait par passer, c'était ce qu'il fallait se dire, mais il n’y arrivait jamais.

— Ton honneur, Alduis ? Ton honneur ? Et que fais-tu de celui de ta famille ? scanda Coldris.

L'honneur des Fromart… Qu'en avait-il fait jusqu'à présent ? Qu'en faisait-il, maintenant ? Il ne répondit pas. Il ne devait pas répondre. Il savait que s’il le faisait, ses pensées le déborderaient. Il avait promis que cela n’arriverait plus. Qu’il parviendrait à se contrôler. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire quand les voix se réveillaient. Qu’elles se mettaient à siffler, à grogner, à s’offusquer.

À quoi t’attends-tu ?
Puisque tu fais tout pour le mécontenter.
On ne récolte que ce que l’on sème.

De nouveau, Coldris frappa le bureau, Alduis sursauta pour la seconde fois. Il avait beau essayer de s’en empêcher, c’était plus fort que lui. Ce fut sans vraiment s’en rendre compte que ses mains se portèrent à ses couteaux. Mais pas pour en serrer les gardes. Cela ne servirait à rien. Entre ses doigts gauche, il attrapa la lame. Sans réellement serrer, juste pour le fil aiguisé vienne caresser sa peau et lui rappeler l’injonction de garder le silence.

Ton plus gros défaut est d’aboyer à tord et à travers quand tu devrais te taire.

Il devait se taire et ne pas l’ouvrir.

Ferme-là Alduis.

Il devait se taire et ne pas l’ouvrir.

— Si ma personne t’importait si peu, tu aurais dû au moins penser à ta soeur.

Il devait se taire. Il serra les dents, serra les doigts sur sa lame et sentit sa peau s’entailler sur la lame. Bérénice était la seule qui le comprenait vraiment, la seule qui n'interprétait jamais de travers ce qu'il voulait dire. S'il y avait une personne qu'il n'aurait jamais voulu offenser, c'était elle.

Mais il ne dit rien. Ne fit pas un geste. Se contenter de serrer le couteau et de la fermer. Il regarda Coldris faire les cent pas. Lui ne desserrait pas les doigts. Pour être sûr de ne rien dire, il se mordit la langue, et ce même s’il sentit le goût métallique du sang se mêlait à ses papilles. Quelques gouttes glissèrent de ses doigts sur le sol.

Son père se calma. Le vent de fureur dans le bureau tomba.

— Ils se sont servis de toi, conclut-il.

Alduis ne se détendit pas pour autant. Il ne desserra ni les dents, ni les doigts. Ils ne s’étaient pas servis de lui. Il se souvenait de leur conversation, ce n’était pas ainsi que cela s’était passé. Ou alors… peut-être que si.

Tu vois Alduis ?
Tu n’es même pas capable de voir quand on se sert de toi.
Toi, tout ce que tu fais, c’est de te précipiter dans les pièges.

Il serra plus fort les doigts. Peut-être que Cassandre s’était servi de lui. Que Jérémie aussi. Il n'en avait pourtant pas eu la sensation.

Mais comment faire confiance à ton jugement ?

Coldris s'appuya contre le bureau. Quand le traité avait-il été imprimé ? Alduis avala sa salive. Ça avait l'air terminé. Il se détendit légèrement mais répondit le plus courtement possible :

— Au début du mois.

Il fit une brève pause, baissa les yeux sur sa main gauche et remarqua, presque piteusement :

— Je… J'ai mis du sang par terre.
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Message par Coldris de Fromart Mer 2 Juin - 11:04




Lorsqu’il avait compris de quoi il retournait, une colère orageuse s’était déversée dans le bureau. Comment avait-il pu ? Comment avait-il pu faire une chose pareille ? Il n’en revenait toujours pas, mais puisqu’il était venu avouer de lui-même sa faute, il ne pouvait pas lui en vouloir plus que de raison et il était de toute façon déjà en train de réfléchir à la façon dont il allait limiter la casse, car c’était bien de cela qu’il s’agissait désormais. Son fils n’avait rien répliqué et c’était sans doute mieux ainsi. Quoi qu’il ait pu dire, cela n’aurait certainement fait que remettre de l’huile sur le feu. D’ailleurs au fond, Coldris ne lui avait prêté que peu d’attention lorsque la tempête s’était déchainée. Il ne l’avait même pas vu empoigner sa lame, ses yeux avaient beau avoir été grands ouverts, il s’était retrouvé plongé dans l’obscurité la plus totale.

Le traité avait été imprimé au début du mois. Cela faisait donc tout au plus une semaine. Il ne devait pas avoir commencé à circuler intensivement ce qui lui laissait le temps de préparer ses défenses. Il acquiesça et expira à nouveau pour relâcher les dernières tensions lorsqu’Alduis lui fit remarquer qu’il y avait du sang par terre. Coldris arqua un sourcil dans sa direction.

Vous auriez dû me laisser sauter

Il contempla sa main qui gouttait sporadiquement et secoua la tête avant de se lever. Une fois son bureau contourné, il sortit son mouchoir de sa poche.

— Tu dois te montrer plus prudent, Alduis fit-il calmement en épongeant sa main.

A plus d’un titre, puisque sa remarque concernait tout autant ses mutilations que cette signature dont il imaginait qu’il n’avait pas cerné tous les tenants et aboutissants. Il avait certainement agi sur le coup de la colère, pensant se venger de lui, sans même réaliser toutes les conséquences néfastes que cela risquait d’entrainer.

Puis il appela Léonilde afin que le parquet soit nettoyé et sa main bandée. Coldris retourna à son bureau. L’affaire était classée, pour le moment du moins. Ce qui était fait était fait désormais et il ne servait à rien de s’appesantir dessus outre mesure. Il retourna s’asseoir, son regard se posa sur le dossier de l’institut des Invalides, toujours étalé sur son bureau. Peut-être… Il releva la tête et croisa le regard de son fils.
— Assied-toi. Puisque tu es là, j’ai quelque chose à te montrer. Tu auras peut-être des suggestions qui sait ?

Quoi qu’il en dise, son fils avait parfois de bonnes idées, et il voulait partager ce projet avec lui, car après tout, il était directement concerné de par sa vocation.

— J’ai décidé de faire ouvrir un institut afin d’accueillir nos soldats invalides au lieu de les laisser pourrir dans les rues ou à l’hôpital général. Tiens regarde.

Il retourna les différents feuillets éparpillés puis commença à lui détailler toutes les idées qu’il avait eues de la veille jusqu’à ce jour, en passant par cette nuit où il n’avait que peu fermé l’œil. Il lui raconta également sa rencontre avec Édouard, l’invalide muet qui leur avait servi de guide et qui serait prochainement au service du baron de Frenn. Dès demain, pour être exact.


Coldris de Fromart
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le 7 janvier 1598 | Amende honorable [Terminé] Empty Re: le 7 janvier 1598 | Amende honorable [Terminé]

Message par Alduis de Fromart Jeu 3 Juin - 16:10

Alduis regardait le sang glisser le long de ses doigts. Il ne fallut que quelques secondes pour rendre sa paume rouge et voir les premières gouttes tomber sur le sol, à côté des anciennes taches d’encre. Quand il en fit la remarque, Coldris secoua la tête et contourna le bureau, tout en sortant un mouchoir de sa poche.

— Tu dois te montrer plus prudent, Alduis.

Alduis le regarda essuyer le sang sur sa main. Plus prudent par rapport à quoi ? Aux traités et autres bévues qu’il avait pu faire ? Il avait déjà dit qu’il ne recommencerait plus. Il n’y avait pas besoin d’insister autant… À moins qu’il y ait autre chose dans ses propos. Quelque chose de moins évident. Ce devait certainement être cela. Mais Alduis ne voyait pas quoi. Il n’avait pas envie de réfléchir. Il se contenta de hocher la tête, sans laisser paraître qu’il n’avait saisi que la moitié.

Coldris appela Léonilde. Le parquet fut nettoyé et sa main bandée. C’était étrange de se retrouver avec les deux mains bandées - cela même si la droite allait mieux et qu’il pourrait bientôt en retrouver un usage tout à fait normal.

Son père retourna de l’autre côté du bureau et lui proposa, pour la seconde fois, de s’asseoir. Cette fois, Alduis obtempéra. Il avait dit tout ce qu’il avait à dire, il ne ressentait plus le besoin de rester debout. Quelque chose à lui montrer, vraiment ?

Il s’installa et inconsciemment, se pencha vers le bureau, pour écouter ce que son père avait à lui dire. Avec d’autant plus d’intérêt quand Coldris évoqua le projet. Un institut pour les soldats invalides. L’idée ne pouvait que lui plaire. Et ce fut avec d’autant plus d’entrain, une fois n’est pas coutume, qu’il s’impliqua dans la discussion. Parce qu’il connaissait le front, il connaissait les soldats et il en avait vu des dizaines et des dizaines rentrés décharnés. Ils étaient tous braves et aucun d’eux ne méritait de finir sa vie dans la rue.
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