[16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
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[16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Cette activité anodine se cachait un autre plan. Alexandre savait que son maitre allait prochainement revenir et guetter, sans en donner l'air, son retour. En réalité, il attendait Coldris pour le surprendre à lui parler le premier d'un certain sujet. Il avait même eu une idée en y réfléchissant longuement que celle-ci se recoupait avec une. Alexandre s'impatienterait presque de découvrir le visage que le ministre arborait à une pareille demande, surtout s'il l'abordait dans un contexte où elle n'avait pas lieu d'apparaitre. Chacun son tour de se faire attraper.
Passant la main sur le pont de la maquette, Alexandre toucha la solidité du mat principal.
Le maître venait d'arriver. Les portes de l'entrée venaient de s'ouvrir. Alexandre demeura immobile, comme s'il n'avait rien entendu, et passa à présent l'index sur le pont du navire.
Il viendra bientôt. Dès qu'il l'aurait aperçu. Il l'interrogerait alors sur cette maquette, s'adoucirait sûrement de songer à son petit-fils, puis quand il le sentirait détendu, Alexandre ferait cette requête particulière. La pièce promettait d'être belle.
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Coldris rentrait du palais royal. Ses journées étaient organisées de telle façon qu’il passait généralement une demi-journée là-bas lorsque ce n’était pas la journée entière. Peu après le déjeuner, il avait pris le chemin de son domaine bien malgré lui. Demeurer à attendre le lendemain comme un petit garçon qui trépignait le rendait difficilement canalisable et il avait vu sa concentration décroitre ces dernières heures au point que ses impatiences l’avaient conduit à rentrer chez lui. Pourtant, l’idée de demeurer à Fromart à attendre le lendemain le faisait déjà tourner mentalement comme un lion en cage.
Il allait rentrer, se changer, et sortir prendre l’air avec son cheval. Il hésitait encore sur lequel. Peut-être Sophia ? La petite dernière avec sa couleur truitée ? Il sauta hors de la voiture et sans même s’en rendre compte il était déjà en hall. Il allait emprunter l’escalier en marbre qui lui faisait face pour rejoindre ses appartements lorsqu’il remarqua la présence d’Alexandre dans le salon voisin. Il s’arrêta. Devant lui, il reconnut un gros navire zakrotien avec sa proue ophidienne. Il passa la porte et fit quelques pas, intrigué par la chose.
— Tu rêves à ce point de grand mât et de marins ruisselants de sueur et d’embruns pour y faire installer l’objet de tes fantasmes dans mon salon ? À moins que ce ne soit l’esclave de Frenn qui te fasse de l’œil ? Peut-être bien les deux après tout. fit-il sarcastique
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
"Pas le moins du tout, maitre. Il s'agit d'un nouveau jouet pour Adéis."
Alexandre se redressa et s'éloigna, prenant une de ses béquilles, pour aller chercher une bouteille de vin rouge et la déposer sur la table.
"Je compte lui raconter prochainement des histoires avec les vikings et m'étendre peu à peu sur les invasions qu'ont connu autrefois la France et l'Angleterre. Ce vaisseau va me permettre de mieux illustrer mon récit."
Tout en commentant son propos, Alexandre repartit chercher deux verres et versa dedans le vin.
"Un vin iswlan, cela vous conviendra, maitre ? Léonilde m'a confié que vous appréciez beaucoup ces cépages."
Il s'assit ensuite dans le fauteuil, attendant que Coldris ne prenne son verre pour saisir lui aussi le sien. Mais il ne boirait pas. Il ne ferait que tremper les lèvres. Comme une certaine avait pu si bien lui apprendre. Alexandre reprit sur un ton badin :
"Pour revenir à Adéis, ce matin, il est venu jour dans la bibliothèque pendant que j'étudiais. Il s'est beaucoup amusé à grimper sur les rayonnages et affirmait une fois en haut avoir conquis une nouvelle île. Il inventait chaque fois un nom pour la baptiser. Le plus cocasse, c'était qu'il remontait souvent sur le même rayonnage et la rebaptiser. Son jeu a semblé s'interrompre quand sa gouvernante est venue le chercher. Il s'apprêtait à la suivre, puis, il a négocié. Il a réussi à la persuader de disputer une partie de chat. Il se percha cependant sur un rayonnage, inaccessible pour cette malheureuse femme, et s'amusait à la provoquer gentiment en utilisant des termes comme "Du nerf marin d'eau douce !", si bien que celle-ci s'est résolue à aller chercher Bérénice. Face à l'autorité toute puissante maternelle, notre jeune corsaire s'est finalement rendu."
Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Un jouet pour Adéis ? Oh c’était peut-être le cas, mais il ne pouvait nier qu’il se faisait également plaisir. Coldris s’approcha pour mieux apprécier le travail effectué. Du pont du navire, sa main glissa le long du grand mât.
— Les Vikings étaient d’excellents marins. L’un des rares peuples à disposer du savoir nécessaire à l’orientation maritime en haute mer et par ciel couvert.
Sa main redescendit lentement jusqu’au pont avant de se diriger droit vers la figure de proue ophidienne qu’il enserra innocemment afin d’en caresser tous les reliefs sculptés.
— Cette sculpture est des plus réussies, surtout la tête qu’il contempla de nouveau émergeant de sa main Je vois que tu as les choses bien en main, Alexandre. Comme ces marins avec leur navire.
Passé, ce petit divertissement, son jeune apprenti sortit les verres du dressoir et lui proposa un vin iswylan. D’ordinaire, en rentrant il préférait prendre un verre d’un alcool plus fort, mais pourquoi pas après tout. Ce fut un blanc doré qu’il servait. Là encore sa préférence allait au rouge, mais un peu de changement ne faisait pas toujours de mal. C’était tout de même étrange qu’il choisisse spécifiquement cette boisson et non une autre. Il connaissait pertinemment ses goûts depuis le temps. Il garda cependant ses interrogations pour lui et s’installa dans l’un des fauteuils présents. Il prit une gorgée -bien fruitée et sucrée, chargée de soleil- tout en écoutant le récit de son moussaillon-acrobate. Il repensa à Bérénice qui avait tant aimé en faire de même lorsqu’elle était plus jeune, sauf qu’elle, ce n’était pas pour jouer aux pirates.
— Il faut croire que c’est de famille, ma fille aussi s’adonnait à ce genre d’activité.
Adéis menait la vie dure à sa gouvernante, mais il ne pouvait pas lui en tenir rigueur, pas après la dernière année écoulée.
— Je suis heureux de le voir s’amuser ainsi. Les enfants devraient toujours avoir le loisir d’en faire autant avant que leur insouciance ne s’échappe définitivement.
Ces derniers mois, il n’avait pas été ainsi si joyeux et espiègle, il le savait puisque Bérénice le lui avait dit. Lui aussi au fond devait être étouffé par l’atmosphère compliquée qui régnait à Aussevielle depuis le retour de Démétrius. Coldris se réjouissait d’ailleurs qu’il ait pu nouer une telle relation avec son oncle Sarkeris, seulement voilà, un jour -il tourna la tête vers la maquette - lui aussi retournerait en mer, il ne l’imaginait pas un seul instant vivre à terre. Et pourtant il aurait bien aimé le garder à ses côtés. Il trempa à nouveau ses lèvres et chassant ses états d’âme se reconcentra sur Alexandre.
— Autre chose?
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
"C'est tout à fait exact. J'ai parcouru grâce à votre bibliothèque quelques ouvrages sur le sujet pour me rafraichir la mémoire, le moment où j'ai étudié ce peuple remonte, et j'ai été fasciné de réaliser qu'à une époque où toutes civilisations ne pratiquaient plus que la navigation à vue, les vikings, eux, s'aventuraient hors du rivage, même dans le brouillards. C'est très impressionnant. Je pense qu'Adéis va beaucoup aimer ces récits."
Il laissa en même temps sa main se promener sur le pont et remonter vers la figure de proue. Son maître ne manquerait pas de faire une réflexion. Il retint un sourire. Gagné ! Il répondit à nouveau sans se départir de son calme.
"Merci, maître. Mon père adoptif m'a appris enfant à construire des maquettes pour mieux exercer mes mains avant 'de m'apprendre à travailler la reliure de livres. Il n'existe par ailleurs rien de plus agréable de frotter le cuir d'une peau, bien plus que le mat de ce navire."
Sur cette plaisanterie, Alexandre se redressa pour apporter de quoi boire. Un vin blanc de Iswiz, semblable à celui que Léonilde lui avait fait découvert la veille. Il nota le regard intriguée Coldris et lui adressa un sourire bienveillant.
"Je vous prie de m'excuser, maître, mais je ne supporte pas encore bien le vin blanc."
Alors que le ministre goûtait le vin, Alexandre s'appliqua à ne tremper ses lèvres dans son ventre et à donner l'illusion d'absorber une gorgée. Il raconta ensuite ce récit sur les aventures du pirate en herbe et s'amusa du commentaire que le grand-père fit en se rappela que sa fille se comportait de manière similaire au même âge.
"Pour accéder aux livres des étrangères trop hautes ? Jef faisais la même chose dans la librairie de mon père adoptif quand elle était fermée."
Il repartait ensuite un livre sous le bras et s'en allait le découvrir tranquillement dans sa chambre. Coldris indiqua à quel point cela lui plaisait de savoir son petit-fils insouciant et Alexandre opina d'un faible hochement de tête sur l'innocence que les enfants méritaient de posséder avant que le monde ne leur enlève. Son regard s'assombrit en se souvenant des questions difficiles du petit garçon.
"Malheureusement, il en a perdu une partie et nous devons préserver qui en reste."
Alexandre porta à nouveau son verre à ses verres pour les tremper, simulant toujours de boire. Il redressa la tête à la question posée. Le moment approchait. Il posa sa coupe et répondit calmement.
"Vous avez reçu la demande de validation pour votre réservation du lupanar pour la soirée du 20. avec Léonilde, nous avons regardé et tout est conforme. Elle n'"attend que votre cachet pour renvoyer le document à la patronne."
Il se cala dans le fauteuil, s'apprêtant à la fameuse question.
"Ce soir-là, maître, pensez-vous que je puisse vous y accompagner ?"
Alexandre se forçait à conserver un visage impassible, surtout à dompter son regard. Il avait tant envie d'éclater de rire de cette proposition qui ne manquerait pas de surprendre le grand et puissant ministre des affaires étrangères. Il ajouta ensuite d'un léger sourire :
"C'est la bonne saison pour partir à la récolte des abricots."
Autant débuter les subtilités en premier. Car Coldris n'en raterait aucune une fois remis de la surprise.
Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Il n’avait aucun doute sur le plaisir qu’il pouvait avoir à astiquer le cuir des manches. Après tout l’entretien c’était important.
— Je vais t’affecter à la sellerie si le contact du cuir te manque tant que cela. Veille en revanche à ne pas trop cirer les souliers, il serait fâcheux de déraper. ironisa le vicomte afin de lui rappeler de vérifier où il plaçait ses pieds.
Il servit du vin, ce qui en soit été étrange. Il devait sans doute vouloir l’impressionner en l’accompagnant. En tout cas, Coldris ne fit aucune remarque là-dessus et écouta le récit de son apprenti, échangeant ensuite avec lui une anecdote sur sa fille. Il hocha succinctement de la tête pour valider son hypothèse. Enfin… il doutait que les livres en hauteurs chez le père Bellanger fussent du même acabit que ceux de Fromart. L’homme était bien trop mou du vit pour posséder ce genre d’ouvrages chez lui. Quant à Adéis, il ne pensait pas qu’il ait perdu son insouciance, non, elle s’était simplement enterrée pour mieux faire face aux exigences du moment. Il avait besoin d’air, ils avaient tous besoin d’air…
Il prit une nouvelle gorgée et eut la confirmation qu’il ne buvait pas. Léonilde ne lui avait de toute évidence pas parler qu’œnologie. Il réprima un sourire satisfait et s’enquit des informations suivantes, vidant son verre une première fois.
La soirée au lupanar, une petite fête de bienvenue ou plutôt de bon retour pour Sarkeris. Il était toujours heureux de pouvoir passer un peu de temps avec lui. Il le connaissait finalement assez peu. En dix ans il l’avait tout juste vu une dizaine de fois et généralement pour parler affaire. Seulement voilà, après tout ce temps il ne savait pas vraiment comment aborder le sujet. D’ailleurs il ne lui avait toujours pas parlé de sa mère. Il avait honte de sa lâcheté. Lâcheté car il craignait d’affronter ses démons. Prononcer son nom… Il ne le faisait plus depuis des dizaines d’années. C’était comme lui rappeler qu’il s’agissait bien de la réalité et non d’un simple cauchemar. Et puis, s’il voulait être entièrement honnête avec lui-même, il culpabiliser autant de l’avoir laissé à son sort qu’il ne craignait de savoir comment il avait survécu toutes ces années.
Si les papiers étaient prêts alors il les signerait dès ce soir. Quand Alexandre lui servit cette demande, il plissa un sourcil soucieux d’être certain d’avoir bien entendu sa doléance qui fut confirmer par la remarque qui suivante. Il voulait venir au lupanar ? Quelle mouche l’avait donc piqué?
—Sarkeris aura laissé son équipage à Nérée et le Maitre Queux te fait remarquer que les abricots ne sont pas mûrs en cette saison, mais puisque tu aimes les embruns et le cri des mouettes, tu peux l’accompagner à la pêche à pied et ramasser quelques moules. répondit-il d’un sourire espiègle en tendant son verre.
Ma foi s'il tenait tant que cela à s'inviter, il n'allait pas le lui refuser. Cela promettait d'être divertissant. D'ailleurs, il n'allait pas signer le bon sans ajouter quelques menues précisions sur ce qu'il attendait. Alexandre allait adorer son petit cadeau personnalisé.
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
"Non, je préférerai que cela reste un loisir. Les passions, quand elles deviennent des activités, deviennent ennuyeuses."
Une fois installés dans les fauteuils, un verre à la main, Alexandre aborda une discussion en apparence tranquille avant d'aborder la fameuse requête qui occupait son esprit. Tout en observant le regard interloqué de Coldris, le jeune homme savoura une première gorgée du vin blanc. Rien de tel que cette petite victoire, celle d'avoir du placer sa situation et d'apercevoir quelques secondes la surprise en un être aussi calculateur, pour mieux apprécier le breuvage. Le ministre se reprit naturellement vite et enchaina avec des saillies dont il avait le secret. Il s'y attendait. Autrement, si Coldris était resté sage, Alexandre aurait fait mander Léonilde de toute urgence. Un Coldris de Fromart sans remarque fallacieuse, c'était comme un Adéis tranquille, cela n'existait que s'ils souffraient d'une forte fièvre.
Il répondit, malicieux :
"Je ne suis pas intéressé par la pêche malheureusement. Mon père et son expression favorite, de jouir du poisson qui vient sauter dans l'assiette m'en a éloigné."
Alexandre porta le verre à ses lèvres, simulant une fois encore de boire. Il se décida à abandonner l'humour pour aborder le sérieux de sa résolution. Il devait de tenir. Alduis et lui en avaient discuté la veille au soir. C'était la dernière ligne droite.
"Un homme célibataire attire les rumeurs et il flotte au-dessus de ma tête des relents de mes accusations précédentes. Si je me rends là-bas, cela aidera, je crois, à les faire disparaître. Tout au moins, il existera moins de suspicions."
Il but une gorgée de vin pour reprendre des forces et du courage après ces confessions éprouvantes, forcées à museler ses émotions face à son maitre. Pourtant, il les percevait tourbillonner en lui. Le doute, la peur, l'appréhension, la terreur de retourner à la prévôté... Non, il ne pouvait autrement. Il devait accomplir ce geste même si celui-ci devait être difficile.
"Et puis, un jour, j'aspire à me marier. A fonder une famille. Bérénice m'a confié qu'une première fois avec son époux, si celui-ci n'aurait aucune expérience serait une chose terrible pour la jeune femme. Je ne souhaite pas faire connaître une telle chose à celle qui aura accepté de m'épouser. Eh bien, voilà, maitre, ce sont les raisons qui me poussent à formuler une pareille requête."
Alexandre baissa la tête, mal à l'aise, et vida le reste de sa coupe, désireux d'évacuer ce malaise qui l'envahissait.
Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Alexandre était si motivé qu’il grandissait rapidement, il commençait presque à regretter de ne pas l’avoir rencontré plus tôt.
— Comme l’air attise une flamme ou l’étouffe, les vraies passions ne meurent jamais de trop d’attention.
Il aimait la politique depuis qu’il pouvait déchiffrer les lettres imprimées ou manuscrites des vieux ouvrages poussiéreux de la bibliothèque. Il avait peu de souvenirs de sa mère mais il pouvait encore l’entendre dire qu’il avait ça dans le sang. Le fait était qu’elle n’avait pas eu tort : pas plus sa passion pour la politique que pour le pouvoir ne s’essouffler au fil des ans. Rien ne lui donnait plus la chair de poule que parvenir à ses fins. Plus la difficulté en était élevée, plus la satisfaction en était intense. Et ces dernières semaines il travaillait avec acharnement à un projet donc Alexandre ignorait tout. Peut-être l’inviterait-il à prendre une leçon ce jour-là…
Là n’était pas le sujet puisqu’il venait de lui demander de le laisser venir au Lupanar. Une drôle d’idée qu’il accepta néanmoins sur le principe.
— Ton père est un idiot fini, mais il n’a pas tort sur cette expression, tu ne peux pas le nier. Tu es toi-même en train de le vérifier en sautant sur l’occasion de cette soirée au bordel pour oser y mettre les pieds. Dis-moi donc la raison de ce revirement soudain. Tu as peur de ne pas savoir satisfaire ta princesse c’est cela ? demanda-t-il taquin
Il secoua son verre désespérément vide, sans prendre garde à celui de son apprenti toujours bien rempli, qu’il continue ainsi. Coldris gardait les comptes mentalement.
— Eh bien quoi Alexandre, Léonilde ne t’a pas dit qu’il fallait remplir les verres aussitôt vidés ? Aurait-il manqué à ses obligations ou serait-ce toi qui a une mémoire de crustacé ?
Une fois son verre remplit, il trempa ses lèvres, satisfait en écoutant la réponse puis acquiesça la tête à ses arguments censés. Sa chère petite princesse, il était si fier de l’avoir pour fille. Elle savait toujours trouver les mots qu’il fallait. Si seulement elle avait pu être un homme, elle aurait pu accomplir de grandes choses. Il pouvait sentir d’ici la nervosité qui émanait d’Alexandre. Sa coupe vide, il prit la bouteille et la remplit aussitôt.
— Voilà une sage décision que je ne peux qu’approuver et encourager. Bérénice a entièrement raison et tu ne pourras pas rester célibataire. Pas si tu souhaites ta place au Soleil. Je t’aiderai à trouver une femme si tu veux. Je suis rassuré que ta décision soit murement réfléchie et que tu ne fasses pas cela pour me faire plaisir. J’aurais refusé.
Il leva son verre pour trinquer avec lui :
— A ton dépucelage et tes bonnes résolutions. fit-il avant de la vider d’une traite.
— Par contre, si tu crois qu’il suffira d’une fois, tu te fourvoies : on salit plus facilement une réputation qu’on ne la lave, ne l’oublie jamais.
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
"Oui, j'ai conscience que l'expression n'st pas usurpée, même si de sa bouche, J'ai surtout méprisé ce pourquoi il l'employait. Et votre déduction sur mes motivation est à la hauteur de vos capacités : oui, c'est cela, apprendre à satisfaire ma princesse."
Il porta le verre à ses lèvres, simulant de boire, tout en méditant à cette nouvelle expérience. Les choses étaient à présent décidées et rien ne reviendraient en arrière. C'était ainsi. Il devait avancer. Coldris l'interpela alors pour rappeler sa coupe vide et l'esclave opina d'un hochement de tête.
"Non, il me l'a très bien enseigné. Pardonnez-moi, j'étais dans mes pensées."
Une fois le verre du ministre à nouveau rempli, Alexandre développa ses arguments et les raisons qui le poussaient à émettre une requête aussi singulière. Son maître l'écoutait avec un grand sérieux et approuvait sa décision Il l'y encourageait même, comme Bérénice avait pu le faire. Il proposait même son aide afin de lui trouver un bon parti. Alexandre esquissa un sourire poli, touché de la proposition.
"J'ai conscience de cela depuis longtemps que les individus ne peuvent rester célibataire. Pendant trois ans, ma mère a beaucoup étudié la question mais déclarait ne pas trouver de prétendante suffisamment intéressante. Je ne sais pas pourquoi. Est-ce pour ses ambitions ou à cause de mon infirmité ? Peut-être. Néanmoins, en devenant officiellement vite secrétaire, les candidatures ne manqueront pas d'affluer."
C'était une pensée affreusement cynique et qui l'éloignait des idéaux de son enfance, quand il croyait naïvement se marier par amour avec la femme que le destin mettrait sur son chemin. La vie n'était pas aussi simple. Surtout pour un homme tel que lui. Le mieux qu'il puisse espérer était de nouer une relation amicale avec sa future et d'offrir à leur progéniture la vision d'un couple harmonieux. Son mentor remplit à nouveau son verre pour trinquer Il s'approcha donc et esquissa un pâle sourire devant l'apostrophe.
"J'espère me montrer à la hauteur de l'enjeu."
Pendant que Coldris vidait sa coupe, Alexandre se contenta de ne tremper que ses lèvres dans le vin. Il grimaça alors d'apprendre qu'un seul passage au lupanar ne suffirait pas. Il aurait dû s'en douter. C'était logique. Alexandre soupira.
"Alors... Combien de fois pensez-vous que je devrais y aller ?"
Ses pensées se bousculaient en même temps dans son esprit. Il se sentait idiot de songer à de telles questions, puis se rappelant de la fameuse urine de Nehalan, il réalisa que demander valait mieux qu'être incommodé longuement.
"Maître... Est-ce... j'ai entendu dire que parfois un homme restait coincé dans une femme ? Est-ce vari ? Et comment on fait pour éviter que ce genre de choses ne se produisent ?"
Il baissa le regard, subitement honteux.
"Non, pardon. c'était.. stupide. Comme si j'aavis cru qu'on pouvait mourir noyé dans son urine....
Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Son verre de nouveau rempli – second pour tous deux -, Coldris put se concentrer sur l’explication que lui donnait Alexandre au sujet de ce soudain désir de l’accompagner au lupanar lors de la fête de retour de Sarkeris. Il n’y avait là que des arguments sensés (quoique naïf parfois). Il évoqua alors les tentatives désespérées de sa mère pour le marier à un bon parti.
— Il n’y a qu’en lui demandant que tu le sauras, mais en effet, cela devrait désormais moins poser de problème. Choisis-la bien, Alexandre. Il n’y a rien de pire que de croiser jour après jour quelqu’un que tu hais plus que tout.
Et de cela il en était absolument certain. La seule difficulté dans son cas était que tôt ou tard, elle finirait par comprendre son inclinaison. Les femmes étaient loin d’être de parfaites idiotes et à moins d’être aveugle, elle verrait bien qu’il ne faisait que son devoir et rien de plus. Ce ne serait pas chose facile à garder secrètement ou même à partager et accepter. Qu’un homme ait une ou plusieurs maitresses n’avait rien d’extraordinaire, que cette maitresse soit un homme était dangereux et à plus d’un titre lorsque cet amant était le fils de l’homme pour qui l’on travaillait.
— Inutile de te dire que tu devras redoubler de prudence. conclut-il avant de trinquer.
Sa confiance semblait s’étioler quelque peu face à l’ampleur de la tâche qui l’attendait soudainement. Tout se passerait bien, que ce soit au bordel ou lors de son mariage. Si l’on ne croyait pas en l’avenir ni en ses capacités, il n’y avait plus qu’à s’asseoir et attendre que la mort vienne vous cueillir. Alexandre n’était pas de ceux-là, il le prouvait régulièrement.
— Et pourquoi ne le serais-tu ? Cesse d’espérer, c’est inutile. On ne regarde pas le précipice avant de sauter, sauf pour aller s’y écraser. Alors, fait.
Une leçon qu’il avait prodiguée à maintes et maintes reprises à son fils. À tel point qu’il lui en avait reparlé lorsqu’il était venu visiter son bureau. Il avait si souvent eu l’impression de parler dans le vide toutes ces années, mais non, il s’en souvenait et l’avait mis avec ces choses qui lui tenaient à cœur. Sa coupe vidait, il la reposa. De toute évidence, il était toujours perdu dans ses pensées et ne comptait pas le resservir. Heureusement qu’il comptait en faire son secrétaire et non son valet.
Coldris souffla un petit rire silencieux en constatant qu’il avait réellement cru qu’un seul bain suffirait. Que s’était-il imaginé qu’il suffisait de se faire baptiser par les prêtresses du lupanar pour se voir blanchi de toutes accusations de sodomie ? Il pencha la tête de côté l’air de dire « tu y as vraiment cru ? »
— Régulièrement à moins que tu ne fasses l’effort de jouer la comédie jusque dans les lieux publics. Je te conseillerai même de t’intéresser aux femmes, plus généralement. il marqua une pause, pensif avant de suggérer tu pourrais proposer tes services de peintre pour effectuer des portraits, par exemple.
Et évidemment s’il pouvait éviter de hisser la grand-voile au premier marin débarqué ce serait encore mieux… Le vicomte contemplait son verre désespérément vide lorsqu’il coupa court à ses pensées avec une question qui lui fit étirer un sourire amusé de par cette innocence. Il s’en fallut de peu pour qu’il n’explose définitivement de rire à la mention de l’urine dont il devinait aisément la provenance. Pauvre garçon qui ne comprenait pas d’où lui venaient toutes ces tensions.
— Oh ce n’est pas de moi cette histoire de pénis atrophié, mais ma fois, elle était fort bonne. commenta-t-il avant de lui répondre Tu vois Alexandre, tu t’inquiètes d’être à la hauteur, et bien dis-toi que tu ne pourras jamais faire pire. Pour répondre à ta question, cela ne m’est jamais arrivé et je ne connais personne à qui cela soit arrivé. En conclusion, il s’agit soit d’une fable soit d’un évènement d’une extrême rareté. Et dans tous les cas, tu n’as qu’à attendre que cela passe pour ressortir.
Il attrapa la bouteille et se resservit
— De toute évidence, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. D’autres questions ?
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
"J'entends bien, maitre. Je souhaiterais effectivement m'entendre avec elle et partager quelques activités ou passions communes. De cette sorte, à défaut d'amour, nous montrerons à nos enfants la vision d'un couple harmonieux."
Malgré l'attitude du mnistre qui demeurait inchangée, Alexandre percevait un changement minime dans sa voix. Il sentait que cet avertissement n'avait d'un banal conseil mais refermait une part de vécu. Une part de souffrance également. Il fit semblant de rien et trempa ses lèvres dans le vin pour faires emblant de boire et laisser l'instant passer.
Peu après, Coldris lui rappela que la position devait l'insister à une grande prudence. Il opina de la tête d'un air entendu.
"Je sais cela depuis que j'ai découvert la fameuse chose, maître. Je préfère manger la viande grillée que de l'être."
Ils trinquèrent ensuite à cette étape et Alexandre laissa montrer son inquiétude sur la suite des événements. A sa manière, un peu sèche, son maître l'aida à se reprendre et il redressa la tête. Il avait en effet pris une résolution : il devait s'y tenir.
"Vous avez raison, maître."
Sur cela, Coldris lui enseigna que cette expérience au lupanar serait à renouveler s'il souhaitait voir purifier son nom de ces charges sodomite. Sa gorge se serra. Soit. C'était toujours moins pire que la cellule et le bûcher.
"Sur la question de jouer la comédie en public, je commence à m'y faire. récemment, un de mes amis, un assez jeune garçon m'a interrogé sur ma soirée de la veille alors que nous étions dans une taverne et j'ai répondu avec naturel l'avoir passée en compagnie de ma maîtresse et que nous profitions de nos derniers moments libertés avant les fiançailles de cette jeune personne. Vous noterez, maître, je n'ai pas menti. Sauf pour remplacer un certain mot par un autre. Sur le reste, toutes les informations étaient exactes."
Il sourit à se rappeler de l'air enfantin ravi du jeune Nehalan. Son auditeur avait été certes facile à duper, mais ce n'était pas le cas pour les autres clients de la taverne qui les avaient entendu. Alexandre écouta la suite t hocha la tête à cette idée de portraits.
"Quelle bonne idée, oui ! J'ai déjà réalisé l'an dernier un portrait de Florentyna de Monthoux et de son ami Kalisha. Il ya quelques jours, j'ai aussi peint Lavinia de Kergemont. Ces dames auront pu toucher un mot sur ms talents. Je pourrais demander à Bérénice de proposer à ses amis quelques séances de pose."
Malgré toutes ces bonnes idées, Alexandre ressentit la nervosité et l'anxiété l'assaillir. Son esprit ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur comment son corps réagirait face à une femme et si tout se passerait aussi bien que prévu. Il finit par s'en ouvrir de manière plus que pitoyable au vicomte et réalisa lui offrir une nouvelle anecdote pour se moquer à ses dépens jusqu'à la fin de ses jours. Coldris se défendit peu après d'avoir infecté cette histoire de pénis atrophié.
"Peu importe. Vous n'auriez pas dû l'inviter. Ce pauvre Nehalan, du fait d'une éducation trop moraliste, ne comprend rien des doubles lectures. Sa place n'était pas dans un lupanar. Je lui ait recommandé par ailleurs le nom de votre future bru pour l'instruire."
Alexandre réalisa queson ton avait peut-être un peu trop monté et s'inclina.
"Pardonnez-moi,, maître, je me suis échauffé, mais Nehalan est un ami et les amis sont précieux."
Sa main se porta à son épaule, là où se trouvait sa marque.
"J'ai été asservi pour avoir voulu aider un ami. De manière bête. Sans réfléchir. Je n'agirai plus de la même manière aujourd'hui, mais je chercherai toujours un moyen de défendre ceux qui me sont chers."
Il esquissa alors un léger sourire.
"Après tout, c'est ce que vous faites vous-mêmes avec mon père, non ?"
Après ce passage, la conversation reprit sur ses angoisses liées à la découverte de la sexualité avec une femme. Il entendit avec soulagement que son inquiétude d'être coincé relevait d'une légende urbaine. Il aurait dû le comprendre. C'était idiot d'avoir pensé autrement. Son maître l'invita à l'interroger et Alexandre prit son temps réfléchir à ce qui pourrait encore le tracasser.
"Comment retire t-on ses vêtements ? Y a t-il... un rituel ? Est-ce à moi de déshabiller la femme ? Ou doit-elle défaire mes habits ? Et comment sait-on à quel moment, eh bien, on entre ? Et comment sait-on qu'on fait bien ? Et.. Oh oui ! Comment savoir si celle-ci je ne vais pas la mettre enceinte ? Je ne veux pas être comme mon père, maître, et engendrer des enfants sans le savoir !"
Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Bien s’entendre était sans doute le mieux qu’il puisse espérer et le pire qu’il lui souhaitait à la fois. Il lui souhaitait bien du courage avec ses enfants. Il était des choses que l’on ne pouvait comprendre qu’en les expérimentant. La nature était ainsi faite.
Il était toutefois rassuré de voir qu’il n’oubliait pas qu’il cheminait en funambule sur un filin tendu au-dessus d’un précipice. Bien. Ils trinquèrent ensemble à ses résolutions et Coldris en profita pour lui rappeler une énième leçon et balayer ses espérances concernant le blanchiment de ses accusations de sodomie. Il écouta avec plaisir l’anecdote en question et souffla un petit rire en imaginant la maitresse d’Alexandre. Il devait cependant reconnaitre que c’était astucieux et même habile de sa part. Il hocha la tête d’un air entendu -sans doute ce qui se rapprochait le plus d’un compliment silencieux -. Son idée de portraits semblait lui plaire, tant mieux, libre à lui de l’exploiter au mieux pour faire mentir son attrait pour les bourses pleines.
Nerveux à l’idée de ce qui allait se produire, son apprenti -à plus d’un titre- commença par une première question à laquelle il répondit sans faire des siennes. Ses sourcils s’abaissèrent sur son regard polaire lorsqu’il commença à émettre des récriminations sur ses actes.
— Ne t’avise pas de recommencer à mettre ton nez dans mes affaires et encore moins à les juger. Tu n’en as aucun droit. Aucun ! trancha sèchement sa voix.
Fort heureusement il s’excusa et Coldris balaya cela d’un geste agacé de la main. Un ami ? Cet avorton ? Ce poussin qui sautillait, incapable de voler, alourdi par sa bouillie maternelle qu’il ingérait à longueur de temps sans se poser de questions ? Ridicule. Pathétique.
— Prendre garde à bien choisir tes amis, Alexandre. Le pouvoir ne laisse aucune place à la faiblesse du cœur et les hommes ne sont pas faits pour être amis avec des nourrissons. Tout au plus ils leur font risette pour amuser la galerie.
Ce n’était pas son ami. C’était tout plus un acte de charité plein de pitié ou encore un faire-valoir pour se donner de l’importance en tant que précepteur de cet angelot tombé du nid. Les amis ce n’était pas cela. Cela n’avait rien à voir du tout. Les amis étaient précieux, les amis devaient se compter sur les doigts d’une main mutilée, guère plus. Les autres ne faisaient que graviter autour. Ils servaient autant qu’ils desservaient et il fallait toujours s’en garder.
— Tu te trompes. Je n’ai jamais cherché à le défendre par tous les moyens. J’étais prêt à l’envoyer croupir dans un monastère à Zakros. Il faut savoir garder son discernement.
Peut-être bien qu’il l’aurait fait évadé discrètement. Peut-être. Même encore aujourd’hui, il se gardait le droit de faire ce qu’il jugerait nécessaire. Il n’y avait que pour Virgil qu’il aurait tout fait, mais à ce niveau, on ne pouvait même plus appeler cela un ami. C’était bien trop faible pour tout ce qu’il représentait pour lui. Si on lui avait laissé le choix, il serait mort à sa place sans le moindre regret. Et même cela n’aurait jamais pu payer la colossale dette qu’il avait à son encontre. Il soupira et prit une gorgée de vin blanc. Après la cérémonie, il retournerait le voir. C’était idiot de parler à une tombe. C’était comme cela.
A sa première question, d’autres se succédèrent plus étonnantes les unes que les autres. Le pire étant qu’il n’y avait pas de réelle réponse à fournir. D’ailleurs, il était quelque peu déçu : il s’attendait mieux de sa part, enfin. Il rassembla les éléments dans l’ordre.
— Les vêtements tu es sérieux, Alexandre ? Ce n’est pas parce que c’est une femme que c’est différent. Tu n’as qu’à tirer sur les lacets de son corsage pour faire tomber sa robe puis retirer sa chemise. Les filles du lupanar ne sont pas bien vêtues de toute façon. Elle fera ce que tu voudras. Elles sont payées pour te faire plaisir. Si tu veux t’allonger et profiter du plafond, tu n’as qu’une phrase à dire et elle s’occupera de toi.
Ce qui était fou, c’était qu’il ne s’était jamais posé toutes ces questions… La première fois, avec la paysanne du domaine, tout s’était passé naturellement, elle avait baissé ses chausses, il avait relevé ses jupons et l’avait prise dans les fourrages fraichement fauchés au cœur de la grange. Tout s’était passé très vite. Beaucoup trop vite à son goût.
— Tu n’as qu’à suivre ton instinct. Les hommes sont faits pour ça. Tu le sauras et si tu ne le sais pas, tu n’as qu’à la laisser faire. Pour ce qui est de bien faire, tu n’auras qu’à l’écouter et la sentir par chaque parcelle de ta peau.
Il se garda bien de lui dire que les filles du lupanar étaient d’excellentes actrices payées à vous faire passer pour le meilleur amant de la terre quand bien même elles étaient en train de songer à faire l’inventaire de leurs fards tant elles s’ennuyaient.
— Tu n’auras aucune certitude dès lors que tu auras laissé ta semence dans son corps. C’est ainsi. J’ai eu un garçon, Thomas. Ton père ferme les yeux, quand on veut connaitre ses enfants, on peut le faire. Je n’ai jamais rejeté mes responsabilités.
Encore fallait-il qu’elles lui soient présentées. Il se doutait bien que certain comme le petit Louis, ne lui avait jamais été présenté. Sans doute par crainte d’une part, mais aussi parfois par arrangement. Comme Francesca qui les faisait passer pour ceux de son défunt mari…
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
"Je sais, maître. veuillez m'excuser."
Alexandre entendit le couplet sévère sur le jugement du pauvre Nehalan, la tête toujours inclinée. Ses paroles n'étaient pas dénues de sens. Le garçon manquait d'immaturité et sur un point stratégique ne lui apporterait. Néanmoins, il resterait son ami. Comme il était celui de Ysengrin, ou du fameux Sylvère. Son maitre avait tort de sous-estimer d'établir des liens avec des individus en apparence faible. qui savait ce que ces personnes pouvaient entreprendre ou causer ? Sa mémoire lui rappela les avertissements d'Eldred la roue tournait. Esclaves, infirmes, gens pauvres... Pendant longtemps, Alexandre avait cru l'empire solide, construit sur des piliers indestructibles. En réalité, les colonnes de pierre pouvaient s'effriter et s'écrouler. Il le percevait à présent. Afin de nourrir ses intuitions, le jeune homme avait parcouru dans la bibliothèque les sources sur les différentes révoltes serviles romaine. Plusieurs cas racontaient des épisodes violents où les esclaves avaient réussi à prendre le pouvoir, notamment en Sicile où ils avaient même fondé un petite royaume indépendant. Dans de nombreux exemple, les esclaves s'unissaient aux plébéiens pour combattre les patriciens. Alexandre repensait à sa mère qui lui enseignait de s'élever au-dessus de la plèbe. Il l'écoutait alors naïvement, en bon enfant crédule. Elle se trompait. Un homme intelligent devait comprendre la plèbe et anticiper ses mouvements.
Il ne laissa rien entrevoir de ses pensées et répondit sobrement à son maitre.
"Je comprends."
Il préféra à la place évoquer son père et les liens que lui et Coldris avaient. il se doutait bien que leur relation n'avait rien d'une amitié sincère, que le ministre profitait du divertissement qu'offrait le prêtre. Alexandre en invoquant cet exemple arbora une mine naïve, semblable à celle de l'enfant qui cherchait à comprendre.
"Veuillez m'excuser alors, maître. Lors de notre séjour, mon père s'est vanté que vous aviez arrangé sa situation et que rien de mal ne saurait lui arriver."
Là encore, il ne mentait pas. Son père avait réellement formulé ces paroles, même s'il n'en avait pas cru un mot. Il n'imaginait pas le puissant ministre prendre des risques pour un stupide curé. une autre pensée s'agita dans un coin de son esprit. Peu après la visite de son père à Fromart et la découverte de ses honteux exploits, il avait adressé une lettre à sa mère pour lui confier sa déception et son dégoût. Quelques jours plus tôt, il avait reçu une réponse dans laquelle se trouvait des histoires fort intéressantes destinées à lui faire comprendre pourquoi il se comporterait ainsi. Ou pour l'humilier. La tentation était tentante. Surtout pour faire oublier l'incident qui venait de se produire.
"Maître, souhaiterais-vous connaître ce qui s'est passé la toute première où un futur curé 'est présenté à un lupanar ?"
Sa voix était doucereuse. Il trempa les lèvres dans le verre de vin, savourant l'histoire à venir et le vin.
Après cet intermède, ils en revinrent à toutes ces questions que le jeune homme se posait sur son initiation à la sexualité. Le commentaire sur le vêtement le fit rougir. Il avait raison. C'était parfaitement idiot. Pourtant, en ce moment, dans son esprit, cela paraissait alors sensé. Il écouta toutes ces explications avec une grande attention et s'appliqua à tout retenir Son corps saurait réellement ce qu'il était censé faire. C'était aussi simple que cela ? il en doutait encore un peu. Mais Coldris possédait suffisamment d'expérience en ce domaine pour que le jeune homme puisse se fier à ses opinions. Il essayerait de se détendre jusque-là et aviserait au moment de passer à l'acte.
"Je comprends. Merci, maître."
Il l'entendit ensuite raisonner lucidement sur les enfants qu'il risquerait de semer et opina lentement de la tête.
"Je vois. Si je le peux, je ne ne tournerai jamais le dois moi non plus à mes enfants"
Sur ces paroles, il trempa à nouveau ses lèvres dans le verre, simulant toujours de boire.
Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Alexandre s’était permis de critiquer ouvertement ses actes. La sanction ne tarda pas à tomber. Et en plus il se savait !
— Tu as interdiction de parler de demain matin à dimanche soir. Cela t’apprendra à tenir ta langue. Je veillerai à ce que ma sanction soit appliquée en mon absence. répliqua-t-il sèchement avant de passer à autre chose.
On ne ramassait pas le premier oisillon pour en faire son ami et lui donner la becquée. C’était une perte de temps et d’énergie qui pouvait être développée bien plus utilement ailleurs. Ce nourrisson avait fui la queue entre les jambes du lupanar. Et encore, il ne devait même pas savoir où elle se trouvait… Pathétique. Les faibles mouraient. Les forts dirigeaient. C’était l’impitoyable loi qui régnait en ce bas monde. Il n’y avait pas de place pour la naïveté et la rêverie ici-bas.
Quant à Thierry, il souffla un rire agacé. Toujours à arranger la vérité. Il secoua la tête.
— En effet. Mais je ne l’ai pas fait pour lui. Je l’ai uniquement fait en échange d’informations capitales sur une affaire que je suis proche de clore. Sans cela je ne serai pas intervenu. Il n’y a rien d’autre à en dire.
Sur ce, Alexandre lui proposa un récit des plus intéressants. Il connaitrait ainsi la première fois du curé et de son fils. Son sourire s’étira et son regard bleu glacier s’illumina soudainement.
— Est-il nécessaire de poser la question ?
Il n’avait pas l’air bien convaincu par les réponses évasives qu’il lui fournissait, malheureusement il pouvait difficilement faire plus précis sans avoir imaginé ce qu’il avait pu expérimenter jusque là et qui lui donnait la nausée. Quant au reste, comment pouvait-il le savoir après tout s’il préférait les hommes aux femmes ? Lui n’avait qu’à en dessiner les contours pour avoir une irrésistible envie de poursuivre son exploration. C’était simplement délicieux. Depuis sa première -misérable- fois, il trouverait cela irrésistible au point de ne plus pouvoir s’en passer.
— Alexandre ? Tu sais, c’est une discipline comme une autre. Cela demande de l’entrainement et ta première fois s’achèvera sans doute plus rapidement que tu ne le crois. se sent-il obligé de préciser.
À condition qu’il arrive jusque là. Ce qui restait encore à déterminer, mais les filles du lupanar savaient s’y prendre pour motiver les plus réfractaires, alors il leur faisait confiance. Et pour ce qui était des enfants, il approuva sa décision. Ce n’était pas comme s’il risquait d’en semer aux quatre coins de Braktenn comme son père après tout. Quoi que… qui pouvait savoir s’il ne se découvrirait pas une nouvelle passion…
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
"Comme toujours, maitre, vous vous distinguez par votre originalité. N'importe quel propriétaire aurait décidé un jeûne."
Il porta son verre à ses lèvres et but une légère gorgée, le temps de réfléchir à la consigne donnée et surtout d'analyser le moindre mot. La nuance lui vint vite.
"Nous sommes ainsi d'accord, maître, que je ne dois pas parler. en revanche, je reste libre de communiquer, n'est-ce pas ? Je peux ainsi écrire des messages sur du papier ou une ardoise pour discuter avec une autre personne?"
Alexandre se décida à jouer. C'était sans doute un brin dangereux, mais il était presque sûr de s'en sortir. Sur untel point, son père serait une valeur sûre.
"Vous devriez un jour proposer l'exercice à mon père. Je parierai une semaine de mutisme qu'il se révélera parfaitement incapable de rester une heure complète sans pouvoir retenir sa langue."
Coldris confirma par ailleurs cette habitude à ne parler pour ne rien dire et lui apprit au passage comment son père avait su attirer son retour en grâce. Alexandre esquissa un discret sourire en trempant ses lèvres dans le vin.
"C'est un idiot trop bavard pour son bien et celui des autres. Mais au moins un idiot qui sait rechercher les bonnes informations et n'a pas son pareil pour les recouper."
Sur cela, il invita son maître à connaître la bonne histoire relatée par as mère. Alexandre répondit tranquillement en s'accordant à boire une nouvelle gorgée.
"La politesse requiert de demander auparavant à son interlocuteur, maître. Alors... Il était une fois, dans le château des d'Anjou, un tout jeune garçon, d'une douzaine d'années, qui se réjouissait d'être devenu enfin un homme depuis qu'il souillait chaque nuit ses draps. Il alla trouver son frère aîné et l'en informa. Il affirma avec un air supérieur être un homme et mériter son respect. Le frère sourit et lui proposa alors une sorti prochaine entre hommes. Le garçon attendit longuement et commença à désespérer, puis le frère, un soir, l'invita à l'accompagner. Il le mena à un lupanar. Depuis le carrosse, le garçon ne comprit pas. Il vit cependant l'intérieur par les fenêtres et devint nerveux. Le frère rit et poussa le garçon à entrer. Le garçon refusa et retourna se cacher dans le carrosse. Le frère, lui, entra, et passa une longue nuit agréable pendant le garçon tremblait dans le carrosse. Lors des trois années qui suivirent, le garçon tremblait toujours de cette expérience et se refusait à aller de nouveau dans un lupanar ou de toucher une femme. Puis, il vint son départ pour sa formation de prêtre. Et il ne toucha jamais une femme avant de rencontre la mère de son fils qui l'iintia aux merveilleuses choses de l'amour."
Tout en contant cette étonnante et divertissante histoire, Alexandre marqua de brèves pause pour boire de petit gorgées de vin. Vers la vin, devant son verre, il se resservit en contemplant la réaction de son maître, amusé, et avala cette fois une longue gorgée.
Peu après, ils en vinrent à discuter de toutes interrogations qui tourmentaient son esprit à la perspective de cette première fois. Son maitre prit le temps de le assurer, avec patience, et Alexandre opina de la tête et sourit de ses dernières paroles.
"Je vois. Comme pour l'art, un artiste améliore peu à peu la qualité de ses dessins. J'irai là-bas en fixant le Capitole. Seuls les faibles en détourneraient les yeux pour se perdre vers la Roche Carpienne."
Cette métaphore antique eut le mérite de le réconforter et de lui restituer du courage. Il entendit ensuite ces informations sur les enfants que chaque acte avec une femme risquait d'engendrer.
"Par curiosité, maître, mais ne vous sentez pas obligé de répondre si vous jugez ma question trop indiscret, combien en avez-vous eu en pratiquant la chose si souvent et depuis tant d'années ?"
Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Un jeûne ? Mais quelle idée ! Cela n’apprenait rien un jeûne si ce n’était à supporter les insupportables bruits de son estomac et les crampes qui en résultaient. Les jeûnes c’était bon pour les dévots en manque de reconnaissance divine. Alexandre semblait analyser l’énoncé de la sentence. Coldris en profita pour prendre une gorgée, le temps qu’il partage ses déductions qui s’avéraient exactes. Pourtant, il n’en montra rien et déclara simplement :
— Fais donc, tu verras si tu écopes ou non d’une nouvelle sanction.
Son idée de pari lui fit souffler un rire. Une semaine de mutisme pour Alexandre ? En voilà une excellente idée. Il savait déjà comment gagner ce pari.
— Eh bien pourquoi pas. Ne pas l’entendre se plaindre pendant une heure me reposera l’esprit après tout.
Dans le pire des cas il le bâillonnerait. Cela ne pouvait pas être pire que les paris faits avec Virgil de toute façon.
Son fils avait raison, il était peut-être franchement idiot par moment, mais il n’avait pas son pareil pour dénicher les bonnes informations au bon moment. Ne restait plus qu’à voir s’il avait hérité du talent de son père pour trouver et conter de belles histoires. Il s’installa profondément dans son fauteuil et reprit une petite gorgée de vin. Il imaginait parfaitement le jeune Thierry d’Anjou fanfaronner de ses draps souillés devant son grand frère. Lui n’avait pas eu cette bêtise. Premièrement car il les haïssait. Secondement car il avait d’autres besoins plus impératifs à combler que ceux-ci, à commencer par survivre. Il avait attendu deux ans de plus avant de céder à ses envahissantes pulsions qui ne le laissaient jamais en paix dès qu’il croisait un joli minois qui lui donnait du « jeune seigneur ». Les bordels en revanche, il avait découvert ça à la capitale, lui se contentait des paysannes à la cuisse peu farouche des environs du domaine. Coldris esquissa un sourire. Ce jeune Thierry ressemblait étrangement à l’avorton qu’il avait invité à passer la nouvelle année. La différence était leurs âges respectifs. On reconnaissait bien là, la lâcheté légendaire de Thierry ! Et dire qu’il voulait être soldat ! Il aurait fini pendu au bout d’une corde au premier combat ! Il savoura une nouvelle gorgée de vin savourant l’idée lorsqu’arriva la conclusion.
Et il ne toucha jamais une femme avant de rencontre la mère de son fils qui l'initia aux merveilleuses choses de l'amour.
La mère de son fils ? Coldris manqua de s’étouffait en évitant de recracher le contenu de stupeur. La mère de son fils ? Rosina ? Il était puceau jusqu’à baiser sa Rosina ? Il toussa violemment en reposant son verre. Il n’a pas touché de femme jusqu’à ses quoi ? Vingt-cinq ans ? Il avait du mal à contenir le fou rire qui se pressait au bord de ses lèvres et remontait jusqu’à ses yeux. Thierry. Thierry le débauché n’avait pas touché une femme jusqu’à un âge avancé.
— Finalement la carrière de prêtre ne lui allait pas si mal. Il faut croire qu’il essaye de rattraper le temps perdu.
Sa tête serait sans doute mémorable lorsqu’il lui annoncerait avoir découvert une anecdote des plus amusantes ! Sur ces considérations, Coldris tenta de prévenir Alexandre de la nécessité d’entrainer ses compétences s’il souhaitait satisfaire sa Princesse et lui évitait quelques déceptions sur ses premières performances. Le Capitole ! Rien que cela ! Il acquiesça d’un signe de la tête. Il préférait infiniment cette attitude à celle hésitante du début. D’ailleurs tout cela soulevait la question de sa paternité future. Questions auxquelles Coldris répondit sans ambages tout comme la dernière.
— Quarante-six connus. Onze vivants. Sans compter Sarkeris. précisa-t-il.
Parce qu’il ne l’avait jamais considéré comme son bâtard. Il avait pour lui une place des plus légitimes et l’idée de le compter au même titre que les autres ne lui aurait jamais effleuré l’esprit.
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Naturellement, Alexandre ne s'ouvrit pas sur le sujet et préféra aborder une question autre, liée à un pari. Il le perdrait. Il le savait par avance. Mais savoir son père muet une heure, avec toutes les grimaces que ce dernier ferait, cela valait bien une semaine complète de mutisme. Il reprit d'un petit sourire en buvant une gorgée de vin
"Je présume que vous tenterai une stratégie équivalente à celle de la métamorphose du Cavalier en Pégase. Cela 'importe peu en définitive. Savoir cet idiot lutter pour ne parler est assez amusant pour envisager une semaine complète de mutisme."
Alexandre narra ensuite l'entièreté de cette merveilleuse histoire offerte par sa mère tout en appréciant à quelques intervalles quelques gorgées de vin. En parlant autant, surtout quand on savourait un tel récit, il n'y avait rien que déguster en même temps une excellente boisson. A la fin du récit, pendant que son maitre contenait son rire du mieux qu'il le pouvait, le jeune homme se pencha pour remplir son verre vide et fit de même avec celui de son interlocuteur.
"Un excellent crû que ce cépage d'Iswliz de l'an 86. meilleur même que celui que j'ai goûté hier qui datait de l'an 92. O sent que le passage des années affine les meilleures recettes."
Il prononça ces phrases comme un confiseur averti en dépit de ne savoir finalement encore bien peu de chose. Il faisait toutefois illusion en sentant le breuvage avant de tremper délicatement ses lèvres dans le vin pour faire semblant de boire. Un sourire lui vint au commentaire de son maître sur les tribulations pitoyables de son père.
"Vous connaissez mon point de vue sur le sujet, maître. Les prêtres ne devraient pas renoncer à la chair. Ni à une famille. Je crois même qu'ils ne devraient pas être ordonnés célibataires mais être installé dans une vie séculaire. Cela éviterait à un grand nombre de raconter à leur fidèles des préceptes rigides qui ne s'appliquent pas à leurs attentes."
Si sa mère l'entendait en pareil moment, elle s'offusquerait et s'étoufferai même. Pourtant, c'était ce carcan de règles rigides qui créaient un fossé entre les prêtres et les gens du commun. Et c'étaient avec ceci que certains curés parvenaient à abuser de leurs positions. Comme son père.
La conversation revint finalement au sujet initial et Alexandre se sentit peu à peu rassuré grâce aux explications calmes que lui prodiguait son maître. Quand une décision était prise, on s'y tenait. Ou l'on finissait dans un caniveau, ivre mort, comme une certaine personne. Coldris répondit, sans paraître courroucé de son interrogation sur un point de sa vie privée. Le nombre d'enfants l'étonna, ou plutôt celui de ceux ayant survécu. Il avait savoir les lourds risques de la mortalité infantile, l'entendre résumer si froidement se révélait plus difficile. Quelle tristesse que cela devait être pour des parents de voir leur petit emporté par une maladie ! La dernière précision lui fit arquer u sourcil. Sarkeris ne comptait pas parmi ses bâtards ? Cette manière de l'exclure, ajouté au fait que le corsaire circulait librement à Fromart, lui mit la puce à l'oreille. Avec prudence, le jeune homme poursuivit :
"Sarkeris... Il est pour vous, ce que je suis pour mon père, c'est cela, maître ?"
Son visage s'assombrit légèrement à cette pensée. Le corsaire, lui, avait sans doute eu de la chance de savoir la vérité dans de bonnes conditions. Son père n'avait pas attendu de le voir avec un couteau sous la gorge pour révéler le secret de sa naissance.
Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Coldris était passé à autre chose. Il informerait Matthias de la sanction et s’assurerait qu’il y ait en permanence quelqu’un à ses côtés pour s’assurer qu’elle soit parfaitement exécutée. Dans le cas contraire, il la ferait doubler jusqu’à temps d’avoir obtenu satisfaction. Mais cela, il se garda bien de lui dire. Tout comme il se garda de valider son contournement. Quant au pari… Il fronça les sourcils en entendant parlé de Pégase. Ce maudit Thierry était allé se vanter de ses exploits ! Il avait sans doute dû omettre de préciser que son impulsivité lui avait couté un carreau et un cavalier d’ébène finement sculpté !
— Je me ferai une joie de lui faire ravaler sa maudite langue grogna-t-il.
Pour détendre l’atmosphère, Alexandre lui raconta les premières fois de son débauché de paternel. Enfin débauché… Tardivement débauché. Incroyablement tardivement. Pour un peu il aurait fini par être le seul curé vierge de ce pays. L’idée avait de quoi faire sourire. Il reprit une gorgée de ce vin dont son apprenti avait enfin daigné remplir sa coupe.
— Le vin blanc est complexe à conserver. Il tourne rapidement si tous les paramètres ne sont pas réunis à un vieillissement. Je vois que Léonilde a commencé ton éducation. C’est bien.
Il remua son verre en un petit cercle pour faire danser ses longues jambes dorées le long de la paroi ciselée.
— De mon avis, ils ne devraient pas exister. Puisqu’ils sont là autant s’en servir, n’est-ce pas ?
C’était un outil comme un autre après tout pour contrôler les populations. La religion lui passait au-dessus de la tête. Il ne croyait pas en Dieu et cela ne changerait sans doute jamais à moins d’une subite illumination. D’où les croyants avaient-ils besoin d’un guide pour leur dire quoi croire et comment interpréter les paroles de Dieu ? Ce n’était qu’une vaste fumisterie. On les prenait pour des moutons et eux, bêlaient joyeusement Amen. En admettant que Dieu existe, il n’avait qu’à Lui parler directement.
La conversation retourna sur le sujet principal et Coldris lui donna les explications qu’il demandait au sujet de l’épreuve qui l’attendait. Il ne cacha rien, pas même le nombre des bâtards dont il avait la connaissance. Comme il s’y attendait, il parut étonné du chiffrage ou plus exactement du peu qui demeurait encore en vie. Entre ceux mort-nés, la mortalité infantile, les maladies et autres épidémies, les accidents, la guerre… Survivre dans ce monde n’avait rien d’un long fleuve tranquille. A vrai dire la seule chose qui comptait réellement, c’était que Sarkeris est survécu, lui, jusqu’à ce qu’il le retrouve. Alexandre lui posa alors avec hésitation une question très personnelle. Ses sourcils se froncèrent subitement. Ce qu’il était pour son père ? Qu’est-ce qu’il entendait par là ? Un fils ? L’enfant d’un amour ? Un bâtard dissimulé ? Il aurait tout aussi bien pu répondre « oui » que « non » à cette question. Ou même ne pas répondre du tout. Il resta pensif un long moment avant de déclarer froidement :
— Cela n’a rien à voir. Je le cherchais tandis qu’il te fuyait.
Il aurait - et il avait – retourné terres et mers dans l’espoir de mettre la main dessus, sans succès. Il l’avait cru mort jusqu’à entendre ses exploits. Des Sarkerkis, il y avait bien peu de chance qu’il y en ait deux du même âge. Dès qu’il l’avait su, il avait cherché à intercepter son navire, ce qui ne lui avait pris rien moins que deux années de recherche et de patience pour voir son fils pour la première fois depuis dix-huit ans. Thierry… Thierry l’avait eu sous le nez tout ce temps et il n’avait rien dit. Il regrettait, mais il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. C’était comme Rosina. Il l’avait rejetée. Une décision qui pouvait parfaitement s’entendre vu le contexte. Mais cela non plus il ne l’assumait pas. Coldris avait tout fait au contraire et il aurait pu faire bien plus encore si on ne l’en avait pas empêché. Il ne regrettait rien si ce n’est de ne pas avoir compris à temps ce qu’elle comptait faire. Il n’avait pas même pu lui dire au revoir ou adieu. Tout ce qu’il lui restait c’était quelques mots écrits sur la dernière page du Prince.
Alors non, cela n’avait rien à voir.
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
"Que voulez-vous ? Plus il voit, plus sa langue a soif de paroles."
Le jeune homme trempa à nouveau ses lèvres dans le vin, simulant de boire, se délectant en même temps d'ajouter un grain à la déduction établie. Ce n'était nullement pas un mensonge. Au contraire.
"D'ailleurs, cela me fait songer, maître, à cette pièce d'évêque que j'ai découvert dans une armoire de l'église et que j'ai pas eu la volonté de chercher à la restituer à son propriétaire. J'ai préféré l'utiliser pour nourrir quelques familles pauvres. En revanche, je vous prie de m'excuser pour avoir oublié en Août dernier de vous remercier pour votre généreux don."
Son père ne savait rien de cette affaire et il ne comprendrait si Coldris venait à en discuter avec lui. Il comprendrait peut-être alors que son élève s'était amusé à le manipuler. Alexandre se demandait comment il réagirait.
Peu après, Alexandre conta la bonne histoire qui amusa énormément son maître. Son père, lui, risquait, de ne pas apprécier. Quel dommage ! Le jeune homme trempa ses lèvres dans le vin, amusé par tout ce que ce vieil imbécile n'allait pas comprendre quand le ministre viendrait lui parler de toutes ces confidences. Alexandre changea finalement de sujet en abordant ses quelques connaissances œnologiques acquises grâce à Léonilde. Coldris lui fournit de nouvelles informations sur le vin blanc lui évoqua le travail de l'intendant.
"En effet, maître. Léonilde fut hier une grande source d'information à laquelle on s'abreuve jusqu'à la lie."
Il pouvait bien lui laisser cet indice par le truchement de mot d'esprit. Allait-il comprendre ? Alexandre resta impassible et pencha la tête pour boire une gorgée de vin.
"Un délice."
Alexandre s'accorda ensuite un commentaire sur les prêtres, ce à quoi Coldris répondit que ceux-ci sont inutiles.
"Peu de gens savent réfléchir. Je pensais autrefois que cela pouvait être un manque d'éducation, mais quand je songe à toutes ces sottises que mon père a déjà pu faire aux fidèles qui venaient le trouver. A part quelques exceptions, les gens ont besoin d'un berger. C'est ainsi."
Finalement, ils étaient tous des esclaves à la recherche d'un maitre fiable. Comme lui-même cherchait des modèles pendant si longtemps pour inspirer sa conduite. D'abord, le père Thierry, puis le souvenir du marquis d'Aussevieille et ensuite le baron de Frenn pour arriver à présent au vicomte de Fromart. Tout le monde suivait ce schéma. Il en était persuadé.
Leur conversation repartit finalement vers le sujet initial et ses doutes sur sa première expérience à venir. Son maître prit le temps de le rassurer et lui rendit son courage. Ils abordèrent ensuite la question des enfants et cela les amenait à évoquer tous ces bâtards nés de Coldris de Fromart. Une précision l'amena cependant à comprendre le lien entre Sarkeris et son père. Cette mise à l'écart, cela ne pouvait impliquer qu'un lien fort et particulier. Il le corrigea alors sur la différence entre lui et son lâche de père.
"Je comprends. Mon père n'aurait jamais même su si j'étais né ou non si ma mère ne m'avait pas envoyé me présenter à lui. Et il a fallu me voir dans la position d'Isaac pour se résoudre à avouer l'entière vérité."
Alexandre sentit l'aigreur s'éveiller au rappel de cette lâcheté écœurante. Ses doigts serrèrent un peu fort le verre.
"Je préfère cent fois vous ressembler, maître, plutôt qu'à lui. J'aime cet idiot. C'est incontestable. Mais je me refuse à être aussi médiocre et insupportable"
Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Coldris esquissa un sourire à la mention de la langue bien pendue de Thierry lorsqu’il se mettait à boire.
— Il semblerait donc que ce soit de famille. déclara sobrement le vicomte.
Après tout, il s’était avéré particulièrement loquace la dernière fois que le Madère avait chatouillé ses papilles. Et le vicomte ne s’y trompait pas, il avait bien vu qu’il ne buvait pas. Une information qui ne pouvait venir que de Léonilde. Alexandre apprendrait au moins ainsi à se tenir en société lorsque l’alcool coulait. Il évoquait d’ailleurs la fameuse pièce d’évêque disparu lors de sa première partie avec Thierry. Coldris fronça les sourcils. Quelque chose clochait dans son récit. Comment pouvait-il savoir qu’elle était la sienne s’il n’avait pas recherché son propriétaire ? Il était évident que Thierry n’avait pas pu lui raconter cela. Il était trop lâche pour cela. Cela était parfaitement incohérent. Il n’y avait qu’une autre personne qui le savait. Coldris fronça les sourcils et posa violemment son verre sur la petite table.
— Le scélérat ! Ce maudit fils de la messe de minuit ! J’en étais sûr ! C’était lui depuis le début ! Et dire que Léonilde a passé des heures entières à ratisser le salon !
Intérieurement, Coldris s’amusait de son jeu. Alexandre devait sans doute exulter et il pourrait le pousser à la faute facilement en usant de son orgueil pour lui faire avouer que c’était bien Léonilde comme il le suspectait. La discussion passa donc sur le vin et il eut habilement sa confirmation. C’était donc Léonilde qui avait partagé ces anecdotes avec lui. C’était somme toute plus logique et il ne lui en voulait pas outre mesure. Ce qui ne l’empêcherait pas de le taquiner. Pour l’heure, il comptait bien donner une petite leçon à son apprenti qui avait tenté de le berner et s’était fait doubler idiotement sur la ligne d’arrivée pour avoir passé trop de temps à regarder derrière lui au lieu d’avancer.
— Il est intarissable sur ses sujets de prédilections. valida-t-il innocemment.
Coldris reprit une gorgée. Il n’était pas d’accord. Le berger de ces ignares était le roi et personne d’autre. La foi n’avait rien à voir là-dedans. Il pouvait parfaitement croire en Dieu sans s’en remettre à une quelconque autorité. Cela ne relevait que d’eux. Ils devaient prendre leurs responsabilités dans leurs croyances. Ou bien le Roi les prendrait pour eux.
— Il ne faut qu’un berger pour son troupeau. Pour le reste, nous n’avons besoin que de fidèles chiens.
Une seule voix, une seule parole qui concordait avec la politique établie et une foule de soutanes serviables et zélées.
La conversation retourna au sujet initial et à ses craintes et questionnements candides concernant sa première expérience. Des questions qu’il n’avait jamais eu le loisir de se poser tant il avait agi instinctivement la première fois. Comme tout ce qu’il avait entrepris, il avait su ce jour-là ce dont il avait envie et l’avait pris sans la moindre hésitation. Il n’en gardait aucun regret. Il était curieux de connaitre l’avis d’Alexandre lorsqu’il aurait gouté à la chaleur et la douceur que pouvaient procurer les relations charnelles avec une femme. Il ignorait -et c’était parfait ainsi- ce qu’il faisait avec Alduis, mais il doutait que cela ne puisse procurer une telle ivresse des sens. Et penser à cela, le ramenait inévitablement à une certaine personne dont il rêvait de s’enivrer. La question d’Alexandre chassa à temps les images qui s’invitaient dans son esprit de par son sérieux. Il avait désormais compris que Sarkeris tenait une place particulière. Ce n’était pas un secret, il serait bientôt légitimé et deviendrait un fils à part entière, apte à hériter si par malheur quelque chose arrivait à Alduis.
— Ce n’est pas faute de lui avoir rebattu les oreilles pendant des mois. Ton père est comme ça. Nous ne sommes pas parfaits, ni lui ni moi. Et l’on ne choisit ni ses enfants ni ses parents.
Il prit le verre des mains de son apprenti avant qu’il ne le brise et le déposa sur la table.
— Tu es un bon garçon, Alexandre et tu apprends vite. Je suis heureux de t’avoir fait venir à Fromart désormais.
D’ailleurs, cela lui rappelait que Léonilde lui avait dit la veille qu’il pensait avoir décelé des doutes chez le jeune homme quant à la raison de son arrivée ici. Alduis ne devait rien en savoir et Alexandre le savait. Il ne le ferait pas. Il était curieux de voir combien de temps il mettrait avant de venir lui en parler.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
"Il aura voulu ennuyer Léonilde, j'imagine. Comme ce jour où je l'a surpris à rire bêtement d'avoir envoyé un collier à Cerbère. A l'époque, je ne comprenais pas. Avec le recul, je devine la farce."
Alexandre se souvenait de ce moment où il avait effectivement surpris cet imbécile à rire tout en buvant et en s'imaginant les réactions possibles de sa victime. Il se rappelait aussi d'avoir vidé le reste de la bouteille, bien entamée, sur la tête du prêtre à moitié ivre.
Leur discussion passa ensuite sur un commentaire du vin pendant laquelle Alexandre glissa subtilement ce petit indice sur l'intendant. Il s'amusait à introduire ces perches sans que son maître ne semble comprendre. quel frisson de plaisir lui traversa alors l'échine ! Peu après, ils abordèrent la question des prêtres et le bon mot de Coldris titilla l'esprit du jeune homme. Pétri de son éducation religieuse, il ne concevait pas un clerc autrement que comme du berger mais l'image du canidé lui semblait pourtant bien plus juste.
"Belle métaphore, maitre. Des chiens aux caractères difficiles. Certains agressifs, tel le cardinal Cassain alors que d'autres remuent joyeusement la queue ou la baissent, tel mon père, selon les faveurs à demander. Il faudrait songer à leur offrir une muselière lors de leur ordination."
Leure conversation retourna au sujet initial, aux doutes qui revenaient l'étreindre sur sa première expérience avec les femmes et enfin sur la paternité. Naturellement, ils en vinrent à invoquer la lâcheté de son père qui abandonnait toute responsabilité sur les enfants sortis de sa semence, même celui qu'il affirmait aimer. Alexandre releva la tête en entendant Coldris exposer avoir encouragé l'imbécile à assumer. Un soupir lui échappa.
"Ce jour-là, quand nous nous sommes rencontrés, maître, avez-vous deviné du fait de notre ressemblance ? Quoi qu'elle soit plus discrète que celle avec mon frère Sébastien. ou vous en avez t-il parlé pendant la soirée ?"
Son ventre se tordait de présumer de cette vérité. Son père, fier d'avoir participé à la messe à ses côtés, enivré, il y avait toutes les chances qu'il ait tout confessé. Son aigreur l'étouffait. Au point d'en menacer le verre entre ses mains. Coldris vint alors le prendre et le déposa en sécurité sur la table tout en lui adressant un compliment. Une chose bien rare de sa part. Alexandre se ressaisit et hocha de la tête à cette mention d'être accepté à Fromart.
"Je suis satisfait d'être là pour la raison que vous savez, maître, mais je suis heureux que vous m'appréciez pour mes seules capacités."
Il avait beau aimer Alduis, du plus fort de son âme, il se refusait à vivre dans son ombre. Il n'avait été que trop déjà effacé. Sur cette pensée, Alexandre se rappela de sa déduction de la veille et des réflexions quia avaient suivies. La coïncidence était si grosse. Il ne pouvait y croire. Pas avec un personnage tel que Coldris.
"A ce sujet, maître, nous savons bien, l'un contre l'autre, que je ne suis pas ici par souci de gentillesse. Vous êtes venu me chercher pour contrôler votre fils n'est-ce pas ? Et il vous aura sûrement donné sa promesse d'obéir."
Alexandre marqua une pause puis poursuivit.
"mais c'est à vous que nous devons cette dénonciation, non ?"
Il eut un rire étouffé en songeant alors à son père venu supplier le ministre responsable de la situation. Quelle farce magistrale !
"Vous avez demandé le jour de votre anniversaire à votre fils de mettre fin à notre relation. Or, quelques jours plus tard survient cette arrestation. Je regrette, maitre, mais je ne crois pas aux coïncidences. surtout quand vous êtes dans l'équation"
Alexandre réalisa avouer été aveugle de ne pas l'avoir compris plus tôt. Quoique.. non. Il ne souhaitait pas penser à cette sombre période et au séjour terrifiant en cellule. Il s'était protégé en regardant devant, vers l'avenir. Le jeune homme se pencha pour reprendre son verre et le vida en observant le ministre avec une lueur d'amusement.
"Je vais devoir vous appeler ange-gardien, maître, puisque vous avez répondu à mes prières en me délivrant du mal."
Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Bien entendu, Alexandre n’avait rien vu de ses suspicions. Il s’était laissé berné par sa fausse colère et sa surprise n’en serait que plus grande encore lorsqu’il découvrirait que Coldris l’avait pris à son propre jeu. En attendant d’avoir la confirmation de son hypothèse, il secoua la tête en entendant une énième fois le récit du cadeau envoyé à Léonilde. C’était tellement ridicule qu’il n’avait pas daigné répondre à cet affront. Il avait pourtant bien eu quelques idées qui lui avaient traversé l’esprit, comme une ceinture de chasteté ou encore l’une des muserolles de la Prévôté. D’ailleurs, en parlant de canidé, il fut ravi de voir Alexandre apprécier sa métaphore et inclina la tête en guise de remerciement. Il s’amusa même de son développement, si juste.
Il se laissa aller à lui confier quelques détails sur sa vie personnelle de bon gré puis Alexandre lui posa une question sur leur rencontre.
— Tu lui ressembles, mais ton père me l’a pour ainsi dire dit à peine arrivé au bordel. Il n’était pas ivre et n’avait pas pris d’opium, avoua-t-il.
Coldris prit son verre qu’il menaçait de briser et le déposa sur la table. Malgré leurs débuts difficiles, Coldris avait fini par apprécier sincèrement la compagnie d’Alexandre. Il avait encore beaucoup à apprendre, mais il travaillait avec zèle et leurs conversations étaient toujours enrichissantes dans un sens comme dans l’autre. C’était parfois un chiot fougueux qu’il fallait canaliser pour lui éviter de faire n’importe quoi, ce qui ne l’empêchait pas de lui trouver par ailleurs de nombreuses qualités. À peine près d’un mois après son arrivée, il pouvait désormais avouer qu’il était devenu bien plus que le simple amant de son fils à ses yeux.
Alexandre semblait pensif. Coldris savait de son valet qu’il avait des soupçons sur sa dénonciation. Il était surement en train de rassembler les éléments et de songer à saisir ou non la perche qui venait de lui être tendue. Coldris ne nia pas, pas plus qu’il n’approuva ses hypothèses. Il se contenta d’écouter ses déductions, impassibles, jusqu’à la fin. Il n’avait pas l’air de lui en vouloir, tant mieux cela aurait été fâcheux.
— Dame Fortune ne guide que la moitié de nos actions, Alexandre. se contenta-t-il de répondre.
Cela suffirait à lui fournir la réponse qu’il attendait. Il reprit son verre et le vida avec amusement sous l’œil espiègle du vicomte.
— Ne t’avise pas de m’appeler ainsi. Il s’empressa de remplir la coupe de son apprenti. Bois-moi ce verre pour la peine. Me comparer à un ange me donne à la nausée.
Il vida à son tour son propre verre puis planta son regard aussi sévère que glacial dans le sien.
— Et Alduis n’aime pas cela non plus. compléta-t-il pour lui rappeler qu’il ne devait rien dire à ce sujet.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
"Dire qu'une fois il a demandé à ce qu'on me coupe la langue."
C'était lors de son intrusion stupide au domaine de Frenn, quand son père s'efforçait d'implorer la clémence du baron, et lui avait l'idiotie de se montrer impertinent. Cela avait été stupide. Mais la langue de son père n'était pas meilleure que la sienne. Lui, il ne voyait pas ses défauts et critiquait ceux des autres, sans remarquer les porter lui aussi.
"Le charpentier ne voit jamais la poutre dans son œil."
Alors que Coldris lui prenait le verre pour le déposer en sécurité, Alexandre méditait à ces idées. Aux différences et aux points communs entre lui et son père. La vision de son père adoptif s'imposa aussi. Il se rappela de ce que ce guérisseur lui avait dit en cellule. Qu'il ressemblait au libraire Bellanger. Cette pensée le dérangeait fortement. Pourtant, à bin à réfléchir, cela était logique. L'homme l'avait éduqué et formé. Il se souvenait de ces premières années où il cherchait à attirer son attention et à le rendre fier. Ou même quand il avait compris ses faiblesses et les injustices de ses colères il cherchait encore à lui correspondre. Son père adoptif, comme sa mère, lui avait appris l'exigence et la rigueur. Pendant toutes ces années, il s'inspirait d'autres modèles, tel le marquis d'Aussevieille, mais sa personnalité ne s'était jamais réellement modifié.
"Les enfants sont le reflet de leurs parents. J'ai beau avoir voulu m'inspirer du marquis d'Aussevieille, puis du baron de Frenn, je suis à présent retourné à l'exigence que mon père adoptif et ma mère m'ont inculqué."
Par la suite, encouragé par les paroles et les compliments du vicomte, Alexandre développa les déductions qui lui étaient venues sur la raison de sa présence à Fromart. Il ne confirma cela qu'à sa manière habituelle, par des paroles subtiles. Le jeune homme répondit sur le même ton.
"Dame Fortune propose les opportunités et les audacieux la saisissent."
Il s'amusa en buvant avec plaisir ce qui restait dans sa coupe d'appeler son maitre un ange. Cela l'irrita. Naturellement. Mais il n'aurait pu se retenir. Coldris s'en agaça et lui servit un verre en lui ordonnant de le vider. Beau joueur, Alexandre prit la coupe en main et la porta à ses lèvres.
"Une différence majeure entre moi et mes deux pères, c'est que je ne crains pas de jouer."
Sur cette réplique, il laissa couler le liquide dans sa bouche. Déguster un aussi bon vin blanc, cela n'avait rien d'une punition sévère. Lorsqu'il eut terminé, sa langue passa sur ses lèvres, essuyant une dernière goutte.
"Délicieux nectar."
Les yeux se son mâitre se plantèrent alors dans les siens et il lui interdit de parler à Alduis de ses déductions. Cela, il le savait déjà. Son amant souffrait déjà assez de ses relations difficiles avec son père Pas besoin de lui rajouter.
"Je sais."
Il songea e revanche à cette impression née hier soir et qui le gênait.
"Sur le sujet de votre fils hier soir, je lui appris mes intentons sur le lupanar et j'ai bien senti que celui-ci commençait à s'imaginer des choses sur notre relation. Je sais, moi, que ce ne sont que des affaires professionnelles, mais Alduis..."
Alexandre choisit d'interrompre là sa phrase. Le père connaissait son fils et devrait comprendre.
Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
Coldris lui raconta la première fois que Thierry avait parlé de lui. Sans alcool ni drogue. Alors qu’il le connaissait depuis à peine une heure. Il roula des yeux à la remarque d’Alexandre. Lui couper la langue. C’était du Thierry tout craché.
— Ce jour-là je me souviens avoir pensé qu’il t’aimait comme un petit chiot.
Aujourd’hui, il lui arrivait encore de le penser tant sa vision de son fils était déformée par la lunette inversée et pleine de poix par laquelle il l’observait. Était-il différemment avec ses propres enfants ? Il osait l’espérer. Malgré ses innombrables défauts, il s’était toujours efforcé de les voir en adulte et ne s’en était jamais servi comme faire-valoir. Le charpentier ne voyait jamais la poutre. C’était parfaitement résumé, il hocha la tête.
— Et nous sommes tous les charpentiers de notre propre tombeau.
Coldris récupéra le verra afin de le mettre en sécurité et laissa son apprenti démêler le fil de ses pensées tandis qu’il siroter son délicieux verre de vin blanc. La mention du marquis d’Aussevielle lui fit arquer un sourcil. Il ne pouvait pas parler de Démétrius, il n’était pour ainsi dire jamais vraiment revenu à la capitale depuis qu’il était entré dans l’armée. Ce ne pouvait qu’être Virgil dont Thierry s’était grassement vanté d’avoir été bon ami. Il secoua la tête.
— J’ignorais que tu l’avais rencontré. Ton père aimait bien étaler sa relation de profonde et indéfectible amitié avec le marquis. De toute évidence, il s’est pris pour moi. Je vois mal Virgil supporter un deuxième idiot débauché. Me faire la morale et réparer mes erreurs était déjà un travail à plein temps.
Il esquissa un sourire à son souvenir. Il lui manquerait éternellement et personne ne pourra jamais le remplacer, c’était impossible. Trente ans d’amitié fraternelle, trente ans d’un houleux océan, trente ans d’un appui plus solide que n’importe quelle montagne.
— C’était quelqu’un d’admirable pour qui j’avais un profond respect. Il était aussi droit et intraitable que le baron de Frenn, mais Virgil savait s’amuser. Il finissait toujours par m’accompagner et au fond cela lui plaisait. fit-il avec nostalgie.
Et c’était également la seule personne qui avait voix au chapitre. La seule qui pouvait lui dire qu’il dépassait les bornes. La seule même qui pouvait le frapper si le cœur lui en disait.
— C’est le parrain d’Alduis, d’ailleurs.
Parce qu’il avait plus confiance en son ami qu’en lui-même pour ce genre de chose. Il osait à peine imaginer ce qu’il aurait dit s’il avait su pour sa manigance concernant à Alexandre. Une part de lui-même aurait réprouvé l’immoralité de la chose quand une autre aurait certainement compris l’utilité. C’était mal, il en avait conscience, mais c’était la seule solution. Il se souvenait encore de Mathurin et de la dispute qui avait suivi. Coldris n’avait pas voulu entendre qu’il était responsable de la fin du garçon. Il avait encore été furieux ce jour-là et passé sa colère, il s’était muré dans un profond silence en attendant que l’orage passe. Alexandre au moins ne semblait pas choqué par son utilisation et cela le rassurait. C’était un jeune homme intelligent et d’un certain pragmatisme.
— Les audacieux provoquent les opportunités. corrigea-t-il.
Ce sur quoi, Alexandre le baptisa « ange gardien » ce qui le fit frissonner d’un profond dégout. Pour la peine, il l’obligea à vider dans son gosier un verre de vin entier. Cela tombait bien, il en avait un de retard avec son petit jeu de simulation.
— La question est surtout de savoir si tu es meilleur perdant qu’eux.
Tandis qu’il achevait sa punition, Coldris but tranquillement son verre et le resservit une nouvelle fois tout en le mettant en garde sur le silence qui était de rigueur concernant sa découverte. Il acquiesça satisfait puis s’intéressa à ses nouvelles paroles. Alduis inquiet ? De quoi ? Il fronça les sourcils. Il n’était quand même pas jaloux de son amant, si ?
— Heureusement que je préfère les femmes. plaisanta-t-il avant de reprendre plus sérieusement C’est entendu.
Il lui en parlerait peut-être tout à l’heure ou à la promenade qu’il avait prévu de lui proposer avant ses fiançailles.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [16 Janvier 1598] Carton d'invitation pour le lupanar [Terminé]
"Il me voit comme un gamin, oui, incapable de prendre des décisions. Comme cette fois, quand j'ai engagé sa nourrice, il s'était persuadé que cela venait de vous. Cet imbécile a une force puissante en lui pour ne pas voir la réalité. Je me questionne si je ferais bien de lui parler de Sébastien. Il s'occuperait de lui, assurément, mais bien l'élever... Quoique... Sa situation peut difficilement être pire que reclus dans une chambre, sans attention."
Son coeur se serra de revoir son petit frère, assis sur la paillasse, le regard misérable qui s'illuminait de le découvrir au seuil de la chambre. Il était si gentil et attendrissant. Il méritait de connaître mieux. Au minimum de sortir t de trouver une place dans le monde. La maxime de son maître sur l'aveuglement de son père lui arracha un sourire. Comme toujours, ses mots d'esprit étaient superbes.
Le fil de ses pensées le conduisit à se rappeler de son premier modèle et éveilla naturellement les souvenirs du vicomte. Alexandre lui adressa un sourire de compassion, devinant la douleur de l'absence qui devait le ronger depuis la tragique disparition.
"Il venait à l'église une fois par mois. Lui et moi étaient bien amis. Autrefois. Quand il se comportait en bon prêtre. Je me souviens encore de as droiture et de sa prestance. Quelques fois, des gens dévisageaient la jeune fille, métisse, qui l'accompagnait et il les corrigeait d'une parole incisive. Et il aidait des infirmes à assister à l'office. Puis, quand j'avais douze ans, il a su pour les premiers manquements de mon père à sa fonction. Je l'ai surprendre, sans comprendre, le réprimander, puis il est parti en déclarant, avec une stature digne de Cicéron que s'il désirait avoir des nouvelles de Sodome, il se rendait chez son meilleur ami, pas à l'église. Il m'a ensuite aperçu, en larmes, et m'a réconforté en me disant la vérité. Ce fut la dernière fois que je l'ai vu."
Alexandre demeura silencieux à méditer sur ce souvenir imprégné en lui tandis que Coldris louait l'intégrité de son ami.
"Au début, je ne voulais pas y croire. Mon père, le marquis... Ils étaient deux figures importantes. Mon père m'a expliqué qu'il avait été abusé par des rumeurs et je ne devais pas me laisser prendre moi aussi. J'ai hésité. mais je l'ai cru. Jusqu'au jour où je le découvris au lit, dans l'église, avec une paroissienne. Je compris sa duplicité et la colère du marquis. nos relations sont devenus depuis ce jour-là tendues."
Il entendit peu après le vicomte confier que le marquis était le parrain d'Alduis. Cela n'avait rien d'étonnant et expliquait même l'importance de l'honneur et de la droiture. Le parrain avait bien eu plus d'influence sur son filleul que le père sur son fils.
Après cet épisode du passé, Alexandre livra ses déductions sur la manipulation qui lui avait permis d'échapper à son maitre précédent. Alduis s'en insurgerait. Pas lui. Il avait conscience, depuis fort longtemps, grâce à son père, que les bonnes choses s'obtenaient en devant parfois plier la morale. Il résuma cette pensée dans une formulation sur les audacieux que Coldris corrigea. Li ne put s'empêcher de le taquiner avec cette répartie de l'age, aussitôt corrigée par un verre de vin. Tout en buvant, il apporta sa réponse sur le fait de mieux perdre ou non jeu :
"Je crains de ne pas râler comme ils savent si bien quand je perds. Cela doit vous répondre, maître."
En terminant son verre, Alexandre entendit l'interdiction de tout dévoiler à Alduis. Qui tombait sous le sens. Il se permit alors d'évoquer ses doutes et Coldris le fit rougir quand celui-ci se permit cette plaisanterie.
"Maître..."
Il lui avait demandé de ne jamais évoquer le sujet et ne s'attendait pas à ce que lui le fasse. Alexandre baissa les yeux et contempla le tapis, terriblement gêné par l'allusion qui venait d'être faite.
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