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[8 et 13 décembre 1597] - Une décision bien difficile [Terminé]

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Message par Bérénice d'Aussevielle Jeu 3 Juin - 22:44



Avertissement:


C’était une journée de décembre ordinaire à Aussevielle. Le vent soufflait fort sur les coteaux et agitait les branches des oliviers. De là où elle était, elle pouvait voir les petits moutons rouler sur l’océan jusqu’à l’anse d’Aussevielle, fièrement gardée par ses deux hautes tours. Bérénice soupira.

Aujourd’hui encore, elle resterait à l’intérieur. Elle n’avait pas particulièrement envie de sortir affronter la tempête et le vent qui sifflerait dans ses oreilles à la rendre folle. En temps normal, elle n’en aurait pas fait toute une histoire, mais demeurer entre les murs ocre du château commençait à l’oppresser. C’était toujours la boule au ventre qu’elle se levait le matin, car elle savait que cette journée ne serait pas différente de celle de la veille. Démétrius la passerait assis dans le grand salon à observer l’olivier centenaire de la cour et la vue plongeante sur le port. Aujourd’hui, il n’y aurait sans doute pas de navires, mais cela n’avait finalement pas tant d’importance que cela. Cela faisait plusieurs semaines maintenant qu’il daignait à peine tourner la tête lorsqu’elle essayait de lui parler, et elle ne recevait aucune réponse si ce n’était pas indispensable. Elle avait tout essayé pour le tirer des sables mouvants dans lesquels il semblait s’enliser, mais rien n’y avait fait. Pire que tout, elle avait même l’impression que son état avait empiré. Même les espiègleries d’Adéis et ses histoires rocambolesques parvenaient à peine à lui tirer la moindre réaction. Quant à son sourire, il semblait parti aussi surement que les oies avaient migré, car elle n’appelait pas ce triste étirement qui ourlait parfois ses lèvres, « sourire ».

Et pourtant, malgré toute l’étouffante atmosphère, malgré toute la solitude, malgré toute la tristesse qu’elle éprouvait à le voir dépérir comme un arbre déraciné par la tempête, malgré tout cela, elle ne lui en voulait pas une seule seconde, parce qu’au fond d’elle-même, elle savait que tout ceci n’avait finalement que peu d’importance. Tout ce qui comptait c’était qu’il soit revenu vivant alors qu’elle aurait pu le perdre. Elle ne discernait que les contours de ce qui s’était passé grâce au messager qui était venu la prévenir, mais elle savait que tout avait dû être bien plus grave encore que le portrait qu’on lui avait dressé ce jour-là.

Cela faisait des jours qu’elle tournait et retournait le problème dans sa tête. Elle avait besoin d’air. Elle se sentait affreusement inutile ici. Elle avait besoin de respirer et de mettre ses idées au clair. Il devait bien exister une solution quelque part pour l’aider non ? Non ? Elle ne pouvait pas croire qu’ils avaient enterré le Démétrius qu’elle connaissait si jovial et optimiste. Si calme et si attentionné à la fois. Il n’était désormais plus que l’ombre de lui-même. Une ombre qui ne parvenait même plus à se rattacher à son propre corps d’origine. Bérénice poussa discrètement la porte du salon. Bien entendu, il était là, le visage tourné vers l’extérieur. À cette simple image, elle sentit les larmes monter et faillit refermer la porte avant qu’il ne se soit aperçu de sa présence. Sans trop savoir comment, elle parvint à les ravaler et avaler péniblement sa salive. Elle aurait voulu l’étreindre, seulement depuis qu’il refusait de lui parler, elle avait trop peur qu’il ne la rejette. Elle aurait voulu l’étreindre et laisser couler toutes les larmes qu’elle se refusait à laisser sortir. Parce qu’elle n’en avait pas le droit. Elle ne pouvait pas faiblir et risquer de l’entrainer dans sa chute. Elle devait être forte et courageuse. C’est pour cette raison qu’elle voulait, qu’elle devait rentrer à Braktenn voir sa famille. Il était le bienvenu, bien entendu, mais elle se doutait déjà de sa réponse.

Toujours sur le seuil de la porte, elle n’avait pas senti la présence qui s’était faufilée discrètement dans son dos et avait posé une main compatissante sur son épaule. Elle tourna la tête et découvrit sans surprise la peau dorée de Layla. Elle tenta de lui retourner un sourire, mais ce devait sans doute plus ressembler à une grimace qu’autre chose. Les deux femmes en discutaient depuis plusieurs jours déjà, et avoir le soutien de celle qui était comme une sœur pour lui, lui importait plus que tout. Sans ses encouragements, elle aurait abandonné l’idée même de partir. Et puis, elle resterait avec lui, il ne serait pas tout seul n’est-ce pas ?

Elle inspira profondément et prit son courage à deux mains pour traverser le triste salon.

— Démétrius ? demanda-t-elle d’une voix hésitante Je… J’aimerais que nous puissions passer les fêtes à Fromart.

Peut-être qu’un miracle le ferait accepter ? Elle chercha du regard l’appui de Layla, restée à l’entrée qui hocha la tête.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Sam 5 Juin - 12:39

Dehors, le vent libre se déchaînait. Ce n'était sans doute pas la journée la plus adaptée pour aller se promener, quoi que rien n'eût été impossible avec des jambes capables de le porter. Au lieu de cela, Démétrius savait à peine circuler à l'intérieur… et encore. 

Il baissa les yeux sur ses jambes avant d'en revenir aux branches de l'olivier. Cette fois, il ne se faisait plus d'illusions : c'en était bel et bien terminé. Depuis que cette vérité était tombée, le vétéran fuyait ses propres pensées. Les débats qu'il ne voulait pas voir disputer dans son esprit. Il se perdait alors dans un néant aussi salvateur qu'abrutissant. C'était terminé, oui, il le savait, mais de là à l'accepter… 

Il aurait dû, pourtant. Car il vivait alors même qu'il avait été plus proche de la mort que jamais. Reconnaissance. Sauvé. C'était ce qu'il tentait de se faire entendre, mais toujours, une pensée insidieuse le ramenait à ce qui lui manquait et à ce qu'il était devenu : davantage un poids qu'un soutien. Et dépendant. Dépendant de tout. 

Ses yeux remontèrent sur le port. Calme. Il n'eut aucune réaction lorsque la porte s'ouvrit. Il déglutit en entendant la voix mal assurée de son épouse. Culpabilité. Blessant. Il les punissait tous. Lui faisait-il peur tel qu'il était désormais ? Que lui inspirait-il ? Il s'était plusieurs fois posé la question. À vrai dire, il n'était pas certain de vouloir connaître la réponse. Et encore moins de vouloir continuer à extrapoler. 

Il tourna à peine la tête pour la regarder. Elle était plus grande que lui, désormais. Il devait systématiquement lever les yeux pour croiser les siens. Il avait beau être conscient que ce n'était qu'un détail, il ne pouvait s'empêcher d'en être incommodé. Parce que cela suffisait à lui rappeler la situation. 

Il se rendit compte qu'elle avait poursuivi sans lui. Son regard retomba sur ses genoux tandis qu'il s'efforçait de mettre dans les syllabes dans l'ordre, mais à vrai dire, il n'était pas certain d'avoir entendu. Vaguement "Fromart", peut-être. Non, décidément, ça ne revenait pas.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Sam 5 Juin - 14:46




Il avait fallu qu’elle rassemble son courage pour passer cette porte. Parce qu’elle se sentait démunie face à ce silence qu’elle ne parvenait pas à rompre et face à ce mal qui le rongeait. Elle aurait voulu l’aider et elle aurait tout fait pour, mais il ne voulait pas de son aide. C’était du moins la conclusion à laquelle elle était parvenue. Sans doute parce qu’elle ne pouvait pas comprendre, et pourtant elle aurait bien voulu faire cet effort et au moins essayer. Elle comprenait. Un peu.

Certainement qu’une infime partie qu’elle tirait de ses déductions. Alduis n’avait jamais été bavard  alors elle avait l’habitude des dialogues silencieux. Ces dernières semaines sa carapace semblait être devenue si épaisse qu’elle n’avait plus l’impression de parvenir à pouvoir le toucher. Au sens propre comme au sens figuré, il lui était devenu inaccessible.

Heureusement qu’il y avait Layla, avec elle, elle pouvait déverser un peu de ce trop-plein qui s’accumulait, même si ce n’était pas tout – car elle détestait se plaindre -, cela lui faisait du bien. Elle avait surtout de la peine pour Adéis qui ne comprenait pas vraiment ce qu’il avait fait de mal pour que son père ne le fasse plus sauter dans les airs comme avant en riant. D’ailleurs lui aussi s’était éteint, s’accordant avec l’humeur de son père, ses facéties avaient disparu et il demeurait la plupart du temps bien trop calme pour que cela soit normal.

Lorsqu’elle entra, il n’eut aucune réaction, mais elle s’y attendait déjà. Alors elle émit sa proposition, presque gênée de l’interrompre. Elle se sentait de trop dans cette pièce vide. On aurait dit qu’il s’était drapé dans le même manteau épineux qu’Alduis parfois. Sauf qu’elle parvenait toujours à lui retirer quand celui de son époux demeurait. Il tourna vaguement la tête et elle croisa son regard gris comme ciel de pluie qui refusait de précipiter. La bouche sèche, le cœur serrait, elle attendit un signe qui n’arriva pas. Lorsqu’il reposa ses yeux sur ses genoux, elle sut d’instinct qu’elle n’aurait pas de réponse. À moins qu’il ne réfléchisse simplement ?

— Je comprendrais. Je comprendrais, si tu ne préfères que nous restions ici pour les fêtes. précisa-t-elle comme une réponse.

Elle déglutit doucement et observa, elle aussi les feuilles de l’olivier s’agiter sous le vent, passant du vert à l’argent en un instant. Elle n’abandonnerait pas. Elle ne pouvait pas, parce qu’un Fromart n’abandonnait jamais n’est-ce pas ? Elle resterait dans ce salon jusqu’à avoir eu une réponse, comme elle resterait avec lui pour le soutenir. Et cela n’avait rien à voir avec un bout de papier signé ou même des promesses rituelles échangées. C’était bien plus que cela.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Sam 5 Juin - 21:23

Démétrius tentait encore de déterminer ce que son épouse avait bien pu dire, sans voir défiler le temps durant lequel elle devait attendre sa réponse. 

Bientôt, elle insista et le sujet de la conversation, étrangement nébuleux l'instant d'avant, s'éclaircit. D'une lumière douloureuse. Sans doute, oui, aurait-elle compris qu'il la retienne. Il aurait pu. 

Son regard remonta vers elle, retomba sur la fenêtre. Il avait presque peur de la regarder. Peur de voir ce qu'il lui faisait. Il prit inspiration plus profonde avant de… continuer de se taire. 

Bérénice comprenait, mais lui aussi. Il avait le devoir de protéger sa famille. Y compris de lui-même. Il aurait préféré qu'elle soit là, mais il était sot de la retenir pour l'éviter. Et pourtant, il devait lutter contre cette part de lui qui voulait refuser son départ. Qui voulait qu'elle reste malgré tout. Mais ce serait vain. À bien y réfléchir, elle serait sans doute plus heureuse là-bas. Et si cela pouvait rendre le sourire à son fils… 

— Je suis désolé, finit-il par dire.

Désolé d'avoir été distrait, désolé pour tout le reste, aussi. Sincèrement. Il ramena son regard sur elle, et se rendit compte que cela prêtait à confusion. 

— Je décline toute responsabilité si Adéis met le domaine sans dessus-dessous ou fait fuir les employés, tenta-t-il de plaisanter, mais le cœur n'y était pas et le ton était las. 

Cela devait certainement se traduire par quelque chose comme « j'espère qu'il redeviendra notre Adéis loin de ma morosité ». Ce n'était plus avec lui qu'il jouerait au chevalier. Et son regard retourna au vide. 
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Message par Bérénice d'Aussevielle Sam 5 Juin - 23:22



Bérénice insista, car elle savait pertinemment qu’elle n’aurait pas de réponse et que ce silence aurait pu s’étirer à l’infini avant qu’il ne réponde quoi que ce soit de son propre chef. Sans doute se serait-il questionné au bout d’un moment sur la raison de sa présence ici, sans pouvoir dire précisément depuis combien de temps elle se trouvait là.

Elle resterait si c’était ce qu’il désirait, elle resterait avec lui et n’insisterait même pas pour partir. Elle attendait, fébrile, sa réaction. Elle aperçut son regard glisser le long des carreaux pour remonter jusqu’à son visage et croiser ses propres prunelles émeraude qui venaient de se tourner dans sa direction. Elle vit ses épaules se soulever, ses lèvres presque frémir et… rester closes. Malgré elle, ses yeux fuirent brièvement de gêne vers le parquet à chevrons. Ses doigts se refermèrent nerveusement sur le velours de sa robe. On aurait dit que Layla avait trop serré son corset. Elle aurait pu le croire s’il n’avait pas été bientôt l’heure de déjeuner et que tout allait très bien jusque là. Non c’était juste que…

— Je suis désolé.

Elle releva ses deux iris de jade. Désolé ? Que voulait-il dire ? Désolé de quoi ? Elle tenta de l’interroger du regard. Juste pour savoir, car au fond, il n’y avait rien à pardonner qui ne le soit déjà. Que ce soit pour son mutisme, son absence ou parce qu’il préférait passer les fêtes ici. Elle comprenait. Elle savait que c’était compliqué. Elle n’aurait jamais pu lui en vouloir pour tout cela.

— Je décline toute responsabilité si Adéis met le domaine sans dessus-dessous ou fait fuir les employés

C’était comme entendre un fantôme qui tentait de l’imiter. Elle reconnaissait ses paroles, mais il ne les aurait jamais dits de la sorte l’an dernier. Il y aurait eu ce sourire et cette chaleur dans sa voix. Même lorsqu’il lui disait adieu avant de partir parce qu’il ne savait pas s’il reviendrait, il y avait toujours cette flamme de vie dans ses mots qui lui assurait qu’il ne comptait pas y rester. Ses jambes se dérobèrent et elle se laissa tomber à genoux jusqu’à faire basculer sa tête contre les siens.

— Tu… Tu vas venir n’est-ce pas ? questionna-t-elle soudainement la voix vacillante.

Parce qu’elle venait de réaliser ce que sous-entendait cette phrase : qu’il ne serait pas présent. Elle s’en doutait depuis le départ, mais elle voulait espérer avoir tort. Allait-elle vraiment devoir se retrouver à choisir entre l’abandonner et revoir les siens ? Parce qu’il semblait déjà avoir pris sa décision. Les larmes remontèrent chatouiller l’arête de ses paupières. Toutes ses larmes qu’elle refoulait chaque jour jusqu’à la nuit puis jusqu’à l’aube puis jusqu’au crépuscule et ainsi de suite.

— S’il te plait… S’il te plait viens avec nous… Je suis sûr que ça te fera du bien de voir du monde. Ou… même personne si tu le veux… Mais ne me laisse pas s’il te plait.

En même temps qu’elle disait cela, sa main avait cherché la sienne pour la serrer. Froide. Ses yeux débordèrent silencieusement emportant toutes ses résolutions. Pourquoi lui ? C’était si injuste. Pourquoi pas ceux qui violaient et qui pillaient sans vergogne ? Pourquoi ils revenaient toujours, eux ? Qu’est-ce qui ne tournait pas rond dans cette justice divine ? Elle frotta son visage contre sa manche pour effacer toute trace de larmes. Parce qu’il n’avait pas besoin de cela en plus du reste.


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Message par Démétrius d'Aussevielle Dim 6 Juin - 9:24

Ses excuses semblaient perturber son épouse plus qu'autre chose. Déjà, il sentait une certaine inquiétude dans son regard scintillant de points d'interrogations et il s'efforça de la rassurer : il ne la retiendrait pas. Il tenta même une touche d'humour, mais lui-même était conscient de ne pas en être capable. Il n'y avait au fond rien d'amusant et il aurait mieux valu qu'il s'exprime simplement. 

Son regard tomba de dépit, puis vira brusquement vers Bérénice tandis qu'elle s'écroulait à ses genoux. Que lui arrivait-il donc ? Non, définitivement, cette formulation n'avait pas été là bonne, il n'y arrivait plus. 

— Bérénice... 

Cela devait vouloir dire quelque chose comme « tu sais bien que non ». Mais ce ferme refus était coincé au fond de sa gorge, confronté à l'effroi de cette détresse qu'il ne lui connaissait pas. Seigneur, que lui avait-il fait ? Dévouée, elle insistait pourtant. Il respectait cela, mais il ne pouvait pas. Il sentit une main se renfermer autour de la sienne, mais n'en fit rien. Il avança maladroitement son autre main jusqu'à son épaule. Alors qu'elle l'accusait presque de l'abandonner. Il encaissa. Il savait. Mais ce dont elle avait besoin, c'était de s'éloigner de lui, cela semblait désormais clair. De voir du monde ou même personne, mais de ne plus passer sans cesse devant son fantôme. C'était bien pour son abnégation qu'il le lui devait. Il l'avait enfermée à ses côtés trop longtemps, déjà. Et puis, elle serait chez son père. En sécurité auprès de cette famille dont il l'avait éloignée juste parce qu'il aimait Aussevielle. 

— Bérénice…

Voir les larmes dans ses yeux lui planta un couteau dans le cœur. Elle les effaçait déjà, seule dans sa force. Il frotta doucement son épaule, sans savoir ce qu'il pouvait faire de plus dans son état.

— Écoute, tu ne seras pas seule - ou beaucoup moins qu'elle ne l'était ici - Il y aura ton père, ton frère, qui sais-je d'autre encore… et puis Layla et Adéis t'accompagneront. Et tu reviendras quand tu voudras.

Ou même jamais si cela l'affectait trop. Il ne pouvait pas lui demander de continuer de le soutenir alors qu'il n'était plus en mesure de lui rendre la pareille. Il tenait trop à elle pour accepter de l'entraîner dans sa chute.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Dim 6 Juin - 11:30




Elle sut dès lors qu’il prononça son nom qu’il n’y avait aucun espoir de réponse affirmative. Il ne viendrait pas et il n’en avait jamais eu l’intention. C’était inutile d’insister. Il ne changerait pas d’avis. Elle le savait. Elle le savait et pourtant elle fit quand même. Alors même qu’elle sentit sa main hésitante recouvrir son épaule. Et le barrage se fissura, faisant rouler quelques petites larmes qu’elle s’empressa d’essuyer du revers de sa manche lorsqu’elle croisa son regard meurtri.
Elle savait qu’elle n’aurait pas dû. Qu’elle aurait dû les ravaler comme toujours. Qu’elle ne pouvait pas être elle aussi une cause de souffrance pour lui alors qu’elle ne voulait que l’inverse. Et pour cela, elle devait être assez forte pour deux, parce que c’est ce qu’il aurait fait à sa place. Il aurait surement prié tous les jours pour que le Seigneur lui accorde de retrouver sa joie. C’était surement ce qu’elle aurait dû faire, elle aussi. Pas pour elle qui n’avait jamais eu sa foi, mais pour lui. Comme elle le faisait lorsqu’il partait et qu’elle s’astreignait de bon cœur à cette routine, en se raccrochant à cette idée que si cela pouvait l’aider à revenir en vie ce n’était pas bien cher payer, car elle aurait pu faire bien plus. Seulement voilà. Elle ne pouvait plus. Le pacte avait été rompu, car Il ne l’avait pas protégé. Il avait ramené son corps broyé, mais en vie quand son esprit semblait se mourir. Coldris disait toujours que choisir ses mots était importants. Elle aurait sans doute dû y songer plus tôt, mais comment pouvait-elle imaginer qu’il serait si mesquin Celui que tous désignaient comme n’être qu’amour ?

Et puis, elle comprenait… Elle comprenait ce qu’il essayait de faire en ce moment. L’envoyer à Fromart. Les éloigner pour les protéger. Il resterait terré ici, comme un animal blessé dans sa tanière. Elle serra sa main tandis qu’il frottait son épaule. Elle ne serait pas seule, elle en avait bien conscience, il y aurait plus de monde qu’il n’y en avait ici. Mais Layla ne viendrait pas. Les deux femmes en avaient longuement discuté, anticipant sa réaction. Bérénice refusait de le laisser seul ici. Elle n’aurait pas pu s’y résoudre. Ce serait égoïste et elle craignait qu’il ne finisse par tenter quelque chose de stupide pendant son absence. Certes, l’interdiction de mettre fin à ses jours serait sans doute suffisante pour le dissuader, mais qui pouvait savoir à quoi il pensait toute la journée, une idée en entrainant une autre comme une énorme boule de neige ? Layla resterait et ce n’était pas négociable. Elle était la personne la plus proche de lui, celle qui le connaissait mieux. Son épouse ne dirait rien, car il réfuterait aussi sec, alors elle allait ruser. Il n’aurait pas d’autre choix que d’accepter sa présence. Qui plus est elle n’avait pas autant besoin de Layla à Fromart que lui n’en aurait besoin ici. Elles en étaient toutes deux persuadées.

Sans doute aurait-elle dû se relever, mais elle n’y parvenait pas. C’était peu, mais elle souhaitait profiter de cet instant aussi simple puisse-t-il paraitre à un œil extérieur.

— Je reviendrai avant la fin janvier, je te le promets. Et… et si tu changes d’avis… tu seras le bienvenu

Elle caressa doucement le dos de sa main, la tête posée sur ses genoux puis avoua dans un murmure

— Tu ne me croiras sans doute pas, mais tu vas me manquer. Tu me manques toujours lorsque tu n’es pas là.

Et même lorsque tu es tout près.

Et ce qui lui manquait certainement le plus c’est qu’elle n’avait pas pu le serrer de soulagement dans ses bras à son retour et sentir tout son corps se pressait contre le sien. Elle pouvait endurer les longs mois d’incertitudes juste avec cette simple image de son retour, mais plus rien ne serait comme avant.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Dim 6 Juin - 13:46

Démétrius se sentait terriblement impuissant face à la peine de son épouse. Autrefois, il aurait sans doute su la faire rire plutôt que de la noyer dans les larmes qu'elle réprimait. Il avait essayé. Vainement. Et n'avait fait que lui rappeler quel désespoir était le sien. Alors mieux valait qu'elle parte. Qu'ils partent tous les trois. Sans lui. Elle avait dû comprendre que sa décision était prise. Qu'il ne fléchirait pas. Elle insista pourtant, et il resta sur ses positions tout en s'efforçant de la rassurer. Au point où il en était, passer pour le mauvais ne le dérangeait plus, mais il ne voulait surtout pas que Bérénice s'en croit responsable. 

Avant la fin de janvier. À la fois trop loin et trop proche. Longtemps à rester seul, trop peu de temps pour réparer. Il ne répondit rien, son regard intrigué par cette main qui caressait la sienne. Il voulut lui sourire, mais ses lèvres ne suivirent pas et ses yeux moins encore. Il ne voulait pas qu'elle parte… Il aurait dû lui demander de se lever, la faire sortir, agir. Il n'y arrivait pas. 

— Tu ne me croiras sans doute pas, mais tu vas me manquer. Tu me manques toujours lorsque tu n’es pas là.

Il chercha ses yeux, d'un regard désolé. Elle se trompait. Il ne lui manquerait pas plus là-bas qu'ici. Celui qui pouvait lui manquer n'était jamais revenu. Elle, elle lui manquerait. Elle lui manquerait autant qu'il était heureux qu'elle parte. Il prierait pour que ce séjour leur soit profitable. Et surtout, qu'il ne leur arrive rien. Surtout pas à eux. 

Il acquiesça lentement, sans oser répondre. Sans oser dire un mot qui les retiendrait ici. Il s'accrocha brièvement à la main qu'elle avait agrippée. Les recommandations qu'il avait à faire fuyaient son esprit dès lors qu'il décidait de les prononcer, tandis que son regard replongeait dans le flou.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Dim 6 Juin - 16:04

Il ne la croyait pas. Elle le sut instantanément en croisant son regard désolé. Parce qu’il devait sans doute se dire que sa présence maussade ne pouvait pas lui manquer. Mais c’était faux. Elle savait déjà qu’il n’y aurait pas un jour où elle ne penserait pas à lui. La seule différence avec toutes ces fois où il retournait au front ce serait finalement la quasi-certitude de savoir qu’il ne lui arriverait rien. Pour tout le reste, cela ne changerait rien, le vide serait le même. En bientôt huit ans de mariage, il avait été absent trois ans.  Quatre si l’on comptait l’année qui venait de s’écouler, cela ne changeait pas qu’au cours des quatre années restantes, elle avait eu amplement le temps de s’attacher à lui et même de développer une affection certaine. En même temps, il était si lumineux et bon qu’elle en venait souvent à se demander comment elle avait pu ne pas s’en rendre compte avant d’être fiancée et ensuite elle réalisait qu’elle ne l’avait plus vraiment côtoyée depuis ses onze ans. Il était parti pour Lodmé, puis pour Zakros avec Alduis. Alors quoi qu’il pouvait penser, il allait lui manquer.

Elle embrassa sa main. Et se releva péniblement. Elle ne savait pas quoi dire qui ne rendrait pas plus difficile la séparation à venir. Elle n’arrivait toujours pas à croire qu’elle allait rentrer sans lui. Qu’il allait demeurer à regarder son olivier au travers de la fenêtre quand elle devrait faire semblant d’être heureuse devant tout le monde. Elle réprima un sourire et embrassa son front.

— Merci. chuchota-t-elle dans un souffle.

Parce qu’il faisait cela pour eux et cela aurait été mentir que de dire qu’elle n’avait pas besoin d’air. C’était tout le paradoxe de cette situation : elle culpabilisait de le laisser et elle savait qu’elle devait partir.

— Prend soin de toi, s’il te plaît. elle marqua une pause avant d’ajouter et je suis désolée.

Désolée de l’abandonner à sa mélancolie. Désolée plus encore de lui désobéir en laissant Layla ici. La pauvre devrait supporter ses remontrances, mais au fond, il serait heureux d’avoir une présence familière à ses côtés. Sa main glissa affectueusement sur son épaule puis elle quitta le salon en s’efforçant de contenir ses larmes. En passant devant celle qui était tout à la fois sa camériste, sa dame de compagnie et plus encore son amie, elle eut un hochement de tête, mâchoires serrées pour ne rien laisser échapper. Elle voulait courir. Elle voulait courir jusque dans ses appartements et se noyer dans un torrent de larmes furieux qu’elle tenterait d’étouffer dans son oreiller. Ses pieds la pressaient de courir et de s’échapper, mais elle ne pouvait pas. Elle n’était plus une petite fille et surtout… de là où il était, il entendrait le son rapproché de ses petits talons claquant sur le parquet ou le marbre de leur demeure et cela, cela n’était pas envisageable.
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Message par Démétrius d'Aussevielle Dim 6 Juin - 20:45

Le marquis était retombé dans ses pensées. Pensées flottant autour de celle dont il avait déjà occulté la présence. Il sentit vaguement quelque chose du côté de sa main, mais ne réalisa que Bérénice était toujours là que ses lèvres touchèrent son front.

Merci. Merci de compenser tout ce qu’il leur imposait à tous depuis des mois en ne barrant pas leur échappatoire. Non, vraiment, ce n’était rien. Il caressa son visage du regard. Du regard seulement, parce qu’il n’osait plus bouger de peur de la retenir. Il acquiesça encore, presque imperceptiblement, à sa recommandation. C’était ce qu’il tentait de faire, seulement… Non, elle n'avait pas à être désolée. C'était mieux ainsi.

Les branches de l’olivier s’agitaient quand Démétrius entendit la porte se refermer. Partie. Il n’avait pas eu le temps de lui dire ce qu’il devait. Oh, c’était sans doute mieux qu’il se soit tu. Il n’avait rien à lui recommander dont elle ne soit déjà consciente, et le reste ne devait pas être dit. Il écouta son pas s’éloigner, redoutant déjà l’heure de son départ. Il regrettait déjà sa décision… Il cilla pour tenter d’endiguer le picotement qui attaquait ses yeux.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Lun 7 Juin - 10:42




Layla, 25 ans

13 décembre 1597,

La voiture venait à peine de quitter Aussevielle pour Braktenn. À son bord se trouvait la marquise en compagnie de son fils. Layla les observa disparaitre le long du sinueux chemin bordé d’oliviers et de chênes-liège.

— Faites bon voyage, je prendrai soin de lui, ne vous en faites pas. murmura-t-elle en posant sa main sur le carreau en guise d’ultime adieu.

Elles avaient pris cette décision ensemble. Si cela pouvait passer comme un sacrifice de sa part aux yeux de certains, il n’en était rien. Elle restait de bon cœur, ici à Aussevielle, auprès de son unique famille. Il ne partageait peut-être ni le sang ni le nom, mais Layla avait toujours considéré Démétrius comme son grand frère. Ils avaient été élevés ensemble, ils avaient grandi ensemble, elle avait parfois pleuré dans ses bras comme il l’avait toujours protégé des paroles acerbes et des gestes injurieux de certains. Aujourd’hui, elle pouvait lui rendre la pareille et être là pour lui. Alors non, quoi qu’il en dise, elle n’aurait voulu pour rien au monde partir à la capitale, qu’importe s’il n’était que l’ombre de lui-même.
Et si cela pouvait permettre à son amie (et belle-sœur au moins de cœur) de partir le cœur un peu plus léger alors elle voyait toutes les raisons de rester ici, quand bien même elle savait qu’il n’aimait pas être désobéi. Au fond, Bérénice n’avait pas vraiment accepté ou dit précisément qu’elle partirait avec elle, alors ce n’était finalement qu’une demi-faute ? Et qu’importe ! Cela ne changerait pas que c’était la meilleure solution.

Qu’est-ce qu’il s’imaginait à la fin ? Qu’il allait rester ici, seul avec ses domestiques ? Qui pouvait vouloir passer les fêtes seul ? Non, c’était bien la seule solution. Oh il allait râler, être vexé et peut-être même être en colère, mais cela n’avait pas d’importance, elle était prête à subir son courroux s’il le fallait. Car au fond, elle était persuadée qu’il serait content d’avoir un visage familier à Aussevielle. Il ne les avait pas laissés de gaieté de cœur, elle le connaissait suffisamment pour en être persuadée.

Layla soupira puis se détourna de la vitre. Mieux valait l’en informer immédiatement. Attendre ne ferait qu’envenimer les choses. Elle inspira profondément et prit la direction du salon où il demeurait en permanence, assis près de la fenêtre. Aujourd’hui ne faisait pas exception. Il saurait dès qu’il réaliserait les bruits de pas approchant que quelque chose d’anormal s’était produit. Elle avança silencieusement sans s’annoncer.

— Je sais que tu ne vas pas aimer… Mais je suis restée. On ne voulait pas te laisser seul ici et Bérénice n’aura pas besoin de moi à Fromart.

Voilà c’était dit, ses grands yeux émeraudes fixaient eux aussi l’olivier en attendant qu’ils ne puissent croiser son regard.

— Je suis désolée. C’était la seule solution.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Mar 8 Juin - 19:08

C’était une journée presque comme une autre, au fond. Les branches de l’olivier semblaient seulement plus fatiguées et la lumière plus morte. C’était aujourd’hui que sa famille partait. Démétrius avait fait son possible pour ne pas trop le montrer, mais il souffrait déjà d’avoir donné son accord. Il n’avait presque pas dit un mot lorsque sa femme et son fils étaient venus lui dire au revoir. Il avait ébouriffé les cheveux incoiffables d’Adéis avec plus de lassitude que d’enthousiasme, et lui avait soufflé de bien veiller sur sa mère.

Ce qu’il craignait par dessus tout, c’était que la route leur joue de mauvais tours. Mais Il ne pourrait tout de même pas laisser faire cela. Pas à eux. Pas en plus du reste. N’importe quoi, mais pas cela. S’il leur arrivait malheur sans qu’il ne soit là… Mais non, tout allait bien se passer, il n’y avait pas de raisons.

Il chassa le débat qui s’approchait trop d’une pente drôlement glissante et les questions qu’il refusait de se poser. La porte s’ouvrit opportunément pour le tirer de sa rêverie, et il n’eut pas besoin de tourner la tête pour deviner ce dont il s’agissait : Layla n’était pas encore passée. Elle ne partirait pas sans l’avoir vu…

Le marquis ne se posa pas plus de questions sur son silence, mais son amorce, en revanche, le troubla. Ne pas aimer ? Que n’allait-il pas… ?

— Mais je suis restée

Mais… Qu’est-ce que… Pardon ?! Démétrius entendait la voix de Layla en toile de fond sans déjà plus l’écouter. Elle restait ? Comment ça “elle restait” ?! Il tourna soudain le visage vers elle. Bien sûr que non, elle ne restait pas ! Quelle solution ?!

— C’est hors de question, marmonna-t-il avec le peu de conviction qu’il était parvenu à rassembler. Il était prévu que tu les accompagne, et c’est à cela que l’on s’en tiendra.

Il ne pouvait pas avoir accepté pour rien. Ne pensait-elle pas que c’était suffisamment compliqué sans en rajouter ? Elle aussi, il se refusait à la voir s’empoisonner le moral auprès de lui. Ce n’était pas discutable, elle ne resterait pas.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Mer 9 Juin - 11:15




Layla, 25 ans

Il ne s’était pas retourné jusqu’à ce qu’elle ne se décide à parler. Elle savait. Il attendait qu’elle vienne lui faire ses adieux avant son supposé départ. Sauf que… non, elle ne partirait pas. Elle resterait à Aussevielle avec lui, que cela lui plaise ou non. Layla préférait cent fois rester à ses côtés que de monter à la capitale. Certes, elle s’y serait pliée si on le lui avait ordonné, mais puisque cela arrangeait Bérénice elle-même, elle ne voyait aucune raison de ne pas rester ici. Tant pis si son frère d’adoption râlait ou même la houspiller – ce qui ne manquerait pas -.

D’ailleurs, il fallut qu’elle prononce le fameux verbe pour déclencher enfin une réaction de sa part où elle put lire toute la contrariété de ses yeux gris. Évidemment, il n’était pas enchanté par cette initiative. Il avait vraiment espéré demeurer ici, seul, dans le silence le plus absolu où il espérait se noyer.

– Je suis désolée, mais je resterai ici, quand bien même cela te déplairait. Je sais que tu fais cela pour nous et je te remercie, mais…

Elle s’approcha de lui. Cela faisait drôle de pouvoir le regarder dans les yeux sans avoir à basculer sa tête en arrière. Du haut de son petit mètre soixante, il avait toujours été hors de portée. Il en avait parfois profité lorsqu’ils étaient plus jeunes (et qu’elle était encore plus petite que lui) pour la taquiner alors qu’ils jouaient. Désormais, c’était presque si elle ne le dépassait pas. Elle n’avait qu’à tendre les bras pour les passer autour de son cou quand elle devait se contenter de serrer sa taille. Pour une fois, elle pouvait même embrasser sa joue sans tirer sur ses mains pour le courber comme la branche d’un arbre. Elle déposa sa propre main sur la sienne.

… tu es ma seule ma famille et je ne voudrais pas être à un autre endroit qu’ici avec toi. Si quelqu’un ne prend pas soin des siens, et en particulier des membres de sa famille proche, il a renié sa foi et est pire qu’un non-croyant. cita-t-elle pour appuyer ses propos. Tu as toujours été là pour moi quand j’en avais besoin, alors laisse-moi en faire de même cette fois-ci. Et puis… Bérénice ne serait jamais partie sinon. Elle en aurait été malade. C’était la meilleure solution, crois-moi.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Ven 11 Juin - 13:07

Layla restait ! Que ne fallait-il pas entendre ?! Démétrius avait accepté qu’ils partent tous ensemble, pas que sa petite sœur soit abandonnée ici. C’était hors de question, et il le pensait plus fermement qu’il ne trouva la force de l’affirmer.

Il darda sur elle un regard sévère. Ah oui ? C’était ainsi qu’elle le prenait ? Depuis quand faisait-on précisément le contraire de ce qu’il demandait, au juste ? C’était qu’elle savait pertinemment qu’il ne serait pas d’accord et qu’elle lui avait sciemment caché ses projets, de surcroît ! Il serra les mâchoires. Alors c’était ainsi que cela finissait dès lors que l’on ne pouvait plus marcher tout seul ? On perdait tout sérieux, tout crédit, en plus du reste ?

Bien sûr qu’il faisait cela pour eux. Mais pour eux tous. Pas uniquement Bérénice et leur fils. Sa famille entière avait besoin de s’éloigner. Bien sûr, leur dévotion était admirable, mais c’était précisément pour cela qu’ils méritaient de partir. Pas à jamais, il savait qu’il ne le supporterait pas, mais pour un temps.

— Je n’ai pas besoin que l’on prenne soin de moi, répliqua-t-il.

Ni qu’on lui prouve qu’il n’avait plus aucune prise sur rien. Que ne savait-elle pas faire ce qu’on lui demandait ? Ce n’était pourtant pas si compliqué ! Il lui suffisait de partir avec ce fichu attelage et d’ici quelques heures déjà, elle n’y penserait plus. De toute façon, même si à une certaine époque il avait été là, ce n’était plus le cas désormais. Si même sa femme et sa soeur de coeur ne se souciaient plus de son avis, qui l’écouterait ? Personne. Ce n’était plus lui qui saurait les protéger. Etait-elle donc obligée de remuer le couteau dans la plaie ? C’était à lui de prendre soin des siens, et il en était tout simplement incapable. S’il fallait en plus qu’elles s’opposent aux maigres efforts qu’il savait fournir, il n’y arriverait jamais !

Il décrocha, de regard comme d’oreille. Si, elle serait partie. Elle serait partie, c’était elle qui y tenait. De toute manière, maintenant que les choses étaient décidées, elle ne risquait plus de décider de rester, elle. Il suffisait que Layla s’en aille. Il empoigna ses roues pour reculer. Que c’était encombrant ! Encombrant…

— Tu iras.

C’était ainsi. C’était tout. Qu’elle le laisse au moins faire cela si rien d’autre n’était de son ressort.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Ven 11 Juin - 21:49




Layla, 25 ans

Démétrius la fusillait du regard. C’était prévisible. Il était agacé. Vexé même que l’on obtempère pas à ses ordres. C’est sûr, cela lui changeait de ses soldats qui n’auraient jamais osé le défier de la sorte. Pourtant ce n’était pas pour l’embêter loin de là. C’était juste la meilleure solution. Pas besoin qu’on prenne soin de lui ? Il s’était regardé ? Layla posa ses mains d’un air sermonneur sur ses hanches.

— Bien sûr que tu as besoin que l’on prenne soin de toi ! Ce que vous pouvez être têtu, monsieur le marquis ! maugréa-t-elle.

Il pouvait bien râler, cela ne changerait rien. De toute façon, il n’avait plus les idées claires depuis plusieurs semaines, elle le voyait bien. Son esprit errait quelque part entre ici et là, déconnecté de la réalité qui l’entourait. Il avait bien fait de renvoyer Bérénice et Adéis à Fromart, ils y seraient bien et elle avait besoin de retrouver le confort de sa famille après ces longs mois difficiles. Lorsqu’elle reviendrait, elle aurait la force de reprendre les choses en main et tout irait mieux. Mais elle ? Pourquoi ne voulait-il pas entendre raison ? Elle n’avait rien à faire là-bas, à la capitale. C’est auprès de lui qu’elle voulait rester. Son devoir était ici. D’une part car il était sa famille, d’autre part car Bérénice le lui avait demandé.

Démétrius décrocha son regard et tenta de s’échapper en reculant, elle fit un pas de côté pour se replacer face à lui.

— Regarde-moi bien Démétrius d’Aussevielle ! J’irais là où tu seras et nulle part ailleurs. Est-ce que c’est clair ? Tu les as éloignés pour les protéger de ton humeur massacrante. Sers-toi de ta tête deux secondes : moi c’est ici que je suis heureuse et tu pourras être aussi détestable que tu le voudras cela ne me peinera jamais parce que je sais que ce n’est pas toi. Alors je resterai ici et tu n’auras qu’à faire comme si je n’existais pas si tel est votre bon souhait monsieur le marquis.

Ses bras retombèrent le long de son corps puis elle le sera brièvement dans ses bras, simplement pour qu’il sache qu’elle ne lui en tiendrait jamais rigueur et qu’elle l’aimait comme le frère qu’il avait été, qu’il était toujours et qu’il serait encore demain, qu’importe s’il avait ou non ses jambes, qu’importe s’il était maussade ou rayonnant.  C’était ainsi et cela ne changerait jamais. Elle entreprit finalement de le laisser vaquer seul à sa mélancolie puisque c’était ce qu’il désirait. Il finirait bien reconnaitre qu'il était content qu'elle soit d'ici quelques jours. À part un miracle, il n'allait pas s'en sortir seul, le temps... Le temps ne faisait pas tout. Il fallait être bien entouré également.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Dim 13 Juin - 20:15

Non ! Démétrius n’avait pas besoin que l’on prenne soin de lui. Il n’y avait là ni obstination, ni orgueil démesuré… Mais il savait encore se débrouiller tout seul sur ce plan-là. Et elle, elle devait partir avec Bérénice et Adéis. Pour se changer les idées. 

Mais il était impossible de faire entendre raison à Layla. Son frère recula, insista… et se retrouva soudain acculé, le regard happé de force comme celui d’un petit garçon en faute. C’était même ainsi qu’elle s’adressait à lui : comme à un petit garçon. Oui, il les avait éloignés pour les protéger, et s’il en avait eu les moyens, en cet instant, il l’aurait jetée en travers de ses épaules pour la descendre dans la voiture. Seulement, s’il en avait eu physiquement la capacité, la question ne se serait jamais posée… Sauf pour la taquiner, peut-être, à l’époque où il avait envie de rire…

Ne pouvant pas décemment la mettre à la porte - pourquoi lui soumettait-on de telles idées ? - pour qu’elle accompagne les autres, le marquis devrait bien s'accommoder de sa présence… Quelque part au fond de lui, il était rassuré de ne pas rester si seul… Mais Layla regretterait son obstination. Elle ne comptait tout de même pas sérieusement rester là jusqu'au retour de Bérénice… Oh, et puis tant pis pour elle, elle n'avait qu'à écouter.

Il détourna le regard une fois pour toutes. Était-ce à cause de ce fichu fauteuil qu'on ne se souciait plus de son avis ? Il sentit vaguement qu'on l'étreignait, mais le temps de trouver quelque chose à dire, Layla s'était déjà éclipsée.
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