[14 Janvier 1598] Le vol de la colombe vers la réconciliation

Alexandre entendit le regret d'Irène que sa fille ne puisse pas encore écrire à ses cousins. Elle ne pouvait sûrement pas non plus demander à Cassandre, certainement pas encore à l'aise avec cette discipline, pour rédiger une lettre. Il sourit doucement à la jeune mère.

"C'est normal. Si je me souviens, je devais avoir huit ans quand j'ai su écrire ma première vraie lettre, seul. Avant ma mère m'aidait beaucoup. Il faut du temps pour qu'un enfant apprenne à structurer sa pensée."

Après ces longues histoires de famille, Irène évoqua une autre de ses nièces, Jeanne, qui accompagnerait le cardinal Cassin lors de son nouveau voyage à Rome. Rome.. L'Italie... A ce nom, les yeux d'Alexandre brillèrent. Il aimerait tant visiter les villes fabuleuses de ce pays, terre de tant d'artistes merveilleux, et découvrir la multitude des œuvres qu'ils y avaient laissé. Les descriptions de Bérénice ou de Coldris lui revenaient aussitôt en mémoire. Quel bonheur que connaissait tous ceux qui visaient cette belle contrée lointaine, berceau de leur civilisation. Il se reprit et répondit calmement :

"Vous serez ravie de la revoir alors et elle aura tant de belles choses à vous raconter."

Ils revinrent ensuite à sa tante et Alexandre sourit de la conclusion, ému quand Irène lui toucha l'épaule.

"Oui. Elle a eu une vie difficile, mais elle s'en sort merveilleusement bien. C'est un exemple à suivre."

Sur cela, Alexandre consacra un petit moment à s'amuser avec la petite Anthalia que sa mère venait de déposer dans ses bras. Son regard se leva à un instant et surprit l'horloge. Il soupira.

"Ah... Le temps passe si vite quand on passe un moment agréable entre amis. Je vais devoir rentrer, Irène. Je suis attendu pour midi à Fromart."

Irène reprit sa fille et Alexandre la salua cordialement, déçu de ne pouvoir rester plus longtemps, puis prit cependant le temps d'embrasser les trois bébés. Il se tourna ensuite vers Grace et tenta d'un petit sourire anxieux.

"Au revoir, Grâce. Passe une bonne journée."

Il reporta son attention vers Irène et reprit :

"Vous saluerai Cassandre de ma part ?"

Sur cela, le petit infirme quitta peu après la petite maisonnée.

Irène laissa Alexandre lui raconter  ses tribulations dans l’écriture et approuva. Cela viendrait bien assez tôt pour ses petits, ils grandissaient si vite… Elle remarque non sans un sourire sa rêverie à propos de l’Italie. Elle aussi aimait bien que Matthieu lui raconte comment c’était lorsqu’ils rentraient et qu’ils n’étaient pas encore en froid. Elle pourrait sans doute de nouveau profiter de ces descriptions avec un peu de chance. Elle hocha la tête avant de sourire à la description de sa tante. Eh bien, quelle femme !

Cependant, le temps se rappela à eux. Elle regarda l’horloge et plissa la lèvre.

- Oh, oui, j’imagine que tu as des choses à faire.

Elle posa Trestinian puis reprit Anthalia. Irène lui sourit puis hocha la tête.

- Bien sûr, rentre bien.

Grâce refusa pour sa part de le regarder même si elle doutait. Il avait été correct cette fois… Alors est-ce qu’il était vraiment méchant ? Elle demanderait à Cassandre, elle savait plein de choses, elle saurait lui répondre…