[29 janvier 1598]Les spécialités monbriniennes
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[29 janvier 1598]Les spécialités monbriniennes
« Mais je vous assure que l’on m’a vanté les mérites de la gastronomie monbrinienne et que j’ai entendu de grandes éloges concernant l’association de l’abricot et du concombre. »
« Mais enfin, m’sieur, on vous z’aura fait une blague. Un concombre non pelé et non tranché avec des abricots, on a pas de plats de ce genre par chez nous. »
« Ah bon ? Même associé à un chapon ? »
« Un chapon au concombre et à l’abricot ? Ecoutez, j’voudrais pas vous peiner, mais s’avère que c’est pas dans mes recettes, et que depuis des générations qu’on tient c’t’auberge que j’héritas d’feu mon père, le Seigneur ait son âme, bha j’avons jamais vu ni entendu parler de plat d’ce genre. Qui c’est qui vous a parlé de ça ? »
« Messire Thierry d’Anjou. »
« … Ah oui, j’vois. Et sinon, il vous z’aurait pas vanté ma recette de pied au cul avec son concombre en feu ? C’pas un lupanar, ici, Monsieur. »
Oula, ça sentait mauvais… Il faut dire, le faux eunuque avait trouvé vraiment étrange de la part de cet homme raffiné d’apprécier des aliments aussi peu préparés lorsqu'il lui avait évoqué ces "préparations délicieuses". Le concombre devait faire référence à autre chose, et si l’aubergiste lui causait de lupanar, c’est sans doute qu’il y avait quelque allusion grivoise cachée derrière ce message codé culinaire de l’ancien curé. Et voilà que lui-même passait maintenant pour un amateur de gaudrioles, ce qui était vrai, mais ne constituait pas exactement le but de sa venue en ces lieux.
« Ecoutez, je suis navré, il doit y avoir méprise... »
« Ah ouais, et y avait méprise aussi quand le d’Anjou l’a embêté la Cunégonde et qu’y voulait lui fourrer son abricot ? »
« Nani ? »
« He, causez-moi en monbrinien, s’agirait pas d’faire soudain semblant qu’vous comprenez plus de quoi j’vous cause. »
« C’est que, précisément, je ne comprends pas de quoi vous me causez. »
Ils en étaient donc là, l’aubergiste, homme fort trapu et fort en colère, et l’androgyne japonais fort gracile et fort interloqué, séparés par la seule barrière d’un comptoir en bois que patinaient les nombreuses bières renversées au fil du temps par les buveurs. Fort heureusement, la colère du tenancier n’était pas aussi noire que le haori du comédien, lequel se félicitait d’ailleurs d’avoir opté pour la même tenue que lors de sa sortie dans les bois et sa rencontre avec Sylvia : un ample sarouel djerdanien et des bottes souples lui permettraient de se battre ou s’enfuir plus facilement qu’un joli kimono de cour; sans oublier son long poignard japonais glissé à sa ceinture... C’est alors qu’un homme attablé juste derrière eux décida de s’en mêler.
« Oh, ça va, René, l’abricot de ta Cunégonde l’a bien été fourré par d’autres et tu t’en es jamais plaint parce que ça fidélisait la clientèle... »
« P’tet ben, mais avec c’t’histoire de sorcier qu’a fini au bûcher y a pas longtemps pour des avortements, j’voudrais pas que la p’tiote se retrouve fille-mère, dans une de ces maisons closes où viennent les suppôts du diable pour faire Dieu sait quoi aux filles... »
« Quoi, le Hyriel ? Moi j’vais te dire, ils l’ont cramé pour l’exemple, mais n’empêche qu’il a rendu de grands services aux pauv’ gens. J’ai assisté au procès et j’peux te dire qu’il avait rien de démoniaque ce gars là. »
« Gaffe à c’que tu dis ! Tu voudrais pas r’mettre en cause la justice de Dieu et du roi tout d’même ? »
En réponse, l’homme cracha par terre et ajouta :
« Moi j’ai rien contre not’ bon Roi, mais la Reine d’Espagne et ses chiens de l’enfer en robe rouge, j’les préfèrerais bien loin d’chez nous ! »
Dans l’auberge, la tension était palpable. Les uns semblaient inquiets, d’autres prêts à rallier le camp du maître de maison ou celui de son contestataire, les derniers enfin prêts à se bastonner pour le simple plaisir de la bagarre. Et Hibiki, au milieu, ne comprenait pas très bien le rapport entre l’abricot de Cunégonde et les condamnations en place publique de soi-disant hérétiques. Cela dit, toute cette histoire lui semblait bien croustillante (sans doute plus que le concombre de feu de Thierry d’Anjou) et il ne serait pas mécontent d’en apprendre plus sur les sorciers monbrinien _si tant est qu’ils n’aient pas déjà tous fini calcinés. Mais comment en apprendre davantage sans attirer l’attention sur lui à nouveau ? Il jeta donc un coup d’oeil à la dérobée, tâchant d’étudier les gens et leurs figures afin de repérer un éventuel informateur qui pourrait le renseigner sur les actualités du pays.
« Mais enfin, m’sieur, on vous z’aura fait une blague. Un concombre non pelé et non tranché avec des abricots, on a pas de plats de ce genre par chez nous. »
« Ah bon ? Même associé à un chapon ? »
« Un chapon au concombre et à l’abricot ? Ecoutez, j’voudrais pas vous peiner, mais s’avère que c’est pas dans mes recettes, et que depuis des générations qu’on tient c’t’auberge que j’héritas d’feu mon père, le Seigneur ait son âme, bha j’avons jamais vu ni entendu parler de plat d’ce genre. Qui c’est qui vous a parlé de ça ? »
« Messire Thierry d’Anjou. »
« … Ah oui, j’vois. Et sinon, il vous z’aurait pas vanté ma recette de pied au cul avec son concombre en feu ? C’pas un lupanar, ici, Monsieur. »
Oula, ça sentait mauvais… Il faut dire, le faux eunuque avait trouvé vraiment étrange de la part de cet homme raffiné d’apprécier des aliments aussi peu préparés lorsqu'il lui avait évoqué ces "préparations délicieuses". Le concombre devait faire référence à autre chose, et si l’aubergiste lui causait de lupanar, c’est sans doute qu’il y avait quelque allusion grivoise cachée derrière ce message codé culinaire de l’ancien curé. Et voilà que lui-même passait maintenant pour un amateur de gaudrioles, ce qui était vrai, mais ne constituait pas exactement le but de sa venue en ces lieux.
« Ecoutez, je suis navré, il doit y avoir méprise... »
« Ah ouais, et y avait méprise aussi quand le d’Anjou l’a embêté la Cunégonde et qu’y voulait lui fourrer son abricot ? »
« Nani ? »
« He, causez-moi en monbrinien, s’agirait pas d’faire soudain semblant qu’vous comprenez plus de quoi j’vous cause. »
« C’est que, précisément, je ne comprends pas de quoi vous me causez. »
Ils en étaient donc là, l’aubergiste, homme fort trapu et fort en colère, et l’androgyne japonais fort gracile et fort interloqué, séparés par la seule barrière d’un comptoir en bois que patinaient les nombreuses bières renversées au fil du temps par les buveurs. Fort heureusement, la colère du tenancier n’était pas aussi noire que le haori du comédien, lequel se félicitait d’ailleurs d’avoir opté pour la même tenue que lors de sa sortie dans les bois et sa rencontre avec Sylvia : un ample sarouel djerdanien et des bottes souples lui permettraient de se battre ou s’enfuir plus facilement qu’un joli kimono de cour; sans oublier son long poignard japonais glissé à sa ceinture... C’est alors qu’un homme attablé juste derrière eux décida de s’en mêler.
« Oh, ça va, René, l’abricot de ta Cunégonde l’a bien été fourré par d’autres et tu t’en es jamais plaint parce que ça fidélisait la clientèle... »
« P’tet ben, mais avec c’t’histoire de sorcier qu’a fini au bûcher y a pas longtemps pour des avortements, j’voudrais pas que la p’tiote se retrouve fille-mère, dans une de ces maisons closes où viennent les suppôts du diable pour faire Dieu sait quoi aux filles... »
« Quoi, le Hyriel ? Moi j’vais te dire, ils l’ont cramé pour l’exemple, mais n’empêche qu’il a rendu de grands services aux pauv’ gens. J’ai assisté au procès et j’peux te dire qu’il avait rien de démoniaque ce gars là. »
« Gaffe à c’que tu dis ! Tu voudrais pas r’mettre en cause la justice de Dieu et du roi tout d’même ? »
En réponse, l’homme cracha par terre et ajouta :
« Moi j’ai rien contre not’ bon Roi, mais la Reine d’Espagne et ses chiens de l’enfer en robe rouge, j’les préfèrerais bien loin d’chez nous ! »
Dans l’auberge, la tension était palpable. Les uns semblaient inquiets, d’autres prêts à rallier le camp du maître de maison ou celui de son contestataire, les derniers enfin prêts à se bastonner pour le simple plaisir de la bagarre. Et Hibiki, au milieu, ne comprenait pas très bien le rapport entre l’abricot de Cunégonde et les condamnations en place publique de soi-disant hérétiques. Cela dit, toute cette histoire lui semblait bien croustillante (sans doute plus que le concombre de feu de Thierry d’Anjou) et il ne serait pas mécontent d’en apprendre plus sur les sorciers monbrinien _si tant est qu’ils n’aient pas déjà tous fini calcinés. Mais comment en apprendre davantage sans attirer l’attention sur lui à nouveau ? Il jeta donc un coup d’oeil à la dérobée, tâchant d’étudier les gens et leurs figures afin de repérer un éventuel informateur qui pourrait le renseigner sur les actualités du pays.
Hibiki- Fiche perso : Attention, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé.
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