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[Flashback: 15 Avril - 8 Mai 1581] Du devoir et du pacte de deux amis [Terminé]

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Message par Coldris de Fromart Ven 29 Oct - 22:57






Virgil d'Aussevielle, 40 ans

15 avril 1581,

La veille au soir, il s’était rendu en compagnie de Démétrius à une soirée au Palais Royal. Retenu, par un dossier important, Coldris n’avait pu se libérer et il en avait de toute façon tout son saoul des salons royaux qui ne lui faisait plus ni chaud ni froid. Quant à Virgil, il se devait de faire quelques apparitions publiques de temps à autres, est entendu que ni le Parlement ni la Prévôté ne comptaient comme tels. Ces mondanités aussi pénibles soient-elles étaient nécessaires à la bonne tenue de son rang.

La soirée s’était déroulée de manière tout à fait banale jusqu’à ce que l’une de ses connaissances, ne viennent poser sa main sur son épaule en lui annonçant d’un ton badin que son fils jouait les jolis cœurs auprès d’une demoiselle et qu’il avait fort grandi depuis la dernière fois. Virgil avait donc tourné la tête dans la direction indiquée et… par tous les Saints… On ne pouvait pas dire qu’il était simplement en train de tenir la conversation comme il le faisait d’ordinaire. Il n’avait jamais manqué d’attirer les demoiselles, il est vrai, mais cette fois-ci c’était tout autre. Il le connaissait trop bien pour ne pas relever le pétillement dans son regard ou ses gestes attentionnés… C’était… Seigneur… Il n’était pas question de le laisser s’embarquer dans une histoire d’amour qu’il aurait oublié dans un mois. Tout cela ne lui laissait guère plus le choix : il allait devoir lui annoncer ses futures fiançailles avant que toute cela ne dégénère.  En revanche, il se garderait bien de lui donner le nom de sa promise. Coldris et lui s’étaient mis d’accord sur ce point, plusieurs années auparavant : le plus tard possible.

Le marquis frappa deux petits coups à la porte de son fils comme d’habitude. Cette discussion ne l’enchantait guère, mais c’était ainsi, le devoir primait et primerait toujours. A son invitation il entra et s’installa sur le lit l'invitant à prendre place à nses côtés

— Démétrius, je t’ai vu hier en compagnie de la demoiselle de Céliante. C’est une jeune femme charmante, bien sous tout rapport, seulement ce ne sera pas elle ta femme. J’ai d’autres projets pour toi. Je sais que c’est dur à entendre, toutefois tu sais que notre devoir prime avant tout. dura vita, sed vitæ. Nous ne nous marions pas par amour, mais par devoir. Il n’en fut pas différemment pour ta mère et moi, ce qui ne nous a pas empêché de tisser de profonds liens d’affection. Je suis sincèrement désolé, mon fils. déclara-t-il du plus profond de son âme tout en se levant.

— Pour le reste, je te demande de me faire confiance, je ne pourrais jamais souffrir de te voir malheureux.

Et il avait suffisamment vu les dégâts occasionnés chez Coldris. Heureusement que son fils n’était pas du genre à envisager de se marier en secret. Quelle guigne tout de même, il espérait que cela se résoudrait facilement et sans trop de dégats…

Coldris de Fromart
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Message par Démétrius d'Aussevielle Sam 30 Oct - 13:49


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

Cela faisait quelques temps, déjà, que Démétrius ne désirait plus échapper aux réceptions auxquelles son père le traînait. Oh, il l'avait toujours fait sans histoire, prenant sur lui de ne jamais rechigner. C'était nécessaire, point. Et puis, quand on s'efforçait de positiver, ce n'était pas si pénible que cela en avait l'air. 

Mais depuis qu'il l'avait vue… Ah, depuis qu'il l'avait vue, tout était bien différent. Il aurait pu s'y rendre tous les soirs avec le sourire, rien que pour croiser son regard une fois de plus. Hier soir, sachant qu'elle serait présente, il avait été tellement impatient ! Il ne parvenait à la quitter que pour penser encore à elle. La plus belle, la plus douce, la plus sage, la plus amusante de toutes à la fois. Seigneur, comment aurait-il pu la sortir de ses pensées, elle qui était si… parfaite.

Il allait falloir qu'il en parle à son père, un jour où l'autre. Tout cela devenait bien trop concret pour qu'il s'en passe. Pas qu'il se soit passé une chose indécente, ça non, simplement : il lui semblait de plus en plus évident qu'elle était la femme de sa vie et qu'il n'y avait qu'une chose à faire. Isaure avait tout ce qu'il fallait pour convaincre son père, et il en allait de même pour lui dans sa famille. Sinon Monsieur de Céliante, dont il sentait bien trop souvent le regard, aurait déjà réagi. Soit : au plus il y pensait, au plus il se persuadait que cela irait. 

Cet après-midi là, il rêvassait. Il était bien censé étudier, mais… Pfffff… pas moyen de se concentrer. Il jeta un œil à l'extérieur. Même au printemps, Braktenn était un peu fade. Isaure aurait aimé Aussevielle, il en était sûr. Qu'elles seraient longues, les campagnes, en la sachant si loin… mais elle savait déjà qu'il n'y renoncerait pas. Tout irait bien, de toute façon. Ils seraient bien, là-bas. Malgré l'incendie de l'été précédent, le paysage restait le plus beau de tout le pays et sans doute du monde entier. 

Demétrius se ressaisit subitement lorsque l'on cogna à la porte, puis se leva prestement quand il vit qu'il s'agissait de son père. Pour se rasseoir sur son lit à peine après. Il aurait sans doute dû comprendre à donnait grave que quelque chose clochait mais il aimait autant n'être jamais si pessimiste. Quand il parla, pourtant, il était évident que ce n'était pas pour le féliciter. 

Il… les avait vus. Oui, c'était bien probable parce qu'il n'avait jamais vraiment cherché à le dissimuler mais… il savait qu'il ne faisait rien de mal, n'est-ce pas. Oui, c'était une fille très bien - absolument parfaite, d'ailleurs - et il ne l'aurait jamais mise en difficulté. Il le savait, n'est-ce pas ? Il… lui faisait toujours confiance, non ? Mais ce n'était pas à une recommandation si bien intégrée que le marquis voulait en venir. 

Pas sa femme. D'autres projets. Son visage se décomposa lentement tandis que l'information faisait son chemin - encore tellement irréelle. Non… non… non… Il se raccrocha au reste tant qu'il pu. Oui, par devoir, il le savait… mais en ce qui concernait Isaure, les deux auraient pu s'associer, il n'en doutait pas un instant. Elle avait tout ce qu'il fallait. Il suffisait qu'il y réfléchisse un peu, il verrait bien qu'elle était parfaite. Qu'il n'était pas forcément nécessaire que cela s'oppose. 

D'autres projets. Pour qu'il soit si catégorique, cela devait vouloir signifier "engagement". Sinon il y aurait au moins pensé - et il aurait accepté, il en était sûr, parce qu'il n'y avait rien qui puisse être porté contre. Elle avait les moyens, la naissance, la réputation, la piété, la douceur, la beauté, le coeur le meilleur qu'il avait pu trouver à une jeune femme dans ce milieu plein de rapaces. Que restait-il ? Les sentiments qu'il lui portait ? Cela non plus n'aurait pas pu être porté contre leur union. C'eût été soit profondément stupide, soit profondément cruel, et il savait bien que son père n'était ni l'un ni l'autre. 

Démétrius serra les dents pour conserver un minimum de contenance. Si son père l'avait déjà engagé, il… n'avait pas le choix. Question d'honneur. Le devoir primait toujours, il le savait si bien. Il s'efforça de ne surtout pas penser à ce que cela impliquait : toute volonté et toute retenuesse seraient brisées, et il ne pouvait pas imposer ça à son père qui n'agissait que pour le bien de leur famille et dont il savait qu'il souhaitait sincèrement le sien. Il n'avait pas à s'excuser, il le savait. C'était ainsi, voilà tout. 

— Bien, Père, parvint-il à dire sans se rendre compte que sa voix était déformée par le chagrin. Je réglerai cette affaire dès demain, garantit-il. 

Il ne voulait pas songer à ce que cela signifiait. Surtout pas. Tout ce qu'il voulait penser, c'était qu'il prenait ses responsabilités. Il n'aurait pas pu faire comme si de rien n'était et la laisser y croire alors que… enfin, il devait la voir demain. Il avait été si impatient. Il n'était plus très sûr, maintenant. 

Il acquiesça comme il put, se levant sur ses jambes mal assurées par mimétisme. Bien sûr qu'il lui faisait confiance. Bien sûr que son père ne cherchait pas son malheur. Il savait. Il savait si bien qu'il n'eût pas osé protester. Pas plus qu'essayer de négocier. Ou bien était-il juste trop sonné pour cela. Ce qui ne le rendait pas bien sûr de la signification de ces dernières paroles.

— Est-ce à dire que vous n'avez pas l'intention de me dire à qui vous m'avez promis ?

C'était pourtant une préoccupation bien moins pénible de se demander qui ce serait, à côté de la souffrance de réaliser qui ce ne serait pas. Bien futile aussi, au fond. Quelle différence y avait-il entre elles toutes. Elles étaient toutes accablées du même fatal défaut : ne pas être Isaure de Céliante.
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Message par Coldris de Fromart Sam 30 Oct - 17:40






Virgil d'Aussevielle, 40 ans

Il aurait tellement préféré s’éviter cette pénible discussion avec son fils. Peut-être aurait-il dû le prévenir en amont ? Sans doute. Il ne voulait pourtant pas l'encombrer de ce genre de détails alors même qu’il entrait tout juste dans l’âge adulte. Démétrius était toujours si sérieux… Ce qui était bien évidemment une grande qualité, toutefois il n’aurait pas dit non à le voir s’amuser et profiter un peu plus comme tous jeunes gens dans son âge… Enfin… sans tomber dans les excès de son parrain, il y avait un juste milieu possible.

Il le cachait bien, pourtant Virgil qui le connaissait par cœur savait à quel point il venait de briser tous ses rêves et lui-même avec. Seulement, il n’y avait pas d’autres solutions. Il épouserait Bérénice de Fromart lorsqu’elle serait en âge et ce n’était pas uniquement parce qu’elle était la fille de son ami. Non, les meilleurs comptes faisaient les meilleurs amis et sa position compensait aisément son rang. Outre la dot plus que conséquente, ils avaient négocié un accord fort avantageux pour le marquisat dans les conflits à venir. Car ni lui ni Coldris n’ignoraient que tout ceci n’était que le début. Après Lodmé les autres suivraient. Il se souvenait très bien de ce que son ami lui avait confié un jour : « Enée a bâti Rome, capitale de l’Empire. Je ferai mieux. Je bâtirai le plus grand Empire du continent qui rivalisera avec les grandes puissances européennes. Tu verras Virgil, nous aurons nos noms gravées dans le marbre pour les siècles à venir, nous aurons notre épopée aussi. ». Aussi adorable que soit l’élu de son cœur, les affaires ne pouvaient en tenir compte. Malheureusement. Il était son héritier et son unique fils. Une double peine pour lui qui devait assumer toute la charge sur ses épaules.

Il inclina la tête à sa prise de responsabilité : c’était tout ce qu’il escomptait de lui. Il préféra ignorer sa voix qui n’avait rien de son assurance habituelle : c’était ainsi, il n'y avait guère besoin de revenir dessus. C’était inutile à part pour ouvrir un peu plus la plaie. Son grand garçon… Il était tout de même fier de lui et de son attitude qui avait déjà tout du Grand qu’il ne manquerait pas d’être à son tour comme chacun de leurs ancêtres. Il remerciait chaque jour le Très-Haut de leur avoir confié un fils aussi merveilleux qui semblait avoir été béni de tous les Saints. Il n’avait qu’un seul fils, mais il les valait tous.

Tous deux se relevèrent avec plus ou moins de stabilité dans leurs jambes. Cela lui passerait. Il s’en remettrait. Grâce à Dieu, ils avaient évité l’un comme l’autre une situation inextricable en la tuant aussi près de l’œuf que possible.

— Tu le sauras en temps et en heure. Ne t’en soucie guère pour l’instant. Ta promise est trop jeune pour t’épouser. En attendant profite de la vie.

Mais sans excès. Et sans s'attacher, inutile de le préciser.
Ce fut le seul indice qu’il lui concéda. Il n’avait qu’à demander à Coldris s’il souhaitait tant savoir. Lui s’en tiendrait à ce dont il avait décidé. A savoir que l’un et l’autre devrait l’apprendre le plus tard possible pour éviter toute situation désagréable lorsqu’il serait amené à se rencontrer. Heureusement pour eux, ce n’était pas si fréquent…

Virgil prit le visage de son fils entre ses larges mains et baisa son front.

– Je suis fier de l’homme que tu deviens, mon garçon.

Il tapota sa joue avec bienveillance et lui adressa un sourire, quoiqu’un peu assombri par la tristesse qu’il savait sienne, puis prit congé.

Coldris de Fromart
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Message par Démétrius d'Aussevielle Mer 10 Nov - 23:08


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

Donc non, il ne saurait pas. Il ne savait même pas s'il tenait à le savoir ou non mais quoi qu'il en soit, si son père refusait de le lui dire, c'était qu'il avait ses raisons et si cette raison était seulement qu'il ne jugeait pas utile de lui donner cette information, eh bien c'était ainsi. Il ne réfléchit pas plus loin. Trop jeune, eh bien tant mieux, cela éviterait une catastrophe en lui laissant le temps d'encaisser. Quant à profiter… Il ne s'était pas vraiment attendu à ce qu'on lui dise cela, et il n'était pas sûr de pouvoir profiter de quoi que ce soit. 

Il acquiesça néanmoins, et ne résista pas quand son père prit son visage entre les mains et l'embrassa sur le front. Il leva son regard vers le sien. Il aurait voulu lui sourire, mais il n'en était franchement pas capable. Savoir que son père était fier de lui avait malgré tout quelque chose de réconfortant. Parce que son père était l'homme le plus droit, le plus digne et le plus respectable que ce monde porterait jamais. Sans doute le meilleur père que l'on aurait pu avoir et il ne pouvait que remercier leur Seigneur que ce soit le sien. 

— M.. merci, Père, bredouilla-t-il presque, tout écartelé qu'il était entre la fierté de l'entendre dire cela et la peine qu'il ressentait. 

Il déglutit. Il ne devait pas faiblir devant lui. Ni se montrer ainsi devant sa mère et Layla. 

— Puis-je seulement vous demander d'excuser mon absence au dîner ce soir ? S'il vous plaît. J'aurais grand besoin d'être seul.

oOo


Le lendemain


Démétrius s'était écroulé sur son lit dès le départ de son père, pour ne plus s'en extraire jusqu'au matin. Le choc passé, il comprenait de plus en plus clairement, de plus en plus intimement ce que tout cela impliquait. C'était vrai. Il ne s'agissait pas juste d'encaisser la nouvelle. C'était fini pour toujours. C'était fini pour toujours et il n'aurait pas pu résister aux larmes qui montaient.  

C'était fini pour toujours et il allait devoir lui dire. Il avait peur. C'était idiot, parce qu'il était loin d'être trouillard. Pourtant, l'idée de la blesser le terrifiait. C'était idiot : à chaque fois qu'il pensait avoir pris conscience de la situation, il se rendait compte que son esprit la refusait. Qu'il cherchait des alternatives qui n'existaient pas. Se résigner était trop dur, mais qu'aurait-il pu faire d'autre ? 

Il avait passé la matinée à la chapelle. C'était encore là qu'il avait l'esprit le plus clair. Il avait suffi de se mettre en route pour perdre la moitié de ses forces. Dix fois, il aurait fait demi-tour. Dix fois, il se demanda s'il ne pouvait pas simplement faire comme si rien n'avait changé. Rien qu'à l'envisager, il se faisait honte. Il y arriverait. Il y arriverait parce qu'il le fallait, c'était tout. Que leur Seigneur lui en donne le courage.

Il eut à peine le temps de mettre pied à terre dans la cour du manoir des Céliante qu'on le tira par le bras en sautillant. Il tourna un regard hébété vers une Isaure miniature sautillante qui essayait de l'entraîner vers les jardins. 

— ...lui avez fait peur ! Elle a même cru que vous ne viendriez pas ! Dites, vous pouvez encore me raconter une histoire ? S'il vous plaît, s'il vous plaît s'il vous plaît. Isaure, elle a dit que vous accepteriez. C'est d'accord, pas vrai ? C'est d'accord ? C'est d'accord ? Oh, et puis vous êtes en retard ! Père dit que la ponctualité, c'est important ! C'est toujours ce qu'il dit quand il ne veut qu'on le laisse tranquille. Mais dépêchez-vous !

— Euh… Bonjour mademoiselle Joséphine.

— Arrêtez d'avoir l'air pas content ! le réprimanda l'enfant en manquant de lui arracher le bras. Isaure elle est triste après, quand vous n'avez pas l'air content !

— Joséphine, laisse le tranquille ! s'offusqua-t-on alors. 

— Et mon histoire !

— Moi aussi, j'aurais voulu écouter... commenta Marie.

— N'en rajoute pas, je t'en prie ! Ne pouvez-vous pas nous laisser un moment ?

— Mais c'est pas juste que ce soit toujours toi qui lui parle en premier juste parce que c'est ton amoureux !

— Eh bien la vie n'est pas juste, voilà
, trancha Isaure. 

Démétrius serra les dents. Pourquoi fallait-il qu'il ait à l'en convaincre ? Il regarda les deux cadettes s'éloigner. Y avait-il une bonne manière d'annoncer cela ? 

Isaure se tourna vers lui, inquiète de ne pas le trouver dans son état normal. Il semblait beaucoup trop… sérieux. Même pour lui. Et en général, quand ses sœurs se montraient envahissantes - elle les adorait, mais tout de même, c'était affreusement gênant - il plaisantait pour la rassurer. Et il souriait, aussi, quand il la voyait. Pourquoi ne souriait-il pas ?

— Quelque chose ne va pas, mon beau chevalier ? interrogea-t-elle en prenant ses mains. 

— Il faut que je te parle, répondit-il en l'entraînant dans une direction où il savait trouver un banc. 

Il attendit qu'elle soit assise. 

— Bien… Écoute, Isaure, je… je suis sincèrement désolé de ce que je vais te dire, mais… il se trouve que je suis déjà engagé et que nous...

— Non… protesta-t-elle d'une voix fébrile qui lui déchira le coeur. 

— J'ai encore du mal à y croire, mais pourtant c'est bien vrai et… au plus vite on l'acceptera, au moins douloureux ce sera, répondit-il en sachant fort bien que ce n'était pas ce qu'elle voulait entendre. 

Ce n'était pas non plus ce qu'il aurait voulu lui dire. Mais s'il ne le faisait pas tout de suite, quand en trouverait-il le courage ?

— Il doit bien y avoir un moyen de… Ils ne peuvent pas, ils n'ont pas le droit… Tu ne peux pas laisser tomber comme ça…

— Mon père...

— Alors c'est ton père que tu aimes, pas moi ?! accusa-t-elle avec un orgueil qu'il ne lui connaissait pas, une aigreur qui n'était que le reflet d'une grande souffrance.

— C'est mon père, Isaure. Je t'en prie, ne dis pas de bêtises.

Il planta ses yeux dans les siens, déjà larmoyants. Si elle pensait que pour lui c'était facile ! Mais elle s'y ferait. Bien sûr, elle s'y ferait, tout comme lui, Dieu apaiserait sa douleur, le temps guérirait ses blessures. Il était désolé mais non, il n'y avait rien à faire sinon s'efforcer d'accepter la situation. 

— Non… ce n'est pas juste… ce n'est pas juste… Il… Non…

— Écoute… Ça ne me plaît pas plus qu'à toi, dit-il alors qu'elle s'écroulait dans ses bras. Mais c'est comme ça. Je suis désolé.

Il l'étreignit. C'était sans doute la dernière fois qu'il s'en trouvait si proche. La dernière fois, et il fallait qu'elle soit en pleurs à cause de lui. Que ses sanglots accroissent à mesure qu'elle se raisonnait : non, ce n'était pas possible. Quoi qu'elle en dise, elle aurait fait pareil à sa place et c'était sans doute en cela qu'ils se comprenaient le mieux. Elle savait que le devoir primait, et que cela n'engageait en rien la sincérité des sentiments qu'il lui portait. Elle savait aussi qu'il ne servait à rien de lutter contre l'inéluctable. Répéter que c'était injuste - affirmation sur laquelle il n'aurait su se prononcer - n'y changerait rien, quoi qu'il comprenne que ce soit tentant. Il pressa ses lèvres sur son front. 

— Je suis désolé, Isaure. Mais…

— Ne me dis pas que cela ira mieux plus tard, ni que je m'en remettrai, le coupa-t-elle. 

— Tu t'en remettra, confirma-t-il. Aies foi, et cela passera. Il le faut. Je t'en supplie, crois-moi, ce sera difficile mais… mais bientôt, ce ne sera plus douloureux.

Il ne pouvait pas croire qu'une si belle personne, si douce, si bienveillante, puisse continuer à souffrir. Il ne pouvait pas croire que faire son devoir cause une souffrance éternelle. Non, il y aurait bien un moment où l'un comme l'autre dépasserait cela. Bien sûr, il ne trouverait jamais de femme comparable, bien sûr, sa promise, qui qu'elle soit, ne vaudrait jamais son Isaure mais… mais s'il renonçait, cela n'irait jamais. Et elle… oh, elle était parfaite et son père était un homme de bien : il était évident qu'elle trouverait un mari tout ce qu'il y avait de convenable, et ce même si ce n'était pas le rêve qu'ils avaient formé… d'une manière où d'une autre, ils apprendraient à vivre avec ce qu'il leur restait, en sachant que l'autre aussi avait trouvé la paix. Ce serait difficile, mais cela viendrait. Il fallait y croire même si cela semblait impossible. Le seul problème était qu'il était impératif qu'ils affrontent cela séparément : ils n'y parviendraient jamais s'ils se rappelaient sans cesse leurs sentiments et leur raison d'être. 

— Il… y a encore une chose : cela semble évident, mais je pense qu'il vaut mieux que nous évitions de nous voir, au moins le temps de nous faire à l'idée. Et de s'y appliquer au plus tôt.

Au plus ils attendaient, au moins ils en auraient le courage. Cela pouvait paraître un peu abrupt, mais c'était le mieux pour eux deux - il y avait pensé toute la nuit et toute la matinée aussi. Tout ce qu'il voulait, c'était qu'elle en souffre le moins possible, comme il ne pouvait pas l'épargner complètement. S'il avait su plus tôt… il n'aurait jamais rien fait qui puisse mener à cette situation. Mais elle était forte, elle l'oublierait. 

— Dans ce cas je ne vous retiens pas, Démétrius d'Aussevielle, déclara-t-elle avec le peu de force que l'accablement lui laissait. 

Elle resta quelques instants encore dans se bras, immobile, si bien qu'il ne sut trop à quoi s'en tenir. Elle se dégagea soudain : 

— Je vous ai demandé de partir ! rappela-t-elle. Puisque c'est tellement plus facile.

Il hésita encore. Il ne voulait pas la laisser comme ça. N'était-ce pas… fuir ? Non, bien sûr que non, ce qu'il venait d'affirmer ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas rester encore un peu. Un heure, peut-être, pour essayer de… il ne savait pas, d'assumer, de ne pas lâchement tourner les talons, d'attendre qu'elle encaisse le choc… 

— Isaure, je... 

— Allez-vous-en ! insista-t-elle. Allez-vous-en tout de suite ou bien…

Sa voix mourut dans sa gorge. Une prière plutôt qu'un ordre : c'était tout de suite ou elle n'y arriverait pas - elle s'apprêtait sûrement à dire qu'elle le ferait raccompagner, mais c'était bien ça qu'elle pensait tout au fond d'elle. Lui-même n'était-il pas seulement en train d'essayer de retarder ce moment, finalement ?

— D'accord. Je vais y aller, céda-t-il. 

Il se leva, peu assuré. Il comprenait. Au fond, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Si elle était prête tout de suite et tout de suite uniquement, il ne lui imposerait pas un faux soulagement qui mènerait inévitablement à une vraie et cruelle désillusion. 

Il n'osa pas la toucher. À peine la regarder - c'était une question de respect. 

— Je te demande pardon, s'excusa-t-il une dernière avant de s'éloigner. 

Parce qu'il savait qu'il lui avait fait du mal, quoi qu'il n'en ait jamais eu l'intention, mais remuer le couteau dans la plaie ne servait à rien. Ce fut pour la même raison qu'il s'interdit de prononcer ce "je t'aime" qui lui restait sur les lèvres. Il ne pouvait plus. Pas de faux espoirs. 

Il ne remarqua même pas Joséphine avant qu'elle ne se pende à son bras, réclamant son histoire, s'étonnant qu'il parte si vite, lui demandant où était Isaure. Comme elle le faisait vaciller, il se laissa tomber sur un genou et posa ses mains sur les épaules de la fillette. Ses sœurs, c'était bien la plus grande source de réconfort que son Isaure pouvait espérer ; elle ne serait pas seule.

— Ta grande sœur va avoir besoin de toi, petite princesse, lui répondit-il. Tu vas aller la serrer dans tes bras pour moi, tu peux faire cela ?

— Et mon histoire ?! protesta Joséphine.

— Pourquoi ne restez-vous pas avec elle si elle a tant besoin de soutien ? interrogea Marie, plus lucide. Vous ne l'aimez plus ? demanda-t-elle avec inquiétude. 

Si seulement ç'avait été si simple…

oOo


Quelques jours plus tard


La vie avait repris son cours comme elle le pouvait. Sans histoire pour Joséphine - de toute façon, la veille, Layla avait eu l'air de trouver qu'il les racontait mal. C'était qu'il n'avait plus goût à rien. Il faisait, il s'efforçait de ne pas se laisser aller - il ne pouvait pas décevoir son père, pas alors qu'il comptait sur lui pour assumer la situation - mais quels que soient ses efforts, il ne parvenait pas à faire tout à fait comme d'habitude et s'effondrait dès qu'il se retrouvait seul. 

Il ne pouvait s'empêcher de négocier avec le destin, tout catégorique soit-il. Il y avait quelque chose dans son esprit qui ne voulait pas admettre que ce soit définitivement fini. Il la voyait partout. Ce matin encore, il s'était surpris à penser que sa mère aimerait beaucoup Isaure. Et qu'Isaure aimerait également sa mère. C'était une évidence tant ces deux personnes étaient merveilleuses. Et quand il avait réalisé, il n'avait pas réussi à faire taire les mille "oui, mais si" qui s'étaient présentés. 

Il avait reçu une lettre le surlendemain de sa visite. Il en avait deviné le contenu avant même de l'ouvrir : elle s'excusait de sa réaction, elle n'avait pas voulu compliquer les choses, elle savait qu'il n'avait pas le choix… et elle l'aimerait toujours même si son père les avait séparés. Son père… aurait-il osé l'avouer : pendant un temps indéterminé, le regard perdu devant cette phrase, il lui en avait voulu. Cruellement. Il savait bien, pourtant, qu'il ne faisait qu'au mieux et qu'il n'avait pas le droit de le lui reprocher mais… mais c'avait été plus fort que lui et sur cet intervalle, il aurait pu reprocher son malheur au monde entier. Dire que l'essentiel de cette lettre servait à lui assurer qu'elle comprenait la situation et ne lui en voulait pas… 

Il n'avait toujours pas répondu. Parce qu'il avait beaucoup trop envie de le faire pour que ce soit une bonne idée : une lettre, ce n'était pas grave, puis une deuxième non plus, oui trois, cinq, dix, et ils ressombraient. Peut-être était-ce lâche, mais il ne pensait pas savoir poser ses limites s'il recommençait. Parce qu'elle lui manquait. Parce que tout semblait étrangement terne. Parce qu'il ne cessait de se laisser contaminer par des raisonnements plus pernicieux les uns que les autres, et qu'il employait l'essentiel de ses forces à garder la face. 

En réalité, il aurait voulu être chez lui, à Aussevielle, mais quand il y pensait vraiment, ce n'était pas si beau, sans elle. Il avait peur de savoir comment étaient désormais les collines que le feu avait ravagées l'an dernier. Peur de trop comparer. Aussi loin soit-il, il penserait quand même à elle et il devait lutter pour continuer à croire que cela passerait. Cela ne faisait que quelques jours - quoi qu'ils aient semblé atrocement longs -, il s'y ferait. Le temps. La confiance. Il le fallait. Souvent, quand il ne priait pas, il raccrochait ses pensées au solide olivier qui trônait dans la cour, là-bas. Penser à quelque chose d'agréable, à quelque chose de facile, éviter les questions gratuitement douloureuses.
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Message par Coldris de Fromart Lun 15 Nov - 17:00



Coldris de Fromart, 36 ans & Virgil d'Aussevielle, 40 ans

16 avril 1581,

Virgil devait arriver d’une minute à l’autre à Fromart. Il venait rendre visite à Alduis bien sûr, mais également s’entretenir avec lui d’une affaire pressante qu’il n’avait pas daigné préciser dans son billet ce qui excluait d’office un certain nombre d’hypothèses. En attendant, il en profitait pour annoter quelques directives à destination de la désormais colonies d’Hô-Yô qui n’avait pas fait long feu sous la puissance de l’armée monbrinienne. Une première conquête qui en annonçait tant d’autres. Le Saint Empire Monbrinien prenait enfin forme. L’insignifiant royaume érigé en puissance tout comme l’insignifiant fils de baron désargenté élevé au rang de ministre. D’ailleurs, ce soir, il avait rendez-vous avec Sa Majesté pour « discuter » de la suite des évènements. Coldris savait déjà qu’il ne rentrerait pas ce soir.

Entre temps, il était descendu dans la bibliothèque où il avait pris – au hasard ou presque – le Satyricon pour faire râler Virgil. En fait, il ne parvenait toujours pas à savoir si c’était affreusement mauvais ou si cela tenait du génie. C’était sans doute pour cela qu’il le relisait une énième fois en attendant son ami.

— Vraiment Virgil, je ne comprendrais jamais ce livre… C’est ridicule, écoeurant et en même temps on ne peut pas lui retirer l’audace de publier une telle… chose…

Virgil grogna et s’installa sans attendre dans l’un des fauteuils.

— Et moi je ne comprendrais jamais pourquoi tu t’évertues à le relire si ce n’est pour t’en plaindre… Sans doute car il savait que c’était le genre d’ouvrages qui lui déplaisait au plus haut point. J’ai dû informer Démétrius, Coldris, entama-t-il sans attendre.

Il se redressa dans son fauteuil et posa le livre d’un geste lent. L’affaire était en effet sérieuse, et il oublia instantanément toute idée de plaisanterie. Ce mariage… Ils y songeaient depuis quelques années déjà, mais ce n’était que lorsque Coldris avait obtenu la charge de ministre des Affaires étrangères, qu’ils avaient pu s’entendre définitivement sur les termes de cette alliance. S’il était capital pour Coldris que sa fille fasse un bon mariage dans tous les sens du terme, l’un et l’autre avaient parfaitement conscience de la différence de rang qui les séparait. Or, les meilleurs comptes faisaient les meilleurs amis. Outre la dot colossale qu’il avait proposée, Virgil s’était vu recevoir des conditions avantageuses pour le marquisat dans les conquêtes à venir. D’une part, le grand port de Castalmar situé à l’ouest d’Aussevielle servirait de base militaire navale aux différentes conquêtes, d’autre part, le marquisat s’était vu recevoir les terres de la baronnie située entre les collines et le fleuve, en échange d’une surveillance accrue des postes-frontière jouxtant la frontière mornoïte ainsi que du relevé d’informations indispensables au bon fonctionnement de l’Empire.

— Nous savions que cela faisait partie des possibilités, reprit Coldris gravement.

Le marquis opina.

— Il a quitté Saint Eloi peu avant moi pour prendre ses dispositions. C’est un brave garçon. J’aurais sans doute dû l’avertir plus en amont. Cela lui aurait évité cette pénible situation, il ne le mérite tellement pas, Coldris. Et il avait toutes les raisons d’imaginer que cela pourrait se poursuivre, seulement…

— Le devoir passe avant tout, firent-ils en cœur avant que Coldris ne poursuive seul. Il n’a que quinze ans, Virgil, tu n’allais pas lui encombrer l’esprit avec cela dès lors que nous nous sommes mis d’accord. Ne t’en fais pas, il s’en remettra.

— Cela se voit que tu n’étais pas présent à la dernière réception. Tu aurais dû voir ce regard qu’il avait. C’est à se demander comment j’ai pu passer à côté tout ce temps. Parbleu, Coldris, je ne sais pas si tu te rends compte… Enfin souviens-toi… Imagine donc comme cela aurait pu tourner s’il avait été comme toi.

Virgil passa une main entre ses cheveux qu’il frotta légèrement.

— Qui est-ce ?
— Le petite Isaure de Céliante.

Il acquiesça. Il remettait parfaitement un visage dessus. Une demoiselle sans doute d’un parfait ennui et d’une piété atrocement pénible. Bérénice serait bien mieux et ce ne serait pas difficile. Il n'y penserait plus. Ce n'était pas une Aurélia.
— Je vois. Son père lui trouvera vite un autre parti. Ou elle ira dans un couvent, plaisanta-t-il
— Coldris!
— Si on ne peut plus faire d’humour chez soi, maintenant…
— En revanche, conformément à ce que nous avions décidé je ne lui ai pas dit à qui il était promis, reprit Virgil pour revenir sur le sujet principal.
— Oui, bien entendu, cela est préférable. Elle n’a que dix ans…

Ce qui faisait au bas mot, peut-être trois ou quatre ans avant qu’elle ne puisse se marier. Plus, il l’espérait. Non, il ne pourrait jamais la laisser partir si jeune, c’était absolument hors de propos. À ses seize ans. Quand elle aurait muri. Pas avant. D’autant plus qu’il y avait fort à parier que Démétrius partirait aussitôt pour Aussevielle. Sa petite princesse… Elle serait si loin de lui, ce petit rayon de soleil entre les murs froids de Fromart…

— Je le lui dirais si cela le torture réellement, je passerai chez toi d’ici quelques jours le voir. Nous verrons bien.
— Il y a autre chose dont je voulais t’entretenir, Coldris. Ou plutôt une faveur que je souhaiterais que tu me fasses au titre de notre longue coopération à tes méfaits immoraux : pourrais-tu… Enfin, Démétrius, il est en âge de… Et ce serait sans doute mieux que tu t’en charges. Parce que… je ne pourrais pas, c’est… Enfin c’est mon fils et tu seras bien meilleur que moi pour l’initier à cela.
— Inutile de te mettre dans des états pareils. Je l’emmènerai, fit-il dans un sourire en posant une main sur son épaule.

Et puis c’était le futur mari de sa fille. Il était hors de question qu’il arrive blanc comme neige à ses noces et se retrouve d’une affligeante maladresse avec sa fille. Non, non, non… Elle aurait besoin de pouvoir compter sur lui, car elle, ne pourrait pas s’exercer avant. Or, Coldris savait très précisément à quoi pouvait bien ressembler ce genre de situation pour une femme. Qui plus est, il pressentait bien évidemment le malaise momentané qui planerait. Enfin, ils se connaissaient tout de même depuis que Bérénice avait quatre ans, ce n’était pas rien…

21 avril 1581,

Coldris était venu comme promis discuter quelque peu avec Virgil autour d’un verre. D’affaires sérieuses comme de sujets bien plus légers. Son ami lui avait soumis un pari assez osé : celui de se tenir quinze jours à carreau. Rien que pour lui donner tort, il était capable de s’y tenir. En revanche, il déclinait toute responsabilité d’un éventuel rattrapage de temps envolé une fois le délai écoulé, mais voir Virgil chanter sur la table du Lupanar valait bien cet effort. La négociation avait duré une bonne demi-heure, peut-être plus, avant que les deux amis ne se mettent d’accord sur ce qu’il y aurait à gagner ou à perdre pour chacun d’entre eux…

Il fut ensuite temps de passer un peu de temps avec son filleul. Aux dires de Virgil, cela n’allait pas fort, quoi qu’il s’efforce de ne rien laisser paraitre. Et si tout un chacun se serait aisément laissé berner, ceux qui le connaissaient aussi bien que son propre père ne pouvaient que ressentir la peine qui l’habitait toujours. Il n’était sans doute pas la personne la plus apte à le réconforter, mais il ferait de son mieux. Il éviterait de lui dire qu’il pouvait se consoler de la savoir toujours en vie contrairement à d’autres. Il éviterait aussi de lui dire qu’une douzaine d’années n’avait rien effacé à sa douleur et qu’il n’avait pu qu’endiguer l’hémorragie due à l’amputation de son corps. Il éviterait de lui dire qu’il n’y avait que l’opium pour réduire au silence les douleurs fantômes qui pulsaient toujours à la nuit tombée dans sa poitrine. Il éviterait aussi de lui dire qu’il n’avait jamais retrouvé la moindre joie à vivre depuis qu’elle était partie. Il éviterait également d’avouer qu’il songeait régulièrement à son fils disparu et qu’il était incapable de mettre les pieds à Lodmé. Il éviterait également de lui dire que ses nuits étaient toujours hantées de sa présence et qu’il lui arrivait parfois encore de toucher son oreiller froid au petit matin.

Virgil lui avait indiqué que son fils se trouver dans ses appartements, au moins n’aurait-il pas à mettre les pieds à la chapelle pour lui parler comme la dernière fois. Oh certes, il aurait pu le faire déplacer dans un salon, mais en règle générale il préférait venir à lui quand bien même il devait subir le regard profondément atterré de la Sainte Vierge sur sa personne. Il frappa à sa porte.

— Démétrius ? Puis-je entrer ?

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Message par Démétrius d'Aussevielle Mar 16 Nov - 11:04


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

Seigneur, pourquoi une telle épreuve ? Pourquoi lui montrer un amour si doux et lumineux pour déjà le lui reprendre et qu'il doive la blesser ? Pourquoi cela demeurait-il si dur même s'il savait qu'il n'y avait aucune alternative ? Il entendait encore la détresse dans sa voix… et pourquoi ne cessait-il toujours pas de penser à une prochaine visite où il la verrait mieux quand il savait bien qu'il ne pouvait pas se le permettre ? 

Il n'avait plus osé approcher son cheval depuis qu'il était revenu de chez elle. C'eut été trop tentant d'aller la retrouver et de s'inventer un monde dans lequel ils n'auraient pas à se séparer. Un jour, ils sauraient dépasser cela. Il fallait y croire. C'était dur, mais il fallait y croire. 

Ce furent les coups à sa porte qui firent éclater un énième univers parallèle. Il effaça les quelques larmes qui lui avaient échappé - pleurer était un risque trop grande journée avec quelqu'un comme Layla dans les parages, mais ses yeux le trahissaient quand même par moment - referma le dialogue qu'il n'essayait même plus de lire et se leva de son siège en répondant : « Oui, je vous en prie » de la voix la plus assurée qu'il pouvait trouver. 

— Vous vouliez me voir ?

Non : il venait frapper à sa porte parce qu'il se languissait de son mobilier. Question très pertinente, félicitations ! Un futur officier bien perspicace pour l'armée monbrinienne, il n'y avait pas à douter.
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Message par Coldris de Fromart Mar 16 Nov - 14:21



Coldris de Fromart, 36 ans

Coldris se trouvait devant la porte de ses appartements, à frapper. Sans bien savoir comment il allait aborder la suite. Il avait une idée plutôt bien définie de ce qu’il convenait d’éviter dans ce genre de cas, ce qu’il devait faire en revanche, il n’en savait trop rien. Il chercha dans ce que Virgil avait pu lui dire autrefois, mais cela ne semblait pas s’appliquer et surtout cela ne sonnerait jamais pareil dans sa bouche de dépravée. Il prit une profonde inspiration et enclancha la poignée à son autorisation. Après tout, il était pour moitié responsable de son état, alors c’était la moindre des choses que de prendre ses propres responsabilités.

Il hocha distraitement la tête à sa question rhétorique avant de prendre place sur un siège disponible à côté du sien. Il n’avait aucune idée de comment aborder la chose, mais son ami avait raison : il avait une sale mine.

— Comment te sens-tu ? demanda-t-il en évitant de lui demander si cela allait puisque de toute évidence ce n’était pas le cas.

— Désires-tu en parler ? enchaina-t-il sans lui préciser qu’il était au courant, cela aurait été le prendre pour un idiot. Je sais bien que je n’ai pas l’air d’être la personne la plus apte à comprendre ta peine, mais enfin… si tu veux… tu sais que je ne te jugerai pas.

Et de toute façon il était proprement impossible qu’il fasse pire que ce qu’il avait pu faire subir à Virgil, alors franchement, il pouvait tout dire ou faire. D’autant plus que rien ne sortirait jamais de cette pièce.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Ven 19 Nov - 10:37


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

Démétrius regarda son parrain - qui était effectivement là pour lui et non pour le mobilier - entrer dans sa chambre. Il se rassit en même temps que lui. Comment se sentait-il ? Comment était-il censé répondre à une telle question sans mentir ? 

— Assez bien, je crois.

Assez bien pour que personne n'ait besoin de s'inquiéter de la situation. Non, vraiment. C'était difficile, mais il s'en remettrait. Il le fallait. Et elle aussi. Elle… En parler ? À vrai dire… À vrai dire il ne savait pas. Il ne savait plus. En revanche, ce qu'il savait, c'était que son parrain avait eu ses propres épreuves, telles qu'il l'avait vu dans des états dans lesquels il ne se serait jamais lui-même permis d'apparaître, et qui pourtant n'enlevaient rien à l'estime qu'il lui portait. Démétrius ne savait plus ce qu'il en était, peut-être ne l'avait-il jamais su, mais il savait quelle place toute particulière son parrain avait conservée dans ses prières depuis. Alors quelque part, même s'il ignorait ce dont il s'agissait, il ne considérait pas que Coldris soit moins bien placé que n'importe qui d'autre. 

— Il n'y a pas grand chose à dire, je crois… Je… ne voudrais pas que mon père pense que...

Pense quoi que ce soit qui puisse lui être désagréable. D'autant que la situation resterait ce qu'elle était qu'il fasse culpabiliser la terre entière ou non. Elle resterait la même s'il se laissait aller à sa mélancolie, mais il perdrait ce qu'il avait vu dans le regard de son père et ça… Cela, non, il ne pouvait pas.
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Message par Coldris de Fromart Ven 19 Nov - 13:33



Coldris de Fromart, 36 ans

Assez bien ? Oui sans doute s’il considérait qu’être plus vivant que mort suffisait à aller assez bien. Il devait sans doute oublier que les yeux rougis et les cernes ne disparaissaient pas à coups de prières, pas plus en réalité sans doute que les blessures du cœur. Toutefois ce « assez bien » suffisait à le rassurer quant à la gravité de la chose. Parce qu’on ne pouvait se sentir ainsi lorsque l’on était complètement amputé et qu’il ne restait qu’un trou béant. Et en même temps, ce « assez bien » pour celui qui n’opposait jamais la moindre difficulté signifiait déjà beaucoup trop.

Il n’avait jamais été particulièrement doué pour ce genre de chose contrairement à Virgil, mais il pouvait tout de même déceler une appréhension mêlée d’un mal être bien réel dans ses paroles vacillantes comme une flamme dans un courant d’air. Quoi qu’il tente de laisser paraitre, ce n’était pas là l’assurance qu’il lui connaissait.

— De quoi as-tu peur, Démétrius ? De décevoir ton père ? Tu as déjà fait ce qu’il attendait de toi. Qu’il pense que tu es faible ? Tous les hommes possèdent des faiblesses et pas même ton propre père n’en est exempté. Bon il n’avait pas d’exemple sous la main, parce qu’à côté de lui, il était la perfection incarnée, toutefois en cherchant il trouverait, c’était certain…

Pourquoi tu ne lui dis pas que l’amour rend faible, hein ?
Tu as eu le temps de découvrir que j’avais raison, petit morveux arrogant.

— C’est...reprit-il avec hésitation en tentant de faire abstraction de ce qu’il entendait, de toute façon ton père n’a pas besoin de savoir ce que tu me diras, tu sais bien que je ne lui en toucherais jamais un mot.

Et… Que voulait-il dire d’autre déjà ? Que lui disait Virgil dans ce genre de moment où il se renfermait sur lui comme une huitre pour avoir l’air d’une forteresse au lieu d’un château de paille ?

— Ce sera moins lourd à porter si tu le partages. Oh si je le pouvais, je prendrais volontiers tout ton fardeau, car ce serait toujours moins pesant que ses propres traumatismes et qu’il n’était plus à un de plus, malheureusement, je crains que cela ne puisse fonctionner ainsi, mais peut-être trouveras-tu un éclairage différent, ou… je ne sais quoi… Prendre du recul est parfois bénéfique.

Et sans doute valait-il mieux arrêter le massacre avant de s’embourber définitivement dans un exercice pour lequel il n’avait aucune facilité. Sans parler du fait qu’il ne comptait pas le forcer non plus. La décision lui appartenait.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Dim 21 Nov - 16:23


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

Démétrius hésitait. Oui, il avait peur de décevoir son père. Peut-être avait-il déjà fait ce qu'il souhaitait qu'il fasse - et sur quoi mettre des mots était atrocement douloureux - mais il pouvait encore se rater. Rester sur ses positions était beaucoup plus difficile qu'il l'avait d'abord cru. Et si son père était bien humain et soumis à l'erreur, il n'en était pas moins un homme exceptionnel dont il ne serait jamais assez digne d'être le fils. 

Mais son père ne saurait rien. Mais tout de même, ce n'était pas aisé d'expliquer. C'était… moins lourd quand on le partageait, il le pensait quand il s'agissait de quelqu'un d'autre, mais lui… c'était toujours plus difficile. Pourtant, il s'en sentait quelque part le besoin d'en parler - et son confesseur n'aurait pas fait l'affaire - et il était touché par l'effort de son parrain. Quant à prendre du recul… c'était ce qu'il s'efforçait désespérément de faire.

— Je… mon père croit que j'ai fait ce qu'il me demandait… Et… Et quelque c'est vrai : j'y suis allé, j'ai… J'ai mis un terme à tout cela mais… mais je… je n'y arrive pas. Je n'arrête pas de vouloir y retourner. Juste pour… je sais que cela ne fera que rendre la situation plus compliquée mais tout est allé si vite. Je… j'ai pris mes responsabilités mais… mais... Je ne ferais jamais rien pour contrarier le projet de mon père, mais...
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Message par Coldris de Fromart Mer 24 Nov - 21:51



Coldris de Fromart, 36 ans

Le pire en cet instant était incontestablement de feindre une habileté parfaite alors qu’il avait l’impression de cheminer les yeux bandés au bord d’un précipice. Certes, il était rompu à jouer la comédie, mais cela n’avait rien à voir… D’ordinaire, il n’avait qu’à analyser froidement et avec détachement les évènements pour adopter la meilleure stratégie possible. Là… il devait tenter d’utiliser ses sentiments et c’était quelque chose d’à la fois fort compliqué et fort désagréable. Dangereux également. Comme un miroir qui s’ouvrait sur une boite de Pandore déchainée.

C’était bien pour son filleul qu’il faisait cet effort. Outre qu’il était le fils de son meilleur ami, Coldris l’appréciait trop sincèrement pour ne pas faire l’effort de mettre ses propres terreurs et maladresses de côté pour essayer de le consoler de la perte de son amour – ce qui était somme toute d’une certaine ironie lorsque l’on s’appelait Coldris de Fromart –.

L’hésitation de Démétrius n’arrangeait rien, mais il était hors de question de renâcler ou de fuir. Il prit donc sur lui pour l’encourager du regard tout en enfermement le plus profondément possible tous ses fantômes. C’était typiquement dans ce genre de moment de profonde incapacité qu’il se sentait si peu digne de la charge qu’il avait acceptée, mais se morfondre n’avait jamais fait changer les choses.

C’était tout de même la grande différence entre lui et son futur genre : Démétrius « pensait à » quand lui, eh bien, lui préférait « faire quand même ». Qu’était-il censé lui conseiller ? S’il n’avait pas été le fils de son si droit meilleur ami ni le futur mari de sa fille, il lui aurait conseillé de l’épouser contre vents et marées si c’était vraiment elle qu’il aimait. Seulement… seulement ce n’était pas ce que l’on attendait de lui et cette suggestion était parfaitement hors de propos. Alors quoi ? Cela faisait dix ans mais… il était effrayé à l’idée d’effleurer ses souvenirs et de faire remonter ces sensations qu’il n’éprouverait plus jamais. Il avait si peur de sombrer d’un coup et de se faire engloutir… Or, il ne pouvait pas se le permettre devant Démétrius. Il en avait les tripes nouées de résister à son fantôme dont il sentait la présence hanter son esprit… La seule chose qu’il avait envie de lui répondre, là tout de suite, c’était que si l’on était réellement amoureux le manque de sa présence ne se comblerait jamais. Mais cela aussi c’était exclu n’est-ce pas ? Pourtant ce n'était que la vérité et il avait juste l’impression qu’on étirait le trou béant à la place de son cœur pour l’agrandir un peu plus encore. Non. Non. Non. Il ne pouvait pas se laisser happer. Rester concentrer. Lui répondre. Qu’aurait dit Virgil ? Il se pencha pour poser une main sur son genou.

— Tu n’as rien à te reprocher, Démétrius. C’est parfaitement normal de penser à elle, cela ne fait que quelques jours.

Non, il n’irait pas lui conseiller de prier. Ça sonnerait effroyable dans sa bouche et en plus il le faisait déjà suffisamment bien sans conseil de sa part. Alors…

— Mais ? Mais quoi ? À quoi penses-tu ? Tu ne vas pas l’épouser en secret n’est-ce pas ? il lui laissa le temps de réfuter cette idée grotesque puis reprit : alors tout ce qu’il te reste à faire c’est de regarder devant toi désormais au lieu de tourner la tête sur tes regrets. Le temps finira par chasser ta peine, ou pas du tout. Mais elle avait au moins le mérite d’être toujours en vie. Je sais que c’est difficile, mais si les choses sont ainsi faites que tu ne peux plus agir dessus, alors il faut savoir les laisser partir. Maxime qu’il devrait certainement tenter d’appliquer à sa propre personne, enfin passons. Au fond, c’est sans doute de l’avoir blessée, elle, qui te meurtrit le plus n’est-ce pas ? C’est cela qui te retient de passer à autre chose. Lui en aurais-tu voulu dans le cas inverse ?



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Message par Démétrius d'Aussevielle Jeu 25 Nov - 16:16


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

Cela ne faisait que quelques jours, Démétrius le savait - quoi que cela lui ait semblé tellement long qu'il en aurait presque douté. Seulement, il se le répétait déjà assez pour ne pas avoir besoin que quelqu'un le lui rappelle. Cela ne faisait que quelques jours, et par la bonté infinie de leur Seigneur, cela passerait bientôt. Cela semblait absolument impossible, mais il fallait y croire tout de même. S'en remettre entièrement à sa foi - et aux décisions de son père - était tout ce qu'il y avait à faire dans une telle situation. Ce n'était probablement pas ce que le parrain qu'il connaissait appuierait, mais c'était pourtant bien le cas - et il prierait pour lui également.

Il fronça les sourcils à sa remarque sur le mariage secret. Son père ne craignait tout de même pas qu'il… Bien sûr que non. C'était profondément absurde et en agissant de la sorte, il nuirait à tout le monde, Isaure comprise. Seulement, par moment… céder et continuer à la fréquenter, en revanche… faire comme si cette annonce avait constitué un mauvais rêve, oublier les impossibles… Il avait beau savoir qu'à terme, il serait encore plus douloureux de se séparer, il ne pouvait s'empêcher de se dire "encore une fois, rien qu'une fois. Rien qu'un jour, une semaine, un mois, un an…" Quand s'arrêtait-on dès lors que l'on commençait à se laisser dépasser ? Rien qu'un regard, rien qu'un sourire, rien qu'une parole, rien qu'un baiser et… Et tout cela ne menait qu'à des impasses.

Le temps. Le temps et la foi, mais ce n'était pas à Coldris de Fromart qu'il faudrait demander cette précision pourtant essentielle. Oui, il savait tout cela. Il le savait tellement bien que c'avait été parmi ses premières idées, quand il ne comprenait pas encore tout ce que cela représentait. Quand il s'imaginait encore qu'il suffisait d'acquiescer, et qu'après… Il ne savait quel genre de miracle il avait espéré, mais l'idée ne voulait décidément pas intégrer son esprit.

Il savait, il savait… Eh bien lui aussi et il aurait préféré l'ignorer, voilà. Que faisait-il sinon essayer de dépasser cela. Pourquoi le pousser à parler si c'était pour lui donner des leçons dès qu'il prononçait un mot. Toutes ces belles résolutions, il savait les prendre tout seul. Il l'avait déjà fait, alors pourquoi lui demander de s'expliquer si c'était pour le remballer en affirmant que cela ne servait à rien ! Cela ne servait à rien, il se débrouillait mieux seul.

Il l’avait blessée. Bien sûr, c’était le pire dans cette affaire. Il aurait pu dire combien il avait mal de l’avoir vue ainsi. Combien ce qu’elle avait dit avait pu le troubler. Elle avait été si différente d’elle-même. Il… Par moment, il se demandait s’il ne s’était pas conduit comme le dernier des salauds… alors que tout ce qu’il voulait, c’était limiter les dégats, pour elle au moins autant que pour lui. Mais c’était fichtrement inutile d’en parler.

— Ne vous fatiguez pas : je lui ai déjà dit qu’elle s’en remettrait, fit-il amèrement. Sa gorge se noua. De peine, de colère, il ne savait même plus. Après tout, qu’est-ce qu’un cœur brisé dans une vie ? Elle ou n’importe qui d’autre, quelle importance, quand on y pense ? Quand bien même passerait-elle sa vie entière à en pleurnicher, je n’y serais pour rien : elle n’avait qu’à mettre plus de volonté à oublier. Pourquoi irais-je me soucier de son état puisque j’ai fait mon devoir ? Vous voyez : tout va pour le mieux, pourquoi cherchez-vous tous à prétendre le contraire ?

De toute façon, c’était bien là qu’on voulait en venir : il suffisait de passer outre. Eh bien voilà. Pas besoin de le lui dire, il pouvait même le déduire tout seul.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 25 Nov - 17:09



Coldris de Fromart, 36 ans

Il se demandait bien pourquoi il était monté ici. Pour faire plaisir à Virgil ? Pour s’acquitter de son devoir ?  C’était bien joli tout de même quand on était incapable de réconforter qui que ce soit et certainement pas d’une blessure du cœur quand on en avait soi-même plus depuis des années. Il pouvait bien toutes les baiser à longueur de soirée, aucune ne la remplacerait jamais. Il lui aurait bien dit qu’il pouvait bien s’estimer heureux de lui avoir fait ses adieux, parce que lui n’avait plus que quelques mots griffonnés dans un livre.

Qu’était-il censé lui dire quand il devait déjà combattre ses propres fantômes et qu’il était absolument ridicule dans ce rôle ? Il aurait mieux fait de retourner au palais s’acquitter de ses dossiers qui ne demandaient pas le moindre état d’âme, bien au contraire. Qu’y pouvait-il s’il était si mauvais dans ce genre de situation qui le dépassait ? Un cœur brisé ça se réparait. Un cœur pulvérisé ça se dispersait dans la houle du détroit de Lodmé. S’il l'aimait tant que cela, il aurait fait ce qu’il fallait. Lui aurait tout quitté jusqu’à sa carrière qu’il chérissait plus encore que sa propre famille. Il aurait tout sacrifié. Tout. Tout. Tout. Sans exception. Parce que rien n’était plus douloureux et insipide que de supporter son absence et la vision de cette putain de trainée qui l’avait assassinée. Désormais, il en était enfin libéré, mais rien ne la ramènerait, elle.

À quoi bon chercher à imiter Virgil ? Il n’en serait jamais capable de toute façon. Il n’y avait qu’à voir le résultat. C’en était bien la preuve irréfutable. Qu’était-il censé répondre à ça ? Il avait sincèrement envie de l’aider, mais comme il le disait si souvent, la bonne volonté n’était rien en ce monde, seul le résultat comptait. Or, c’était tout vu et il n’avait pas la moindre idée de comment inverser la tendance. La seule chose qu’il voyait c’était que quoi qu’il en dise, il avait vraiment de parler sans filtres.

— Bien évidemment que tout va pour le mieux, répéta-t-il sarcastique. Tu t’es écouté parler un peu ? Ou tu me prends pour un idiot fini ?

Il le fixa avec provocation, s’il voulait jouer au plus insolent, il voulait bien poursuivre encore un moment dans cette direction. Ce n’était pas lui qui s’en offusquerait. Et puis on n'avait pas tous les jours l’occasion de faire sortir de ses gonds le fils de Virgil. Le gros avantage d’un parrain c’est qu’il n’avait pas à assumer l’éducation ni les responsabilités qui en découlaient.

— Regarde-moi dans les yeux et ose me dire que tout va bien sans aller te confesser dans la minute, reprit-il en se penchant lentement.

— Alors maintenant si tu veux bien, vomis-moi tout ce que tu as sur le cœur. Ta colère, ta tristesse, ta rancœur, tes regrets et que sais-je encore. Maudis moi-même, si ça te chante, mais vomis-moi ça une bonne fois toute, parce qu’à tout ressasser tu finiras juste par te blesser continuellement et rouvrir tes plaies.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Jeu 25 Nov - 19:10


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

Oui, tout allait bien, idéalement bien. Exactement. De toute façon, c’était ce dont il essayait de le convaincre, non ? Il avait gagné. En réalité, il avait même gagné avant d’entrer dans cette chambre. C’était bon, il ne le retenait pas. Il se crispa d’autant plus à sa provocation. 

— Tout va parfaitement bien, mentit-il effrontément.

Mais son parrain refusa de le croire. Eh bien c’était peut-être faux mais c’était tout ce qu’ils avaient besoin de savoir. Il n’y avait rien à vomir, même rien à dire… Il attrapa une poignée de ses cheveux. Pourquoi ne le laissait-on pas tranquille ?

— Et si c’est que qui m’arrange ?! De toute façon il n’y a rien à dire, rien ! Rien ! Et encore rien ! Vous ne pensez pas que c’est assez difficile sans en rajouter ?! Vous n’avez aucune idée de ce que c’est : elle est là, juste là, il me suffirait de quelques minutes pour arriver chez elle. Quelques minutes pour la serrer dans mes bras, lui dire que tout est fini et prétendre qu’il y a une solution à trouver. Pour en chercher quand je sais très bien qu’il n’y en a aucune, mais chercher quand même parce que l’idée qu’il n’y en ait pas a de quoi rendre fou. De… De devoir m’astreindre à la seule solution sensée, pour son bien autant que le mien, quand j’ai seulement envie de faire exactement le contraire. Quand je sais que toutes les autres finiraient par nous détruire. Par la détruire. De devoir choisir entre lui laisser une chance de dépasser tout cela et… et la garder pour moi, parce que… Parce que tout est mort quand je l’imagine sans elle… Et… Et qu’en réalité, mon père pourra en être aussi fier qu’il voudra, cela ne changera rien, parce qu’elle ne sera pas là. Aussevielle ? Juste de l’eau et des collines brûlées qu’elle ne verra pas. L’armée ? Elle ne sera pas là quand je reviendrai. Mon père ? mon père... 

Il secoua désespérément la tête. Si son père le voyait se comporter de la sorte. C'était absolument ridicule. Il se redressa, chassant les quelques larmes qu'il n'avait pas su retenir. Depuis quand agissait-il ainsi ? Il était plus que temps de se ressaisir.

— Je vous demande pardon, je ne sais pas ce qui m'a pris, je n'aurais pas dû vous parler sur ce ton. Je sais que vous essayez de m'aider, mais je vais bien, je vous assure. Je... suis désolé, cela ne se reproduira plus.

Non, cela ne se reproduirait plus. Il ne pouvait peut-être rien changer à ce qui arrivait, mais il était hors de question qu'il se trahisse davantage.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 25 Nov - 22:10



Coldris de Fromart, 36 ans

Avait-on jamais vu Démétrius si insolent ? À vrai dire pas de mémoire d’homme, il en était persuadé. Quelque part c’était étonnant, il fallait l’admettre. Peut-être aurait-il dû s’en offusquer, mais en réalité cela lui passait largement au-dessus de la tête. En grande partie car il le savait dans un état bien loin de sa normalité habituelle. Preuve en était de son mensonge effronté auquel il répondit sur le même air :

— Oui bien sûr et moi je vais  à la messe tous les dimanches, je ne t’ai pas dit ?

Non vraiment à ce jeu, il pouvait jouer des heures. Son père aurait pu en témoigner si on lui avait demandé d’arbitrer. Oh bien sûr il aurait misé sur son fils, mais Coldris ne l’aurait pas laissé gagner simplement car il était son filleul. Il aimait bien trop cela pour accepter de se laisser perdre à l’un de ces jeux favoris.

De toute façon il ne tarda pas à vomir une première partie de ce qui trainait sur son cœur. En réalité, il avait une idée assez précise de ce que c’était. Mais dans sa propre vie, il avait fait des choix tout autres lorsque la question s’était finalement posée. Au fond, il avait choisi lui aussi, quoi qu’il en dise. Il aurait pu faire autrement. Coldris pouvait en témoigner de ces voies parallèles qui existaient lorsqu’on se donnait la peine de les chercher. Était-il responsable de sa mort ? Cette remarque qui ne lui était pas destinée le glaça un instant. Il s’était souvent posé la question : aurait-il dû abandonner pour qu’elle vive ? Peut-être. Ou peut-être pas. Qui pouvait savoir en réalité. Tout ce à quoi il se raccrochait c’était à chacun de ces souvenirs qu’ils avaient bâti ensemble. De leur moment de tendresse et de joie à leur moment de tension. Il les chérissait tous sans exception. Et même lorsque l’amertume le gagnait, y songer faisait déferler une vague de douceur dans son âme qui une fois repartie laissait une trainée de désolation. Combien de fois n’avait-il pas espéré se perdre définitivement dans ses rêveries en abusant d’un peu d’opium pour le plonger dans cet état de légèreté ?

Il rata sans doute la fin de sa longue tirade car Démétrius s’excusait de son insolence que Coldris balaya d’un revers de la main.

— Allons ce n’est rien, va. J'ai fait pire de toute façon. Et ne t’en fais pas pour ton père, je n’en dirais rien je te l’ai dit. Parle comme tu en as envie, cela m’importe peu. Frappe-moi même, si cela peut te soulager.

Parce que lui adorer cela déverser toute son énergie tempétueuse là-dedans. Et pour cela, rien ne valait le calcio. Quelle plaie que les Monbriniens trouvent cela trop barbare ! Il aurait peut-être plus de chance à Zakros avec ce genre de loisirs…

— En tout cas, pour quelqu’un qui n’a rien à en dire, tu parles drôlement beaucoup, fit-il remarquer un brin amusé. Peut-être que tu aurais préféré la savoir morte ?

Oh s’il n’y avait que cela pour faire plaisir à son filleul, cela s’arrangerait très facilement. Et ce n’était pas une gamine sainte nitouche qui lui laisserait le moindre état d’âme. Après tout, un accident n’était-il pas si vite arrivé ? Et à défaut, il y avait toujours moins radical – quoique… question de goût – avec le couvent. Alors morte, non ?

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Message par Démétrius d'Aussevielle Jeu 25 Nov - 22:58


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

La messe, bien sûr, comme s'il y avait le moindre rapport. D'ailleurs, il n'y avait pas de quoi se vanter. Ni de quoi en rajouter encore, mais la barrière se rompit et Démétrius ne réalisa que trop tard qu'il n'avait pas su tenir sa langue. Trop tard qu'il s'était montré d'une impertinence exécrable. Il était sincère : cela n'avait pas à se reproduire. Même si son père ne devait pas l'apprendre. Et non : il ne frapperait personne. Ce n'était pas ainsi que l'on se reprenait. 

Oui, il parlait beaucoup, il l'avait remarqué tout seul. Cela non plus n'aurait plus besoin d'arriver. Au fond, il n'y avait qu'à Lui qu'il pouvait tout confier. Et il n'y avait que par Lui qu'il pourrait s'en sortir. 

— S'il lui était arrivé malheur… je… 

Il ne savait même pas. C'était une situation trop difficile à imaginer. Mais… Mais… Elle allait s'en remettre. Elle avait deux petites soeurs adorables et… Il prierait pour elle, de toutes ses forces.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 25 Nov - 23:47



Coldris de Fromart, 36 ans

De toute façon c’était peine perdue, il n’arriverait rien. Il aurait dû s’en convaincre dès le départ plutôt que d’essayer comme un âne. Il s’obstinait à ne vouloir rien dire alors que visiblement il en rêvait. Qu’aurait-il dû faire ? Lui dire que ce n’était pas grave ? Lui dire au contraire que c’était affreux ? Il ne pouvait pas. Ni l’un. Ni l’autre. Et il avait encore la prétention de s’être dit que peut-être éventuellement il pourrait l’aider. Stupide Coldris.

Tout de suite dès qu’on remettait les choses en perspective, ce n’était pas si terrible non ? De toute façon il ne pouvait rien faire pour lui.

Bon à rien!

Coldris serra les mâchoires avant de se relever.

Ah ça aboie, ça aboie mais ça n’est pas fichu de faire ce qu’on lui demande ! Ce n’est pourtant pas compliqué, non ?

Il avait l’impression que son crâne allait finir par exploser avec tout ce qu’il contenait. Il aurait pu dire tant de choses en cet instant, mais il n’y en eut qu’une seule qui fuita plus froidement qu’il ne l’aurait voulu d’entre ses lèvres.

— Alors estime-toi heureux car tous n’ont pas ta chance.

Et pour le reste, il avait fait ses choix. Il n’y avait personne à blâmer et s’il l’aimait tant que cela, s’il ne les assumait pas, alors il n’avait qu’à en faire d’autres.

Incapable !

Il ne pouvait pas imaginer à quel point il aurait préféré qu’elle soit en vie plutôt que réduite à l’état d’un immonde tas d’os informe rongé par les vers. Ah si elle avait été envie, il aurait tout sacrifié sans hésiter.

Si tu m’avais écouté une fois dans ta vie tu n’en serais pas là.

C’était dommage, au fond il aurait pu lui proposer de sortir, il en avait eu l’intention, mais il n’en avait plus envie. Tout ce qu’il savait c’est qu’il avait une fois de plus raison : il n’était pas fait pour assumer ce rôle. Et quoiqu’il fasse il n’y arriverait jamais. Ni avec lui. Ni avec personne d’autre. Il se dirigea lentement vers la porte avec l’affreuse sensation que l’on venait de verser du plomb en fusion dans tout son corps. Et ses mains… Et ses mains qui recommençaient à trembler sans qu’il ne puisse les contenir.

Nom d’un chien regarde-toi. Tu es si pathétique…

La main sur la poignée, il se rappela soudainement d’une chose qu’il devait lui dire. Oh ce n’était pas le moment, mais de toute façon puisqu’il avait désormais tout piétiné, il n’était plus à cela près. Qu’est-ce que ça pouvait bien changer après tout, hmm ? Il se tourna d’un quart de tour pour lui faire face.

— J’étais venu te parler d’autre chose également à l’origine. Ton père m’a demandé de t’initier. Tu n’auras qu’à me le faire savoir lorsque tu seras prêt. Nous en reparlerons plus tard.

Parce que tout ce qu’il voulait, c’était fuir. Rentrer chez lui, s’enfermer dans son bureau et descendre un verre de whisky à l’opium.  Tout ce qu’il voulait, c’était faire revenir le calme avant qu’il n’ait envie de s’arracher la tête une bonne fois pour toutes.

— Bonne journée, Démétrius.

Oui voilà c’est ça, cours donc te terrer comme le misérable rat que tu es !

Il rentra brièvement la tête entre  ses épaules dans un sursaut puis quitta les lieux à grandes enjambées. Incapable. Incapable. Qu’avait-il bien pu espérer ? Il serra les poings à s’en faire pénétrer ses ongles pourtant bien courts. Il n’aurait jamais dû lui confier cette tâche à laquelle il ne servait strictement à rien dans le meilleur des cas. Il dévala les marches de l'escalier circulaire puis passa en trombe devant le salon sous le regard médusé de Virgil qui tenta de le rattraper.

— Coldris, attend!
— Laisse-moi je rentre. C’était une mauvaise idée voilà tout, pourquoi tu ne vois pas que je n’y arriverai de toute façon jamais ?
— C’est juste que… entama-t-il en tendant la main que Coldris envoya valser aussitôt.
— Rien du tout ! Ca ne sert à rien du tout ! Fais-toi une raison et laisse-moi maintenant, je veux être seul.

Seul avec le capharnaüm de son esprit. Seul avec ses fantômes. Seul avec ses blessures qui ne disparaitraient jamais.


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Message par Démétrius d'Aussevielle Sam 27 Nov - 17:13


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

Démétrius fut soudain interrompu dans ses pensées par la réponse sèche de son parrain. Pas un mot sur le fait que c'était précisément ce qu'il s'efforçait de faire. Il… que… voilà pourquoi il aurait mieux fait de se taire. 

Il resta un instant hébété lorsque son parrain pris la fuite. Alors, il… c'était… lié ? Oui... Plus perturbé encore par sa précision qu'il ne parvenait pas à associer au contexte. Sans doute d'ailleurs parce que cela n'avait rien à voir. 

— A… At-tendez... 

Eh bien bravo ! Pour épargner ses difficultés aux autres, c'était fichu. Il se leva par réflexe pour essayer de le rattraper et s'immobilisa dans l'escalier en entendant la voix de son père. Il ne savait même pas comment il était censé expliquer cela. Il s'assura d'avoir les yeux secs avant de continuer son chemin. Si son père avait besoin de l'interroger il répondrait - et assurerait pour le reste - mais quoi qu'en soit, il avait affaire à la chapelle.
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Message par Coldris de Fromart Sam 27 Nov - 22:47





Virgil d'Aussevielle, 40 ans

Impuissant, Virgil suivit du regard la fuite éperdue de son ami dont il devinait à l’empressement de son pas qu’il n’était plus seul en cet instant. Il aurait voulu l’aider. Il avait voulu l’aider. Mais il le connaissait trop bien pour savoir que ce n’était pas le moment d’inciter. Comme un hérisson, il venait de se rouler en boule, érigeant tout autour de lui une forteresse impénétrable de piques acérées. Et ce n’était pas tout. Il le connaissait suffisamment également pour savoir que les pointes se dirigeaient tout autant vers l’extérieur que l’intérieur.

Il ignorait comment la situation avait pu dégénérer au point de lui faire perdre son sang-froid, mais il devinait en revanche avec une grande clairvoyance où était le problème. Sophie. Encore et toujours. Aurélia comme il disait. Dix ans n’avaient pas suffi à cicatriser son cœur meurtri. S’il ne rêvait plus de mourir – Dieu soit loué – il n’en demeurait pas moins qu’il subissait toujours régulièrement des accès de mélancolie qui le poussaient à abuser de l’opium dont il n’était jamais parvenu à se sevrer.

Peut-être aurait-il dû le mettre en garde ? Toutefois, il le songeait suffisamment grand pour réaliser les périls auxquels il s’exposait en tentant de parler à Démétrius de ses peines de cœur. Et puis surtout, il ne pouvait pas entraver cette volonté de nouer le dialogue et d’essayer coûte que coûte. C’était si dur avec Alduis, si compliqué qu’il ne pouvait que l’encourager à trouver la confiance nécessaire auprès de son fils si cela pouvait l’aider à avancer. Enfin… Le fait était que ce n’était pas franchement le bon moment en ce moment. Il était toujours planté là devant le salon, les yeux rivés vers la grande galerie où avait fui son ami. Se demandant ce qu’il aurait dû faire ou ne pas faire pour éviter la catastrophe lorsqu’il entendit quelques pas sur le dallage dans son dos. Instinctivement il se retourna pour découvrir Démétrius et lui sourire légèrement pour le rassurer tout en lui faisant signe d’approcher. À le voir marcher vers lui, il ne pouvait s’empêcher de faire le parallèle avec son ami et de se demander si lui surpasserait sa peine. C’était idiot. La situation n’avait rien à voir. Seulement la question était là et seul l’avenir lui offrirait sa réponse. Il déposa une main bienveillante sur son épaule.

— J’ignore ce qu’il s’est passé là-haut et cela ne me concerne pas. Je veux simplement que tu saches que tu n’as pas à t’en vouloir. C’est juste… C’est Coldris voilà tout. il quitta finalement du regard le couloir désert pour le reporter sur son fils : quoi que tu penses où imagine, ce n’est pas contre toi. C’est simplement… compliqué pour lui.

Et il ne pourrait en dire plus sur les raisons de la détresse de son meilleur ami. Ce secret lui appartenait dans son intégralité.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Lun 29 Nov - 16:48


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

8 mai 1581

Démétriuss commençait à s'interroger. Cela faisait plus de deux semaines que son parrain n'était pas venu le voir - il lui semblait d'ailleurs qu'il n'avait plus venu du tout… Son père avait beau lui avoir assuré qu'il n'avait pas à s'en vouloir, il ne savait précisément pas ce qu'il s'était passé. Bien sûr, il n'avait pas volontairement causé cette réaction, mais tout de même, il se demandait s'il n'aurait pas dû agir autrement. 

À vrai dire, il ne savait quelle position tranchée eut été préférable à ce compromis bancal. Quel silence ou quel mot il aurait fallu privilégié. Au plus il y avait pensé - c'était à dire dès qu'Isaure relâchait un peu sa prise sur son esprit - au plus il lui semblait indiscutable que cette dernière remarque était produit d'expérience. Plus il avait envie de le lier à ses souvenirs. Plus il… se disait qu'en effet, il n'y avait rien à dire sur son propre cas et qu'il aurait été plus raisonnable de maintenir que tout allait bien. C'était tout de même fou : soit on lui reprochait de se taire, soit on lui reprochait de se plaindre pour rien. 

Enfin, tout de même. En temps normal, il aurait remis ces deux semaines de silence sur un emploi du temps chargé, mais cette fois, la coïncidence semblait forte. Alors s'il ne pouvait rien faire pour ses vieilles blessures sinon prier, il n'en était pas moins essentiel de s'assurer qu'il n'y ait pas de problème entre eux. 

Comme son père ne s'y était pas opposé, il s'était décidé à aller le voir à Fromart. Un détour maladroit avait failli l'amener à l'hôtel des Céliante et Démétrius louait la présence d'esprit qui l'avait ramené sur la bonne route avant la catastrophe. Elle… Non, vraiment, il n'arrivait pas à s'y faire. À force de recevoir des lettres qui voulaient s'assurer qu'aucune rancune ne subsiste entre eux, il avait fini par répondre, mais la voir était impossible, il fallait se faire une raison. Elle allait bien, Marie et Joséphine étaient là pour la soutenir et lui… lui, espérait sincèrement qu'à défaut de pouvoir l'oublier, il ne laissait plus rien paraître. Un jour, avec l'aide de leur Seigneur, il n'en souffrirait plus. 

C'était perturbant de venir chercher son parrain jusqu'ici. Pas que le lieu lui soit inconnu, simplement, en général, c'était l'inverse. Et en général, il n'y avait aucun problème à régler. À vrai dire, il n'était pas certain de savoir comment s'y prendre. 

Mais sur le chemin du salon, il fut sauvagement intercepté par une fillette qui se jetait à son cou, et dont il profita de l'élan pour tourner sur lui-même en la serrant dans ses bras, comme il l'aurait fait s'il n'avait pas perdu Isaure. Hors de question qu'une personne de plus doute de son état. 

— C'est curieux, j'aurais juré que vous aviez les cheveux plus courts, parrain… Et plus foncés, aussi...

Et qu'il ne lui bondissait certainement dans les bras dès qu'il le voyait arriver mais s'il devait dresser une liste de différences exhaustives, il n'en sortirait pas. 

— Ah ! Mais c'est toi ! fit-il mine de s'étonner en la posant. Bonjour, petite princesse, ajouta-t-il avec un sourire qui ne remontait pas tout à fait dans ses yeux. 

Pas qu'il n'apprécie pas l'idée de la voir… simplement, cela ne remplaçait pas Isaure. Sa merveilleuse Isaure. Partout où il allait, elle manquait encore, même là où elle n'était pas censée être. Si même sa petite sœur adorée ne parvenait pas à faire disparaitre tout cela pour de bon… Et oui, il savait qu'il n'était pas drôle mais Bérénice devait avoir l'habitude, depuis le temps.
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Message par Coldris de Fromart Lun 29 Nov - 22:06


 
Coldris de Fromart, 36 ans et Bérénice de Fromart, 9 ans

Leur précepteur avait laissé Bérénice partir en avance car elle avait achevé de rendre ses copies quand Alduis peinait toujours à écrire la sienne. Il avait déjà dû recommencer deux fois pour avoir fait une tache d’encre en plein sur un mot… Ce n’était pas de sa faute, il hésitait, parce qu’il avait peur de se tromper et pendant ce temps, l’encre goutait sur sa feuille. Elle lui avait soufflé de poser sa plume mais leur précepteur l’avait surprise en train de l’aider et sa règle avait claqué sèchement dans un coin de son pupitre la faisant sursauter. Pour tout dire, il n’avait pas complètement tort : quand il avait le dos tourné – et elle savait trouver les excuses nécessaires – elle en profitait pour aider son frère autant qu’elle pouvait. Il n’y avait qu’en arithmétique et en géométrie qu’elle peinait à suivre. Etrangement Alduis n’éprouvait aucune difficulté dans ces matières. À croire qu’ils étaient nés pour se compléter.

Bérénice tournait en rond en attendant Alduis. C’était cruel de la laisser ainsi à la porte ! Pffff ! Elle frotta le bout de son soulier contre le parquet quand elle entendit qu’on saluait quelqu’un. Curieuse comme une fouine, elle dévala tout d’abord silencieusement l’escalier de service avant de se glisser furtivement dans le couloir pour voir de qui il s’agissait. Elle n’eut besoin de voir que sa chevelure flamboyante pour le reconnaitre : c’était Démétrius ! Qu’est-ce qu’il avait grandi depuis la dernière fois ! Bientôt il ne voudrait plus jouer avec elle, c’était certain… Alors autant en profiter tant que cela était possible. Elle s’élança comme une petite tornade en criant son nom avant de sauter pour se suspendre à son cou et se laissait voler dans les airs comme une petite fille en riant. Et voilà qu’il lui ressortait son éternelle boutade !

— Pfff ! Je ne suis plus une enfant, j’ai bientôt dix ans, tu sais ! fit-elle en croisant d’un air faussement boudeur ses bras sur sa poitrine tandis qu’il faisait mine de la reconnaitre.

Elle effectua une jolie révérence avec un grand sourire quand il la salua finalement.

— Puis-je escompter partager un thé en votre compagnie, Prince charmant ?

Cela faisait si longtemps qu’elle ne l’avait pas vu. Il venait rarement à Fromart et son père ne voulait jamais l’emmener à Saint Eloi. Il trouvait toujours une excuse pour la laisser au domaine… Enfin cela n’empêchait pas Bérénice de réessayer férocement à chaque fois…

— Bérénice ! claqua la voix de son père du milieu de l’escalier principal. Cesse donc de l’importuner avec tes enfantillages.

Par réflexe, elle fit un pas en arrière et s’inclina devant son ami afin de s’excuser puis se tourna vers son père

— Pardonnez-moi, Papa, je me suis laissée emportée.

Coldris hocha vaguement la tête et l’incident fut clos. Que dirait-il s’il savait que sa future femme venait de lui sauter au cou ? Bérénice disparut dans le couloir, non sans jeter un dernier regard à son ami tout de même.

— Monte, Démétrius. Nous serons plus à notre aise dans le petit salon si tu veux bien.

Il lui fit signe de le suivre et l’escorta dans son salon privé. Léonilde leur porta ce qu’il fallait, puis une fois installés, Coldris prit l’initiative d’ouvrir la conversation. C’était tout de même idiot de ne pas être venu le voir, tout cela parce qu’il se sentait affreusement honteux de son échec… À se terrer à Fromart comme un gosse apeuré de son filleul.

— Avant toute chose, je tiens à te faire mes sincères excuses pour la dernière fois. Je sais que j’ai fait l’exact inverse de ce que je voulais et… enfin si tu veux toujours parler, je te promets d’écouter. Seulement il vaut mieux que je ne réponde rien parce que je ne suis pas sûr d’être d’un quelconque réconfort ou pire encore je risque de tout détruire avec ma maladresse. Mais je peux au moins t’écouter… Si tu le veux bien…


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Message par Démétrius d'Aussevielle Dim 5 Déc - 16:20


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

Bon, bon, d’accord, cela n’était plus drôle… C’était certainement pour cela qu’il le faisait. 

— Bon, eh bien grande princesse, alors, concéda-t-il. 

Il fit la moue quand elle demanda un thé. Bon, ce n’était pas sa grande passion, il fallait le dire, mais il aurait été incapable de le lui refuser… Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait pas vue… De toute façon, depuis l’année qu’ils avaient passé ensemble, il n’arrivait plus à lui refuser grand-chose…

— Quand j'aurai parlé à ton père, s'il ne s'y oppose pas, promit-il. 

Et quand on parlait du loup… Démétrius adressa à Bérénice un regard rassurant. Sans vouloir la pousser à désobéir - ce n'était pas son genre et il ne se serait pas permis de contester son parrain ainsi -, lui ne lui reprochait rien de sa spontanéité. Ce n'était que lui, après tout. 

Il suivit Coldris vers son salon, s'installa où on lui demanda de le faire et l'écouta. C'était idiot, mais c'était certainement cela qu'il lui aurait fallu la première fois : pas d'interventions, pas se sentir obligé de le conseiller. Juste entendre. Mais c'était à ce moment-là qu'il en aurait éventuellement eu besoin, et désormais, il ne voulait plus y revenir avec quiconque. 

— Je crois avoir compris que… vous vous reprochiez de n'avoir pas su m'aider. En réalité, je… Il n'y a pas grand chose à dire que ne se contente de ressasser ce que j'ai déjà dit. Il ne s'agit pas de vous, mais de moi. J'ai dépassé cela et ne veux plus y revenir. Peut-être n'étais-je pas au meilleur de ma forme lorsque nous nous sommes vus, mais je vais mieux. Une fois pour toutes, j'ai pris conscience de la chance que j'avais - et c'est en grande partie grâce à vous. Je voulais simplement m'assurer qu'il n'y aucun problème entre nous.
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Message par Coldris de Fromart Lun 6 Déc - 13:56


 
Coldris de Fromart, 36 ans et Bérénice de Fromart, 9 ans

Bérénice fit une révérence en soulevant son jupon avec élégance lorsqu’il l’appela grande princesse et son visage s’illumina un peu plus encore lorsqu’il accepta sa proposition. Ils allaient prendre le thé ensemble alors ! Elle sauta pour passer ses bras autour de son cou et embrasser sa joue quand la voix de son père tonna. Il avait sans doute raison. Il avait passé l’âge de jouer avec elle. Elle s’éloigna d’un pas avant de s’excuser et de disparaitre, non sans jeter un regard à son ami : leur invitation tenait toujours s’il désirait s’abaisser à ces enfantillages de grande fille sage.

* * *

Dans son bureau, Coldris s’excusa de sa conduite. Il ne serait jamais que d’une maladresse infinie dans ce genre de cas et essayer n’y changerait quoi que ce soit. Il avait honte de ne pas être à la hauteur quand tout le reste ne lui posait aucun souci. C’était ainsi, il fallait l’accepter.
Se le reprochait-il ? Oh oui indubitablement. Quelle autre utilité pourrait-il avoir si ce n’était celle de pouvoir lui offrir le réconfort nécessaire lorsqu’il en avait besoin ?

— Je comprends parfaitement. Si tu changes d’avis, tu n’auras qu’à revenir. Si problème il y a, c’est entre moi et moi et je ne nourris aucune rancœur, aigreur ou quoi que ce soit à ton égard, soit rassuré.

Il baissa brièvement la tête en resongeant à ses paroles puis soupira. « La chance qu’il avait »… Ce n’était pas vraiment ce qu’il avait escompté dans la manière de l’aider. Bon à rien qu’il était à dire un malade qu’il n’avait que la fièvre quand il aurait pu avoir la peste… Il passa distraitement une main entre ses fins cheveux bruns. Peut-être devrait-il lui expliquer, mais il ignorait comment aborder le sujet et les mots restaient bloqués sur ses lèvres. Il n’y avait que Virgil et Solange qui savaient réellement.  Et… il n’en avait jamais reparlé à qui que ce soit depuis… Enfin… Il avait si peur de s’approcher de cette malle où il avait enfermé ses bons comme ses mauvais souvenirs pour cesser de se détruire.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Mar 7 Déc - 14:22


Démétrius d'Aussevielle, 15 ans

Sonn parrain ne lui en voulait pas, c'était important pour Démétrius. Il ne pensait toutefois pas nécessaire de changer d'avis. Pas sur ce qui se rapportait directement à sa merveilleuse Isaure qui… était en vie et s'en remettrait. 

— Je… m'en souviens, hasarda-t-il. Je suis désolé, ça m'ennuierait trop de vous le cacher : je m'en souviens. De vous avoir vu… dans un état qui n'était pas des meilleur

Plusieurs fois. Il en était encore chaque jour dans ses prières. Et après son départ, il avait cru discerner d'où cela pouvait provenir, c'était implicite. Il avait seulement besoin d'être honnête a ce sujet, puis aussi...

— Et je sais aussi que vous saviez bien avant moi pour mon mariage. Vous en savez tout, n'est-ce pas ? Je… n'essayerai pas de vous tirer les vers du nez, mon père vous fait confiance et je le respecte. Simplement… en réalité, je me dis que c'aurait été plus facile si je l'avais su bien avant de la rencontrer. Cela m'aurait épargné la désillusion qui suit les faux espoirs. En réalité, il y a bien une chose que j'ai besoin de vous dire. C'est mon père, vous savez combien je le respecte, et je ne devrais pas dire cela, mais je pense… que… que… que c'était… une… hmm… une… ... erreur.
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Message par Coldris de Fromart Mar 7 Déc - 21:42


 
Coldris de Fromart, 36 ans

Maintenant que tout était clair entre eux, Coldris attendait la suite, soucieux de ne pas le décevoir une nouvelle fois avec ses maladresses. Il attendait, il était prêt et… Non. Il n’était pas prêt. Du tout. Pas prêt du tout. Une vague de souvenir le submergea et pénétra dans ses poumons, glaciale. Il secoua la tête pour s’ébrouer. Le voir. Oui, bien sûr… Il avait quoi ? Cinq ans ? Un état pas des meilleurs ? Ah… Quel euphémisme… Il devait ressembler à un revenant  en pleine agonie. C’était… Il ne savait pas quoi dire. C’était si frais encore dans son esprit malgré la quasi-dizaine d’années. Que pouvait-il dire ? Il aurait voulu lui expliquer, mais les mots restaient pris dans la glace. Il ouvrit plusieurs fois la bouche avant de se résigner à acquiescer dans un bégaiement.

— Je… Enfin… Je ne voulais pas… J’aurais dû… Sans doute… Je voulais te dire que… enfin j’aurais tout sacrifié pour elle, si seulement…

Un voile de grisaille traversa son regard bleu acier alors qu’il reprenait au sujet du mariage. Cela lui permit de reprendre rapidement pied avec la réalité. Il opina gravement. Bien sûr qu’il savait tout. Virgil et lui n’avaient pas de secret l’un pour et l’autre, alors quand en plus ils étaient de mèche… Lui dire avant, oui sans doute c’est ce que son père pensait en réalité. Mais il n’avait que quinze ans ! L’âge d’apprendre à baiser pas de chercher l’amour de sa vie quand il devait se douter que son père choisirait de toute façon pour lui. C’était le prix à payer lorsque l’on était fils de marquis. Coldris soupira, écoutant la fin qui lui fit arquer un sourcil : une… erreur ?

— Une erreur dis-tu ? Ce mariage ou ne pas te l’avoir dit avant ? Enfin Démétrius, tu sais, respecter ton père ne t’empêche pas de désapprouver ses choix ou sa conduite. Tu es parfaitement endroit de songer qu’il s’agissait d’une erreur. N’en ait aucune culpabilité, car je puis t’assurer que ton père serait le premier à comprendre et le dernier à t’en tenir rigueur.


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