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[12 février 1598 - Solo] - Retrouvailles d'un frère d'armes sans âme [Terminé]

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Message par Eldred Kjaersen Mer 8 Déc - 16:46






Ingvar Haraldsen, 27 ans

avertissement - vulgarités, évocation de violences sexuelles:

Alors comme ça il s’était évadé ? Et maintenant il rôdait dans les bois cherchant le fameux Erik qui organisait la révolte. Erik qui n’était plus qu’un fantôme désormais. La révolte, c’était terminé pour Eldred. Oh bien sûr il envisageait certaines choses, notamment grâce à sa proximité et la confiance du baron de Frenn, mais rien d’armé, rien de grandiose et surtout rien de violent. Il ne pouvait plus désormais. Ses attaches étaient bien trop ancrées pour qu’ils ne reviennent dessus et puis les Monbriniens… c’était comme les Zakrotiens : certains étaient de grosses bouses bien puantes et d’autres de véritables trésors. Il pensait notamment à son ami Alduis en premier lieu, mais également Aud, William, Dyonis et même Sylvère quand bien même ils pouvaient avoir quelques différends.

Après quelques jours de tractations, il avait été convenu qu’Erik, rencontrerait le Zakrotien rebelle, seul, dans la forêt d’Aprendo. Son maitre avait accepté de le laisser sortir pour dégourdir les pattes de l’un des chevaux. Par précaution, il en avait pris un plutôt quelconque. Il ignorait encore dans quel genre de traquenard il se dirigeait, mais errer seul dans des bois infestés de brigands n’avait rien pour le rassurer. Sans parler du fait qu’il avait tout de même un mauvais pressentiment qui lui courait le long de l’échine.

— Tout doux, ma belle chuchota-t-il à sa jument qui venait de se faire peur toute seule à cause d’une souche à l’allure squelettique.

Il était presque arrivé au lieu de rencontre, cette fameuse petite chapelle que la géante avait finalement désertée. Il n’avait pas envie de repenser à cette nuit de tempête et tout ce qui en avait découlé. Tout ça pour… Quelle bêtise sans nom ! Quand il pensait qu’il avait embarqué Alduis là-dedans. Tout ça pour quoi ? Pour rien. Il avait risqué la vie de son meilleur ami pour… rien. Eldred secoua la tête pour en chasser ces pensées parasites. Le passé était le passé. Cela ne servait plus à rien de le ressasser.

Il se sentait épié. Et sans doute l’était-il, car il connaissait très bien ce sentiment pour que ce ne fût que le fruit de son imagination. Excepté un pic-vert zélé, il n’y avait guère le moindre son aux alentours, si ce n’était ceux de sa monture dont les pas crissaient dans la neige et les sangles de cuir grinçaient par intermittence. Nerveuse, la bête mâchouillait frénétiquement son mors, les oreilles en alerte. Soudain, un homme jaillit d’un buisson et la jument se cabra dans un hennissement paniqué.

— Eldred ?! C’est bien toi, Eldred? questionna une voix rauque dissimulée sous une capuche de laine miteuse.

Eldred caressa l’encolure de son cheval pour le calmer autant que faire se pouvait. Elle expira bruyamment un nuage de vapeur dans l’air frais de février lorsqu’il releva finalement la tête pour répondre avec un large sourire :

— C’est bien moi, vieille couille fripée !

Il sauta aussitôt à terre – sans jamais lâcher la bride – pour gratifier son ami qui venait de se découvrir d’une franche accolade.

— Par la barbe d’Odin ! J’ai cru que tu allais finir au Hellheim lorsqu’on s’est quitté. Je t’ai cherché dès que j’ai pu. J’ai appris que l’on t’avait soigné suite à l’intervention de mon maitre…
— Le Meilleur de Monbrina, c’est ça… coupa acidement le rebelle.

Eldred fronça les sourcils, mais se garda bien du moindre commentaire pour l’heure. Après tout, il avait bien eu le même genre de réaction lui-même à cette réplique...

— Je suis ravi de te voir parfaitement rétabli, alors vas-y raconte !
— C’est toi Erik ? lança-t-il froidement sans prendre le temps de répondre.

Cette fois-ci, il plissa sérieusement les yeux. Cherchant à comprendre ce qui allait découler de tout cela. Etait-il Erik ? Oui et… Non.

— Peut-être… répondit-il prudemment.
C’est qu’il avait l’impression de marcher soudainement sur des œufs de cailles. Il ne savait dire pourquoi, et c’était terrifiant quelque part, mais il ne reconnaissait plus son ami. Son ami d’enfance. Celui avec qui il était devenu un homme, celui à qui il avait tout confié jusqu’à sa propre vie, celui que son instinct refoulait soudainement au point de faire apparaitre une vague de culpabilité et une soudaine question qui se grava dans son esprit : POURQUOI.

— Dis-moi plutôt ce qui t’es arrivé depuis qu’on s’est quitté…

Ingvar haussa les épaules. Quelle importance ? Ce n’était qu’une histoire comme une autre d’esclave. Il n’avait pas eu sa chance, lui.

— Tu veux savoir quoi ? Que quand ce chien me trouait pas le cul c’était pour graver mon épiderme ? Va te faire foutre, Eldred putain !

Eldred retint sans mal le frémissement qui remonta son échine. Quand on lui... Il s'avança prudemment pour approcher sa main qui fut balayée d’un coup sec.

— Un jour, juste avant qu’il me vende à un galérien, j’ai eu l’occasion d’attraper son couteau et de l’éviscérer. J’étais trop mal en point pour rentrer, je me suis installée, ici, le temps de retrouver mes forces et puis j’ai eu ce rêve. Ses yeux se mirent à scintiller soudainement. Les Dieux, Eldred… Ils veulent que je saigne le pays. Que je l’embrase. Ils veulent que je déclenche le Ragnarök…

Il n’aimait pas cette lueur mauvaise dans le fond de son regard. Ce feu de poix sombre qui brulait dans le cœur de son ami d’enfance. Ce n’était plus lui. Ce n’était plus le bon vivant qu’il avait été, toujours prêt à profiter de la vie et avec qui il avait tant ri et partagé. Il était mort. Il était mort ce jour-là, lorsque leurs chemins s’étaient séparés. Désormais, il ne restait plus que cette noirceur plus sombre encore que les ténèbres eux-mêmes qui le dévoraient. Comment avait-on pu le détruire à ce point, lui qui avait toujours été si vaillant ? Machinalement, sa main trouva l’encolure de sa jument pour s’y enfouir sous sa crinière.

—  Je… je suis sincèrement désolé… Tu peux rentrer à Frenn avec moi, je suis sûr qu’il t’acceptera. C’est quelqu’un de bon. Viens, Ingvar, rentrons, tout va s’arranger, tu verras.
— Va le sucer tout seul ! Je ne remettrais jamais les pieds là-bas. Je les saignerai, tous Eldred ! Tous ! Tous ! Tous ! Et c'est ce que tu devrais faire aussi !

Eldred fit un pas en arrière devant la véhémence de l’inconnu qui se trouvait face à lui. Il fut bien tenté de lui décocher une droite, mais son instinct lui intimait de garder son calme.

—  Ils ne sont pas tous comme le monstre qui t’a possédé. Je t’assure, tu verras. Certains sont tout à fait honorables et même dignes de notre amitié autant que de notre respect.

Ingvar cracha à terre de dégout.

— Ils t’ont pissé dans la cervelle ma parole ! C’était pas toi qui disait qu’on les laisserait jamais gagné ? Qu’on rendrait la liberté à nos terres ! Pense à ta putain fille et à Byrnja  ! vociféra-t-il en avança d’un pas.

Eldred serra les mâchoires. Il aurait tant voulu lui faire ravaler ses paroles. Il sentait la colère bouillonner comme un geyser dans le creux de son abdomen…
Il. N’avait. Pas. Le. Droit.
Il n’avait pas le droit de toucher à sa famille. Et surtout pas à elle. Toute pâle et paisiblement endormie pour l’éternité dans sa petite robe de laine, les cheveux collés contre son front... Il fit un pas en arrière et prit une profonde inspiration. Il ne pouvait pas céder à sa colère alors qu’il s’était permis de faire la leçon à Alduis. Ce n’était que des mots. Il n’avait qu’à les laisser ruisseler le long de son manteau.

— T’as oublié ce que ces clébards ont fait ! T’as oublié l’odeur de brûlé ? La faim ? Le sang ? Les cris ? Traitre ! Traitre ! Tu n’es qu’un traitre ! hurla-t-il en pointant son doigt accusateur.

Eldred recula d’un nouveau pas, par précaution.

—  Je n’ai rien n’oublié, j’y pense tous les jours.
— Tu mens !
—  C’est la vérité. Aussi vrai qu’ils ne sont pas tous comme ça et qu’ils n’ont pas tous participé. Ne te rabaisse pas à être ce qu’ils attendent de toi, tu vaux mieux que ça.
— Tu veux que je te dise… Tu me déçois. T’as toujours été là à réfléchir plutôt qu’agir, mais de là à te complaire de ton statut de chien de noble… Putain, il t’a mis un joli collier ?

Il ne lui ferait pas l’honneur de céder à ses provocations, il en était hors de question. Il avait toujours souhaité le retrouver du plus profond de son cœur, désormais, il aurait préféré le savoir mort plutôt que d’être témoin de l’état dans lequel il se trouvait. Et malgré toute cette véhémence, il ne pouvait s’empêcher de vouloir lui tendre la main pour le tirer des abysses qui tentaient de l’engloutir.

—  S’il te plait, laisse-moi une chance de te montrer...
— Tu pries aussi le draugr ? coupa-t-il
—  Non…
— Erik… C’était toi pas vrai ? (un temps) C’était forcément toi… Je reconnais bien ta façon de faire, tiens.
—  Tu as raison, c’était moi. C’est moi qui aie préparé la révolte. Je ne peux plus maintenant.
— Alors t’as changé de camp...
—  Ce n’est pas si simple, Ingvar….
— Au contraire, c’est très simple : ou tu es avec moi, ou tu es contre moi.

Eldred ouvrit la sacoche de sa selle et lui jeta un sac de grain qui tomba dans la neige au refus visible du Zakrotien de l’attraper.

—  Quoi qu’il en soit, voilà de quoi étoffer tes repas.
— Garde ta merde, j’en chie assez.
—  A ta guise.

Il se retourna, mit pied à l’étrier et se hissa sur la jument, bien trop ravie de quitter les lieux à l’atmosphère si orageuse. Eldred l’éperonna et fila comme le vent à travers le bois. Il n’aimait pas ce qu’il venait de voir. Il n’aimait pas du tout. Son cœur saignait, criblé de flèches. Ce matin, il pensait retrouver avec bonheur un ami, il venait en réalité de le perdre. Etait-ce vraiment ce qu’il était ? Un traitre ? Avait-il finalement cédé à la puissance de l’Empire ? Malgré toute sa volonté, il ne put s’empêcher de se rappeler ses paroles acérées au sujet de sa fille. Et Byrnja ? Et Byrnja ? Avait-elle honte, elle aussi de celui qu’il était devenu ? Les avait-il trahies ? Perdu une nouvelle fois ? Une petite larme s’envola dans les airs, chassée par la course effrénée qu’il tentait de maintenir. Ce n’était que des mots, mais il se sentait lacéré, déraciné de ses terres qui le rejetaient. Qui était-il ? Qu’était-il désormais ?

Eldred Kjaersen
Eldred Kjaersen
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