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[8 janvier 1598, début de soirée] Quand les pas de Courage mènent à la détresse

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Message par Nehalan De Torienel Mer 2 Juin - 0:04

Nehalan serra maladroitement la dernière sangle de la selle de Lucie, une petite jument offerte à son anniversaire par son oncle Alfred, pour l'inciter à prendre plus de libertés, malgré les interdictions de Monsieur votre Père. S'en était suivie une longue dispute entre les deux frères, à la suite de laquelle l'oncle était rentré chez lui en affirmant que l'enfermer ne le rendrait que plus malade encore, tandis que Monsieur votre Père lui interdisait formellement de monter cette jument en dehors du domaine.

Assuré que le cheval était harnaché comme on le lui avait appris, Nehalan rajusta sa cape doublée de fourrure, plaça un pied sur l'étrier et se hissa sur le dos de l'animal. Il talonna sa monture, qui quitta l'écurie d'un pas tranquille. Bien que l'envie soit grande de partir au grand galop, il eût été déraisonnable d'envisager sérieusement une telle possibilité, il en était conscient.

En passant la grande porte, le jeune homme se retourna une dernière fois pour regarder le château de son enfance et les fenêtres illuminées de la salle à manger, où Monsieur votre Père et Madame votre mère devaient passer à table sans se douter qu'il ne se trouvait plus dans son lit, à gémir qu'il avait quelque douleur d'estomac pour les éloigner de la pièce et le laisser pleurer en paix.

Nehalan reprit sa route vers le soleil couchant. Une scène digne d'un de ces romans qu'Alexandre affectionnait tant. Monsieur votre Père avait dit qu'il serait responsable de lui-même ? Sa première décision était de pas mettre un orteil au lupanar, la seconde, de partir et devenir son propre maître. Où, il n'en avait aucune idée. Il chercherait à rejoindre Braktenn dans un premier temps, et s'installerait à l'auberge avec l'argent qu'il avait emmené.

Ils n'avaient aucun droit de le forcer. C'était lui qui décidait. Quant à cette Bélyl, il était désolé pour elle mais ne serait pas présent pour la rencontrer. Si elle était aussi merveilleuse, son père aurait tôt fait de lui trouver un fiancé plus à même  de la combler.

Arrivé en ville, il trouverait Alexandre, même si pour cela il devait s'aventurer sur les terres de Coldris de Fromart, et lui demanderait s'il était son ami. Il était certain que cela était le cas. Pour ce qui était du Seigneur de Frenn, il n'avait pas encore décidé. Peut-être irait-il directement lui proposer ses services, mais il doutait  qu'un tel homme prenne pour apprenti un gamin stupide comme lui.

Lucie continuait d'avancer dans la neige, et lui de se lamenter, quand le soleil eut complètement disparu derrière un nuage. Nehalan se mit à frissonner. Il commençait à faire noir et la campagne autour de lui prenait des allures peu rassurantes.

Point de Braktenn en vue pourtant, rien que des champs et bois qui n'avaient rien d'accueillant. Cela devait faire une heure qu'il chevauchait ainsi, et ses paupières prenaient plus de poids à chaque nouvelle enjambée de la jument. Son fessier douloureux ne réclamait qu'une pause mais lui ne voyait nul endroit où il aurait pu s'arrêter en toute quiétude.

Il poursuivait donc, silhouette vacillante dans un couchant qui n'avait plus rien de féérique, jusqu'à ce que la fatigue s'empare toute entière de son être et que ses yeux se ferment. Ses mains lâchèrent les rênes et la bête, que l'oncle Alfred avait eu l'intelligence de rendre docile, s'arrêta.

Jusqu'alors bercé par les pas de Lucie, Nehalan revint à lui dans un sursaut et rattrapa la bride pour repartir. Loin de le maintenir éveillé, la marche acheva de déposer au coin de ses pupilles les grains de sable et sa tête tomba en avant, suivie de son buste qui bascula sur le côté. Le reste du corps chuta aussi, si bien que Nehalan se retrouva face dans la neige, encore accroché par le pied à l'un des étriers de la jument, qui le traîna derrière elle sur quelques mètres avant de s'arrêter complètement.

Le contact brutal avec la neige glaciale réveilla instantanément le jeune homme, qui ne réalisa pas tout de suite ce qu'il se passait. Ce n'est que lorsqu'il tenta de se relever, alors que Lucie avançait toujours en dépit de ses supplications étouffées, qu'il réalisa pleinement ce qu'il se passait. Son hurlement de douleur dû s'entendre jusqu'en Europe. Il eut beau tenter de dégager son pied dans tous les sens possibles, il ne réussit qu'à se faire souffrir encore plus.

Les larmes de souffrance se muèrent bientôt en sanglots de désespoir, alors qu'il se recroquevillait tant bien que mal sur se lit de mort glacial, les lèvres sans doute aussi violettes que les fleurs qui poussaient autour du lac le printemps venu.

Il n'aurait jamais dû partir. Il aurait dû prendre son courage à deux mains et surmonter cette épreuve une bonne fois pour toute au lieu de tenter de fuir comme un lâche. Il était stupide. Irrémédiablement stupide. Qui le trouverait à cette heure ? Tous étaient paisiblement chez eux, en train de souper.

Il n'était rien d'autre qu'un résidu de crotin stupide arrivé par accident. Stupide. Stupide. Stupide. Puceau. Gamin irresponsable. Déshonneur. Aucun discernement. Il ne lui faisait pas réellement confiance. Il aurait trouvé un moyen de le surveiller. Comment aurait-il pu sincèrement croire qu'il était capable d'être maître de lui-même ? Trouillard. Couart. Débile. Pauv' merde. Qu'avait-il accomplit ? Rien du tout. Il pouvait dire qu'il était fier, il n'en pensait sûrement pas un mot. C'était donc ça apprendre à voir au delà des apparences ? Et Alexandre, il se gaussait sûrement de lui, lui aussi. Cela faisait trop mal.

Mal, mal, mal Mal ! se prit-il à crier.

- Si c'est comme ça je ne veux pas devenir grand !

Nehalan roula sur le côté et poussa un nouveau gémissement de douleur, empêtré dans sa cape.

- J'ai mal… j'ai mal… maman j'ai mal…

C'est pourtant le visage de Léontine qu'il appela dans son esprit. Il l'avait déçue elle aussi sans doute… et il allait lui causer des ennuis. Ce serait elle qui trouverait les oreillers sous son édredon. Ce serait elle que l'on accuserait. Il avait tout fait de travers. Encore.
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Message par Alduis de Fromart Mer 2 Juin - 15:37

La nuit était tombée. L'air, déjà frais, s'était encore refroidi. Cela faisait déjà plusieurs heures qu'Alduis errait dans les campagnes. Il n'allait nulle part, c'était une simple promenade avec Courage. Là où personne ne pouvait le trouver, là où personne ne pouvait l'entendre, sauf sa jument. Dans ces moments, il se sentait à la fois seul au monde et terriblement bien compris. Loin de toute trace humaine.

La nuit était creuse. Un peu comme un trou noir au milieu des jours qui s'enchaînaient. Un peu comme son ventre vide qu'il avait oublié jusqu'à maintenant et qui se rappelait à son bon souvenir. Son corps demandait à être nourri. Parfois, il se disait qu'avoir un corps, ça ne servait à rien sauf à avoir mal, faim, soif, qu'à tomber malade. Mais juste après, il se rappelait que sans corps, il n'aurait pu s'entraîner.

La nuit était silencieuse. Seule sa voix et les pas de Courage dans la neige étaient audibles. Il parlait sans discontinuer, les yeux posés sur la fine coupure encore bien ouverte sur sa paume, même si la pénombre la rendait de plus en plus invisible.

— Tu sais… Ça s'est bien passé hier. Il m'a même parlé de son travail. Il veut construire un Institut pour les soldats mutilés et estropiés. C'est une bonne idée, hein, qu'est-ce que tu en dis ?

Seule sa voix… Seule ? Vraiment ? Était-ce un cri qu'il venait d'entendre percer l'air ? Il se redressa imperceptiblement et tira sur les rênes de sa jument pour la faire ralentir. Il tendit l'oreille. Ce n'était peut-être que les voix au fond de sa tête… Ce ne serait pas la première fois que cela arriverait.

Pourtant, il entendit de nouveau la voix. Pas distinctement. Mais elle était tout proche, peut-être portée par le vent. Alduis savait, par expérience, qu'il s'agissait d'un homme qui parlait face contre terre. Il entendait, mais dans cette position, c'était extrêmement difficile de savoir de quelle direction venait le son. Les champs de bataille le lui avait appris, d'autant plus lorsque le blessé ne pouvait plus bouger.

Les images de guerre envahirent son esprit. D'instinct, il chercha une forme aux alentours. Quelque chose qui s'agiterait, qui le mettrait sur la voie. Il mit pied à terre en gardant les rênes de Courage dans la main. Il s'accroupit : la faible lumière mettait encore légèrement en valeur les traces dans la neige. Traces de sabots.

La voix, de nouveau, résonna vaguement. Cette fois, il comprit un mot, un unique mot. Maman. Un instant, il ne put rien faire contre l'image du corps décharné. Il secoua la tête pour la chasser. Ce n'était pas le moment d'y penser. Mais c'était plus fort que lui, comme si ses souvenirs avaient une vie propre, qu'ils refusaient d'être délaissés. Il secoua la tête et mit d'autant plus de ferveur à suivre les traces, pour ne pas perdre pied avec la réalité.

Plus il s'approchait, mieux il entendait. Des pleurs. Des sanglotements, même. On aurait dit… un gosse qui pleurait. À cette heure, au milieu de la neige ? L'idée d'avoir affaire à un enfant l'inquiéta soudainement. Il ne savait pas s'occuper des enfants. Brutalement, il eut envie de faire demi-tour, faire ocomme s'il n'avait rien entendu et continuer son chemin… Il se retourna vers Courage et face à ses grands yeux bruns, fut incapable de garder sa motivation de partir au plus vite.

Elle avait raison. Il ne pouvait pas faire cela. Il ne pourrait plus se regarder dans un miroir ensuite.

Mais ça fait déjà des années que tu ne te regardes plus dans un miroir.

Il secoua la tête et s'avança encore. À ce moment-là, il aperçut la forme gigotante et gémissante. C'était tellement emmêlé sur lui-même que ça ne ressemblait même plus vraiment à un humain. La cape chaude, le pied dans l'étrier et le cheval lui-même formaient un tout indénombrable.

Sans lâcher Courage, il s'approcha. La neige craqua. Il commença par rapprocher du cheval et posa une main sur son museau.

— Tout doux... souffla-t-il alors, avant de longer l'encolure jusqu'à atteindre la selle vide et le pied bloqué dans l'étrier.

À s'agiter comme ça, il allait finir par se casser la cheville. Le cavalier, car il s'agissait bien d'un homme, n'était pas vraiment un gosse mais pas vraiment un adulte non plus. Il était entre deux âges et était si fluet, malgré ses épais vêtements, qu'il doutait de le voir être capable de soulever une épée.

Il ne ferait pas un bon soldat, ce fut ce qu'il se dit en débloquant son pied, sans rien dire.
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Message par Nehalan De Torienel Ven 4 Juin - 0:30

Une bouse de vache. Un relent d'haleine fétide. Les excréments d'un bousier. Une. Énorme. Grosse. Merde. Sans. Intérêt. Qui ne faisait que se lamenter et se tortiller comme un vers de terre stupide.

Une plaie purulente complètement gelée.
Un grain de sable à la jambe tordue.
Une poussière en larmes.

J'ai mal.

J'ai mal criait son pied à sa jambe.

J'ai mal hurlait sa hanche à sa tête.

J'ai mal pleuraient sa bouche et ses yeux.

Et puis un crissement pour rompre l'étreinte de la nuit tombante. Des pas sur la neige, qui se rapprochaient de plus en plus de la créature enfantée du néant. Qu'y avait-il d'autre que cela pour elle ? Le Néant absolu. Plus ni Paradis ni Enfer, le Néant où disparaissaient les Oubliés, ceux qui ne servent à rien, ceux qui n'ont rien d'intéressant, ceux chez qui la vie aurait dû faire demi-tour avant même leur premier souffle. Nehalan n'était pas de ceux-là, car de ceux-là on parlait, de ceux-là on se souvenait comme quelque chose, même une chose sans intérêt. Qui se soutiendrait de lui ? Il n'appartenait à rien d'autre que le rien. Le rien de rien. Le rien dont on ne peut rien tirer. Le rien désespérant. Il n'était que le rien sans courage, le rien sans résilience, le rien sans force ni talent. L'absence d'existence même.

Ou bien peut-être était-ce autre chose encore, puisqu'il avait eu l'idée idiote d'exister. Pire encore, il avait eu l'idée stupide d'être malade. Malade suffisamment pour ne rien pouvoir faire mais pas assez pour permettre à Monsieur votre Père et Madame votre Mère de se débarrasser de lui sans scandale.

Ses sanglots redoublèrent, alors que Lucie renâclait. Il se passait quelque chose.

Est-ce qu'ils l'auraient fait s'ils avaient pu ? Sans doute oui. Que faire d'un fils incapable d'apporter honneur et prestige ? Que faire d'un fils dont on ne pouvait vanter que la lâcheté légendaire et la stupidité miraculeuse ? Rien. On n'en faisait rien et on le laissait partir sans un regret. Il ne servait à rien. À rien du tout. Il n'était pas capable d'aider ou d'obéir et quand il le faisait il n'aurait pas dû.

Aucune particularité non plus. Les autres avaient du charisme, de la vertu ou bien une grande intelligence. Lui n'était que d'une désespérante banalité. Il suivait comme un mouton même lorsqu'il voulait ne pas le faire. Il n'était rien. Juste rien. Que pouvait-il être d'autre que l'absence même d'une essence qui faisait des Hommes des hommes ? Le vide immense, l'absence au milieu de tous ces gens pleins, de ces nœuds et de ces complexités. Le vide terrifiant face à cette nuit remplie, le vide insignifiant parmi ces personnes aux multiples facettes, le vide, le vide, le vide et quel vide ? Comment faire plus vide que le vide et plus rien que le rien ?

Nouveau mouvement de la jument. Il gémit et tourna la tête vers le cheval. Une main blanchâtre apparu et se saisit de l'étrier dans lequel était coincé son pied. Les battements de son cœur s'accélérèrent. On libéra son pied, qui retomba mollement dans la neige. Nehalan ramena sa jambe contre son corps alors qu'une silhouette se dessinait en face de lui.

Un corps dont la blancheur transperçait les ténèbres poisseuses. Il aurait pu croire à un ange, jusqu'à ce qu'un rayon de lune dévoile ce visage barré d'une cicatrice, cette mâchoire carrée et ce regard de fantôme terrifiant.

Il se mit à pleurer de plus belle, recroquevillé en position foetale, le Rien au milieu du Nulle part.

- Pi-pi-pité, ne me faites pas de mal… réussi-t-il à hoqueter entre deux sanglots incontrôlables.
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Message par Alduis de Fromart Ven 4 Juin - 17:10

Il avait libéré le pied du jeune homme. Il ne savait pas depuis combien de temps il était là, mais dans la neige, il devait avoir sacrément froid. Alduis avait pensé à se couvrir avant de sortir et il avait conscience qu’allonger dans la neige, mais chaudement habillé, face contre terre, cela pouvait vite être désagréable. Et dangereux même.

La jambe fut rapprochée du corps. Comment s’était-il débrouillé pour tomber ? Les traces restantes étaient celles d’un cheval allant au pas et il n’y en avait aucune autre, pas plus que de signe de lutte, d’ailleurs. Il n’avait donc pas été attaqué. Mais alors… Alduis écarta ces questions de son esprit. Il haussa des épaules et tendit la main en direction de la forme humaine ratatinée sur elle-même pour l’aider à se redresser. Lorsqu’il entendit quelques mots suppliants franchir les lèvres du jeune homme, lequel pleurait de plus belle toutes les larmes de son corps.

— Pi-pi-pitié, ne me faites pas de mal...

Lui faire du mal ? Refroidi tout d’un coup, Alduis fit aussitôt un pas en arrière et laissa retomber sa main le long de son corps. Il le regarda, suspicieux, gémir au sol dans la neige. Il avait… peur ? Alduis avala sa salive. Déjà, il regrettait d’être venu. Il aurait dû continuer sa route et ne pas s’arrêter. C’était ce que lui avait dicté son instinct. Pourquoi était-il venu ? Il avait subitement envie de faire demi-tour et d’oublier cet incident. Sauf que sa mémoire lui interdisait. Elle était comme un piège à loup, qui se refermait sur lui chaque jour et emprisonnait les images.

Le garçon pleurait toujours. Alduis hésita. Il regarda autour de lui. Il n’y avait personne. Comme il ne semblait pas prêt à se redresser, il se décida à passer à l’acte et à le faire à sa place. Il ne pouvait pas rester allongé ainsi dans la neige, c’était impossible, il allait finir par attraper froid. Il s’approcha, se baissa, le prit par les épaules et avec une facilité certaine, le remit sur ses pieds. Un peu plus rudement que prévu.

Le tout sans le regarder dans les yeux. Il n’avait pas envie d’y lire de la peur. Ses paroles l’avaient bien plus blessé qu’il n’aurait voulu lui-même le reconnaître. Elles avaient ouvert un gouffre en lui. Comme Adéis, qui se cachait derrière sa mère quand il arrivait, le jeune homme avait peur de lui. Il n’avait pourtant rien fait pour. Il était venu l’aider, simplement l’aider. Que leur fallait-il de plus ? Les efforts qu’il faisait ne suffisaient jamais.

Les dents serrées, l’air renfermé, une fois sûr que le jeune homme tiendrait debout, il épousseta rapidement les vêtements trempés de neige.

— Pleurer est inutile, dit-il sobrement, d’une voix sans émotion, pour ne pas montrer à quel point ces gémissements de chaton apeuré l’avaient blessé. Si j’avais voulu te tuer, tu serais déjà mort, alors ressaisis-toi.
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Message par Nehalan De Torienel Sam 5 Juin - 14:42

Le fantôme avait délivré son pied. Le fantôme enveloppé de son manteau de ténèbres était venu l’aider, lui porter assistance. Alors pourquoi avait-il si peur ? Était-ce à cause de son regard froid ? Ou bien de cette présence stoïque comme un roc insensible au milieu de cette nuit de glace ?

Le spectre tendit une main vers lui. Est-ce qu’il allait le tuer ? Le prendre avec lui pour l’emmener dans son monde d’entre-deux, ni vie, ni mort, juste une errance infinie ? Ses suppliques ridicules le firent reculer.

Nehalan resserra son étreinte sur lui-même. Il s’était trompé ? En quoi cela serait-il étonnant ? Il ne comprenait rien à rien. Stupide, stupide, stupide. Abruti. Idiot fini. Benêt. Cela n’avait rien de surprenant. Bon à rien. Et ce pied qui le lançait, et cette douleur pernicieuse qui colonisait peu à peu sa jambe toute entière, fourmillante comme une armée de fourmis maléfiques.

Il oscillait de droit à gauche, boule pathétique de larmes, de sanglots et de soubresauts tout en répétant du bout des lèvres :

- J’ai mal… j’ai mal… j’ai mal…

Deux mains se saisirent de ses épaules avec fermeté. Deux larges mains puissantes comme celle de Lazare qui l’avaient tiré du lac, des années plus tôt. Aujourd’hui on le tirait de la neige, alors qu’il aurait dû savoir le faire tout seul. C’était ce que criaient ces gestes raides et brutaux, qui le mirent sur ses pieds en un clin d'œil.

Nehalan n’osa le regarder continuer de soutenir son corps vacillant. Il conserva la tête baissée de l’enfant pris en faute, concentré sur sa cheville qu’il ne parvenait pas à poser complètement sur le sol. Et puis les mains spectrales vinrent épousseter ses vêtements, alors qu’il attendait les bras ballants, tête basse, et que ses larmes s’écrasaient dans la neige.

- Pleurer est inutile. Si j’avais voulu te tuer, tu serais déjà mort, alors ressaisis-toi.

- P-pardoon…. pardon… désolé… je sais, il renifla, pleurer c’est, c’est pour les filles. Pardoon…

Il renifla de nouveau et s’essuya le nez avec sa manche.

- J’ai f-froid… bredouilla-t-il avant que ses pleurs ne reprennent de plus belle. S’il avait été meilleur cavalier ça ne serait pas arrivé. Et s’il n’avait pas été malade il aurait pu être meilleur cavalier et partir au galop et il serait déjà bien au chaud à Braktenn. Pourquoi avait-il été suffisamment stupide pour être malade ?
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Message par Alduis de Fromart Ven 18 Juin - 9:51


Il s’y prenait comme un manche. Ce n’était pas comme cela qu’il était censé consoler ce jeune homme larmoyant qui sanglotait. Il n’aurait pas dû lui parler comme ça… Il aurait dû la fermer. Encore une fois. La leçon n’était pourtant pas si compliquée à retenir !

Pour se donner une contenance, il continua d’épousseter les vêtements humides du jeune homme. Il devait trouver quelque chose à dire, qui soit moins brutal. Mais rien ne lui venait. Son interlocuteur, lui, balbutiait toujours. Pour s’excuser, cette fois. Alduis secoua la tête, toujours en cherchant ses mots. Il n’allait certainement faire que l’effrayer davantage.

Durant une brève seconde d’espoir, en voyant le jeune homme essuyer son nez avec sa manche, Alduis se dit que la crise de larmes était passée. Seulement pour quelques secondes, malheureusement, car elle reprit aussitôt après.

— J’ai f-froid...

Oui, lui aussi, il avait froid. À l’intérieur. Alduis avait toujours cette brusque envie de faire demi-tour et de planter là le jeune homme, avec ses sanglots, avec sa cheville qu’il ne parvenait pas à poser au sol. Mais maintenant qu’il s’était approché, il ne pouvait plus revenir en arrière. Il n’en avait pas le droit.

Froid… Alors il fallait quelque chose pour le couvrir, aussi simplement que cela. Il n’avait rien que son propre manteau. Il ne tergiversa pas pour le passer sur les épaules et retint le frisson qui lui remonta la colonne vertébrale.

À défaut de savoir quoi dire pour le rassurer et faire cesser ces larmes qui le mettaient mal à l’aise, Alduis décida de se concentrer sur le concret. C’était encore le plus facile à comprendre, et certainement l’endroit où il serait le plus utile.

— D’où est-ce que tu viens ?

Avait-il été attaqué ? Cela semblait peu probable, sinon, il y aurait eu des traces de lutte, quelque part. Ou bien la neige les avait déjà recouvertes. Non, décidément, cette chute représentait un mystère à ses yeux.

— Que s’est-il passé ? ajouta-t-il, aussitôt, pour éclaircir ce point alambiqué.
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Message par Nehalan De Torienel Sam 24 Juil - 0:32

Un nouveau poids s'abati sur ses épaules grelottantes. Nehalan serra autour de lui le manteau de l'inconnu, tout en levant timidement la tête.

- Mais, mais c'est vous qui allez avoir f-froid maintenant, bredouilla-t-il.

Il inspira un grand coup puis lui tendit sa veste. Il ne voulait pas que l'inconnu tombe malade à cause de lui. Cela ferait une nouvelle chose à ajouter à la liste, et cela, il le refusait.

- D'où est-ce que tu viens ?

Nehalan lui jeta un regard hébété.

- De, de ma maison. Il tendit le bras derrière lui, pour illustrer son propos. Quelque part… là-bas ?

Il attendit quelques secondes, à scruter le chemin assombri, incertain.

- Je crois…

Nehalan se serait giflé, si cela avait pu lui faire mal. Il était perdu en plus d'être stupide. Enfin il n'était plus très sûr. Il avait continué tout droit sans se poser de question, alors en retournant en arrière, sans jamais tourner, il devrait pouvoir retourner au château non ? Il essuya ses yeux avec sa manche. S'il rentrait il allait se faire gronder et Monsieur votre père l'emmènerait au lupanar… mais il ne voulait pas rester tout seul ici dans le noir non plus. Il y avait trop de choses terrifiantes tout autour de lui et personne pour le serrer dans ses bras et lui dire que ce n'était qu'un cauchemar. Il repassa de nouveau sa manche sur son visage. L'inconnu ne voulait pas qu'il pleure. C'était pour les bébés comme cette Charlotte qui s'était moquée de lui.

L'inconnu voulait savoir ce qui s'était passé. Il renifla. Jusqu'où voulait-il qu'il remonte exactement pour expliquer qu'il se trouvait là, comme l'espèce d'idiot fini qu'il avait toujours été, couvert de neige et sanglotant ? Et puis s'il lui racontait, il allait se moquer de lui… comme les autres invités du lupanar qui riaient de sa timidité ou les clients de la taverne qui écoutaient leur conversation et se gaussaient de ses questions. Ou encore comme le prêtre qui voulait le faire blasphémer et qui disait tout un tas de bêtises sur la mort. On ne pouvait pas juste disparaître après… ce n'était pas possible… Pourquoi est-ce que l'on vivait, si c'était pour mourir ? C'était comme faire une belle œuvre d'art pour la jeter au feu juste après. Il mentait ce n'était pas possible. Après la mort, il y avait forcément quelque chose.

- Je voulais pas… je voulais pas… Nehalan se remit à pleurer, en dépit de ses efforts. Pardon.. Je voulais pas y-y aller a-alors je suis partii. Il avait dit que j'étais pas obligé… il a pas le droit de me forcer… et et ensuite je suis, je suis tombé.
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Message par Alduis de Fromart Ven 13 Aoû - 10:10

Il allait avoir froid ? Peut-être. Mais tant pis. Il reprit la veste que lui rendait le jeune homme après une grande inspiration, la regarda quelques secondes puis secoua la tête en la repoussant. Non. Il la lui avait donnée. Il refusait de la reprendre. On ne refusait pas un cadeau - car, en quelque sorte, il s’en agissait d’un.

Pour clore la question de ce manteau, il posa des questions. Des questions concrètes, pour éclaircir le mystère qui entourait cette chute nocturne… Le jeune homme lui jeta un regard, puis finalement, tendit le bras dans son dos. Il venait de sa maison. Bon. Pour cela, il aurait pu y répondre tout seul. La réponse était d’autant plus inutile qu’il n’était même pas sûr de la direction. Il croyait…

Malgré son incompréhension de plus en plus poussée de ce comportement, de cette situation tout court, Alduis hocha la tête pour ne pas le brusquer de nouveau, en se retenant de soupirer. Il allait faire autrement.

— Très bien… Comment tu t’appelles ?

En sachant son nom, il aurait peut-être une idée de l’endroit où pourrait se situer son domaine, et donc de la direction à prendre pour le ramener. Après tout, au vu de sa tenue, il était noble, peut-être s’agirait d’un nom familier à ses oreilles. Il fallait l’espérer du moins, où ils ne seraient pas sortis d'affaires.

Surtout qu’ils n’étaient pas au bout de leurs peines. Voilà que le gamin se remettait à pleurer à chaudes larmes en expliquant les raisons de sa chute. Alduis s’était attendu à de nombreuses circonstances mais… celle-ci ? Il était tombé ? Tout seul ? Alors que son cheval avait l’air… placide ? Cette fois-ci, Alduis arqua un sourcil, sans pouvoir se retenir. Mais qui était ce garçon au juste ? En tout cas, il ne ferait pas meilleur cavalier qu’il ne ferait soldat.

Mais une fois de plus, Alduis fit un effort pour ne pas le brusquer. Il se râcla la gorge, tout en demandant, pour essayer de faire le lien entre ses propos décousus.

— Tu ne voulais pas aller… où ?
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Message par Nehalan De Torienel Ven 20 Aoû - 21:53

L’inconnu ne voulait pas reprendre sa veste. Cette scène lui en rappelait curieusement une autre qu’il aurait préféré oublier. La sale gamine qui s’était jouée de lui, alors qu’il voulait juste être gentil ! Est-ce qu’elle s’appelait seulement Charlotte ? Rien n’était moins sûr. Il était tombé dans le panneau comme un idiot. Un gros idiot stupide qui ne savait même plus par quel chemin il était arrivé.

Lorsqu’il lui demanda son nom, Nehalan leva la tête. Que voulait-il en faire, de son nom ? Et s’il voulait prévenir Monsieur votre Père avec cette information ? Il voudrait l’emmener au lupanar…

- A-Arthur Weasley.

Nehalan se mordit la lèvre. C’était vraiment mal de mentir. En plus, il voulait l’aider. Sauf que s’il lui disait son vrai nom, il le ramènerait sur le champ au château de ses parents qui s’empresseraient de le sermonner et de le conduire au lupanar. Les minutes s’écoulèrent jusqu’à ce qu’il finisse par avouer son véritable prénom. Il n’était pas méchant comme Charlotte.

- Nehalan de Torienel monsieur… pardon…

Nehalan se remit à pleurer, tout en essayant de répondre aux questions qu’on lui posait. Il n’était vraiment qu’un imbécile et ridicule en plus.

- Je voulais pas… je voulais pas… alleraulupanar, finit-il par marmonner entre deux sanglots.

Il leva la tête vers le jeune homme. A quel moment allait-il éclater de rire au juste ? Quand lui donnerait-il une grande claque dans le dos en lui disant qu’il n’était qu’un puceau ridicule, comme Charlotte ? Charlotte était une vipère…
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Message par Alduis de Fromart Mar 24 Aoû - 16:56

Vraiment, il n’était pas aisé d’aider ce garçon. Il ne savait pas dire où il habitait, quant au reste… Son prénom, à défaut de mieux, semblait être une bonne première étape. Et il se révéla que même cela était compliqué. Bon. La question n’était pas un piège pourtant ! Même lui aurait pu y répondre sans trop hésiter, bien qu’avec quelques réserves.

Le jeune homme lui donna une première identité. Rien qu’à sa manière de bégayer, de fuir son regard, de se mordre la lèvre, Alduis sut qu’il lui mentait. Il ne s’appelait pas davantage Arthur que lui-même s’appelait Mathurin.

Mathurin… Pourquoi pensait-il à cela ? Il secoua la tête pour chasser ces pensées aussi loin que possible. Ce n’était pas le moment. Il avait suffisamment à gérer sans que des cadavres disloqués s’invitent à la fête. Il devait garder son sang-froid - parce que ce ne serait pas ce gamin, mauvais cavalier et mauvais guerrier, mauvais menteur aussi, qui serait capable de prendre les choses en main.

Il allait insister pour savoir son nom, son vrai nom, que son interlocuteur se corrigeait de lui-même. Nehalan de Torienel, donc. Alduis ne mit pas plus d’une seconde à se souvenir où il avait déjà entendu ce nom.

Ah. Lui.

Alexandre lui en avait parlé. Il lui avait raconté les déboires de Nehalan, confronté à Thierry et à Coldris. Puis ses aventures à la taverne, son innocence frappante… Alduis comprenait mieux pourquoi son père, et Thierry avant lui, avait trouvé amusant de se jouer de lui.

Il secoua la tête, en cherchant quoi dire. Finalement, il décida de se présenter. Sans faire part de son nom de famille. Vu les expériences que Nehalan avait eu avec des Fromart, ce serait mieux ainsi. Il avait déjà suffisamment peur de lui sans en rajouter.

— Je m’appelle Alduis.

Nehalan pouvait se passer des Monsieur, ça lui irait aussi bien.

Il restait désormais à savoir que faire de ce jeune homme en pleurs et trempé de neige. Peut-être commencer par essayer de déchiffrer ses sanglots ? Il ne voulait pas aller quelque part… mais de quoi parlait-il ? La suite fut un peu brouillon mais Alduis saisit un mot, un seul, le plus important. Lupanar.

Il ne voulait pas aller au Lupanar. Alduis ne sut pas quoi faire. Le Lupanar… Rien que d’y penser, un dégoût diffus l’envahissait. C’était peut-être le seul avantage qu’il voyait à ses fiançailles : il pourrait cesser d’y mettre les pieds une bonne fois pour toutes.

Nehalan le regardait, comme s’il attendait qu’Alduis éclate de rire. Ce dernier secoua la tête et se racla la gorge. Il n’allait pas se moquer. Bien sûr que non. Pas pour ça. Oh, combien il comprenait ! Pour la première fois depuis le début de la conversation, il se sentit presque proche de Nehalan.

— Je déteste y aller aussi, lui confia-t-il pour le rassurer. Mais mon père prend un malin plaisir à m’y traîner.

Alduis était passé maître dans l’art d’esquive. Mais parfois, on ne pouvait pas y échapper. Un peu mal à l’aise, Alduis frotta ses mains l’une contre l’autre. Tout ça ne lui disait pas ce qu’il allait bien pouvoir faire de lui. Une chose était sûre : ils ne pouvaient pas rester ici à geler de froid. Il prit Nehalan par les épaules et l’accompagna à son cheval.

— Allez, en selle. Ne restons pas là.

Alduis ne savait pas où ils allaient, mais il y réfléchirait en chemin.
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Message par Nehalan De Torienel Jeu 4 Nov - 19:01

Alduis… C’était un très beau prénom. On pouvait le faire rimer avec cicatrice, comme celle qu’il avait sur le visage, avec la malice dont il semblait dépourvu à cet instant, les préjudices qu’il ne semblait pas vouloir lui porter, le calice du père Thierry, Coldris de Fromart… Deux prénoms qui s'accordaient, comme une étrange coïncidence. Nehalan secoua la tête. Cette réflexion le menait bien trop loin. Il devrait avoir honte d’avoir mentit sur son identité, plutôt que de s’appesantir sur des détails sans importance alors que ce Alduis lui accordait tout son temps et son attention.

Il aborda la raison de son départ, confus d’avoir à mettre en lumière de tels sujets mais la réponse d’Alduis le rassura. A lui aussi cela semblait être un supplice. Quand il lui confia être forcé de s’y rendre, alors même que Nehalan le trouvait puissant et sûr de lui,il se rembruni.

— Et… vous…. Ce n’est pas possible d’y échapper alors ?

Il trouvait cela tellement injuste et désagréable, de devoir faire le sacrifice de son intimité avec une inconnue, sous l’odieux prétexte qu’elle serait une sorte d’institutrice en la matière. Et s’il ne désirait partager sa couche qu’avec une personne que son cœur aurait choisie ? Et s’il ne se sentait pas prêt à affronter toutes ces choses ? Mais surtout… pourquoi cette ligne directrice semblait-elle si logique à tous ceux autour de lui ? Il se tourna vers Alduis pour éclaircir ce point, très heureux que le manteau de la nuit ne lui permette pas de voir ses réactions avec exactitude.

— Pourquoi… pourquoi est-ce qu’on me reproche de ne pas vouloir y aller ? Est-ce si excentrique que cela ? Est-ce que ça veut dire que je suis défaillant ? Ou déséquilibré ? C’est pour cela que Père m’a dit que je pouvais entrer dans les Ordres ? A-t-il honte de moi pour cette raison ?

Il observa Alduis se lever sans comprendre. Allait-il le laisser là ? Ou l’emmener avec lui ? Lorsqu’il le saisit par les épaules pour le remettre sur ses pieds, Nehalan grimaça. Sa cheville le faisait toujours souffrir mais la douleur s’était légèrement atténuée. Il freina des quatre fers lorsque le jeune homme le guida vers sa jument.

— Comment ça ? Où-où va-t-on ?

Il se mordit la lèvre, le menton tremblant.

— Je n’veux pas rentrer au châteeaaaauuuu !

Et voilà. Il s’était remis à pleurer. Quel idiot. Alduis ne serait pas content.
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Message par Alduis de Fromart Sam 6 Nov - 14:34

Le Lupanar… Oh oui, il comprenait mieux son désarroi. Il aurait aimé pouvoir, lui aussi, y échapper. L’idée de disparaître lui avait plusieurs fois effleuré l’esprit, mais il n’avait jamais été au bout. Peut-être par peur… Il n’aurait su y répondre lui-même. Peut-être par espoir de s’y habituer, aussi. Mais il fallait se rendre à l’évidence, ça n’avait servi à rien. Il n’aimait pas davantage les femmes aujourd’hui que dix ans plus tôt.

— Quand je dois y aller, je me fais oublier dans un coin. Je ne dis rien, je ne fais rien, et j’attends juste. Ou bien, je tente de négocier avec les filles pour ne rien faire.

Il prit une inspiration, et conclut :

— Et si je n’y arrive pas et que je dois quand même… Enfin, je… ferme les yeux. Et j’essaye d’oublier où je suis.

Il se tut. Les questions suivantes le déstabilisèrent. Pourquoi se retrouvait-il toujours à devoir parler de cela ? Répondre aux questions de Cassandre quelques jours plus tôt, maintenant à celles de Nehalan… Il n’était pourtant pas le mieux placé pour cela ! Mais contre toute attente, il essaya de se prêter à l’exercice, une fois de plus.

— Je ne… sais pas.

Sauf que cette réponse était tout, sauf suffisante. Il devait faire un effort pour développer. Au moins parce qu’il aurait aimé avoir des réponses à ses questions à l’époque. Des questions qu’il n’avait jamais pu poser.

— De nous deux, si quelqu’un doit être défaillant ou déséquilibré, c’est moi.

C’était lui qui continuait de préférer les muscles des hommes plutôt que les courbes rondes et délicates des femmes.

— Je suppose que ça viendra. Je… Enfin… Je ne veux pas dire que… Tu peux décider de te réserver pour une seule femme… et de lui être fidèle... Mais je ne… Non, oublie. C’est stupide. Je ne suis vraiment pas le mieux placé pour répondre à ces questions.

Il ne comprenait déjà pas lui-même. C’était encore plus dur que d’expliquer comment faire l’amour à Cassandre. Finalement, comme il avait conscience de s’enfoncer seul, il secoua la tête et se tut. Ils n’allaient pas attendre de mourir de froid ici ! Prendre la décision de repartir lui permit de retrouver une contenance. Il ne s’était pas attendu à ce que Nehalan se mette subitement à paniquer.

— On ne va pas chez toi, le coupa-t-il, parce qu’il n’avait aucune envie de gérer une nouvelle crise de larmes.

Pas plus qu’ils ne pouvaient aller à Fromart non plus, de toute évidence. Mais alors où ? Alduis se posait la question en se mettant en selle.

— On va chez une amie, d'accord ? Alors reprends-toi.

Il n'avait pas réfléchi en parlant. Les mots étaient venus d'eux-mêmes. Et au fond, peut-être n'était-ce pas une mauvaise idée ? Eléonore pourrait sûrement l’aider et trouver une place pour ce poussin égaré le temps de… trouver une solution à son problème de Lupanar.
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Message par Nehalan De Torienel Lun 20 Déc - 9:33

Nehalan n’était pas bien sûr qu’il avait bien fait de dire la vérité sur le lupanar, en y réfléchissant, cela aurait pu lui retomber dessus. Pourtant, Alduis paraissait comprendre son problème et tenta même de l’aider. Cela dit, ce qu’il lui conseillait lui paraissait tout à fait irréalisable.

— C’est.. c’est possible ? D’oublier ce que… enfin d’oublier ? Voilà qui semble bien difficile…

Quant à disparaître dans la masse, peut-être n’était-il pas assez discret le jour du nouvel an… Nehalan rougit en repensant à ce qui s’était passé ce soir-là, alors qu’il était pris en étaux entre le dragon de Fromart et… son amie ? Il s’inquiéta alors d’avoir un problème. Quelque chose qui contraindrait son père à le pousser vers la religion. Il n’était sans doute qu’une honte à ces yeux.

Alduis eu alors une drôle de réaction. Il affirma que si l’un d’eux devait être défaillant, ce serait lui et non le jeune homme. Nehalan se sentit triste pour lui, avant de se demander ce qui pouvait bien ne pas aller. Il pencha la tête sur le côté pour le regarder un peu mieux, mais n’eut pas l’impression qu’il souffrait de maladie. Oh certes son visage était un peu pâle, et cette immense cicatrice n’arrangeait pas les choses, mais il ne tremblait pas, ne semblait pas affaiblit de quelque manière que ce soit…

— Pour- pourquoi ? Vous avez l’air en bonne santé pourtant…

Presque aussitôt, il se reprit, honteux.

— Pardonnez-moi… j’aurais mieux fais de me taire..

Quelle idée de poser des questions pareilles. Par sa faute, Alduis s’emmêlait les pinceaux, alors qu’il ne pouvait finalement pas répondre. Nehalan baissa piteusement la tête. Il avait tout de même essayé d’être gentil, alors que lui dès qu’on lui demandait quelque chose, il avait peur et ne voulait pas.

— Entendu. Je ne voulais pas vous importuner, pardonnez mes égarrements, s’il… s’il vous plaît.

En entendant qu’ils ne rentraient pas chez lui, le jeune homme cessa de pleurer. Il essuya ses larmes avec un pan de sa cape en reniflant.

— Oui monsieur, acquiesça-t-il en se mordant la lèvre pour ne pas recommencer à pleurer.

Qui que soit cette amie, elle serait bien embarrassée de devoir s’occuper de lui, comme Alduis qui le guidait vers son cheval. Il n’arrêtait pas d’embêter des inconnus ce soir, et en plus il se trouvait bien ridicule à renifler de cette manière. Après tant de honte, il doutait de pouvoir un jour se mêler au monde comme le lui avait suggéré Alexandre, alors qu’il serait sans doute la risée de la Cour. Et si le vicomte apprenait ce qui s’était passé… il était finit, le peu de dignité qui lui restait serait définitivement anéantie. Une fois juché sur son cheval, il se tourna timidement vers Alduis.

— S’il-vous-plaît, ne dites rien à personne, tout le monde va se moquer de moi…
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