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[19 janvier 1598, soirée] In monstro veritas

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Message par Le Cent-Visages Lun 14 Juin - 21:03

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Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina ~ Latika et Léonie, "phénomènes"

Noyé dans les coussins, en compagnie de ses merveilleuses femme-chamelle et femme-lion, le souverain ne voyait pas passer le temps. Les grains s'en étaient écoulés trop vite, au doux contact de la taille sablier de Latika. Ou du soyeux pelage de Léonie, dont un peintre reconnu venait tout récemment d'offrir un portrait au souverain monbrinien. Les deux compagnes avaient rendu chatouilles et petits jeux de charme. Le tout entrecoupés de potins, de plaisanteries, et boissons que le roi ne souhaitait encore pas trop alcoolisées : la soirée serait longue, autant ne pas s'enivrer aussi vite, aussi tôt. Il fallut, pour redonner à Sa Majesté la conscience de l'heure qui avançait, qu'un huissier entre dans le luxueux grand salon et annonce :

-- Votre Majesté, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères vient d'arriver.

Surpris, Gérald Der Ragascorn consulta la précieuse horloge au magnifique mécanisme tout d'or et de bronze, qu'il venait de se faire tout récemment construire par Monsieur de Torienel. Il était en effet temps de recevoir le vicomte. Un large sourire fendit le visage du souverain : non seulement la venue de Coldris de Fromart était toujours un plaisir et une promesse de bonne soirée entre réjouissances et acidité... mais en plus de cela, il paraissait qu'il avait en ce jour des surprises pour lui. Plusieurs, dont l'une - savoureuse - consisterait à faire croire à ce pauvre seigneur de Frenn que Sa Majesté l'avait convoqué ce soir pour une très sérieuse réunion de travail. Les autres, il était fort curieux de les découvrir. Le roi se redressa dans le sofa, reboutonna son haut, et ordonna :

-- Qu'il entre.

D'un regard accompagné d'un geste de main, il commanda aux deux phénomènes de compagnie de se retirer de lui. Du moins pour l'instant. Avec des petites moues - pleines d'une déception plus ou moins sincère - elles quittèrent les coussins pour s'éloigner. La porte s'ouvrit là-dessus. Alors que le Ministre avancera vers Sa Majesté, il croisera Léonie et Latika qui, en chemin inverse, gagnaient le fond de l'immense salle des fêtes. Elles s'y occuperaient en petits jeux de société en attendant d'être de nouveau appelées quand Sire le souhaiterait. L'une comme l'autre n'auront pas manqué d'adresser une discrète révérence à Messire de Fromart, la première du haut de son buste entièrement velu comme le reste de son corps, et la seconde comme elle put avec sa tête - regard levé très haut vers Coldris - dans la mesure où son genu recurvatum l'obligeait à se déplacer à quatre pattes.

-- Ah ! Cher vicomte, quel plaisir ! l'accueillit le roi en reposant sa coupe. Oubliant dans ce genre de moment le "nous" de Majesté, il ajouta : Je suis heureux de partager enfin une nouvelle soirée en votre compagnie. Nos charges nous en ont si peu laissé le loisir ces dernières semaines ! (Un temps, feignait une mine bien plus grave) Pensez-vous comme moi que notre Premier Conseiller sera des plus zélés à la tâche, tout au long de cette soirée très sérieuse de travail autour des questions sociales ?

Un temps de réflexion portant sur de futures lois relatives aux pauvres et aux infirmes. Voilà ce qui avait été promis à Son Excellence Dyonis de Frenn, tant il avait insisté pour mettre ces sujets sur la table du gouvernement dans les plus brefs délais. Il ne serait pas déçu. Un éclat fou d'enfant mauvais farceur s'alluma dans les larges iris bleu foncé du monarque.
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Message par Coldris de Fromart Mar 15 Juin - 10:24




Coldris darda un regard en direction de l’horloge de son bureau ministériel. Il était peu ou prou l’heure d’achever cette journée mémorable avec brio. Il fallait dire qu’elle avait délicieusement débuté avec l’arrestation de cette Despina qui portait si bien son nom. Une épine. Elle n’avait été qu’une épine dans son pied dès leur rencontre. Et quelle épine ! Un véritable roncier dont il avait enfin arraché la moindre racine ! Certes, il avait dû donner de sa personne pour y parvenir, mais que ne ferait-on pas pour son roi et l’empire ? Certains argueraient que c’était déloyal, lui affirmerait que la fin justifiait tous les moyens. Ce qui ne l’avait pas empêché de faire purifier sa chemise en soie de Chine dans la première cheminée rencontrée. Il espérait qu’elle trouverait le salut divin dans son sacrifice. Pour sa part, il avait considéré qu’un bon bain passé à se frotter copieusement en guise d’ablution serait suffisant à le laver de ses impuretés.

Il s’était ensuite rendu au palais sans délai afin d’y rencontrer quelques dignitaires de passage en attendant la table ronde hautement professionnelle en compagnie de Sa Majesté le roi de Monbrina et de Son Excellence le Premier conseiller. Une soirée placée sous les auspices du travail et des surprises. En effet, outre la petite farce à l’encontre de son collègue du gouvernement, Coldris était venu accompagné de deux cadeaux pour son souverain qui ne manquerait pas de lui plaire autant qu’ils offusqueraient silencieusement le baron de Frenn -et ce n’en serait que plus délectable-. En temps normal il aurait opté pour une toilette un brin plus tape-à-l’œil, cependant il avait décidé ce soir de jouer la carte de l’austérité : car après tout n’avait-il pas rendez-vous pour une effroyable nuit de palabres autour des infirmes et autres miséreux qui emplissaient les rues de Braktenn ? Seule excentricité donc à son costume d’un noir d’encre, une fine broderie de feuilles de laurier (mérités) d’or.

Ce fut pile à l’heure qu’il se présenta devant l’huissier qui l’annonça. Discret signe de la tête à l’homme, il entra de son pas mesuré dans le luxueux grand salon. Depuis combien de temps n’avait-il plus mis les pieds ici ? Cela lui semblait être une éternité et il gardait quelques excellents souvenirs de ces nuits d’ivresses. Il croisa sur le chemin deux des « belles » de son Roi qu’il salua d’un signe de la tête polie et d’un sourire à peine charmeur. Depuis toutes ces années, il s’était habitué à croiser bon nombre de phénomènes et ne leur accordait ni plus ni moins d’attention que s’il avait s’agit d’une concubine des plus « normales ». À force de se noyer dans l’étrange, c’était presque si la banalité elle-même n’était pas la plus surprenante. A l’heure d’aujourd’hui, voir son Roi se prélasser en compagnie d’une femme qui n’avait rien d’autre que ce que l’espèce humaine en exigeait l’aurait davantage étonné que sa petite ménagerie de curiosités.

Coldris s’inclina profondément devant son souverain. Ce n’était pas leur proximité toute relative qui lui aurait fait oublier le fossé qui demeurerait à jamais entre eux.

— Tout le plaisir est pour moi, Votre Majesté. salua-t-il avant de prendre place parmi la pile de coussins orientaux.

Diable ce que c’était bon de pouvoir retrouver le confort de ces sofas surplombés par ces lustres colossaux qui brillaient de mille feux ! A sa mine grave, le ministre fit écho, fronçant les sourcils, seule sa commissure légèrement retroussée et ses pupilles miroitantes trahissaient le profond amusement qui l’habitait.

— Si tel n’était pas le cas, Sire, vous pourriez compter tant sur ma  dévotion absolue pour le remettre dans le droit chemin que pour lui offrir une main secourable. rétorqua-t-il pleinement satisfait de son mot.

Il croisa son regard de diablotin et esquissa un sourire tout aussi malicieux en réponse.

— En attendant Son Excellence le Premier conseiller, peut-être pourrais-je vous régaler de ma matinée ? Venit, vidit, vici.

Le vicomte connaissait l’amour de son souverain pour les énigmes ainsi que les mots d’esprit. Il le laissa donc cogiter sur son détournement avec félicité et attrapa un verre aux teintes rubis.

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Message par Le Cent-Visages Mer 16 Juin - 22:46

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Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina ~ Latika et Léonie, "phénomènes"

Les deux phénomènes se virent saluées par le Ministre de la façon la plus détachée et ordinaire qui fut. Pour lui, comme pour beaucoup de monde autour de Sa Majesté, l'étrange était le normal. Elles aussi avaient donc pris l'habitude de faire comme si tout ceci était normal. Elles s'écartèrent loin de la conversation, se lancèrent dans des parties de cartes en attendant que les réjouissances montent d'un cran - puisqu'il semblait que d'autres convives allaient arriver au compte-goutte.

Le vicomte s'inclina et présenta ses respects. Immédiatement à la vue de son choix de costume, le roi comprit : une tenue austère - digne d'un temps de travail sur de graves questions... c'était donc qu'il allait entrer dans la farce pour surprendre le seigneur de Frenn. Sa Majesté le reconnut bien là. Ce serait amusant - quel dommage qu'il ne puisse assister à ce moment. Mais il faisait confiance à Messire de Fromart pour mener la chose puis la lui conter. En revanche, son regard s'arrêta sur l'épi d'or au revers de son pourpoint. Laurier de la victoire. Il ne doutait pas qu'il ne serait qu'une question de temps avant que n'arrive le récit desdits exploits - alors que son hôte s'installait au creux des coussins. Une servante vint lui servir à boire - un doigt du meilleur whisky du palais, conformément à ce que Gérald Der Ragascorn savait de Coldris, dans un verre couleur rubis. Il l'invita à déguster, lui-même trempant les lèvres dans son verre déjà bien entamé.
Ils se rendirent leurs fausses expressions graves - et évidemment complices. A la promesse du vicomte quant au droit chemin à faire observer au Premier Conseiller, le roi leva un bras presque papal dans un simili "A-men" de sa main ouverte. Il approuva :

-- Et je ne doute pas que vous devez avoir quelques saintes méthodes pour ce faire, au cas où le simple plaisir d'obéir à son roi ne suffise pas à stimuler le zèle du baron. Oh oui, il savait diverses choses des voies pas tout à fait impénétrables d'amusement du Ministre.

Il écarta les bras le long du sofa, inspira et arqua un sourcil quant vint la dernière demande. Le Jules César ici-présent mourait d'envie de faire état de ses exploits. Et le souverain, il fallait l'admettre, de les entendre. S'il se souvenait bien, la matinée du vicomte devait être consacrée à cette Despina. Autre acte de dévotion. Tenant presque davantage du pieux sacrifice que de la conquête Romaine - encore que, rois et papes vibraient des mêmes orgueils et usaient de méthodes somme toute pas si éloignées. Cette Despina, donc, dont le sieur de Fromart l'avait déjà longuement entretenu.
L'histoire lui revint vite en mémoire. Ce prêtre défroqué d'abord, qui avait eu l'inconscience de s'en prendre à la fille du seigneur de Frenn. Der Ragascorn n'aurait pas eu d'autre choix que de condamner ce curé à la réclusion perpétuelle - voire à la mort... s'il n'avait pas eu la chance insolente d'être le témoin direct de propos compromettants pour la Couronne. Ou plutôt la malchance, à en croire les assauts dont le père d'Anjou avait été l'objet de la part de la rouquine prétendument bigote. L'agresseur agressé... c'était tout de même un peu drôle. Le monarque avait pour cela savouré ce premier récit. Beaucoup moins, en revanche, ce qu'il avait appris et en récompense de quoi la peine du prêtre - qui serait déclarée pas plus tard que le lendemain - allait être dérisoire : cette Despina cherchait des renseignements quant à la défunte maîtresse royale Merine, sa sœur. Un agréable souvenir que cette femme aux yeux verrons, mais pas si vibrant que cela avec le recul et tout le panel de monstresses connues ensuite par Gérald. Et surtout, elle aurait acquiescé quand le prêtre avait avancé l'idée qu'elle devait chercher à la venger. Grave. Très grave. Une affaire à prendre immédiatement au sérieux - ce à quoi le vicomte de Fromart s'était consacré une fois reçues les confidences de Thierry. De toute son âme. De tout son corps ?
Consacré... jusqu'à quel point ? Le monarque n'ignorait pas son goût pour les femmes. Ni son absence de scrupules dans ses manière d'obtenir de juteux traités et des secrets parmi les mieux cachés. Pour cela d'ailleurs ils se comprenaient et s'appréciaient. En avait-il été ainsi avec cette intrigante-là ? Les royales lèvres s'ourlèrent d'amusement à ce Venit, vidit, vici. Elle était venue, elle avait vu, il l'avait vaincue - pastichait habilement Coldris. Il croisa les doigts avec sérieux et se pencha.

-- Je ne nous ferai pas languir davantage : contez votre Guerre des Gaules.

Il s'installa confortablement. Son inquiétude n'était déjà plus : si Coldris venait apporter un tel récit avec cette humeur-là, c'était que l'issue s'en avérait rassurante pour la sûreté de sa personne. Le Ministre en méritera récompense, dès que les détails seront connus. Gérald devrait réfléchir à cela une fois le danger pleinement étouffé. Danger y avait-il même peut-être aussi pour ces miséreux dont la Donna voulait la charge au sein de sa maison de charité. Là-dessus, le seigneur de Frenn pourrait s'en retrouver responsable, lui qui s'intéressait tant aux misères. Quant aux affaires de mode de cette Despina, que Gérald n'ignorait pas non plus : ce pauvre Dyonis se rongerait de nouveau de culpabilité en apprenant avec qui sa chère fille était sur le point de s'associer. Sur ce coup, le souverain en eut un fond de pitié sincère pour le seigneur si droit et surtout pour sa jeune Lavinia. Mais assez de ces sinistres sujets ! Un sourire revint à ses lèvres. Despina, l'insolente qui s'était en outre illustrée au procès du sorcier Hyriel. Petit haussement de menton. Sa Majesté était tout ouïe.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 17 Juin - 10:36




Conformément à son sens aigu de l’observation, le regard océan de Sa Majesté s’arrêta aussitôt sur les lauriers qui ornaient le revers de ses manches. S’imaginer que Coldris faisait quoi que ce soit au hasard aurait été fortement le méconnaitre. Tout comme il n’avait pas douté un seul instant que son souverain n’en tirerait certaines conclusions. Cela lui rappelait d’ailleurs une soirée similaire, quelques années plus tôt où il avait proposé à son Roi de deviner ce qu’il avait à annoncer en se basant sur le peu d’indices à sa disposition. Tous deux avaient fort ri de ce petit jeu auquel le roi excellait.

Le verre rubis fut rempli de ce qu’il identifia comme étant un délicieux whisky à son odeur boisée qui lui chatouillait tant les narines que les papilles. Sur invitation de Sa Majesté, il le leva à leur santé puis le porta à ses lèvres. La liqueur remplissait toutes ses promesses, signant l’ouverture officielle d’une soirée mémorable comme chacune de celle qui avait lieu entre ces murs.

Pour la première fois, le Premier Conseiller allait pouvoir faire honneur à son nom. Il se délectait d’avance de sa réaction lorsqu’il comprendrait que les deux éminents personnages du royaume s’étaient joués de lui. A la parodie papale, Coldris inclina pieusement la tête sans se départir de son sourire malicieux.

— Vous me connaissez si bien, Sire. Qui oserait remettre en doute que vous êtes l’envoyé de Dieu sur terre ? Car tous deux savaient pertinemment ce qu’il en était sur ce sujet, puis il reprit. J’ai en effet quelques cordes à mon arc pour satisfaire vos bons plaisirs ce soir.

Dérider le baron de Frenn quitte à user de quelques substances savamment saupoudrées à son insu dans son verre en faisait partie. La fin justifiait les moyens après tout non ? Cela remplirait une partie de son contrat auprès du souverain. L’autre partie faisant bien évidemment référence à ces mystérieuses surprises promises au puissant roi de Monbrina. Et puisqu’il ne s’agissait pas de laisser Sa Majesté s’ennuyer en patientant jusqu’à l’arrivée de son zélé conseiller, Coldris lui proposa de lui conter sa matinée si productive. Servi comme mise en bouche, son petit mot latin avait semble-t-il mis en appétit le roi. Il reposa donc posément son verre sur la table et s’installa à son tour confortablement. Aussi confortablement que s’il s’apprêtait à lui raconter quelques banalités dont il n’était que la barde.

— Vos désirs sont des ordres, Sire. Comme vous le savez, nous avions une pénible épine à extirper. Je prie donc soin de l’inviter en ma demeure au motif d’une négociation portant sur les pur-sang espagnols dont je raffole. Ce fut bien l’unique point commun que je fus en mesure de nous trouver (quand bien même celle-ci semblait nous en découvrir plus qu’il n’y a d’astres dans le ciel).

Une petite pause, le temps de savourer la mise en exposition puis il reprit.

— Les négociations furent déclarées ouvertes et je posai mes conditions : un andalou noir -une espèce fort rare vous en conviendrez-. Vous auriez dû voir l’anguille sur son fauteuil, Sire, elle se tortillait plus surement que les catins du lupanar. J’en vins durant un court instant à me questionner sur ce que nous étions en train de marchander. Et tout à coup, Sire, que se passa-t-il ?  questionna-t-il le souverain avec espièglerie.

Il doutait cette fois-ci que malgré son talent certain il ne mette à jour son stratagème.

— Avant de combler votre curiosité, je dois vous faire part de quelques éclairages  fit-il pour faire durer le suspens. Mes petites mouches m’ont chuchoté qu’elle faillissait à la vue des chérubins. Vous imaginez bien qu’en hôte parfait que je suis j’avais pris grand soin d’indiquer à mon Intendant que j’étais fort occupé et que mon petit-fils ne devait sous aucun prétexte me déranger.  il roula des yeux, fausse agacé par ce manquement Or, c’était semble-t-il sans compter sur l’esprit de contradiction d’un esprit encore immature.  il leva légèrement la main en guise d’excuse Je sais. Je suis pleinement fautif. J’aurais dû m’assurer que la porte était soigneusement verrouillée.

Il esquissa un sourire madré et laissa de nouveau planer un court silence le temps de se régaler de l’effet produit.

— Exactement Sire ! Une petite tornade rousse entra donc ; dévorée par la curiosité. En connaissez-vous la raison ? Il voulait savoir si elle était plus belle que sa mère. sourire un brin attendri cette fois-ci. J’en suis fort navré encore mais la Dame d’épines se retrouva prise de sanglots à la vue de l’angelot. Bien entendu, je le congédiai aussitôt sévèrement. Toutefois, force fut de constater qu’elle n’était plus en état de poursuivre notre entretien. C’est donc tout naturellement que je lui proposai mon aide en guise de bonne foi. Que ne fut pas ma surprise de la voir transformer ma proposition en invitation!

Il se signa pieusement.

— Pardonnez-moi Seigneur, car j’ai encore péché. Comment pourrais-je résister à de telles portes ouvertes ? Je suis si faible… Ainsi la luxure m’emporta. À défaut de satisfaire Notre Seigneur, je pus au moins servir mon roi. Ce fut donc dans l’intimité de l’édredon que je m’enquerrais de sa parenté avec la dénommée Mérine. Comment aurais-je pu ne pas faire le lien avec ce patronyme commun utilisé au procès ? De fil en aiguille - car je sais tisser habilement lorsque la situation l’exige - j’en vins, par un astucieux jeu de questions à obtenir des aveux de sa part. Ou plus exactement, elle ne nia pas mon affirmation, ce qui vous en conviendrez et peu ou prou la même chose.  

Petite pause, le temps de reprendre une gorgée du précieux whisky.

— Vous pensez que mon récit s’achève ici ? Détrompez-vous, Sire ! Je gardais simplement le meilleur pour la fin. Puisque j’aime les surprises, je préférai donc poursuivre la discussion quelques instants pour ne point éveillé ses soupçons. Sans doute trop, car elle tenta de remettre le couvert alors que je n’avais guère plus ni appétit ni gourmandise pour la chose. Vous imaginez bien que je ne me suis pas embarrassé de quelques galanteries pour le lui faire savoir. Et malgré tout, cette petite sotte tenta tout de même de me forcer la main ! J’attrapai donc ma dague sous l’oreiller pour lui intimer de me relâcher avant de ne souiller définitivement mes draps de son sang. Que ne vint-elle pas suggérer de m’assassiner, là où tous les autres avaient échoué !    

Il cligna des yeux éberlués par tant de bêtise et se rinça le palais d'une lampée de liqueur.

— Il semblerait, Sire, que nous ayons notre Savonarole. Elle arriva un, repartit plusieurs. conclut-il pleinement satisfait.    

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Message par Le Cent-Visages Mar 22 Juin - 16:18

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Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina ~ Latika et Léonie, "phénomènes"

Trigger warning:

Ils trinquèrent à leur santé, le monarque donna sa bénédiction papale à laquelle Coldris se ploya avec cette mine joueuse qu'il lui connaissait. Il souffla de rire à sa question rhétorique quant à la reconnaissance de sa qualité d'envoyé céleste, descendit un premier verre et répondit sans ambages :

-- Oh, plus d'un sans doute, je ne me fais pas d'illusion. Mais qu'ils ne me croient pas si cela leur fait plaisir, pourvu qu'ils se taisent et me craignent. Cette majesté de Droit Divin, lui-même la savait n'être qu'un outil, un mythe utile à asseoir son autorité. Si lui-même n'y croyait pas, libre à d'autres d'en faire autant - du moment que la surveillance ne les laissait pas nuire et répandre leur doute : rien de pire que le doute pour le socle du pouvoir. Gérald savait pouvoir confier de tels constats à son Ministre probablement aussi incroyant que lui-même. Mais qui comprenait l'intérêt des levier bon-dieusards. Du reste, même le Vatican reconnaît aux rois ce droit divin. Oserait-il se contredire en venant nous chercher noise ?

Brève pensée pour le Cardinal Cassin et Sa Majesté d'Espagne. N'y avait-il pas chez eux un doux paradoxe à venir faire la morale à une des mains de Dieu sur terre, quand leurs Saint Sièges faisait pourtant état de cette mission divine des rois ? Oui. Et cela amusait Sa Majesté dans une certaine mesure. Ils le titillaient, ces deux-là, mais il finirait bien par s'en accommoder ou s'en débarrasser d'une manière ou d'une autre. Une faute décelée chez le cardinal et qui pourrait lui permettre d'aller chatouiller le Vatican - et le dissuader de l'ennuyer encore ? Une réforme ? De nouvelles alliances ? Plusieurs pistes le travaillaient. Pour l'heure toutefois, le vicomte venait à l'entretenir d'un autre problème plus brûlant - et pas brûlant que d'actualité, semblait-il ; plus généreux en formes et en faveurs sexuelles que les deux précédents problèmes aussi. Blotti dans ses coussins, Gérald put donc savourer chaque épisode que la voix doucereuse et amusée de Coldris lui servit comme autant de nouveaux met aux goûts plus raffinés et piquants les uns que les autres. Le sieur de Fromart avait l'art de conter avec piquant.
Un premier sourire orna la face du monarque à cette idée ingénieuse du pur-sang, qui avait dû être un bon préliminaire à échauffer le sang de l'intéressée. Il hoqueta, rieur à s'imaginer telles négociations avec cette femme telle une anguille, à se tortiller sous l'effet de ce qu'il imagina bien - sans doute pas juste l'impatience de posséder un beau cheval - deux, en l'occurrence ? Une ancienne catin. Après tout :

-- Tout est là. Chassez le naturel, il lui revient au galop. Si elle mène ainsi toutes ses transactions, elle lui doivent être athlétiques et douloureuses. A moins qu'elle en ait à ce point l'habitude. (Il s'étonna de la précision qui suivit.) Vraiment ? Je me sens en droit de m'inquiéter alors pour lesdits chérubins, si elle en fait autant de cas que des étalons.

Il était pour le coup mauvaise langue, mais ç'avait été pour le plaisir de la plaisanterie un tantinet graveleuse. En vérité, au vu de l'histoire de cette Despina, Gérald imaginait un désir maternel inassouvi - ou plutôt qui se mêlait de façon malsaine à son désir de vengeance manifeste. Pauvres enfants. Des contrôles réguliers dans sa maison de charité n'auraient pas été de trop, quand on avait semblait-il autant à compenser. Le roi laissa ce constat et rit volontiers à la confidence de son Ministre : oh oui, bien entendu, il avait malencontreusement laissé le verrou ouvert. Et tout fait pour que son petit fils ne vienne surtout pas. Il prit une moue navrée en voyant Coldris lever la main.

-- Ego te absolvo, répliqua-t-il avec une voix ronflante et nasillarde comme en avaient de vieux officiants, avant de reprendre avec bien plus d'enthousiasme et le sourire revenu : Quelle dévotion, mon cher, que de prêter dès son plus jeune âge votre petit fils au sacrifice de soi pour la Couronne. Mieux qu'Abraham sacrifiant son Isaac ! Et plus utile.

Lui aussi se laissa attendrir en imaginant la petite bouille rouquine du garçon, et à voir la mine du vicomte rien qu'à en parler. Un rictus joueur lui revint vite en écoutant la suite : ce petit ange, déclenchant tant de pleurs, confirmant les suspicions que le roi avait eues plus tôt quant au talon d'Achille de cette Dame des épines. Coldris avoua alors avoir sauté - littéralement - (sur) l'occasion en la personne de cette ténébreuse, veuve, inconsolée. Il parodia un geste magnanime de la main, signifiant qu'il n'y avait rien à pardonner.

-- Nous ne sommes que des hommes, la tentation était si grande. Et pusiqu'elle-même y semblait toute disposée. La suite l'amusa, et l'étonna - pas tant par la ruse des plus élémentaires de Coldris avec une telle luronne, que par la facilité avec laquelle pareille chose avait pu arriver : Diable, que cette femme était sotte ! Comment avait-elle pu tomber dans un piège aussi gros, et aussi vieux que le monde comme son ancienne profession ! Circonstance aggravante ! jugea-t-il. Elle devrait être la première à savoir, du fait de son ancienne profession, le danger des choses qui s'échangent sous la couette. Je m'étonne de ce qu'elle se soit ainsi livrée au gré de vos questions. D'autant plus que c'est généralement l'homme que ce genre de professionnelles confessent.

Il émit un ricanement mi consterné, mi jouasse. Sous la couette aussi l'on pouvait se sacrifier à la couronne. Gérald arrondit des yeux comme des bols en apprenant, par dessus le marché, que cette Despina avait eu la folie de suggérer ouvertement l'assassinat d'un Ministre en face du principal intéressée. Elle était définitivement folle. Ou suicidaire. Ou stupide. Il pencha la tête et pinça l'arrête de son nez entre deux de ses doigts. Le monarque soupira en entendant que l'impudente avait du reste osé inciter Coldris à reprendre les festivités contre son gré. Son visage redevint grave à la fin du récit : la dague, et une arrestation - plus que légitime après un tel palmarès d'aveux et de menaces.

-- La Couronne vous sait gré de ce geste et saura vous en remercier. (Un temps, plus léger à la dernière pointe du vicomte) Deux points de rapprochement avec la Papauté en une soirée. Et une soirée avec vous. Qui l'eut cru. (Le "nous" de Majesté lui revient instinctivement devant la gravité de l'affaire) Il semble donc maintenant temps de réfléchir à quelles flammes nous l'allons vouer. Au vu des faits, une lettre de cachet est tout acquise. Mais nous pouvons aussi nous afficher comme plus magnanimes - un peu de clémence démonstrative ne fait jamais de mal une fois de temps en temps, l'Histoire le montre. Cela dépendra de la tournure des événements et de ce que nous jugerons plus profitable au cours des prochaines heures.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 24 Juin - 11:34




Avertissement: Coldris dans sa splendeur:

Celui qui contrôle la peur des gens devient le maitre de leurs âmes. Coldris le savait parfaitement. Se faire aimer ne suffisait pas à gouverner. Il fallait se faire craindre pour dissuader toute tentative de rébellion. Chose que n’avait pas su faire le vieux Clément II. Ainsi le vieux loup affable céda-t-il place au jeune fougueux. Et une nouvelle histoire s’écrivit. Un droit divin quelque peu provoqué, mais les saints diraient que leurs actes étaient guidés par Dieu lui-même. C’est que la religion était fort arrangeante pour peu que l’on soit celui qui tenait les ficelles de ce pantin qui gouvernait jusque dans la couche du peuple. Quant aux contradictions, un sourire empreint de sarcasme s’étira sur le visage du vicomte.

— Le Vatican? Se contredire? Parlons-nous bien de ces cardinaux et de ces papes ayant fait vœu de pauvreté et de chasteté, vivant comme des Princes dans leur palais en compagnie de leurs maitresses et s’adonnant même pour certains à des relations contre nature ? Il marque un temps, faussement pensif avant de déclarer Mais tout ceci n’est que la volonté de Notre Seigneur lui-même n’est-ce pas ?

Il leva son verre aux voies impénétrables de Dieu que ses serviteurs tentaient si bien de pénétrer. Une vraie pute despotique qui se faisait prier pour écarter les cuisses. En revanche, l’autre qu’il avait invité chez lui, s’était montrée nettement moins difficile en affaire. Un récit qu’il prie grand soin de conter à son souverain qui se permit quelques commentaires piquants sur la Dame d’épines.

— Si elle n’était point femme, Sire, j’en dirais qu’elle ressort surtout les bourses bien vides. Figurez-vous que je tiens d’une de mes sources qu’elle a offert deux mille rilchs à un marmot lui ayant rapporté la sienne ! Une grande négociatrice !

Quant aux dits chérubins,  Coldris trouvait ce projet - d’apparence louable – fort douteux et ce d’autant plus qu’il avait encore en mémoire sa visite de l’hôpital général. Il ne fallait pas se leurrer : rares étaient ceux qui faisaient œuvre de charité sans le moindre intérêt derrière. Pure hypocrisie chrétienne gerbante à souhait. Le confier au baron de Frenn serait sans doute la meilleure option désormais qu’il n’y avait plus -littéralement- de tête pour le diriger.

Le ministre lui confia ensuite avoir fauté en laissant la porte ouverte ainsi que des instructions quelque peu imprécises à son petit fils espiègle. Mais puisqu’il venait d’être absous de ses maladresses, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Bon, il imaginait fort bien l’air réprobateur du père et du fils à la mention d’Isaac, toutefois ni l’un ni l’autre n’était forcé d’être mis au courant de cet incident.

— Les Aussevielle sont parmi les plus loyaux sujets de Votre Majesté et ce depuis près de cinq siècles. Comme vous pouvez le constater, ce n’est guère près de changer.

Certes, il avait un peu aidé la fortune à faire son œuvre, mais il fallait ce qu’il fallait pour mener à bien son projet. Juste de quoi ouvrir une brèche pour le cheval de Troie. En revanche, il n’avait pas imaginé qu’il serait si aisé de parvenir à ses fins et de se retrouver ainsi à pécher pour le salut de la couronne. Étonné fut le roi. Et il y avait de quoi devant tant de bêtises. « Circonstances aggravantes » déclara le souverain. Il ne put qu’acquiescer gravement. La conclusion l’amusa néanmoins.

— Il semblerait qu’elle ait également péché par orgueil. Rendez-vous compte : c’est qu’elle espérait me tirer les vers du nez pour que je lui avoue qui était l’assassin de Mérine. Seulement de vers, il n’y avait que d’appâts pour une carpe trop bavarde.

Enfin tout ceci n’était que néant en comparaison avec le point d’orgue de son récit : la menace de mort contre sa personne qui fit arrondir les orbites bleues de son roi. Coldris confirma d’un signe de la tête que la Dame était décidément bien… suicidaire pour oser proférer de telles paroles face à un homme tel que lui. Consterné fut-il de découvrir la description de la fin des négociations. Et il y avait de quoi.

Il s’inclina docilement à ses remerciements. Ce n’était pas pure dévotion qu’il avait tant donnée de sa personne, pas plus que ce n’était dans l’attente d’une quelconque faveur. Il aurait fallu être tout à fait idiot pour songer à cela et Gérald Der Ragascorn le savait parfaitement. Coldris veillait sur lui pour assurer sa position et celle de l’empire. C’était là tout ce qui lui importait. Leurs places à eux deux en dépendaient, aucune faiblesse ne pouvait être tolérée, d’un côté comme de l’autre. Il esquissa un petit sourire à la mention de la Papauté. Pour ce qui était de la suite des évènements, Coldris préférait littéralement enterrer le problème. La magnanimité devait être utilisée avec les précautions qui seyaient à la manutention de la poudre à canon. Glorifiée comme preuve de bonté, elle pouvait tout autant être vue comme faiblesse et inciter d’autres sujets à émettre leur revendication. Qui plus est cette Despina n’avait pas réellement de quelconques appuis en ce pays et le ministre ne voyait guère l’avantage qu’ils auraient pu retirer d’une telle entreprise.


— Je m’en remets à votre sagesse, Sire. Je n’ai qu’un seul regret pour ma part c’est que mon apprenti n’ait pu être témoin de cette merveilleuse leçon.

Après un temps dédié à finir la dernière gorgée de ce whisky, il posa son verre vide -aussitôt rempli- et poursuivit.
— Il me semble que je n’ai pas encore eu le loisir de vous annoncer que j’avais bon espoir d’avoir trouvé la perle rare qui pourrait assurer ma relève lorsque Notre cher Seigneur souhaitera m’avoir pour conseiller. il agrémenta ses propos d’un sourire plein d’ironie. Permettez-moi de vous en apprendre davantage sur ce jeune homme que j’ai récupéré récemment.

Ses yeux se firent joueurs de manière à mettre en appétit le souverain, jamais complètement rassasié de bons mots.

— La papauté semble être le fil conducteur de cette soirée, Sire. En effet, pour tout vous dire, c’est auprès du Cardinal Cassin que j’ai récupéré ce jeune homme. Proposition fort charitable de ma part qu’il s’est empressé d’accepter. J’ai désormais moi-même mon invalide de bonne compagnie ! Quoique nous nous en tenions à des relations strictement professionnelles, il va sans dire.

Il était déjà assez pénible que cette partie soit assurée par son fils sans qu’il ne soit nécessaire d’en rajouter. Fermer les yeux sur ces agissements aux vues des avantages qu’il en retirait était le mieux qu’il puisse faire.

— En parlant de magnanimité, Sire, je vous remercie du fond du cœur, il inclina la tête sans votre intervention en septembre, j’aurais manqué l’occasion de trouver le secrétaire que je cherchais depuis tant d’années. Une grâce qu’il rachètera en servant Sa Majesté et son empire avec une dévotion exemplaire.

Petite pause, le temps de glisser une main dans son veston.

— Outre son esprit de meilleure facture que ses jambes, il dispose d’un don divertissant pour l’art. Je vous laisse en juger par vous-même, Sire. déclara-t-il en lui tendant une esquisse.

Le souverain y verrait là une scène fort chaleureuse entre une femme accueillante aux multiples bras dont elle trouvait parfaitement usage et un homme entre ses cuisses, à la musculature dessinée, respirant la puissance masculine. Peut-être n’était-ce là qu’un phénomène de plus destiné à satisfaire les fantasmes du roi, ou peut-être y avait-il plus derrière. A tout hasard, une allégorie de Djerdan ouvrant ses portes à Monbrina…

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Message par Le Cent-Visages Ven 9 Juil - 0:12

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[19 janvier 1598, soirée] In monstro veritas Der_ra10

Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina

Bien sûr, leurs sourires se rejoignirent, se comprirent avant même que les mots ne fussent prononcés. Mais ceux-ci étaient toujours plaisants par le cynisme où les deux hommes se retrouvaient. Le roi acquiesça : oui, ces cardinaux-là - à l'exception de quelques énergumènes particulièrement rigoureux tels que ce Matthieu qui prenait véritablement sa mission et ses vœux de sobriété à cœur. Ils ne faisaient toutefois pas le poids contre tous les autres. Après un nouveau verre et sur un fin rictus, le monarque confirma quant à la divine volonté :

-- Il faut croire. Un Seigneur artiste baroque amateur de paradoxes dans ce cas. Ou un fou, tout simplement. Sans logique. Ou plus simplement encore... rien du tout. Si ce n'était le hasard pur - laissant aux humains la tâche énorme autant que l'art subtil de construire, eux, le sens qu'ils désiraient. Vraiment, l'homme créait Dieu et non l'inverse. Ces ajouts-ci néanmoins, il n'eut pas à les faire et savait très bien que le Ministre les connaissait déjà, des suites de précédentes longues soirées telles que celles-ci.

Sur un verre levé, ils revinrent à des affaires bien plus terrestres et charnelles - aux deux sens du terme. Gérald der Ragascorn avait déjà entendu bien des bêtises de cette Despina, cependant celle que rajouta encore le vicomte - comme si il ne serait jamais à court sur le sujet - lui ourla de nouveau la lèvre en un pli moqueur et le fit hoqueter.

-- Il semble que nous ayons affaire à une déséquilibrée. "Folie, maîtresse universelle des hommes," cita-t-il, quoique la Folie faite femme d'Erasme était même certainement infiniment plus sage - et plus agréable maîtresse - que la déréglée dont il était ici question. Enfin quoi qu'il en soit, cela confirme encore nos craintes. C'est à se demander ce qu'elle attend de ces enfants pour de tels tarifs. Au moins, le bon seigneur de Frenn - adjectif appuyé, mais avec pas tant d'ironie que cela - sera sans doute infiniment mieux indiqué pour s'occuper de leur cas. C'est du reste à se demander comment ses nombreuses affaires tiennent encore en étant aussi dispendieuse. Dois-je soupçonner quelques compétences alchimiques lui donnant l'or à profusion ? termina-t-il pour la plaisanterie mais sans conviction : non, il la pensait juste bien chanceuse jusque là.

Le roi rendit un petit signe de tête en retour du renouvellement de fidélité des Aussevielle, que le vicomte lui adressait. Quant à la suite, il en souffla par le nez, tant le piège était gros. Mais le mot de Coldris était bon. Ah ! Si mal savoir reconnaître un appât.

-- Elle aurait fait une piètre pêcheuse. Heureusement pour nous, elle fait toutefois excellente pécheresse et les chefs d'accusation seront aussi aisés à aligner que poissons sur le tableau de prises.

Et là-dessus, le roi clôtura vite le sujet d'un petit geste de la main après que le vicomte lui aura assuré se remettre à son sens politique et judiciaire pour ce qui était de sa condamnation. Le roi prendrait rapidement conseil de lui-même sur ce sujet dès le lendemain, une fois remis de la soirée qui allait être longue et amusante, et une fois pliée cette rasoir cérémonie - mais qui leur serait aussi utile politiquement que le cabossé dans sa boîte bientôt érigé Saint-Martyr. Son verdict serait vite rendu et l'affaire de cette Dame d'épines vite oubliée ou dûment récupérée. Il s'était levé pour faire quelques pas au gré des riches tapis, tout en réfléchissant, ainsi qu'il était - toujours prêt se mettre en action de corps et d'esprit. Le souverain s'arrêta, interloqué par la mention de cet apprenti, et retourna se rasseoir en face de Coldris, signe que son intérêt était de nouveau bien piqué par des choses véritablement amusantes en perspective.

-- Oh ! Une telle leçon n'aurait-elle pas été prématurée ? Ou votre novice a-t-il les mêmes dispositions et goûts que vous pour ce genre de procédés ?

Il croisa les jambes, puis les doigts. Un souffla amusé quitta ses lèvres quand le Ministre glissa - l'air de rien - ce mot relatif au poste de Conseiller. De quoi replonger un furtif instant le souverain dans de troubles souvenirs. La décision de nomination du baron de Frenn. Prise au cours d'une... obscure soirée. Il y avait ces siamoises qui dansaient, l'hideux puzzle de chair et d'os sur roues avec sa lire, et la jolie muette. Le reste... lui échappait quelque peu. Néanmoins le résultat était là : Dyonis Premier Conseiller. Et ce que Monarque disait, le même Monarque ne pouvait sous peine de non-crédibilité s'en dédire ainsi. Du reste, austère et trop rigide était le baron, mais qui faisait de l'excellent et dévoué travail à bien des égards - il fallait le reconnaître. En plus de donner une vitrine des plus éthiques et droites aux décisions qui émanaient du palais, quand bien même le roi avait souvent à se débattre dans de longs débats avec l'homme au crochet.

-- Vous comme moi savons que vous êtes bien plus libre - et créatif - à l'ombre plus confortable de votre ministère, réaffirma-t-il. Là où le Conseiller faisait fusible et porte-lois, les hommes de l'ombre avaient davantage d'aisance pour des machinations précisément moins éthiques et plus amusantes que celles auxquelles devait travailler le baron de Frenn à un post aussi procédurier. Ce Ministère sayait du reste à merveille au vicomte : combien de jours et de nuits avaient-ils passé ensemble à se promener sur les immenses cartes de l'Empire tracées au sol d'une salle prévue à cet effet ? Ou à convenir de plans d'attaque à de gigantesques tables sculptées aux reliefs du continent ? Combien de verres avaient-ils vidés au-dessus d'Iswyliz miniature, de Hô-Yo, Zakros ou les autres prises !

Il s'esclaffa à la boutade de Coldris : un invalide de bonne compagnie ? Voyez-vous cela ! La mode prenait.

-- Je savais que j'arriverais à vous convertir à ce loisir. plaisanta-t-il.

Le cardinal Cassin. Décidément, il aura beaucoup entendu parler de lui. Et si sa mémoire était bonne, à son procès le béquilleux avait été soupçonné de sodomie. Voilà qui avait dû circuler de nouveau et faisait effectivement vilaine tache sur l'habit pourpre. C'était un bon coup d'échec qu'avait mené le vicomte.

-- Ainsi sur le plateau avez-vous récupéré le fou - la folle. Bien joué. (Et pour ce qui était des seconds remerciements du Ministre, pour sa grâce royale) L'affaire était suffisamment singulière pour que je me sois dit qu'elle nous resservirait un jour. Ce jour est arrivé. Oh, il mentait un peu sur ce coup : cette décision là aussi, il l'avait prise ce fameux soir en compagnie de la brochette de curiosités humaines - et en même temps que la décision concernant le baron de Frenn.

Il laissa son esprit aux bons soins de Coldris qui saurait le modeler. Il ne doutait pas qu'il soit de qualité correcte pour cela, sans quoi il ne s'en serait pas encombré. Le souverain récupéra le dessin, qui eut le mérite de lui faire pousser un "hmmmm" aussi admiratif pour le coup de crayon que pour la coquinerie et les sous-entendus - tant géopolitiques que tératologiques - de la chose.

-- Nos compliments. Voilà qui nous prend doublement par les sentiments. (Puis revenant à lui en tant que personne après le "nous" de Majesté) J'aimerai posséder une telle femme. (Là encore, au sens charnel et au sens politique, de ses yeux lubriques lorgnant vers Djerdan.) Un élève prometteur que votre infirme de compagnie en effet. Quand vous l'estimerez suffisamment formé en certaines choses auprès de vous-même, n'hésitez pas à me l'amener. Je n'en ferai moi non plus rien d'autre qu'un contact professionnel.

Lui qui aimait pourtant les surplus de membres, l'apprenti béquilleux disposait du membre de trop qui n'éveillait pas les désirs de Sa Majesté.
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Message par Coldris de Fromart Mar 13 Juil - 10:32



Un fou, oui, l’idée était séduisante. Après tout, tous les hommes de pouvoir avaient un brin – ou plus – de folie. Or, si l’homme était à l’image de son Dieu, alors l’inverse était également vrai. Dieu était donc l’essence même de la folie. Une théorie intéressante qui mériterait d’être creusée. Si tant est qu’il y ait la moindre chose, car Coldris révérait plus cette grande garce de Dame Fortuna qu’un hypothétique Dieu, point sur lequel les deux hommes se rejoignaient. Et si la discussion quitta la théologie, ce ne fut que pour mieux retomber sur la folie tel un habile chat retombant sur ses pattes.

La citation de Sa Majesté lui en rappela une autre du même auteur : « Les fous regorgent d'argent, prennent le gouvernail de l'État et, en peu de temps, sur tous les points sont florissants. » Raison de plus de se débarrasser de ce roncier avant qu’il ne cause le moins de problème à leurs grands desseins. Quant aux enfants, lui ne voyait dans son projet d’orphelinat qu’un bordel pour assouvir ses besoins maternels. L’altruisme ? Ce n’était qu’une illusion. De la poudre aux yeux. Il n’y avait pas un homme sur cette terre qui agissait sans arrière-pensées. Et quand bien même l’on eut l’impression que leur bonté puisse être parfaitement détachée, il suffisait de gratter pour s’apercevoir qu’à minima elle était motivée par le plaisir ou le bonheur qu’ils en retiraient. Personne n’opérait sans intérêt et les plus sots étaient encore ceux qui s’imaginaient le contraire. Le bon mot de son souverain le fit rire. Il savait combien toutes ces choses pouvaient le passionner.

—Si seulement cela pouvait être vrai, Sire, nous n’aurions alors plus de problèmes pour financer nos projets.

Conter ce récit à son roi, le rendait bien plus agréable que de l’avoir vécu. Il en aurait presque oublié en cet instant combien tout cela l’avait répugné. Encore plus lorsqu’il renchérissait au sujet de la pêche d’un bon mot qui faisait si bien écho au sien. Si le souverain venait de se lever pour arpenter pensivement le salon à la fin de leur discussion, Coldris s’était lui enfoncé entre les moelleux coussins, son verre de nouveau rempli à la main. Il ne manquait qu’un peu de compagnie pour parfaire le tableau. DE là où il était, il l’observa s’adonner à ce même tic qu’ils partageaient ensemble d’un œil amusé jusqu’à ce qu’il ne se décide à mentionner son apprenti, chose qui ne manqua pas de piquer à vif sa curiosité.

— Il n’est jamais trop tôt pour apprendre les ficelles de ce métier et s’il n’a pas mes dispositions pour la chose, il apprendra bien vite à les développer tant celles-ci peuvent s’avérer utiles.

De là, il en arriva à rappeler la place qu’il briguait réellement et sa double déception à ne l’avoir jamais obtenu. Bien entendu, il partageait l’opinion de son souverain à ce sujet. Ce ministère était un arbre aux racines souterraines qui étendait ses noueuses ramifications jusque par delà les mers et océans. De sa position, il avait tout pouvoir pour soulever les sols étrangers. Un jeu aussi excitant qu’amusant comme en témoignait son sourire des plus sincères. Au fond, il laissait bien volontiers la place de Premier Conseiller à ce cul serré de Dyonis. Si problème il y avait, sa tête sauterait avant la sienne et c'était très bien ainsi.

— Les rêves d’enfant ont la vie dure, que voulez-vous, Sire. Du reste, pourquoi se contenter d’être Roi lorsque l’on peut être Empereur ?

Le titre. Le titre. Il aurait voulu le titre plus que les fonctions associées. Il y avait cette espèce de promesse tacite qu’il s’était faite alors qu’il n’était qu’un gosse sans avenir, cette promesse de se hisser sur la plus haute marche qui lui serait accessible. Cette promesse qui restait et resterait hors de sa portée à tout jamais. Il était le Premier Conseiller du roi dans les faits, mais n’en porterait jamais le nom. Alea jacta est.

Coldris préféra dévoiler peu à peu l’identité de celui qu’il espérait former, ce qui ne manqua pas de faire rire le souverain auquel il adressa un regard plein de malice puis s’inclina à ses congratulations. Il doutait sincèrement qu’il n’ait pu envisager une telle chose, mais ne pouvait que lui laisser le bénéfice royal du doute. Ce fut alors le moment de présenter au Roi l’œuvre d’Alexandre spécialement conçue pour l’occasion qui comme prévu éveilla son intérêt.

— Ce sera avec grand plaisir. Que ce soit pour mon apprenti ou pour cette magnifique créature, si j’en découvre un quelconque spécimen en ce bas monde. À défaut, vous pourrez toujours en posséder l’une des deux.

Puis il scruta soudainement l’horloge impressionnante pour constater que le temps filait atrocement vite lorsque l’on était en bonne compagnie. Il vida son verre puis se redressa, nettement plus sérieux.

— Il semblerait qu’il soit l’heure de nous mettre au travail, Sire, ironisa-t-il d’un sourire madré, si vous me le permettez, je vais prendre congé afin de récupérer quelques factices dossiers en vu d'accueillir votre Premier Conseiller pour cette soirée d’étude et d’expérimentations.

Il se frotta les mains puis se leva avant d’effectuer une profonde révérence. Avec un peu de chance, le souverain trouverait un quelconque judas pour espionner l’arrivée du baron avant que le pot aux roses ne soit dévoilé. Avant de partir, il prit soin de réajuster son col ainsi que ses manches puis se dirigea d’un pas alerte vers son bureau.

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Message par Le Cent-Visages Mar 20 Juil - 12:23

[19 janvier 1598, soirée] In monstro veritas Der_ra10

Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina

Ah, en effet si cela pouvait être vrai. L'alchimie avait quelque chose de fascinent et parfois le roi se prenait à rêver de ce genre de fantaisies tout comme on accepte, le temps de la lecture d'un roman, la vérité de ce qui se déroule au fil des pages. Alors même que ce n'est que fiction. Manipulation. Mais le mythe jouissait de ce pouvoir-là : faire de l'or avec de l'ordinaire. Le tout était de manier pour cela suffisamment bien les langues et les âmes - tout le travail subtil du politique qui quelque part rejoignaient les meilleurs auteurs et les alchimistes les plus allumés.

-- Et Diable-seul-sait si nous n'aurons quelque surprise, sourit à son tour Sa Majesté au sujet du jeune novice de son Ministre en la matière : Ne voit-on pas après tout dans certains livres sulfureux les plus prudes couventines devenir les plus passionnées et entreprenantes à la chose ? Il appréciait de ces lectures libertines où des séducteurs se donnaient des défis de plus en plus ardus : parvenir à instiller le venin aux âmes les plus banche-colombe. Où était l'intérêt et le piquant d'un défi sans épaisses murailles à abattre ? Gérald ajouta, doucereux : Verrons-nous même un jour l'élève dépasser le maître ? En ambition, en sournoiserie, en ruse, en débauche, en tout le reste. Sauf en droiture de corps bien évidemment. Et en catalogue de conquêtes féminines. Oh il y avait du travail mais il ne fallait jamais dire jamais.

Il accompagna la suite de leur discussion d'un autre verre, puis d'une subtile bouchée gourmande portée du bout des doigts à ses lèvres, dans un geste d'appétit et de délice assez éloquent pour répondre à la remarque de Coldris. Les rêves d'enfants étaient les plus beaux. Parce qu'un peu fous. Tous deux le savaient. Et être empereur ne se refusait pas : qui peut le plus... peut le plus encore ! Une devise que se réaffirma le souverain ensuite en face du dessin : Djerdan où la femme aux multiples bras ? Mais le Ministre avait bien raison : pourquoi pas Djerdan ET la femme aux multiples bras ?

-- Je fais confiance à votre talent pour nous dénicher toutes les trouvailles aussi utiles qu'agréables. Car pourquoi ne pas joindre les deux, tant le genre hybride en art a ses vertus. Car déjà, il réfléchissait loin à la chose : posséder en sa collection une telle femme permettrait d'envoyer moult de messages politiques relatifs à Djerdan ! Gérald imaginait les tableaux de propagande qui se pourraient peindre. Les événements qui se pourraient organiser. Le caractère "d'avertissement divin" des phénomènes qui se pourrait, ici encore, construire et exploiter dans le bon sens. Ce serait encore plus beau qu'avec cette très utile et très à-propos boîte d'osselets qu'ils s'apprêtaient à élever au rang de Saint-Martyr le lendemain.

Le temps filait. Le roi nota lui aussi sa course, puis vit Coldris se redresser de tout son sérieux. Il rit de bon cœur à son annonce, en l'imaginant se saisir de dossiers factices pour jouer au mieux leur petite comédie en approche. Comme cela allait être réjouissant ! Et que dire du moment où arriveraient également le Cardinal et son Jésus-Guérisseur-Ressuscité ! Gérald Der Ragascorn s'amusa à son tour à se lever, à parodier la démarche la plus grave possible pour rejoindre un bureau, à s'y installer avec tout ce qu'il pouvait y mettre de sérieux solennel. Seul l'éclat d'une mutine œillade rompra cette image du monarque studieux.
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Message par Coldris de Fromart Sam 24 Juil - 10:17



Son élève avait encore un long et pénible apprentissage avant d’espérer satisfaire ses exigences, mais tout le monde savait que les joyaux naissaient d’insignifiantes pierrailles. Il existait toujours cependant un risque de bris lors de la taille. Un mauvais coup, une faille non détectée et tout était bon à jeter.

— Ah cela Sire! Mais pourquoi diable se contenter des livres ? La réalité est bien plus excitante. Vous devriez venir jouer aux Dames avec moi un jour. il afficha un petit sourire de mauvais garnement avant de reprendre plus sérieusement : les excellents disciples finissent toujours par dépasser leur maitre, la nature est ainsi faite. L’avenir nous dira où celui-ci se situe. Il n’y a de fait que deux options : réussir ou périr. Les jeunes loups n’ont qu’un seul essai pour vaincre leur alpha.

Et s’il s’inclinerait et se retirait bien volontiers de la vie politique s’il devait être détrôné par son disciple, il n’aurait en revanche aucune pitié à l’anéantir au moindre faux pas. C’était dans l’ordre naturel des choses.

Pour ce qui était de satisfaire les excentricités de son souverain, il pourrait très prochainement se réjouir des « trouvailles aussi utiles qu’agréables » qu’il avait déniché pour lui. Entre cette albinos aux rêves étranges qui lui avait affirmé qu’il rencontrerait un « petit oiseau blessé sombre comme un corbeau et beau comme une mésange » peu après son anniversaire… Chose qu’il n’avait pas manqué de trouver des plus absurdes sur le coup, d’une part car un tel animal n’existait pas et d’autre part car il avait bien mieux à faire. Toutefois, à la lumière de certains évènements, les zones d’ombres s’étaient dissipées et il devait admettre malgré son affligeant pragmatisme que cela demeurait étrange. Un étrange qui fascinerait le roi bien plus encore que lui, il n’avait besoin d’aucun oracle pour arriver à une telle conclusion.

Coldris prit d’ailleurs congé afin d’aller accueillir le Sieur de Frenn pour sa réunion de travail. Un crochet par son bureau, quelques dossiers sous le bras et il emprunta un escalier de service, quelques corridors où il ne manqua pas de croiser une poignée de domestiques qui s’étonnèrent autant qu’ils s’écrasèrent sur son passage, puis déboucha dans l’une des cours par une porte dérobée. Le palais lui faisait parfois penser à une sorte de Gargantua percé de nombreux orifices et irrigué d’un réseau sanguin tentaculaire. Il chassa de son esprit ces considérations tant scientifiques que littéraires pour s’engager dans un passage qui le mènerait droit sur le baron. Comme les biches, il serait parfaitement ponctuel (légèrement en avance pour se donner le loisir d’arriver). Le temps de ranger son sourire d’enfant farceur et de se constituer la mine grave et un soupçon agacé de celui qui allait devoir travailler tard sur un sujet des plus pénibles et il poussa l’ultime porte qui devait – si ses calculs étaient bons –  le faire tomber sur le Seigneur de Frenn et… il arriva dans les secondes.

— Votre Excellence, salua-t-il d’un léger signe de la tête, venez donc le roi nous attend déjà.

Il n’avait pas fait quelques pas que Coldris maugréa :

— Ah que n’a-t-on idée de faire Conseil à une heure si tardive ! Et ce n’est pas même pour un Conseil de guerre ! Simplement pour des infirmes et autres questions sociales qui pourraient tout à fait attendre le petit jour. La nuit est faite pour s’amuser ou se reposer que diable.

Intérieurement le vicomte se frottait les mains avec malice, quelle excellente idée de son souverain que voilà ! Tous deux allaient prochainement se régaler de l’expression déconfite du baron, persuadé qu’il allait enfin pouvoir faire son devoir chrétien de Premier Conseiller.

Bienvenue au palais royal, mon cher Dyonis!

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Mer 28 Juil - 10:23

Dyonis n'a pas cessé de réfléchir le long du trajet. Il est le premier étonné de voir le roi avoir si facilement accepté d'aborder la question sociale... pour ne pas dire si rapidement ! Surprenant. Mais soit, le Premier Conseiller se doit d'être à la hauteur. En l'espace de dix jours depuis l'affaire de l'Hôpital Général, ce qu'il a préparé reste très insatisfaisant, toutefois il a déjà jeté sur le papier quelques premières lignes directrices - et fait mener les enquêtes et rapports nécessaires à les appuyer. Le dossier avec lequel il s'en vient aborde déjà plusieurs aspects du sujet et propose de premières pistes.
Les Hôpitaux Généraux justement. Comme promis à Édouard, ils doivent revenir à une pure fonction de soin. Ce ne sont pas des prisons. Il faut aussi mieux sectoriser les cas. Quant aux détournements de fonds auxquels le travail forcé y donnait lieu, ils doivent cesser - et ce ne sera que d'autant plus d'argent imposable par la Couronne si les manufactures font faire leurs produits dans des lieux et conditions normales de travail. L'argent récupéré pourra être réinjecté dans de vrais soins.
L'Église quant à elle doit cesser de rouler sur l'or et se remettre en accord avec ses vœux, donner temps, argent et bâtiments pour les déshérités. Il y a aussi cette "Hope Maison" ouverte par Donna Despina et que Dyonis entend surveiller de près, tant il est loin de faire entièrement confiance au drôle de personnage qui en est la tête. Heureusement, toutes les décisions suprêmes lui reviennent à lui pour ce genre d'établissements, et la Donna a signé ses conditions sans discuter.
Quant au chantier de l'emploi des personnes invalides et autres pauvres, il va falloir en amont les réhabiliter dans l'opinion commune. Gros défi mais que le Premier Conseiller se promet de relever. Il dispose des connaissances pour. La presse, les églises et les autres organes d'information devront être mobilisés sans leur laisser le choix. Et en aval, le seigneur songe déjà à quelque chose comme une prime - ou baisse de taxe pour les corporations qui feront l'effort d'intégration. Et autant de personnes "différentes" en emploi, ce sera autant moins à devoir bénéficier des fonds de charité. Nul argent perdu.

Mais le voilà arrivé devant le palais royal, qu'il commence à bien connaître désormais pou y venir régulièrement en réunion. Il met pied à terre. Le vicomte de Fromart l'accueille, d'un air un peu pincé - clairement contrarié d'être là ce soir pour ce genre de choses. Dyonis note l'élégant petit ornement au côté de son habit de travail par ailleurs austère. Il rend son salut à Coldris et le suit, dossiers sous le bras.
Pourquoi donc est-il accueilli par le Ministre ? Et pourquoi est-il arrivé par ici ? Oh, après tout ce n'est que du détail. L'on a vite fait, dans ce véritable dédale qu'est le palais, de changer son itinéraire ou d'en emprunter des surprenants selon d'où l'on vient, qui l'on a croisé, qui il ne faut pas croiser...

"Je suis aussi surpris que vous, je dois l'admettre. Ce n'est pas là le genre de Sa Majesté." Et en effet, comme le souligne le vicomte, ce n'est pas non plus comme s'il était question d'un conseil de guerre. "Peut-être a-t-Elle jugé bon de nous mettre d'accord sur les grandes lignes des actions sociales de l'Empire, à la veille de la sépulture d'Édouard, afin que nous soyons au point sur les discours à tenir demain si le sujet vient à être discuté ?"
Il hausse les épaules : là, tout de suite, telle est sa seule explication. Les yeux du baron furent de nouveau traversé d'émotion au nom du défunt vétéran, au souvenir du soucis qu'il avait eu - par quelques clignements de paupières - de ses frères de misère aux portes de la mort. Oui, Édouard, nous allons faire de notre mieux... Mais déjà, Dyonis se recompose un visage inexpressif et concentré, prêt à travailler. Il suivra Coldris, qui a l'air de savoir dans laquelle de ses innombrables salles Sa Majesté s'est installée.
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Message par Coldris de Fromart Mer 28 Juil - 22:36



Le vicomte jouait son rôle jusqu’au bout. En soi, ne pas se réjouir d’une réunion de travail avec le Premier Conseiller n’avait rien de bien compliqué : il pouvait être assommant comme une enclume lorsqu’il s’y mettait, et à cette heure-ci il avait d’autres préoccupations bien plus divertissantes que des conseils ministériels pour affaires sociales.

Le baron se disait surpris et tout ce qui vint à l’esprit de Coldris fut un profond rire narquois venu d’outre-tombe : le pauvre bougre n’était pas au bout de ses surprises si seulement il savait ! Il avait cependant raison sur un point : ce n’était pas le genre de Sa Majesté. Excepté lorsqu’il s’agissait de planifier leurs prochaines conquêtes et les stratégies à mettre en place pour faire échec et mat sur cet échiquier géant qu’était le continent. Enfin… là encore, le matériel subissait parfois quelques dommages collatéraux lorsque les réunions étaient tardives, mais quels bons moments ils avaient pu passer ensemble ! Les idées les plus géniales fleurissaient des moments les plus fous. Et quand deux esprits tels que les leurs s’unissaient, il y avait de quoi transformer une friche en champ de pétales colorés.

Quant à sa supposition, il se serait sans doute étouffé s’il n’était pas rodé à l’exercice. Bah voyons, comme s’il n’avait que cela à faire de les coordonner pour cet évènement.

— Ce serait ma foi possible admit le vicomte pensivement, mais déjà une nouvelle idée fabuleuse germait dans son esprit fertile. Et après un temps de réflexion, il mit son plan à exécution vous savez, ce que je pense mon cher Baron ? Il se tourna vers lui,  je crois que c’est une idée saugrenue de notre souverain pour se jouer de moi. Il soupira dépité,  réfléchissez donc : je suis ministre des Affaires étrangères et de la guerre, je ne suis en rien concerné par votre… vernis moral. Qui plus est nous avons déjà réglé tous les détails concernant l’hôtel des Invalides. Il secoua la tête ce ne peut être que pour cette raison… Il sait à quel point ce genre de sujets m’exaspèrent... et en plus le soir !

De l’air blasé du ministre connaissant par cœur les facéties de son roi, il soupira légèrement tout en haussant à son tour les épaules.

— Inutile de nous ronger les sangs, j’imagine que nous le saurons bien assez tôt. Dites-moi mon cher collègue, comment vous portez-vous ?

Tout en discutant, il entreprit de le perdre dans les couloirs, simplement pour le plaisir de faire durer ce délicieux moment. Ce serait Sa Majesté qui s’en réjouirait : le récit n’en serait que meilleur.

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Mar 10 Aoû - 14:30

Tout en avançant, Dyonis marque un petit temps d'arrêt en écoutant la supposition quelque peu contrariée du vicomte. Le roi lui jouerait un mauvais coup ? Il passe sur l'expression "vernis moral" et n'y réagit que d'un bref haussement d'épaules : il y a effectivement de cela dans le poste de Premier Conseiller, le baron le sait. Mais, lui, espère bien ne pas s'arrêter au vernis et continuer l'œuvre en route, après l'affaire Rottenberg, la mise en ordre du Lupanar ou encore la réglementation du commerce servile. Ce qui arrive avec la question sociale et les détournements fiscaux va être le gros du travail et sera loin d'être aussi facile que les précédentes missions.
N'ayant pas vraiment d'autre réponse plausible que ce qu'il a déjà suggéré, Dyonis commence à envisager l'hypothèse de Coldris et entreprend de détendre un peu le terrain. "Si s'agit de cela, sans doute est-ce parce que qui aime bien charrie bien." Choses des plus vraies, du reste : le baron sait la grande complicité entre le monarque et le Ministre.

Dossiers sous le bras, démarche sobre à travers les couloirs, Dyonis retrouve un air plus sérieux en jugeant le moment opportun pour aborder un certain sujet. Rares sont les occasions qu'il a en tête à tête avec le vicomte. Et l'on ne peut pas dire que le retour de l'Hôpital Général ait été propice à ce qu'il songeait, déjà à ce moment-là, important de discuter avec le seigneur de Fromart.
"Oh, je vais bien, merci." répond-il pudiquement. "Pardonnez-moi la brusquerie du changement de sujet, mais voilà quelques temps déjà que j'ai à vous entretenir d'une affaire. Les circonstances de nos dernières rencontres ne l'ont pas permis, toutefois à présent. Cela concerne votre apprenti secrétaire. Alexandre."
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Message par Coldris de Fromart Mer 11 Aoû - 21:54



Coldris s’amusait comme un petit fou à faire littéralement tourner en bourrique le Premier Conseiller, mais bien évidemment, tout cela était soigneusement gardé en son for intérieur, bien loin des yeux inquisiteurs de son collègue qui ne se doutait guère qu’il était en réalité le dindon de la farce. Le ministre persistait donc à maintenir son masque maussade tout en arpentant les tortueux corridors royaux. Qui aimait bien charriait bien ? Oh il n’avait pas idée de ce qu’il disait ! Et cela n’en était que d’une ironie encore plus savoureuse. Oui. Le vicomte l’appréciait suffisamment à certains égards pour se plier de bon gré à cette facétie royale qui n’était qu’une parmi tant d’autres jouées au cours de cette vingtaine d’années partagée ensemble. Il grogna et se renfrogna un peu plus, crispant ses doigts osseux autour de ces maudits dossiers sociaux entièrement factices.

Pour la peine, il prit un virage à quatre-vingt dix degrés dans un boyau un peu plus étroit que les autres. Ce fut à cet instant que son cher collègue décida lui aussi d’opérer un changement de discussion passé les politesses d’usage. Il hocha vaguement sa mine déconfite à ses excuses tout en écoutant apparemment distraitement le nouveau sujet en question. Au nom d’Alexandre, ses sourcils s’abaissèrent suspicieusement sur ses deux sévères aigues-marines. Il souffla légèrement et répondit avec son sarcasme habituel :

— Eh bien qu’y a-t-il avec Alexandre ? Seriez-vous envieux de mon apprenti, peut-être ? C’est vrai que vous auriez été, ma foi, fort bien assortis tous deux, je dois le reconnaitre.

Coldris darda un regard à peine joueur sous son air foncièrement blasé.

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Jeu 19 Aoû - 21:12

Par le Ciel, comme le trajet de ce soir est tortueux ! Ce n'est pas faute de commencer à plutôt bien connaître le domaine impérial, mais à ce niveau, Der Ragascorn semble avoir décidé de lui faire encore découvrir de nouvelles ailes. Pourquoi donc cet énième virage et ce couloir bien étroit ? C'est à se demander si Sa Majesté n'a pas refusé de sortir d'une des plus petites salles au fin-fond de son palais. Décidément, quelque chose paraît de plus en plus louche. Est-ce une manière, de la part du roi, de faire sentir à quel point les sujets de la réunion imminente l'ennuient lui aussi royalement ? Ce ne serait pas surprenant : le Premier Conseiller sait désormais que leur Sire est un homme de grand devoir, qui ne repousse jamais les dossiers même les plus pénibles - mais qu'il a aussi dans le même temps ses façons à lui, subtiles, de faire sentir ici ou là par quelque pique ou mauvais tour le sentiment de l'homme derrière sa Raison d'État.

Dyonis souffle de rire à la répartie de son collègue quant à son secrétaire. Devant l'humeur grognon de Coldris, le Premier Conseiller décide de jouer un peu le jeu et répond volontiers, un peu joueur : "Oh n'ayez crainte, à défaut de celui-ci j'en ai récemment accueilli d'autres pour mes assortiments." Il songe un instant à la servante clopinante et anciennement aveugle récupérée de chez le seigneur de Wollenbach, et à sa mainmise sue tous les malheureux que le fou de Rottenberg avait laissés soit estropiés, soit malades psychiques.

Mais le temps presse et il faut aborder l'affaire. "Vous n'êtes pas sans savoir les conditions dans lesquelles Alexandre a été asservi. J'ai beaucoup réfléchi depuis. Ni lui ni l'autre garçon ne méritaient si lourd châtiment pour leurs fautes." (Un temps. Dyonis ralentit au moment de formuler sa demande, lui donnant le sérieux qui s'impose.) "Je souhaiterais affranchir Alexandre. Votre prix sera le mien." ajoute-t-il aussitôt : il a bien conscience que rendre sa liberté au fils Bellanger amènera le seigneur de Fromart à le payer si l'affaire se conclut. "Il en ira de même pour le jeune Tristan, si le général Joseph n'y voit pas d'inconvénient - mais l'inverse m'étonnerait." Il a eu en effet diverses occasions de connaître la bonhomie du géant et a eu quelques échos de son grand cœur - autant que de son aversion pour l'asservissement.
Il y a également Eldred, se rappelle alors le Premier Conseiller. Pour lui aussi, il envisage de plus en plus sérieusement l'offre de sa liberté. Pas question cependant de le faire en même temps que les deux garçon - ce serait laisser soupçonner à tort à l'administration et au qu'en dira-t-on que le Zakrotien est lui aussi mêlé au sujet relatif à Tristan et Alexandre. Ne pas les deux affaires. Les garçons seront prioritaires. Le tour d'Eldred viendra plus tard.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 19 Aoû - 23:45



Il sentait son cher collègue devenir quelque peu suspicieux du trajet emprunté. Allons bon ! C’était simplement que son sens de l’orientation était déréglé ce soir… Tous ces couloirs identiques en même temps… Disons que c’était là l’occasion de profiter d’une conversation agréable en compagnie de ce premier cul serré de l’Empire, alors qu’en vint le sujet d’Alexandre, il ne put s’empêcher de le piquer un peu de ses sarcasmes, se satisfaisant de l’effet produit sur le baron.

— Que ne faut-il pas faire pour satisfaire son souverain ! Ayez la bonté de lui conserver les plus extravagants cependant, il ne faudrait pas attiser sa jalousie. Prenez exemple sur moi, et vous entretiendrez d’excellentes relations avec lui.

Il esquissa un sourire. Oh oui, Sa Majesté serait ravie de cette soirée pleine de surprises et de charmants présents qui ne manqueraient pas d’exciter sa curiosité et plus encore. Mais déjà le baron en revenait au sujet principal : Alexandre. Que lui voulait-il donc à son apprenti ? Des remords sur son asservissement ? Il n’y avait vraiment que lui pour s’embarrasser de sentiments aussi superfétatoires. Pour sa part, il considérait cela comme une bénédiction. Tant pour son travail que pour contrôler les relations de son fils. Il arqua donc un sourcil circonspect :

— C’est bien pour cela que la corde est préférable. Cela règle définitivement tout problème.

Le silence annonciateur du dénouement prochain s’étira au claquement de leurs souliers sur le marbre étincelant. Affranchir Alexandre donc ? Ma foi, il avait prévu de le faire pour l’établir officiellement en tant que secrétaire dès lors qu’il aurait atteint le niveau requis.  En revanche, la suite de sa phrase lui étira un profond sourire intérieur, savamment caché derrière ce masque légèrement bougon. Il y avait certaines phrases en ce bas monde que l’on ne prononçait pas devant un esprit aussi fertile et sans limite que celui de Coldris de Fromart. Des phrases comme « je ferai tout ce que vous voudrez » ou… « votre prix sera le mien ». Par exemple.
Il s’immobilisa aussitôt, pinçant ses lèvres pensivement avant de déclarer en lui tendant ses dossiers :

— En ce cas... mon prix sera votre place au gouvernement. Vous n’aurez qu’à prendre la mienne en dédommagement. C’est un marché équitable n’est-ce pas ?

Il afficha le sourire satisfait du commerçant qui vient de réaliser une bonne affaire et se délecta de sa réaction avant de récupérer finalement ses dossiers dans une moue réprobatrice.

— Tout compte fait, oubliez… Vous n’avez pour cela ni les épaules  ni les qualifications requises pour prendre soin de ce chef d’œuvre que j’ai co-écrit. (une petite pause, laissant le temps à son regard d’admirer les moulures dont il se fiche éperdument, puis il reprend) faisons plus simple, ne nous embarrassons pas de tels marchés entre nous. Je vous échange la liberté de mon infirme contre celle de votre zakrotien qui a sauté votre fille. Pardon sauvé.

Oups. Cela lui avait complètement échappé. Ou pas. Et ses commissures retroussaient mettraient son interlocuteur sur la piste à suivre. Malheureux lapsus n’est-ce pas ?

— Alors qu’en dites-vous ?

À quel point désirait-il laver sa conscience ? Irait-il jusqu’à lâcher la garde de son chien déviant pour faire de doux rêves ? Ah ! Ce qu'être esclave de sa morale pouvait coûter cher tout de même ! C’était bien pour cela qu’il était préférable de s’en affranchir…

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Dim 29 Aoû - 13:55

Ils marchent encore à travers ces couloirs dédaléens. Ciel ! Le monarque leur a-t-il organisé un cache-cache ?! Ou bien, le vicomte fait simplement durer afin de retarder la réunion, à moins que ce ne soit dans le soucis s'octroyer le temps décompresser par un peu de sarcasmes avant. Pour ce qui est de satisfaire le souverain, Dyonis imagine soudain la tête de la pauvre Claire-Marie si elle devait répondre à des exigences de cette nature. Heureusement pour elle et pour les autres, le baron entend les conserver en paix dans son fief. De toute manière ils n'étaient pas assez "originaux" pour intéresser Gérald Der Ragascorn. Ce qui est tant mieux, l'on ne va pas se le cacher.

"J'ai la chance, comme vous, de ne pas partager ses goûts en cette matière. Aucune tentation dès lors de lui faire de l'ombre." Et jamais encore le hasard n'a mis sur son chemin de phénomènes suffisamment... phénoménaux... pour que se pose la question. "A ce propos comment se porte le jeune Kirm ? Quand envisagez-vous de le lui présenter - si ce n'est déjà fait ?" Ce qui a d'abord été un sujet de plaisanterie vient de rappeler au baron le motif qui avait poussé son collègue à l'accompagner à l'hôpital général. Le Premier Conseiller garde pour lui le fond de sa pensée quant aux jeux du souverain, mais par conscience du moindre mal, se réjouit de cette perspective pour l'adolescent - toujours meilleure que l'affreux institut. Le seigneur de Fromart a-t-il du reste déniché de nouvelles curiosités susceptibles, en d'autres circonstances et sans la loyauté de Coldris à son monarque sur ce sujet comme sur le reste, d'attiser la royale jalousie ?

La prise de nouvelles sera toutefois bien brève : Dyonis aborde la réparation qu'il a mûrement réfléchie. La première répartie de son collègue lui ourle un coin de lèvre : en effet, il avait réclamé la corde. Mais... "Il semble que Sa Majesté par l'octroi de sa grâce en ait jugé différemment." Décision de Der Ragascorn qui l'étonne toujours autant, quand il sait que le reste du temps, le sort des esclaves et des petits condamnés sont les cadets de ses soucis. Une grâce royale dans une affaire aussi minime, alors qu'il se juge toutes les semaines dans l'Empire des gueux envoyés à la potence. Le prix symbolique, peut-être, de son poste de Premier Conseiller ?

Quant à son "prix", le pincement de lèvre du vicomte lui laisse deviner que, fidèle à lui-même, c'est d'abord une pique qui va arriver. Et de bonne guerre, ce qui ne manque pas. Sa place au gouvernement ? Le baron répond d'un incrédule souffle par le nez. Soyons sérieux. Il n'était question que du prix d'un esclave et le Ministre, derrière son bon mot, le sait bien.
D'ailleurs Coldris reprend aussitôt et Dyonis lui accorde bien volontiers cette créativité par laquelle il n'a, avec le monarque, eu de cesse d'élargir les frontières de l'Empire. En plus d'en modeler intelligemment le territoire. Le baron, lui, s'intéresse plutôt au monde législatif. Autre levier, certes moins amusant - beaucoup moins amusant, ce qui n'est toutefois pas pour le déranger - de sculpture d'un État. Il sourit donc et répond sans se défaire : "Voilà qui est donc pour le mieux. Je serai aussi peu taillé pour votre office que vous pour le mien. Là aussi, il ne s'agirait pas de contrarier notre souverain." Un poste de fusible, un poste qui requiert un affichage moral irréprochable, des lieues et des lieues de rapports, la confection de lois sur des sujets plaisants comme sur les plus ingrats - surtout sur les plus ingrats - le seigneur de Frenn s'imagine peu son collègue à cette austère place. Austère, mais nécessaire pour espérer insuffler à Der Ragascorn ce qui lui tient à cœur pour l'Empire.

La proposition du vicomte concernant les termes de leur marché arrive. Dyonis est d'abord surpris par la réclamation concernant Eldred - pourquoi donc lui voudrait-il un esclave ? Et celui-ci en particulier ? - mais cela devient ensuite le cadet de ses soucis. A-t-il bien entendu ? Soudain, alors que le regard de Coldris erre le long des moulures tandis que le sien reste fixe et droit devant lui - sur son vis-à-vis - le temps semble s'arrêter. Ses pieds ne plus vouloir décoller du sol. Sidération. Tout est calculé chez le seigneur de Fromart et cette confusion n'a rien d'un lapsus. Rien d'involontaire. Le Premier Conseiller fait très vite le calcul. Eldred, Lavinia... Il en cesse de respirer quelques secondes, tombe statue. Il n'entend qu'à peine la dernière question de son collègue. Leur marché, Alexandre, le décor du palais, tout cela ne compte plus en cet instant alors que l'épouvantable tableau concernant sa fille se dessine.
Il secoue légèrement la tête. Non. C'est une plaisanterie. De très mauvais goût, mais une plaisanterie. Pire que cela : une offense. Quoi que. Le vicomte de Fromart est certes très créatif quant il s'agit de mettre des bâtons dans les roues de qui il souhaite... cependant, il croit le connaître tout de même assez pour savoir que sa malignité a certaines limites et que sur le sujet de la famille, il est homme d'honneur. Dirait-il donc ce qu'il venait de dire uniquement par provocation ?

Dyonis accuse le coup et ne sait pas encore pour quelle hypothèse trancher. Tout ce qui peut sortir de sa bouche est un tombal : "Comment ?" Le sujet d'origine et Alexandre n'ont alors plus la moindre importance. C'est sa famille qui vient d'être mise en cause. Le bon ordre de la mesnie de Frenn. La droiture d'Eldred. Celle de Lavinia aussi. Insinuations d'une extrême gravité.
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Message par Coldris de Fromart Mer 1 Sep - 22:51




Coldris continuait de le perdre en tour et détour, simplement pour le plaisir de faire durer leur conversation qui d’amusante glissa peu à peu vers savoureuse. Une chose était néanmoins certaine, ni l’un ni l’autre ne ferait d’ombre à leur souverain pour ce qui était de la collection d’anomalies anatomiques. Il pouvait bien s’enorgueillir d’avoir cédé à la détention d’un invalide de compagnie, il n’en restait pas moins un sujet parfaitement banal et inintéressant pour Gerald der Ragascorn. Et pour cause, le vicomte préférait de loin les dénicher que les posséder… quant à Kirm, il comptait le présenter « prochainement ».

— Il se porte bien et prête main-forte à notre jardinier pour bêcher le potager. Une paire de mains supplémentaires n’était pas de refus… commenta-t-il de son habituel ton sarcastique et détaché par pur esprit de provocation.

Du reste, il ne serait certainement pas déçu de son triptyque de curiosités qu’il avait fait mener au palais ce soir. La question était de savoir qui de son souverain ou de Dyonis aurait la réaction la plus ostensible à ses présents. Le sujet fut cependant rapidement balayé par le baron qui aborda l’affranchissement d’Alexandre. Cela lui rappela vaguement une discussion fort récente et ses yeux étincelèrent d’une lueur malicieuse.

— Les voies de Sa Majesté sont impénétrables.

D’où venait cette grâce ? Il n’en avait pas la moindre idée. Sans doute sur un coup de tête pour alimenter sa popularité en faisant un geste pour de clémence pour deux gamins idiots. Cela aurait aussi pu être pour le plaisir de contrarier son cher baron procédurier. Un peu des deux peut-être ? Pour l’heure, il lui offrit son premier prix : sa place de Premier Conseiller. Encore et toujours cette place qu’il ne cesserait de convoiter plus pour la forme et le rêve d’enfant que pour l’envie qu’il avait de l’occuper réellement. Les problèmes sociaux, l’image pieuse et proprette : il la lui laissait. En vérité, quand bien même cela aurait été possible, il fallait se rendre à l’évidence : le seigneur de Frenn n’avait pas les épaules pour. Les mots de son souverain lui revinrent en mémoire faisant écho à cette discussion. Il esquissa un petit sourire. L’un était fait pour être le soliste sur qui tout le monde avait les yeux rivés. Un autre n’était que le décor et le dernier arrangeait la machinerie qui rendait le spectacle vivant et fabuleux.

— Loin de moi cette idée. Il parait que mes aptitudes sont plus appréciées là où elles se trouvent et vous avez si bien su envouter le Roi... avec vos talents et vos ressources. Je ne peux que m’incliner.

Ce qu’il fit avec une certaine ironie. Finalement, il se décida à lui offrir son vrai prix. Eldred. Pour Alduis notamment, pour lui éviter une mort idiote sur le mur des condamnés en cas de crimes et diable savait-on à quel point ces sauvages pouvaient être imprévisibles lorsque la rancœur les animait ! Et puis, c’était une façon comme une autre de lui mettre des bâtons dans les roues. Dire « oui » était bien trop simple pour qu’il ne s’y résigne sans la moindre discussion. Où était le plaisir ? C’était bien pour cela que ce lapsus lui échappa malencontreusement. Derrière lui – car il avait continué son petit bonhomme de chemin – l’écho des pas s’était tu. Petit rictus accroché aux commissures, il patienta, yeux toujours rivés vers ce splendide plafond que l’information redescende jusqu’aux lèvres du baron. Il n’était pas idiot. Il savait pertinemment qu’il n’y avait nulle place pour le hasard dans sa vie. Tout juste… La moitié qui lui octroyait. Et il aurait été fort déçu de constater que son cher Dyonis eut pu prendre ses mots pour argent comptant… Un mot. C’est tout ce qu’il parvenait à articuler en cet instant.

Mesurant chacun de ses gestes, il se retourna lentement vers son collègue. Il aurait dû le plaindre. Il ne pouvait pas. C’était hors de sa portée. Coldris ne pouvait que rester extérieur à tout ce qui se déroulait en cet instant. Et que voulait-il qu’il réponde à ce « comment » qui pouvait tant dire et ne rien dire ?

— Il me semblait pourtant vous avoir prévenu il y a quelques jours de ce que j’avais pu surprendre en mon domaine. Pour le reste je ne vous fais pas un dessin. Vous m’excuserez, mais je ne suis pas derrière chaque porte à chaperonner votre fille. Il marqua une pause puis ajouta comme une confidence : n’ayez crainte, mon cher baron, je ne compte pas ébruiter cette pénible affaire.

Il resta hésitant un instant avant de finalement se raviser. Vu son état, il n’était sans doute pas des plus judicieux de préciser que les domestiques avaient notifié des tâches pourpres dans son salon. Bah, il n’aurait pu qu’à oublier tout cela à coup de vin !

— Ce sont des choses qui arrivent dans un mariage, la pauvre n’est pas nonne et de ce que j’ai pu voir, elle ne semble pas des plus épanouie. Ne vous sentez pas responsable de cela, elle est adulte désormais et comme je vous l’ai dit, cela restera entre nous.

Certes, c’était facile à dire quand on avait une réputation comme la sienne, mais la vérité était là : les mariages n’étaient que des alliances. C’était bien le terme que l’on donnait aux bagues échangées d’ailleurs, non ? Les femmes et les hommes heureux en ménage ne couraient pas les rues, pas plus que les fidèles. Il aurait pu lui en citer d’autres, de ces nobles qui se faisaient prendre par l’un de leur esclave. Cela n’avait rien d’anecdotique et c’était somme toute pratique de disposer d’un amant dont la parole ne comptait guère.

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Mar 7 Sep - 11:16

Prochainement, donc, Sa Majesté rencontrera le jeune Kirm. Dyonis peut d'ici se figurer le regard éberlué puis l'excitation de leur monarque. Quant au jardin, il souffle de rire. Lui-même est bien placé pour savoir le large panel des plaisanteries qui sont à faire à base de 'mains". Quoi qu'il en soit, l'adolescent est certainement cent fois mieux à Fromart qu'à l'hôpital général et le Premier Conseiller ne doute pas non plus que, mis à part les jeux douteux de Gérald Der Ragascorn, il traitera aussi correctement la petite curiosité.

Comme ils en viennent à aborder l'affaire concernant Alexandre, le vicomte laisse entendre à travers son joueur double discours tous les doutes qu'il entretient concernant cette nébuleuse affaire du mois de septembre. Oh oui, les voies du monarque demeureront pour cela impénétrables - toute possibilité de preuve tangible ayant été éliminées... et l'empoisonneuse muette ayant même eu le trop bon goût de s'éteindre dans les cachots de la prévôté. Un roi envoûté, comme le rappelle malicieusement Coldris l'air de rien, lui-même y croit encore à peine et pourtant le résultat est bien là. Le seigneur de Frenn commenta d'un neutre :

"J'en suis moi-même encore étonné." Ce qui veut tout et rien dire - et n'est pour le coup même pas un mensonge. Étonnée, oui, que le plan ait si bien fonctionné ; étonné qu'un tel exploit ait été accompli sur leur Majesté ; étonné de l'absence de preuve... et surtout étonné que lui-même se soit permis une pareille manigence - lui si peu enclin à tout ce qui sort des procédures.

Mais déjà tout cela part très loin dans l'esprit de Dyonis quand tombe cette révélation au sujet de sa fille. Il n'est plus occupé que par cela, clou au sol, hagard. Oui, il se souvent très bien de leur discussion au retour de l'hôpital général. Il se rappelle de ce qu'il a appris de pour le moins inquiétant et infamant quant à Lavinia. Mais que par-dessus le marché elle se commette avec un esclave - et pas n'importe lequel, celui qui a toute sa confiance...
Son "Comment ?" laisse le Ministre interloqué. Question stupide effectivement. Que répondre à cela. Rien en vérité, cela n'appelait pas vraiment de détail et tenait davantage de l'interjection sidérée. Le seigneur de Frenn rassemble enfin ses dépris de conscience. Il inspire, retrouve contenance et fermeté sans sa démarche qui reprend. Il secoue la tête : non en effet, il n'a guère besoin d'un dessin. Pour le reste en revanche, il sent cette fois-ci Coldris très sérieux quand il lui promet de garder cela pour lui. Ce dont il le remercie d'un signe de tête - peu causant mais sincère. C'est d'ailleurs le père qui un instant semble davantage lui parler : oui certes, Lavinia est adulte et un parent n'est pas tout puissant sur ses enfants - heureusement d'ailleurs : arrive un moment où ils disposent de leur libre arbitre et de leurs responsabilités, pour le meilleur et le pire. Qui ? Qui sera digne de la direction de Frenn après sa mort ? Et ses fils qui arrivent bientôt...
Raclement de gorge. Prothèses dans son dos et marche mécanique. Dyonis rassemble ses idées et, un peu trop brutalement, sans transition pour revenir au point de départ, il affirme quant à Alexandre et Eldred : "Marché conclu." Ce ne sera cependant pas avant d'avoir fait le nécessaire auprès de Lavinia et Eldred. Ce que son visage devenue très sévère laisse comprendre sans ambages : les choses n'iront pas sans règlement de compte.
Quant à Tristan, Dyonis devra se mettre très prochainement en contact avec le général Cassin.
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Message par Coldris de Fromart Mar 7 Sep - 13:38



Etonné, le baron semblait également l’être au sens premier du terme concernant les révélations sur sa fille. Il en demeura même un instant figé tandis qu’il complétait ses allégations et lui jurait de garder le secret sur cette affaire. Petit hochement de tête qu’il lui rendit comme pour dire « c’est tout naturel ».

Esprit comme gambettes remises en branle, le marché fut accepté et scellé entre eux concernant les deux esclaves qui seraient libérés. Une nouvelle qui ne manquerait pas de plaire à son fils, il en était certain, et qui pour une fois, ne comptait aucune mesquinerie calculée de sa part.

Le visage grave, assombri par l’humeur maussade de son collègue, Coldris trimballa encore un peu le Premier Conseiller, histoire de retrouver son entrain festif avant de passer les immenses portes de bois sculpté doré menant au salon où les attendait Sa Majesté. Il fallait enfouir cette pénible discussion, la chasser complètement de son esprit puisqu’après tout il n’était nullement concerné par les fornications de Lavinia. Chacun son fardeau. Il rajusta donc son masque et se dirigea vers le Roi réinstallé en bonne compagnie durant son absence. Il s’inclina profondément, comme s’il s’agisssait là de leur première rencontre ce jour et ne se laissa trahir par le souverain que dans cet éclat de malice fulgurant qui traversa son regard.

— Votre Majesté... Je… Ses yeux balayèrent les deux jeunes créatures. Veuillez pardonner mon audace, mais ne serions-nous pas plus à notre aise dans un lieu plus… adéquat afin de travailler autour d’un sujet si sérieux ?

Non. Bien sûr que non, ils ne l’étaient pas. Dommage, il ne verrait pas la tête du Premier Cul serré de l’Empire.

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Message par Le Cent-Visages Ven 10 Sep - 12:01

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Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina ~ Latika et Léonie, "phénomènes"

Le vicomte prenait sans doute le temps de s'amuser un brin, le monarque le comprit sans mal en voyant s'égrener le temps avant que les deux hommes ne reparaissent pour le début des festivités. Il s'était donc remis à ses aises, sur l'un des canapés, en compagnie des deux courtisanes avec lesquelles se disputait une partie de cartes. Agrémentée de quelques verres de vin, de poignées dans des confiseries, d'un petit menuet qui se jouait en fond.
Enfin, la porte se rouvrit sur le Premier Conseiller et le Ministre. Ce dernier approcha pour faire preuve de cette impardonnable audace. L'éclat joueur du regard bleu marin lui répondit d'abord : un éclat que, de là où il se tenait encore, le seigneur de Frenn ne pourrait de suite apercevoir. Le roi feignit d'abord une mine grave, presque courroucée, avant d'exposer avec le plus grand sérieux de façade :

-- Au contraire. Voyez-vous, j'ai décidé d'innover. (Et ménageant son suspens, il se redresse pour s'adresser enfin à Dyonis qu'il salue.) Cher Messire de Frenn. Entrez. Entrez. J'ai accédé à votre pressant désir : comme vous le voyez, nous sommes prêts à travailler ce soir la question des infirmes. Mais c'est assez de ces réunions rébarbatives où ne sont que paroles en l'air ! Je suis pour la politique du concret, de l'action. Pour prendre un sujet... à bras le corps (ce qu'il illustre en entourant de ses mains vigoureuses la jeune femme-lion) et le traiter par la plus grande connexion avec la réalité du terrain. Croyez-moi, l'on en apprend bien davantage ainsi et le contact direct avec les concernés est plus éclairant que toutes les paperasses.

Il prit très fort sur lui pour ne pas lorgner vers Messire de Fromart pendant un tel exposé de sa méthode. Son regard profond restait concentré sur le seigneur de Frenn. Enfin, il lui désigna un moelleux sofa et l'invita :

-- Prenez donc place. Délestez-vous de vos dossiers. L'étude directe n'attend pas.

Pendant ce temps, des domestiques s'étaient approchés pour débarrasser le baron de son manteau. Ils prenaient bien garde à ne pas en abîmer l'étoffe au contact de ses prothèses. Quand la voix du souverain se tut, les musiciens en fond de salle prirent le relais, remplaçant le tranquille menuet par les sautillantes notes à deux temps d'un coquin tambourin.
Les deux courtisanes inclinèrent la tête pour saluer le baron. Latika fut bien heureuse de pouvoir se servir de ses cartes comme d'un éventail derrière lequel dissimuler son rire. Léonie était plus neutre de visage, mais les yeux joueurs comme deux petites billes noires éclatantes au milieu de sa flamboyante pilosité. Pauvre Premier Conseiller... C'était un Grand qui leur témoignait toujours du respect, et s'était même une fois sincèrement intéressé à elles autrement qu'en tant que phénomènes. Il voulait vraiment faire valoir la dignité des atypiques du pays... Mais quand même, cette farce était drôle et les deux belles s'en amusèrent malgré leur sympathie pour la cible. L'un n'empêchait pas l'autre d'ailleurs, à vrai dire. Il fallait apprendre à les combiner pour espérer perdurer au palais royal.
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Sam 11 Sep - 12:10

Ainsi les choses sont entendues. Dyonis ne relance d'aucune façon et préfère déployer des trésors de phlegme afin de laisser pour l'instant cette affaire derrière lui. Eldred, Lavinia... Alexandre et Tristan. Il y pensera demain. Demain après la sépulture. Chaque chose en son temps. Pour l'heure, il termine son trajet à travers les embranchements du palais, avant d'arriver devant les portes d'une salle qu'il reconnaît bien comme n'étant pas vraiment un bureau de travail. Froissements à son front. Lèvre pincée.
Le Ministre l'introduit. Le moment pour le seigneur de Frenn de marquer un premier temps d'arrêt surpris, entendant un petit menuet peu studieux. Et surtout, découvrant Sa Majesté en compagnie de deux de ses perles. Ciel, dans quoi est-il tombé ? Déjà, Coldris approche du roi et l'invite à passer... en de meilleures dispositions. Dyonis a à peine le temps d'intervenir que le souverain se tourne vers lui. Il s'incline profondément.

"Sire."

Mais que dire de son discours ? Politique du concret. Prendre les sujets à bras le corps. Mais oui, bien sûr. Le Premier Conseiller comprend alors. Tout ceci... est une farce. Ce n'est pas une réunion de travail. Simplement une des soirées dont Der Ragascorn est friand et auxquelles, lui, a toujours décliné les invitations. Le tambourin que se met à jouer le petit orchestre ne laisse plus aucun doute sur le caractère blagueur de toute cette mise en scène. Et évidemment, le Ministre est sans aucun doute de mèche. Bien joué... Une brève colère lui sèche la gorge et lui pince ses traits déjà naturellement sévères.
Dyonis reste là, immobile, pas franchement en état de réagir entre d'abord ces révélation sur sa fille et maintenant... ça. On lui retire son manteau. Dans les maladresses de ses bras prothésés ballants, quelques unes de ses pochettes tombent à terre de concert. Les autres dossiers lui pendouillent encore sous le bras avant que les valets ne s'en saisissent avec précaution. D'autres ramassent ce qui a chu. Les pupilles bleu acier du seigneur demeurent rivées à un point imaginaire quelque part entre la tête du roi et celle de Coldris encore si proches.

Alors Sa Majesté s'est... jouée de sa demande. Le sujet est pourtant si important, si pressant. Il pense à l'hôpital, à Édouard, à toute cette misère qu'il est est si indigne pour un grand Empire de laisser dans leurs rues. Mais soit, il ne peut que reconnaître l'habileté de cette farce du roi, ainsi que l'excellent jeu de comédien de Coldris qui a su feindre l'agacement depuis le début. Joli coup. Joli coup. Un début de sourire commence enfin à ourler ses lèvres : que se disait-il un peu plus tôt que la propension à taquiner autrui ? Bon. Il acquiesce.
Toutefois Dyonis entend bien ne pas lâcher l'affaire : ses dossiers, ses propositions d'amendements reviendront dans le circuit administratifs aussi souvent que nécessaire jusqu'à ce que le sujet soit abordé en réunion. D'ici là, le roi n'a pas tout à fait tort : côtoyer plaisamment des concernés est instructif. Et une petite intuition souffle au seigneur que cette fête va être l'occasion de la présentation de Kirm. "Prochainement".

Et justement, puisqu'il en est à penser aux concernés et retrouve enfin contenance, Dyonis prend le temps de se tourner vers Latika et Léonie. "Mesdames." Puis il s'assied tout proche, là où le roi l'invite. Mais voilà qu'il pense de nouveau à sa fille. A Eldred. La colère est là. Les conditions ne sont pas optimales pour apprécier la nouvelle méthode de travail de Gérald Der Ragascorn à sa juste valeur. Du reste, Dyonis est toujours flottant, à moitié là... Il ne prend pas encore pleinement conscience de l'étendue de ce que ces Messieurs lui ont tendu.
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Message par Coldris de Fromart Dim 12 Sep - 8:14



Coldris était de retour dans ce salon où les deux jeunes créatures (belles demeurant un avis très personnel) s’étaient de nouveau invitées au côté de ce roi qui appréciait à peu près autant l’inactivité que lui-même. Il fallait jouer le jeu jusqu’au bout pour que son souverain ait tout le loisir de découvrir la surprise mêlée d’une colère savamment retenue se peindre sur son visage. Lui n’en aurait pas ce plaisir. Simplement celui de percevoir la malice dans les yeux de son Roi avant de se faire faussement sermonner alors qu’il inclinait la tête, repentant de cette maladresse volontaire. Ah ce qu’il aurait aimé être de l’autre côté ! Coldris fit tout son possible pour ne pas tourner ses prunelles sérac vers son collègue dont les dossiers venaient de s’écraser à terre dans un froissement de papier et qui devait désormais réaliser le genre de problème qu’il devrait prendre à bras le corps ce soir. Songeait-il réellement qu’il suffisait de décliner de royales invitations pour y échapper ? Allons bon ! Même les siennes n’étaient pas sans propre périls… Quelle charmante naïveté que voilà ! Il espérait de tout cœur disposer de quelques minutes avec Gérald der Ragascorn, ce soir où dans les jours à venir afin d’échanger leurs propres réactions sur cette petite farce.

Toujours est-il, que sa répartie était délicieuse et que s’il ne l’eût pas déjà couronné, il se serait empressé de mettre cet esprit succulent sur le trône.

Lorsqu’il se redressa finalement et darda un regard en direction du Premier Conseiller, ce fut pour y croiser un ersatz de sourire : il demeurait bon joueur. Qui aime bien, châtie bien. N’était-ce pas ses propres paroles ?

Tandis que l’homme sage fut invité à prendre place, Coldris reprit la sienne, s’installant confortablement dans le sofa.

—Bienvenue dans la Cour des Grands, mon cher baron, déclara-t-il avec ce mélange de solennité et d’ironie qui le caractérisait.

— Je dois tout de même confesser quelque jalousie dans le traitement qui est fait de vos affaires. Je n’ai jamais eu le loisir de disposer de cas pratiques. Puis se tournant vers der Ragascorn avec malice : ce serait un honneur de prendre à bras le corps la question sensible de Djerdan.

Toutefois, il devait leur concéder une chose : il préférait effectivement et définitivement les charmes et atouts de son propre ministère à celui de son collègue, n’en déplaise au Roi. Et puis ce qu’il se garda bien d’avouer devant son gratte papier préféré c’était que ses propres conciles royaux n’en étaient pas moins animés. Sur ce, il retrouva avec la satisfaction du devoir accompli son verre de whisky, songeant aux prochains invités qui devaient se présenter d’ici peu.

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Message par Le Cent-Visages Mer 22 Sep - 22:31

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Gérald Der Ragascorn, roi de Monbrina ~ Latika et Léonie, "phénomènes"

Bien évidemment, le Premier Conseiller resta bouche-bée. Il en laissa choir ses dossiers. Le roi répondit d'un petit hochement de tête à sa profonde révérence et ne se départit pas de son sourire. Quand le seigneur de Frenn retrouva la paroles - quoique fort laborieusement encore - ce fut pour saluer les deux belles qui lui retournèrent un commun et souriant :

-- Votre Excellence.

Finalement, Dyonis se laissa défaire de son pardessus et s'assit, alors qu'un laquais lui ramassait les dossiers... qui donc ne serviraient de rien ce soir ! Gérald Der Ragascorn s'en mordit l'intérieur de la joue, presque peiné un instant pour son travailleur et consciencieux Premier Conseiller. Mais qui devrait apprendre d'une part à se détendre un peu, et d'autre part à connaître son roi. Il échangea une œillade complice avec le vicomte et souffla de rire à son apostrophe. La Cour des Grands. Aussitôt, se levant pour approcher du rigide convive et ouvrant ses bras, il renchérit :

-- Allons, cher baron, ne soyez pas fâché ! Ne voyez plutôt là que le souhait de vous initier à toutes les arcanes sans exception de la gouvernance ! Votre roi vous sait capable de les pénétrer, appliqué comme vous l'êtes. Et votre absence à nos soirées commençait à nous déplaire, nous ne voudrions point croire que vous nous boudez.

Tout de même, le seigneur de Frenn semblait particulièrement contrarié ce soir-là. Y avait-il autre chose ? Le souverain arqua un sourcil curieux en direction de Coldris. Mais déjà, le Ministre venait espièglement les chercher sur les menus plaisirs que pourrait solliciter son propre poste. Dans un nouveau geste nonchalant de la main, Gérald Der Ragascorn déclara :

-- N'ayez crainte, mon cher, n'ayez crainte ! Les choses arriveront fermes et plaisantes en leur temps... avec Djerdan. Du reste je ne fais que répondre au caractère particulièrement urgent de la question des infirmes souligné par notre bien-aimé Premier Conseiller. (Il remarque alors Léonie qui, joueuse, s'est à demi-assise sur un coin de plateau au fil de quelques messes-basses avec son amie) Vous les vouliez si vite mettre sur la table, chez baron.

On annonça à cet instant l'arrivée du Cardinal Matthieu, qui attendait dans le couloir. Gérald Der Ragascorn s'exclama, embrassant les deux hommes et les courtisanes d'un regard enjoué à la perspective de ces festivités :

-- Oh ! A point nommé ! (au portier) Qu'il entre !

Quelques instants plus tard, il accueillerait l'ecclésiastique de son habituelle prestance - quoique le Cardinal n'avait vraiment pas à rougir non plus de sa haute taille et de sa distinction. D'abord grave puis de plus en plus détendu - presque complice, le monarque l'accueillit :

-- Votre Éminence ! Nous sommes heureux de vous accueillir ce soir, Monsieur le Premier Conseiller, Monsieur le Ministre et moi-même. Installez-vous donc.

L'hôte pourrait prendre place sur l'un des nombreux fauteuils - ou sofas, mais le roi en doutait - à disposition. Gérald ne boudera pas son plaisir devant la tête que ferait Matthieu Cassin, à la vue de la compagnie aussi hétéroclite que peu pieuse à première vue. Le vicomte, le baron - rien que cela, curieux assemblage en soi - mais aussi la femme toute velue et sa camarade à quatre patte sur ses jambes à l'angle inversé. Les deux dames justement s'inclinèrent poliment devant l'ecclésiastique. Pour le coup, elles cachèrent leur vive tension, informées qu'elles étaient du genre de chasse que Matthieu s'était appliqué à pratiquer. Sa réputation l'avait précédé. Mais a priori, si le souverain le conviait, c'était qu'il n'y avait aucun risque... Il maîtrisait la situation. Le roi d'ailleurs reprit :

-- Nous nous voyons dans de bien meilleures circonstances que la dernière fois, Votre Éminence : promis, vous n'aurez pas à parler latin ce soir. (Un temps, réunissant les paumes ses doigts les unes contre les autres dans un sérieux emprunté) Nous traitons céans, comme vous le voyez, d'une question dont nous vous savons grand spécialiste. Et surtout (un temps, premier regard vers Coldris, puis plus longuement sur Dyonis avant de revenir à Matthieu) il m'a été rapporté un étonnant miracle. Or nous savons que tout miracle de cette teneur doit être authentifié par un important représentant de notre Sainte Église. Aussi nous faut-il votre concours, si vous l'acceptez.

Le cardinal ferait-il directement le lien avec son sorcier qu'il savait finalement sauvé des flammes et remplacé ? Le monarque se posa un temps la question, mais il attendra surtout de se régaler - une nouvelle fois - de la mine que tirerait le pauvre Dyonis qui, lui, n'était informé de rien. Cette soirée, le Premier Conseiller serait loin de l'oublier ! Enfin, Der Ragascorn retourna un discret coup d'œil complice amical et entendu au vicomte : ils s'étaient mis d'accord. Ce serait à lui d'officier, en tant que maître de cérémonie et présentateur de miracles, une fois que Son Éminence - que le roi n'espérait pas trop déboussolée tout de même - se serait mise à ses aises. Autant que faire se pouvait en pareille assemblée.
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Message par Irène d'Aubeville Mer 29 Sep - 23:18

[19 janvier 1598, soirée] In monstro veritas Cardin13
Cardinal Matthieu Cassin, 31 ans


Matthieu n’avait pas envie d’y aller.

Il flairait le piège à des kilomètres. C’était étrange, lui qui avait toujours cru posséder la vérité avant, il ne lui semblait que l’entrapercevoir maintenant qu’il était lucide. Il avait tergiversé pendant des heures, avec Cecilia notamment sans qui il ne pouvait plus rien faire sans demander d’elle quelques conseils. Heureusement, il cessait de l’accabler à chaque fois maintenant qu’il avait renoué avec le Ciel. En appeler à lui et à ses habitants chaque fois qu’il doutait le soulageait. Il se sentait enfin épaulé, soutenu, compris.

La plénitude avait de nouveau envahi son âme, d’autant que le projet enfin achevé de jeanne avait besoin de son soutien pour arriver à son achèvement. Il échangeait désormais souvent avec mère Suzanne qu’il était fier de maintenant considéré comme une amie, à présent qu’elle savait son revirement. Elle et lui se trouvaient désormais alliés pour faire avancer la cause de Dieu et sa voix dans l’Eglise. Il notait déjà tous ses arguments et avait étudié le livre en partie déchiffré pour se présenter au mieux au Pape.

Aussi aurait-il voulu rester travailler, bien tranquillement chez lui plutôt que de s’embarquer dans cette mascarade grotesque dont il esquissait déjà mille et un pièges dans son esprit alors que sa voiture cahotait sur le pavé. Mais pouvait-on désobéir au Roi, même si on en appelait à Dieu ? Cruelle ironie…

Alors qu’il suivait un serviteur dans un couloir, les yeux vides, il songea à l’orgueil dont il était pétri la dernière fois qu’il avait franchi ces portes. Il soupira en haussant les épaules. Stupide coq pourpre qu’il était alors… Alors qu’il était perdu dans ses pensées, le portier vint lui ouvrir. Il grimaça tant qu’il avait le dos tourné avant de revêtir de nouveau son masque. Il devenait de plus en plus facile de le mettre. Il ignorait si c’était une bonne chose ou non. Toujours est-il qu’il regarda au Ciel, implorant que ceux qui lui répondaient le protège et l’assiste. Il en aurait besoin…

Il s’avança alors avec gravité et sérieux, le visage impénétrable. Il s’inclina sans un sourcillement devant le roi.

- Majesté, c’est un grand honneur.

Ce fut tout et il s’installa à la place convenue. En effet, il ne put cacher une mine effarée devant les pauvres jeunes femmes qui se trouvaient là. Cependant, c’était moins par dégoût que par pitié. Qui les avait amenés là et pourquoi se donnait-elle ainsi en spectacle. Leur donnait-on un peu de quoi vivre pour cela ? Il se força cependant à réprimer cette lueur de sympathie. Dans chacun d’entre eux, il voyait désormais Jean, ou le vieux Louis. Comment ne pas vouloir aller vers eux ? Leur parler ? Mieux encore, les écouter ? Cependant, il réprima le mouvement naturel de son âme et de son corps et fit de son mieux pour retrouver celui du mépris et de ses reniflements malaisés.

Il s’assit et patienta. Il trouverait bien à s’expliquer. Il parvint à sourire un peu à sa remarque, même s’il aurait voulu se cacher dans un coin à la mention de la reine. Elle aussi devait continuer son fanatisme dans son pays… Dieu, quand cela s’arrêterait-il ? Au moins, la passion dévorante de leur roi protégeait un tant soit peu ces pauvres gens… mais pour les quelques-uns protégés par les ors du palais ? Combien étaient seuls, affamés et effrayés dans les rues, livrés à la méconnaissance et à la cruauté des gens ? Tout cela le rendait infiniment triste…

Il se força néanmoins à écouter son discours et à hocher la tête avec sérieux. Quelle vaste plaisanterie… Et ils devaient tous y prendre grand-plaisir… Maltraiter, malmener, piéger, voilà qui était bien plus simple et réjouissant qu’aider, protéger et aimer, n’est-ce pas ? il le laissa regarder les deux autres personnes qu’il connaissait mais seulement de loin. Et il n’était pas plus mal comme ça… le ministre des Affaires Étrangères surtout lui faisait froid dans le dos. Déjà qu’il s’en méfiait auparavant, il avait désormais la sensation de marcher sur des œufs. Qu’était-il venu faire ici ? N’aurait-il pas pu prétexter être malade ? Se jeter dans la neige en espérant que cette fois, il soit collé au lit ? Il avait trop bonne conscience désormais visiblement. Matthieu leva un bref instant les yeux au ciel.

C’est votre faute à tous les deux, j’espère que vous profitez bien du spectacle au moins…

Matthieu se montra méfiant à sa remarque. Un miracle à authen… Oh non… Ça y est, il comprenait mieux ce maudit traquenard. Il soupira intérieurement. Bien, tout allait bien, il était prévenu… Restait à jouer la surprise comme un bon cardinal outré…

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