[RP ouvert] [3 Février 1598] Vers un nouveau commencement...

— Si vous avez besoin de le leur dire, faites-le, conseilla Héloïse. La vérité ne vous accable en rien : vous l'avez croisé par hasard et vous êtes efforcée de vous en éloigner dés que vous avez su, voulut-elle la rassurer.

À vrai dire, paisible ne lui semblait pas le mot le mieux choisi pour désigner la capitale impériale mais après tout, elle ne savait pas d'où elle venait. 

— Eh bien vous savez, il y a des quartiers où une femme seule ferait mieux de ne pas se risquer. Je dois dire que le port n'était pas forcément un lieu très indiqué non plus, en régle générale.

Et les voilà à parler famille. Adèle s'en décrivait une bien utopique et à vrai dire. Quand à prendre du temps pour elle… cela lui semblait compliqué dans le cadre de sa cohabitation. Prendre… une chambre à deux ? 

— Oh, eh bien ce serait une bonne idée, oui… il me reste un peu d'argent et vous avez raison, j'ai besoin de prendre du recul. Il faudra juste que je m'assure de mon neveu et que j'écrive un mot à mon frère.

Parce qu'elle aimait autant ne plus le voir aujourd'hui. Quant à justifier qu'une femme mariée loge avec son frère et n'évoque point si époux, elle n'y pensa même pas.

Adèle commençait à s'inquiéter de l'opinion que sa mère pourrait avoir quand celle-ci apprendrait qu'elle avait désobéi en adressant la paroles à deux de ses cousins. Néanmoins, Héloïse sut la rassurer et rappelait que rien dans cet enchainement des événements n'était de sa faute. Ce n'était que le fruit d'un regretta hasard. elle reprit quelques couleurs.

"Vous avez raison. Je n'ai rien fait de mal."

Quelle coïncidence amusante, toutefois ! Elle en rit doucement.

"Un tel hasard, on se croirait dans l'un de ces romans de Boréalion. et comme dans ses récits, l'histoire s'est très bien finie !"

Elles en vinrent à discuter de la ville et de sa sureté. Adèle écouta les avertissements, désireux de bien savoir où ne surtout pas aller. Cela ne servait à rien de provoquer le malheur. S'il le fallait, celui-ci trouvait assez facilement le chemin de sa porte.

"J'en prends bonne note. Quels sont ces quartiers où une femme ne devrait pas aller dans ce cas ?"

Les deux amies passèrent ensuite aux histoires de famille et celle d'Héloïse peina beaucoup Adèle. quelle désolation à attendre de la savoir malheureuse. Elle ne put se retenir de faire cette position. Cela lui ferait assurément bien de s'éloigner afin de réfléchir à tête reposée. Elle lui sourit de sa réponse.

"Je comprends. Il faut prendre les bonnes dispositions, bien sûr, afin que personne ne s'inquiète. Quant à l'argent, j'en ai moi aussi. Je vous aiderai en partageant les frais. Voire un peu s'il le faut."

Adèle nota que son amie se souciait du sort de son neveu, mais sans mentionner la présence d'une mère. Elle supposa que le pauvre enfant devait l'avoir perdu. De maladie ou peut-être en le mettant au monde. quelle tristesse. a entendre Héloïse, il se retrouvait avec un père qui ne semblait se préoccuper de lui si la jeune femme avait besoin de se assurer sur qui s'en occuperait en son absence. Elle ne mentionna pas son époux, mais cela n'avait rien d'anormal; Bon nombre quittaient le foyer pour leurs affaires.

"S'il le faut, vous pouvez prendre ct enfant avec nous. Cela ne me dérangera nullement. J'adore les enfants. J'aimerais tant en avoir un jour. Comment se nomme-t-il ? Et quel est son âge ?"

Voilà, Adèle n'avait rien fait de mal… mais pourquoi se sentait-elle obligée de mentionner Céli ? Et quant à savoir si l'histoire se finissait bien… Non, elle ne dirait pas qu'il tuait Mathilde dans les six dernières versions de son dernier chapitre - elle savait qu'elle n'avait pas le droit de les lire, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. De toute façon, ce n'était pour lui qu'un moyen de déverser sa peine, il ne pourrait pas réellement finir son oeuvre sur une telle note…

Quoi qu'il en soit, il était hors de question qu'il devienne encore une fois le centre de ses relations.

— Euh, oui, sans doute... hésita-t-elle.

Elles en vinrent à la ville et aux quartiers peu recommandables qu'Héloïse lui désigna d'après ce qu'elle savait. De toute façon, il n'y avait pas non plus grand-chose à y faire. Contrairement à l'hôtel où Célénian ne manquerait pas de s'inquiéter si elle ne donnait aucun signe de vie. Il le méritait peut-être mais… mais de toute façon elle n'avait pas emporté son argent. 

Oh, Adèle avait bien de la chance, mais les familles unies, c'était bien utopique. Rien qu'avoir quelqu'un sur qui compter… sérieusement, cela, c'était dans les histoires. Les familles soudées, les amis auxquels on pouvait tout confier et le grand amour, si cela pouvait exister sur un malentendu, ce n'était certes pas la majorité. 

Mais oui, pourquoi ne pas partager une chambre pour réduire les frais. Et prévenir pour n'alerter personne - les personnalités culturelles de Monbrina avaient tellement mieux à faire. Quant à emmener Amaury… 

— Oh, non, il a une nourrice qui s'en occupe et son père m'en voudrait de le lui prendre. Il sera absent ce soir, mais imaginez un peu s'il ne le retrouvait pas en rentrant ? Non, je vais seulement passer le voir. Mais je puis peut-être vous le présenter ? C'est un nourrisson, vous savez. Amaury n'a que quatre mois mais… en réalité...

Elle aussi aurait aimé en avoir. Elle aurait voulu mais c'était lui, qui n'en avait rien à faire, qui l'avait eu. Retourner chez son mari s'occuper des enfants qu'elle n'aurait jamais… Comment avait-il pu dire une chose pareille ?

Héloïse confirma : autant ne pas changer les habitudes d’Amaury. Son père était déjà assez incontrôlable pour préférer ne pas en rajouter. Il était vrai que c’était un bien joli nom. Elle eut un léger sourire quand Adèle lui demanda d’indiquer la direction. 

— A la vérité, nous sommes déjà sur la bonne voie. La maison que je vous recommandais en priorité est celle où nous résidons.

Elles finirent par l’atteindre. C’était un établissement d’excellente tenue, quoi qu’encore abordable. D’après ce qu’elle savait, son frère était toujours descendu dans cet endroit et il était vrai qu’il avait, parmi la clientèle, une place un peu spéciale. Ils y disposaient d’une double pièce, où ils s’entreposaient tous quatres : Amaury, sa nourrice, le grand Boréalion et elle. C’était idiot : quand elle ne se querellait pas avec Célénian, elle s’y sentait moins à l’étroit que chez elle. 

Elles prirent une chambre - ce qui lui attira le regard intrigué de l'aubergiste - et s'y installèrent. En effet, ce serait mieux ainsi. Elle se voyait mal se confronter immédiatement à Célénian.