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[Avril 1597] Destination d'une longue marche ¤ Dyonis - Eldred [Terminé]

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Message par Le Cent-Visages Sam 4 Jan - 15:27

Spoiler:

Triste chapelet de jours et d'heures. Implacable cycle de longues marches, de brèves nuits. Défilé des plaines, des forêts du Nord, de hameaux détruits ici ou là, de vallons, de chemins boueux ou crénelés de cailloux. Morne cadence des pas, rythmée par l'incessant grincement des fers. Puis une pause. On détachait les mains, on servait eau, pain, brouet. On reprenait son souffle puis la route continuait. Encore et encore. Une pause. Des vivandiers venaient livrer une nourriture médiocre, distribuée selon un rationnement strict. Chaînes retirées aux corps ayant succombé sur le trajet. Et la marche reprenait. Indéfiniment. C'était là ce que venaient de traverser les rebelles de Zakros – ceux du moins que l'on n'avait pas directement exécuté sur place.
Une fois franchie la frontière du royaume vainqueur, les lieues s'étaient accumulées au sein de plaines verdoyantes, près de villes et de bourgs dont la majorité paraissait prospère. Il semblait faire bon vivre – en apparence du moins – au cœur de ces étendues riches en fruits, en récoltes, en bétail.

Les prisonniers avaient d'abord été largués quelques jours dans un dépôt de gens d'armes près de la capitale, afin qu'ils récupèrent un peu d'énergie et soient rendus à peu près présentables. On s'était aussi déjà chargé, lors de cette première étape, d'infliger à l'épaule droite de chacun des malheureux la marque servile qui jamais ne les quitterait. Pour cela aussi, il fallait attendre un ou deux jours afin de s'assurer que l'application du fer rouge ne laisserait nulle complication de santé. Précautions avant leur passage chez le trafiquant.

Le jour dudit passage était arrivé. Au rythme posé des chevaux de trait, depuis la cage où des agents avaient casé les détenus, ceux-ci découvriraient l'immensité grouillante d'une ville que sans doute bien peu de ces Zakrotiens – voire aucun – n'auraient déjà rencontrée. À travers les artères principales de Braktenn, le sinistre véhicule se trouva noyé au milieu de tant d'autres : carrioles de marchands, carrosses d'aristocrates, chaises à porteurs... Et c'était sans compter sur la masse de marcheurs, lents, pressés, rapides ou dos ployé sous des bagages de diverses natures. Sur les bruits de marche, leurs conversations éclatées, les tintements d'outils au travail ; sur les pas et renâclements d'animaux à travers les rues. Le tout saupoudré des harangues de marchands, des chansons de troubadours.
En un sens, ce foisonnement épargnait aux Zakrotiens de recevoir l'entière attention – ils n'étaient qu'une parcelle de cette circulation. Malgré tout, ces hommes et femmes enfourgonnés, menottés, n'échapperaient pas à quelques regards. Méprisants et hargneux pour les uns, simplement curieux pour d'autres... ou navrés voire gênés pour certains.
Ici ou là, des soldats de retour traversaient fièrement. Leur personne semblait vouloir graver l'Histoire dans les mémoires et la chair de la ville, aussi bien que les prestigieux hôtels particuliers ou bâtiments publics qui, eux, en gardaient chaque jour le souvenir. Frontons craquelés, façades ridées, emblèmes des nobles froissés par l'âge, murs détruits et reconstruits comme autant de peaux successives en mue : tout témoignait des siècles qui comme le sang coulaient dans un cycle éternel au sein des artères de Braktenn. Même les boyaux où habitaient les pauvres, et dont la fragilité ne pouvait guère dire le passé au delà de deux ou trois générations, respiraient occasionnellement le prestige et pas seulement le miasme, quand des processions y passaient.
Les Zakrotiens auront pu voir des églises aux flèches perçant le ciel, les statues équestres, les remparts de la cité où cascadaient escaliers et dentelles de pierre... Et au pied de tout ceci, un quotidien ininterrompu. Il fallait croire qu'un convoi de prisonniers vers l'office d'un négociant, cela en faisait partie.
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Message par Eldred Kjaersen Dim 5 Jan - 10:36

La révolte avait échoué. Le manque de préparation allié à l'empressement de certains en avait eu raison. Eldred avait passé son temps à ressasser les différents événements durant l'implacable marche. C'était un moyen comme un autre de rester en vie. Entretenir la flamme de la vengeance et de la haine contre les envahisseurs. Il avait vu de nombreux frères d'armes périrent. Certains avaient eu l'honneur de mourir arme à la main lors de la révolte. Ceux-ci devaient être en train de festoyer avec les Dieux et tout en levant leurs choppes de bière qui ne connaissaient pas de fond. Un mince sourire se dessina sur le visage d'Eldred à cette évocation. Sourire évanescent. Rapidement dissipé par un coup de l'un de ses geôliers qui lui fit éclater la lèvre et perdre l'équilibre. Il tomba à terre, ses chaînes s'entrechoquant dans un lugubre tintement.

- Qu'est-ce t'as toi?! Tu trouves ça drôle ? Tu veux que j'agrandisse ton sourire p't-et'? ses menaces furent ponctuées d'un rire gras et mauvais.

Eldred leva les yeux vers lui. Un regard plein de défi et de fierté. Il avait tellement envie de passer ses chaînes autour de son cou de porcelet! Il imaginait déjà la chaire ressortir par les interstices tandis que sa peau passerait du blanc au rouge puis au violet. Allait-il couiner comme un porc qu'on attrape par la patte avant de l'égorger ?
Fort heureusement pour le zakrotien captif, l'homme en proie au rire avait eu les yeux fermés à cet instant présent. La vie et la mort ne tiennent parfois à pas grand chose.

Les jours s'étaient succédés, de même que les nuits et les blessures. Notamment sur ses pieds dont la peau commençait à s'effriter sous l'effet des marches forcées. Eldred regarda derrière lui: la blessure d'Ingvar commençait à puer la mort. Les mouches s'agglutinaient dessus et les asticots blancs gigotaient sans qu'ils ne puissent s'en débarrasser. Pourtant son ami et acolyte tenait bon. Il ne laissait rien paraître de la faiblesse qui se répandait dans son corps petit à petit. Autour d'eux la végétation avait laissé place à de riches plaines fertiles.

Que viennent-ils chercher à Zakros quand ils disposent de terres aussi vertes chez eux? songea Eldred tout en ayant une vague idée de la réponse.

Et finalement ils étaient arrivés, lui, Ingvar et une poignée d'autres dans la capitale grouillante. Cette effervescence donnait mal à la tête au guerrier qui n'avait jamais vu ni imaginé une telle cité. Tous ces bâtiments, toute cette activité, tout ce monde, tout ce bruit, de partout... Tout cela lui donnait le tournis. Au moins, ils étaient désormais en cage comme du vulgaire bétail et n'avaient plus à ce titre à marcher... Le front d'Ingvar était couvert de sueur. Puis, le chariot s'arrêta et les prisonniers se bousculèrent l'un, l'autre. Ça y est ils étaient arrivés. On allait les vendre au plus offrant. Sa vie de forgeron et de guerrier appartiendrait au passé. Il allait désormais devoir survivre en attendant des jours meilleurs et l'occasion de mener à bien sa vengeance.

Pour lui, pour ses frères morts ou vifs, pour Zakros.
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Dim 5 Jan - 15:05

Spoiler:

La journée est bien entamée déjà, et la ville pleine de son agitation quotidienne. Il suffit de tellement peu de temps pour que Braktenn s'engorge ! Les rues étaient encore calmes ce main à l'aube, quand le seigneur de Frenn avait rejoint en carrosse la Chambre des Grands, pour l'audience que leur accorde le roi une fois par semaine, en plus des diverses festivités ou des entretiens personnels. Mais au sortir de la réunion, ce n'est pas la même histoire : les commerçants, les saltimbanques, et quelques filles de joie occupent l'espace public de leurs professions respectives.
Le baron s'est habitué à cette effervescence de la capitale. Il y a déjà passé de si nombreuses années. Heureusement, cela dit, que son domaine est un peu excentré de la Cité ! Son calme austère lui va bien. Néanmoins, il s'est accoutumé aussi à l'immense ville lorsqu'il y vient pour ses fonctions, les fêtes, réceptions et d'autres événements. Dès sa sortie du Collège, le seigneur n'avait pas perdu de temps et s'était appliqué à prendre son rang dans les affaires aristocrates et celles de Braktenn.

C'est donc sans trop porter attention au vacarme des rues, aux cris des marchands et aux remous de la plèbe, que Dyonis arrive à travailler dans son carrosse. Les secousses, il s'y est fait. Et avec autant de trajets au quotidien, il est hors de question d'en faire des heures d'oisiveté. Il ne serait pas à la hauteur de ses fonctions s'il s'autorisait ces pertes de temps. Le seigneur de Frenn laisse cela (l'oisiveté) à d'autres aristocrates de salon dont l'inconséquence a le don de l'agacer : c'est oublier qu'il y a des contre-parties aux privilèges, des devoirs, de l'exemplarité à avoir.

L'attelage de Dyonis est à son image : bois sombre, élégance romaine (voire militaire), et juste ce qu'il faut de fioritures : le blason de sa famille. Le cocher dirige les deux chevaux qui le tirent et une petite escorte de gardes à cheval accompagnent le trajet.

Dans la voiture, Dyonis est penché sur un pupitre spécial : aménagé pour le sans-mains qu'il est, avec un petit système à manier de son crochet pour tenir un livre ou un courrier en place, et tourner les pages. A côté de lui, Guillaume, son intentant, surveille toujours par la fenêtre les rues au cas où. En face du seigneur, son secrétaire prend en note une énième lettre, habitué au rythme et aux tournures de celui qui n'a d'autre choix que de dicter absolument tout ce qu'il lui faut écrire.
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Message par Le Cent-Visages Dim 5 Jan - 23:47

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M. Greeglocks, marchand d'esclaves de Braktenn
et Lénius, troubadour difforme, 27 ans, en fauteuil roulant

Au milieu de l'habituelle agitation de la Cité, le sieur Greeglocks s'était préparé à l'arrivée du convoi de rebelles Zakrotiens. Après quelques bifurcations dans d'ultimes rues, l'attelage chargé de ses prisonniers fit halte au pied d'un établissement austère. Le négociant sortit de son pas décidé, secondé d'un certain nombre de commis armés. Les soldats chargés du dépôt des marchandises humaines firent sortir manu militari leurs prises hors de la cage. Le tout dans d'effroyables grincements de chaînes. Il fallut secouer quelques récalcitrants, lever l'arme et la voix, mais on eut tôt fait de les remettre aux agents du trafiquant. Déjà, l'homme évaluait de son œil d'aigle, fronçait le sourcil, jaugeait, tandis qu'il allait et venait auprès des malheureux. Il prit le temps de saluer, avec la déférence qui convenait, les gens d'armes ayant assuré le débarquement. Ces derniers s'en retournèrent, laissant Greeglocks à ses affaires.

Forts de leurs gestes devenus routine, les employés parvinrent à contenir le groupe servile dans une relative tranquillité – relative. Non sans efforts : ces Nordiens étaient à la hauteur de leur réputation dure à cuire. Avec la neutralité de l'habitude, le patron engagea sa procédure évaluatrice. Assisté de ses gorilles à crosses, il inspecta l'état des corps, des visages, la vigueur, notant atouts et faiblesses des uns et des autres. Greeglocks faisait ouvrir les cottes, ôter les chaussures, juste le temps de contrôler la solidité du corps et la cicatrisation des éventuelles blessures laissées par la marche et les corrections. Il sembla satisfait : ce lot était globalement robuste et n'avait, d'après les soldats, connu que peu de pertes. La marque au fer leur avait été apposée.
Le trafiquant attribua enfin les montants – cela allait des 9 000 rilchs pour les moins prometteurs jusqu'aux 15 000 pour les plus vaillants et les femmes bien mises de leur personne. Chiffres froids tracés sur des écriteaux, passés d'une corde au cou des différents détenus. Seuls uns ou deux prisonniers, trop éreintés et sur lesquels Greeglocks misait peu, écopèrent d'un prix si bas qu'il en disait long sur l'espérance de vie qu'on leur donnait. L'un des captifs suait et ses plaies avaient mal tourné, malgré les jours d'arrêt et les soins sommaires au dépôt des gens d'armes.

Le temps de son inspection à peine achevé, que le trafiquant se vit rejoint devant l'établissement. Sous les yeux voyeurs de quelques passants curieux du sordide spectacle, plusieurs gaillards aux mines peu engageantes, informés de l'importation de ces Zakrotiens, engageaient la discussion.

– Ceux-là feraient bien l'affaire, ouais, comme lot de relève à la mine.

– Pour moi, ces trois ou quatre-ci conviendront, glissa un amiral de galères en uniforme.

– Entendu, Messieurs, faites donc vos inspections comme bon vous semble ! répondit Greeglocks avec déférence avant de se tourner vers les deux derniers : Et vous, Sieurs, est-ce bien pour en faire envoyer à vos exploitations agricoles ?

– Ci fait, confirma l'un d'eux avant de plisser un regard scrutateur sur les captifs : Ils semblent à peu près matés, beau travail. Il n'a pas dû être simple de canaliser ces sauvages.

– POUR SÛR MON BON MONSIEUR ! gueula soudain la voix sonore, presque chantante, d'un autre individu au loin. Mais c'est tout NA-TU-REL-LE-MENT que notre autorité d'essence DI-VINE a fini par s'imposer d'elle-même, NOOON ?!

Tous les regards se tournèrent, comme pris dans une même rafale, vers le gros homme qui approchait, au rythme des grincements émis par les roues de son large fauteuil. Greeglocks serra les poings. Les commis dardèrent leurs pupilles rageuses sur l'importun connu des services. Lénius, emmerdeur public devant l’Éternel, plus ou moins ivre ou faisant semblant de l'être tandis qu'il rendait visite à son vieil ami.
Les Zakrotiens auraient de quoi être surpris par le puzzle de chair et d'os, sorti d'un fol esprit baroque, qu'était ce saltimbanque. Membres tordus, une jambe plus courte que l'autre, un éboulement de peau surmonté d'un cynique sourire aux dents pointues. Pas de chance pour le marchand : la plèbe l'adorait – lui, ses représentations comiques, ses chansons – ce pour quoi son arrestation restait fort délicate et serait un mauvais calcul. Un zeste de superstitions s'y mêlait du reste : avec un tel corps, il ne pouvait qu'être un peu sur-humain... ou un peu Diable !

– T'as ENCORE quelque chose à redire, la gargouille ? siffla un agent.

– Au contraire ! roula le timbre mielleux de l'infirme. Il n'y a qu'à regarder ces barbares pour s'apercevoir au premier coup d’œil que même le dernier des Monbriniens lui est supérieur !

Lénius se garda de tourner ne fut-ce qu'un coup d’œil vers lesdits barbares, pour se retenir d'avoir le cœur serré et ne pas risquer la perte de contrôle sur son rôle. Il ouvrit en large ses gros bras devant lui avec l'air de vanter l'affreux bricolage sur roues qui lui servait de corps, puis acheva :

– N'en suis-je pas la preuve manifeste ?!

Quelques badauds, attirés par le grabuge, ne purent se retenir de rire. Pour les acheteurs et les trafiquants cependant c'en était trop. Greeglocks et quatre de ses gorilles se ruèrent sur le provocateur. Secousses. Manche d'une lance bloquant les roues de son fauteuil. Des ruades commencèrent à grêler sur le fou des rues parfois un peu trop fou. Un employé à matraque piaffa :

– Dégage à la fin, l'estropié ! T'es pas en position de faire le malin !
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Message par Eldred Kjaersen Jeu 9 Jan - 21:36

Le couinement des roues laissa soudainement place à un silence relatif. Eldred sortit de la torpeur dans laquelle il s'était emmuré et se jeta contre les barreaux glacials pour voir ce qu'il se passait: il venait d'arriver "quelque part". Ses yeux détaillèrent l'endroit aussi bien qu'il était possible à travers les croisillons métalliques qui le retenait prisonnier -en plus de ses chaines-. La cour dans laquelle il se trouvait était entourée de murs décrépis qui n'avaient strictement plus rien de fastueux, si tant est qu'ils le furent un jour ce dont douter sérieusement le captif.

Des gardes arrivèrent aussitôt, ne lui laissant guère plus de temps pour jauger la situation. La grille grinça sinistrement. Il posa ses yeux sur son frère d'armes et ami, Ingvar, toujours assis, suant toute l'eau qu'il n'avait pas bu.

- Lève-toi! Je t'interdis de mourir ici! lui ordonna-t-il dans sa gutturale langue natale
- On repartira ensemble chez nous tu entends! Il parlait aussi vite qu'il le pouvait car déjà, les gringalets qui leur servaient de gardes les extirper l'un après l'autre sans le moindre ménagement. Tout ce qu'il put obtenir d'Ingvar fut un regard mi-désolé, mi-délirant. Eldred le hissa donc sur ses pieds autant que faire se peut à l'aide de la chaine qui les relier. Un grand coup heurta ses côtes, mais il poursuivit tout en serrant les dents

- Tu es un guerrier, tu ne peux pas mourir comme... Un nouveau coup dans les côtes le stoppa dans son élan. Il s'en suivit une pluie de paroles bien peu avenantes de la part de l'homme d'arme qui semblait bien heureux de pouvoir se défouler quelques peu.

Pour une fois, ils n'eurent pas à marcher bien longtemps: on les installa en rang d'oignon, non loin du chariot. La foire aux bestiaux était sur le point de commencer. La marque qu'il avait reçu lui lança soudainement dans l'épaule tant la haine qu'il éprouvait tentait de sortir par tous les moyens possibles.
Un homme richement vêtu -pour le zakrotien- fit son entrée. Ils les étudia sous toutes les coutures avant de leur attribuer une pancarte avec ce qui semblait être leur "prix". Entre temps, Ingvar s'était de nouveau effondré assis sur le sol. Eldred essaya de nouveau de le relever en le hissant à l'aide de ses chaines mais ce fut peine perdu, le fessier du zakrotien resta obstinément collé au sol.

Le marchand monbrinien venait à peine de relever sa craie qu'une petite troupe d'acheteur se pressait déjà. Il tourna sa tête de sa chaque côté: Ils étaient bien plus nombreux que les différentes personnes présentent. Avec leurs chaines, ils pourraient infliger des dégâts colossaux. Tous était ici de farouches combattants. Y compris les femmes, qui n'avaient rien à envier à leurs hommologues masculins. Pourtant personne ne bougea. Tout semblait résigner et à juste titre: où auraient-ils pu aller ensuite? C'était peine perdu. Quelques secondes d'une jouissante victoire pour mourir dans une sanglante boucherie la minute suivante. Ses poings se serrèrent. Ses ongles crasseux qui avaient eu le temps de pousser pénétrèrent la chaire de sa paume, jusqu'à en faire saigner sa peau fragilisée par le voyage.
Eldred était ailleurs. Bien loin d'ici. Il fut cependant ramener au moment présent par l'arrivée d'un étrange homme, sur une chaise qui roulait. Le pauvre bougre n'avait pas été gâté par son Dieu, c'était même à se demander comment ses parents ne l'avaient pas tués ou abandonnés aux loups...

– Au contraire ! roula le timbre mielleux de l'infirme. Il n'y a qu'à regarder ces barbares pour s'apercevoir au premier coup d’œil que même le dernier des Monbriniens lui est supérieur !
Son sang ne fit qu'un tour, il allait s'élancer sur l'estropié. Comment osait-il dire une chose pareil?! Le moindre de ces guerriers valaient bien mieux qu'aucun de ces gardes de pacotilles! Mais cette fois-ci ce fut Ingvar qui tira doucement sur la chaine qui les relier et le ramena à la réalité. Il lui indiqua d'un signe de la tête l'homme dans sa chaise. Evidemment qu'il méritait d'être corrigé! Le blesser s'obstinait pourtant à lui indiquer l'homme. La haine qui venait d'être attisée l'aveuglait mais soudainement il comprit. Il y avait un détail étonnant: l'homme difforme ne les avait pas regardés à un seul instant. Pourquoi? Etaient-ils à ce point repoussant? Vu le spécimen qu'il était lui-même ce n'était certainement pas ce qu'il l'avait dérangeait à ce point. Alors? La honte peut-être?
Quelle dommage. Une nouvelle fois, il ne put étayer sa théorie, car déjà l'étrange individu était éconduit.
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Ven 10 Jan - 11:00

En passant dans la rue du marché aux esclaves, Dyonis entend des bruits suspects. Il y a un homme ivre, ou fou (difficile à dire) qui hurle des paroles qui ont l'air cyniques. Depuis son austère attelage, le seigneur jette un œil, et surtout l'oreille au-dehors. D'un code convenu, frappé de son crochet contre la paroi du carrosse, il ordonne qu'on ralentisse. La curiosité du noble est piquée par les mots et les tournures élégantes qui sortent de cette grande gueule exubérante.
Ce qu'il voit alors est à la hauteur de ce qu'il entend : un gros homme difforme, assis sur un fauteuil roulant, occupé à agacer le trafiquant et ses commis. Les terribles malformations dont souffre l'individu inspirent une seconde de répulsion à Dyonis, mais il s'en désintéresse vite pour écouter plutôt ses paroles.

L'importun sur roues a l'air, dans un premier temps, de vanter la domination des Monbriniens sur Zakros... mais il faut très peu de temps au seigneur de Frenn pour comprendre que c'est du cynisme. Et une critique de l'esclavage.
Pour preuve, la créature exhibe ensuite son corps monstrueux, comme si elle démontrait la supériorité évidente du Monbrinien qu'il est sur les autres. La blague ne manque pas de sel, Dyonis doit se l'avouer. Un très léger sourire traverse sa mine sévère. Cet estropié a de l'esprit et la langue bien pendue, c'est peut-être même son seul trésor. D'ailleurs sa plaisanterie a l'effet escompté : des badauds rient, et les marchands s'énervent. Le noble sait que l'argument du corps ne tient pas pour justifier l'asservissement. Cette pratique relève plutôt des préconisations des Anciens, et du roi actuel, quant à la gestion des peuples vaincus. Aussi accorde-t-il le point à la gargouille.
Soudain, les choses prennent une tournure que Dyonis n'apprécie pas : des commis se ruent sur l'infirme et le maltraitent, ne manquant pas d'avancer l'argument de son handicap pour lui faire peur et l'inciter au calme. Ni une ni deux, il ordonne d'arrêter complètement la voiture, il descend et approche du groupe avec quelques gardes. On s'incline en sa présence.

"Je vous ordonne de lâcher cet homme." signifie le seigneur, qui croise le regard de l'estropié qu'on molestait. "Qu'il vienne vous importuner est une chose, et il ferait mieux d'être prudent. très prudent." Ses mots pèsent comme une menace claire pour la grande gueule aux dents pointues : l'humour, soit. Mais qu'il ne dépasse pas les bornes. Le baron s'adresse à présent aux commis qui étaient en train de le matraquer : "Mai que vous profitiez de l'état de son corps pour le menacer, Messieurs, en est une autre. Et signe de petitesse."

Il laisse peser son avertissement et s'assurera que les rustauds lâchent prise, puis que l'estropié s'en aille sans plus d'histoires. L'attaque gratuite au physique contrarie Dyonis, ce n'est pas une démonstration creuse qu'il vient de faire. Et pour cause : le noble est équipé d'un crochet terminant son bras gauche, et d'une main en métal au bout de son droit. Dans le panier de crabes compétitif qu'est la noblesse, il en a essuyé, des ruades et de basses attaques !

Une fois l'incident réglé (espère-t-il), maintenant qu'il est là dans ce marché, le seigneur observe les prises actuellement à la vente. Ceux-là sont du Nord, à en croire leurs tenues. Il fait le lien avec la révolte durement réprimée dont il a entendu parler, à Zakros. Le baron se rappelle alors avoir nécessité d'un nouveau travailleur dans son domaine, après une regrettable perte récente. Et si... Sa réflexion est interrompue par la vision d'un duo particulièrement agité : un individu reçoit plusieurs coups de crosse tandis qu'il essaie de redresser son compagnon. L'état du compagnon en question fait peur à voir. Il sue, il a des plaies à vif où pullulent des vers, il ne tient même plus debout. Son comparse vaillant l'aide comme il peut.
Dyonis fronce les sourcils. Il avise les trafiquants peu scrupuleux. Asservir des vaincus et des rebelles, oui. L'ordre du monde et les règles de la guerre sont ainsi. Mais ne pas traiter ceux-ci avec un minimum de responsabilité, certainement pas. En même temps, ces rustauds n'ont pas lu Cicéron. Il faudrait un plus strict encadrement.

Le voilà qui approche du patron, pointe du crochet l'esclave aux portes de la mort et ordonne : "Faites panser les plaies et la sueur de celui-ci." Ce qui aurait dû être fait plus tôt, mais du haut de sa connaissance des lois par les seuls livres, Dyonis est loin d'imaginer comment cela se passe dans le réel. Il fait signe à son intendant, en charge des cordons de sa bourse dont lui-même ne pourrait pas bien manipuler les pièces, de tendre l'équivalent de cent rilchs à Greeglocks.
"Pour le faire soigner." précise Dyonis. "Le faire soigner immédiatement." ajoute-t-il au cas où le marchand attendrait son départ pour empocher les sous mais ne pas obéir. Dyonis veut voir un homme partir derechef quérir un docteur. Son regard acier n'en démordra pas.

Et dire que d'habitude il ne descend jamais lui-même à un marché aux esclaves et confie toujours cette nécessité à Guillaume, la chose relevant de l'intendance. Ce drôle d'estropié l'aura bien dévié de son emploi du temps initial.
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Message par Le Cent-Visages Ven 10 Jan - 22:58

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M. Greeglocks, marchand d'esclaves de Braktenn
et Lénius, troubadour difforme, 27 ans, en fauteuil roulant

Satisfait, le négociant jeta un regard vers les prisonniers qui, entre les mains des commis, semblaient saisir la nécessité de se résigner. Oh il surprit bien ici ou là, dans quelques prunelles fauves, des envies de charger en groupe. Cependant la tentation à peine née s'étouffait derechef : ces factieux comprenaient qu'une révolte serait vaine. A peine sortiraient-ils du marché que les archers se mettraient à leurs trousses, qu'on les reprendrait, qu'on les ferait mourir sous les yeux de la foule dans une sanglante exécution. Fort de ce constat, Greeglocks se retourna paisiblement vers ses affaires.
Il prêta à peine l'oreille au dressage administré à un détenu particulièrement teigneux. Les coups dans ses côtes, les injures, le grincement des chaînes tandis qu'on éloignait l'esclave d'un autre à qui il parlait... tout cela ne faisait que bruit de fond aux oreilles du commerçant. Greeglocks avait repéré du reste un prisonnier très mal en point... mais celui-ci ferait simplement partie des dégâts collatéraux - d'un froid pourcentage de pertes inévitables dans les colonnes de son carnet de comptes. Dépenser une centaine de rilchs pour chaque faiblard, faire arrêter les convois pour débusquer un médecin à chaque fois, hors de question ! Or les recette de son négoce lui permettaient amplement ces pertes ponctuelles.

Avaient ensuite commencé l'évaluation du lot, puis leurs ventes aux premiers clients... avant d'être interrompu par l'insupportable monstre rieur. Et par ses plaisanteries de fort mauvais ton. Le bougre savait cultiver le double discours et l’ambiguïté, pour faire passer des messages aussi tordus que sa personne ! Greeglocks le verrait avec plaisir arrêté, celui-là, s'il pouvait un jour finir par franchir la ligne rouge !
Détail cynique : un des esclaves - le même, toujours aussi hargneux, que ses gardes avaient dû corriger - sembla une seconde prêt à bondir contre l'estropié. Un sourire moqueur tordit les traits du trafiquant. Rictus aussi bien pour la gargouille que pour l'esclave coléreux. Greeglocks s'apprêta à répliquer quelque chose comme "Qui aurait cru que mes employés, mes détenus et moi-même serions un jour tous d'accord pour te casser la gueule !" Mais ce fut sans compter sur ses sbires qui déjà matraquaient l'infirme et s'employaient à le virer.

Quand soudain un homme entra. Sa silhouette austère et soldatesque était bien connue, pour sa rectitude autant que pour ses prothèses. Le baron Howksley de Frenn. Une froideur pesa aussitôt sur le commerce. On fit silence. On s'inclina. Greeglocks - rôdé à la flatterie - dessina une profonde révérence. Il se pinça la lèvre. Cet aristocrate occupait des fonctions de législateur à la Cour et parfois d'organisation de haute Police. Et le moins que l'on pouvait dire, c'était qu'on ne rigolait pas avec lui. Sévère et juste, on disait. Et combien de gens ce seigneur n'avait-il déjà pas hésité à faire punir...
Greeglocks n'eut pas le temps de s'inquiéter : ses sbires et lui entendirent les ordres. Relâcher l'estropié et le laisser partir. Il fut obéi sans faire d'histoire. Presque devenus penauds - notamment lorsque le noble souligna la petitesse de ces gorilles à matraques de s'en prendre à l'invalidité de leur proie - ceux-ci bafouillèrent devant Dyonis :

-- Oui, seigneur. Pardon seigneur...

Quelle plaie que le Baron-Crochet soit passé par là et ait entendu, songea Greeglocks. Il fallait cependant ne pas créer de remous. Or pour faire bonne mesure, le seigneur de Frenn adressa des menaces à peine dissimulées à l'emmerdeur sur roulettes. Si seulement il pouvait faire clouer l'impertinent quelques jours au pilori, rêva le négociant !
Le regard polaire du seigneur de Frenn se mit à inspecter la marchandise. Greeglocks le vit faire, contrarié. Encore plus quand il trouva à redire sur le traitement d'un des esclaves. De quoi se mêlait-il ! Il ordonnait des soins - sur un ton qui ne laissait place à nulle contestation. Au moins, il les payait de sa poche. Dans un sourire affable, le patron assura :

-- Bien sûr, seigneur ! Je vous prie de me pardonner cet écart. Ce... cet esclave n'aurait pas dû m'arriver en cet état. Vite ! Un médecin ! (Un de ses hommes ainsi hélé partit sur le champ, tandis que Greeglocks se tournait à nouveau vers le rigide visiteur et, mielleux, acheva) Merci encore pour votre générosité, Messire ! Ce dérapage sera le premier et dernier.

D'un énergique geste du bras, le trafiquant commanda à ses sbires de détacher du reste du groupe l'esclave gravement malade. On lui laissa les menottes aux poignets et on le mena au fond d'une des arrières-salles, en attendant l'arrivée d'un docteur. Conformément aux ordres du seigneur de Frenn, des compresses lui furent appliquées et on ôta déjà ce qu'on pouvait de pus et d'insectes sur ses plaies.

¤

Lénius ne retrouva contact avec la réalité que lorsque les coups cessèrent de pleuvoir sur son dos déjà tordu. Il sentit aussi qu'on retirait les bâtons des roues de sa chariote. Une grimace de douleur encore sur son visage - oh ! si laid au naturel, qu'est-ce que cela changeait ? - l'infirme découvrit son sauveur. Un rigide seigneur qui, à en croire la frousse qu'il inspirait, occupait une place importante. Un noble était donc venu à son secours ?! L'estropié en comprit très rapidement la raison, en voyant les prothèses métalliques dont l'individu était équipé. Il faillit presque sourire. Lénius se fendit d'un :

-- Merci, Seigneur. Vous avez amené l'ordre d'une main de fer !

Oh... Celle-là, elle était facile, s'auto-commenta aussitôt le farceur, intérieurement. Et bien que cela lui aurait d'ordinaire arraché la gueule... pour cette fois-ci, le troubadour dut bien adresser une révérence respectueuse et reconnaissante à l'aristocrate. Au moins, les difformités de sa carcasse rendaient la révérence un peu grotesque, malhabile et tordue. Si on pouvait tirer de temps en temps un peu de privilèges de son infirmité, pourquoi s'en priver ! Aussi Lénius n'eut-il pas l'impression de sortir complètement de son rôle de garnement.
Là-dessus, il se mit sur le départ. En opérant un demi-tour avec sa chariote, Lénius se retrouva alors nez à nez avec les esclaves que plus tôt il avait cherché à éviter. Il s'en trouva troublé, les yeux un peu flottants. Solidaires et presque désolés l'espace d'un instant. Comme s'il avait quelque chose à se faire pardonner.
L'estropié ne s'attarda pas. Aucun malaise ne devait menacer trop longtemps sa flamboyante armure de rieur. Après avoir entendu, non sans une certaine émotion, que le seigneur de Frenn prenait en charge le soin d'un de ces malheureux, Lénius vida les lieux. Il sifflota. Pour la forme. Pour déguiser le trouble généré par toute cette scène.
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Message par Alexandre Sam 11 Jan - 23:34

Chaque semaine, en plus de la relâche habituelle dominicale, Alexandre bénéficiait d'une journée entière de congé et son père le laissait librement sortir dans les rues. Il lui disait de profiter de sa jeunesse. Le garçon comprenait le sous-titre derrière ces mots mais préférait flâner et découvrir des choses nouvelles. Il était parti d'assez bonne heure de la librairie Bellanger pour se perdre dans les rues au gré de ses envies et de sa curiosité. Il se retrouvait à présent au milieu du marché aux esclaves sans se rappeler véritablement de la suite des événements.

Tout en marchant avec prudence, ses mains serrées autour de ses béquilles, Alexandre observait les échoppes et les esclaves exposés sur les estrades. Rêveur, son esprit aimait imaginer la vie de ces gens. Cette grande femme famélique à la peau sombre devait être une paysanne d'Iswyliz. Et cet homme à ses côtés au visage bien pâle, le ventre encore un peu rebondi, il avait autrefois dû être un petit notable dans sa contré d'origine. Alexandre aurait tant aimé questionner longuement chacun de ces individus et apprendre de leur bouche de nouveaux renseignements sur la culture de leur terre natale. L'apprentissage des livres était fondamental et offrait des tas de renseignements mais un témoignage fournissait des détails anecdotiques tout aussi intéressant.

Brusquement, Alexandre dut se mettre rapidement sur le côté quand une cage roulante passa très près de lui. Des hommes étaient entassés à l'intérieur. Un convoi d'esclaves qui venait d'arriver. L’information fascina Alexandre qui se pressa de suivre le véhicule en dépit de la faiblesse de ses jambes, jusqu'à ce que celui-ci fasse arrêt devant l'échoppe du marchand. Ses yeux observèrent avec une curiosité dévorante les hommes descendre un à un. Ils avaient un visage si sec, empli de rancunes. Des vaincus. Leurs tenues laissaient croire à une région froide. Zarkos. "La terre des sauvages." Dans des ouvrages de géographie, on écrivait que les habitants de cette contrée seraient des individus sinistres et surtout païens. Païens. Ce mot choquait Alexandre. Comment à leur époque des hommes pouvaient-ils ne pas croire en Dieu et préférer des idoles ? Moïse serait furieux s'il redescendait vers eux et les piétinerait.

Son attention demeurait fixée vers ces hommes que le marchand examinait et cherchait à apprendre quelque chose sans tenir compte du traitement rude que les malheureux subissaient. Sa curiosité lui faisait oublier les exactions surprises. Par ailleurs, lors de certaines ruades, sa tête se tournait vers un des hommes du nord épargné. Des badauds commentaient la valeur des captifs et les évaluaient eux aussi pour leurs affaires.
Brusquement, la voix forte d'un trublion le sortit de ses pensées. Alexandre tourna la tête vers un individu des plus étrange en chariote. Quel était cela ? il tenta se souvenir des traités de médecines déjà étudiés mais ne se rappelait pas un pareil cas. Fascinant ! Ses yeux cessaient de fixer les captifs, devenus trop banals, pour observer le phénomène humain. Sa parole était cependant moqueuse. Il contestait par l’ironie l'esclavage. Si le verbe était plaisant à l’oreille, leur sens gênait Alexandre. L'esclavage était un principe naturel et une pratique qui permettait aux populations soumises depuis peu de s'accoutumer à de nouvelles mœurs, en plus de servir au vainqueur plutôt que de se faire tuer. Ainsi l’empire Monbrinien se construisait et s'unissait.

Des coups plurent soudain. On violentait l'infirme. Alexandre tourna aussitôt la tête. Son cœur sensible était incapable de le supporter. L'infirme difforme, en fauteuil... Son corps risquait de ne pas le supporter. Cela dura un temps incertain qui le mit mal à l'aise, plus que d'observer les esclaves qui venaient d'arriver de leur déportation. Soudain, une voix forte retentit :


"Je vous ordonne de lâcher cet homme."

Alexandre releva la tête et contempla un homme d'une noblesse certaine qui le laissa sans voix. Stoïque. Ferme. Il défendait l'infirme tout en reprochant ses paroles déplacées. Sa dernière réplique résonna à nouveau à ses oreilles en son cœur :

"Mais que vous profitiez de l'état de son corps pour le menacer, Messieurs, en est une autre. Et signe de petitesse."

La phrase était parfaite. Elle sonnait merveilleusement bien et fermait les bouches. Le marchand et les commis n'osaient plus protester. Ce n'était pas juste à cause de son rang de noblesse mais de la véritable noblesse qui se dégageait de lui. Ils étaient impressionnés eux aussi. On ne pouvait qu'être impressionné devant une pareille présence. Il continua de le fixer et l'entendit s'inquiéter du sort d'un captif et réclamer des soins. Quelle générosité incroyable ! Malgré lui, le garçon songea à son père qui refusait continuellement de faire l’aumône à qui ce soit. Il se moquait même des infirmes, même de son fils, et se plaisait autrefois à l'effrayer avec la menace de le déposer à un orphelinat pour repartir avec un enfant valide. Tout à ces pensées sinistres, Alexandre se plut à continuer à suivre du regard le seigneur dans ses prochaines interventions.
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Message par Eldred Kjaersen Mar 14 Jan - 21:48

La tension montait dans la cour qui se transformer petit à petit en fosse aux lions. En y regardant de plus près il n'était pas évident de voir qui de l'un ou de l'autre était le lion. Mais les considérations d'Eldred n'était pas là. Après avoir porté son attention sur l'estropié, il se concentra sur un nouvel individu qui se montra à son tour étonnant.

L'homme -lui même estropié et qui possédait deux bras metalliques- ordonna de soigner Ingvar sur le champ. Après toutes ses émotions, toutes ses épreuves,. le guerrier sentit les larmes poindre. Des larmes de gratitude. Pas une goutte ne jaillit cependant mais son regard était suffisamment expressif pour que l'on puisse apercevoir l'émotion qui transparaissait. Ingvar allait vivre. Il n'allait pas rencontrer Hell, oh non! Il en était désormais persuadé !
La justice existait-elle en ce pays? Cet homme, ce noble à la vue de son accoutrement élégant semblait en tout cas vouloir en être son allégorie. Il aurait presque éprouvé une forme de sympathie pour le monbrinien si un fossé culturel et social ne les avait pas tant séparés.

Alors qu'il avait l'espace d'un instant songé à se laisser sombrer dans le désespoir, ce simple geste avait ravivé en lui la flamme de l'espoir. Même ici dans ce trou à rats, il existait d'autres hommes qui ne les voyaient pas uniquement comme une denrée périssable. Pas comme ce... Marchand. Ces dents se serrèrent à l'évocation du détestable personnage qui venait de rejoindre la tête de sa liste noire.

Le calme relatif revenu, les badauds recommencèrent à faire leur marché n'hésitant pas à lacérer les peu de liens familiaux qui pouvaient unir certains. Son coeur se serra alors que ces femmes si fière hurlait de désespoir en voyant leur mari enrolait de force pour les galères. Eldred baissa les yeux devant cet ignoble spectacle alors même qu'il savait qu'aucun de ces hommes ne reviendrait jamais. Une froide colère grondait dans son âme, nourrit par l'impuissance dans laquelle il se trouvait, véritable terreau qui alimentait sa rage.
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Mer 15 Jan - 15:39

Spoiler:

L'intervention du seigneur de Frenn a l'effet escompté. Sans montrer sa satisfaction (car après tout il est normal qu'il soit obéi), Dyonis suit lentement des yeux les révérences des commis, leurs gestes pour détacher le prisonnier moribond et l'emmener à l'abri. Impassible, il entend leurs excuses. Par dessus ça, Le marchand se permet de jacter des promesses auxquelles le baron croit à moitié : aucune vigilance ne doit être portée aux esclaves sur le chemin. Il n'y a qu'à observer la mine contrariée de Grreglocks aux interventions du noble pour s'en convaincre.
Sans doute, se dit le seigneur, faudrait-il par exemple une amende contre les trafiquants quand ceux-ci ramènent des prises dans un état trop misérable ? Il y réfléchira. En attendant, le voilà à attendre de pied ferme l'arrivée d'un médecin.

C'est alors le gros invalide qui attire de nouveau son attention. Le bouffon se permet une pointe, au sujet des prothèses du seigneur. Le sourire qu'adresse Dyonis à Lénius est à moitié bon joueur, à moitié menaçant, comme pour dire "je te passe celle-ci, mais attention à toi." L'infirme ne s'attarde pas et se retire, après une révérence. Celui-ci a au moins la bonne foi de remercier ceux qui l'aident, tous nobles soient-ils et tout provocateur que soit cet individu. En suivant des yeux le départ de Lénius, le baron note un regroupement de personnes venues observer les captifs. Les uns pour en acheter, et les autres en simples curieux. Il y a là des femmes, des badauds, un jeune homme sur ses béquilles... Mais étrangement, cela semble bientôt être lui-même que ce fragile garçon observe, plutôt que les esclaves.
Dyonis hausse les épaules. Il y est habitué mais s'en moque. Ce n'est pas pour faire des coups d'éclat judiciaires ni pour la gloire qu'il intervient, mais juste quand il estime que cela est nécessaire. On voit au visage fermé du baron et à son regard distant qu'il ne tire rien d'être observé.

En reportant son attention sur les esclaves, le seigneur de Frenn remarque quelque chose d'inédit dans les yeux de l'un d'eux. Le voisin de celui qu'on a embarqué pour être soigné. Des prunelles très expressives et émues traduisent l'immense soulagement de cet homme pour son compagnon. Serait-ce presque un bref moment de reconnaissance ? Indice, encore une fois, des rustauds gratuitement cruels que ces détenus ont dû côtoyer jusqu'à présent.
En s'intéressant plus en détail à l'individu, Dyonis note sa vigueur. Un certain charisme. Il n'arrive pas bien à savoir si celui-là est susceptible de lui faire des histoires, ou s'il est calme et raisonnable, mais il retient pour le moment cette expression très forte du Zakrotien envers lui. L'avenir dirait le reste. Au milieu des habituels cris de détresse poussés par certaines esclaves qu'on sépare pour expédier les uns aux mines, les autres aux galères, les yeux du baron tombent sur l'écriteau à la gorge de l'homme. 14 000. Et s'il faisait l'affaire pour remplacer la malheureuse perte essuyée récemment au domaine ? Il n'avait pas prévu pour aujourd'hui ce crochet au marché, mais après tout.

"Guillaume, veuillez procéder à l'inspection sur cet homme. Et vérifier que nous disposons de la somme requise." ordonne Dyonis à son intendant. Ce n'est pas à lui-même de se charger de ces détails-là. Il reste en retrait, observateur, et tourne plutôt son attention vers Greeglocks. Ce n'est pas que le seigneur veuille marchander le prix (il laisse cela aux vulgaires), mais il ne fait pas complètement confiance à ce négociant et tient à faire vérifier l'évaluation qui a été faite du prisonnier, son absence de grosses blessures ou autre ennui invisible au premier abord.
L'intendant fait donc signe à deux commis d'ouvrir brièvement la cotte du Zakrotien, de retirer un temps ses bottes. Puis il va dans le carrosse de Dyonis voir le montant à sa disposition, s'il n'y a pas besoin de retourner au domaine. Dyonis ayant fait percevoir, au tout début même de cette journée, une somme importante qu'on lui devait hors de Braktenn, en plus de ses propres deniers d’appoint qu'il a toujours au cas où, cela devrait aller.
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Message par Le Cent-Visages Ven 17 Jan - 12:21

[Avril 1597] Destination d'une longue marche ¤ Dyonis - Eldred [Terminé] Marcha10[Avril 1597] Destination d'une longue marche ¤ Dyonis - Eldred [Terminé] Rembra11

M. Greeglocks, marchand d'esclaves de Braktenn
et un Médecin

La grosse gargouille avait enfin débarrassé le plancher, pour le plus grand plaisir de Greeglocks ! Son attention revint alors sur le seigneur de Frenn, qui semblait à présent s'intéresser à l'un des captifs. Celui qu'il avait fallu plusieurs fois corriger, mais que les soins promis à son compagnon venaient apparemment de calmer. Voilà qui arrangea les affaires du négociant !
En entendant Dyonis réclamer une inspection de l'esclave en question, l'homme ne se formalisa pas et resta de côté, son petit sourire commercial aux lèvres. Pas d'histoires avec ce puissant du royaume. L'intendant du noble partait déjà en quête de pécunes dans la calèche : c'était bon signe. Greeglocks bavassa un convenu :

-- Mon Seigneur fait honneur à mon commerce...

Quelques temps plus tard, quand les commis du baron de Frenn auront achevé leur inspection, deux silhouettes parurent à l'entrée du négoce. Un employé revenait en compagnie du premier médecin qu'il avait dû trouver. Les cent rilchs payés par Dyonis avaient dû le décider à bousculer un peu son emploi du temps. Très bien payée, pour une seule consultation. Et pour un esclave.
Le Docteur ne montra rien de son étonnement. En entrant, il adressa une profonde révérence devant le seigneur de Frenn. Ceci fait, neutre, il traversa l'échoppe à la suite du commissionnaire, qui l'amena vers la pièce où reposait le malade. Le praticien se mettrait rapidement au travail, puis allait laisser pour Ingvar les bandes, les préconisations et les baumes nécessaires - car on l'avait informé du motif précis de la consultation. Le Docteur avait pu faire un crochet chez l'apothicaire, tout voisin de son cabinet, avant que de venir.
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Message par Alexandre Ven 17 Jan - 13:02

Spoiler:

Le stoïcisme impénétrable du noble continuait à fasciner Alexandre. Les badauds, comme lui, contemplaient son intervention avec un mélange d'admiration et de crainte. Ses oreilles entendirent de faibles commentaires comme quoi tout ceci ne serait que comédie. Une belle façade pour séduire la plèbe. Un homme non loin du garçon lâcha avec mépris que ce bougre de baron vivait dans un château confortable, sans le moindre souci de l'argent. A son propre étonnement, Alexandre éprouva un rare courage et le devoir de défendre l'homme incriminé qui n'avait commis rien de mal, sauf être vertueux.

"La noblesse existe pour encadrer la société et défendre le pays. le peuple travaille. Les choses sont ainsi. Si vous n'êtes pas satisfait, monsieur , de votre place, plaignez-vous donc à Dieu. Mais ce serait du blasphème. Alors apprenez plutôt à apprécier votre place au lieu d'envier celle des autres."

Peu enclin à se laisser dicter sa conduite, l'homme voulut donner un coup dans le dos du béquilleux mais ce dernier, habitué de longue date, aux plaisanteries de cet acabit, se campa sur ses jambes fragiles, les mains serrées autour de ses béquilles, et tint bon. Ce fut alors le mécréant qui s'écroula au sol, dans une flaque de boue et déclencha une hilarité goguenarde autour d'eux. Par prudence, Alexandre se déplaça rapidement afin de ne plus être dans les parages quand le malotru se redresserait. Il devinait par avance quelle serait sa réaction première. Le petit infirme se rapprocha davantage du seigneur, à la fois pour continuer à l'observer, mais aussi car il savait que dans sa proximité personne ne viendrait lui chercher d'ennuis.

Les yeux à nouveau remplis d'admiration, Alexandre contempla le noble qui donnait des ordres à son intendant pour examiner un esclave repéré dans le tas. Son regard se tourna un instant dans direction. Il avait l'air... sauvage. Ses traits durs paraissaient taillés au marteau.  Les zarkosiens étaient-ils tous ainsi ? En tous les cas, si ce seigneur l'achetait, l'homme aurait un excellent maitre. Il vit ensuite l'intendant repartir vers la calèche, chercher l'argent pour la vente. Alexandre adressa alors un sourire angélique et naïf à Eldred puis murmura assez bas :


"Veinard. Tu vas avoir le meilleur maitre de Monbrina."

Quelques instants plus tard, une silhouette familière et terrifiante fit son apparition et traversa la foule pour entrer dans le négoce. Un médecin. Le médecin réclamé par le seigneur pour soigner le blessé. Un frisson d'effroi parcourut Alexandre. Les souvenirs de plusieurs de ces hommes engagés par son père qui prétendaient pouvoir le guérir de son infirmité le replongèrent dans une angoisse terrible. Il se revit dans ces longs bains glacés jusqu'à perte de connaissance ou dans une machine étrange qui tirait ses muscles. Ces charlatans assuraient que le froid ou l'effort corrigeraient les muscles affaiblis et leur redonneraient un tonus ordinaire. Ces manipulateurs savaient flatter son père et l'endormir et ce dernier aurait été si heureux d'avoir enfin un fils normal. Normal.. Ce mot le blessait. Il dérivait de la norme. Il était faible. L'image de sa mère lui revint ensuite. Heureusement, elle était à ses côtés pour le protéger.

Les yeux posés vers l'entrée où avait disparu le médecin, Alexandre hésita. Que se passait-il dedans  Et si le remède était pire que le mal ? Il se mordit les lèvres puis releva un instant la tête vers Dyonis. C'était risqué. Si risqué. Mais s'il se taisait et que l'homme en mourrait ? Il aurait ce poids sur son âme et Saint-Pierre le lui reprocherait à sa mort. Le garçon hésita encore puis bredouilla d'une toute petite voix :


"Messire..."

Immédiatement, Alexandre lâcha ses béquilles et se jeta au sol, pour une profonde révérence. La tête baissée pour bien marquer sa dévotion.

"Pardon ! Pardon de vous déranger, messire ! Mais... Mais le médecin.. Vous êtes sûr de ses références ? Certains médecins... Certains médecins ne sont pas bons. Ils profitent de la faiblesse de leurs patients pour soutirer de l'argent à l'entourage. ou ils donnent de mauvais remèdes."

Instinctivement, ses mains entourèrent son crâne dans al prévision d'un coup qui allait certainement venir. Il gémit pitoyablement :

"Pardon... Pardon..."
Alexandre
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Sam 18 Jan - 11:10

Spoiler:

Dyonis ne réagit pas à la phrase convenue du commerçant. Toujours à distance, il observe l'état du prisonnier. Il est en forme, le négociant n'a pas menti. Le Zakrotien est marqué par quelques cicatrices, notamment dans le dos, mais elles ressemblent à des restes d'anciennes batailles. La marche ne l'a pas trop affecté, contrairement à son camarade. Rien du moins qui ne pourra se réparer au cours des prochains jours pour ses pieds, et avec une toilette pour le reste.
Une fois assuré de l'état de l'individu, les hommes du baron le laissent tranquille. Alors qu'on lui remet cotte et souliers, le noble reste songeur, avec de l'admiration pour celui qu'il devine avoir été brillant soldat. Un combattant à présent défait. Mais qui a eu de la bravoure comme peu d'aristocrates monbriniens actuels en auraient. Les enrubannés se vautrent aux salons, que n'étaient-ils élevés à aller avec les braves militaires de l'Empire sur les champs de bataille à remporter avec eux les victoires ? En plus, ils sont valides. Dyonis se voyait jadis voué au combat, si le sort n'en avait pas décidé autrement en lui prenant le bout de ses bras. Oh il sait assurer le minimum. Il pourrait se défendre un peu et avait pris des leçons de base, mais rien qui ne serait sérieux longtemps au milieu d'une bataille, et plus handicapant qu'autre chose pour les alliés.

Une petite voix, presque enfantine, ramène Dyonis au concret. Il découvre alors le drôle de jeune homme sur ses cannes, qui s'est avancé vers l'esclave ayant retenu l'attention du seigneur. La phrase qu'il glisse au captif plaît peu à Dyonis. Franchement infantilisante. Même face à un esclave, cela n'autorise pas à leur dire n'importe quoi. Et surtout, le baron se méfie des petits flatteurs. Que cherche donc ce garçon ?
Il dirige sur lui son regard très bleu, froid et fixe. Moins que de la sévérité, c'est l'impression de chercher à sonder le béquilleux qui transparaîtra un instant dans l'expression de Dyonis. Malgré lui. Ce garçon lui semble en effet, à la réflexion, beaucoup plus maladroit qu'opportuniste. Mais il a autre chose à faire que de lui accorder davantage d'attention et aussitôt, il écarte le jeune infirme du bout de sa main métallique. Sans brutalité, mais clairement d'un geste d'autorité.

Arrive le médecin. Dyonis lui rend son salut d'un hochement de tête, puis il le voit se diriger vers les arrières du commerce, équipé des onguents nécessaires aux soins. L'individu a l'air sérieux.
Cependant le garçon aux béquilles se fait à nouveau remarquer. Incliné au sol, il interpelle le seigneur quant à la qualité de ce docteur. Dyonis arque un sourcil. Son front se plisse sous la contrariété. Décidément ! Quel intérêt prend l'infirme à cette affaire ?! Et si ce médecin n'était effectivement pas bon ? Le baron sait que malheureusement, il en est qui abusent. Peut-être que ce jeune homme à ses pieds en a fait l'expérience ? Toutefois Dyonis ne peut pas se permettre de donner en public une impression de faiblesse, ni de vaciller devant l'intervention de n'importe qui. S'il est sûr des références du docteur ? Comment le serait-il ! Cette ville compte tant de praticiens et celui-ci est venu en urgence. Pour se sortir du mauvais pas, il s'autorise un petit mensonge, qui passera parfaitement avec le ton ferme et distant qui le caractérise :

"Oui, cet homme est sûr." Puis, quand le garçon évoque des soignants frauduleux, il ajoute d'une voix égale qui n'a pas l'air surprise : "Tu prêches un converti." Un temps. Un ton plus fort et tourné vers Greeclocks : "Il était prévu de toute manière qu'un de mes gens s'assurera des suites pour ce malade."

Voilà qui devrait régler la chose. L'avertissement est donné. Le médecin a intérêt à agir correctement, pour son bien et celui du marchand, et ce sera vérifié. Dyonis baisse les yeux vers le béquilleux au sol. "Debout, jeune homme. Et à moins que tu n'aies quelque chose d'utile à faire céans, maintenant dispose." De quoi éloigner le garçon certes plein de bons sentiments semble-t-il, mais encombrant et à la limite de l'impertinence.

Guillaume revient avec les sous. L'intendant montre rapidement à son supérieur : il y a assez. Une partie sous forme de grosses pièces d'or massif, le reste sous forme d'assignats pour argent à faire retirer. Dyonis hoche la tête. Guillaume part remettre le tout au marchand. Pendant ce temps Dyonis se retourne vers le Zakrotien.

"Quel est ton nom ?"
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Message par Eldred Kjaersen Dim 19 Jan - 17:31

Ni une, ni deux, Eldred se retrouva dépouillé de ses fripes, ses muscles dessinés ornées de balafres multiples. Un corps de guerrier. Chacune de ces cicatrices, prouvait qu'il avait échappé bien souvent à la mort. Peut-être qu'Odin ne voulait pas de lui à sa table?
On l'examina sous toutes les coutures mais Eldred n'avait rien à cacher. Pas même la peau de ses pieds qui tombaient en lambeaux du fait de la marche forcée. Étrangement,on se mettrait presque prévenant à son égard. C'était sans doute la présence de ce noble estropié qui calmait les ardeurs de certains.

Eldred fut rhabillé. Il remarqua un jeune homme claudiquant en béquilles. A croire que la moitié de la cité était constituée d'estropiés. Cela dit sourire, le zakrotien, bien content de posséder tous ses membres intactes.
Le guerrier le regard s'approcher doucement de lui et sa remarque pleine d'une naïveté sans équivalent lui arrache un sourire effronté.

- Merci. Je ne savais pas que vous aviez été vous-même à son service. répondit-il sur un ton mi-amusé mi-serieux.

Le garde haussa sa matraque pour lui asséner un coup mais se rappelant la présence du noble sans main se retint de justesse. Les habitudes avaient la vie dure.

Le médecin arriva et Eldred fut soulagé de savoir que son ami aller recevoir des soins. C'était un homme fort. Il ne manquerait pas de se rétablir avec un peu d'aide et de temps. Le temps. La chose qui lui manquerait peut-être.

Il sent le regard soutenu du noble face à lui. A quoi pense-t-il ? Une chose est sûre, il semble "différent" de ce à quoi Eldred s'attendait. Son serviteur revient avec la somme nécessaire à son achat. Il allait donc devenir la propriété de cet homme, qui se retourna pour lui demander son nom

- Eldred Kjaersen. Sir. répondit-il sans détourner le regard. Il avait ajouté son titre à contre cœur mais il devait désormais faire profil bas et se faire accepter. L'heure n'était pas à la rébellion mais à l'apparente docilité. Il n'y aurait qu'ainsi qu'il gagnerait une liberté relative et pourrait changer les choses.
Il allait devoir rester tapi dans l'ombre et attendre de meilleures heures.
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Message par Alexandre Dim 19 Jan - 19:38

Spoiler:

Pendant tout l'examen que procéda l'intendant du seigneur de Frenn sur le corps de l'esclave, Alexandre ne put s'empêcher d'observer attentivement sa musculature. Il possédait des épaules développés qui relevait de travaux de force. Une carrure semblable à ce qu'il avait pu déjà pu observer chez plusieurs forgerons de la capitale. Son œil, habitué à croquer des silhouettes pu des architectures, appréciait la beauté particulière qui se dégageait des torses. Il ressemblait à un Mars. De retour à sa chambre, en secret de son père, il en réaliserait une esquisse à partir de ses souvenirs.

Tout à ces pensées, Alexandre sursauta quand Eldred répondit à son commentaire qui n'avait pourtant pour lui aucun jugement moqueur ou réprobateur. Il croisa alors le regard polaire du baron et frémit d'avoir prononcé des paroles malheureuses. Le garçon s'apprêta déjà à se reculer alors que le noble le repoussait de sa main métallique. le contact froid ne provoqua en lui aucun sentiment de répugnance ou d'étrangeté. Seule la curiosité le titillait. Que ressentait-on avec cette prothèse qui remplaçait une main perdue ? Retrouvait-on un peu de ses sens ? Ou n'était-ce qu'un artifice ? Son esprit bouillonnait de toutes interrogations dont l'étiquette l'empêchait de les poser à la personne concernée qui aurait pu lui fournir les bonnes réponses.

Il se rappela alors Eldred et de ce qui avait été une maladresse. Il adressa un léger sourir confus.


"Pardon... je ne voulais pas être méchant.

Après cette scène, Alexandre demeura en retrait jusqu'à l'arrivée du médecin qui le ramena à ses angoisses développées dans son enfance à cause de la crédulité de son père.  Sa conscience le poussait à s'en ouvrir au baron. Tant pis pour les conséquences ! Il ne pouvait laisser en un homme en difficulté ! La tête baissée vers le sol, à genoux, le garçon évitait d'observer le seigneur et conservait une attitude humble. Sa réponse le rassurait. Il savait ce qu'il faisait. Il avait appelé un bon médecin.

"Pardon, messire, de mon intervention. Je ne souhaitais m'immiscer dans vos affaires et insinuer que.. vous auriez un mauvais jugement. mais certains praticiens sont... doués pour faire avaler des couleuvres. Mon père s'est autrefois fait arnaqué par des charlatans qui se disaient médecins et prétendaient soigner mon infirmité. Je ne dois la vie qu'à la lucidité de ma mère. Alors... Alors quand j'ai entendu invoquer un médecin, j'ai ressenti cette peur primaire. je vous prie de m'excuser de cette ingérence. "

Alexandre entendit l'avertissement du seigneur qui l'invita à se retenir. Il comprenait. Cela était normal. Interpeler ainsi un noble pour des broutilles... Quel imbécile ! Si son père savait, son dos recevrait cinq ou six coups de ceinturon, puis sa mère lui adresserait un long sermon sur l'importance de savoir rester à sa place. Alexandre murmura une dernière fois être navré de cette interruption, avec une humilité sincère et se retira.
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Message par Le Cent-Visages Mar 21 Jan - 16:58

[Avril 1597] Destination d'une longue marche ¤ Dyonis - Eldred [Terminé] Marcha10

M. Greeglocks
Marchand d'esclaves de la capitale

Greeglocks tiqua lorsqu'un petit groupe de badauds, parmi lesquels avançait notamment un jeune homme sur des cannes, s'introduisit plus avant dans son échoppe pour observer les Nordiens. L'attitude du béquilleux l'agaça, à venir importuner son noble client et se jeter à ses pieds pour attirer sa méfiance à l'encontre du docteur. Pour qui se prenait-il ! Il y avait déjà eu assez d'inhabituel remue-ménage dans son commerce pour aujourd'hui. Le petit infirme n'en resta pas là et adressa quelques mots, à voix basse, à l'esclave Zakrotien qui d'ailleurs lui répondit. Greeglocks n'entendit pas la teneur de ces mots échangés mais fut satisfait de voir le baron de Frenn le recadrer avec autorité.
Lui-même préféra darder ses pupilles hargneuses sur Eldred, toujours menotté au milieu de ses pairs. Un regard comme une menace - déguisant toutefois ses espoirs pour la bonne réputation de son négoce : pourvu que ce rebelle prenne vite le pli dans le château de son maître et n'attire jamais aucun ennui. Même s'il revenait maintenant à Dyonis de le dresser en cas de problème, le marchand n'était jamais à l'abri de faire l'objet de racontars par ricochets si trop d'esclaves parmi ceux qu'il vendait se montraient désobéissants. Oh jusqu'à présent, il n'avait entendu quasiment aucun mauvais retour. A quelques légers détails près, sa renommée demeurait excellente.

Il demeura neutre et patient jusqu'à la fin de l'inspection sur le prisonnier, puis fut satisfait de constater le contentement de son éminent client. Ledit Eldred présentait des blessures de guerre, mais rien qui ne stimulait le baron à négocier le prix. Parfait. A moins que ce ne fut le simple effet de la fierté aristocrate, soucieuse de ne jamais se montrer attachée à l'argent ? Cela restait bon pour les bourgeois, à leurs yeux. Quels prétentieux ! Mais tant que ces gens continuaient de l'enrichir. Dans l'un ou l'autre cas en somme, les choses allaient au mieux pour Greeglocks.
Quand le baron de Frenn s'avança avec son intendant pour payer la transaction, il lui adressa une profonde révérence.

-- Grand Merci, Seigneur, pour votre confiance ! Vous n'aurez rien à regretter !

Il en resta là. Si certains acheteurs aimaient être flattés, le trafiquant avait bien compris qu'il n'en allait pas de même avec ce baron aux prothèses. L'homme aimait la rigueur, la sobriété, l'honnêteté. Sans tarder, le commerçant alla vers l'armoire dans laquelle il rangeait ses carnets de comptes et des documents administratifs prêts à être remplis.
Greeglocks revint à son bureau. Il ouvrit ses livres de statistiques et nota la date de sa vente, le nom du client, l'identification physique du prisonnier et la fructueuse somme que ce Zakrotien venait de lui rapporter. D'un geste déférent, il fit ensuite signe à Dyonis d'approcher puis remplit devant lui, du bout de sa plume élégante, l'acte de propriété par lequel il reconnaissait l'achat de l'esclave dénommé Eldred. Ce document allait être remis au baron de Frenn et par celui-ci, il était reconnu "maître". Ce serait ce même document que Dyonis devrait, s'il souhaitait plus tard revendre cet esclave, donner et faire signer au prochain propriétaire. Sinistre feuille de route qui suivait, de main en main, chaque captif marqué au fer.
Ne manquait plus qu'un détail à ces formalités. Dans un mouvement énergique, Greeglocks se releva de son siège et demanda au seigneur de Frenn en lui tendant une plume gorgée d'encre :

-- Si Messire veut bien, à présent, se donner la peine de si... sign.... euh....

Pris dans ses formules procédurières, le commerçant ne se rappela qu'à ce moment là du crochet et de la main métallique qui terminaient les bras du seigneur. Pourtant, il fallait un paraphe ou n'importe quel signe distinctif valable sur le plan administratif. Greeglocks se mordit la lèvre et adressa un regard gêné au noble. Là-dessus, il se rassura en se disant que le noble devait avoir l'habitude des documents à authentifier - et posséder sa méthode. Méthode que le trafiquant était curieux de découvrir. Pourvu, cependant, que l'aristocrate ne se vexe pas de ses quelques secondes d'étourderie...
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Mar 21 Jan - 22:07

Dyonis note la répartie que l'esclave adresse au garçon appuyé sur ses béquilles. Il a de l'esprit. Qui semble s'accompagner néanmoins de prudence, à en croire son ton maîtrisé, le silence qu'il reprend aussitôt après, et la réponse polie qu'il fait quand le seigneur lui demande son nom. Un garde a retenu ses coups contre le prisonnier : Dyonis constate là encore l'effet de sa présence. Comme tout à l'heure avec le gros invalide railleur, le baron conserve une mine neutre (pas fâchée, mais pas non plus amusée par le bon mot : hors de question d'encourager des saillies et autant rappeler que ce captif aurait à ne jamais franchir quelque limite que ce soit).
Le béquilleux présente ses excuses, et se justifie une nouvelle fois au sujet de sa crainte du docteur. Comme le seigneur de Frenn s'en doutait, ce garçon a été marqué par les mauvaises pratiques de médecins abusifs. Une légère grimace sur le visage de Dyonis sera sa seule réponse à Alexandre, lui signifiant qu'il a bien saisi le trouble qui l'anime. Là-dessus, le petit invalide a le bon goût de se retirer sans faire davantage d'histoire.

En se retournant vers Eldred et en entendant sa réponse, Dyonis acquiesce d'un sobre hochement de tête. L'esclave n'a pas détourné le regard. Il ne lit pas chez lui de la crainte comme en montrent parfois des captifs devant leur maître. Le Zakrotien garde pour lui une certaine fierté, celle de son nom, que le baron peut comprendre. Soit. Tant qu'il ne donne pas motif de mécontentement, le seigneur sait admettre et même apprécier cette fermeté y compris chez un adversaire du pays et un vaincu.

Greeglocks s'est occupé des formalités administratives, a renseigné ses livres de comptes, a préparé l'acte de propriété que Dyonis allait récupérer sous peu. A présent le négociant lui demande de signer et semble tout penaud d'avoir fait référence indirectement au handicap du baron. Allons ! Des simagrées pour rien. Depuis le temps, le seigneur en a signé, des documents - et il en entendu, des expressions courantes relatives aux mains. Il serait ridicule de prendre la mouche ! Dyonis met cela sur le compte de la crainte qu'il a inspiré à ce trafiquant depuis son entrée dans l'échoppe.

"Voyons, marchand. Il est évident que je signe. Je fais même cela tous les jours."

Pour le coup, le seigneur a eu un voix un peu moins dure. Il faut vraiment que les gens se décomplexent devant sa particularité. Il ne veut pas être traité différemment et il serait bien bête s'il n'avait pas depuis le temps une solution de rechange. Surtout dans sa position.
Dyonis n'a même pas besoin de demander que déjà, Guillaume a compris. Il retourne dans le carrosse (où, avant de s'arrêter au marché, le seigneur était en train de dicter des courriers) chercher le matériel nécessaire : une petite boîte qui n'est jamais bien loin de Dyonis. S'y trouvent de l'encre, et un tampon très finement ouvragé selon ses directives pour faire office signature sur n'importe quel courrier. Bien sûr, le noble veille à ce que jamais personne d'autre que lui-même, Guillaume ou son secrétaire personnel n'ait accès à cet objet unique et ne contrefasse sa "signature". Le sceau est muni d'une petite anse, qu'il saisit de la pointe du crochet. Et Dyonis valide ainsi le feuillet sur la table.
Là-dessus, il relève les yeux vers Greeglogks et hausse légèrement une épaule avec un petit air de "c'est aussi simple que ça, il ne fallait pas en faire un fromage". Au pire du pire, dans une situation d’improvisation extrême, il est déjà arrivé au baron de parapher en urgence à la bouche, stylet entre les dents.

Guillaume met l'acte de propriété dans le porte-documents du noble. Le baron se retourne vers Eldred et attend qu'on le tire du reste du groupe. Voilà assez de temps passé dans ce négoce et il est l'heure de regagner le domaine de Frenn. Il surprend le regard mauvais qu'adresse le commerçant à l'esclave. Celui de Dyonis est plutôt neutre : il est beaucoup trop tôt pour juger de l'individu.
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Message par Eldred Kjaersen Dim 26 Jan - 21:02

Eldred s'amusa intérieurement de l'effet de sa remarque sur le jeune homme aux béquilles qui s'empressa de s'excuser. Cela était pour le moins inattendu. Qui irait en effet s'excuser auprès d'une bête de somme? Car c'est ce qui les attendaient tous ici: un statut de bête de somme. Et encore, certaines bêtes seraient bien mieux lotis qu'eux. Il reconnaissait néanmoins que le jeune homme avait sans doute raison: il semblait dans son malheur avoir un peu de chance. Ce seigneur semblait doté d'une certaine moral qui pourrait jouer en sa faveur. Peut-être même obtiendrait-il une forme de liberté s'il obtenait satisfaction ?

Alors qu'Eldred analysait sa situation personnelle et tentait de voir le verre aussi remplit que possible (peut-être que la solution résidait dans la taille du verre?), la transaction se déroula.
Le marchand remis les titres de propriétés à son Maitre. Par tous les dieux, ce que ce mot lui écorchait la bouche ! Comment avait-il pu tomber si bas? C'était désormais officiel : il venait de passer de prisonnier de guerre à esclave. On pouvait difficilement tomber plus bas dans l'échelle sociale. Sa vie ne lui appartenait même plus...

Réaliser cela, foudroya le moral du Zakrotien qui avait jusqu'alors tenté de garder espoir. Sa situation semblait inextricable et il regretta soudainement d'avoir esquiver le coup fatal qu'avait tenter de lui asséner ce pauvre guerrier monbrinien. Mourir aurait sans doute était plus simple et moins douloureux mais son heure n'était pas arrivé. Il aurait donné cher pour pouvoir observer ce qui l'attendait dans le puit du destin... Après tout, peut-être avait-il survécu pour une bonne raison?

Il n'y avait désormais plus qu'à attendre. Attendre qu'on lui fasse quitter se sordide endroit. Attendre des jours meilleures. Attendre une occasion, de fuir ou de se rebeller.
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Message par Le Cent-Visages Dim 2 Fév - 15:26

[Avril 1597] Destination d'une longue marche ¤ Dyonis - Eldred [Terminé] Marcha10

M. Greeglocks
Marchand d'esclaves de la capitale

Le marchand observa les gestes précis avec lesquels le baron signa, ainsi que les outils atypiques - finement aménagés pour l'utilisation avec ses prothèses. Sans un mot, il récupéra les documents qui lui revenaient, puis laissa l'acte de propriété au seigneur de Frenn.

-- Tout est en ordre Messire, je vous remercie.

Sur cette ultime politesse, il espéra qu'en vidant les lieux, ce noble ne se mette pas en tête de faire trop d'histoires à son commerce après ce qu'il y avait observé quant à l'état des prisonniers. Greeglocks préférait ces quelques pertes plutôt que de se voir imposer des normes d'inspections, des formalités administratives supplémentaires, les nécessités organisationnelles et budgétaires que réclamerait la venue régulière d'un médecin. Tout ceci resta caché derrière sa mine affable et commerciale.
Le patron approcha du Zakrotien qui allait partir au château de Frenn et fit retirer le petit écriteau de sa gorge. Enfin, il remit à l'intendant du baron de quoi ôter les entraves aux poignets de l'esclave une fois qu'ils auraient regagné le domaine. Sitôt le seigneur parti, Greeglocks retournera à ses autres clients.
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Ven 7 Fév - 20:45

Tout semble se remettre en bonne place. L'esclave malade va être soigné, le petit boiteux a finalement vidé les lieux sans histoires, et lui-même va pouvoir rentrer au domaine avec le serviteur qui manquait à ses effectifs. Ce petit détour par le marché n'aura pas été inutile. Et dès qu'il en aura les pouvoirs auprès du roi ou d'un de ses ministres, Dyonis suggérera qu'il serait bon de resserrer les inspections sur les trafiquants d'esclaves, sur les conditions des transports de prisonniers, voire de mandater des médecins à leur arrivée sur le sol Monbrinien.

Les commis de Greeglocks lui remettent le Zakrotien. Il  un rapide regard vers lui : l'homme semble tranquille. Même absent, il semble, comme s'il vient de prendre un coup de massue au crâne... Le baron se retourne vers les employés du négociant et commande :

"Ôtez-lui ses fers."

A peine l'ordre donné qu'il fait demi-tour et se réinstalle dans son carrosse. De toute façon, un petit groupe de soldats suit l'attelage du seigneur. Encadré par eux, l'esclave n'aura aucune chance de fuir sur le chemin du retour. D'un coup de crochet contre la paroi du véhicule, Dyonis demande au cocher de reprendre la route à un rythme très tranquille jusqu'au château de Frenn. Une petite heure de route leur sera à faire, d'abord en sortant de la ville puis à travers les premiers paysages de campagne juste aux abords de la cité, dominés par l'austère bâtisse familiale. Le temps du voyage, le seigneur se remet immédiatement à dicter ses courriers, puis à poursuivre les comptes, exactement là où il avait laissé ces activités avant de s'arrêter dans l'échoppe de Greeglocks.
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