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Message par Coldris de Fromart Jeu 11 Mar - 16:29



Coldris de Fromart, 30 ans
Virgil d'Aussevielle, 34 ans
Démétrius d’Aussevielle, 9 ans



Démétrius avait accompagné son père aux funérailles d’Asoana de Fromart. Il ne la connaissait pas. Il savait uniquement qu’elle était la femme de son parrain, le vicomte Coldris de Fromart, mais il n’avait jamais eu le plaisir de la rencontrer avant que Dieu ne la rappelle auprès de lui. Malgré tout, il n’avait pu s’empêcher d’éprouver une profonde compassion pour les deux jeunes enfants désormais orphelins de mère. Il y avait Alduis, de quatre ans son cadet, qui avait passé la cérémonie à regarder les dalles, les yeux rougis de ses larmes encore contenues et la petite Bérénice de tout juste quatre ans qui ne comprenait pas vraiment que sa maman ne reviendrait jamais et qui avait hurlé entre les bras de son père lorsque le cercueil avait été mis en terre.

Une fois la dernière poignée de terre déposée, le cortège avait rejoint le château de Fromart, où se tenait une petite cérémonie ainsi qu’un buffet à la mémoire de la défunte. Démétrius, sage et discret, observait silencieusement les différentes personnes présentes sans oser quitter la proximité rassurante de son père. Sa mère discutait un peu plus loin avec quelques femmes de sa connaissance. Il avait beau se trouver grand, il se sentait petit au milieu de tous ces adultes importants. Du coin de l’œil, il détaillait les deux seuls autres enfants présents.

— Merci d’être venu, Virgil. Cela me fait chaud au cœur
— Allons, c’est bien naturel, mon ami. Pauvre Bérénice, elle m’a fait de la peine au cimetière. C’est une épreuve terrible pour une si petite. Le mauvais âge. Trop jeune pour comprendre, trop âgé pour ne rien voir… Non je ne dirais rien de tel Coldris. Je le sais, inutile de me faire ton regard réprobateur. Et toi, comment te sens-tu ?
— Je suis soulagé.

Démétrius le concevait. Il avait entendu dire qu’elle avait été très malade. Parfois la mort était une bénédiction lorsqu’il n’y avait plus d’autre échappatoire. Et puis elle pourrait l’attendre au paradis, là où il n’y avait plus aucune souffrance

— Je comprends., il se tourna vers son fils  peut-être pourrais-tu aller tenir à Alduis ? Il doit se sentir seul et cela lui fera du bien de parler à quelqu’un
— Oui, bien sûr Père. répondit-il en s’éloignant aussitôt.
— Ton fils est absolument charmant. Si seulement Alduis pouvait lui ressembler plus tard.
— Cesse de donc de déblatérer des âneries et allons discuter dans un salon.

Virgil posa une main fraternelle sur son épaule et l’entraina à l’écart du brouhaha. Depuis toutes ces années, il faisait désormais comme chez lui lorsqu’il venait ici. Il bascula la tête en arrière pour jeter un dernier regard à la tignasse cuivrée de son fils qui s’apprêtait à briser la glace avec le jeune Alduis.

Démétrius s’approcha lentement du garçon, debout dans un coin de la salle, les yeux perdus dans le vague. Que regardait-il ? À quoi pensait-il ? Peut-être qu’il n’avait pas envie d’être dérangé après tout. Il essayerait quand même, et il insisterait un petit peu. Au cas où et le laisserait tranquille si vraiment, il ne voulait pas de sa présence. Son père ne lui en voudrait certainement pas.

— Bonjour, Alduis, je m’appelle Démétrius. Toutes mes condoléances pour ta mère. Est-ce que tu veux sortir ? proposa-t-il en espérant qu’un peu d’air pourrait lui changer les idées.
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Message par Alduis de Fromart Jeu 11 Mar - 17:55

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| Alduis de Fromart | 6 ans |
___________

-- Le 11 août 1575 --

Il y avait une douleur sourde au fond de la poitrine de Alduis qu’il ne savait pas très bien expliquer. Comme si son cœur saignait.

Ils avaient enterré Maman. C’était fini, maintenant, vraiment fini. Elle était sous terre. C’était étrange, tout de même. Si les âmes montaient vers le Paradis, alors pourquoi enterraient-on les corps sous terre ? Il ne comprenait pas. Et c’était avec cette question qu’il se torturait l’esprit à l’heure actuelle. Une question sans fond, peut-être, qui n’avait pas de réponse… Il n’avait personne à qui la poser. Personne ne le regardait.

Il n’avait pas pleuré. Enfin, il avait essayé de ne pas pleurer. Mais c’était dur. Ses yeux brûlaient. Ses mâchoires lui faisaient mal. Sauf qu’il était un garçon. Et les garçons ne pleuraient pas. Bérénice, elle, elle avait le droit. Parce qu’elle était petite et que c’était une fille.

Des fois, il avait envie d’être une fille, lui aussi. Pour avoir le droit de pleurer, pour pouvoir jouer aux poupées avec elle et pour que Papa le prenne dans ses bras des fois.

Comme il avait tenu Bérénice dans ses bras tout le long. Alduis était resté debout, les yeux rivés sur les dalles, en se sentant atrocement seul. Atrocement abandonné. Il avait retenu ses larmes dans son cœur lourd. Il aurait bien aimé que quelqu’un vienne le consoler. On s’occupait de Bérénice, on s’attristait d’elle et de sa réaction quand la tombe avait été descendue.

Ils étaient revenus à Fromart après l’enterrement. Alduis s’était mis dans un coin du salon et il n’en avait plus bougé depuis. Plus le temps passait, plus il se faisait petit. Il courbait les épaules, comme s’il voulait se faire oublier. Comme s’il voulait disparaître. Il regardait l’assemblée qui défilait sous ses yeux. Les adultes qui discutaient, les adultes qui mangeaient, les adultes qui buvaient… Il les regardait faire, les yeux perdus dans le vide.

Maman n’était pas parmi eux.
Maman ne le serait plus jamais.

La vision de son corps était très claire dans son esprit. Elle lui faisait peur, cette grande dame blanche et décharnée qui avait remplacé sa Maman. Il réfléchissait plus lentement. Son corps lui semblait lourd.

Soudain, une voix attira son attention. Il releva les yeux pour tomber sur le visage d’un enfant. Plus âgé que lui. Il ne l’avait jamais vu avant.

— Bonjour Alduis, je m’appelle Démétrius. Toutes mes condoléances pour ta mère.

Quelque chose serra son cœur fort à cette dernière phrase. Les larmes lui montèrent de nouveau aux yeux mais il les refoula. Il ne devait pas pleurer. Il ne sut quoi répondre. Mais heureusement, Démétrius lui proposa de sortir. Il hésita un peu et chercha Bérénice des yeux. Elle jouait avec une poupée pas très loin, à quelques mètres de lui.

Il aurait bien aimé aller jouer avec elle, mais c’était un jeu de filles, et lui il était un garçon. Il ne pouvait pas jouer aux poupées. Et puis, il n’avait pas le courage. Il revint vers Démétrius qui attendait une réponse. Il hocha la tête doucement.

— D’accord. On va dans les jardins alors ?

Il fit une pause, et ajouta :

— Et Bérénice peut venir avec nous ?
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Message par Coldris de Fromart Jeu 11 Mar - 22:17



Coldris de Fromart, 30 ans & Virgil d'Aussevielle, 34 ans

Coldris entraina Virgil à l’étage, loin des oreilles indiscrètes. Dans le petit salon qui jouxtait son bureau.

— Bonjour Léonilde.
— Monsieur d’Aussevielle. salua le valet dans une courbette

Sans attendre que son domestique en prenne l’initiative, il ouvrit le placard du dressoir et en sortit deux verres ainsi qu’une carafe de liqueur ambrée qu’il versa dans les verres avant de les déposer sur la table et de se jeter dans l’un des fauteuils, suivi de près par Virgil. Il trinqua avec son ami.

A Aurélia.

Et s’humecta la gorge d’une lampée brulante avant de déclarer de but en blanc.

— Je l’ai tuée, Virgil.

Le marquis d’Aussevielle manqua de s’étouffer dans un hoquet puis de renverser le contenu de son verre en se relevant brusquement.

— Seigneur Dieu tout puissant ! jugeant plus sûre de s’affranchir du breuvage, il le déposa sur la table. Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi !

Oui Bon, c'est vrai, elle n'aurait sans doute pas eu une réaction bien différente de la sienne.

— J’en avais assez... avoua-t-il en fuyant son regard moralisateur. J’en avais assez... Tu ne peux pas comprendre…

La chaleur de l’alcool avait toujours ce même effet réconfortant, comme un feu de cheminée en hiver. Comme de chaudes petites mains qui entouraient son cœur de glace, alors, il vida d’une traite son verre avant de se resservir...




Démétrius d’Aussevielle, 9 ans & Bérénice de Fromart, 4 ans

Démétrius aperçut ses yeux se gonfler de larmes à l’évocation de sa mère. Il était sincèrement désolé pour lui. Et en même temps, il avait parfaitement conscience qu’aucune de ses paroles n’effacerait jamais sa peine. Il n’y avait que le temps et la foi en Dieu qui l’apaiserait.

— Si tu veux, tu veux me faire visiter ? C’est la première fois que je viens ici.

D’ordinaire, c’était toujours le vicomte qui venait chez eux à Saint Eloi. Il le voyait au moins une fois par semaine, parfois plus lorsqu’il n’était pas occupé avec son précepteur. Tout était si grand ici à Fromart. Cela ressemblait à un vrai château, comme celui d’Aussevielle sur la côte, entouré des oliveraies en terrasse.  Démétrius avait hâte d’y retourner, mais son père avait rarement le temps d’effectuer le voyage vers leur domaine familial.

Il acquiesça à sa proposition d’emmener la petite Bérénice avec eux et s’approcha aussitôt d’elle, elle était si absorbée par son jeu qu’elle ne semblait même pas l’avoir remarqué. Il s’accroupit et lui demanda en lui tendant la main.

—Est-ce que tu veux venir jouer avec nous dehors Bérénice ?

Ses gestes suspendirent telle une marionnette et elle tourna ses grands yeux bleu-vert dans sa direction.

—Je ne sais pas, Monsieur. -parce qu’il était grand- il faut demander à Lettilia ce qu’elle en pense

De bonne grâce, le garçon aux cheveux cuivrés se plia au jeu
—Souhaiteriez-vous m’accompagner dans les jardins, Mademoiselle Lettilia ? s’enquit-il en lui faisant un protocolaire baise-main

Bérénice gloussa et fit mine de tendre l’oreille contre la bouche de sa poupée

—Oh! Oh oui, je vois… Tout à fait… Oui vous avez raison, chère amie. puis elle se tourna vers le garçon Elle me dit de vous dire qu’il fait trop chaud dehors pour sortir et qu’elle a perdu son ombrelle. Elle ne voudrait pas brunir comme les paysannes alors elle préfère rester à l’intérieur. elle haussa les épaules Désolé, une autre fois peut-être !

—Fort bien, je comprends parfaitement. Si Mademoiselle retrouve son ombrelle, vous pourrez toujours vous joindre à nous. il se releva et s’inclina comme on le lui avait appris Mesdemoiselles.

De retour auprès d’Alduis, il lui signala que leur promenade s’effectuerait donc « entre hommes ». Et les deux garçons quittèrent le salon caquetant pour le hall puis pour les jardins.

— C’est si grand ici! Il n’y a pas de parc aussi grand à Saint-Éloi, heureusement que je t’ai comme guide !

Il espérait pouvoir lui faire sécher ses larmes au moins le temps de quelques instants, s’il pouvait. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était la moindre des choses, il fallait toujours prendre soin de son prochain lorsque l’on pouvait le faire. Lui tendre la main et lui offrir l’amour que l’on pouvait lui donner pour combler le sien, même si rien ne remplaçait l’amour de Dieu.
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Message par Alduis de Fromart Jeu 11 Mar - 23:19

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| Alduis de Fromart | 6 ans |
___________

Alduis ne savait pas trop quoi faire. Ni trop quoi dire. Mais il n'avait pas de raison de refuser cette proposition de balade. Maman aurait dit que c'était impoli. Et il n'avait pas envie de la décevoir, pas plus qu'il ne souhaitait blesser ce garçon. Alors il hocha la tête, un peu péniblement, parce qu'il faisait tous les efforts du monde pour ne pas pleurer.

La question le fit sortir de ses pensées. Faire visiter le château et les jardins à quelqu'un ? Vraiment ? C'était la première fois qu'on lui demandait d'être un guide… Alduis jeta sur lui un regard impressionné, mais de nouveau, il finit par hocher la tête. En précisant néanmoins qu'il fallait proposer à Bérénice de venir avec eux.

Démétrius s'approcha de sa sœur. Alduis resta quelques pas en arrière. La poupée avec laquelle jouait Bérénice s'appelait Letilia. C'était sa préférée. Celle qui la suivait partout. Il n'écouta pas vraiment. Il avait aperçu le ciel par les hautes fenêtres du salon.

Maman se trouvait là-haut maintenant. Et s'il lui faisait un petit coucou ? Allait-elle le voir ? Il n'en savait trop rien. Le ciel était d'un bleu sans nuage. C'était un jour trop beau pour célébrer un enterrement. Il aurait dû pleuvoir des cordes, là, les choses auraient été appropriées.

Timidement, il osa lever la main et agiter les doigts. Il ressemblait à une statue tant il était immobile, tourné vers ce ciel, ce Paradis que décrivait Maman. Il lui semblait n'être plus vraiment dans le salon, et percevoir l'odeur de la lavande qui l'enveloppait quand…

Démétrius revint. Surpris, Alduis sursauta. Une promenade « entre hommes »… Oui, mais ce n'était pas vraiment bien d'être un homme, au fond. Les gens faisaient toujours plus attention aux filles. Les filles, ça avait de belles robes, de beaux cheveux. Et puis, elles avaient le droit de pleurer, si elles le voulaient.

Mais il accepta néanmoins. Ils passèrent dans le hall puis débouchèrent sur les jardins. Alduis les connaissait bien. À cette période de l'année, il y avait plein de fleurs, plein d'insectes, et plein de verdure. Ils étaient magnifiques, luxuriants et fleuris.

Il eut un bref sourire, flatté qu'on le remercie d'être le guide. Il se sentit alors comme investi d'une mission importante, à sa petite échelle. Faire visiter ces grands jardins. Mais ses yeux se posèrent sur la terre qu'ils foulaient et cela le ramena au cercueil. Tout semblait l'attirer comme un aimant… comme s'il était un bateau amarré au port, avec formelle interdiction d'en sortir.

Il releva les yeux. Peut-être… peut-être que Démétrius savait, lui, pourquoi on mettait les corps sous terre ? Il était plus grand, il devait savoir. Alors il posa la question, d'une petite voix, hésitant entre curiosité et tristesse :

— Est-ce que tu sais comment les morts peuvent monter au Paradis si on les met dans des boîtes en bois fermées et qu'on les enterre ? Et aussi… à quoi ils ressemblent, une fois qu'ils sont là-haut ?

Finalement, sa voix avait choisi. La tristesse avait gagné sur la curiosité.
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Message par Coldris de Fromart Ven 12 Mar - 13:26



Coldris de Fromart, 30 ans & Virgil d'Aussevielle, 34 ans

Virgil s’était levé et faisait les cent pas dans le petit salon sous le regard ennuyé du vicomte qui ne savait plus où se mettre. Il n’avait jamais vu son ami dans un tel état d’agitation, lui qui était toujours d’un calme olympien.

— Morbleu, Coldris! Tu n’es pas Dieu ! Tu n’as pas droit de vie et de mort sur tout ce qui t’entoure et te dérange ! tonna la voix du procureur d’ordinaire si bienveillante.
— Elle était malade. Elle allait mourir de toute façon. C’est comme les chevaux, non ? On les achève. Tu devrais me remercier plutôt.

Ce n’était pas entièrement vrai. Elle aurait peut-être pu s’en sortir. Et c’était justement tout le problème : il était hors de question qu’elle n’en réchappe. Six ans c’était long. Interminable lorsque l’on vivait avec celle qui avait ravagé votre vie. Sans parler du fait que la relation qu'elle entretenait avec Alduis saccageait chaque filament de lien qu’il tentait d’établir ou encore de sa propension à le prendre pour sa petite poupée. Pour un peu, elle finirait par lui mettre des robes. Les hommes devaient être forts. Ils devaient avoir un cœur trempé dans l’acier pour affronter la vie. Elle n'avait qu'à jouer avec Bérénice! Mais non, tout ce qui l'intéressait c'était Alduis, parce qu'il était son héritier et que cette maudite garce n'avait rien de mieux à faire que de lui pourrir chaque seconde de sa vie.

— Ce n’est pas un animal ! C’est un être doté d’âme, Coldris !
— Je ne fais que rétablir la justice.

Dans le creux de son ventre commençait à naitre cette désagréable pointe de culpabilité. Il déboucha la carafe et se servit un verre afin de la noyer dans le vin de noix.

— Tu n’es ni juge, ni Dieu !
— La justice divine est trop lente. Et puis les bourreaux tuent et cela ne dérange personne.

Virgil fit volte-face et frappa rageusement du poing le dressoir qui sursauta dans un tintement

— Tu m’agaces! Va donc te confesser !

Et encore, Coldris ne lui avait pas raconté comment, il l’avait tuée. Il devait certes se douter qu’elle avait été empoisonnée, mais lorsqu’il aurait tout le détail, son ami aurait vraiment de quoi être furieux. Il haussa donc légèrement les épaules avec nonchalance, ses prunelles bleu sérac rivées vers lui puis se leva…





Démétrius d’Aussevielle, 9 ans

Puisque la petite Bérénice préférait jouer à l’intérieur, Démétrius sortit en compagnie d’Alduis. Il y avait presque quelque chose d’insolent à ces jardins fleuris des couleurs de l’arc-en-ciel, ce soleil brulant et l’incessante symphonie des grillons (même si cela ne valait pas les cigales d’Aussevielle). Tout cela contrastait atrocement avec la douleur que ressentait le jeune à garçon à ses côtés.

Aujourd’hui, tout le monde n’en avait que pour sa mère, pourtant, il ne fallait pas oublier les vivants. C’était eux qui avaient le plus besoin de soutien. Les morts, eux, retournaient auprès de Dieu, mais les vivants devaient apprendre à accepter leur départ en attendant de pouvoir les retrouver. Démétrius, lui proposa de devenir son guide dans le parc de Fromart. Il espérait que cette mission lui donnerait le sentiment d’être indispensable. Même si ce n’était que quelques minutes ou quelques heures tout au plus. Il ne parlerait plus de sa mère, sauf s’il le faisait de lui-même. Non, cette promenade serait la sienne. C’était son cadeau. Sa maigre contribution pour panser sa blessure.

Son visage s’illumina lorsque celui pluvieux du blondinet fut traversé d’un bref rayon de soleil, mais peine avait-il posé les yeux sur le sol, que les nuages revinrent de plus belle assombrir son horizon.

La terre, poussiéreuse, séchée par l’air chaud et sec de l’été.

Il lui adressa un regard compatissant : il devait sans douter songer à l’inhumation toute récente. Démétrius serra les mâchoires. Il s’apprêtait à prendre sa main pour l’entrainer vers les pelouses lorsqu’il fut surpris de sa question. Il ne savait pas ? Son précepteur ne lui avait pas dit cela ? C’était étonnant. Ou peut-être avait-il oublié ou bien souhaitait-il être sûr ? Il hocha de la tête, envoyant voleter ses mèches cuivrées sur son front puis expliqua avec bienveillance.

— L’âme des morts monte au paradis lorsqu’ils ont expiré leur dernier souffle. C’est pour cela, Alduis, que l’on attend un peu avant de les mettre en terre. Là-haut, Dieu les jugera pour leurs actes. Ils n’ont pas besoin de leur corps. Tu comprends ? il reprit après une pause Mais il est important de conserver leur corps, c’est pour cela qu’on le met à l’abri sous terre et qu’on ne l’incinère pas comme les païens, parce qu’à la fin des temps, viendra le jour du jugement dernier où tous les chrétiens seront jugés et retrouveront leur corps. La trompette retentira et les morts ressusciteront, impérissables, et nous, nous serons transformés. Comme Jésus, le premier des justes le fut. Je pense que les morts là-haut, ressemblent à ce qu’ils étaient sur Terre, pourquoi ?

Il fit quelques pas et tenta de changer de sujet.

— Mon père m’a dit que Michel-Ange avait peint une fresque monumentale sur le mur de l’autel de la chapelle Sixtine ! J’aimerais tellement pouvoir la voir, un jour. Tu imagines, Alduis ? Tout un mur ! déclara-t-il les pupilles scintillantes d’émerveillement.

Un jour, il irait à Rome et rencontrerait le pape en personne. Ce serait le plus beau jour de sa vie de chrétien. Dommage qu’il n’y ait plus de croisade comme avant, cela aurait été un honneur d’effectuer ce pèlerinage en arme et de fouler le sol de la Terre Sainte comme l’avaient fait ses ancêtres auparavant.
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Message par Alduis de Fromart Ven 12 Mar - 23:09

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| Alduis de Fromart | 6 ans |
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Alduis n'arrivait pas à penser à autre chose. Il savait que c'était une question idiote. Il savait aussi que Maman lui avait sûrement déjà expliqué cela mais... mais maintenant, il avait besoin de l'entendre de nouveau. Parce qu'avant, quand Maman le lui racontait, ce n'était pas important. Les choses étaient devenues concrètes depuis. Il voulait comprendre.

En fait, il avait plein de questions qui lui brûlaient les lèvres mais qu'il n'osait pas poser. Et puis, Démétrius avait l'air surpris. Ça devait vraiment être une demande bête alors. Il baissa la tête mais la releva sitôt que la réponse arriva — d'un ton conciliant.

Alduis écouta avec grande attention les explications de son aîné, sans en perdre une miette, les yeux grand ouverts, comme si cela allait le faire retenir plus facilement la leçon.

Il leva à nouveau la tête vers le large ciel bleu. Comment c'était là-haut ? Est-ce que tout était bleu ? Certainement, sinon, ça serait très étrange. Il hocha la tête pour indiquer qu'il comprenait bien de quoi il était question, mais sans l'interrompre pour le laisser continuer d'expliquer. Il racontait bien.

Quant à la deuxième interrogation... Alduis avala sa salive et se tordit les mains. Il ne savait pas trop comment expliquer la suite. On allait lui dire que c'était des considérations idiotes, mais Démétrius avait gardé son regard compréhensif alors il prit son courage à deux mains.

— Mais... comme ils étaient... au moment de leur mort ?

Est-ce que ma Maman est redevenue belle, une fois montée au Paradis ?

Ou serait-elle pour l'éternité trop maigre, trop pâle et trop fragile ? Il espérait de tout cœur qu'elle avait retrouvé ses beaux cheveux blonds, plutôt que de cette vieille tignasse grasse qu'elle avait dans les derniers jours.

Il regarda les brins d'herbe à ses pieds quand Démétrius évoqua une peinture. Un mur entier, tout peint. Alduis leva un regard admiratif sur son aîné.

— Et ça doit être très beau alors, dit-il, impressionné.

Il en savait des choses ! Mais lui aussi, il en savait, et il avait très envie de le montrer. Il chercha quelque chose qu'il pourrait dire, ou faire, dans ces jardins. Comme il ne trouvait pas grand chose, il décida de lui faire la visite. Ce n'était pas aussi intéressant mais c'était déjà ça.

Il se mit en route vers le potager. C'était un joli endroit, le potager. Il n'avait pas vraiment le droit d'y aller, normalement, mais comme il était devenu un guide, il devait montrer tous les recoins. Ainsi s'aventurèrent-ils entre les rangs et plantations de légumes.

Malgré la grande chaleur, la terre était légèrement humide. Bien assez pour abriter quelques animaux rampants, qu'on l'on avait pour coutume d'appeler « escargots » et « limaces ». Ce furent de l'une de ces dernières dont les deux enfants firent la rencontre, au détour d'un rang...

Elle était impressionnante — du moins aux yeux de Alduis, marron, longue et bien ronde, avec ses antennes tendues vers eux. Si impressionnante, à vrai dire, que Alduis recula précipitamment avec un petit cri de souris en l'apercevant et... tomba à la renverse en s'emmêlant les pieds.

La limace ne broncha pas. Encore aurait-elle dû pouvoir faire une telle chose. Pourtant, en se relevant, les vêtements salis, Alduis la regardait comme si elle risquait à un moment ou à un autre de lui bondir au visage.
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Message par Coldris de Fromart Sam 13 Mar - 15:51



Coldris de Fromart, 30 ans & Virgil d'Aussevielle, 34 ans

Coldris se leva dans un geste mesuré et s’approcha de Virgil dont les yeux gris tempêtaient toujours.

— Je n’en ai rien à faire de recevoir l’absolution, pas plus que je ne me repends.

Il approcha son visage du sien, puis reprit dans un sifflement provocateur

— Si je t’exaspère tant que cela, il fallait me laisser crever en paix. Je n’ai jamais demandé à être sauvé..

Virgil soupira et passa une main sur son visage. Bien sûr qu’il n’avait jamais demandé une telle chose, mais comment aurait-il pu le laisser se donner la mort ?  Il n’aurait sans doute pas été excommunié compte tenu des circonstances, seulement voilà, il ne pouvait pas le laisser se blesser plus qu’il ne l’était. C’était contraire à ses principes.

— La vie est sacrée, Coldris. Que tu le veuilles ou non c’est un don de Dieu et Lui seul peut la reprendre. répliqua-t-il radoucit.
— Si c’est un don pourquoi je ne peux pas en disposer à ma guise alors ? Un don qu’on reprend cela s’appelle un prêt, tu devrais le savoir, le procureur c’est toi, non ? Tu veux que je te dise ? Un Dieu qui reprend tout ce qu’il offre, je n’en veux pas !

Le marquis d’Aussevielle soupira en se pinçant l’arête du nez de dépit. L’ennui c’est qu’il n’avait jamais totalement tort et qu’il ne s’arrêterait que lorsqu’il serait persuadé d’avoir entièrement raison, ce qui pouvait entraîner des débats absolument interminables. Or, sur ce sujet, ni l’un ni l’autre ne trouverait jamais de terrain d’entente.

— Si ce n’est pas pour Dieu ou pour moi, alors accepte-le au moins pour elle. Elle n’aurait pas voulu cela et tu le sais.
—Tu me l’as déjà dit. rétorqua-t-il en retournant à sa place avant de se laisser tomber dans le fauteuil.

Et un nombre incalculable de fois. Qu’importe ce qu’elle aurait pensé, le fait était qu’elle n’était plus là et qu’il devait désormais vivre seul. Ce n’était pas l’hypothétique possibilité de la revoir après sa propre mort qui lui réchauffait le cœur le moins du monde. De toute façon, son cœur avait disparu, pulvérisé le jour de l’annonce. Qu’en restait-il si ce n’était ses lancinantes douleurs fantômes qui refusaient de partir ? Il reprit son verre ainsi qu’une petite gorgée.

— Dis Virgil, je ne t’ai jamais demandé… ses yeux quittèrent le breuvage ambré pour rencontrer les siens. Sarkeris… C’était vrai ? Tu l’avais vraiment retrouvé ou… Ou ce n’était rien d’autre qu’une chimérique carotte pour me pousser à avancer ?

Coldris craignait sa réponse. Depuis toutes ces années, il n’avait jamais osé véritablement lui poser la question de peur de découvrir la vérité. Au fond de lui, il ne pouvait s’empêcher d’espérer qu’il soit toujours en vie, quelque part. C’était comme une vigoureuse petite braise sur un lit de cendres fumantes qui refusait de s’éteindre.
Dans une dizaine de jours, il aurait six ans.
Son cœur se serra, fébrile, dans l’attente de la réponse.






Démétrius d’Aussevielle, 9 ans

Alduis avait écouté avec un profond intérêt ses explications. Il avait essayé d’être aussi clair et précis que possible, car il sentait bien que son jeune ami avait besoin d’être rassuré. Après tout c’était normal. Lui aussi leva les yeux vers l’immensité azuréenne alors qu’il donnait quelques détails supplémentaires. Il devait y en avoir du monde là-haut, à les observer et tous devaient avoir de fantastiques histoires à raconter. Mais ce n’était pas le moment pour ce genre de considérations : Alduis se tortillait comme un petit ver hors de la vase. Les mains croisées dans son dos comme le faisait son père lors de leur promenade, il l’encouragea d’un sourire à parler.
C’était donc bien cela… Et il comprenait parfaitement ses inquiétudes : il l’avait vu également dans sa bière encore ouverte : les cheveux blond filasse comme du foin trop resté au soleil, le teint cireux de la mort que l’on avait tenté de maquiller au blanc de céruse, les yeux enfoncés  dans leurs orbites creuses, les doigts osseux posés sur sa poitrine maintenant quelques fleurs. Alduis avait de quoi être effrayé, ce n’était plus vraiment la personne qu’il avait connue, sans doute douce et aimante comme l’étaient toutes les mères.

Il hocha légèrement la tête et fit son possible pour l’apaiser. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il omit le « je pense » du début de sa phrase.

— L’âme est le reflet de la personne, elle est immuable en tout temps. Peu importe les années, elle ne vieillit pas. La chair n’est qu’une partie de notre corps. C’est comme… la coquille d’un œuf : une enveloppe fragile. La maladie ne touche que cette coquille et non l’âme de la personne. Alors… il releva les yeux vers le ciel uniforme j’ai bon espoir, qu’elle soit belle là-haut, ta mère, belle comme quand tu te l’imagines dans ton cœur.

Il posa une main sur son épaule et lui adressa un sourire sympathique avant d’évoquer cette fameuse peinture qu’il rêvait de voir, à sa connaissance, il n’y avait rien d’aussi prodigieux à Monbrina. Il secoua donc vigoureusement la tête avec enthousiasme avant de le suivre pour sa visite des jardins. Sous une arche fleurie, il reconnut ce qui devait être un potager bordé par de petits buis taillés au cordeau. Ils enjambèrent la barrière végétale et se mirent à arpenter les petites allées terreuses encore humides de l’arrosage du matin. Des choux, des carottes, des fraises, des salades et tant d’autres choses ! Il y avait même des fleurs. C’était peut-être utilitaire, cela n’en demeurait pas moins très élégant et parfaitement ordonné. Le jardinier devait beaucoup apprécier son travail, c’était indéniable. Tout d’un coup, au détour d’un rang,  un petit cri de souris s’échappa et Alduis bondit en arrière avec la mine effrayée de celui qui venait de croiser un spectre. Démétrius chercha à hauteur d’yeux ce qui avait pu provoquer pareil frayeur, mais ne trouva rien… Jusqu’à remarquer le petit gastéropode qui essayait sans doute de se frayer un chemin jusqu’aux laitues. Il se baissa et le prit entre ses doigts.

— C’est elle qui t’a fait peur ? C’est une limace, elle ne mange que les salades.

Et même pas les cadavres. Mais cela, il le garda pour lui, préférant retourner quelques feuilles à la rechercher de son cousin qu’il dénicha aisément pour le mettre à ses côtés dans sa main. Il s’approcha doucement du garçon prêt à reculer de plus belle.
— Tu n’as rien craindre, elles ne bougent pas très vite, tu sais. Ce sont des limaces. C’est comme un escargot, sauf qu’ils n’ont pas reçu de gite de la part Dieu, ce n’est pas pour cela qu’il faut les rejeter. Leur différence ne doit pas t’effrayer, elles méritent autant notre bienveillance que les escargots.

Il le laissa comparer les deux animaux puis les  déposa  à l’abri sous une feuille.

— Tu sais, je crois que l’on a souvent peur de l’inconnu, c’est pour ça que les gens craignent ces infirmes qui font la manche. Ils ont peur de leur différence. Tu te souviens de ce que je t’ai dit au sujet de l’âme tout à l’heure ? Eh bien je crois que certains pensent que l’âme modèle la chair à son image, mais moi je ne pense pas.  Et je trouve cela dommage de ne pas faire l’effort de mieux connaitre l’autre. Si tu apprends à les connaitre, tu verras, tu n’auras plus de raison d’avoir peur.

Démétrius enjamba les salades pour atterrir au milieu des fraisiers. Il en cueillit quelques-unes d’un rouge luisant et retourna auprès de son cadet.

— Tiens! J’adore les fraises ! Pas toi ?

bouh!:
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Message par Alduis de Fromart Sam 13 Mar - 23:41

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| Alduis de Fromart | 6 ans |
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Alduis s'inquiétait beaucoup. Quand il avait fallu revoir Maman, mise dans le cercueil, il avait beaucoup hésité à la revoir. Il ne fallait le dire à personne, parce que ce n'était pas très vaillant, mais au moment de passer devant elle, il avait fermé fort les yeux et tenté de se représenter sa mère encore belle et vivante, avec son sourire et son odeur de lavande qui rassurait les soirs d'orage. Mais la seule image qui s'était imposée alors dans sa mémoire, c'était celle sur son lit de mort, cette vision horrifique... Il retint un frisson.

C'était bien le problème, d'ailleurs. Il n'arrivait plus à l'imaginer belle, maintenant qu'il l'avait vue décharnée. N'y arriverait-il plus jamais ? Démétrius semblait sûr de lui alors Alduis n'insista pas. Il hocha simplement la tête alors que le jeune garçon posait une main sur son épaule, souriant, pour lui faire part d'une peinture grandiose. Ça devait être vraiment gigantesque, peinte sur tout un mur ! Comment avaient-ils pu s'y prendre ?

C'était intriguant, et c'était ce à quoi il pensait en s'aventurant dans le potager. Il aimait bien cet endroit, la plupart du temps... Mais des fois, on y faisait de mauvaises surprises. Comme cette limace répugnante qui traversait l'allée. Grosse. Grasse. Alduis était quand même un peu vexé d'avoir poussé ce petit cri et d'être tombé. Il aurait aimé affiché un visage boudeur, mais il ne pouvait défaire ses yeux de la créature rampante.

Démétrius s'approcha de la limace, se baissa et... Beurk ! Il la prit entre ses doigts ! Alduis écarquilla des grands yeux abasourdis. Il la touchait ? Il la touchait vraiment ? Mais...

Son aîné se mit à la recherche d'un escargot qu'il posa dans sa main en compagnie de la limace. Alduis fit une moue dégoutée. Comme Démétrius faisait quelques pas vers lui, Alduis en fit quelques uns en arrière. Il n'aimait pas vraiment les escargots non plus. C'était gluant.

Il plissa les yeux et observa les petits animaux. Il savait bien que c'étaient des limaces. Il n'aurait su dire, d'ailleurs, pourquoi il ne les aimait pas. Les araignées ni les serpents ne l'effrayaient. Pour ce qui était de ces mollusques, c'était une autre paire de manches. Il ne contrôlait pas sa répulsion.

Il devait reconnaître qu'escargots et limaces se ressemblaient beaucoup, c'était vrai. Il avala sa salive alors que son aîné les remettaient tous deux sous les feuilles de salade. Une fois hors de vue, Alduis se détendit.

— Elles sont quand même bizarres... et pas très belles non plus... dit-il.

Mais il retiendrait la leçon. Les infirmes étaient des fois impressionnants, Alduis n'aimait pas trop leur parler, mais il n'aimait pas trop parler aux inconnus tout court. Et de toutes les personnes au monde, celle qui lui faisait le plus peur était son père. Quand il sentait son regard sur lui, c'était comme si on lui versait un seau d'eau glacée sur la tête. Alduis n'arrivait jamais à savoir ce qu'il pensait, ni comment il devait se comporter.

Démétrius bondit par dessus les salades. Il cueillit des fraises, rouges et juteuses. Les yeux d'Alduis se mirent à pétiller, pour la première fois depuis des jours. Des semaines. Et peut-être même des fois. Il attrapa joyeusement l'un des fruits et croqua dedans à pleines dents.

— Tu as raison, c'est délicieux, les fraises !

Il en prit une deuxième, avant de sourire, d'un sourire de dents rougies par le jus de fraise. Avant de demander :

— Et maintenant, tu veux faire quoi ?
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Message par Coldris de Fromart Dim 14 Mar - 22:27



Coldris de Fromart, 30 ans & Virgil d'Aussevielle, 34 ans

Virgil arqua les sourcils d’étonnement à sa dernière question. Mais enfin, comment aurait-il pu lui faire une chose pareille ? Cela aurait été si cruel de sa part! Il retourna s’asseoir sur ce fauteuil qu’il avait quitté quelques minutes plus tôt et se pencha en avant afin de se rapprocher de son ami.

— Je te jure devant Dieu que je n’aurais jamais fait une telle chose, tu peux me croire. Même si, je n’ai aucune preuve à te fournir, je te promets que tout était vrai.

Coldris acquiesça silencieusement. Il le croyait. Il avait même honte d’avoir douté de son honnêteté. Étrangement, il ne pouvait plus s’empêcher d’espérer. Pourrait-il le revoir un jour? S’il était toujours en vie, il ne devait rien connaître de ses parents, pas plus qu’il ne devait s’imaginer avoir été désiré. Où pouvait-il être ? Dans une famille qui l’avait finalement adoptée ? Cette perspective lui serra le cœur et il préféra la noyer dans une petite gorgée d’alcool. Une main passa distraitement dans ses cheveux bruns.

Pour la première fois depuis des années, il se sentait en paix au fond de son âme. Comme si chaque dette avait été réglée ou presque. Il avait même l’impression que l’atmosphère lourde et détestable du domaine s’était enfin allégée. Il lui restait pourtant un aveu à confesser et pas des moindres, il le savait.

—Je ne t’ai pas dit comment je l’avais tuée.

Le marquis se redressa dans sa bergère avant de déglutir péniblement. Il n’était pas sûr qu’il soit nécessaire d’en connaître les moindres détails alors même qu’il n’aurait pas -cette fois-ci- à classer l’affaire sans suite comme il l’avait déjà fait à deux reprises pour ce qui n’était rien d’autre en apparence qu’un banal accident de chasse. Voir Coldris qui retenait ses mots comme une meute de molosses enragés n’avait, à vrai dire, rien de très engageant. Ses lèvres se pincèrent brièvement avant qu’il ne se laisse tomber en arrière et ne déclare avec un détachement qui ne lui ressemblait guère:

— Eh bien tu l’as sans doute empoisonnée. Sais-tu que c’est le moyen le plus utilisé dans la noblesse pour mettre un terme à un embarrassant mariage? il chassa l’air de sa main. Enfin si tu tiens tant à t’alléger la conscience en m’en parlant, fais-donc. Les amis servent à ça, n’est-ce pas?

Autant dire qu’être l’ami de Coldris n’était en rien une sinécure. Ce pouvait être drôle, agaçant, réjouissant, divertissant, excitant, fatigant, horripilant et tant d’autres choses encore. Aujourd’hui, c’était surtout un brin effrayant et Virgil priait secrètement pour qu’il n’ait pas à devenir complice de ce crime tout sachant pertinemment que c'était déjà trop tard. Quant à Coldris, cette fausse attitude désinvolte lui fit froncer les sourcils autant qu’elle lui arracha un frisson d'effroi. Il aurait sans doute dû s’en tenir à cette petite voix qui lui murmurait de ne rien avouer, mais la vérité c’était qu’il avait atrocement besoin de partager ce fardeau qui le rongeait. Virgil serait furieux. À juste titre. Il devait pourtant savoir, car il était le seul à tout connaître de lui. Coldris se fichait pas mal de se confesser devant un Dieu hypothétique, mais jamais il n’aurait manqué de se confesser à celui qui incarnait la sagesse même. Il inspira péniblement pour rassembler son courage fuyant irrémédiablement dans toutes les directions tel un troupeau de  moutons  paniqués et ordonna aussitôt :

— Léonilde, assure-toi qu'aucune oreille indiscrète ne traine dans les parages.

Le valet reboucha consciencieusement la carafe puis s’inclinant sans un mot face au vicomte. Il savait déjà que tout cela ne plairait pas à Monsieur d’Aussevielle. Surtout la fin. Lui-même était complice de cette affaire et ne regrettait en rien son implication.  Cependant, il devait admettre que les choses auraient pu être faites différemment.






Démétrius d’Aussevielle, 9 ans

Malgré ses explications, Alduis ne semblait toujours pas rassuré à la vue des gastéropodes. Comme il ne voulait pas l’effrayer -ce n’était pas le but-, il les replaça à l’abri d’une feuille.

— C’est vrai qu’elles sont bizarres et pas vraiment belles, mais les choses moins belles méritent autant notre amour que les autres, Alduis. Elles n’ont pas choisi de naître ainsi et je trouve cela triste de les condamner pour ce simple fait. D’ailleurs, qui a décrété ce qui est beau ou ne l’est pas ?

Démétrius afficha un sourire satisfait de sa conclusion et sautilla jusqu’aux fraises pour en ramasser quelques-unes pour lui et son jeune ami. Quelques secondes plus tard, leurs commissures dégoulinaient d’un petit filet rosé, seule preuve restante de leur péché de gourmandise spontanée. De toute façon, il était déjà entièrement pardonné rien que pour avoir réussi à lui offrir ces quelques secondes de joie qui perçaient au travers de ses prunelles limpides. Il n’hésita pas une seule seconde et chaparda une nouvelle poignée de fraises pour son cadet.

— Dis Alduis, tu penseras à moi la prochaine fois que tu mangeras des fraises ?

Si seulement, il pouvait s’en souvenir comme d’un heureux moment lorsqu’il serait triste alors ce serait déjà ça. Quant à savoir où aller… Démétrius laissa son regard vagabonder autour de lui : des arbres, des fleurs, une fontaine, une chapelle, des dépendances, un bâtiment longiligne bordé de petites fenêtres. Un hennissement lointain. Ses yeux clairs s’agrandirent subitement de pair avec son sourire.

— Allons voir les chevaux, Alduis !

Il attrapa la main du petit blondinet endeuillé et l’entraina en courant hors du potager, manquant de gober une mouche qui passait par là alors qu’il riait de bonheur. Une fois sur l’allée principale, il lui coupa la route pour se positionner devant lui, attrapa ses bras et le hissa sur son dos avant de repartir dans un joyeux galop sautillant en direction de l’origine du son équin.

— Tu sais, mes ancêtres étaient des chevaliers pendant les croisades ! Moi aussi quand je serai grand, je rentrerai dans la cavalerie !

Il observa le bâtiment qui se rapprochait et hurla soudainement Chargeeez ! avant de courir aussi vite qu’il le pouvait sur quelques mètres.
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Message par Alduis de Fromart Dim 21 Mar - 10:13

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Les limaces étaient des animaux assez étranges, plutôt laids. Comme les escargots, à vrai dire, et leur présence mettait Alduis mal à l’aise, même s’il savait qu’il ne risquait rien. Démétrius les remit tous les deux sous les feuilles, à l’abri de la chaleur.

Alduis se sentit un peu bête aux explications du jeune garçon. Il baissa la tête, gêné. C’était vrai qu’elles n’avaient pas choisi de naître limaces et il ne fallait pas juger sur les apparences. Il gratta la terre du bout de sa chaussure, sans relever les yeux, honteux d’oublier ces préceptes importants.

Heureusement, Démétrius changea de sujet en rejoignant les fraises pour en saisir. Pour la première fois depuis plusieurs jours, une lumière revint danser dans les yeux d’Alduis. C’était bon, les fraises ! Il dégusta presque respectueusement les quelques fruits suivants et quand il eut fini, il se lécha les doigts avec attention pour ne pas en perdre une miette. Ou plus justement, une goutte.

- Dis Alduis, tu penseras à moi la prochaine fois que tu mangeras des fraises ? demanda Démétrius.

Alduis hocha la tête vivement pour répondre.

— Oh oui, d’accord ! Promis !

Il s’agit alors de poursuivre la balade et la visite des jardins. Mais pour aller où ? C’était l’invité qui devait décider, bien sûr, et en tant que guide, il s’exécuterait ! Démétrius attrapa alors sa main et entraîna Alduis à sa suite, vers les écuries. Démétrius était plus grand, les petites jambes d’Alduis avaient un peu de mal à suivre le rythme. Ils rejoignirent l’allée centrale et là, Démétrius se plaça juste devant lui. Surpris, Alduis oublia de ralentir et il le percuta. Mais déjà, Démétrius l’avait attrapé pour qu’il grimpe sur son dos. Alduis s’accrocha alors autour de son cou pour ne pas tomber et regarda les écuries qui se rapprochaient au rythme des foulées de son aîné, qui imitait le galop d’un cheval.

Ses ancêtres étaient des chevaliers ? Des vrais, comme dans les histoires que Maman lui racontait le soir avant de dormir ? Wouah ! Il en avait de la chance ! Alduis ne savait pas vraiment qui étaient ses ancêtres à lui, mais ils ne devaient pas être chevaliers, de cela, il en était sûr.

Comme les écuries se rapprochaient, Démétrius accéléra soudain sur les quelques mètres qui les séparaient de l’entrée, avec un grand Chargeeez !. Alduis s’accrocha plus fort pour ne pas tomber, mais un nouveau sourire, qui s'agrandissait timidement, s’était peint sur ses lèvres. Ils arrivèrent devant les portes. Alduis sauta du dos de Démétrius et le laissa passer le premier, comme il se faisait pour faire honneur à quelqu’un. Il entra juste derrière lui et courut aussitôt vers une stalle en particulier, où attendait un petit poney. Il le désigna fièrement Démétrius.

— C’est le mien ! Il est beau, tu as vu ? Je l’ai appelé Pistache !

Il jeta un regard brillant sur Démétrius et ajouta, en cachant tant bien que mal son enthousiasme à l’idée qu’il venait d’avoir :

— Tu pourrais me raconter les histoires de tes ancêtres chevaliers, dis ?
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Message par Coldris de Fromart Ven 26 Mar - 13:35



avertissement - violence:


Coldris de Fromart, 30 ans & Virgil d'Aussevielle, 34 ans

Virgil passa sa main sur son front en entendant l’ordre donné au fidèle valet. Il en ferma même ses paupières de désarroi.  Etait-il vraiment obligé d’écouter ce qui allait suivre. Ne pouvait-il pas simplement se boucher les oreilles de cire comme Ulysse ? Il ravala le profond soupire qui souleva sa cage thoracique. Pour l’amour de Dieu, qu’allait-il bien pouvoir lui dire ? Coldris suivit du regard le départ du valet, puis lorsque la porte fut refermée déclara :

— Tu as raison, je n’ai guère été original. J’ai demandé à Léonilde de verser de l’arsenic dans sa tisane...

Il avait accepté de bon gré d’ailleurs. Il n’avait pas l’air de l’apprécier plus que lui-même. Peut-être même nourrissait-il quelques griefs personnels à son encontre. Coldris n’avait pas vraiment poussé l’investigation plus loin. Tout ce qu’il voulait c’était s’en débarrasser une bonne fois pour toutes.

... Mais Léonilde ne pouvait pas lui apporter. Pas plus que n’importe qui me fréquentant. Elle était devenue trop méfiante. Sans doute à juste titre, il faut bien l’admettre.

Peut-être aurait-il dû se contenter d’une flèche en plein cœur. Ce qu’il aurait sans doute fait, mais elle ne sortait et détestait l’équitation (raison supplémentaire d’accroitre leurs différends s’il en était besoin). Plus il parlait, plus les sourcils de Virgil s’abaissaient et s’inclinaient. Encore un peu et ils se rejoindraient bientôt dans un beau « V » comme « Vengeance » ou « Victoire »… ou plus probablement « Véhémence ».

... C’est Alduis qui lui apportait tous les soirs. C’est pour ça que je l’ai mis dans son infusion. Je savais qu’elle la boirait car elle ne lui aurait rien refusé...

Et puis c’était bien fait pour elle. Tuée par son propre fils dont elle avait passé son temps à s’accaparer pour qu’il n’ait aucune emprise sur lui. Son fils qu’elle couvait plus que l’œuf d’une poule. D’ailleurs Alduis était aussi fragile qu’un œuf à bien y réfléchir. Il ne pourrait jamais en faire un Fromart avec elle dans les parages. Si encore l’arrivée de Bérénice avait pu lui permettre de relâcher un peu d’attention sur leur ainé, mais non ! Elle préférait la laisser à longueur de temps avec sa nourrice pour pourrir un peu plus son héritier !

— Tu as fait quoi?!

Passé la stupeur, la voix de Virgil claqua comme un fouet. Derrière la porte, Léonilde serra les mâchoires. Oui, c’était évident que cela n’allait pas passer. Il souhaita malgré tout bon courage au vicomte pour affronter l’orage qui allait éclater d’un instant à l’autre.

— Tu es complètement fou ! Tu es complètement fou ! scandait-il après avoir bondi hors de son fauteuil.

Il tournait de long en large, agitant les bras, comme un fauve piqué au fer avant d’être lâché dans l’arène. À le voir ainsi, on comprenait sans doute mieux pourquoi Leontios d’Aussevielle avait été surnommé en son temps le Lion de Constantinople

— Un enfant ! Tu as utilisé un enfant !

Toujours assis, jambes croisées, Coldris le suivait impuissant du regard. Il finirait bien par se calmer de toute façon. C’était Virgil après tout. Il était incapable de lui en vouloir pour le restant de ses jours.

— Ton propre fils !

Du fond de sa bergère, il l’observait imperturbable. Il n’en était pas vraiment fier. Il aurait sans doute pu simplement l’étouffer pendant la nuit en y réfléchissant à tête reposée. Il aurait sans doute pu…

— Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi bon sang? hurla-t-il avant de le saisir par le col et de le plaquer contre le dressoir qui vacilla.

— Qu’est-ce que tu cherches à la fin ? Tu veux le détruire ? C’est ça ? Tu vas le tuer lui aussi pour celui que tu as perdu ?
La tête de Coldris heurta le haut du meuble. Il n’essayait même pas de se défendre. À vrai dire, il n’en avait pas le droit. Et puis, il avait l’habitude de subir. Il avait survécu seize ans. Il pouvait bien survivre une heure de plus, même si les mots de son ami le blessaient plus au fond que les coups de fouet qui avaient lacéré son dos.

— Je ne te laisserai pas faire ! Tu m’entends ? et il ponctua sa phrase d’un crochet bien placé.

Sous ses airs placides et sages, Virgil aurait pu être un combattant aguerri de pugilat. Coldris essuya sa lèvre et leva ses rétifs yeux bleus vers ceux enragés de son ami. En même temps, c’était bien pour ça qu’il lui avait demandé d’être le parrain d’Alduis. Pour faire ce qu’il était incapable de faire. Il se fit tirer par le col et mettre à terre, tombant sur ses genoux.

— Puisque Dieu n’a pas de valeur à tes yeux, tu vas jurer sur son âme à elle grinça-t-il entre ses dents Jure sur son âme que tu ne diras jamais rien à Alduis. Si tu te parjures, je t’éventrerai moi-même, crois-moi.





Démétrius d’Aussevielle, 9 ans

Démétrius se réjouissait de le voir acquiescer à sa requête. Oh si seulement il pouvait se souvenir de ce moment chaque fois qu’il serait un peu triste. Qu’il mange autant de fraises qu’il en aurait besoin !
Pour la suite de la visite, il opta pour les écuries. Le jeune Aussevielle avait toujours adoré les chevaux et il savait que son parrain partageait sa passion. Il avait hâte de découvrir ses montures espagnoles dont il lui avait tant parlé. Histoire d’amuser un peu plus Alduis, il le prit sur son dos et partit au galop en direction des écuries.

Ils entrèrent dans les écuries et le plus jeune fonça vers l’une des stalles. Il y avait là un petit marron. Démétrius caressa son chanfrein  zébré d’une liste blanche.

— Oh oui! Il est très beau ! Et il a l’air très gentil. Depuis l’an dernier j’ai mon propre cheval, tu sais. Je l’ai appelé Arion, car il est rapide comme l’air ! Dommage que nous soyons venus en voiture, nous aurions pu aller faire une promenade ensemble si tu voulais.
Il rêvait de visiter toutes les autres stalles dont il apercevait quelques curieuses têtes venir les saluer.

— Tu pourrais me raconter les histoires de tes ancêtres chevaliers, dis ?

Démétrius reporta son regard sur celui pétillant du blondinet. Son sourire s’étira face à son enthousiasme qui faisait plaisir à voir. Il en oublia même le but premier de sa visite. Et puis, il adorait toutes ces histoires de familles.

— Bien sûr! Laisse-moi réfléchir un instant.

Il fouilla dans sa mémoire quelle histoire il pourrait bien lui raconter. Il pensa tout d’abord à Ignatius le flamboyant qui avait péri en martyr capturé par les sarrasins. C’était son histoire favorite. Mais sans doute pas approprié au deuil que vivait l’enfant. Il fallait quelque chose d’un peu plus heureux et plus chevaleresque. Il opta donc pour Leontios d’Aussevielle. Le jeune garçon avisa une motte de foin et fit assoir son acolyte dedans, pendant que lui, acteur et conteur lui feraient son récit.

— Laisse-moi te raconter l’histoire de Leontios d’Aussevielle, que l’histoire surnomma le Lion de Constantinople. déclara-t-il avec une emphase passionnée

— Les faits prennent part lors de la quatrième croisade et du deuxième siège de Constantinople. Les conditions étaient si difficiles que les Croisés désespéraient. On chuchotait même que Dieu les châtiait pour leurs péchés et pour avoir traité avec Venise. Alors que les troupes se démobilisaient, Leontios réussi d’un discours à galvaniser ses hommes. Suffisamment pour attendre que le vent leur soit favorable. Quelques jours plus tard, Dieu entendit leurs prières et le vent souffla vers la côte permettant aux navires de soutenir les troupes terrestres. Aussitôt, ils débarquèrent. Leontios vola les couleurs et se dirigea droit vers les murailles. Avec quelques hommes, ils réussirent à ouvrir une brèche dans une faille qu’ils avaient repérée bien auparavant. il marqua une pause, dramatique Imagine, Alduis ! Les projectiles soufflaient de toute part en même temps que le vent rebattait les oreilles. Les cris des hommes, les chevaux, la fumée. On ne sentait même plus les embruns, uniquement la terre et la poussière. un petit temps d’arrêt et il reprit Il furent dans les premiers à entrée. Leontios se battit avec ferveur et courage, contre plusieurs ennemis à la fois. Il était éreinté, mais il se fraya un chemin parmi les cadavres grecs pour gravir sur les remparts et planter fièrement les couleurs ! On raconte que le cri qu’il poussa fut plus proche du rugissement du Lion que d’un cri humain et qu’on l’entendit à l’autre bout de la cité.

Il fixait désormais le jeune garçon, fasciné par son récit et l’interrogea du regard avant de déclarer

— Mais ce n’est pas tout! Une fois la ville prise, toute la frustration des Croisés se déversa sur elle comme une marée furieuse, brûlant et pillant tout ce qu’ils trouvaient. Cela dura trois jours. On pilla et détruisit bon nombre d’œuvres romaines et grecques au grand désarroi de mon aïeul. Il décida donc d’en faire de même avec ses hommes mais dans un but bien différent. Ils en volèrent autant que possible afin de les mettre en sécurité dans un souterrain qu’ils avaient découvert au pied des falaises. il s’arrêta et avoua plus grave Lors de ce qui devait être leur dernier voyage, ils se firent suivre et le pot aux roses fut découvert. Il n’était pas en tort mais les autres ne voyaient pas cela d’un bon œil, tu comprends ? Alors ils lui arrachèrent la langue pour qu’il ne puisse rien dire (surtout que Leontios était bon orateur) et son bras d’armes fut sectionné en représailles. il soupira légèrement Mais il n’a jamais regretté d’avoir essayé. Il préférait être en paix avec sa conscience. La culture c’est ce que qui nous sépare des animaux, Alduis. Ça et notre foi. On ne peut pas les piétiner. Jamais. Et cela vaut tous les sacrifices.

Il omit volontairement de dire que tous ses hommes furent sauvagement assassinés avant de finir calcinés en même temps que les œuvres vainement sauvées par le Lion.
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Message par Alduis de Fromart Jeu 22 Avr - 10:57

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Alduis souriait. Pour la première fois depuis la mort de sa mère, il parvenait à penser à autre chose que son corps blanc et décharné au milieu des draps clairs. Il était ravi et les compliments de Démétrius sur son cheval le réjouissait d’autant plus. Une promenade à cheval en sa compagnie lui aurait beaucoup plus mais il était venu en voiture… Tant pis. Ce serait pour une prochaine fois. Alduis le nota dans un coin de sa tête. Il s’en souviendrait pour les visites suivantes du garçon !

En attendant, il voulait bien entendre l’une de ces histoires sur les ancêtres de la famille d’Aussevielle ! Alduis s’installa dans une motte de foin, sous l’influence de Démétrius et cala son visage dans ses petits mains en creux pour écouter avec grande attention. Il était décidé à ancrer chacun des mots prononcés dans sa mémoire !

Le Lion de Constantinople ! Alduis se pencha encore plus en avant pour écouter. Ses yeux pétillaient. Le récit de Démétrius soulevait des centaines de rêves dans son esprit. Il n’y avait pas besoin de lui dire d’imaginer pour qu’il le fasse ! et avec de nombreux détails ! Son imagination fourmillait d’images plus chevaleresques les unes que les autres.

Démétrius fit une pause pour l’interroger du regard. Alduis hocha la tête avec impatience, suspendu à ses lèvres. Il voulait savoir la suite ! Qu’était-il arrivé à Leontios, après cela ? Ses yeux bleus brillaient comme de petites pierres précieuses.

Arriva la fin du récit, et sa triste conclusion. Il fit une petite moue quand Démétrius précisa qu’on lui avait arraché la langue et coupé le bras. Il hocha de nouveau la tête vivement à la conclusion du garçon ! Il retiendrait la leçon ! Il se releva d’un bond.

— Merci de m’avoir raconté une histoire !

Même si elle ne terminait pas vraiment bien, c’était une histoire quand même ! Et puis, ils avaient quand même fait preuve de courage et sauvé des œuvres d’art !
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Message par Coldris de Fromart Mer 28 Avr - 13:54



Coldris de Fromart, 30 ans & Virgil d'Aussevielle, 34 ans

Tiré par le col il s’agenouilla, sans que la lueur de provocation qui dansait dans ses pupilles d’un bleu glacier ne faiblisse. Ses mâchoires se serraient de rage. Il voulait qu’il jure sur elle. Il ne voulait pas jurer, pas sur elle. Il n’avait pas le droit de l’utiliser de la sorte !

— Jure ! claqua la voix au-dessus de lui
— Sinon quoi? Tu ne seras plus mon ami? Tu partiras avec Alduis ? Tu n’as qu’à le faire. Je ne suis pas fait pour être père. Mon sang est vicié et tu le sais. Comment veux-tu que j’arrive à quoi que ce soit.

Il vomissait chacune de ses paroles en détournant la tête de dégoût. Il revoyait son père, cette chose qui lui avait servi de père. Ce tas de lie de vin puant et violent qui le trainait par les cheveux quand ils étaient suffisamment longs ou par tout ce qu’il pouvait attraper d’autre. Il avait achevé de ruiner leur famille avec ses idées d’un autre temps. Il le haïssait. Même encore aujourd’hui alors qu’il n’était plus qu’un vulgaire tas d’os, il le haïssait. Son dos le brulait. Chacun des sillons qui le zébraient semblait s’être embrasé.

— Tu sais quoi, éventre-moi, tout de suite, tu rendras service à tout le monde.

Il sortit sa dague et la jeta à ses pieds. Virgil secoua la tête avant de passer une main sur son visage. Un léger soupir s’échappa et il poursuivit d’une voix adoucie.

— Range donc cela. Je n’ai pas d’autre choix Coldris, tu dois jurer. Il ne doit pas savoir. Jamais. Tu m’entends ?

Il pencha la tête de manière à capter son regard fuyant et furieux à la fois et s’accroupit à sa hauteur posant une main sur son épaule.

— S’il te plait Coldris, fait-le qu’on en finisse.

Ses mâchoires se resserrèrent encore, mordant au passage ses joues. Il ne voulait pas dire son nom. Il ne voulait pas prononcer son nom. Il ne voulait pas s’entendre. Mais Virgil ne le laisserait pas en paix, il le savait. Il était au moins aussi têtu que lui. Il aurait pu s’enfuir, mais il ne fuyait pas. Et il ne voulait pas perdre son ami, s’il perdait Virgil, il perdrait aussi Solange. Il serait tout seul à nouveau. Il inspira profondément mais l’air resta bloqué.

— Je jure sur l’âme… d’Aurélia… de Sophie de Farnende… ses mots s’étranglèrent dans sa gorge de ne jamais dire à Alduis que j’ai tué sa mère avec son concours.

Il releva les yeux vers ceux de son ami. Toute trace de rage s’était évaporée, condensée en larmes brillantes qu’il retenait tant bien que mal. Ses poings toujours serrés se relâchèrent d’un coup, laissant ses bras s’étendre, inanimés sur le côté.

— Elle me manque, elle me manque tellement...

Il se laissa tomber contre son épaule où toute volonté l’abandonna. Volonté de dissimuler l’amputation dont il était victime, de cacher ce trou béant que rien ne semblait vouloir combler. Volonté de vivre.

— Je sais, Coldris.

Il enroula ses bras autour de ceux de son ami, frottant son dos comme il le pouvait. Impuissant de le voir aussi fragile, lui qui donnait toujours l’impression d’être aussi solide qu’un colosse.

— Tu m’avais dit que cela passerait. C’est faux. Cela ne passe pas. avoua-t-il dans un sanglot étouffé.

Virgil avait dit cela, il s’en souvenait très bien. Parce que c’était ce qu’il se passait lorsqu’une personne mourait, un jour la peine s’envolait et ne restait que les bons souvenirs qui vous réchauffaient le cœur. Combien de temps cela prendrait-il ? Il n’en avait pas la moindre idée.

— Je pense à elle tous les jours, elle est partout. Je l’entends dans mon esprit. Chaque chose que je fais me ramène à elle. Chaque fois que je vois Bérénice, je pense à elle. Je ne peux pas m’empêcher de me demander si notre fille lui aurait ressemblé. Et je pense à lui aussi. Tout le temps. Tout le temps. Tout le temps. Ce n’est rien d’autre qu’un éternel supplice. Voilà ce que c’est.

Ses larmes qu’il retenait depuis tant de temps qu’il en avait perdu le compte des mois s’écoulèrent lamentablement sur le pourpoint d’un profond bleu roi quasiment noir. Il ne pouvait plus rien faire pour arrêter le flot qui semblait intarissable. Virgil faisait de son mieux pour le consoler tout en sachant pertinemment qu’il ne pouvait rien et que seul le temps l’aiderait. Après de longues minutes, ils redescendirent dans le salon principal, Coldris les yeux encore rougis, et tous crurent qu’il avait pleuré sa femme à l’écart des regards indiscrets. L’air de rien, il reprit pourtant la conversation avec tout un chacun comme il en avait si bien l’habitude.




Démétrius d’Aussevielle, 9 ans

Démétrius lui avait raconté ce récit aussi bien qu’il put le faire, essayant d’imiter son père qui avait le don de laisser planer un suspens incroyable. Celui qui lui faisait s’exclamer immanquablement « et ensuite, père ? Que s’est-il passé ? » et comme à chaque fois, son sourire s’étirait, amusé de voir son fils si impatient à l’idée de connaitre la suite. Il avait essayé de reproduire cela face à Alduis dont les yeux pétillaient à chacun de ses mots. Lui aussi devait avoir des images qui naissaient devant ses yeux. Est-ce qu’il entendait le tintamarre des armures et des cors ?

Il n’eut pas l’air ravi d’entendre la chute. Et encore, il n’avait pas tout dit. La vie n’avait rien de facile, elle était semée d’embuches mais puisque Dieu veillait sur eux, il n’y avait rien à craindre. Ni les chutes. Ni la mort.

Il tendit une main à Alduis pour l’aider à se relever.

—Allez viens Alduis, rentrons. Peut-être que Mademoiselle Lettilia a besoin de chevaliers pour l’aider ? Je te raconterai une autre histoire sur le chemin du retour, si tu veux.
D’un sourire bienveillant, il le remit sur pied et ils se dirigèrent vers le bâtiment principal, accompagné d’un nouveau récit de Démétrius.
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