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[1 janvier 1598, fin de matinée] Deux jeunes âmes à la taverne

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Message par Nehalan De Torienel Lun 12 Avr - 18:07

En se levant ce matin-là, Nehalan avait rougit. Beaucoup rougit. Les regards malicieux de la servante venue ouvrir ses volets alors qu’il venait tout juste de trouver le sommeil ne l’avaient guère aidé à se sentir mieux. Dès qu’elle était sortie, il avait bondi sur la vasque d’eau fraîche pour s’asperger le visage. Il avait ensuite réclamé un bain, dans lequel il était resté un long moment, comme pour effacer toute trace de la soirée de la veille. Il avait également hésité à faire brûler ses vêtements mais s’était finalement ravisé. Ce serait trop suspect. Il s’était donc contenté de demander qu’on les lave bien.

Une fois ses ablutions achevées, il s’était rendu à la messe avec la ferme intention de prier et prier encore pour son salut. S’il devait mourir, il préférait être envoyé au Paradis plutôt qu’en Enfer. Il ne fit pas l’erreur d’aller se confesser, tout comme il évita l’église Saint Eustache. La ville avait cet avantage de posséder plusieurs édifices religieux. Il écouta l’office très attentivement et prononça même quelques prières supplémentaires à la sortie des fidèles. Prières qui s’avéreraient sans doute peu efficaces, tant son esprit avait divagué. Il l’avait emmené tard dans la nuit, au milieu des rires, lui avait rappelé à quel point il s’était montré stupide. Seulement il ne s’était pas arrêté là, il avait trouvé intéressant d’ajouter au tableau de délicates flammèches, habillées par de légers voiles, qui ondulaient au rythme de son cœur.

Le jeune homme avait fini par quitter l’église, rouge de honte. Il déambulait à présent dans les rues de la Capitale, sans pouvoir se résoudre à rentrer pour ses leçons. Il espérait simplement que son précepteur ne lui en voudrait pas trop. Il n’aurait qu’à travailler avec plus d’ardeur l’après-midi. Pour l’heure, il choisissait profiter de l’air frais pour se remettre les idées en place.

Alors qu’il songeait à rentrer pour le repas de midi, le ciel s’assombri. Il se mit bientôt à déverser des trombes d’eau sur les passants. Nehalan pressa le pas. Il allait rentrer complètement trempé, en plus d’avoir fait l’école buissonnière. Voilà qui déplairait à monsieur Retmer.

Son pas hasardeux le mena jusqu’à une taverne, où il décida de s’abriter en attendant que la pluie cesse. On le gronderait de toute manière, alors il pouvait bien se permettre de se mettre à l’abri quelques minutes. Le blondinet se faufila entre les autres personnes qui avaient fait comme lui, jusqu’à trouver une petite table inoccupée proche de la fenêtre. Ce serait parfait. Il s’y assit et jeta un regard à l’extérieur. Les rues étaient presque vides, les passants qui restaient courbaient l’échine ou s’abritaient sous un morceau de tissu, une planche, un panier.
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Message par Alexandre Lun 12 Avr - 19:58

Pour ce premier jour de l'an nouveau, Alexandre avait choisi d'aller se recueillir à l'église en choisissant une éloignée de celle de Saint-Eustache. Il ne désirait pas que ses prières soient interrompues par une quelconque pensée en rapport avec l'imbécile qui lui servait de père. Il n'avait pas proposé à Alduis de l'accompagner : autant inviter une chèvre à se rendre chez un boucher !

Durant une heure, Alexandre demeura dans l'église à écouter le sermon du prêtre tout en priant pour ses proches et en remerciant le Seigneur des bienfaits qu'il lui accordait. Il se leva pour aller communier et s'apaisa en recevant le corps du Chris qui lu était offert. Il discuta ensuite quelques paroissiens, sans les connaître, simplement liés par leur spiritualité, puisse décida à rentrer.

Théo avançait à un rythme tranquille dans les rues qui se révélaient pour une fois peu bondés lorsque le ciel se fit de plus en plus menaçant. Pourraient-ils renter à temps au château avant que la pluie n'éclate ? il tâta l'encolure de sa monture et lui dit d'une voix tranquille.


"Courage, Théo, tout ira bien."

Sa main continua à flatter le cou de l'animal. il ne cherchait pas accélérer le pas. Il ne le fatiguerait pour un caprice.

"Je ne ferai pas courir, promis."

Les gros nuages s'assombrirent et déclenchèrent une ondée plus que mauvaise. Alexandre sut ne pas pouvoir continuer tout de suite. Ou il serait malade dans la soirée ou le lendemain. Son regard observa la rue, à la recherche d'un abri, et découvrit une taverne à deux pas. de la lumière passait par les fenêtres. Il dirigea Théo vers elle et descendit pour l'attacher à un anneau. avant de partir, malgré la pluie qui le mouillait, il s'attardait à prendre la mule dans ses bras.

"Pardon, Théo, mais tu vas devoir m'attendre là. Je suis désolé. Promis. Et tu auras en rentrant des carottes ! Et puis, d'autres légumes que les cuisiniers accepteront de me donner ! Promis !"

Le froid s'infiltrait sous son manteau et rappelait à Alexandre qu'il ne pouvait s'attarder indéfiniment sous cette pluie glaciale. Après une ultime caresse, il se détacha de l'animal et entra finalement dans la taverne. La chaleur qui se dégagea en poussant la porte l'envahit et le fait sourire. Quel bonheur que de sentir la présence réconfortante d'un feu qui transcendait une pièce. Il se tourna vers le comptoir et salua le patron avant de lui commander un verre de jus de fruits. Les quelques clients attablés lui jetaient des œillades moqueuses. Il haussa les épaules d'un air condescendant et sûr de lui. Pensaient-ils valoir mieux que lui car il ne buvait pas d'alcool ? Qu'ils le laissent tranquille ! Boire ou ne pas boire de l'alcool ne faisait pas d'une personne un adulte accompli. Autrement, une certaine personne de ses connaissances n'aurait pas été u sale môme mal éduqué.

Pendant que le patron préparait sa commande, Alexandre se chercha une table libre en se déplaçant difficilement dans les espaces étroits tout en maniant ses béquilles. Encore un lieu où on ne songeait pas à l'accueil des handicapés ! Il surprit le geste d'un homme qui souhaita lui faire un croche-pied mais, aguerri de ses mauvaises farces, l'évita habilement. Son regard finit par apercevoir à un jeune garçon, assis près d'une fenêtre, occupé à contempler la rue maussade. Il se décida à le rejoindre.


"Excusez--moi, jeune homme, puis-je m'installer avec vous le temps que cette intempérie se termine ?"
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Message par Nehalan De Torienel Jeu 15 Avr - 10:46

Assis à sa table, le jeune homme regardait les bratkennois fuir le mauvais temps. Certains s’engouffraient, trempés, dans l’auberge. D’autres, sans doute moins fortunés, se réfugiaient sous un porche. Il laissait son oreille s’aventurer aux tables voisines, pour occuper son esprit. Ici, on débattait sur le vainqueur d’une partie d’osselets, là, on parlait politique autour d’une chope de bière. En face, trois amis se régalaient d’un plat à l’odeur très alléchante.

Nehalan orienta de nouveau son attention vers l’extérieur. Un homme, pas plus âgé que lui, câlinait un bodet avant de l’attacher à l’un des anneaux qui pendaient là. Un futur client donc. Il l’observa offrir une dernière caresse à l’animal, puis se saisir de deux béquilles en bois et se diriger clopin clopan vers la porte de l’auberge. Le jeune homme sourit. Une scène empreinte de douceur, au milieu de cette tourmente, dont il n’aurait pu être spectateur si son précepteur avait été avec lui. On ne dévisageait pas les gens comme ça. Pas même les infirmes ou les nègres. C’était faire preuve d’un grand manque de civilité.

Une petite pensée moqueuse vint chatouiller ses oreilles. S’il se permettait cette incivilité-là, pourquoi ne se serait-il pas permis de refuser une certaine invitation ? Au fond, il s’y était rendu de son plein gré, il s’était même dit qu’il pourrait bien s’amuser. Tout était de sa faute. Sa déconvenue, sa gêne, il était l’unique responsable. S’il avait eu le courage de rester bien au chaud sous sa couverture, il ne rougirait pas ainsi au milieu d’une auberge bondée.

La gorge sèche, il s’apprêtait à commander un verre de lait ou de jus de fruit, quand un martèlement lui fit tourner la tête. L’homme de tout à l’heure venait à sa rencontre et lui demandait s’il pouvait s’installer avec lui. Nehalan hocha la tête, souriant.

« Oh bien sûr, installez-vous, je vous en prie. » Il hésita un instant à tirer la chaise pour aider le jeune homme en béquilles à s’assoir, mais il lui sembla qu’il se débrouillait très bien. Il fronça les sourcils. Son visage lui semblait familier, ses traits avaient quelque chose de connus, impossible pourtant d’y associer un nom. « Nehalan, ravi de faire votre connaissance. »Le problème serait vite réglé. Quand quelqu’un vous saluait et se présentait, il était d’usage d’en faire de même.
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Message par Alexandre Jeu 15 Avr - 15:36

Le jeune homme acceptait de le laisser s'installer à sa table et Alexandre le remercia poliment en tirant la chaise devant lui. Les effluves délicates qui remontaient de la cuisine aiguisaient son appétit, même si celles-ci n'avaient rien de particulières contrairement à celles qui se dégageaient des fourneaux de Fromart. Le ventre restait cependant faible et l'heure avancée. Il se décida à inviter à partager un repas avec celui qui lui permettait de ne pas rester debout.

"Patron ! Servons-nous deux assiettes de porc, assortis de quelques légumes !"

Le garçon se présenta au même moment et Alexandre le dévisagea. Nehalan ? Comme Nehalan de Toraniel, celui-là qu'il avait surpris à boire dans un bénitier pour soulager sa soif. Le visage présentait des ressemblances avec cette personne surprise dans un acte qui serait jugé blasphématoire. Néanmoins, en comparaison avec une certaine personne de sa connaissance proche qui aimait à faire toute autre chose, pour le simple plaisir de transgresser les règles du culte, cela n'avait rien de fortement répréhensible. Il se décida cependant à ne pas évoquer cet incident qui avait laissé Nehalan paniqué et décida d'orienter la conversation vers un angle positif.

"Ne seriez-vous pas ce jeune musicien, adepte du clavecin, que j'ai rencontré il y a peu à l'église de Saint-Eustache ?"

Il se décida à rappeler son nom.

"Je suis Alexandre."

Son regard étudia le visage de Nehalan et perçut une forte nervosité. Quel mal le rongeait ? Il ne pensait pas ecore à cette bête histoire de bénitier ?

"Eh bien, Nehalan, vous semblez triste. La nouvelle débute sous de si mauvais auspices ? Apollon vous aurait-il délivré une sinistre prophétie ?"



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Message par Nehalan De Torienel Jeu 15 Avr - 17:06

A peine assis, le jeune béquilleux commandait à manger d’une voix forte. Nehalan rougit, gêné de cette attention. Il n’était pas trop sûr de savoir comment réagir. Le remercier directement ? Ou signifier qu’il n’avait pas faim ? Dans le doute, il se contenta d’un sourire aimable, en reconnaissance silencieuse. Il laissa planner le silence quelques instants, puis se décida à se présenter. Cela lèverait le voile sur cette familiarité de visage qu’il n’arrivait pas à identifier.

A l’entente de son prénom (il n’avait pas fait l’erreur de décliner son patronyme cette fois-ci), le visage du jeune homme en face de lui sembla parcouru d’une réflexion intense. Est-ce qu’il avait quelque chose de collé sur le nez, pour qu’il le dévisage ainsi ? A moins que lui aussi ne soit frappé par cette impression de déjà-vu. Sa pensée ne manqua pas d’être confirmée parce qu’il lui demanda ensuite. L’église Saint Eustache… Il y était allé deux fois seulement – deux fois de trop – et la seconde resterait à jamais gravée dans sa mémoire comme une journée de ténèbres.

Il l’avait donc rencontré à sa première visite ? Un homme béquilleux à peine plus vieux que lui, qui aim[ait] à houspiller les fornicateurs mais ne fai[sait] guère mieux en privé… Nehalan rougit au souvenir de sa nuit de recherche. Fort heureusement, Alexandre, puisque c’était bien lui, se présenta de nouveau. Il chassa le souvenir importun.

« Oh ! Vous êtes le peintre ! Je me souviens de vous ! Nous avons beaucoup discuté après que… enfin après… nous avons beaucoup discuté », termina le jeune blond, peu fier de la raison de leur rencontre. Il reprit en chuchotant presque, comme s’il lui transmettait un secret de la plus haute importance. « On m’a… On m’a dit que vous aimiez à houspiller les, les fornicateurs mais que… vous ne faisiez guère mieux en privé. Je n’ai pas vraiment compris ce que cela veut dire…»

Ce n’était ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux. Il était bien curieux de voir ce que lui répondrait Alexandre. Il s’avait ce que signifiait le terme de fornicateur, il l’avait appris au gré de moultes péripéties mais il n’avait réellement pas saisi l’entièreté de ce qu’avait voulu dire le ministre. Sans oublier cette histoire de brioche et de religieuse. Cela n’avait aucun sens. Et puis… même s’il s’agissait d’un ministre, l’infirme était en droit de savoir que l’on médisait sur son compte, s’il voulait se débarrasser des rumeurs.

La question qui suivit réinvita une certaine chaleur sur ses joues. On l’avait sûrement maudit pour que tout le ramène sans cesse à sa visite au lupanar. Apollon ? Non… en revanche, de bien jolies nymphes avaient tenté de lui parler et d’autres satires auraient bien voulu qu’il apprécie leurs chorégraphies si particulières.

Des images qu’il aurait mieux aimé oublier se rappelèrent à lui. Il sentait la chaleur le gagner. C’est ce moment-là que choisit l’aubergiste pour leur apporter à manger. Ce devait sûrement être un saint, pour si bien arriver. Il le remercia puis se jeta presque sur un morceau de viande. Il en arracha une bouchée, qu’il mastiqua autant qu’il put, jusqu’à ce qu’il parvienne à étouffer le feu. Penser à un porc dans sa porcherie n’avait à coup sûr rien de brûlant. Rougissant, il se décida à répondre.

« Je… C’est une très longue histoire, et je ne suis pas sûr qu’elle en vaille l’intérêt. »

Nehalan leva les yeux vers Alexandre. Son visage lui inspirait confiance, comme à l’église.

« Vous ne le répèterez pas ? »
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Message par Alexandre Jeu 15 Avr - 18:12

Alexandre garda un instant la tête vers l'aubergiste et constata que celui-ci avait bien entendu la commande. Une serveuse partait vers la cuisine et en reviendrait bientôt avec les plats demandés. Il reporta ensuite son attention vers le jeune homme et lui adressa un sourire bienveillant alors que ce dernier paraissait gêné de l'invitation. Cela n'avait rien d'anormal. Il l'acceptait à sa table, sans que rien ne l'y oblige, cela était un juste retour des choses que de lui offrir le repas.

Son visage, associé à son nom, lui rappelèrent immédiatement le garçon de Saint-Eustache, et il s'empressa de lui rappeler de quoi remettre en mémoire son identité. Alexandre sourit mais fut toutefois embarrassé par le qualificatif. Le peintre ? Quelle désignation prétentieuse ! Il ne se sentait absolument pas digne de cette appellation. Il avait encore beaucoup à apprendre avant de pouvoir peut-être espérer mériter ce titre. i Il canalisa cette émotion et répondit tranquillement :


"Oui, c'était une merveilleuse discussion Très enrichissante."

Nehalan parut troublé et se mit à chuchoter, comme s'il aurait un secret honteux ou interdit à confier. Alexandre tendit l'oreille et entendit cette phrase dont la tournure singulière le renseigna immédiatement sur l'identité de celui qui l'avait prononcé. Il percevait même l'accent appuyé et accusateur de son maître. Le jeune homme ne manifesta aucune susprise et demanda de but en blanc

"Je présume que celui qui prononça ces mots n'est autre que Coldris de Fromart, notre vénérable ministre des affaires étrangères."

Ce n'était pas une question, mais une affirmation, comme celle qui consisterait à rapporter qu''il pleuvait au dehors. Alexandre laissa Nehalan se remettre de la surprise que son invention allait sûrement déclencher et réfléchit à quand ils avaient pu se croiser. Ce devait être forcément après leur rencontre du 7 Décembre dernier, mais pas au-delà du 21. Cette phrase puait les reproches et tout ce qui l'agaçaient autrefois de son auguste personne. Une idée lui vint. Alduis avait dit que le le soir de l'anniversaire, Coldris était plus que remonté au sujet de leur relation. Alors, cette rencontre daterait du 8 ou du 9. Son instinct lui souffla la première hypothèse. Par ailleurs, le fait que Nehalan le cite dans leur conversation collait mieux s'ils s'étaient vus la veille.

"Vous aura-t-il dit cela le 8 Décembre, le lendemain de notre rencontre ?"

Il notait que le mot fornication mettait son interlocuteur effroyablement mal à l'aise. La situation, dans un tel lieu, allait être difficile, mais il réussirait à s'en accommoder. Il ne s'agissait que de dissimuler ses véritables goûts.

"Vous avez été témoin de ces piques dont le ministre aime m'adresser au rappel de notre passé commun. Pendant longtemps, je crus à ce que l'on m'enseignât. Que la sexualité ne pouvait se faire que dans le cadre du mariage et de la société. J'avais tort."

Alexandre rougissait au moins autant que Nehalan en se rappelant de son obstination à ne pas comprendre qu'un homme et une femme qui se plaisaient pouvaient se donner l'un à l'autre, surtout si de leur côté ils étaient enchaînés à des situations complexes. Son esprit songea à ses parents, chacun soumis à des devoirs difficiles. Sa mère mariée, presque contre son gré, à un tyran violent. Son père forcé de revêtir la soutane pour le bien de sa famille. Leurs âmes s'étaient trouvées et avaient goûté pendant quelques mois au bonheur.

Le patron interrompit ces pensées en apportant la commande. Alexandre le remercia poliment et paya le repas tandis que Nehalan se jetait, affamé, sur le porc. Son estomac devait être fort vide pour avoir autant faim. Il attendit que le tenancier soit reparti et sourit au jeune homme qui terminait de mâcher.


"Vous savez, Nehalan, la sexualité, c'est avant tout le langage de l'amour."

Le jeune homme se décida finalement à répondre à sa question sur sa mine déroutée. Il hocha de la tête pour donner sa parole.

"Je suis certain au contraire que tout ce qui préoccupe une personne est digne d'intérêt. Autrement, comment pourrait-elle aller mieux ? Allez-y, je ne le répéterai pas."

Alexandre dissimula qu'il y aurait peut-être exception pour son maître. Si Coldris le réclamait, il devrait le raconter. Ou à Alduis aussi, s'il ressentait le besoin de se confier, comme avec Lavinia, si les confidences se révélaient trop douloureuses.
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Message par Nehalan De Torienel Ven 16 Avr - 16:18

Nehalan regarda Alexandre, estomaqué. Comment avait-il pu deviner ? Comment avait-il pu trouver sans qu’il ne la lui dise la date de leur rencontre et l’auteur de cette phrase si perturbante ? Il choisit de ne pas trop s’attarder dessus.
« Je… oui en effet… »Il marqua une pause. C’était le moment ou jamais de comprendre ces histoires de nourriture. « Il a aussi parlé de religieuses, de brioches, d’abricots et de sucettes. Je ne comprends pas ce qui lui a pris. Il n’y a aucun rapport entre les actes de chair et la nourriture pourtant. Peut-être n’était-il pas dans un état normal, » termina-t-il pour lui-même.

En rougissant, le peintre de Saint Eustache lui expliqua le même genre de choses qu’on lui avait raconté la veille. Le regard du jeune homme se perdit dans le vague. Si les actes de chair pouvaient avoir lieu également en dehors du mariage, pourquoi tous les enseignements affirmaient-ils le contraire ? Décidément, tout le monde lui disait officieusement l’opposé de ce qu’on lui avait appris officiellement. Certaines paroles lui revinrent en mémoire. Serait-ce vraiment pour contrôler ou protéger ? Il devait y avoir une bonne raison. Mais à quoi cela servait-il de règlementer une chose, si personne ne respectait lesdites règles, y compris ceux qui les enseignaient ?

Le blondinet s’absorba dans la contemplation de l’assiette dans laquelle il venait de piocher un bout de porc. Il devait être sûr. « Si vous avez raison… pourquoi tout le monde crie-t-il le contraire en pensant tout bas comme vous ? Si tous s’accordent sur un même point de vue, nul besoin de s’en inventer un autre. »

« Vous savez, Nehalan, la sexualité, c’est avant tout le langage de l’amour. » Le jeune homme manqua de s’étouffer. « Mais dans les maisons closes, les gens ne s’aiment pas, si ? »

Il n’osait raconter les évènements de la veille à l’infirme, mais celui-ci l’encouragea. Pour qu’il comprenne bien, il allait devoir lui raconter ce qu’il s’était passé le 8 décembre. Nehalan ferma les yeux. Il pouvait lui faire confiance.  Il pouvait tout lui raconter sans crainte.

« Le lendemain de notre rencontre, je me sentais encore très coupable de ma faute, alors je suis retourné à l’église pour me confesser. Je pensais que le prêtre me donnerait quelques prières à réciter et que cette histoire serait terminée, mais au lieu de cela il a voulu me contraindre à… à blasphémer, » chuchota-t-il. « Comme je ne voulais pas je me suis enfui en courant, sauf que je ne peux pas courir, à cause d’une difficulté respiratoire. » Il passa sous silence ce damné banc de prière, pour se concentrer sur l’arrivée du ministre. « Le prêtre allait me laisser mourir sur le sol quand le ministre est arrivé. Il m’a laissé reprendre mes esprits puis m’a promis d’écrire à l’évêché pour que le prêtre soit châtié. »

Le jeune homme baissa les yeux. Il avait aussi sa part de culpabilité dans cette affaire.

« Quelques jours plus tard, je lui ai écrit, pour m’excuser de ne pas avoir compris qui il était à l’entente de son prénom et lui demander des nouvelles de la procédure qu’il avait lancée. Nous avons échangé quelques temps, jusqu’à ce qu’il m’invite à fêter la nouvelle année en sa compagnie. Je sais que j’ai été stupide…. J’ai accepté, sans savoir de quoi il retournait exactement… »

Nehalan serra les poings sous la table. Il n’était qu’un idiot finit.

« Dans sa lettre suivante, il m’apprenait que je venais d’être invité à une soirée au… au… au lupanar. »

Le rouge gagna de nouveau son visage. Il n’oserait plus regarder ailleurs que dans son assiette. Il s’étonnait même de ne pas s’être encore liquéfié sur sa chaise.
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Message par Alexandre Ven 16 Avr - 18:49

Alexandre s'amusa de la réaction stupéfaite de son interlocuteur sur la précision de ses déductions mais dissimula cela d'un air nonchalant en coupant poliment la viande dans son assiette. Cela lui rappelait tous ces moments où Coldris agissait de même, ou son père également, et il comprenait ce sentiment grisant de surprendre la personne en face. Cela se révélait plus excitant encore de prétendre la chose normale, comme si cette supposition tombait dans le sens commun.

Alors qu'il portait une bouchée à sa bouche, Nehalan parla de nourriture mais sans comprendre que les mots employés n'appartenaient en rien au domaine culinaire. Qu'avait-il pu entendre de Coldris ? De sa part, au sujet de al sexulaité, tout était possible, surtout pour choquer des oreilles chastes.

"Il s'agit de métaphores, Nehalan. Je présume que votre précepteur aura volontairement omis de vous initier à la littérature érotique. Tous ces termes, religieuses, sucettes, renvoient à la sexualité. Il s'agit de codes subtils pour se comprendre dans la bonne société mais sans paraître vulgaire."

Allait-il lui demander d'expliciter chaque terme qui l'interpelait ? Cela promettait d'être log. Il fallait mieux lui conseiller des références qui permettraient à sa culture de s'étoffer.

"Je vous recommande, Nehalan, la lecture du Satyricon. C'est un ouvrage antique dans un genre différent de ceux de Plaute ou de Cicéron mais elle vous ouvrira à un tout nouveau. Dans une œuvre plus récente, tentez de vous procurez les poèmes de Louise Labbé. Vous y retrouverai là beaucoup de ce vocabulaire qui semble vous intriguer"

Les teintes du jeune homme se confondaient avec celles de la tomates servies dans son assiettes. Alexandre ne se rappelait pas avoir été aussi gêné à l'évocation de la sexualité. Lors de l'apparition des premiers signes de la puberté, sa mère lui avait expliqué avec des mots simples mais efficaces le sujet avant d'ajouter que cela demeurait de l'ordre de l'intime et que cela relevait de la sphère maritale. Elle s'était bien gardée de lui apprendre qu'il était né d'un adultère. Aujourd'hui, la tâche lui revenait d'éduquer à son tour une personne vierge à ces concepts, l'esprit empreint des travers de la religion, perturbée par les allusions d'un certain ministre débauché de sa connaissance.

Nehalan gardait la mine basse, tel un enfant pris en faute, et l'interrogeait à présent sur cette contradiction. Alexandre soupira.


"On essaie de nous apprendre une bonne morale. De dompter les esprits faibles. Sans compter que cela permet d'éduquer les jeunes femmes à rester pures avant le mariage. Afin que leur futur époux soit assuré de sa virginité et de bien être le père des enfants qu'elle mettra au monde. Notre héritage chrétien a choisi ce modèle. Pourtant, autrefois, dans l'Antiquité, ces choses étaient considérées normales. Les unions sont généralement arrangées , l'amour n'a que peu sa place dans ces affaires, il était considéré normal de s'adonner au plaisir ailleurs tant que l'on s'appliquait à remplir ses devoirs."

Ses paroles ne l'aidaient pas. Au contraire, Nehalan faillit s'étouffer. Il le questionna ensuite sur les maisons closes et s'il serait question d'amour dans ces endroits.  Alexandre prit le temps de la réflexion. Il ne connaissait que peu ces endroits, sans rien connaître des pratiques de ces lieux. Que pouvait-il en dire ? Le jeune homme se demandait s'il devrait pas un jour s'y essayer, en dépit de ses attirances contraires, afin de se forger une opinion sur ces établissements. L'idée le mettait mal à l'aise. Il avait du mal à s'imaginer avec une femme, dans un lit, même si cela devrait tôt ou tard se produire s'il désirait un jour être père. Il pourrait en discuter avec Coldris. Au moins, en sa présence, stimulé par son aura, Alexandre se sentirait incapable de reculer.

"Le seigneur de Frenn m'a dit un jour que les maisons closes existaient dans un but sécuritaire. Car, la prostitution existera toujours. Il y a toujours des clients pour payer les prestations des catins et il y aura toujours des femmes qui accepteront de se prostituer. Les maisons closes permettent d'encadrer la pratique et de délimiter les périmètres laissées aux débauches. Pour ce qui est des clients, ils viennent non pas pour chercher l'amour auquel vous songez dans un idéal romantique mais ils sont surtout, je crois, dans une démarche de rechercher de la compagnie. Une personne qui puisse les comprendre. Et puis..."

Alexandre hésita avant de poursuivre, puis reprit avec un légère pointe d'insolence dans la voix.

"Et puis, vous savez, on ne sont jamais plus vivant qu'une fois qu'on a fait l'amour. Ce moment où le corps communie avec celui de l'autre, cette sensation qui se libère...  Il n'existe rien qui soit meilleur, Nehalan."

Alexandre choisit de le laisser méditer sur ces révélations difficiles à avaler du fait de son éducation moraliste. Il mangea quelques bouchées et entendit Nehalan changer de sujet, sans nul doute trop perturbé par leur conversation. Alexandre se reprocha de s'être montré trop sévère au début de leur rencontre si cela boire dans ce bénitier avait provoqué en lui une pareille crise. Ses sourcils se froncèrent en apprenant la suite. Il n'avait aucun mal à imaginer la scène : il connaissait mieux que quiconque les frasques de l'imbécile de Saint-Eustache.

"Je vais le tuer...."

Sa main passa contre son visage. Une veine à ses tempes gonflait.

"Il ne peut donc jamais se conduire correctement ? Il faut vraiment une nourrice pour le surveiller comme s'il avait cinq ans ?"

Alexandre eut une pensée pour la nourrice en question. Arrivait-elle à canaliser les dérives de cet imbécile et réussissait-il à continuer ses bêtises ? Il était si insupportable que le jeune homme comprendrait que la malheureuse avait fui.

"Il a de la chance d'être prêtre catholique et non celui de Zeus cet idiot."

Quoique... Vu les nombreuses conquêtes de Zeus, le Roi des dieux considérait sûrement que son prêtre qui sautait sur n'importe quelle femme était digne de le servir.

Alexandre s'obligea à reprendre son calme et écouta la suite du récit. Il roula des yeux e apprenant queson père avait provoqué la fuite du malheureux garçon et failli causé son décès par ces gamineries. C'était finalement Coldris qui l'avait sauvé par son arrivé. Il imagina Nehalan rapporter toute la conversation, ingénument, et le ministre s'amuser intérieurement de sa naïveté. Il aurait promis d'écrire à l'évêché pour dénoncer le bon père Thierry ? Ben voyons ! Et c'était pour cela que ce dernier avait agressé Lavinia de Kergemont quelques jours plus tard ! Il étouffa la colère qui continuait de se répandre en son âme. Nehalaln rapportaun échange épistolaire qui s'était conclu par une invitation au lupanar. Alexandre soupira.

"Il n'y en a pas un pour racheter l'autre..."

Il fixa Nehalan avec pitié.

"Vous pouviez le savoir, Nehalan, mais Coldris de Fromart et le père Thierry sont amis. Du moins, ils l'étaient jusqu'à récemment. Lors de votre discussion, vous croyez parler à un sauveur, mais il n'aura eu de cesser de jouer avec vous, tel un chat avec une souris."

Alexandre songea en même temps qu'après le départ du pauvre garçon ils avaient dû bien boire et beaucoup rire de ses déboires. Ilse décida à tempérer la situation.

"C'est une très mauvaise expérience, j'en ai conscience, Nehalan, mais elle doit vous apprendre à vous méfier davantage des gens. La nature humaine est... changeante. Je côtoie quotidiennement Coldris de Fromart et nous avons des conversations passionnantes. Néanmoins, comme le tout à chacun, il possède des aspects de sa personnalité moins reluisants. Le monde est ainsi fait, mon garçon, et si vous n'apprenez pas à mieux vous armer, vous finirez dévoré sans la moindre pitié."

Son ton devenait dur mais Alexandre savait à quel point il devenait vital de mieux former Nehalan. Ou il courait à sa perte.
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Message par Nehalan De Torienel Ven 16 Avr - 22:29

Nehalan n’en revenait pas. Qu’est-ce qui avait pu laisser entendre qu’il était retourné à Saint Eustache le 8 décembre et qu’il y avait rencontré Coldris de Fromart ? Il ne s’attarda pas plus dessus, préférant interroger Alexandre sur le sens de ces métaphores culinaires. L’explication du jeune homme le laissa sans voix. Pourquoi tolérait-on toutes ces hypocrisies ? Comment faire confiance aux gens, si tout un chacun dissimulait sa personnalité ? Il l'écouta l'orienter vers certains ouvrages, dont il nota mentalement le titre, au lieu de lui expliquer directement le sens des termes employés par le ministre. Cela le mettait sans doute mal à l'aise.

" Ces livres expliquent-ils le double-sens de ces mots ? De quoi traitent-ils exactement ? S'il s'agit de littérature... érotique, est-ce qu'ils expliquent comment ça fonctionne ? "

Ce que le jeune homme lui apprit sur la différence entre les enseignements donnés et les opions le surpris.

" Pourquoi les maris ne font-ils pas simplement confiance à leur femme ? Elles doivent savoir ce genre de chose, non ? Et puis un enfant ressemble à ses parents, physiquement."

En revanche, la réflexion du premier conseiller lui semblait tenir la route. Il acquiesca d'un signe de tête.

" Je comprends. Cela paraît logique après tout et puis si cela permet d'éviter des débordements, je suppose que ce genre d'établissement a lieu d'exister."

A l'écoute de la fin de sa phrase, Nehalan résista à l'envie de se boucher les oreilles. Alexandre s'arrêta finalement là, sans lui décrire la chose plus précisément encore, comme il l'avait craint.

" Pourquoi tout le monde ne cesse-t-il de me dire toutes ces choses ? Moi je trouve juste que cela fait peur… " Il se laissa le temps d’appréhender la suite sans crainte, puis explicita sa pensée. " Cela implique que l’autre voie… tout de nous et que nous voyons tout de l’autre… cela m’effraie d’être ainsi exposé… "

Le jeune homme préféra changer de sujet, plutôt que de s’appesantir sur cette idée délicate. Alexandre l’invitait à sa confier sur ce qu’il s’était passé, et il sentait qu’il pouvait lui faire confiance, aussi se lança-t-il dans le récit de ses mésaventures à l’église. A l’évocation des actes de Thierry d’Anjou, il lui sembla que l’infirme bouillait de colère. Ses traits tendus, tout comme ses paroles guère rassurantes lui donnaient cette aura dangereuse qui lui signifia très clairement qu’il n’avait pas intérêt à se brouiller avec lui.

Nehalan le laissa extérioriser son courroux, sans oser lui demander s’il connaissait le prêtre, puis, quand il lui sembla qu’il était calmé, il poursuivit son histoire.

L’évocation du lupanar lui donna des frissons, mais la réponse du jeune homme encore plus. Il s’était moqué de lui ! Depuis le début, il avait placé sa confiance en cet homme, et lui en avait profité pour se jouer de lui ! Quel triple idiot ! C’était injuste ! Pourquoi avait-on donné du pouvoir à un homme qui mentait et dissimulait sa véritable nature ? Quel non-sens !

Au bord des larmes, les poings serrés, il écouta Alexandre le réprimander. Il avait raison sur toute la ligne. Il n’était qu’un incapable trop naïf pour comprendre le monde. Il aurait mieux fait de rester tout seul au château jusqu’à ce que mort s’en suive, plutôt que de suivre Monsieur votre Père à la capitale. Une mort qui ne tarderait pas à arriver de toute façon, selon les dires de madame Isabelle.

" J’ai compris la leçon monsieur. J’espère que vous ne m’en voudrez pas de poser cette question mais hier soir… Hier soir, on m’a dit que si l’on ne faisait rien de… sexuel avant ses vingt ans, on s’atrophiait. Cela signifie-t-il bien qu’on ne peut plus uriner ? C’est un peu ridicule, je sais, mais je n’ai pas envie de mourir noyé dans mon urine… "

Le jeune homme leva un regard interrogateur vers Alexandre. Peut-être cela faisait-il partie des mensonges dont il devait se méfier. Il se ramassa sur lui-même, puis
se décida à décrire cette soirée au lupanar. L’infirme ne semblait pas lui en vouloir de parler de toutes ces choses et il avait ce besoin d’en parler à quelqu’un, d’expulser une bonne fois pour toute ce qu’il s’était passé.

" Quand je suis arrivé hier soir, ils avaient décoré le lieu comme un temple de l’Antiquité. Il y avait des peintures d’une indécence sans commune mesure accrochées aux murs, et il faisait une chaleur épouvantable. "

Les braises s’embrasèrent de nouveau en lui. Il se mit à triturer son assiette, tout en invoquant mentalement tout ce qui le dégoûtait le plus. Il pensa à la texture caoutchouteuse des champignons, à l’odeur immonde qui l’avait saisi à son arrivée en ville, à cette justice factice dont il avait été témoin au procès, à l’histoire terrible de Charlotte, il songea même au sourire presque jouissif de Thierry lorsqu'il lui avait raconté toutes ces horreurs sur la mort.

" Les femmes portaient des toges si légères que... qu'on pouvait distinguer leur peau au travers du tissu. Elles ondulaient leurs hanches et les hommes les regardaient et les touchaient et les embrassaient et riaient et buvaient et..."

Le jeune homme se prit la tête entre les mains. Se replonger dans cette ambiance n'avait rien d'agréable. Il commençait à penser que la pièce n'était peut être pas si chauffée mais que c'était lui qui carbonisait pour il ne savait quelle raison. Il sentait chacun de ses muscles se tendre, de manière bien plus douce que la veille, ce qui ne l'empêchait pas de se sentir mal à l'aise. Tous ses sens exacerbés lui rappelaient combien il y avait de monde dans cette taverne, combien il préfèrerait être dehors sous la pluie et à quel point il aurait du rester dans son au lit au lieu de se rendre dans ce lupanar comme l'idiot fini qu'il était.

Il ne pourrait pas raconter la suite. Il n'y arriverait pas. Tout ce qu'il voulait à présent, c'était disparaître sous terre ou se cacher dans son lit pour ne plus voir personne. Il ne voulait plus entendre parler de ces histoires de fornications et d'incapacité, de mariage ou de procréation. C'était trop terrifiant, trop tentant, trop horrible, trop tout.
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Message par Alexandre Sam 17 Avr - 14:38

Alexandre  avala tranquillement un morceau de viande tout à l'observation du jeune homme, décidément bien pâle, à la fois secoué par la qualité de ses déductions et les propos sur les sous-entendus sexuels. Sa manière d'aborder le sujet et de demander si les ouvrages cités lui permettraient de comprendre les mots qui l'intriguaient le laissa perplexe, même s'il n'en montra rien. Intérieurement, il s'interrogea sur l'éducation qui avait été dispensée à ce garçon ? Ne le laissait-on jamais réfléchir et comprendre par lui-même ?  Un bon pédagogue se devait d'initier son élève, certes, mais sans lui apporter touts les réponses et les connaissances. Autrement, l'esprit ne s'ouvrirait jamais et ne s'affûterait pas.

"La littérature, de tout genre, s'apprécie en faisant l'effort de la comprendre. L'esprit doit analyser les textes et déduire ce qui lui semble pertinent, puis méditer aux réflexions que cela entraîne. Néanmoins, si pour débuter, vous souhaitez réellement un didactique, lisez l'Art d'aimer. Du même auteur que les Métamorphoses. Nous ne sommes jamais déçus de la plume de ce cher Ovide."

Le jeune homme baissa la tête pour porter un morceau de viande à sa bouche et retenir ainsi un rire qui lui venait. Si de simples questions de vocabulaire le mettait dans de pareils états, le malheureux risquait la syncope en découvrant cette référence. En particulièrement le troisième tome. Il fallait toutefois pallier aux manquements de son éducation. A dix-sept ans, à moins d'envisager d'être moine ou curé, on ne pouvait continuer à ignorer ces informations.

Alexandre tenta de lui enseigner le pourquoi de la sexualité hors des liens du mariage, s'appuyant sur les références antiques afin de mieux légitimer son propos. Nehalan s'accrochait à ses valeurs. Sur un point, ils s'accordaient : oui, les femmes devaient être instruites autant que les hommes. Cette différence entre les deux étaient agaçantes et répugnantes. Il se souvenait de cette malheureuse Lavinia de Kergemont et de ce que son intuition avait perçu en elle, puis de ses paroles à souhaiter se conformer à son rôle d'épouse, soumise. Nehalan lui ressemblaient. Ils étaient aussi candides et ignorants l'un que l'autre.


"La confiance est un luxe que l'âme a des difficultés à accorder. Je suis d'accord avec vous : les femmes doivent savoir. Elles doivent être autant instruites que les hommes sur tous les sujets et notamment celui de la sexualité. Néanmoins, un époux, lui, a besoin de savoir que son héritier sera bien de lui. Le sang, c'est important. Surtout dans la transmission de ses biens et de ses affaires. D'ailleurs, dans de nombreuses unions, les fiancées sont très souvent examinées pour déterminer si celles-ci sont toujours vierges. La confiance est un luxe, Nehalan, et peut devenir une Némesis."

Son esprit songea à ce garçon qu'il était autrefois, il n'y avait pas si longtemps, qui avait accepté de suivre une inconnue, sans se méfier. Il l'avait cher payé.

"Nehelan..."

Sa voix était devenue sévère et son regard dur.

"Je vais vous apprendre ce qui arrive, Nehalan, lorsque la confiance se métamorphose en stupidité."

Il ôta sa veste, puis remonta la manche de sa chemise. sans la moindre honte, Alexandre dévoila son épaule droite et la marque qui avait été apposé dessus. Il harda le doigt dessus, sans rien cacher de ce tracé que de nombreux esclaves préféraient dissimiler, indifférent au regard des autres clients de l'auberge. Son regard ne faisait que fixer Nehalan.

"J'étais autrefois un fils de libraire prospère. Je menais une vie confortable, sans difficulté. puis, un jour, une femme est venue me trouver et m'a demander de l'aide pour aller chercher un livre interdit. Je ne me suis pas méfié. Je la trouvais... intéressante et je n'ai pas vu le danger. Je me suis fait attraper en voulant dérober cet ouvrage. J'ai subi dix coups de baguette, en place publique, et une nuit entière d'exposition au pilori. Après cela, mon père me renia et me révéla ne pas être mon père : que je n'étais qu'un bâtard. Et lui, incapable d'engendrer un héritier, m'a élevé au lieu de m'expédier à l'orphelinat. J'ai continué à être stupide. Lors de mes bêtises, un ami s'est retrouvé mêlé malgré lui à ces histoires et le seigneur de Frenn a remonté à lui. Il l'a emmené dans son fief. J'ai eu peur et j'ai souhaité me rendre là-bas pour être certain qu'i allait bien. Sauf que j'étais stupide Absolument stupide. Alors que mon père, mon véritable père, m' avait dit de rester avec lui, j'ai désobéi. Je suis parti seuil fouillé le château et naturellement j'ai été pris. Le seigneur de Frenn nous a déferré mon ami et moi devant la justice. nous aurions dû être pendus. Seule la grâce royale nous a sauvé."

Alexandre fixa avec sévérité le jeune homme, encore un enfant dans son esprit, tout le long de son discours. Allait-il comprendre ? La naïveté n'avait pas sa place en ce monde. Elle était le pire des défauts.

"Aguerrissez-vous, Nehalan, ou votre existence sera épouvantable."

Il le laissa méditer à ces révélations, puis lui expliqua le pourquoi des maisons closes.  L'argumentation sembla le toucher et calma une partie de son agitation; Alexandre sourit et prit son verre pour boire la moitié du jus de raison que celui-ci contenait. Nehalan reprit finalement avoir peur de ces choses liées à la sexualité. Comme un enfant. Rien de plus normal pour un être qui venait juste d'en découvrir le concept et d'une manière pour le moins traumatisante. Il sourit au jeune homme.

"Si vous ne voulez rien faire de ces choses, ni en discutez pas, ne le faites pas. Répliquez à votre interlocuteur que le sujet ne vous intéresse pas ou ne semble pas se prêter aux circonstances.  Ne vous justifiez pas ne noyez pas l'autre sous les détails. Recentrez plutôt la conversation vers quelque chose qui vous convienne à vous."

Alexandre sourit, se moquant de lui-même, alors qu'il professait ces conseils. Il faisait autrefois tout ce qu'il demandait à Nehalan de ne pas faire. Il avait peu à peu appris, grâce à ses rencontres avec le seigneur de Frenn, à ses observations du personnage si digne, à mesurer sa parole et à l'adapter aux situations.

"Je vous recommanderais, Nehalan, d'observer le seigneur de Frenn et d'apprendre à régler votre comportement sur sa conduite. A une époque, sa fréquentation m'a beaucoup appris"

Leur conversation passa à un autre sujet et Nehalan rapporta cette aventure sinistre dans l'église. Alexandre eut beau essayer de réprimer sa colère, il n'arrivait pas à dissimuler son envie de courir faire la leçon à on imbécile de père. Ce serait inutile. Son esprit ne voulait rien retenir et ses oreilles étaient sans doute bouchées même. Il entendit ensuite l'aventure au lupanar qui, dans l'état dans lequel ce garçon se trouvait, ne pouvait que mal se finir. Il le moralisa un peu mais le regretta aussitôt : Nehalan étai suffisamment puni par cette expérience pour en ajouter.  Ses yeux s'écarquillèrent à la question posée si ingénument. Se noyer dans de l'urine ? réellement ? Il plaqua une main contre le visage désespéré.

"Vraiment pas un pour rattraper l'autre..."

Il imaginait sans mal Coldris inventer cette fable ridicule,  avec tout le sérieux dont ce dernier pouvait être capable, rien que pour pouvoir se moquer de l'infortuné garçon. Alexandre se désespérait de l'éducation que celui-ci avait reçu. Personne ne lui avait donc jamais parlé des changements de son corps lors des premières manifestations de la puberté ? Sa famille souhaitait-elle donc bien en faire un moine ?

"Nehalan... On ne vous a jamais expliqué quoique ce soit à propos de vos testicules ?"

Alexandre choisit d'employer le mot précis et non la désignation enrobée de parties intimes. Cela suffisait de tourner autour du pot :  une bonne éducation reposait à nommer les choses et non à les contourner.

"Non, vous ne vous noierai jamais dans votre urine. Votre urine vient de votre vessie et vos reins. Vos testicules, eux, produisent de la semence. Une semence qui engendrera potentiellement la vie."

Nehalan poursuivit son récit et décrivit l'intérieur du lupanar. la description de la salle retint son attention et sa fascination. Un temple de l'antiquité ? Cela  devait être superbe ! Son esprit imagina les peintures et regretta de n'avoir pu les voir lui aussi. Il eut alors un sourire lorsque le jeune homme mentionna une chaleur épouvantable et intervint d'un ton tranquille.

"Cette chaleur, elle venait de vous, Nehalan. On appelle cette sensation le désir. Votre esprit se confrontait à ces visions que vous jugiez dérangeantes, du fait de votre éducation, mais votre corps, lui, a réagi. Le corps est ainsi initié pour réagir aux stimuli extérieurs. Lorsque votre nez sent une bonne odeur de poulet, votre estomac a faim. Votre esprit-peut-elle le retenir ? De la même manière, si votre corps perçoit des sensations sexuelles, il réagira en conséquence.  C'est ainsi."

Nehalan était tétanisé par cette aventure et celle-ci pourrait le traumatiser pendant longtemps. Alexandre éluda ses explications et reprit d'une voix douce :

"Mais si vous ne voulez pas faire ces choses, c'est votre droit. Personne ne peut vous contraindre.  Autrefois, mon père adoptif me disait d'aller au bordel, de profiter tant que je n'étais pas encore marié. Je n'ai pas obéi. Cela me mettait mal à l'aise et je souhaitais rester chaste jusqu'au mariage, comme le serait mon épouse. Puis, il y a peu, je suis tombé amoureux et le désir et la passion l'ont emporté sur mes résolutions. Nehalan, la seule personne, qui doit décider dans cette affaire, c'est vous. Alors, attendez aussi longtemps que vous l'estimerez nécessaire."
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Message par Nehalan De Torienel Dim 16 Mai - 1:16

Le jeune homme ajouta l'Art d'Aimer à sa liste mentale en hochant la tête. Il avait apprit à analyser en effet, mais ce n'était pas une chose dans laquelle il excellait. Si son esprit arrivait à mettre en place certains mécanismes simples pour produire certaines réactions chez ses interlocuteurs, les décortiquer une fois en face de lui, à fortiori s'ils n'étaient pas de lui, constinuait une autre paire de manches.

- J'ai beaucoup apprécié la lecture des Métamorphoses, je ne manquerais pas de lire ce que vous me conseillez.

La discussion s'orienta ensuite sur le sujet du mariage, qu'il maîtrisait finalement assez peu. On lui avait apprit les bases : la fiancée devait être vierge, on se mariait pour toujours et devant Dieu, et l'ensemble du protocole à respecter lors des cérémonies mais le jeune garçon qu'il était ces jours-là ne rêvait pas aux demoiselles. Il voulait s'amuser, caresser son clavecin, pourquoi pas affronter un de ses frères, si cela lui permettait de passer du temps avec eux.

Il avait vu l'amour dans certaines histoires. Il avait lu la beauté de l'amour, avait sourit de ces aventures, s'était même demandé si cela lui arriverait. Il n'avait simplement pas poussé la réflexion plus loin que cela. Un jour on voudrait le marier et il n'aurait pas le choix. S'il devait tomber amoureux, il avait bien comprit qu'il ne choisirait pas, alors pourquoi se torturer les méninges ? Aucun libre arbitre ne lui revenait sur le sujet. Il avait haussé les épaules en se disant qu'il verrait bien.

Il écoutait donc Alexandre l'abreuver de son savoir en grimaçant. Il était bien lotis d'être né homme et non femme. Que lui serait-il arrivé si tel avait été le cas ? Certes, il n'aurait pas été invité au lupanar, mais il serait peut-être cloîtré dans un couvent ou marié à un riche courtisan plus puissant que sa famille.

- Je n'ose imaginer ce qu'elles doivent ressentir d'être si peu estimées. C'est la femme qui donne la vie, et qui porte l'enfant durant trois longues saisons, n'a-t-elle pas le droit à plus d'égards, au regard de cette souffrance qui lui est infligée ? Et ce, même si Eve est celle qui succomba à la tentation, toutes les femmes ne s'appellent pas Eve.

Le ton du jeune homme se fit plus grave, à mesure qu'ils évoquaient le sujet de la confiance. Nehalan se ratatina sur sa chaise, le regard fixé sur cette marque dévoilée à l'instant. La même que celle de Charlotte. Un M majuscule pour Monbrina auquel on pouvait associer bien d'autres termes. Un M qui les emprisonnait tous les deux pour le restant de leurs jours. Le jeune noble ne réagit même pas à ce qu'impliquait ce statut dans leur relation, absorbé par une histoire qui aurait pu être la sienne. Oh oui il se serait laissé avoir lui aussi. Il aurait suivit les instructions à la lettre. Peut-être aurait-il hésité à voler mais il l'aurait fait.

Il sentait les regards goguenards se fixer sur Alexandre, qui semblait n'en avoir cure. Nehalan lui, aurait voulu baisser sa manche, pour qu'ils détournent les yeux de cette intimité qui ne regardait que le jeune peintre.

Il n'en fit rien. Tout comme il était convaincu qu'il n'aurait pas eu le courage de partir au secours de son ami, lui. Il serait resté à pleurer seul dans son lit de ses malheurs, à se lamenter sur son sort et à trembler de celui de son ami.

Alexandre avait affronté les difficultés.
Alexandre les affrontait encore aujourd'hui.
Alexandre assumait ses erreurs.
Alexandre se fichait des autres regards, parce qu'il savait qui il était.

Alexandre était fort, Nehalan était faible.

Il reste immobile, tête basse. Alexandre avait raison. Il devait devenir fort, comme lui, pour ne pas se faire dévorer une nouvelle fois.

S'aguerrir signifiait peut-être commencer par avouer ses tors et se libérer de ses erreurs, pour mieux apprendre d'elles. Aussi écouta-il les conseils du jeune homme en hochant timidement la tête, avant de raconter ce qu'il s'était passé la veille et de poser la question qui le tiraillait depuis qu'elle s'était imposée à lui.

Prononcée à voix haute, son interrogation lui sembla plus stupide encore. Il jeta un regard périphérique, de crainte qu'on ne l'ait entendu, mais les autres clients étaient retournés à leurs conversations. L'infirme en revanche, était clairement exaspéré. Sa question était stupide.

- Si... j'ai déjà eu des cours de biologie..., répondit-il d'une voix presque inaudible tant la bêtise démentielle de ses propos lui revenait en pleine figure, au fur et à mesure que les explications d'Alexandre déconstruisaient la fable qu'il s'était lui-même inventée.

Pourtant, le doute persistait. Il pris son courage à deux mains et releva les yeux vers le jeune homme.

- Je sais cela... Il s'arrêta un instant. mais... comme c'est le même... membre, je me suis dit que... enfin...

Alexandre acheva d'écrabouiller cette hypothèse peu engageante, en même temps que le reste de son amour propre. Il n'était qu'un âne bâté. Heureusement que c'était lui qui lui remettait les idées en place, et non son précepteur... il aurait sans doute été sévèrement punis si tel avait été le cas.

Cette question épineuse résolue - de manière peu agréable certes - il se sentait plus léger. S'il ne l'avait point jugé trop sévèrement sur ce point, la suite ne le mettrait pas trop en colère.

Il ne l'interrompit qu'une seule fois, pour apporter des lumières bienvenues. Nehalan ouvrit de grands yeux remplis de curiosité. Il préferait se concentrer sur les aspects fascinants du langage du corps plutôt que ce qu'ils signifiaient.

Tout en poursuivant son récit, il se mit à réfléchir. Ainsi, cette raideur dans ses chausses la veille, traduisait... de l'envie ? Il avait eu envie de faire des choses... mais lui dans sa tête ne voulait pas. Pourquoi son corps disait-il autre chose alors ?

- Alors c'est pour cette raison qu'ils disaient que j'avais envie alors que je ne voulais pas... murmura-t-il dans sa barbe, plutôt que d'achever sa description de la soirée.

Tenter d'analyser froidement les faits avait cela de moins embarrassant qu'il pouvait envisager les choses d'un regard extérieur et non en étant forcé de revivre la scène à l'identique.

La conclusion d'Alexandre sur sa mésaventure l'appaisa. Il n'était qu'un crétin fini, il saurait à l'avenir qu'il ne devait pas accepter bêtement des invitations ou faire confiance au premier ministre un peu effrayant mais il avait quand-même le droit de se protéger. Si Alexandre le disait, il lui faisait confiance, à lui.

Il médita en silence sur la question, puis se décida à changer de sujet, pour détendre l'atmosphère. Nehalan se râcla discrètement la gorge, puis demanda en triturant une pauvre tomate innocente :

- Et vous ? Qu'avez-vous fait pour fêter cette belle année qui s'annonce ?

Ce n'était pas la meilleure bifurcation qui soit, mais il avait fait avec les moyens du bord. C'était à peine s'il avait remercié Alexandre du bout des lèvres pour l'avoir écouté, il ne devait plus s'écarter ainsi de la courtoisie.
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Message par Alexandre Dim 16 Mai - 16:52

L'instruction dont le jeune homme assis devant lui se révélait somme tout classique et ressemblait à la sienne. Avant de rejoindre Fromart, Alexandre ne savait rien de la littérature érotique et avait eu quelques surprises en inventoriant les ouvrages de la bibliothèque. Il se remémorait notamment de sa joie à découvrir une œuvre d'Ovide qu'il ne connaissait pas, puis de sa déconfiture à réaliser ce qu'était n réalité l'Art d'aimer. Il l'avait lu un deux jours, d'abord intrigué, puis intéressé. Cet aspect de la culture latine lui avait si longtemps échappé et il regrettait d'en avoir été privé. Comment pouvait-on appréhender correctement un civilisation si on occultait sciemment une partie de ce qu'elle avait apporté ?

Dissimulant un sourire, Alexandre se pencha pour avaler un morceau de viande. Ce garçon candide risquait de connaître quelques légères surprises lors de sa lecture.

Leur conversation se prolongea de manière somme toute naturelle sur le mariage et les modalités qui en écoulaient. Bonnes comme mauvaises. Nehalan se montrait par ailleurs étonnamment réceptif au sujet des femmes brimés, rabaissées du simple fait de leur sexe. Il semblait exister un courant dans l'air, révolutionnaire, qui remettait en question les fondements de leur civilisation. Leur génération se montrait manifestement plus ouverte que les précédentes et moins encline à laisser les choses se poursuivre. Il songea naturellement à son amie Florentyna, d'un an l'aînée de Nehalan, si instruite, si soucieuse de souhaiter que certaines changent. son amie, elle, possédait un petit cercle de relations. a eux trois, pour commencer, lentement mais sûrement, ils pourraient influer sur les discussions et les débats et permettre à ces idées de mieux cheminer dans l'esprit d'un grand nombre de personnes.

"Je partage votre opinion. Malheureusement, la tradition a voulu l'enfermer dans un rôle fermé et cela depuis longtemps. rappelez qu'en Grèce, elles ne sortaient que peu gynécée. autrement, celles sur al voie publique étaient considérées comme des prostituées. Pour les romanis, même si elles sortaient un pu librement, elles restaient éternellement mineures, soumises d'abord à un père, puis à leur mari, et quand il n'y avait ni l'un ni l'autre, leur tutelle revient à un oncle, un frère ou un cousin. Sur ce point, les choses n'ont que peu évoluées."

Alexandre s'interrompit pour avaler un morceau de viande et but une longue gorgée de jus de fruits pour faire passer l'aliment.

"Mais les choses finissent peu à peu par changer quand on prend le temps de les modifier. Dans ces mêmes civilisations antiques, les infirmes étaient rejetées de la société. Eliminés même. On jetait les nouveau-nés des falaises à Sparte. Certes, leur traitement n'est pas encore parfait. Il y a bien des choses à améliorer encore mais là aussi avec du temps elles se feront. La cause des femmes procédera de la même manière. Mais pour aboutir à un quelconque résultat, il faut débattre. Se produire en société, échanger ses idées et ainsi permettre à ses interlocuteurs de réfléchir à leurs positions. Cela se révélera, sien sûr, difficile, mais Rome ne se construisit pas en u seul jour. Savez-vous, dans une bataille, la chose la plus importante pour remporter la victoire, Nehalan ? Des alliés."

Le jeune homme laissa à son interlocuteur le soin de méditer à ces paroles avant de continuer. Il en profita pour poursuivre son repas et manger quelques légumes.

"Si vous le pouvez, essayez de rencontrer mademoiselle Florentyna de Monthoux, une jeune femme de nos âges les plus respectables, influente dans les milieux culturels. Elle serait ravie, je le pense, de vous aider à progresser."

Son regard s'attrista un instant. Son amie était resté au domaine mais il ne l'avait pas encore revu. Elle lui manquait tant. Tout comme leurs conversations si enrichissantes et divertissantes. Comme ils auraient de choses à se raconter depuis la dernière fois où ils s'étaient croisés.

"Autrement, je vous recommanderai de vous intéresser à Christine de Pizan, une femme des plus passionnantes, qui ne manquera pas de vous aider à forger une meilleure réalité du monde. Vous découvrirez ses œuvres et une biographie à son sujet à la bibliothèque."

Alexandre se remémorait avoir découvert à quatorze ans l'existence de cette singulière poétesse, qui avait refusé de se remarier dépit de son veuvage. Elle était assurément l'exemple même d'une femme forte, sure d'elle et qui mériterait de servir de modèle dans l'éducation des jeunes âmes.

"Néanmoins, l'important pour tout sujet, Nehalan, est de concevoir les choses de tous ses aspects. C'est comme quand vous descendez la nuit pour aller uriner. Parfois, une ombre vous effrayera, vous penserez à un rôdeur, puis en orientant votre chandelle, vous découvrirez que ce n'était que la projection d'une branche à une fenêtre. Faisons un exercice. Vous affirmez que Eve a succombé au péché. Pourquoi ?"

Cet exercice de réflexion allait être intéressant et permettrait au jeune homme d'apprendre comment réfléchir avec un esprit critique.

Finalement, peu après, constatant à quel point s'étendait la naïveté du jeune garçon, aussi candide qu'un enfant, Alexandre se résolut à lui dévoiler la marque qui ornait son épaule. Le regard de Nehalan était éloquent : Il avait honte, à sa place, de ceux qui fixaient la cicatrice. Alexandre, au contraire, demeurait impassible, insensible, aux quolibet que les autres clients diraient. Il n'éprouvait aucune honte à être esclave. Au contraire, cette étape de sa vie lui avait permis de mûrir et de mieux comprendre le monde. Par ailleurs, cela ne serait qu'un tremplin. Prochainement, ces gens qui jugeaient cette marque dite infâmante devraient le saluer avec respect.

Sans se soucier ni des regards ni des oreilles aux alentours, Alexandre dévoila l'entièreté de son histoire. Nehalan se décomposait. Cela se percevait. Son innocence se mourait au son de ses paroles. Malheureusement, cet apprentissage lui était indispensable. ou il n'évoluerait pas. Ainsi, malgré sa compassion pour le garçon, le jeune homme poursuivit son récit sans manifester le moindre état d'âme apparent. En cela, il ressemblait à son père, quand ce dernier le menait autrefois à ses visites de curé et le forçait à assister à quelques scènes pénibles. Finalement, en dépit de ses défauts, cet imbécile avait su influer sur son éducation.

Après ces révélations, Nehalan tint à revenir sur cette soirée désastreuse de la veille et Alexandre roula des yeux en apprenant la bêtise sortie par l'imbécile qui lui tenait lieu de maître. Naturellement, cela avait pollué l'esprit du garçon et l'imagination avait poursuivi le travail de sape.


"Nehalan, la prochaine fois qu'un doute similaire vous assaille, consultez un médecin. Ou un spécialiste du sujet ciblé. Certes, la question posée vous embarrasserait. Mais il faut mieux gêné cinq minutes et comprendre une situation plutôt que la laisser mijoter et de vivre une vie entière dans le doute et la peur."

Grâce à ces explications, il comprenait enfin le désir et le phénomène de la veille. Il lui faudrait ensuite le temps de l'accepter. Alexandre garda un temps le silence devant son assiette à présent vide et songea aux agissements de son maître. Il se doutait que ce dernier, en dépit de son envie de jouer avec une petite souris, devait aussi espérer voir le garçon évoluer. Comme il l'avait auparavant avec ses perches au sujet de son père.

"Vous ne devriez cependant pas, Nehalan, conservez de la rancune envers messire de Fromart. Ses manières sont, certes spéciales, mais malgré l'envie de s'amuse avec vous il devait souhaiter vous voir évoluer. Malheureusement, un taureau n'est guère subtil et fonce droit dans son objectif, sans prêter attention à ce qu'il enfonce. Il a agit de même avec moi quand il essayait de me faire comprendre par des paroles à double sens l'identité de mon vrai père et à m'interroger un peu plus sur les conditions de ma naissance."

Finalement, après toutes ces révélations et ces sujets qui promettaient de longues réflexions au garçon, Nehalan désira aborder un point beaucoup plus léger et anodin. La transition manquait de naturel et son maître aurait pu en profiter. Pas lui. Alexandre le laisserait tranquille et poursuivrait ainsi une conversation plus paisible. Ses joues rosirent un bref instant à se rappeler de la soirée de la veille, passée en compagnie de son amant. Dans leur lit, il lui avait fait une lecture des quatre premiers chapitres de son roman, tout en caressant la tête d'Alduis, installée sur ses jambes. Le récit n'en étant pour le moment qu'à la présentation de ses personnages et à la valorisation des qualités de Florence, son héroïne, alors il la mettait pour le moment en valeur. Une histoire somme tout qui ne pouvait plaire qu'à Alduis. ils s'étaient finalement endormis dans les bras l'un de l'autre peu après minuit, en se souhaitant une excellente année. Néanmoins, Alexandre ne pouvait pas raconter cela à Nehalan. En revanche, il pouvait éluder.

"J'ai passé la soirée avec ma maitresse."

Alexandre prononça cette réponse d'une intonation qui se voulait banale, puis prit rapidement son verre pour boire une longue gorgée de jus de fruits et étouffer son envie d'éclater de rire. Son imagination venait de matérialiser son amant dans une robe de Bérénice et il en aurait volontiers pleuré de rire.

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Message par Nehalan De Torienel Jeu 20 Mai - 0:35

La question des mariages les emmena à la place des femmes pour glisser vers l'Antiquité, que le jeune homme affectionnait, quand on ne lui mettait pas des peintures liscencieuses ou des toges trop fines sous les yeux. Il écouta donc Alexandre avec le plus grand intérêt, le menton posé sur ses deux mains, comme lorsque plus jeune, il écoutait les histoires de sa nourrice assis dans son lit.

Malgré la teneur peu joyeuse du récit, il se sentait partir dans un autre temps jusqu'à ce que le jeune homme lui pose une question, sans lui laisser le temps d'y répondre.

Nehalan avait pensé à une stratégie sans failles comme lors de la bataille de Salamine ou bien à une armée aussi gigantesque que les éléphants d'Hanibal mais il n'avait pas tout à fait tors...

- A condition que vos alliés ne se révèlent pas nocifs pour vous. Mon maître m'a très longement parlé de la ligue de Délos. Les intentions Athéniennes étaient louables mais leur mise en pratique injuste. Si une alliance dont les membres sont des égaux se métamorphose en Empire despotique, cela ne fonctionne plus.

Il laissa ensuite Alexandre poursuivre, tout en picorant dans son assiette. Il n'avait pas très faim mais puisqu'on lui offrait à manger, la moindre des politesses était d'y faire honneur.

Le jeune homme hocha la tête. Florentyna de Monthoux c'était noté. Bien que ce nom ne lui dise rien, il savait qu'en une question à son père, il aurait la réponse. Celui-ci n'avait certes pas une charge très importante, ce qui ne l'empêchait en rien de connaître sur le bout des doigts qui était qui et qui faisait quoi.

Pizan en revanche... Il chercha un moment, farfouilla parmi tout ce qu'il avait avalé comme connaissances en littérature depuis des années, et enfin, une lumière s'alluma dans son esprit. Pizan, il se souvenait maintenant.

Monsieur Retmer s'était servi de son exemple pour lui inculquer la nuance. Il pouvait presque reconstituer ce qu'il lui avait dit, après lui avoir fait lire l'un de ses poèmes :

- Voyez la qualité de ce texte mon garçon. On peut croire qu'il eut été écrit par un homme, tant il serait impensable qu'une femme puisse faire preuve d'autant d'esprit. C'est pourtant le cas. A l'inverse, certains hommes sont profondément stupides. Peut-on pour autant dire qu'elle est une bonne personne ? Non. Intelligente, elle l'est assurément mais cette femme se croit l'égale des hommes en refusant leur suprématie et leur pouvoir. Est-elle mauvaise pour autant ? Non plus. Elle est les deux à la fois.

Cette leçon avait beaucoup marqué le jeune homme. À l'époque, il avait bu les paroles de son précepteur avec admiration, tant son raisonnement lui paraissait limpide. Pourtant, il avait l'impression que quelque chose clochait, sans arriver à mettre le doigt dessus. Encore aujourd'hui, il ne parvenait pas à trouver ce qui lui faisait croire que le professeur n'avait pas tout à fait raison.

En parlant de nuance, une nouvelle leçon à ce sujet semblait pointer le bout de son nez. Nehalan pris bien le temps de réfléchir avant de répondre. Ce ne pouvait être aussi simple que "Je l'ai lu dans la Bible". Il devait s'appuyer dessus mais apporter ses propres éléments de réflexion.

- Il est écrit dans la Bible qu' Eve écouta le serpent qui lui dit de croquer la pomme de la connaissance. Le serpent représente la tentation et la corruption de l'esprit, la pomme, l'interdit que l'on désire. En considérant que transgresser une interdiction est un péché, elle a péché. Mais on considère aussi le fait de succomber à la tentation comme un péché, peut-être parce que c'est un manque de force d'esprit ? En partant de ce principe, Eve n'ayant su résister aux paroles du serpent, a péché. Pourtant, même si on lui attribue de ce fait l'expulsion du Jardin d'Eden et la souffrance des Hommes en punition du Seigneur, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Ce sont les épreuves qui forgent un homme non ? À l'inverse, dans l'Odyssée, Ulysse a accès à ce Paradis sur Terre, que l'on figure par l'île de Calypso. Or, il finit par s'y ennuyer et y dépérir. Au final, avoir été chassée du Jardin ne fut pas forcément une mauvaise chose pour l'humanité, qui a apprit à grandir.

Nehalan leva les yeux vers Alexandre. Est-ce qu'il avait bien répondu ?
La conversation se poursuivit, jusqu'à ce que le jeune homme dévoile la marque de Monbrina, témoins immortel de son asservissement. Nehalan écouta son histoire, penaud, tant il s'y reconnaissait. Il aurait sans doute fait les même erreurs, si ce n'est pire.

Il devait devenir aussi fort qu'Alexandre, avant de songer au Baron de Frenn. Ce serait déjà suffisament compliqué.

Une tâche aussi ardue commençait bien par quelque part, il pris donc son courage à deux mains pour poser ses questions et conter sa mésaventure au lupanar. Alexandre ne fut pas des plus tendres avec lui, mais il sût lui expliquer les choses de manière suffisament claire pour que ses doutes s'envolent.

Il ne mourrait pas noyé dans son urine, par contre il était suffisamment stupide pour avoir imaginé une chose pareille.

- Mais il faut mieux gêné cinq minutes et comprendre une situation plutôt que la laisser mijoter et de vivre une vie entière dans le doute et la peur.

Si le jeune homme était plutôt convaincu par cette première affirmation, il restait dubitatif quant à la deuxième. Le voir évoluer ? À quoi songeait-il, s'il l'avait si bien cerné que cela à l'église, qu'en l'invitant à cette soirée dégoulinante de débauche, il se mettrait soudainement à sauter sur tout ce qui bougeait comme un étalon en rut ?

Nehalan frissona, rien que cette pensée lui donnait la nausée.

- Vous avez sans doute raison oui... marmona-t-il du bout des lèvres pour toute réponse.

Peu enclin à poursuivre sur ce sujet, le jeune homme décida de virer de bord, bien qu'un peu maladroitement. Alexandre lui répondit en rougissant. Sa maîtresse ? Nehalan pencha la tête sur le côté.

- Sans vouloir être indiscret... était-ce d'elle que vous parliez en disant être tombé amoureux ?
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Message par Alexandre Dim 23 Mai - 17:04

Alexandre conversait librement avec le jeune homme devant lui qui buvait ses paroles, réceptif à ses arguments sur la cause des femmes. Il réagit à sa proposition de trouver des alliés et rappela cette histoire de la ligue de Délos. Ce garçon possédait des connaissances solides mais peinait à analyser. Derrière un masque impassible, Alexandre tiqua sur l'emploi des termes mon maitre. Cette paraphasse des enseignements du précepteur qui l'avait longuement formé trahissait son immaturité émotionnelle.

"Les alliances se font et se défont. C'est dans la nature humaine que de rechercher pour soi les meilleurs profits. par conséquent, appuyer sur des alliés, mais ne vous reposez pas trop sur eux. Les situations changent en fonction des moments et des besoins. Soyez toujours aguerri et apte à réagir si le vent venait à se lever et à embarquer le navire dans une direction contraire."

Il hésita avant de faire cette remarque sur ce tic de vocabulaire gênant.

"Et si je suis me permettre, Nehalan, quand vous professez une opinion, évitez de la commençant en citant mon maitre. Ou celle de toute autre personne.  Cette tournure est encore mignonne dans la bouche d'un enfant de douze ans, à votre âge, elle traduit pour votre interlocuteur un manquement de convictions. Une personne mal intentionnée en abuserait. Par conséquent, affirmez-vous et usez du je."

Alexandre le laissa méditer à ces informations tout en citant le nom de sa chère amie Florentyna. Il itatégalement le cas de al fameuse Christine de Pizan, histoire que le garçon continue son apprentissage. Il doutait fortement que son précepteur ait pu en parler. Si elle le prenait sous son aile, le garçon saurait bien évoluer. Il continua à manger, tranquillement, et nota que Nehalan semblait avoir moins d'appétit Avec toutes ces explications, le repas devait être difficile. Il compatissait sincèrement pour ce garçon mais mieux valait que son innocence se brise autour de cette table que de manière brutale.

En finissant sa viande, Alexandre se décida à soumettre un cas pratique afin de tester les capacités d'analyse de Nehalan et de déterminer s'il saurait faire preuve de nuances. Le garçon prit son temps pour réfléchir à la question avant de proposer une réponse.  Elle ne mettait pas son intelligence valeur. Il ne faisait que ressortir la doctrine biblique sous couvert de ses mots à li.  Alexandre dissimula sa déception, soucieux d'encourager son élève.


"C'est là l'idée à la première lecture de ce texte, oui, mais les textes, comme tout en ce monde changent en fonction du regard avec lequel on les lit. Oublions cela. Imaginez-vous, Nehalan, en pleine nuit, une envie pressante se fait sentir.  Vous descendez et dans une pièce des ombres semblent vous entourer. Elles sont menaçantes. Pourtant, c'est censé être le salon que vous connaissez depuis toujours. Alors, vous dirigez votre chandelle et les ombres se dissipent. Le salon réapparait. Comprenez-vous ? Dans un texte, un esprit critique doit rechercher la zone d'ombre et ne pas se contenter de ce qui se trouve dans la lumière? Poursuivons l'exercice, voulez-vous ? Gardons Eve qui cueillit la fameuse pomme et invoquons Pandore. Pouvez-vous me trouver les points communs qui unissent ces deux personnages ?"

La question le laissera sûrement pensif mais Alexandre ne doutait pas que son élève saurait la trouver. Il  lui faisait pleinement confiance et l'encouragea d'un discret sourire empli d'une douceur bienveillante.

Après l'exercice, soucieux de faire prendre conscience définitivement à Nehalan l'étendue dramatique pouvait avoir la naïveté, Alexandre s'ouvrit sur son histoire. Le sujet passa ensuite aux mésaventures survenue hier soir au lupanar. Décidément, ce malheureux avait passé bien mal la fin de l'année. Nehalan, sans doute miné de toutes ces contrariétés, souhaita aborder un thème plus léger et qui l'éloignait de sa personne. Alexandre hocha doucement de la tête et se décida de répondre. Un sourire amusé lui vint à observer la curiosité du garçon à sa confidence.


"En effet, c'est bien. C'est une jeune personne ravissante qui a capturé mon coeur et vers laquelle je retourne chaque soir. Mais je ne puis trop vous dire. Elle va prochainement se fiancer et cette histoire doit rester un secret."
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Message par Nehalan De Torienel Mar 25 Mai - 16:19

Le jeune homme continuait de professer sur les alliés et Nehalan hocha la tête. Il comprenait. Pourtant avec l’exemple de la ligue de Délos, ce n’était pas seulement une question de besoins qui changeaient. Il n’osa toutefois pas revenir dessus, au vu des conseils mêlés de reproche qui perçaient dans la voix de son ami. Il avait sans doute tors, alors à quoi bon ? Il avait enregistré la leçon sur les alliés, nul besoin d’en rajouter une couche et de contredire pour le plaisir en disant des sottises.

- C’est …euh j’ai compris, se rattrapa-t-il avec un sourire gêné.

Alexandre lui cita ensuite des alliés vers qui se tourner, dont il enregistra les noms, bien qu’il connût déjà un peu Christine de Pizan. Il avait illustré son propos sur les femmes par Eve et le peintre rebondit dessus d’une manière qui le surpris. Le jeune se concentra avant de délivrer sa réflexion, qu’il espérait à la hauteur des attentes d’Alexandre.

Il pensait avoir réussi, mais s’était visiblement fourvoyé, puisque son professeur d’un jour et ami l’enjoignit à laisser tomber cette première question. Il poursuivit sur une histoire d’envie pressante et de salon enténébré qui finalement ne l’était pas. Le jeune homme l’écouta d’un air perplexe, sans oser l’interrompre, jusqu’à ce qu’il lui demande s’il comprenait. Puisqu’on lui posait directement la question, il supposa qu’il pouvait répondre sans qu’on ne lui reproche d’avoir coupé la parole.

- Euh oui… J’avoue avoir un peu de mal à vous suivre…

Toujours aussi gentil, Alexandre lui proposa ensuite un nouvel exercice. Trouver des points communs entre Eve et Pandore… Où était le piège ? Il y en avait forcément un quelque part, pourquoi passerait-il ainsi de l’histoire du serpent à celle de Pandore sinon ? Après une longue réflexion peut fructueuse, il décida de lui faire une liste pêle-mêle et de voir ensuite ce qui en ressortirait.

- Et bien… elles sont toutes deux les personnages centraux d’un apologue, ce sont des femmes… elles ont toutes deux succombé à la tentation et à la curiosité malgré un interdit… et…. Et leur histoire met en garde contre la désobéissance et la curiosité mal placée. Je crois que c’est tout… je n’en voit aucun autre…

La conversation glissa jusqu’à ce qui avait fait d’Alexandre un esclave et se poursuivit sur sa propre aventure au lupanar, proprement ridicule. Son récit poussa le jeune homme à changer de sujet pour s’éloigner définitivement de la soirée de la veille. Sans qu’il le veuille vraiment, ils en revinrent aux choses de l’amour, d’une manière bien plus convenable et moins embarrassante, puisqu’il n’en était que l’auditeur curieux.

- Mais… vous n’êtes pas trop malheureux qu’elle en épouse un autre ? Pourquoi ne pas l’avoir demandée en mariage ? Confronté à votre amour, son père n’aurait pu qu’accepter non ?

Nehalan repensa au soufflet auquel il avait eu droit après le procès. Il en aurait mérité un ici aussi. Quel idiot !

- Pardonnez-moi je n’était pas à ma place, tenta-t-il en se grattant la nuque. Pourvu que cela atténue son erreur !
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Message par Alexandre Mar 25 Mai - 19:01

Leur conversation au sein de cette taverne ressemblait à un "change entre un maître et son élève, tel que Socrate aurait pu le faire autrefois à Athènes. Ils se trouvaient à présent à disserter sur les sous-entendus et les leçons à tirer des analyses des textes qui ne devaient pas être lus de manière littérale mais approfondies. Sa métaphore de l'ombre et la lumière dans une pièce semblait avoir du mal à faire son chemin dans son esprit. Le garçon avait besoin de paroles plus concrètes.

"En résumé, pour toute chose, il n'est que question de point de vue. Par exemple, un parent interdit à un enfant de lâcher sa main en sortant. Pour le parent, c'est afin de garder en vie l'enfant qui pourrait être attraper par un carrosse ou un cheval. Cependant, du point de vie de l'enfant, cette décision lui parait injuste, lui il aurait envie de gambader.  Les deux visions sont-elles fausses ? Non. Elles coexistent, c'est tout. La vie est ainsi. Pour toutes situation, il y a différents points de vue et aucune n'est généralement mauvaise. Elles ne font que refléter les aspirations de ceux qui les pensent."

Il espéra que cette explication serait plus évocatrice, puis se décida de le soumettre à une nouvelle analyse. Cette fois, une comparaison de deux mythes. Comment s'en sortirait-il ? Alexandre garda le silence pour laisser Nehalan se concentrer. Après réflexion,  le jeune homme sortit une analogie basée sur la culpabilisation. L'infirme esquissa un sourire  et reprit :

"L'analyse est bonne et c'est le message tel que l'émetteur souhaite faire passer. Néanmoins, si on analyse ces mythes en profondeur, on réalise que chaque fois c'est une femme qui sert de boucs émissaire pour la morale de ces mythes. De Eve s'est développée cette idée malsaine que la femme serait faible, influençable et ainsi soumise à l'homme. Pourtant, même si elle cueillit la pomme, Adam n'en est pas moins coupable de l'avoir mangé. Quant à Pandore, on la blâme pour sa curiosité mais e oubliant que celle-ci fut la conception des deux afin de se venger de l'humanité à laquelle le titan Prométhée a offert le feu. Elle n'a été que le jouet de puissances qui la dépassaient, dépourvue de libre arbitre. Ces constructions littéraires imprègnent dès notre plus jeune âge et nous confortent dans l'idée que la femme est inférieure."

En prononçant ces paroles, son esprit songea à la révolte de Bérénice qui s'offusquait que la littérature n'offre aucune rôle d'héroïne aux femmes. Il pensa ensuite à Leyria, si espiègle sur cette échelle qui aspirait à être chevalier.

"Dans tous les ouvrages et toutes les histoires que vous avez pu avoir connaissance, vous souvenez d'une femme ayant un rôle notable ? Bien sûr que non. Elles ne servent qu'à valoriser le héros, en étant le plus souvent la demoiselle en détresse ou l'objet de ses désirs. Pourtant, les femmes sont fortes, endurantes, coureuses, elles méritent que l'on vante leurs capacités et qu'on les valorise."

Il prit son verre pour boire une gorgée de jus de fruits, songeant à cette discussion intéressante entre Bérénice et Boréalion. Il lui tardait de lui soumettre ses premiers chapitres. Le regard d'une femme comme elle ne pourrait que l'aider à produire un excellent roman.

Peu après, leur conversation passa un sujet bien plus léger, celui de l'amour, lorsque naïvement le garçon demanda pourquoi il n'épouserait pas cette femme qu'il aimai. Alexandre étouffa le rire qui l'envahissait à la vision de faire sa demande à Coldris pour obtenir la main de son fils. C'était encore plus drôle que de visualiser Alduis dans la robe de Bérénice.


"On se marie rarement par amour, Nehalan, contrairement à ce qu'on lit dans les romans. Les unions sont avant toute chose des alliances initiées par les familles et les enfants n'ont que peu de mot à dire. Mais ceci ne constitue pas un problème. Elle et moi continueront à nous fréquenter. Cela ne rend que la romance plus belle que se voir clandestinement."

Nehalan réalisa soudainement l'embarras que sa question pouvait susciter mais Alexandre l'apaisa d'un sourire.

"Il n'y a nul mal, mon garçon. Cela ne me dérange pas d'évoquer ma vie amoureuse."

Tout en fournissant cette réponse, Alexandre vida sa coupe et sourit. Dans cette taverne, cette conversation était même une bénédiction. Elle permettrait de répandre quelques rumeurs peut-être et de dissourdre les soupçons sur ses charges de sodomites.
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Message par Nehalan De Torienel Jeu 27 Mai - 18:58

Cet exemple-là était bien plus parlant. Pourquoi n’avait-il pas commencé par là tout simplement ? L’histoire de lumière était-elle sensée parler à tout un chacun pour que lui ne songe pas tout de suite à quelque chose de plus concret ? Cela voulait dire qu’il était stupide alors… était-ce vraiment une surprise ? Tout s’expliquait s’il était stupide. Tout le monde se comportait avec lui comme acec un ennfant ? C’était parce qu’il était stupide. Il ne comprenait rien à rien ? On ne peut plus normal, il était stupide. Il avait été au lupanar et échoué lors du procès ? Stupide. Il avait écrit à Coldris de Fromart ? Stupide.

Cette révélation tordit son cœur d’une étrange manière. Il avait mal, vraiment mal, mais n’était-ce finalement pas yne explication qu’il attendait depuis longtemps ? Il était stupide, mais cela pouvait peut-être changer n’est-ce pas ?

Nehalan s’appliqua à ne rien montrer à Alexandre, dont il écoutait les explications avec une attention redoublée. Il hochait la tête d’un air convaincu, ponctuait cette danse de « oui » réguliers, auxquels il ajoutait parfois des « je comprends ». La résolution de l’exercice lui fit manquer le coche. Tout paraissait si évident, il aurait dû y penser, s’il n’avait pas été stupide. Ne lui restait-il plus qu’à se résigner ? Il aurait beau lire tous les livres qu’il voulait, que cela changerait-il au final ? Il était définitivement stupide. Un aveugle analphabète aurait compris plus vite que lui.

Oui les femmes étaient tout ça. Il le croyait sur parole. Léontine correspondait parfaitement à cette description. Elle servait dans la famille depuis la première grossesse de sa mère sans faillir, était toujours prête à l’écouter, à raconter des histoires, à rassurer, elle était restée à son chevet quand il était malade, sans rien montrer de son désespoir.

La suite de la discussion, bien que douloureuse, eut le mérite de le ragaillardir. Il était affreusement stupide mais ça ne l’empêchait à priori pas de devenir fort. Il pouvait au moins essayer. Cela n’enlevait pas le fait que cette conversation était beaucoup trop centrée sur lui à son goût. L’heure était venue de s’intéresser à Alexandre. Chacun son tour. Ils parlèrent donc de la femme qu’il aimait et de son mariage prochain avec un autre. Le jeune homme invoquait le caractère arrangé des mariages pour se justifier. Oui il le savait pertinemment ça et d’ailleurs…

- Mais c’est de la trahison ! ne put-il s’empêcher de s’exclamer avant de plaquer soudainement ses mains sur sa bouche.

Ce n’était vraiment, vraiment pas le genre de phrase à crier à la légère au milieu d’une auberge bondée. Fort heureusement, il n’avait pas parlé trop fort, puisqu’il ne distingua qu’une ou deux têtes se dresser quelques secondes avant de retourner à leur occupation première. Il s’excusa pour son indiscrétion mais Alexandre le rassura d’un sourire.

- Vous… Vous êtes sûr que cela ne vous dérange pas ?

Nehalan hésita encore quelques minutes, puis fini par se jeter à l’eau, rassuré par la figure apaisante d’Alexandre.

- En ce cas… pardonnez-moi d’en revenir à cela alors que c’est un sujet que je n’apprécie guère et que vous avez accepté de ne plus en parler mais… cela me perturbe et m’intrigue trop…

Musique d'accompagnement:

Il baissa la tête sur son assiette. Il n’aurait pas dû. Qu’allait-il penser ? Il signifiait clairement ne plus vouloir en entendre parler, on l’y autorisait, et à présent il se jetait dans la gueule du loup ? Il allait le prendre pour un fou. Pourtant il continua, et à mesure qu’il formulait ses questions comme on énonce une liste de courses, sa langue se déliait et sa gêne se calmait peu à peu, sans pour autant disparaître complètement, ainsi qu’en témoignaient ses mains moites qui tripotaient les manches de son pourpoint.

- Je... je suis conscient que les histoires ne sont pas des portraits fidèles de la réalité, je sais ne pouvoir m'y fier pour trouver réponse sûre à ces interrogations... Je... que ressent-on lorsque l'on tombe amoureux ? Comment fait-on pour se rendre compte que c'est le cas, pour en être sûr ? Et comment savoir que l'être désiré éprouve les mêmes sentiments ?

Le jeune homme fit une pause pour laisser à Alexandre le loisir de répondre. Il prit ensuite un morceau de légume pour se donner du courage et poursuivit ses investigations d'ordre purement scientifique en rosissant.

- Je me demandais également... Puisque vous avez déjà... f-fait l'a-mour commença-t-il alors que l'expression restait coincée dans sa gorge. Il la répéta avec plus d'assurance. Le tout était de se lancer, tout irait mieux par la suite.

- Puisque vous avez déjà fait l'amour, je me demandais... ce que l'on ressent. Enfin pas dans les détails, surtout pas, ne vous méprenez pas mais je en fait je me demandais si enfin à quoi pourquoi... cela procure du plaisir.

Il avait craché le morceau. Enfin. Nehalan aurait dû se sentir délivré d’un poids mais cette question posée laissa la place une autre, et une autre encore. Des questions de plus en plus nombreuses, attirées par le vacarme que le sujet ^produisait dans son esprit, qu’il n’oserait poser. Et encore miins dans une auberge où tout un chacun pouvait les écouter et en avait sûrement déjà bien trop entendu.
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Message par Alexandre Jeu 27 Mai - 22:35

La conversation se poursuivait tranquillement et Alexandre en profitait pour instruire subtilement Nehalan. Apprendre les subtilités du langage et à analyser les situations prendrait du temps, comme pour tout apprentissage mais cela viendrait. Il lui faisait confiance. Certains plantes mettaient beaucoup plus de temps avant d'éclore et de laisser éclore une magnifique fleur. De fil en aiguille, ils en vinrent à aborder sa propre vie amoureuse. Le garçon se montrait sincèrement enthousiasme sur cette histoire et curieux. Naturellement, le sujet les amena à parler de mariage et ceux-ci se concluaient rarement de manière romantiques. Contrairement aux beaux romans, il ne s'agissait que documents administratifs qui ne faisaient que fixer les situations deux individus.

Soudain, Nehalan s'insurgea et s'exclama que voir son amant clandestinement était de la trahison. Alexandre eut un sourire triste. Il se revit au même âge, à croire que les mariages unissaient deux êtres qui s'aimaient, ou au moins s'appréciaient, et qu'aucun des deux ne pouvait voir ailleurs. La fameuse phrase sortie à Coldris lors de leur toute première rencontre lui revint aussitôt à la mémoire. Il se souvint ensuite de ce que le ministre lui avait peu après sur le libertinage.


"Les mariages ont beau être prononcées devant Dieu et demande de prêter serment de fidélité mon garçon, ils n'en restent pas moins vides quand ils ne sont organisés que par but d'alliance. Les maris vont librement au lupanar ou avec des maîtresses, pourquoi serait-ce une trahison pour la femme de ne pas avoir elle aussi un amant ? Pourquoi devrait-elle subir la solitude et le délaissement ?"

Quand avait-il commencé à penser d'une telle manière ? Probablement en tombant amoureux d'Alduis. Il comprenait ses moqueries sur le sujet. Se rappeler de sa bêtise sorties avec une telle naïveté et découvrir l'évolution, il y avait de quoi s'étouffer de rire même.

"Vous savez, Nehalan, l'an dernier, j'ai rencontré pour la première fois Coldris de Fromart dan un lupanar alors que je recherchais un certain prêtre stupide et il m'accueillit. Je pensais alors comme vous. Face à ses explications, je lui ait répliqué que la sexualité ne pouvait se pratiquer que dans le cadre du mariage et de la procréation. Peu à peu, en réalisant la solitude de bien des épouses, j'ai réalisé qu'il avait raison."

Les quelques clients de la taverne continuaient à les épier. Alexandre réprima un sourire, satisfait. Cette conversation était idéale pour implanter l'idée qu'il s'intéresserait aux femmes, tel un homme était supposé le faire. Il sourit à Nehalan qui s'iquiètait de l'importuner.

"Non, tout va bien, mon garçon, rien de ceci ne me gêne."

La discussion et l'offre brisèrent peu à peu les réserves du jeune homme qui s'enhardit à lui poser des questions très personnelles mais qui se révélaient somme toute naturelles. Que ressentait-on une fois amoureux ? Et comment savoir si l'autre éprouvait des sentiments réciproques ? Des interrogations excellentes et qui troublaient la raison des humains depuis l'aube de l'humanité. Les clients avaient retournés à nouveau la tête, de plus en plus captivés par le spectacle.

"Quand vous êtes amoureux, vous vous sentez bien. Vous souhaitez être avec la personne que vous aimez, vous pensez à elle quand elle n'est pas là. Et bien sûr vous la désirez. Quant à s'en rendre compte, c'est une évidence. Quand cela vous arrivera, vous saurez. En revanche, pour savoir si nos sentiments sont réciproques, eh bien, comme beaucoup de choses dans ce monde, il faudra trouver le courage de se confesser pour découvrir la vérité."

De sa propre expérience, lui n'avait jamais eu connaître cela. De ses histoires, les choses étaient venues naturellement et il savait ce que ses amants pensaient. Néanmoins, cela devait arriver d'aimer à distance, sans pouvoir parler à l'autre de ses sentiments. Quelle torture !

La question suivante se révéla plus délicate. Alexandre éprouva pendant une courte minute un flottement puis se reprit. Naturellement, attirés par la discussion, plusieurs clients s'étaient levés et approchaient. Le jeune homme se força à rester impassible mais hésitait intérieurement. Que raconter ? Il ne savait rien de la sexualité avec une femme. Après un temps de réflexion, il se décida à proposer une réponse évasive.


"Il s'agit de sensations indescriptibles, elles se ressentent, mais elles sont euphorisantes et donnent l'impression que vous vivez le meilleur moment de votre existence."

Alexandre espérait avoir fourni une réponse satisfaite. Derrière un visage bienveillant, il dissimulait son inquiétude. Nehalan risquait-il de l'interroger sur un autre sujet aussi difficile ?

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Message par Nehalan De Torienel Jeu 3 Juin - 15:38

Alexandre comptait inciter son amante à trahir son époux pour le voir lui. C’était abject. La jeune femme en question appréciait peut-être son fiancé, et le respectait sans doute. Et lui qui parlait de se marier lors de leur rencontre à l’église, il comptait trahir aussi ? Quel intérêt dans ce cas ? Sa justification sur les femmes délaissées ne fit que le révolter davantage.

- Dans votre exemple, ce n'est pas la femme la traitresse, mais bien le mari qui se parjure en allant visiter d'autre couches ! Un mariage est un serment, que les deux êtres s'apprécient ou non, ils se sont juré fidélité.

Le jeune continua sur sa lancée, en évoquant de nouveau Coldris de Fromart. Plus il en apprenait sur lui, moins Nehalan parvenait à cerner le personnage. Qui était ce Coldris ? Il était ministre, ami avec un prêtre débauché, débauché lui-même, il se jouait des gens mais suscitait le respect. Tout cela lui donnait l’impression d’un fouilli sans queue ni tête auquel il aurait bien aimé pouvoir donner un sens.

Et Alexandre alors ? Il était pieux, gentil et digne de confiance mais prévoyait de se parjurer avant même d’avoir prononcé ses vœux et d’inciter celle qu’il aimait à faire de même. Et comment un homme débauché comme le ministre pouvait-il avoir raison sur le délaissement des femmes ? Alors qu’il devait sans doute chercher à justifier sa conduite ?

On venait de lui mettre une grosse pelote de laine complètement emmêlée entre les mains et il ne savait qu’en faire. Les nœuds étaient normaux pour eux mais pour lui qui ne les comprenait pas, ce n’était qu’un truc inutilisable sur lequel il allait passer des heures à s’échiner pour tâcher d’en tirer quelque chose.

Nehalan croisa les bras et s'enfonça sur sa chaise dans une attitude boudeuse, sans prêter attention aux regards curieux des autres clients.

- La solitude des épouses n'est due qu'au comportement de traître de leur mari, lui-même engendré par l'absence d'amour pour consolider un mariage. Comment deux êtres qui ne s'aiment pas pourraient vivre l'un avec l'autre pour toute une vie ? Un mariage ne devrait que célébrer l'amour et non des alliances qui n'intéressent que les pères.

Leur conversation se poursuivit sur la vie amoureuse d’Alexandre, à qui il se décida à poser ses questions, non sans s’être assuré que cela ne dérangeait pas l’intéressé. La réponse se révéla des plus évasives mais cela lui suffit pour comprendre qu’ Alejandra, ce n’était pas cela.

- Oh… je vois…

Il tourna sa tête vers la fenêtre pour poser sa question suivante, beaucoup plus difficile et personnelle, ce qui lui permit de remarquer que la pluie avait cessé et que les rues se repeuplaient petit à petit, à mesure que certains clients quittaient l’auberge. Ce n’est que lorsqu’il remarqua qu’Alexandre mettait drôlement de temps à répondre qu’il se décida à regarder de nouveau dans sa direction.

Il en écouta à peine les explications de son ami, les joues de nouveau rouge pivoine de voir tout ce public rassemblé autour d’eux. Il ne pleuvait plus, ils n’avaient rien d’autre à faire, que de les écouter ?

Pris d’une audace qu’il ne se connaissait pas, il se leva d’un bon, toujours aussi rouge et se mit à crier d’une voix forte et bredouillante qu’ils feraient mieux de retourner travailler au lieu de rester plantés là, parce qu’il ne pleuvait plus. Il était noble après tout, il devait disposer d’une certaine forme d’autorité.

Tous éclatèrent de rire, si bien qu’il crut qu’ils ne partiraient jamais. Pourtant les clients s'exécutèrent, quittant l’établissement ou retournant à leur table, mais sans continuer de les regarder tels des animaux de foire. L’aubergiste lui jeta un regard noir et Nehalan se rassit, tout tremblant.

- Pardonnez-moi… leur présence était… euh… malséante.

Il laissa échapper un rire gêné puis tenta de se reconnecter à la conversation, en vain. Il ne se souvenait plus de ce que lui avait dit son ami concernant sa dernière question.

- Je… est-ce que vous pourriez, vous répéter, s’il vous plaît ? demanda-t-il sans oser le regarder de nouveau.
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Message par Alexandre Ven 4 Juin - 18:46

Nehalan n'arrivait pas à se détacher de cette vison de la trahison que représentait de briser le vœu de fidélité que les mariés prononçaient et Alexandre le comprenait. Pendait longtemps, il avait partagé cette vision.

"Quand les unions sont bien assorties et qu'une inclinaison existe, ces serments sont respectés. Malheureusement, elles sont la base d'alliance entre les familles et l'amour n'y a guère sa place. C'est pourquoi on peut comprendre que les époux cherchent ailleurs leur bonheur. Si vous ne souhaitez pas rompre vos vœux, Nehalan, ce qui est tout à votre honneur, trouvez une femme que vous saurez être un jour d'aimer."

Alexandre préféra ne pas ajouter que cela serait difficiles. Les jeunes femmes obéissaient aux intérêts d'un père et peu oseraient regarder vers un garçon timide et maladroit. Autrefois, il croyait en Cupidon qui inspirait l'amour mais avait compris depuis avec une certaine amertume que les choses étaient rarement aussi simples qu'une flèche tirée en plein coeur. Car, même atteint, la personne charmée pouvait résister et se dérober.

Néanmoins, à l'attitude boudeuse que prenait Nehalan, semblable à celle d'un enfant, Alexandre devinait que celui-ci avait besoin de mûrir. Cela viendrait. Avec le temps et l'expérience, il apprendrait pas à pas et s'affranchirait de ses conduites irréfléchies. Si cela lui était possible, il l'aiderait en ce sens et pourrait être fier d'assister à l'éclosion d'une magnifique fleur.

Son compagnon prouva une nouvelle fois fois son immaturité en posant des questions fort indélicates de manière bruyante. Il n'y avait rien de pire pour attirer l'attention et les rires des autres clients. Alexandre n'y prêta que peu attention et s'efforçant de rester impassible, même en répondant à ses deux interrogations plus que personnelles. La première se révéla finalement facile. La seconde, en revanche, demandait une transposition difficile à réaliser.

Alors qu'il terminait une explication qui lui semblait bien maladroite, Nehalan eut une conduite plus que stupide en apostrophant les clients qui raillaient leur conversation. So regard se tourna instinctivement vers ses béquilles posées contre la table. Depuis la table, il savait que montrer son agacement ou sa colère était le meilleur moyen de susciter plus de rire encore. An contraire, demeurer de marbre éloignait les vilains plaisantins.

Lorsque Nehalan se rassit, tentant de justifier son geste, Alexandre secoua la tête.


"il n'y a rien de pire que ce que vous venez de faire, mon garçon. Les gens aiment rire. Pour un rien. Même si cela est agaçant, mieux vaut ne rien faire du tout. Ils se lasseront les premiers. Mais si vous souhaitez réellement intervenir, ne criez pas comme ça. Soyez ferme et utilisez peu de mots. Observez plutôt."

Alexandre se tourna vers l'aubergiste, qui venait d'adresser un mauvais regard à Nehalan et le fixa d'un air austère. Il déclara d'une voix voix ferme :

"Monsieur, je vous prierais de vous excuser auprès de mon ami. Sa manière a été maladroite mais ce ne fut pas lui le plus en tort."

Le tenancier éclata de rire et répliqua :

"Je vois pas pourquoi je m'excuserai à deux gamins prétentieux. Surtout que l'un d'eux n'est qu'un esclave."

Le jeune homme serra les dents face à l'affront. Cela se paierait. Prochainement, cet homme apprendrait sa nomination et il reviendrait dans cette taverne pour constater comment il le traiterait alors. Pour le moment, la question n'en était pas làe t il reporta son attention vers son ami.

"Je crains que cet endroit ne soit pas propice pour de tels sujets. Et si nous retrouvions ailleurs pour discuter de tout ce qui vous pouvez avoir encore à l'esprit ?"
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Message par Nehalan De Torienel Ven 18 Juin - 16:21

Alexandre n’avait pas la même vision que lui d’un serment visiblement. Un serment on le respectait, quoi qu’il en coûte, cela lui paraissait logique. Et puis le bonheur pouvait sans nul doute se trouver ailleurs que dans l’amour, il n’y avait aucune raison qu’être heureux se limite à cela… Dans tous les cas, il n’y avait pas de raison qu’on l’empêche de faire un mariage d’amour, si c’était ce qu’il voulait. Après tout, il ne représentait rien d’important pour la succession, les héritages ou le prestige de la famille.

- Je ne suis pas héritier alors… je ne vois pas pourquoi on aurait besoin de moi pour sceller des alliances. Avec deux frères aînés, mon père devrait avoir eu ce qu’il lui fallait non ?

Dire une telle chose le dégoûtait. Pourquoi Alban et Jehan devraient-ils être utilisés ? Pourquoi qui que ce soit devrait-il être utilisé ? Et comment pouvait-il dire de telles choses à propos de ses frères, qu’il chérissait, malgré leurs absences prolongées ?

- Je… Oubliez ce que je viens de dire, c’était stupide.

Stupide. Tel était le mot. Nehalan se montra moins coopératif pour la suite. Il n’aurait jamais dû parler ainsi de ses frères. Il enchaîna ensuite avec une nouvelle réaction stupide, qui lui valu une nouvelle réprimande en plus de moqueries bien méritées. Ane bâté un jour, âne bâté toujours, pensa-t-il avec amertume.

Alexandre lui avait demandé de se taire et d’observer et c’est ce qu’il fit, alors que l’aubergiste en colère s’approchait d’eux. Nehalan jeta un regard à son ami. Ce n’était pas vraiment plus efficace et ce qu’il venait de leur répondre était vraiment méchant. Alexandre n’avait rien fait de mal lui. Le jeune homme se mordit la langue. Il ne devait rien dire. Rien dire. Alexandre avait dit que ce serait pire et qu’il ne devait rien dire alors il se tairait. A moins qu’on ne lui pose directement une question bien entendu. Il jeta un sourire gêné à l’aubergiste grincheux et suivit ce que lui demandait Alexandre. Il lui disait de se taire, il se taisait, il lui posait une question, il répondait. Ni plus, ni moins, et tout irait bien.

- Vous avez raison. J’eu mieux fais de me taire. Après un court silence, il reprit :

- Il ne pleut plus, que diriez-vous d’achever cette discussion à l’extérieur ? Je me demandais par ailleurs, si… vous aviez reçu mon invitation, en décembre dernier ?

Nehalan n’affectionnait pas particulièrement les mensonges. Il eut été malhonnête de dire qu’il n’avait été blessé de ne voir personne le 15 décembre. Il avait patienté toute la journée, ses espoirs de le voir venir faiblissant à mesure que le temps filait. Il ne pouvait toutefois se résoudre à penser que ce manquement avait été volontaire, aussi s’échina-t-il à ne transmettre aucune déception dans sa phrase, sans vraiment savoir si cela serait efficace.
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[1 janvier 1598, fin de matinée] Deux jeunes âmes à la taverne  Empty Re: [1 janvier 1598, fin de matinée] Deux jeunes âmes à la taverne

Message par Alexandre Ven 18 Juin - 17:21

Alexandre couvait le jeune homme devant lui d'un regard paternaliste. Il appréciait ce regard qui s'agaçait du bafouement des valeurs. Il avait du coeur du garçon. Malheureusement, dans ce monde, avoir du coeur, c'était souffrir. Et il semblait déjà commencer à expérimenter les mauvaises choses. Il devait s'endurcir ou il finirait brisé.

"Un père ne possède jamais assez d'enfants quand il souhaite établir des alliances. Ce n'st pas forcément une chose hoteuse. Un enfant peut choisir avec son père de son devenir et réfléchir avec lui à quelles orientations il souhaite prendre. Naturellement, bien sûr, cela dépendra de l'ouverture du père."

Nehalan rougit soudain, honteux de ses paroles. Alexandre secoua la tête d'un air doux.

"Moi, vos questions et vos réflexions ne me gênant pas. Sentez-vous libre de les formuler en ma présence. Il se révèle vital de savoir exposer nos troubles à voix haute plutôt que les converser brûlantes dans notre poitrine, à hanter nos pensées."

En parlant de choses stupidités, Nehalan en réalisa une bien plus embarrassante que de poser des questions qui remettaient en faisant cette scène d'autorité qui lui allait mal au beau milieu de la taverne. Alexandre le sermonna et opina de la tête à sa proposition de sortir. Ils seraient effectivement mieux à l'extérieur après un pareil scandale.

En sortant, Alexandre médita à al question posée et se rappela cette invitation à jouer du clavecin. Quelques jours plus tard, il avait subi cette arrestation, puis Coldris l'avait racheté. Le carton avait dû se perdre dans cette série d'événements. Le jeune homme s'inquiéta que Nehalan puisse lui en tenir rigueur. et s'excusa aussitôt.


"Je vous prie de me pardonner, Nehalan, mais je jure devant Dieu n'avoir jamais reçu votre carton. Il s'avère toutefois possible qu'il y ait eu... détournement. Peu après notre rencontre, j'ai été fort occupé, puis, j'ai été racheté par un autre propriétaire à mon précédent maître. Je suis peu retourné à l'église. Accepteriez-vous de me la renvoyer, mais cette fois directement chez mon maître, à mon nom ?"

Alexandre réprima un sourire en songeant à la tête que son ami allait faire à en entendant le nom de son maître.

"Je suis l'esclave de Coldris de Fromart, le fameux ministre des affaires étrangères."

Il observa avec inquiétude son ami redoutant que celui-ci ne fasse un malaise suite à une telle révélation.

"Nehalan ? Vous allez bien ?"
Alexandre
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[1 janvier 1598, fin de matinée] Deux jeunes âmes à la taverne  Empty Re: [1 janvier 1598, fin de matinée] Deux jeunes âmes à la taverne

Message par Nehalan De Torienel Sam 19 Juin - 17:33

Père n’avait pour ainsi dire jamais évoqué la question de son mariage avec lui. Il ne savait rien, si ce n’était qu’un jour, il lui faudrait sûrement se résoudre à suivre la norme. La seule chose dont il était certain, c’était qu’il n’était pas déjà fiancé.

- Père ne… je ne sais pas ce qu’il fera, admit-il finalement, tête basse.

Il n’aurait pas dû parler ainsi d’Alban et Jehan, ni de leurs épouses. Et Alexandre n’en savait en toute logique pas plus que lui sur les plans d’avenir de son père. Cette question n’était pas stupide mais la poser à lui ne l’avançait à rien. Il aurait dû se taire.

- Si vous le dites…

Ils convinrent ensuite de sortir, et Nehalan en profita pour lui demander les raisons de son absence le 15 décembre, avec une légère pointe d'amertume. Il avait joué quand-même ce jour-là, avec moins d'entrain que si son ami avait été là pour l'écouter. Jouer lui faisait du bien, alors cela l'avait un peu apaisé.

Tout en se glissant parmi les derniers clients, Alexandre lui expliquait pourquoi il n’avait pas reçu son carton. Un détournement… mais pourquoi ? Il s’apprêtait à ouvrir la bouche pour chercher à décortiquer les évènements quand le nom prononcé par celui-ci lui fit oublier tout le reste. Il continua à marcher distraitement, sans le quitter du regard, estomaqué. Coldris de Fromart… encore lui. Coldris Fromart. Coldris de Fromart. Pourquoi fallait-il qu’il revienne encore et encore celui-là ?

Personne ne va te manger.

On aurait dit pourtant… entre les rires, les sourires étranges que sa nuit courte pour ne pas dire inexistante transformait à présent en rictus carnassiers et ceux qui se dévoraient littéralement la bouche aux yeux de tous, il y avait de quoi se poser la question.

Ose me dire que cette vue ne te plaît pas et que ta curiosité n’est pas suscitée.

Coldris de Fromart. Fourbe. Manipulateur.

Et il allait devoir écrire à son domicile ? Une nouvelle fois ?

Nehalan revint brutalement à la réalité. Dans la réalité où les portes se dressaient sur son chemin, et où son corps trop distrait venait de s’écraser sous les rires gras des gens autour d’eux. Le jeune homme recula de quelques pas, sonné. Il porta la main à son nez, d’où s’écoulait un léger filet pourpre, en grimaçant. Allait-il si vite que cela ? Il cligna des yeux, en le regardant se répandre sur ses doigts. Il saignait ? Mais pourquoi il saignait ? Il tâtonna ses poches à la recherche d’un mouchoir et le porta à son nez d’une main tremblante. Il ne devait pas se tâcher. Il ne devait pas se tâcher. Est-ce que c’était son cerveau qui s’était liquéfié sous le choc ? Non ce n’était pas possible. Il leva la tête en arrière. S’il faisait ça, ça ne pourrait plus couler. C’était la gravité. Il ne devait pas se tâcher. A mesure que la journée avançait, la liste de ses bêtises se prolongeait et la durée des réprimandes qui s’annonçaient aussi. Il ne fallait pas se tâcher.

Le pas mal assuré, il continua d’appuyer sur son nez d’une main, et ouvrit la maudite porte de l’autre à tâtons. De l’air frais. Il sortit en vacillant, le regard toujours tourné vers le ciel. Tout aurait dû s’arrêter : c’était logique. Alors pourquoi le petit carré de tissu devenait-il de plus en plus poisseux, jusqu’à ne plus rien absorber ? Pourquoi les mouchoirs étaient-ils si petits ? Faute de mieux, il se pencha en avant pour que le sang coule à la verticale et appliqua ses mains à la place du mouchoir. Ne pas se tâcher, c'était le plus important.
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Message par Alexandre Sam 19 Juin - 19:03

Nehalan ne savait rien des projets de son père et cela n'avait rien d'anormal. Lors de ses dix-sept ans, Alexandre se souvenait bien que ses parents évoquaient la possibilité de le marier, mais il n'y avait pas prêté attention plus que cela. Il considérait que c'étaient des histoires de grandes personnes. Ne lui avaient pas appris à ne pas se mêler des conversations des adultes ? Le jeune homme songeait qu'il aurait malgré tut plus poser de question. C'était de son avenir que l'on discutait à cette époque.

"Je pense, Nehalan, que vous devriez discuter de ces choses avec votre père. Vous êtes en âge de parler avec lui en adulte et comprendre ses intentions à votre égard. par ailleurs, la communication va toujours été le meilleur atout pour lever les incompréhensions."

Autrement, on ressemblait à son père qui refusait d'assumer sa paternité et un tas d'actes inconsidérés. Qui préférait fuir dans une bouteille plutôt que de relever la tête.

Ils se décidèrent finalement à quitter la taverne pour laisser l'aubergiste et les clients que la conduite immature de Nehalan avait froissé. Dehors, Alexandre tressaillit, perplexe, du rappel de l'invitation et plus encore de ne pas l'avoir honoré. Cela le dépassait. Comment avait-il pu ne pas la recevoir ? Une erreur de courrier ? Désireux de corriger sa faute, le jeune homme lui proposa de lui envoyer une nouvelle fois, cette fois à une adresse sûre. Il se douta bien que la révélation du nom de son maitre surprendrait Nehalan mais il ne le crut pas le plonger dans un telle panique. Cet imbécile de ministre s'était véritablement distingué ave lui. Sans parler de son idiot de père. Le pauvre garçon en saignait même du nez. Attristé, Alexandre posa ses béquilles contre le mur et s'approcha, peu préoccupé à l'idée de se sait, pour envelopper son ami de ses bras. ses mains descendirent et prodiguèrent des caresses d'apaisement à Nehalan.


"Calmez-vous. respirez doucement. Tout va bien, mon ami."

Il le garda un temps dans ses bras, jusqu'à le sentir se détendre, puis s'écarta.

"Je comprends que cette nouvelle vous perturbe. Moi-même, comme je l'ai exposé précédemment, je n'ai pas beaucoup aimé Coldris de Fromart. Il peut être froid, désagréable mais peut accomplir de bonnes choses. Il..."

Alexandre se mordit les lèvres tout en cherchant ses mots. Il devait légèrement embellir la vérité pour raconter la suite. Il n'avait pas le choix.

"Il y a peu, j'ai subi une dénonciation calomnieuse qui m'a conduit à la prévôté. Mon maître précédent, le cardinal Cassain, n'a rien fait pour moi. J'aurais pu être brûlé. Le vicomte de Fromart est venu, lui, car il me connaissait un peu, et surtout il connaissait mon père. Je lui dois la vie et la liberté. Et depuis, je travaille sous ses ordres mais c'est un maître intéressant à servir, ouvert au dialogue. Je suis cent fois mieux à Fromart que là où je me trouvais auparavant."

Il omettait naturellement que Coldris l'avait racheté uniquement pour Alduis qui aurait pu accomplir le pire s'il venait à être brûlé en place publique. Pour le reste, rien n'était faux. Alexandre adorait chaque travail que le ministre lui confiait et les conversations qu'ils partageaient se révélaient toujours terriblement enrichissantes.

"Ainsi, envoyez-moi, cette invitation à Fromart, à mon nom. Ne craignez rien, il ne la verra, lui. Malgré la servitude, là-bas, je suis assez libre."

Alexandre était adossé contre un mur pou garder son équilibre tout en contemplant son ami. Il leva le bras et prit la main du garçon en lui souriant doucement.

"Tout ira bien, mon garçon, je vous l'assure."
Alexandre
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[1 janvier 1598, fin de matinée] Deux jeunes âmes à la taverne  Empty Re: [1 janvier 1598, fin de matinée] Deux jeunes âmes à la taverne

Message par Nehalan De Torienel Mer 23 Juin - 16:50

Alexandre avait raison. La prochaine fois qu’il retournerait à Torienel, il poserait la question à Monsieur votre Père. A moins que lui écrire une lettre ne soit à la fois plus simple et plus rapide ? Il ne savait pas quand il serait de retour au domaine familial après tout.

- Vous avez raison. Il ne me reste plus qu’à trouver le courage de lui poser la question, conclu-t-il avec un rire gêné.

La discussion à venir lui importait, mais il pouvait déjà pressentir à quel point elle le mettrait mal à l’aise. Il allait sans doute se faire des idées et lui poser tout un tas de questions embarrassantes. Un nouveau grand moment de solitude semblait s’annoncer.

Les deux jeunes gens convinrent de quitter cette auberge hostile - par sa faute, encore - alors que Nehalan demandait à Alexandre les raisons de son absence le 15 décembre, en espérant que cela avait été suffisamment subtil pour ne pas l’offenser. Il lui sembla que oui, puisque le jeune homme lui présenta ses excuses et l’enjoignit à renouveler son invitation auprès de son nouveau maître, Coldris de Fromart. La nouvelle le surpris tellement, qu’il en oublia d’ouvrir la porte de l’auberge et se mit à saigner du nez.

Tout occupé qu’il était, il ne remarqua pas tout de suite qu’Alexandre s’était approché de lui. Son étreinte apaisante et les mots qui suivirent lui firent écarquiller les yeux. Il était son ami ? Cela voulait-il bien dire qu’Alexandre était son ami ? Il avait un ami ? Un vrai ami ?

- Fai-faites attentions, vous allez vous tâcher… Il va vous punir...bredouilla le jeune homme à mesure que le saignement diminuait.

Nehalan s’en serait beaucoup voulu que son ami - il l’avait bien désigné ainsi ? - soit châtié par sa faute. Au vu du caractère particulier de son maître, la punition risquait d’être affreusement terrible. Sans se soucier des regards mi- intrigués mi- rieurs qu’on leur portait - il n’était plus à ça prêt pour ce qui était de la réputation de sa famille - il ressortit le mouchoir poisseux de sang pour tenter d’essuyer la petite tache qui s’était formée sur l’épaule d’Alexandre, sans grand succès.

Celui-ci en profita pour s'écarter et lui résumer ses aventures du mois de décembre. Ce serait lui, cet enfant de cœur qui avait été arrêté quelques jours avant le procès auquel il avait assisté ? Et son précédent maître n'était autre que le Cardinal Cassin. Comment cela se faisait-il qu'un homme d'église de son acabit puisse moins bien traiter un esclave que Coldris de Fromart ? À moins que ce ne soit un homme de Dieu de la même espèce que ce Thierry d'Anjou et son fils illégitime ?
Nehalan garda ses réflexions pour lui, par peur d'importer Alexandre et se contenta de poser une main compatissante sur son épaule.

- Je comprends. Cela a dû être une terrible épreuve.

En ce qui le concernait lui, le ministre lui avait tout de même tendu un piège et rien ne l'empêchait de renouveler l'expérience. Il enverrait son carton selon les recommandations d'Alexandre mais cela ne l'empêcherait jamais de craindre des représailles ou autres étranges intrigues de la part du vicomte.

- En ce cas, je vous fais confiance. Je vous ferais porter mon invitation dans les plus brefs délais. Il serait malheureux qu’elle se perde de nouveau en chemin.

Les deux jeunes gens bavardèrent encore quelques minutes, puis vint le temps des aux revoir.

- Ce fut un plaisir de vous croiser dans cette auberge. Et…si cela peut vous aider à démasquer le coupable de ce détournement de courrier, je l’ai fait porter à l’église de notre rencontre le 9 décembre.

Le jeune homme le salua d'un signe de la main et s'en retourna à l'hôtel où l'attendait Monsieur Retmer tout guilleret, sans trop penser à l'altercation qui aurait lieu à son retour.
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