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[22 Janvier 1598, après-midi] - Objectif : apprivoiser le poulain [Terminé]

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Message par Bérénice d'Aussevielle Mer 9 Juin - 12:14






Adéis d’Aussevielle, 4 ans



Enfin la pluie s’arrêtait de tomber ! Cela faisait bien une heure (peut-être un peu moins en réalité, mais passons) qu’il était là le nez retroussé contre la vitre du salon à attendre de pouvoir sortir. Adéis en avait marre d’être enfermé. Ici, il y avait toujours quelqu’un pour lui dire d’être sage, de faire attention aux statues, aux armures, aux tapis, aux peintures, aux horloges, aux fauteuils, de ne pas courir et de ne pas sauter et tout un tas d’autres choses ennuyantes et ennuyeuses. À quoi ça servait d’avoir une maison si on ne pouvait faire que s’asseoir et attendre que le temps passe ? Heureusement, grand-père ne disait rien, mais Élisabeth passait son temps à le sermonner. D’ailleurs, il entendait les pas furieux de sa gouvernante dans le couloir, mais resta debout sur le rebord de la fenêtre.

— Que faites-vous donc ici ! Descendez immédiatement.

Le garçon lui lança un regard de défi en rangeant son épée dans sa ceinture.

— Vous êtes intenable ! Que va dire Madame votre mère ? Et que dira Monsieur votre père en vous revoyant ?

On aurait dit qu’elle avait deux petits yeux d’aigles perçants qui attendaient le bon moment pour que ses serres ne se referment sur ses épaules.

– Il dira rien ! Il dit plus rien ! lui jeta Adéis en plein dans la figure avant de s'agripper aux rideaux pour lui échapper.

Il sauta par-dessus le canapé sous ses vociférations de dragon et couru jusqu’à la porte des jardins. Il entendait vaguement les grondements qui l’ordonnaient de « revenir ici tout de suite », mais décida que ce n’était que le bruit du vent soufflant dans ses oreilles. Il ne savait pas où il allait, il voulait juste courir aussi vite que possible et se cacher quelque part où elle ne le trouverait pas. Il avisa les bosquets. Au moins avec sa grosse robe, elle n’allait pas bien vite. Il se faufila à quatre pattes sous un buisson et se fraya un chemin au travers de l’enchevêtrement de branchages avant de ressortir sur un petit sentier. Il jeta un œil derrière lui : personne. Il soupira et se décida à ralentir. Le jeune garçon frissonna, ses mains trouvèrent ses épaules humides et il comprit qu’il avait oublié son manteau dans sa précipitation. Tant pis, il ne retournerait pas là-bas de toute façon. Il dégaina son épée avec rage et commença à martyriser le premier arbre qu’il trouva.

Il en avait assez. Assez. Assez. Assez. ASSEZ !

Les larmes commencèrent à déborder de ses paupières, brouillant sa vision, lorsqu’un coup de trop le fit basculer en arrière.

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Message par Alduis de Fromart Mer 9 Juin - 20:35

Ce fut des petits pas précipités qui attirèrent l’attention d’Alduis. Il releva les yeux un court instant, juste à temps pour voir Adéis se précipiter sous un buisson pour y disparaître. Adéis suivi de… sa gouvernante. Laquelle venait à grands pas dans sa direction. Elle semblait presque agressive, ainsi, et Alduis se demanda ce qu’elle lui voulait. S’il avait été un enfant, il se serait certainement fait tout petit. Mais il avait presque trente ans. Il n’y avait pas besoin d’être effrayé par une gouvernante. Alors il se redressa pour se donner du courage. Et l’accueillir peut-être un peu plus vigoureusement que prévu.

— Excusez-moi, Messire, auriez-vous vu le jeune seigneur d’Aussevielle ?

Alduis marqua un temps d’arrêt. C’était tout ? Il secoua la tête, le temps de se reprendre, et hésita. Il se tourna imperceptiblement vers le buisson où avait disparu son neveu. Il allait le lui indiquer quand il repensa aux mots de son père, deux jours plus tôt, durant leur balade. Les enfants étaient comme des chevaux, ils sentaient les émotions et les absorbaient. Peut-être était-ce l’occasion de briser la glace ? Sans vraiment réaliser ce qu’il était en train de faire, il secoua la tête.

— Non. Je ne l’ai pas vu.

La gouvernante fit alors demi-tour sans demander son reste, pour se metre à la recherche plus active du petit chenapan fuyard. Alduis la regarda partir. Mentir. Il venait de mentir. Pour la première fois depuis… une éternité. Il avala sa salive et dut rappeler aux voix qui s’apprêtaient à parler que ce n’était pas un gros mensonge.

Quand elle fut hors de vue, Alduis se dirigea - presque timidement - vers le buisson en question. Il le contourna. Adéis était tout proche, occupé à marteler le tronc avec la lame de son épée, de toutes ses forces. Alduis suivit le mouvement hypnotique des gestes. Combien de fois avait-il fait une telle chose lui-même, pour tenter de passer ses nerfs ? Il ne les comptait plus et cela même malgré sa mémoire. Il avala sa salive. Il était là, dans son dos, sans oser s’approcher. Il aurait dû pourtant. Il était si proche, à quelques pas à peine. Pourquoi avait-il une subite envie de faire marche arrière et de rattraper la gouvernante pour lui dire qu’il l’avait finalement trouvé ?

Adéis continuait de frapper, encore, et encore, et encore. Alduis ne comptait plus le temps qui passait. Il ne parvenait pas à choisir. S’avancer, partir… Alors il était planté là, à mi-chemin entre les deux. C’était un peu comme être sur le rebord de la fenêtre. Il pouvait sentir les deux choses, les percevoir, mais il ne participait à aucune des deux.

Soudain, Adéis tomba en arrière, entraîné dans son élan. Alduis s’ébroua. Maintenant, il devait choisir.

Vas-t’en.
Tu vas lui faire peur.

Alduis regarda la petite tignasse rousse du jeune garçon. C’était son neveu. C’était un enfant. Les enfants étaient comme les chevaux. Il pouvait le faire. Les voix avaient tort. Et c’était pour se le prouver à lui-même qu’il se décida enfin à faire un pas en avant. Il remarqua alors les discrètes larmes qui glissaient sur les joues d’Adéis. Il avala sa salive mais refusa de flancher. Il se baissa pour ramasser la petite épée et, après un temps, la lui rendit, dans un geste qu’il espérait encourageant.

— Frappe-le encore. Ça fait du bien.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Mer 9 Juin - 22:29






Adéis d’Aussevielle, 4 ans


Adéis frappait, frappait, frappait, frappait encore le tronc. Les vibrations se répercutaient au travers de son bras jusque dans son épaule, mais il n’y prêtait guère attention. Au contraire, plus il avait mal, plus il frappait avec rage le malheureux tronc. Il avait mal jusque dans sa poitrine et les larmes se mirent à couler si bien qu’il ne discerner plus vraiment sa cible. Il ne voulait que frappait, frappait, frappait encore jusqu’à ce qu’il n’en bascule à la renverse et écrase son poing de rage parmi les feuilles humides.

Il n’avait pas senti cette présence qui l’observait comme tapis. Il frappait toujours le sol lorsque son épée de bois apparut subitement dans son champ de vision volant dans les airs. Ses yeux glissèrent de la lame à la garde où une main d’adulte la tenait. Il remonta le bras fantomatique jusqu’au visage balafré du frère de maman. De surprise, il recula sur ses fesses d’un petit mètre à peine. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Depuis quand était-il là ? De nouveau, il lui proposa son arme qu’il prit cette fois-ci par la pointe pour la lui tendre.

— Frappe-le encore. Ça fait du bien.

D’une main hésitante, il empoigna finalement les soies, quelque peu étonné par la situation invraisemblable.

— Mon oncle?

Il posa les yeux sur la lame légèrement cabossée par les assauts répétés et la douleur irradia soudainement dans tout son bras.

— Je suis pas sûr d’avoir encore envie. Je veux juste mon papa... déclara-t-il en regardant une petite larme s’écraser sur le sol.

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Message par Alduis de Fromart Jeu 10 Juin - 7:41

En le voyant, Adéis recula d'un seul coup sur ses fesses. Alduis ne passa pas à côté et il sentit sa gorge se nouait. Il dut lutter de toutes ses forces pour ne pas faire un pas en arrière lui-même. Les enfants étaient comme les chevaux, voilà ce qu'il se répétait. Il ne risquait rien.

Alors il se fit violence pour lui tendre sa petite épée, en la tenant par la pointe. Adéis se décida à la prendre dans sa main. Alduis hocha la tête, sans raison, simplement pour approuver le geste — ou bien pour confirmer bêtement qu'il s'agissait de lui, comme Adéis tentait un mon oncle ? timide et impressionné.

S'il était énervé, il pouvait bien continuer de frapper le tronc avec son épée. Ça soulageait. Alduis savait ce qu'il disait. Mais le petit garçon l'avait déjà fait un certain nombre de fois et il secoua la tête. L'envie était passée avec la chute. Alduis se demandait ce qu'il allait bien pouvoir dire maintenant, mais la petite voix d'Adéis, larmoyante, reprit :

— Je veux juste mon papa...

La gorge d'Alduis se noua. Il n'avait pas revu Démétrius depuis son accident, mais il n'avait pas besoin de cela pour imaginer son état. Il n'en avait pas besoin parce qu'il lui suffisait d'imaginer ce qu'il aurait fait à sa place. Il se serait laissé dépérir. Alors il le comprenait on ne peut mieux.

C'était étrange, de penser que la guerre était à la fois le seul moyen qu'il avait trouvé pour se sentir vivant et à la fois ce qui pouvait le tuer.

Il ne savait pas quoi répondre à Adéis. Ça ne servait à rien de lui mentir. Mais lui dire la vérité semblait un peu trop dur. Alors... Comme un poulain. Il suffisait peut-être d'attirer son attention ailleurs.

— Tu as froid ? demanda-t-il finalement, en constatant que son neveu n'avait pas de veste.

Pour une fois qu'il avait pensé à en mettre une, elle pouvait bien servir à quelque chose. Alexandre n'allait pas lui en vouloir, si c'était pour couvrir Adéis.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Jeu 10 Juin - 14:44






Adéis d’Aussevielle, 4 ans


Il était là, assis sur les feuilles humides, sa petite épée dans sa main qui semblait soudainement trop lourde pour son bras endolori. Il essuya de son poing terreux les larmes qui s’invitaient sur ses joues laissant deux trainées noirâtres. Adéis voulait son papa. Il voulait le voir. Il voulait lui parler. Il voulait s’asseoir sur ses genoux et l’écouter raconter des histoires, comme quand il était revenu à la maison avant son accident.

— Tu as froid ?

Il secoua la tête. En fait si, mais son esprit était trop focalisé sur son père pour y accorder la moindre attention. Tout comme à la froidure qui remontait depuis le sol détrempé. Il lâcha son épée et entoura ses genoux de ses petits bras.

— Je veux rentrer chez moi. Je veux revoir mon papa. répéta-t-il encore.

Ca faisait combien de temps qu’ils étaient ici ? Une éternité. Et ce n’était visiblement pas demain qu’il rentrerait, ni après-demain. Ils devaient rester jusqu’aux fiançailles de son oncle déjà. Et après ? Adéis soupira et bascula la tête sur le coté pour apercevoir Alduis.

— Il doit s’ennuyer tout seul toute la journée.

Il n’était pas exactement tout seul. Il y avait Layla avec lui. Mais quand même. Est-ce qu’il lui manquait ? Est-ce qu’il pensait à lui parfois ? Il passa une main dans ses cheveux fous, là où il avait mis la sienne quand il était venu lui dire au revoir. Ses petits yeux verts commencèrent à se remplir de larmes.

— Vous pensez qu’il a regardé et aimé mes dessins ?

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Message par Alduis de Fromart Jeu 10 Juin - 16:54

Adéis secouait la tête. Non ? Non, il n'avait pas froid ? ... ou bien, un non plus général, pas vraiment réfléchi ? Alduis se frotta la nuque distraitement, à chercher comment réagir à une telle réaction. L'air était quand même frais et assis contre le sol, l'humidité était plus forte. Bérénice ne l'aurait sûrement pas laissé sortir dans cette tenue.

Alors Alduis prit sa décision : il enleva sa propre veste et vint la poser sur les épaules du jeune garçon. C'était bien trop grand pour lui et les genoux remontés contre la poitrine, il aurait pu s'envelopper entièrement dedans et y disparaître. Satisfait, Alduis se redressa avec le sentiment de devoir accompli. Pour le moment, il ne se débrouillait pas si mal ! Adéis n'était pas parti en courant, en tout cas...

Mais ça ne lui disait pas quoi répondre alors que le garçonnet attaquait de nouveau sur le même sujet. Son père. Alduis imaginait bien ce qu'il devait ressentir. En fait, il n'y avait qu'à sentir la détresse dans ses propos. Pourtant, percevoir la douleur de l'enfant aussi nettement ne l'aidait pas. Au contraire.

Il aurait aimé avoir l'aide de quelqu'un pour le guider. Les seuls conseils qu'il pouvait recevoir à l'instant étaient ceux des voix, qui lui disaient de faire demi-tour, qu'il n'était pas de taille. Elles ne comprenaient pas que pour faire une telle chose, c'était trop tard.

— Tu rentreras vite, lui dit-il.

Ils n'avaient sûrement pas la même idée de rapidité, mais Alduis ne s'en rendait pas vraiment compte. Adéis et Bérénice retourneraient, à un moment ou à un autre, à Aussevielle. Cela avait beau sembler une éternité pour son neveu, à ses yeux, ce serait toujours trop court. Il aimait croiser Bérénice dans les couloirs, comme avant, à une autre époque. Il soupira imperceptiblement.

Adéis se tourna vers lui. Ses mains terreuses avaient laissé des traces noirâtres sur ses joues.

— Oui, tu as raison, approuva-t-il. Il doit beaucoup s'ennuyer.

Mais pas seulement parce qu'il était tout seul. Alduis le savait aussi ça. Tout à coup, en regardant les yeux verts qui se remplissaient de larmes, il aurait aimé dire à Démétrius qu'il ne pouvait pas abandonner Adéis. Parce qu'il était son fils et que tous les fils avaient besoin d'un père, d'un regard, d'un geste, de quelque chose qui montrait que l'on comptait à ses yeux. Une chose qui avait trop souvent manqué à Alduis, et que tout à coup, il retrouvait en Adéis quand ce dernier lui demandait d'une petite voix s'il avait aimé ses dessins.

— Tu peux me tutoyer, murmura-t-il, sans vraiment s'en rendre compte.

Et puis, presque naturellement, il s'assit à côté de lui, pour être à son niveau. En passant la main sur son visage, il sentit le relief de sa cicatrice sous ses doigts. Que répondre ? Au fond, il doutait que Démétrius n'ait regardé les dessins. Ou bien il l'avait fait rapidement, d'un regard éteint. Il était néanmoins hors de question de répondre une chose pareille à Adéis et Alduis en avait bien conscience.

— Je pense qu'il les a beaucoup aimés... parce que ce sont les tiens. Mais il ne sait plus vraiment comment le dire. Un peu comme s'il avait perdu les mots, tu comprends ?

Des mots qu'Alduis n'avait jamais eu. Il avala sa salive et conclut :

— Tu sais... C'est difficile d'accepter de ne plus pouvoir se servir de ses jambes... Il faut...

Alduis ne savait pas vraiment ce qu'il fallait. Mais il devait terminer sa phrase. Que ferait-il, lui, s'il ne pouvait plus marcher ? plus se servir de ses jambes ? La simple idée lui glaçait l'échine.

— ... Il faut lui laisser du temps, d'accord ?
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Message par Bérénice d'Aussevielle Jeu 10 Juin - 21:22






Adéis d’Aussevielle, 4 ans

Adéis avait toujours le regard rivé sur les feuilles mortes et poisseuses lorsqu’il sentit qu’on lui déposait quelque chose de chaud sur les épaules. C’était grand et doux comme une couverture. Cela faisait du bien. Il osa relever la tête vers son oncle et lui adressa même un timide sourire. Même ce manteau bien chaud et douillé ne parvenait pas à réchauffer son petit cœur aussi lourd et humide que le sol de la forêt. Tout ce qu’il aurait voulu c’était pouvoir voir son papa et se blottir dans ses bras au coin du feu pendant qu’il lui racontait une histoire.

— Tu rentreras vite

Le petit rouquin d’ordinaire espiègle hocha la tête, pas vraiment convaincu. C’est ce qu’ils disaient tous « vite ». Mais ça voulait dire quoi « vite » ? Lui, tout ce qu’il voyait c’est qu’il allait encore se coucher ce soir et se lever demain, et cela encore plein d’autres jours. Le temps s’étirait à l’infini et il avait l’impression qu’il ne rentrerait pas.  Son seul point de repère était son anniversaire. Bientôt et dans longtemps à la fois. Quand les arbres commenceraient à se réveiller et que la neige aurait normalement disparu.

— Il doit beaucoup s'ennuyer.

Il racla le sol du bout de sa chaussure. C’était pas juste. Pourquoi il restait tout seul ? S’il s’ennuyait et qu’il était triste, Maman et lui devaient rentrer tout de suite ! C’était pas comme quand il était à la guerre. Il était à la maison… Et si personne ne voulait rentrer, il prendrait Didon et partirait à Aussevielle tout seul, voilà ! Comme ça il pourrait lui demander s’il avait aimé ses dessins. En attendant, il pouvait toujours demander à son oncle, non ? Il fut un peu surpris de l’entendre lui demander de le tutoyer, mais acquiesça néanmoins. En fait, c’était bien plus facile alors ça l’arrangeait bien. C’était pénible de devoir dit « vous » aux grandes personnes sans arrêt et puis c’était parfois difficile. Alduis lui donna son avis qu’il écouta avidement. Un peu comme s’il avait perdu les mots ? Il garda un instant le silence, pensif. On pouvait perdre ses mots comme on perdait ses jouets ? Ils s’envolaient comme des petits papillons ? Adéis secoua la tête d’incompréhension.

— Tu veux dire qu’ils sont partis ? C’est pour ça qu’il peut plus parler ?

Après un instant, il écarquilla les yeux à l’idée qui venait de s’inviter dans son esprit:

— Alors il faut les lui rapporter ! On va lui en offrir des nouveaux. Dis oncle Alduis, on trouve ça où des mots ?

Lui aussi lui disait que c’était difficile. Tout le monde lui disait. Maman, grand-père, Alexandre, Hyriel, Monsieur Gargouille… Il soupira. Du temps oui, du temps. C’était pour ça qu’ils étaient ici. Pour lui laisser du temps. Il opina. C'était long. C'était trop long.

— Je sais, monsieur Gargouille m’a dit qu’un jour il trouverait des ailes. Tu le connais bien mon papa, oncle Alduis ? demanda-t-il en laissant tomber sa tête contre son épaule.

Adéis se souvenait bien qu’ils étaient partis à la guerre ensemble. Maman le lui avait expliqué sur le chemin vers Fromart, mais c’était tout ce qu’il savait.


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Message par Alduis de Fromart Jeu 10 Juin - 22:39

Adéis secoua la tête sans comprendre. En fait, Alduis lui-même n'était pas sûr de comprendre ce qu'il disait. C'était venu tout seul. Mais maintenant qu'il devait l'expliquer, les choses lui semblaient beaucoup plus compliquées. Heureusement que le garçonnet lui avait souri peu de temps avant, c'était à cela qu'il se raccrochait pour reprendre : l'idée de ne pas l'effrayer.

— En fait, parler, c'est pas toujours facile. Des fois, on ne sait pas quoi dire. Ça t'est déjà arrivé ? demanda-t-il. Tu vois, moi, ça m'arrive tout le temps. Alors souvent, je ne parle pas trop.

Ce n'était pas si différent que cela pour Démétrius. Le souci, quand on perdait ses mots, c'était que... Il secoua la tête.

— Je ne sais pas, avoua-t-il quand il s'agit de renseigner sur la manière de retrouver les mots. Si tu les trouves, je veux bien que tu m'en donnes un peu aussi.

C'était stupide de dire cela. Il regrettait déjà d'avoir ouvert la bouche. Alors il chercha à se rattraper, du mieux qu'il pouvait, de peur de lui donner de faux espoirs.

— Je crois plutôt que... il faut... lui ré-apprendre.

Enfin, il n'en savait rien. Et entre ces mots, oncle Alduis, dans la bouche d'Adéis le troublait. Oncle... Personne ne l'avait jamais appelé ainsi, parce qu'Adéis était son seul neveu. Oui, il fallait du temps. La vérité, c'était que le temps ne faisait pas tout, et Alduis le savait mieux que personne. Cela faisait deux ans que le typhus lui avait rongé les tripes. Du temps, il en avait eu. Il fallait faire de nouveau confiance à son corps, c'était ça, le plus dur.

D'un coup, la petite tête rousse d'Adéis vint se poser contre son épaule. Alduis arrêta de respirer, comme s'il s'agissait d'un petit oiseau fragile qui risquait de prendre peur et de fuir. Il ne voulait surtout pas qu'il parte. Et pour cela, il devait se détendre. Connaissait-il bien son père ? Au fond, il l'avait toujours connu.

— Oui, dit-il, On jouait ensemble quand on était petits.

Il fit une pause et ajouta, avec incertitude :

— Tu aimerais que je te raconte ?
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Message par Bérénice d'Aussevielle Ven 11 Juin - 10:21






Adéis d’Aussevielle, 4 ans


Perdre ses mots ? C’était un concept un peu flou pour le petit garçon qui ne comprenait pas vraiment encore les choses abstraites de la vie. Lui n’avait jamais de problème pour parler. Les mots passaient de son esprit à ses lèvres sans qu’il ne se rende compte. Et c’était souvent trop tard pour réaliser ce qu’il venait de dire. Ses mots, il les perdait tout le temps, envolé dans la nature comme de petits oiseaux, mais il y’en avait toujours d’autres pour remplacer ceux perdus. Ne pas savoir quoi dire, cela devait être une chose de grand. Il secoua donc la tête en réponse d’un air désolé.

Il fallait retrouver de nouveaux mots pour remplacer ceux qui s’étaient perdus quelque part. C’était un peu comme une quête au fond. Comme quand papa lui racontait la recherche du Saint Graal. C’était rare et précieux. Plus encore que tout l’or du monde. Est-ce que ça faisait de lui un genre de chevalier alors ?

— Je t’en donnerai c’est promis ! C’est important de partager, oncle Alduis, tu sais ? répondit-il en souriant.

L’ennui c’est qu’il ne savait pas par où commencer ses recherches. À la bibliothèque peut-être ? Il y avait plein de mots qu’il ne pouvait pas lire à la bibliothèque. Peut-être qu’Alexandre savait où on trouvait des mots ?

— Je crois plutôt que... il faut... lui ré-apprendre.

Lui réapprendre ? Ses ongles terreux grattèrent le sommet de sa chevelure rousse. C’était comme les bébés qui ne parlaient pas et qui apprenaient à parler alors ? Comment on faisait pour apprendre à parler ? Finalement trouver des mots avait presque l’air plus facile. Peut-être qu’il devrait essayer de faire les deux  à la fois ?

— D’accord, merci. Je vais essayer.

Tout à ses considérations sur le temps nécessaire qu’il ne maitrisait pas et ne comprenait pas plus, Adéis se laissa tomber contre l’épaule de son oncle. Il se demandait s’ils se connaissaient bien lui et papa. Et tout naturellement les mots s’envolèrent jusqu’à ses oreilles. Il ferma même les yeux un instant. Alors ils jouaient ensemble quand ils étaient petits ? Il avait du mal à imaginer Papa et Oncle Alduis petit comme lui, c’était comme s’ils avaient toujours été grands à ses yeux. À quoi ressemblaient-ils  avant ?

— J’aimerais bien avoir aussi un ami pour jouer. commenta-t-il avant qu’il ne lui propose de lui raconter.

Il hocha de la tête contre son bras.

— S’il te plait. fit le garçon d’une petite voix.

Jusqu’à ce qu’il réalise soudainement qu’ils étaient tous deux assis par terre et que leurs vêtements allaient être tachés. Élisabeth allait encore faire les gros yeux et lui dire que sa conduite était indigne d’un petit marquis. Adéis ne voulait pas rentrer au château et surtout il ne voulait pas voir Élisabeth. Il ne l’aimait pas.

— Tu n’aurais pas dû t’asseoir à côté de moi, tu vas rentrer tout sale et te faire gronder.


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Message par Alduis de Fromart Lun 14 Juin - 17:11

C’était important de partager… Adéis avait raison. Et son naturel le touchait bien plus que tout le reste. Il ne s’encombrait pas de choses difficiles à comprendre ou de bonnes manières. Au final, Coldris avait raison : les enfants étaient comme les chevaux. Ils ne pouvaient pas s’offusquer des impairs. C’était rassurant et Alduis, petit à petit, se détendait. Il hocha la tête. Si seulement on avait pu trouver des mots comme les fleurs dans les champs…

Adéis sembla sceptique mais il déclara malgré tout qu’il allait essayer. Alduis se râcla la gorge. La petite tête de son neveu vint s’appuyer contre sa tête quelques secondes plus tard. Alduis n’osa pas en revenir. Alors… cela voulait dire qu’il avait réussi à briser la glace, n’est-ce pas ?

Des amis pour jouer… Il hocha la tête. La seule personne de l’âge du garçonnet qu’il connaissait était la petite Grâce, chez Irène. Mais leur rencontre ne s’était pas passée en de très bons termes. Il préféra ne pas s’y attarder. S’il avait su que les enfants étaient comme des chevaux, peut-être que les choses se seraient mieux passées.

Lui raconter ces quelques fois où il avait joué innocemment avec Démétrius. Les fraises, les histoires, la limace… Tout était clair dans son esprit, encore tout proche, comme si les choses avaient eu lieu hier. Il hocha la tête et ouvrit la bouche pour lui raconter mais la referma. Une question le taraudait. Une question qu’il préféra poser avant de commencer :

— Adéis, tu… n’as pas peur de moi ?

Il se rappelait encore clairement ces mouvements de recul ou ces quelques secondes où son neveu se cachait derrière sa mère. Et…

— Tu n’aurais pas dû t’asseoir à côté de moi, tu vas rentrer tout sale et te faire gronder.

Alduis ne put s’empêcher de sourire à cette remarque.

— Ne t’inquiète pas...

Mais il supposait que s’il faisait une telle remarque, alors … :

— Et toi ? On va te gronder parce que tu rentres un peu sale ?
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Message par Bérénice d'Aussevielle Mer 16 Juin - 15:46






Adéis d’Aussevielle, 4 ans



Adéis se pressait contre le bras de son oncle. Il était impatient. Il voulait savoir ce que lui et son père avaient bien pu faire ensemble lorsqu’ils étaient plus petits. Et puis parler de lui c’était un peu comme s’il était là tout près, même s’il savait que ce n’était pas le cas. Parfois il se demandait s’il n’allait pas l’oublier à force de ne pas le voir, mais maman l’avait rassuré en lui disant qu’il était déjà parti bien plus longtemps et qu’il ne les avait jamais oubliés. Le petit rouquin leva la tête et se suspendit à ses lèvres qui allaient se mouvoir d’un instant à l’autre.

— Adéis, tu… n’as pas peur de moi ?

Il écarquilla les yeux, étonné par cette question, puis recula sa tête qu’il pencha légèrement. Il ne se souvenait déjà plus avoir eu peur de son oncle. C'était comme dans une autre vie désormais. Il n'y avait que l'instant présent qui comptait à ses yeux.

— Tu as déjà vu beaucoup de personnes s’approcher de ce qui leur faisait peur ? Moi j’ai peur des souris. Bah j’aimerais pas les toucher ! D’ailleurs je déteste quand je les entends couiner dans la paille. Un jour je suis parti en courant parce que je voyais que ça bougeait à côté de moi.

Il frissonna au souvenir et retourna se blottir contre son oncle. Elles couraient vite et sa plus grande peur était qu’elles ne montent sur lui et ne l’escaladent ou ne se prennent dans ses cheveux. Ce fut à cet instant qu’il réalisa qu’ils allaient rentrer tout sales au château. Il ne vit pas Alduis sourire, trop occupé qu’il était à observer les feuilles. Il remua la tête en guise de réponse.

— Elisabeth dit que ce n’est pas digne d’un petit marquis que de revenir crasseux comme un gueux. marmonna-t-il


Puis il tira doucement sur sa manche à deux reprises, car lui n’avait pas oublié :

— Alors tu me racontes, oncle Alduis ?


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Message par Alduis de Fromart Dim 11 Juil - 12:03

Alduis n’arrivait pas à réaliser qu’Adéis était vraiment assis là, juste contre lui, la tête contre son épaule. Sans avoir peur de lui. Il avait presque envie de se lever et d’aller le dire à Bérénice, tant il en était fier, tout à coup. En cinq ans, c’était la première fois qu’il avait une vraie conversation avec son neveu. C’était un peu étrange mais plutôt agréable…

Il avait peur des souris ? Cela lui rappelait ce jour, ce 11 août 1575. L’un de ses plus anciens souvenirs, lorsque Démétrius et lui avaient croisé cette limace en passant par les jardins et qu’Alduis était tombé en arrière sous le coup de la surprise. Qu’est-ce que Démétrius lui avait dit, déjà ? Ah oui, voilà, c’était cela.

— Une fois, ton père m’a dit que… si tu apprends à connaître les choses qui te font peur, il n’y a ensuite plus de raison de les craindre. Tu pourrais observer les souris… pour voir comment elles vivent ?

C’était peut-être de cela dont il aurait dû se souvenir durant ces cinq années, lorsqu’Adéis se cachait derrière sa mère en le voyant. Après tout, Alduis avait aussi peur de son neveu que l’inverse, aussi paradoxal que cela soit. S’il avait essayé de le connaître plus tôt, les choses auraient sûrement pu être différentes.

Quant à la saleté de leurs vêtements, il n’y avait pas à s’en faire.

— Si tu veux, je rentrerai avec toi. Comme ça, Elisabeth ne pourra rien te dire.

Les petits doigts d’Adéis se mirent à tirailler sa manche, pour réclamer son histoire. Ah. Euh. Alduis hésita encore une seconde.

— C’est que je ne raconte pas très bien...

Mais face à l’insistance du garçonnet, qui n’avait pas l’air d’envisager le fait de renoncer, il hocha la tête et prit son courage à deux mains pour débuter le récit, en farfouillant dans ses souvenirs. Au moins, il s’en souvenait bien, ce serait plus facile à raconter…

— La première fois que j’ai vu ton père, j’avais six ans, débuta-t-il, en omettant volontairement le fait que sa mère venait juste de mourir, deux jours plus tôt, et on est sortis dehors. Je lui ai fait visité les jardins, le potager, et on a été aux écuries en imitant les chevaliers. Après je lui ai montré mon cheval, qui s’appelait Pistache, et il m’a raconté l’histoire de l’un de tes ancêtres. Il te les a raconté, ces histoires ?
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Message par Bérénice d'Aussevielle Lun 12 Juil - 19:57






Adéis d’Aussevielle, 4 ans

En fait ça ne faisait pas longtemps qu’Adéis avait développé cette peur irraisonnée des souris. Depuis qu’il allait dans les écuries et que l’une d’entre elles avait soudainement bondi hors de la paille avant de lui courir entre les jambes. Alors, il n’en avait jamais parlé à personne avant et certainement pas à son père qui n’aurait sûrement rien dit. Mais il était content qu’oncle Alduis lui fasse part de ce conseil. Il hocha lentement la tête, pensif.

— Et ça a marché ? demanda-t-il avec sa candeur d’enfant tu as peur de quoi, toi ?

Les observer. Il devait observer les souris. C’était pas facile, ça. Comment était-il censé observer des choses invisibles ? Peut-être qu’il pourrait demander au palefrenier d’en attraper une pour la voir de plus près ?

En tout cas, il fut soulagé de savoir qu’il rentrerait avec lui, Élisabeth n’oserait jamais le gronder si son oncle était à côté. Et il pourrait même en profiter pour lui faire remarquer que si le fils du vicomte rentrait crotter c’est que ce n’était pas si grave ! Il allait se faire disputer, mais tant pis. Peut-être au fond que s’il était vraiment méchant son père reviendrait pour le réprimander ? Pour le moment, on lui devait justement une histoire alors il tira sur la manche blanche pour réclamer son dû.

— C’est que je ne raconte pas très bien...
— Je m’en fiche. Je sais déjà que c’est papa qui raconte les meilleures histoires, rétorqua le garçon.

Puis, lorsqu’il débuta enfin son récit, il se lova dans ses bras en frottant sa tête pour trouver une place confortable et écouta avec attention. Il imaginait son père et Alduis, enfin il essayait parce qu’il n’arrivait pas à se les représenter petits même si son oncle affirmait qu’il n’avait que six ans et que c'était presque son âge. Cette histoire de cheval lui rappela le sien que grand-père lui avait offert à son arrivée:

— La mienne s’appelle Didon ! Comme l’amoureuse d’Enée, mais c’est parce qu’elle est feignante que je l’ai appelé comme ça ! Tu sais pourquoi, oncle Alduis ? il lui laissa un instant de réflexion avant de répondre fièrement : parce que « Didon tu avances ? »

Il éclata d’un petit rire enfantin.

— Des histoires de chevaliers, il en connait plein mon papa ! Alors, oui peut-être, je ne sais pas. C’était quoi la tienne ?

Alduis lui parla alors de Léontios et Adéis acquiesça vigoureusement. Bien sûr qu’il la connaissait ! Et c’était l’une de ces préférés ! Il aimait bien Saint-Georges et le dragon aussi. Il lui proposa même de la lui raconter, mais comme il frissonnait parce qu’il était tout mouillé de la pluie, ils préfèrent rentrer. Élisabeth c’était pas grave. Mais il ne voulait pas inquiéter maman en tombant malade: elle était déjà assez triste comme ça même si elle disait que tout allait bien. Ce fut donc sur le chemin du retour qu’il partagea avec lui sa version revue et corrigée de la célèbre légende.


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Message par Alduis de Fromart Mer 14 Juil - 16:33

Le conseil de Démétrius avait-il fonctionné ? Il ne s’était jamais vraiment posé la question. Alduis évitait toujours autant les limaces. Sauf qu’il n’avait plus six ans et qu’il était bien hors de question de tomber en arrière sous le coup de la surprise. Non, aujourd’hui, il se contentait de faire un détour pour éviter de les approcher.

— Oh, de plein de choses, avoua-t-il avec un demi-sourire, un peu triste. Des limaces.

Quant au reste, il préférait encore le taire. C’était un peu trop compliqué pour entrer dans les détails maintenant. Et puis, il n’avait pas envie d’en parler.

Adéis sembla soulagé à l’idée qu’Alduis rentre avec lui pour faire face à la gouvernante. Il allait sans dire qu’elle ne lui ferait pas de reproches, à lui. Et quand bien même il lui en prenait l’envie, qu’elle essaye !

Alduis ne racontait pas bien les histoires. Et il craignait un peu de décevoir les attentes de son neveu. Sa réponse lui fit hausser un sourcil mais l’amusa, un peu, tout à la fois. C’était vrai que Démétrius racontait bien les histoires lui…

Adéis vint se lover entre ses bras, pour écouter. Non vraiment, Alduis n’allait pas pouvoir s’y faire. C’était étrange de voir que son neveu, après quatre ans de relations distantes, se mettait à lui faire confiance si facilement. Avait-il déjà oublié toutes ces fois où il s’était caché derrière sa mère ?

— Tu pourras me la présenter, un de ces jours, répondit-il comme Adéis évoquait sa jeune jument, Didon. Et je pourrais te présenter Courage en même temps.

Une autre fois. Maintenant que la glace était brisée, ils pourraient bien recommencer. C’était ce qu’Alduis se dit, sur le chemin du retour, en écoutant son neveu lui raconter sa version revisitée de l’histoire de Saint-Georges.
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