[6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
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Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Un trouble certain s'empara de Tristan, devant le visage décomposé de son ami. Il lui semblait que toute sa vie avec son père adoptif défilait devant ses yeux et qu'il n'y découvrait en réalité rien de fort réjouissant. Les larmes venaient au danseur autant qu'au malade. Il ne sut rien répondre à ses paroles désemparées qui révélaient l'indifférence du paternel -- pas davantage qu'à ses mots sur le père Thierry.
Apparemment oui, le prêtre pouvait aimer. Il était plein de paradoxes, attentionné pour le garçon mais abject avec d'autres invalides ou encore avec les femmes.
Que répondre ? Dans l'impuissance la plus totale, Tristan s'avancera vers Alexandre et, avant que le jeune homme ne se mît à pleurer, il entourera délicatement ses bras autour de son ami, si ce dernier ne le repoussait pas. Aucun mot sensé ne venait à Tristan, qui préféra le langage des gestes pour exprimer son soutien devant une pareille nouvelle, qui à coups sûrs allait bouleverser la vie du jeune Bellanger.
Ses mots trouvaient en Tristan une résonance particulièrement violente : lui aussi avait connu les sévices d'un paternel. Mais bel et bien son père biologique, pour qui son infirmité avait été la pire des hontes.
Apparemment oui, le prêtre pouvait aimer. Il était plein de paradoxes, attentionné pour le garçon mais abject avec d'autres invalides ou encore avec les femmes.
Que répondre ? Dans l'impuissance la plus totale, Tristan s'avancera vers Alexandre et, avant que le jeune homme ne se mît à pleurer, il entourera délicatement ses bras autour de son ami, si ce dernier ne le repoussait pas. Aucun mot sensé ne venait à Tristan, qui préféra le langage des gestes pour exprimer son soutien devant une pareille nouvelle, qui à coups sûrs allait bouleverser la vie du jeune Bellanger.
Ses mots trouvaient en Tristan une résonance particulièrement violente : lui aussi avait connu les sévices d'un paternel. Mais bel et bien son père biologique, pour qui son infirmité avait été la pire des hontes.
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Perdu dans le chagrin qui menaçait de le submerger Alexandre pleurait désormais comme un petit enfant. Il se laissa faire quand Tristan le prit dans ses bras pour le réconforter, le corps aussi raide que celui d'une poupée de chiffons.
A la fin de l'étreinte, Alexandre retomba dans le lit, vidé par les émotions.
"Je me demande... Qu'est-ce je vais faire maintenant ? Je ne peux plus rentrer... Mais j'aimerais au mois voir ma mère... Dis, quand j'irai mieux, tu pourras m'aider ? Trouver le moyen d'éloigner mon père pour que je retourne à la maison le temps de lui parler ? "
A la fin de l'étreinte, Alexandre retomba dans le lit, vidé par les émotions.
"Je me demande... Qu'est-ce je vais faire maintenant ? Je ne peux plus rentrer... Mais j'aimerais au mois voir ma mère... Dis, quand j'irai mieux, tu pourras m'aider ? Trouver le moyen d'éloigner mon père pour que je retourne à la maison le temps de lui parler ? "
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
"Je ne sais pas si elle acceptera de me parler, de voir... Elle... Elle est très soumise à mon père. Je comprends pourquoi maintenant. Quand elle rentre un peu trop tard, car elle s'est arrêter pour bavarder avec quelqu'un, mon père est très en colère et la corrige. Je n'ai jamais aimé beaucoup ça. Et après... Après, il ordonne à la mère de venir dans leur chambre et quand elle en ressort, elle est... Elle n'est pas très bien. Autrefois, je ne comprenais pas. Maintenant, j'imagine que mon père doit..."
Le jeune homme s'interrompit, trop gêné d'évoquer les possibles relations sexuelles entre ses parents. Il songeait à nouveau au père Thierry qui se plaisait à visiter tavernes et bordels pour profiter des femmes à son goût. Le malaise s'accrut en lui. Ses deux pères n'étaient pas mieux l'un et l'autre sur ce chapitre : leur bite les gouvernait.
"Mon père ma expliqué quand j'ai commencé à.. Enfin, il me disait... Il disait que les femmes étaient là pour satisfaire un homme, pour le calmer... Il me parlait aussi des liens du mariage, qu'une fois marié, l'homme doit se contenter de sa seule épouse pour subvenir à tous ces besoins. il me disait aussi.. Il disait que je devais donc profiter de ma jeunesse, d'être encore célibataire, pour courir les filles et profiter un maximum avant que ma mère ne décide d'entraver ma liberté d'homme. Je n'aimais pas beaucoup son discours, il me gênait.. mais ça parait si naturel , si normal.. Quand on regarde notre société, tous les hommes se comportent comme ça.. C'était peut-être moi qui me trompe à être choqué de ces pratiques ?"
Le jeune homme s'interrompit, trop gêné d'évoquer les possibles relations sexuelles entre ses parents. Il songeait à nouveau au père Thierry qui se plaisait à visiter tavernes et bordels pour profiter des femmes à son goût. Le malaise s'accrut en lui. Ses deux pères n'étaient pas mieux l'un et l'autre sur ce chapitre : leur bite les gouvernait.
"Mon père ma expliqué quand j'ai commencé à.. Enfin, il me disait... Il disait que les femmes étaient là pour satisfaire un homme, pour le calmer... Il me parlait aussi des liens du mariage, qu'une fois marié, l'homme doit se contenter de sa seule épouse pour subvenir à tous ces besoins. il me disait aussi.. Il disait que je devais donc profiter de ma jeunesse, d'être encore célibataire, pour courir les filles et profiter un maximum avant que ma mère ne décide d'entraver ma liberté d'homme. Je n'aimais pas beaucoup son discours, il me gênait.. mais ça parait si naturel , si normal.. Quand on regarde notre société, tous les hommes se comportent comme ça.. C'était peut-être moi qui me trompe à être choqué de ces pratiques ?"
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
-- Non, répondit instinctivement Tristan. Non, c'est absolument pas normal qu'on apprenne-t-y ça aux garçons... et qu'on fasse ça aux femmes. 'Fin, pour beaucoup d'gens c'est pas choquant, mais...
Il n'arriva pas à dire mieux. Il savait que les stéréotypes avaient la peau dure -- autant que les épouses qui avaient à subir l'autorité de fer de l'homme cautionnée par tous les pouvoirs et penseurs mis en avant. Pourtant, Tristan avait l'intuition d'une erreur, ou d'une bien pratique manipulation. Il ne fallait pas qu'Alexandre reste avec l'ombre d'un tel individu et de telles idées en tête.
Il baissa les yeux et retint ses larmes.
-- Ta mère... l'pure c'est-y qu'j'suis sûr qu'elle est çà persuadée d'faire son devoir. En même temps, c'est c'qu'on veut apprendre aux gens. Est-ce qu'elle s'en sortira un jour... elle et d'aut'...
Son regard perdu croisa celui de son ami et de nouveau, la cellule se retrouva plongée dans le silence.
-- Et pour c'que tu vas faire ensuite, euh... ouais va falloir y réfléchir. J'suis sûr qu'Thierry aura des idées. J't'aiderai aussi, autant qu'possible. Et Lénius aussi ! C'est mon ami l'plus cher ! Faudrait qu'tu l'rencontres.
Il n'arriva pas à dire mieux. Il savait que les stéréotypes avaient la peau dure -- autant que les épouses qui avaient à subir l'autorité de fer de l'homme cautionnée par tous les pouvoirs et penseurs mis en avant. Pourtant, Tristan avait l'intuition d'une erreur, ou d'une bien pratique manipulation. Il ne fallait pas qu'Alexandre reste avec l'ombre d'un tel individu et de telles idées en tête.
Il baissa les yeux et retint ses larmes.
-- Ta mère... l'pure c'est-y qu'j'suis sûr qu'elle est çà persuadée d'faire son devoir. En même temps, c'est c'qu'on veut apprendre aux gens. Est-ce qu'elle s'en sortira un jour... elle et d'aut'...
Son regard perdu croisa celui de son ami et de nouveau, la cellule se retrouva plongée dans le silence.
-- Et pour c'que tu vas faire ensuite, euh... ouais va falloir y réfléchir. J'suis sûr qu'Thierry aura des idées. J't'aiderai aussi, autant qu'possible. Et Lénius aussi ! C'est mon ami l'plus cher ! Faudrait qu'tu l'rencontres.
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Alexandre sourit, d'abord surpris puis soulagé par les réponses de Tristan. Il n'avait pas si tort que cela si un autre que lui pensait de manière similaire que quelque chose n'allait pas dans l'organisation de cette société. il opina doucement de la tête, approuvant chacune de ses idées.
Peu à peu, le silence et l'embarras revinrent quand Tristan le brisa à nouveau. Le père Thierry l'aider ? Oui, il avait admis que celui-ci ferait n'importe quoi pour lui, même se mettre en danger vis-vis de la justice royale. Mais quoi ? En vérité, il n'était pas certain de le vouloir. Pour la première fois, il aurait envie de s'affirmer et se débrouiller seul.
"Je... Le père Thierry m'aidera, c'est sûr, mais... J'aimerais faire enfin les choses par moi-même. Je ne sais pas, trouver un métier, réussir à m'installer par mes propres moyens.. mais.. Mais c'est peut-être pas réaliste."
A ce moment, Tristan évoqua un nom qui ne lui était pas familier.
"Lénius ? Tu as un ami qui s'appelle.... l'anus ? Ce n'est pas très commun. Comment est cette personne ?"
Peu à peu, le silence et l'embarras revinrent quand Tristan le brisa à nouveau. Le père Thierry l'aider ? Oui, il avait admis que celui-ci ferait n'importe quoi pour lui, même se mettre en danger vis-vis de la justice royale. Mais quoi ? En vérité, il n'était pas certain de le vouloir. Pour la première fois, il aurait envie de s'affirmer et se débrouiller seul.
"Je... Le père Thierry m'aidera, c'est sûr, mais... J'aimerais faire enfin les choses par moi-même. Je ne sais pas, trouver un métier, réussir à m'installer par mes propres moyens.. mais.. Mais c'est peut-être pas réaliste."
A ce moment, Tristan évoqua un nom qui ne lui était pas familier.
"Lénius ? Tu as un ami qui s'appelle.... l'anus ? Ce n'est pas très commun. Comment est cette personne ?"
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
-- Mais oui, t'inquiètes pas, tôt ou tard tu f'ras les choses par toi-même, comme tout l'monde. C'est réaliste. C't-y même bien normal qu'd'y penser à ton âge.
La voix de Tristan avait été chaude et complice, vibrant lui aussi de tout ce qu'il souhaitait à Alexandre en cet instant. Mais il savait combien l'autonomie s'avérait ardue à atteindre pour eux, quand si peu de gens les soutenait, quand on les voyait comme des parasites en de nombreux lieux, quand même des valides peinaient à gagner leur croûte par les temps qui couraient. Le danseur voulait toujours y croire cependant. Ardemment.
Ses pensées durent interrompues par la seconde intervention d'Alexandre. l'anus ? Il avait pourtant bien prononcé Lénius... Tristan pouffa un début de rire mi-amusé mi-gêné. Si son ami avait entendu cela !
-- Non, non, c'est bien Lénius, essaya-t-il d'un ton sérieux qu'il essayait de retrouver. 'Paraît qu'ça vient du latin. Lenire, "radoucir", si j'me souviens bien de c'qu'y m'a expliqué une fois. (Un temps) Il est... Euh... C'est pour sûr pas facile qu'de l'résumer là en quelques mots ! (Il fouille ses souvenirs comme pour en retirer un mot, une image particulièrement évocatrice) Flamboyant.
La voix de Tristan avait été chaude et complice, vibrant lui aussi de tout ce qu'il souhaitait à Alexandre en cet instant. Mais il savait combien l'autonomie s'avérait ardue à atteindre pour eux, quand si peu de gens les soutenait, quand on les voyait comme des parasites en de nombreux lieux, quand même des valides peinaient à gagner leur croûte par les temps qui couraient. Le danseur voulait toujours y croire cependant. Ardemment.
Ses pensées durent interrompues par la seconde intervention d'Alexandre. l'anus ? Il avait pourtant bien prononcé Lénius... Tristan pouffa un début de rire mi-amusé mi-gêné. Si son ami avait entendu cela !
-- Non, non, c'est bien Lénius, essaya-t-il d'un ton sérieux qu'il essayait de retrouver. 'Paraît qu'ça vient du latin. Lenire, "radoucir", si j'me souviens bien de c'qu'y m'a expliqué une fois. (Un temps) Il est... Euh... C'est pour sûr pas facile qu'de l'résumer là en quelques mots ! (Il fouille ses souvenirs comme pour en retirer un mot, une image particulièrement évocatrice) Flamboyant.
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Alexandre écouta les paroles apaisantes et sourit. Il sentait cependant la tête lui tourner. L’épuisement le saisissait. Il se remettait à transpirer. Ses mains s'accrochèrent aux draps, comme une vaine tentative de se rattraper.
"ouais.. Je ferai... je ferai de mon mieux."
Sa vision se brouillait alors. La silhouette de Tristan devenait plus trouble. Ses muscles le tiraient. ils semblaient peser une tonne chacun ! Les paroles de son ami devenaient lointaines. Ce n'étaient plus que des syllabes inintelligibles. Les coups laissés dans son dos, la longue nuit de veille dans la pire souffrance qui soit, le froid... Son organisme ne s'était pas encore assez rétabli. Il transpirait davantage, le visage ruisselait maintenant. Il finit par s'écrouler sur lit, évanoui, les bras affaissés sur les côtés.
"ouais.. Je ferai... je ferai de mon mieux."
Sa vision se brouillait alors. La silhouette de Tristan devenait plus trouble. Ses muscles le tiraient. ils semblaient peser une tonne chacun ! Les paroles de son ami devenaient lointaines. Ce n'étaient plus que des syllabes inintelligibles. Les coups laissés dans son dos, la longue nuit de veille dans la pire souffrance qui soit, le froid... Son organisme ne s'était pas encore assez rétabli. Il transpirait davantage, le visage ruisselait maintenant. Il finit par s'écrouler sur lit, évanoui, les bras affaissés sur les côtés.
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Tristan allait répondre quand soudain, il vit un dangereux tournoiement s'emparer de nouveau d'Alexandre. Il s'effondra, inconscient. Une vague de panique gagna d'abord le danseur, qui s'empressa d'écouter la respiration et le cœur du malade. Leur rythme était correct, il n'y avait rien d'inquiétant -- simplement un corps qui n'en pouvait plus et finirait par se reprendre à petit feu.
Quelques aller-retours dans la pièce. Une nouvelle serviette mouillée. Un peu de fraîcheur sur le front d'Alexandre. Tristan s'employa à l'installer au mieux et attendra le retour du père Thierry, soucieux de ne pas laisser le garçon évanoui seul et sans aucune protection.
Quelques aller-retours dans la pièce. Une nouvelle serviette mouillée. Un peu de fraîcheur sur le front d'Alexandre. Tristan s'employa à l'installer au mieux et attendra le retour du père Thierry, soucieux de ne pas laisser le garçon évanoui seul et sans aucune protection.
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
7 Septembre 1597, matin
Aux petites heures du matin, le quartier respirait la tranquillité. Le visage encore marqué, Thierry avait passé la nuit dans le clocher et venait juste de redescendre. Vers l'aube, il s'était juré de museler ce cœur, ne plus prêter attention aux paroles du garçon. Depuis le début, ils n'avaient eu de relation. Il le détestait, le méprisait. Son rôle auprès de lui se résumait à l'observer de loin, à veiller sur son sort au cas où... Mais il n'y aurait jamais rien de plus entre eux.
D'un air impassible, Thierry passa la tête pour voir ce qui se passait dans la cellule. Tristan dormait dans son fauteuil, ayant veillé une fois encore toute la nuit Alexandre. Il tourna les talons puis revint quelques minutes plus tard chargé de deux plateaux. Dessus reposait une écuelle de soupe, surmontée d'une cloche afin de conserver la chaleur, et une grosse miche de pain. Il posa celui pour Tristan sur un lit vide, près de l'infirme, puis celui pour Alexandre sur sa table de chevet. Le prêtre se souvenait des mots du garçon, de son autorité, mais surtout de son cœur généreux. Il ne pourrait rien avaler devant un ami qui n'avait aucune assiette. Ainsi s'était-il appliqué à servir une nouvel fois un second repas.
D'un air impassible, Thierry passa la tête pour voir ce qui se passait dans la cellule. Tristan dormait dans son fauteuil, ayant veillé une fois encore toute la nuit Alexandre. Il tourna les talons puis revint quelques minutes plus tard chargé de deux plateaux. Dessus reposait une écuelle de soupe, surmontée d'une cloche afin de conserver la chaleur, et une grosse miche de pain. Il posa celui pour Tristan sur un lit vide, près de l'infirme, puis celui pour Alexandre sur sa table de chevet. Le prêtre se souvenait des mots du garçon, de son autorité, mais surtout de son cœur généreux. Il ne pourrait rien avaler devant un ami qui n'avait aucune assiette. Ainsi s'était-il appliqué à servir une nouvel fois un second repas.
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Au cours de la nuit, Alexandre se réveilla plusieurs fois, l'esprit soucieux pour sa récente conduite. Il ne se sentait pas très fier d'avoir aussi mal parlé au père Thierry. Ce ton autoritaire, cette envie d'abuser de son pouvoir sur lui pour le diriger... Il ne se reconnaissait pas. Pourquoi avait-il agi ainsi ? Il se rappelait clairement y avoir ressenti du plaisir. Le souvenir du prêtre docile, ne lui répondant pas, le hantait. Hier soir, tout ce qu'il avait pu reprocher au père Thierry, il s'en était lui aussi rendu coupable. Être mesquin, mal conduire... C'était tellement facile, bien plus que de rester honnête et gentil. Le père Thierry... Son père... Cette pensée l'angoissait un peu moins. Peut-être s'habituait-il à l'idée ?
Sur ces pensées, Alexandre se rendormit.
Peu après l'aube, le jeune homme se réveilla et surprit la silhouette du prêtre déposer un plateau près de Tristan, puis un autre sur sa table de chevet. Il se rappelait son ordre d'hier soir. Alexandre hésita. Devait-il l'appeler ? S'il tardait, il partirait et toute discussion serait impossible. Il ne se sentait pas prêt à affronter un tel défi. Pourtant... Pourtant, il devait s'excuser pour sa conduite méprisable de la veille. Malgré l'appréhension, le garçon se redressa dans le lit. Sa silhouette frêle tremblait légèrement. Du bout des lèvres, il murmura :
« Papa ? »
A son propre étonnement, le mot était sorti seul de sa bouche. Naturellement. Il baissa le regard, serrant les draps de ses mains. Pourquoi avait-il dit cela ?
Sur ces pensées, Alexandre se rendormit.
Peu après l'aube, le jeune homme se réveilla et surprit la silhouette du prêtre déposer un plateau près de Tristan, puis un autre sur sa table de chevet. Il se rappelait son ordre d'hier soir. Alexandre hésita. Devait-il l'appeler ? S'il tardait, il partirait et toute discussion serait impossible. Il ne se sentait pas prêt à affronter un tel défi. Pourtant... Pourtant, il devait s'excuser pour sa conduite méprisable de la veille. Malgré l'appréhension, le garçon se redressa dans le lit. Sa silhouette frêle tremblait légèrement. Du bout des lèvres, il murmura :
« Papa ? »
A son propre étonnement, le mot était sorti seul de sa bouche. Naturellement. Il baissa le regard, serrant les draps de ses mains. Pourquoi avait-il dit cela ?
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Alors que Thierry s'apprêtait à passer ma porte et reprendre une de ses fonctions, il s'arrêta immédiatement en entendant le son de la voix d'Alexandre mais surtout le mot que celui-ci venait de prononcer. Était-ce possible ? Il secoua la tête. Malgré son désir, le prêtre savait que ce serait naïf de croire que cette interpellation s'adressait à lui. Il devait encore être confus, voulait voir son père, celui qui l'avait élevé. Ses poings se serrèrent contre sa soutane, se forçant à contenir la violence des émotions qui lui venaient. Il se retourna, portant un masque rigide.
- Ton père n'est pas d'humeur à te voir, je pense, mon garçon. Il est... La dernière fois qu'on l'a vu, lors de ton exécution, il n'était pas... Il était assez remonté contre toi.
- Ton père n'est pas d'humeur à te voir, je pense, mon garçon. Il est... La dernière fois qu'on l'a vu, lors de ton exécution, il n'était pas... Il était assez remonté contre toi.
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Alexandre baissa le regard en entendant l'information sur son père, son autre père. Quelques souvenirs épars, flous, lui revenaient de la douloureuse soirée. Il l'entendait cependant distinctement le traiter de bâtard. Sa gorge se serra. Il avait toujours su la vérité. Il se demandait cependant s'il avait été aimé ou non. La question l’obsédait. Le considérait-il bien en fils ou seulement comme l'héritier de son commerce ? Le doute instillé en lui le rongeait.
Pour le moment, ce n'était pas le sujet. Il devait s'excuser auprès de son deuxième père pour son comportement déplacé de la veille. Sa tête se releva et croisa son regard austère. Il frissonna. Il n'avait jamais aimé ces yeux que Thierry aimait à prendre pour observer les fidèles à la sortie de la messe. On dirait que ceux-ci cherchaient à lire l'âme.
- C'est pas à lui que je pensais. Je... Je m'excuse pour hier soir. Tout ce que j'ai dit, tout ce que j'ai fait... C'était vraiment moche. T'as beau être quelqu'un pour qui j'ai jamais eu de respect, moi, ça m'autorisait pas à faire la même chose. Pardon. »
Pour le moment, ce n'était pas le sujet. Il devait s'excuser auprès de son deuxième père pour son comportement déplacé de la veille. Sa tête se releva et croisa son regard austère. Il frissonna. Il n'avait jamais aimé ces yeux que Thierry aimait à prendre pour observer les fidèles à la sortie de la messe. On dirait que ceux-ci cherchaient à lire l'âme.
- C'est pas à lui que je pensais. Je... Je m'excuse pour hier soir. Tout ce que j'ai dit, tout ce que j'ai fait... C'était vraiment moche. T'as beau être quelqu'un pour qui j'ai jamais eu de respect, moi, ça m'autorisait pas à faire la même chose. Pardon. »
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Thierry écouta avec surprise les excuses du garçon dont l'honnêteté et la droiture l'étonnèrent une nouvelle fois encore. Il retint un soupir. Décidément, son fils n'était pas adapté pour ce monde. Trop pur, trop candide... En même temps, cette innocence, cette pureté d'esprit en dépit d'une existence difficile, elle le ravissait. Depuis tant d'années, il ne croisait que des pêcheurs, des gens méprisants, des égoïstes... C'était bien agréable de côtoyer une belle petite flamme qui le réchauffait. A ces pensées, son masque se fendit et laissa entrevoir un visage beaucoup plus humain. Il s'avança vers le lit et s'assit au bord.
« Tu es le garçon le plus courageux et le plus gentil qui soit, Alex »
Sa main se leva pour caresser la tignasse emmêlée du garçon.
« Tu es le garçon le plus courageux et le plus gentil qui soit, Alex »
Sa main se leva pour caresser la tignasse emmêlée du garçon.
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Alexandre contempla, ébahi, le masque facial du père Thierry s'effriter et dévoiler pour la première fois les formes d'une humanité qu'il ne cessait de vouloir faire disparaître. Il vint s'asseoir près de lui et formuler un compliment comme il n'en avait jamais entendu. Lui, courageux et gentil ? Cela ne lui sautait pas aux yeux. Il sursauta brusquement quand sa main vint lui caresser les cheveux. Le geste le surprit et le laissa inerte puis le vit sourire. C'était... agréable. Enfant, sa mère le câlinait beaucoup mais elle avait fini par abandonner la pratique au moment de sa puberté. Quant à son père, il n'avait jamais eu une telle attention. Les hommes ne devaient pas montrer d'émotions disaient-ils. Pourtant, le père Thierry se le permettait, lui, et malgré tout les griefs qu'il avait pu accumuler à son sujet, il appréciait ce moment.
Alexandre songea soudain à cette filiation inattendue qui le unissait à son corps défendant. Il avait besoin d'en savoir plus, de comprendre... Comment... Qu'avait-il fait ? Il l'avait déjà vu forcer quelques filles dans des tavernes, entendu des racontars de ces exploits... Sa mère... Qu'avait-il fait à sa mère ?
Se redressant dans le lit, le jeune homme repoussa la main du prêtre mais le fit avec une douceur qui contrastait avec la fermeté qui se lisait dans son regard.
« Je voudrais savoir aussi... Comment suis-je né ? Pourquoi ? »
Alexandre songea soudain à cette filiation inattendue qui le unissait à son corps défendant. Il avait besoin d'en savoir plus, de comprendre... Comment... Qu'avait-il fait ? Il l'avait déjà vu forcer quelques filles dans des tavernes, entendu des racontars de ces exploits... Sa mère... Qu'avait-il fait à sa mère ?
Se redressant dans le lit, le jeune homme repoussa la main du prêtre mais le fit avec une douceur qui contrastait avec la fermeté qui se lisait dans son regard.
« Je voudrais savoir aussi... Comment suis-je né ? Pourquoi ? »
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
La question de son fils décontenança Thierry. Souhaitait-il réellement savoir la vérité ? Tout ? Il avait pourtant comment il se comportait avec la grande majorité des femmes. Pourtant, en toute connaissance de cause, il voulait connaître son histoire. Quel courage !
« Si c'est ce que tu veux, Alex, soit. C'était il y a bien longtemps. J'étais tout jeune prêtre, pas encore complètement à l'aise à abuser des bienfaits que ma fonction peut me procurer. Le monastère me terrorisait encore. Je craignais de retourner là-bas, de ne plus pouvoir en ressortir. »
Les images du passé lui revenaient en même temps à la mémoire et le faisaient frissonner. Sa main se porta au bras. La marque fantôme le brûlait encore. Il repoussa ces visions et ces pensées. Ce point du récit n'était pas utile.
« Je n'avais pas eu éducation avec les femmes. Je traînais dans les bordels pour apprendre quand ta mère est venue tourner autour de moi en venant régulièrement à l'église. Comme tu le sais, je suis faible face au charme féminin. J'ai cédé. Nous avons eu une relation pendant plusieurs semaines quand elle a découvert, complètement paniquée, être enceinte. Elle est devenue suppliante, m'a demandé de faire quelque chose de la protéger de son mari... Je l'ai ainsi rayé de ma vie et ordonné de ne plus m'approcher. Je ne sais ensuite ce qui s'est passé avec... ton père. »
Il se demanda si le garçon le croirait. Avec sa réputation... Il se décida à développer un peu de plus. De toute façon, Alexandre connaissait ses pires aspects. Alors un peu plus, un peu moins...
« Comme ta mère ne voulait pas m'entendre, qu'elle s’acharnait sur moi, j'ai... Je lui ait dit que ce bébé était la punition de Dieu pour son adultère. Elle s'est aussitôt calmé, s'est signée et a fui. »
Thierry resta à attendre désormais le jugement de son fils. Avant-hier, il craignait une sanction terrible pour lui. Aujourd'hui, c'était de son sort qu'il était question.
« Si c'est ce que tu veux, Alex, soit. C'était il y a bien longtemps. J'étais tout jeune prêtre, pas encore complètement à l'aise à abuser des bienfaits que ma fonction peut me procurer. Le monastère me terrorisait encore. Je craignais de retourner là-bas, de ne plus pouvoir en ressortir. »
Les images du passé lui revenaient en même temps à la mémoire et le faisaient frissonner. Sa main se porta au bras. La marque fantôme le brûlait encore. Il repoussa ces visions et ces pensées. Ce point du récit n'était pas utile.
« Je n'avais pas eu éducation avec les femmes. Je traînais dans les bordels pour apprendre quand ta mère est venue tourner autour de moi en venant régulièrement à l'église. Comme tu le sais, je suis faible face au charme féminin. J'ai cédé. Nous avons eu une relation pendant plusieurs semaines quand elle a découvert, complètement paniquée, être enceinte. Elle est devenue suppliante, m'a demandé de faire quelque chose de la protéger de son mari... Je l'ai ainsi rayé de ma vie et ordonné de ne plus m'approcher. Je ne sais ensuite ce qui s'est passé avec... ton père. »
Il se demanda si le garçon le croirait. Avec sa réputation... Il se décida à développer un peu de plus. De toute façon, Alexandre connaissait ses pires aspects. Alors un peu plus, un peu moins...
« Comme ta mère ne voulait pas m'entendre, qu'elle s’acharnait sur moi, j'ai... Je lui ait dit que ce bébé était la punition de Dieu pour son adultère. Elle s'est aussitôt calmé, s'est signée et a fui. »
Thierry resta à attendre désormais le jugement de son fils. Avant-hier, il craignait une sanction terrible pour lui. Aujourd'hui, c'était de son sort qu'il était question.
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Alexandre écoutait avec une grande attention le récit, ses mains serrant les draps avec force. Un instant, il fut tenté de crier en entendant que sa mère ait pu faire des avance. Cela le révoltait de l'imaginer en train... Il dut se faire violence pour ne pas interrompre le discours. En même temps, il chercha se rappeler les âges de ses parents. Son père venait de fêter ses cinquante-deux ans, sa mère quarante-trois. Le père Thierry devait en avoir entre quarante et cinquante. Il se souvint aussi que ses parents s'étaient mariés six ou sept ans avant sa propre naissance. Une voisine lui disait parfois qu'il était l'enfant du miracle. Et si... Sa mère se croyait peut-être stérile ? De ce fait, même si cette pensée le gênait affreusement, l'adultère devenait sans conséquence. Au moins, cela le soulageait si sa mère avait été consentante. Il irait toutefois l’interroger ultérieurement, histoire de vérifier sa version et celle de Thierry.
« Alors c'est comme ça que ça s'est passé... mais pourquoi tu t'intéresses à moi ? Tu as rejeté ma mère quand elle te dit attendre un enfant de toi puis ensuite... Pourquoi ? Tu attends quelque chose de moi ? »
« Alors c'est comme ça que ça s'est passé... mais pourquoi tu t'intéresses à moi ? Tu as rejeté ma mère quand elle te dit attendre un enfant de toi puis ensuite... Pourquoi ? Tu attends quelque chose de moi ? »
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
« Non, je n'attends rien de toi, Alex. »
La réponse lui était venue immédiatement, sans avoir eu un temps de réflexion.
« Je ne sais pas pourquoi. Au début, oui, tu ne m'intéressais pas, c'est vrai, mais ensuite... Plus tu grandissais, plus je te voyais luttais malgré tes problèmes, plus tu me plaisais. Plus je te voyais subir les injustice, plus tu restais digne et méritant. Tu... tu me fascines, voilà. Tu as en toi, mon garçon, une si grande noblesse, une noblesse que même ceux sont censés naître avec en sont absolument dépourvus. »
La réponse lui était venue immédiatement, sans avoir eu un temps de réflexion.
« Je ne sais pas pourquoi. Au début, oui, tu ne m'intéressais pas, c'est vrai, mais ensuite... Plus tu grandissais, plus je te voyais luttais malgré tes problèmes, plus tu me plaisais. Plus je te voyais subir les injustice, plus tu restais digne et méritant. Tu... tu me fascines, voilà. Tu as en toi, mon garçon, une si grande noblesse, une noblesse que même ceux sont censés naître avec en sont absolument dépourvus. »
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Le beau compliment élogieux fit sourire Alexandre de plaisir. Un tel portrait était si flatteur. Jusqu'à ce jour, personne ne lui témoignait d'admiration. Quand il accomplissait un travail ou une bonne action, son père estimait que son fils avait juste agi comme il le fallait. Rien de plus. Thierry le reconnaissait non pas comme un héritier, comme un prolongement de lui-même, mais avant tout comme une personne. Il voyait en premier ses qualités et fermait les yeux sur ses défauts.
« Une grande noblesse... Je suppose que je dois tenir cela de toi, non, papa ? »
Le garçon s'amusa à conclure ainsi sa phrase. Pour une fois, il prononçait ce mot, en apparence banale, sans aucune crainte, avec une pointe d'insolence.
« Si j'ai bien compris ce que tu racontais hier, tu viens d'une famille aristocrate, n'est-ce pas ? J'aimerais en savoir plus. Qui sont-ils au juste ? Ais-je... des cousins ? »
« Une grande noblesse... Je suppose que je dois tenir cela de toi, non, papa ? »
Le garçon s'amusa à conclure ainsi sa phrase. Pour une fois, il prononçait ce mot, en apparence banale, sans aucune crainte, avec une pointe d'insolence.
« Si j'ai bien compris ce que tu racontais hier, tu viens d'une famille aristocrate, n'est-ce pas ? J'aimerais en savoir plus. Qui sont-ils au juste ? Ais-je... des cousins ? »
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Thierry accueillit avec ravissement ce moment de complicité avec son fils qu'il n'aurait jamais cru possible. Sa formidable curiosité le poussait à dépasser le rejet et l’écœurement. Il désirait avant tout connaître une entière situation afin de mieux la juger. Malgré sa réticence à replonger vers ce passé sinistre, le prêtre se décida à le satisfaire :
« Les d'Anjou sont une lignée lointaines dont les origines sont... suspectes. La légende veut que Siegfried, notre premier ancêtre, serait venu des lointaines terres françaises cinq cent ans plus tôt et aurait acquis la reconnaissance de Grands sur les champs de bataille. Il aurait même sauvé le Roi. Je ne sais si cela est fiable ou non. Tout ceci ressemble à une belle fable pour glorifier un fait moins éclatant. Ce Siegfried a dans la lignée une grande aura. Enfant, je rêvais d'être un chevalier, comme lui, qui défendrai à son tour son pays et les pauvres. »
Sa naïveté d'autrefois lui causa un pâle sourire. Elle n'avait cependant que peu duré. Les conditions de vie de sa famille lui avaient vite appris la réalité.
« Avec le temps, cette lignée a peu à peu perdu sa noblesse et sa dignité. Croisades, guerres à travers le pays, coquetteries, investissements plus ou moins douteux, jeux... Tout a été bon pour dilapider la fortune acquise par les ancêtres. Quand mon père avait dix ans, il lui a fallu accepter de voir son propre père vendre son titre de compte pour éponger des dettes. De là à me vendre quelques années plus tard à ce monastère, il n’y avait qu'un pas qu'il a allègrement franchi. »
Son ton était devenu cynique au rappel du pire moment de son existence, de cet abandon tragique au milieu de nulle part. Il chassa les souvenirs qui lui venait et, d'une voix toujours assez mordante, passa sur ces souvenirs.
« Quand j'ai été ordonné et affecté dans cette ville, j'ai entrepris des recherches et appris, malgré mon sacrifice, que le dernier fief des d'Anjou avait été saisi pour dettes. La famille serait tombée dans la misère. Depuis, ils sont sans doute tous morts. »
Thierry ferma un instant et vit danser devant lui l'ombre d'une jolie jeune fille en devenir. Il la balaya vite. Elle n'était plus que cendres. Il rouvrit les paupières puis eut un pâle sourire pour Alexandre.
« Le seul avenir qui reste à cette pauvre famille. Tu es le nouveau bourgeon, fragile certes, qui éclot après le violent incendie. Au moins, les flammes auront purifié le mal... »
Sa main plongea sous le col de sa chemise, sous sa soutane. Elle en sortit un petit médaillon serti d'or. Serré dans sa paume, il la tendit à son fils.
« Je ne suis pas sûr que tu veuilles un tel lien, un tel héritage... Mais si jamais... Tu peux la prendre. »
« Les d'Anjou sont une lignée lointaines dont les origines sont... suspectes. La légende veut que Siegfried, notre premier ancêtre, serait venu des lointaines terres françaises cinq cent ans plus tôt et aurait acquis la reconnaissance de Grands sur les champs de bataille. Il aurait même sauvé le Roi. Je ne sais si cela est fiable ou non. Tout ceci ressemble à une belle fable pour glorifier un fait moins éclatant. Ce Siegfried a dans la lignée une grande aura. Enfant, je rêvais d'être un chevalier, comme lui, qui défendrai à son tour son pays et les pauvres. »
Sa naïveté d'autrefois lui causa un pâle sourire. Elle n'avait cependant que peu duré. Les conditions de vie de sa famille lui avaient vite appris la réalité.
« Avec le temps, cette lignée a peu à peu perdu sa noblesse et sa dignité. Croisades, guerres à travers le pays, coquetteries, investissements plus ou moins douteux, jeux... Tout a été bon pour dilapider la fortune acquise par les ancêtres. Quand mon père avait dix ans, il lui a fallu accepter de voir son propre père vendre son titre de compte pour éponger des dettes. De là à me vendre quelques années plus tard à ce monastère, il n’y avait qu'un pas qu'il a allègrement franchi. »
Son ton était devenu cynique au rappel du pire moment de son existence, de cet abandon tragique au milieu de nulle part. Il chassa les souvenirs qui lui venait et, d'une voix toujours assez mordante, passa sur ces souvenirs.
« Quand j'ai été ordonné et affecté dans cette ville, j'ai entrepris des recherches et appris, malgré mon sacrifice, que le dernier fief des d'Anjou avait été saisi pour dettes. La famille serait tombée dans la misère. Depuis, ils sont sans doute tous morts. »
Thierry ferma un instant et vit danser devant lui l'ombre d'une jolie jeune fille en devenir. Il la balaya vite. Elle n'était plus que cendres. Il rouvrit les paupières puis eut un pâle sourire pour Alexandre.
« Le seul avenir qui reste à cette pauvre famille. Tu es le nouveau bourgeon, fragile certes, qui éclot après le violent incendie. Au moins, les flammes auront purifié le mal... »
Sa main plongea sous le col de sa chemise, sous sa soutane. Elle en sortit un petit médaillon serti d'or. Serré dans sa paume, il la tendit à son fils.
« Je ne suis pas sûr que tu veuilles un tel lien, un tel héritage... Mais si jamais... Tu peux la prendre. »
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Alexandre méditait tout en écoutant ce long récit sur les déboires de ce sang qui coulait dans ses veines. La destruction d'une grande et puissante lignée par l'orgueil et la suffisance de ses membres, obligeant ensuite les générations à tenter de s'acquitter des dettes contractées. Il eut à cet instant de la pitié pour le père Thierry jeté si jeune et si violemment dans le monde, sans grande préparation, livré à lui-même. Il compara son histoire à la sienne. Après une existence certes éprouvante mais confortable, c'était lui qui avait brisé la monotonie en suivant la jeune femme intrigante et en volant ce grimoire. Dans l'épreuve, il avait même su trouver de bons amis en les personnes de Tristan et Claire ainsi qu'un formidable allié en Thierry. Alexandre mesurait sa chance inestimable.
Lorsque le père Thierry laissa apparaître un pendentif, le jeune homme demeura interrogatif. Devait-il accepter le poids de cet héritage ? L'envie le titillait. Après tout, il le méritait. Le prêtre le reconnaissait pour fils et le distinguait de tous les autres. Déjà, sa main se tendait pour s'emparer du médaillon. Dans sa paume reposait désormais l'objet de sa fascination. Son regard détailla les armoire : un bel aigle digne, un lion vigoureux, un cheval fougueux et un chat attentif.
« Merci... »
Lorsque le père Thierry laissa apparaître un pendentif, le jeune homme demeura interrogatif. Devait-il accepter le poids de cet héritage ? L'envie le titillait. Après tout, il le méritait. Le prêtre le reconnaissait pour fils et le distinguait de tous les autres. Déjà, sa main se tendait pour s'emparer du médaillon. Dans sa paume reposait désormais l'objet de sa fascination. Son regard détailla les armoire : un bel aigle digne, un lion vigoureux, un cheval fougueux et un chat attentif.
« Merci... »
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
Thierry contempla avec plaisir son fils accepter le médaillon et ainsi leur filiation. Il étudiait à présent les armoiries gravées dessus avec une profonde concentration. Le prêtre décida de se retirer et de le laisser tranquille. Par ailleurs, des devoirs l'attendaient encore...
« Je dois y aller. Je repasserai dans la journée. »
Il tourna les talons puis s'éloigna et quitta la pièce.
« Je dois y aller. Je repasserai dans la journée. »
Il tourna les talons puis s'éloigna et quitta la pièce.
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
7 Septembre 1597
Depuis la matinée, Alexandre ne cessait de remuer dans son lit et de changer de position. Malgré le roman que Thierry lui avait offert, il n'avait aucun intérêt pour la lecture. Son esprit ressassait les événements des derniers, les analysait et soupirait de sa naïveté.
Malgré la porte refermée, les bribes de la messe lui parvenaient : le long sermon du père Thierry, les quelques bavardages de fidèles, les pleurs d'enfants... Les odeurs écœuraient des cierges, en particulier, le prenaient à la gorge et menaçaient de l'étouffer. Comment son père parvenait-il à les respirer en permanence ? Cela expliquait peut-être pourquoi il fuyait l'église pour les tavernes... Le vin sentait bien meilleur !
Peu à peu, la foule bougeait et les bruits s'éloignèrent. On se rassemblait maintenant sur le parvis. Les discussions devaient à présent être plus joviales. Il ne parvenait cependant à ne plus rien entendre. La cellule était trop loin de l'entrée.
Se retournant pour la énergumène fois, Alexandre soupira et eut l'impression de devenir fou. Combien de temps à attendre encore là ? Et pourquoi Tristan ne venait-il ? Il lui avait promis pourtant... Il soupira encore. Quelle plaie ! Quel supplice ! Quand pourrait-il s'extraire de ce maudit lit ?
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
En retournant dans l'église, les pas de Thierry se dirigèrent immédiatement vers la cellule dans laquelle se morfondait son fils. En ouvrant la porte, il le gratifia d'un sourire puis s'approcha du lit pour lui caresser doucement les cheveux avant de s'asseoir sur une chaise près de lui.
"Je suis désolé, mon garçon, mais les choses ont pris plus de temps que prévu. Après la messe, des soldats sont venus enquêter sur le feu qui a ravagé mon presbytère la nuit où tu te faisais torturer. Je ne suis pas persuadé qu'ils trouveront quelque chose. Je me rappelle avoir entendu un bruit à l'étage quand je suis entré chercher pour toi un manteau... Mais c'était peut-être un simple rat ?"
Malgré ses soupçons, le prêtre ne voulait pas inquiéter son fils avec des détails non nécessaires. Il semblait assez se mettre dans les ennuis pour rajouter. Par ailleurs, il devrait alors évoquer l'étrange présence de Tristan et son amitié et sa loyauté le pousseraient à prendre parti. Non, Alexandre ne devait rien entendre à ce sujet.
"Ou alors, c'est un simple incident ? ce n'est pas si rare... Une flamme qui s'envole de quelque part, le vent... Les bâtiments du quartier brûlent si vite... Ce n'est pas impossible non plus. Oui, ce n'est pas impossible non plus."
Il se décida à changer de sujet pour un qui l'intéresserait certainement plus :
'"Au fait, à la sortie de la messe, ton ami Tristan a eu la chance d'être engagé par un noble qui cherchait quelqu'un justement. Un certain Dyonis de Frenn. Je ne le connais pas mais il m'a l'air d'un seigneur très bien, très respectable."
"Je suis désolé, mon garçon, mais les choses ont pris plus de temps que prévu. Après la messe, des soldats sont venus enquêter sur le feu qui a ravagé mon presbytère la nuit où tu te faisais torturer. Je ne suis pas persuadé qu'ils trouveront quelque chose. Je me rappelle avoir entendu un bruit à l'étage quand je suis entré chercher pour toi un manteau... Mais c'était peut-être un simple rat ?"
Malgré ses soupçons, le prêtre ne voulait pas inquiéter son fils avec des détails non nécessaires. Il semblait assez se mettre dans les ennuis pour rajouter. Par ailleurs, il devrait alors évoquer l'étrange présence de Tristan et son amitié et sa loyauté le pousseraient à prendre parti. Non, Alexandre ne devait rien entendre à ce sujet.
"Ou alors, c'est un simple incident ? ce n'est pas si rare... Une flamme qui s'envole de quelque part, le vent... Les bâtiments du quartier brûlent si vite... Ce n'est pas impossible non plus. Oui, ce n'est pas impossible non plus."
Il se décida à changer de sujet pour un qui l'intéresserait certainement plus :
'"Au fait, à la sortie de la messe, ton ami Tristan a eu la chance d'être engagé par un noble qui cherchait quelqu'un justement. Un certain Dyonis de Frenn. Je ne le connais pas mais il m'a l'air d'un seigneur très bien, très respectable."
Re: [6 Septembre 1597] la cellule [Terminé]
A la mention de l'incendie survenu au presbytère la nuit même de sa condamnation, le teint d'Alexandre blêmit. Ce ne pouvait être un hasard. Non, ça ne pouvait pas. peu après son arrestation, depuis un cellule, il avait réussi à faire passer un message via Tristan pour expliquer à sa complice où se trouvait l'ouvrage qu'elle recherchait. Elle le voulait tant. Il savait que celle-ci y serait allée immédiatement le prendre. Alors... Alors, c'était elle qui avait allumé ce feu. Il se sentait défaillir. Il avait aidé une criminelle. Il avait aidé quelqu'un qui avait voulu jouer à Néron en incendier sans aucune conscience le presbytère et aurait aurait pu supprimer un quartier entier, avec ses habitants innocents. La nausée remonta à ses lèvres. Par sa faute, tant de vies auraient pu disparaitre.
Les yeux révulsés, le jeune homme méditait à ces informations et cette culpabilité qui s'agitait en lui. devait-il courir à la prévôté dénoncer son ex-complice ? Non, ce serait improductive. D'abord, il risquerait lui-même de nouvelles poursuites. Ensuite, quels éléments avait-il réellement à fournir ? Aucun. Il ne savait ni le nom de la jeune femme ni même les traits de son visage. Même si les autorités le croyaient, son témoignage n'apporterait rien.
Abattu, Alexandre se laissa retomber dans le lit.
Lors de cette tentative ridicule de vol à la bibliothèque, il se croyait seulement naïf. En réalité, il était stupide. Affreusement stupide. Mortellement stupide.
Les yeux révulsés, le jeune homme méditait à ces informations et cette culpabilité qui s'agitait en lui. devait-il courir à la prévôté dénoncer son ex-complice ? Non, ce serait improductive. D'abord, il risquerait lui-même de nouvelles poursuites. Ensuite, quels éléments avait-il réellement à fournir ? Aucun. Il ne savait ni le nom de la jeune femme ni même les traits de son visage. Même si les autorités le croyaient, son témoignage n'apporterait rien.
Abattu, Alexandre se laissa retomber dans le lit.
Lors de cette tentative ridicule de vol à la bibliothèque, il se croyait seulement naïf. En réalité, il était stupide. Affreusement stupide. Mortellement stupide.
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