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[22 décembre 1597 au 19 janvier 1598] - Du courrier, monsieur le marquis! [Terminé]

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Message par Démétrius d'Aussevielle Dim 4 Juil - 17:41

Démétrius ne savait plus. Voilà la seule chose qui parvint à franchir ses lèvres après l’orage. Dire tout haut ? Qu’était-il censé dire tout haut quand la majorité de ses pensées ne tenaient même pas dans des mots ? Quand tout était si abstrait, si confus, si insaisissable ? Qu’aurait-elle voulu qu’il dise. Perdu l’habitude... A tel point que même en confession, il était rare qu’il sache dire quoi que ce soit.

— Je ne sais plus...

Ecrire ? Non, ce n’était pas la solution. Tout simplement parce qu’il n’était pas certain de pouvoir aligner trois lettres. Ou bien certain de ne pas pouvoir ? Il secoua la tête, plus par désespoir que dans le but de répondre, et ses lèvres répétèrent en silence ce même « je ne sais plus ». Une invalidité-poison.

Layla vint alors s’accroupir à côté de son fauteuil. Ainsi, elle semblait faire la même taille qu’avant. Ou plutôt lui. Ou en fait, il ne savait pas. Il la fixait de ses yeux qui picotaient. Il était désolé. Désolé. Mais… Mais… Enfin, il était désolé.

— Tu te dis peut-être que tu ne devrais pas être en vie.

Ses lèvres frémirent. Non, ce n’était pas ça. Il… Qu’avait-elle en tête ? Il n’aurait pas… Quoi qu’au fond, pour ce qu’il en faisait, de cette vie, ça ne devait pas changé grnad chose. Et elle… Elle… Mais que… Bien sûr que si, elle devait exister, c’était bien pour cela qu’elle était là. Pour une bonne raison. Oui, il savait où elle voulait en venir. Ses yeux montèrent un instant avant de revenir sur elle. Il savait mais… Mais… Il serra ses mains.

— Je… Je ne sais plus, Layla. Je… Regarde-moi, enfin !

Il frappa leurs mains jointes sur ses genoux inertes.

— Je ne sais plus… A quoi veux-tu - veut-Il - encore que je serve dans cet état-là ? La vérité, Layla, c’est que… Que...

Que…

— Je ne sais plus.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Lun 5 Juil - 11:52




Layla, 25 ans

Il ne savait plus et elle voulait bien le croire que ce raz-de-marée n’avait laissé qu’un chaos indescriptible dans sa vie. Elle était d’ailleurs sans doute bien loin d’imaginer ce qu’il pouvait vivre, mais étrangement ce n’était sans doute pas d’empathie qu’il avait le plus besoin en ce moment. Il avait besoin qu’on le hisse sur un refuge afin qu’il cesse d’être balloté par les flots tumultueux qui voulaient l’engloutir et menacer de la noyer d’un instant à l’autre. Qu’importe si ce n’était qu’un rocher temporaire battu par la tempête, de là, il pourrait respirer et retrouver le courage de rejoindre la berge. Et il l’aurait, elle n’en doutait pas.

Ses mains dans les siennes, elle en caressait le dos de ses pouces lorsqu’il heurta ses genoux avec.

Je ne sais plus… À quoi veux-tu - veut-Il - encore que je serve dans cet état-là ? La vérité, Layla, c’est que… Que...

Elle plongea de nouveau son regard émeraude dans le sien. Elle n’en savait pas plus que lui, mais à vrai dire, elle-même ignorait qu’elle était le but de sa vie. À quoi servait-elle, elle qui ne dépendait que de la générosité de sa famille d’adoption quand sa famille de sang l’avait tuée ? Ses mains se resserrèrent, rassurantes, avant qu’elle ne les lâche pour se relever et venir s’asseoir sur ses genoux comme elle avait l’habitude de le faire longtemps auparavant. Depuis, Adéis avait pris cette place qui lui revenait de droit. Pourtant, elle avait été le premier public de ses histoires de chevaliers et de croisés. Ses bras passèrent autour de son cou et elle le serra contre elle.

— Tu n’as pas besoin de le savoir, Démétrius, tu dois simplement Lui faire confiance. La réponse viendra d’elle-même, mais pour cela tu dois accepter. Accepter qui tu es et accepter de regarder devant toi.
Sa main glissa le long de ses cheveux cuivrés en silence avant qu’elle ne reprenne.

— Et si tu tiens tant que cela à le savoir, je peux te donner ma réponse : ta famille a besoin de toi et tu n’as pas besoin de tes jambes pour les servir. Et pour tout le reste, nous trouverons des solutions, tu verras. S’adapter est difficile, mais si quelqu’un en est capable c’est toi.

Elle embrassa sa joue puis resta un instant le regard perdu vers l’olivier qui dansait toujours au gré des bourrasques, faisant virevolter ses feuilles du vert à l’argent. Au fond c’était comme quand les incendies ravageaient la garrigue lors des étés brulants. Il ne restait que des cendres et la désolation, un paysage de gris et de noir fantomatique. Et puis un jour, sans que l’on sache comment, une petite tâche de verte émergeait soudainement de cet enfer calciné…

— Dem? interpella-t-elle tu te souviens de l’incendie dans les collines quand j’avais huit ans ? Ces fameuses collines qui étaient désormais verdoyantes depuis de longues années. Tu sais ce chêne noirci par les flammes, il me fait penser à toi. Au printemps suivant, il avait ces petits bourgeons sortis de nulle part. Toi aussi, tu vas retrouver tes feuilles, tu verras.

Finalement Layla se pencha en avant pour attraper le courrier demeuré sur la table.

– Bon, je te lis la fin de la lettre de ta douce femme, mon cher frère ? demanda-t-elle avec toute sa joie subitement retrouvée comme si l’orage était désormais bien loin.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Mar 6 Juil - 12:04

Il ne savait pas. Il ne savait plus. Quelque part au fond de lui, quand Layla le lâcha, Démétrius eu peur qu’elle ne s’en aille et ne le laisse là, seul, le nez dans le précipice. Ah, il était courageux le capitaine d’Aussevielle ! Et il fut aussi bêtement soulagé qu’elle s’installe sur ses genoux et l’étreigne parce que… Parce que quelque part, il en avait besoin. Il passa presque timidement ses bras dans son dos.

— Je ne sais plus, répéta-t-il comme un appel au secours.

Pas besoin de savoir. Il suffisait d’avoir confiance. Il essayait de se le répéter. Depuis plus longtemps qu’elle ne pouvait le penser mais… Mais c’était difficile. C’était difficile de s’y accrocher et accepter… Oh, se dire qu’il fallait accepter, c’était bien simple, mais cela ne suffisait pas.

Et sa famille… Sa famille… Quelque part, il comprenait ce qu’elle voulait dire par là, mais il ne pouvait pas s’empêcher de penser que ce ne serait pas pareil. Que… Manifestement, il suffisait de bien peu pour le mettre à terre. Qui l’eut cru ? Si quelqu’un était capable - non pas de s’en relever mais - de s’y adapter, c’était lui ? Il aurait bien voulu le croire. A une époque, il l’aurait cru mais… mais force était de constater que tout ce qu’il faisait, c’était s’embourber. C’était tellement loin de ce qu’il aurait pensé être, de l’exemple qu’il aurait voulu donner… C’était… un échec de plus.

Son regard suivit celui de sa petite soeur à l’extérieur. Pas tant par mimétisme que par habitude. Il y resta lorsqu’elle l’appela, mais hocha doucement la tête pour confirmer. Oui, il se souvenait. Il s’y était aventuré une fois le feu éteint et était en était revenu désespérément sale. C’était juste avant de la rencontrer elle. Maintenant qu’il y repensait, elle n’était plus rien sinon un souvenir agréable et c’était une autre qui occupait ses pensées. Qui s’y était infiltrée avec beaucoup plus de subtilité mais aussi beaucoup plus de force, qui y revenait toujours et...

Se concentrer. Ecouter. Ne pas se laisser égarer. Evidemment, ce n’était pas pour cela que Layla abordait cet incendie. Mais pour le comparer à un chêne calciné. Il allait retrouver ses feuilles. Pas si longtemps auparavant, il se serait contenté de ça. C’était ainsi qu’il avait toujours pensé. Alors il repoussa le “comment sais-tu que je ne fais pas partie de ces arbres trop profondément brûlés pour revivre, qui ne sont plus bons qu’à s’effondrer ou à être abattus et peut-être un jour remplacé ?”. Parce que ce n’était pas lui…

— Retrouver mes feuilles, répéta-t-il simplement.

Il fallait y croire. Avant, il aurait cru. Comme son coeur s’était remis et mieux que remis de ce qui n’avait finalement été qu’une égratignure. Il fallait.

Puis, Layla remua pour récupérer la lettre. La lettre de Bérénice. Bérénice… Il acquiesça.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Mar 6 Juil - 21:40




Layla, 25 ans

Démétrius passa ses bras dans son dos et quelque part elle fut rassurée. Parce que oui, l’espace d’un instant elle avait envisagé qu’il la repousse ou en tout cas qu’il reste distant. Cela faisait si longtemps qu’elle ne l’avait plus serré dans ses bras et quoi qu’il en pense et en dise, elle s’y sentait toujours en sécurité dans cette forteresse.

— Je ne sais plus
— Tu vas y arriver. affirma-t-elle avec conviction avant de développer son propos.

Elle savait qu’il écoutait chacun de ses mots et cela lui suffisait. Même s’il n’y accordait pas grande importance aujourd’hui, demain, après-demain ou un jour prochain, l’idée serait toujours là dans un coin de son esprit. C’était un petit fruit vert encore insignifiant, mais il grossirait et murirait jusqu’à pouvoir être récolté. Il fallait simplement du temps. Du temps et de l’attention pour ne pas le faire avorter par manque d’intérêt. Et puisqu’on parlait là de son frère, il était évident qu’elle ne le laisserait pas son jardin en friche. D’ailleurs, ce fut de lui-même qu’il parla de retrouver ses feuilles. Des bourgeons, voilà ce que c’était, de petits bourgeons qui patientaient jusqu’à ce que la sève de la vie ne décide de le faire éclore. Elle esquissa un sourire avant d’embrasser le sommet de son crâne en le serrant un peu plus dans ses bras puis se décida à attraper la lettre.

— Tu vois que tu ne sers pas à rien, je peux toujours venir m’asseoir dans tes bras ! plaisanta-t-elle avec sa légèreté retrouvée.

Et puis même si c’était difficile pour l’heure, il devrait apprendre à s’en accommoder et l’humour et l’autodérision étaient aussi un moyen comme un autre de voir que ce n’était pas une fin en soi. Enfin ! Pour l’heure, on attendait surtout la suite de sa lecture. Elle appuya donc sa tête contre la sienne de manière à ce qu’il puisse lire en même temps qu’elle.

Dans deux jours nous recevons Boréalion, le célèbre auteur. Je n’apprécie pas particulièrement son style, mais je suis curieuse de rencontrer l’homme qui se cache derrière cette œuvre que tous encensent de partout. Tu devrais les voir, toutes ses admiratrices avec la bouche en cœur et les yeux larmoyants à la moindre évocation de son nom, c’est si absurde ! Je te parie qu’à sa séance de dédicace, il y en aura bien une pour tomber en pâmoison devant ses pieds…


Layla pouffa de rire à la dernière phrase. Elle imaginait bien les demoiselles prises de vapeurs agiter frénétiquement leur éventail dans l’espoir de se faire sauver par Boréalion-Trestinian.

Tu ne les as pas lus toi, non ? Vraiment… Je ne comprends pas comment on peut en arriver à de telles extrémités. Non, mais tu te rends compte, un peu ! Enfin ce n’est rien qu’une histoire de chevalier et les tiennes sont quand même nettement meilleures !

Un petit mensonge et une vérité. Car si elle adorait ses histoires et qu’elle n’en était pas à ce point… elle avait tout de même lu tous les livres et… elle avait adoré. Vraiment. Quoi qu’en dise Bérénice – et leurs discussions animées sur ce sujet – elle prenait toujours un plaisir infini à lire ses romans et pfff elle aurait vraiment voulu être là et pouvoir le rencontrer ! Et dire qu’elle n’appréciait même pas son œuvre autant qu’elle-même ! Elle croisa le regard de Dem et… La jalousie était un vilain péché. C’est juste que… Elle aurait quand même vraiment aimé rencontrer son auteur favori !

Le temps file et l’heure du diner approche, je dois te laisser. Je te joins un dessin de Fromart qu’Adéis a fait pour toi. Tu vois la fenêtre, là-haut ? C’est lui qui te dit bonsoir. Il m’a demandé quand arriverait cette lettre. Je lui ai donc répondu trois ou quatre jours peut-être. Il a déclaré qu’il irait à la fenêtre te dire bonsoir dans ces dates-là. Il a beau s’amuser de nouveau, je sais que tu lui manques. Je t’embrasse et te souhaite une belle nuit, à très vite. Bérénice

Elle récupéra aussitôt l’autre feuille pour découvrir le dessin d’Adéis qu’elle rendit immédiatement à son père. C’était tellement touchant. Ce petit bonhomme débordant d’amour lui manquait. Oui c’est vrai, c’était une tornade et il était épuisant, mais tout de même, il n’était rempli que d’amour et de bonté.

—Tu voudras que je t’accompagne sur la grande terrasse nord ce soir ? Je crois que si on se met dans l’angle, on devrait être face à Braktenn.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Ven 9 Juil - 11:07

Layla et sa confiance s’efforçaient de le rassurer. Il n’était pas certain que pouvoir l’accueillir sur ses genoux inertes soit d’une grande utilité mais pour le reste… pour le reste, il le savait déjà. Et s’il le savait mais qu’il n’y parvenait pas malgré tout… les choses pouvaient-elles vraiment encore changer ? La vérité ? La vérité était qu’il avait été orgueilleux de croire qu’il saurait se débrouiller… Il savait ce qui lui restait à faire.

La lecture repris… Cela parlait vaguement de Boréalion et Bérénice semblait vaguement peu convaincue. Boréalion… Oui, il savait qui il était, tout de même. De là à avoir lu ses livres… Eh bien, ce n’était pas forcément par mépris de son oeuvre, mais il n’avait jamais eu de temps à y consacrer. En revanche, ce qu’il savait, c’était que Layla - comme un nombre de personne non négligeable - appréciait ce qu’il faisait.

Il rattrapa tant bien que mal le fil de la lecture… Extrémités de quoi ? Que s’était-il encore passé ? Bon, manifestement cela n’avait pas changé de sujet. Il tâcherait de relire plus tard s’il en avait le courage. Il devait s’accrocher. C’était le seul moyen. Leurs regards se croisèrent. Oui… ? En général, ils se comprenaient, mais là… Là il devait avouer qu’il n’avait pas compris. Un problème dans la suite ? Avec Bérénice ? Ou bien… c’était lié au sujet précédent ? Quelle perspicacité, monsieur le marquis !

Il semblait que la lettre touchait à sa fin. Retour sur Adéis… Son petit garçon. Fin janvier, ce n’était pas si loin. Et… Et peut-être… Peut-être que lorsqu’il le retrouverait il serait capable de… il ne savait pas exactement quoi mais quelque chose de positif. Dessin, fenêtre, bonsoir. Il était adorable. Lui manquer… Oui, bon, cela restait à voir. Il était sans doute mieux ainsi tout de même.

Démétrius regarda le dessin. Un léger sourire, sans doute affecté par une certaine culpabilité, apparut un petit moment sur ses lèvres. Alors que Layla faisait encore une proposition, les mêmes difficultés revinrent. Comment expliquer ? Comment expliquer toutes ces fois où… ?

Il finit par acquiescer. Il fallait qu’il parvienne à expliquer. Mais plus tard. Là, il ne trouvait pas.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Ven 9 Juil - 15:41




Layla, 25 ans


30 décembre 1597, dans la soirée,

En allant chercher Démétrius emmitouflé dans un épais manteau (car si les journées étaient douces,
les nuits étaient fraiches), elle se demanda ce qui était finalement advenu du fameux sorcier. Avait-il été exécuté finalement ? Le procès devait être clos ou se clore d’ici peu. Elle ne se faisait pas beaucoup d’espoir sur l’issue, mais… s’il était si bon, Il ne pouvait pas le laisser mourir, non ?

— Tu es prêt Dem ? lui demanda-t-elle une couverture entre ses mains.

Elle aurait bien voulu l’accompagner seule, mais… elle n’aurait jamais réussi à le déplacer seule dans les escaliers, il devait sans doute faire le double de son poids vu la petite crevette qu’elle était en comparaison. Elle comprenait qu’il trouve cela pénible de ne pas pouvoir se déplacer sans aide à cause de ce château inadapté. Même pour elle, être obligée de devoir demander à un domestique de les escorter avait quelque chose de frustrant. Les choses étaient ainsi et il fallait faire. S’agacer ne servait à rien et ce n’était pas cela qui l’aiderait à avancer, alors elle chassa bien rapidement ces considérations, car comment pourrait-elle le convaincre sinon ?

Ils arrivèrent sur la terrasse où la jeune femme avait demandé à faire monter des lanternes, le temps de leur venue. C’est sûr qu’un thé en plein soleil et sans vent était nettement plus agréable qu’une nuit à la froidure qui rappelait qu’il changerait bientôt d’année. Un an. Cela ferait bientôt un an que tante Elena les avait quittés et que Démétrius était blessé. Cela passait à la fois si vite et si lentement. À l’aide de sa couverture, elle couvrit les jambes de son frère puis elle l’accompagna à l’extrémité de la terrasse. Face à eux, dans le velours de la nuit, on percevait à peine les reliefs délavés des collines. Braktenn devait se trouver quelque part par là. Elle leva la main et salua l’horizon tandis qu’elle avait reposé l’autre sur son épaule.

— Tu l’imagines à sa fenêtre? Je suis sûr qu’il va continuer pendant une semaine d’y venir pour être sûr de ne pas t’avoir manqué.

Il était si mignon. Elle le laissa à ses méditations, en profitant elle-même de ce moment pour laisser ses pensées vagabonder avant de revenir au moment présent. Il devait parler. Il ne pouvait plus tout garder en lui comme cela.

— Dem? tenta-t-elle en tournant la tête dans sa direction, je comprends que cela te dérange de te reposer sur d’autres personnes. J’aurais bien voulu moi aussi t’emmener ici sans aide, mais c’est ainsi et l’on s’y fera, elle esquissa un sourire, dis moi, qu’est-ce que c’est le pire pour toi ?

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Message par Démétrius d'Aussevielle Lun 12 Juil - 22:45

Le marquis acquiessa vaguement quand Layla revint le chercher. Oui, il était prêt. Plus ou moins. Il avait pu relire la lettre de son épouse - en ne décrochant qu’une demi-douzaine de fois - et avait redonner du sens à ce qu’on lui avait raconté.

Il fallait… qu’ils se reprenne. Cela ne pouvait plus durer ainsi, cela ne pouvait plus. Cela n’aurait d’ailleurs jamais dû, et une question revenait sans cesse depuis que Layla l’avait laissé. Plus virulente et incontournable que d’habitude, l’obligeant à y réfléchir sérieusement, non sans fixer son olivier.

Le trajet fut… ce qu’étaient ses déplacements depuis l’accident. Humiliant, quelque part. Pour la première fois, il se dit que cela ne l’était que parce qu’il n’acceptait pas la situation. A la vérité, il ne se reconnaissait plus.

Layla l’emmena à l’extrémité. Il la regarda faire des signes, légèrement circonspects, avant de se décider à jouer le jeu. Il acquiesça. Oh oui, il l’imaginait. C’était si adorable, si innocent. Et assez ingénieux dans son étrangeté. Son fils lui manquait. Bien plus que lorsqu’il partait au front. Dire que cela ne faisait à peine une quinzaine de jour qu’ils étaient partis.

Son regard se perdit dans les collines. Puis vint cette question. Retour aux collines, comme si la réponse était tracée dans le ciel nocturne. Elle aurait voulu l’emmener sans aide, mais là n’était pas la question : pour si peu, il n’aurait même pas dû avoir besoin d’elle. Et il avait beau savoir depuis plusieurs mois qu’il lui faudrai s’y faire, il ne pouvait pas s’empêché de trouver cette situation pénible.

— Je ne... commença-t-il après quelque brèves minutes de silence. Mais il savait, quelque part. Comment en suis-je arrivé là, Layla ? A… douter. A ne tellement plus savoir que désormais, j’ai moins de crédit qu’un enfant en bas âge. Je… je ne comprends pas comment cela a pu arriver. Comment j'ai pu laisser...

Et voilà qu’il se lamentait à haute voix comme si cela ne le rendait pas plus pitoyable encore. Et pourtant… pourtant il avait beau chercher, il ne discernait pas l’entrée de ce cercle vicieux… Comme un escalier sans fin qu’il dégringolait depuis des mois. Qu’il lui faudrait remonter degré par degré… Il n’était même plus sûr d’en avoir le courage.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Mar 13 Juil - 21:30




Layla, 25 ans


Ils étaient là, tous deux sur la terrasse, cette avant-dernière nuit de l’année. Entre deux nuages effilés, la demi-lune jouait à cache dans le ciel de velours encore bleuté des dernières lueurs du jour. Après quelques minutes de silence, elle tenta d’ouvrir la conversation, d’essayer de lui faire mettre des mots sur sa situation, de l’aider à avancer, même si ce n’était que de quelques centimètres, simplement… se remettre en mouvement. Elle reporta son attention sur l’horizon jusqu’à ce qu’il se décide à lui répondre.

Layla se tourna dans sa direction. Plusieurs fois elle entrouvrit la bouche, mais il n’avait pas fini et il n’était pas question de le couper. Elle se mordit la lèvre à la recherche de quelque chose d’intelligent à dire, quelque chose qui pourrait l’aider et…

— Est-ce si important de savoir comment tu as échoué là ? Au fond ce qui compte c’est de savoir où tu te trouves, tu ne crois pas ? C’est ce que l’on fait lorsque l’on se perd quelque part, non ? On essaye de savoir où on est et on tente de prendre la direction de l’endroit où on veut aller.

Elle soupira un nuage de buée puis inspira une bouffée d’air glacée.

— Tu sais, c’est normal d’être perdu lorsque l’on perd tous ses repères, seulement… Seulement je pense que tu es tant resté immobile que tu as fini par prendre racine.

Elle avait encore quelque chose à dire, mais ne savait pas trop comment l’aborder. Allait-il encore penser qu’elle le traitait comme un enfant ? Ce n’était pas ce qu’elle voulait, pourtant s’il refusait de prendre l’initiative, elle n’avait pas d’autre choix que de lui montrer la voie. Était-ce pour autant un mal ? Elle n’avait aucune mauvaise intention derrière, bien au contraire.

— Je pense que tu devrais envisager de reprendre un quotidien plus... Normal ? Non, elle ne pouvait pas dire cela, il allait se renfermer. Elle marchait sur des œufs cailles entourées de braises… Rythmé et rigoureux ? Avant tu t’astreignais toujours à une certaine discipline, tu aurais détesté te voir aussi oisif... Et… ce n’est pas uniquement la faute de ta blessure et de… son manque d’autonomie ? De son incapacité à se déplacer ? Ses prunelles balayaient nerveusement l’obscurité de gauche à droite. Enfin ce que je veux dire c’est que tu pourrais au moins faire l’effort de venir manger à table avec moi, mince alors ! s’exclama-t-elle bougonne en croisant ses bras.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Mer 14 Juil - 13:29

— Est-ce si important de savoir comment tu as échoué là ? Au fond ce qui compte c’est de savoir où tu te trouves, tu ne crois pas ?

Le marquis hésita… On avait tout de même tout de jolies phrases quand on n’était pas soi-même dans la situation fâcheuse. Oh, et elles étaient sensées mais… Mais cela lui manquait tout de même. Il avait besoin de savoir quelle erreur il avait commise, quelle limite il avait franchie pour se retrouvé propulsé à ce niveau de… de…

Normal de se sentir perdu. Sans doute, mais ce n’était pas parce que c’était normal que c’était facile. Oh, même pour lui, la solution était facile à énoncer. C’était la mettre en oeuvre qui semblait hors de sa portée. Accepter. Composer avec. Recommencer et avoir confiance en leur Seigneur pour le reste. Eh bien oui, après tout, il suffisait de s’y faire… seulement il n’était qu’un homme, lui. Aussi faillible et vulnérable que celui qui, dix mois plus tôt… dix mois plus tôt… Non, il ne voulait pas y penser.

Il raccrocha aux paroles de Layla :

— ...tu aurais détesté te voir aussi oisif...

Que croyait-elle ? Que cela avait changé ? Qu’il s’enorgueillisait de son désoeuvrement absolument pitoyable ? Qu’il… A quel moment avait-il franchi la ligne ?

Elle râlait. Au fond, c’était presque agréable de l’entendre se plaindre devant lui. C’était sans doute ridicule, mais ça donnait l’impression… il ne savait, de retrouver un semblant de place. Bien sûr, il aurait préféré qu’elle n’ait rien à lui reprocher - et en théorie, elle n’avait strictement rien à lui dire - mais seulement, c’était… infantilisant d’être écarté de ce genre de choses. C’était lui jeter à la figure qu’il était trop fragile pour le savoir, quand bien même il devinait.

— Justement, Ly…

Il ne savait pas comment expliquer. Parler à tort et à travers n’avait jamais été sa passion. Mais avant, parler était naturel. Avant, il avait l’impression de dire quelque chose. Quelques minutes passèrent tandis qu’il cherchait le moyen définitif de l’expliquer. Car c’était aujourd’hui ou jamais.

— Je ne sais pas… comment… comment j’en suis arrivé à ça. Je… je ne comprends pas comment moi, je… je ne me reconnais pas. Je… conçois qu’en ayant l’attitude d’un enfant de deux ans, on me traite comme un enfant de deux ans - voilà, il lui épargnait d’avoir à l’énoncer de la sorte - mais je ne comprends pas comment j’ai pu tomber si bas. Et… dès que j’essaie… je n’ai pas le temps.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Mer 14 Juil - 21:24




Layla, 25 ans

Bon ce n’était pas vraiment violent, mais elle s’en voulait un peu de s’être agacée, parce qu’il avait certainement ses raisons pour ne pas venir déjeuner avec elle, quelles qu’elles soient. En même temps, elle en avait assez. Elle aurait bien voulu une explication, ou mieux pouvoir tenir une discussion avec lui. Comme avant. Il n’avait pas besoin de ses jambes pour converser. Enfin, elle voulait bien croire qu’elle n’était peut-être pas la compagnie rêvée, mais tout de même. Bref, elle avait simplement envie de passer un peu de temps avec lui. Comme avant.

En fait, loin de lui en vouloir, il semblait même prêt à lui répondre, alors elle se suspendit à ses lèvres et attendit prête à capturer les mots qui s’envoleraient dans la nuit. Les minutes s’écoulèrent, pourtant elle n’intervint pas le moins du monde. Elle savait qu’il avait besoin de temps et tous deux étaient suffisamment couverts pour demeurer sur cette terrasse. Puis il parla.

Layla soupira : elle non plus n’en savait rien. Aurait-elle dû le savoir ? En fait, il n’avait pas été lui-même depuis son retour, même s’il était vrai que les premiers temps, il était tout de même plus « vivant » et causant. C’était peut-être de leurs fautes ? Elles avaient peut-être eu tort de lui laisser du temps. Du temps, qui n’avait servi qu’à le noyer un peu plus chaque nouveau jour ? Auraient-elles dû l’inciter à reprendre une vie ordinaire plutôt que de succomber à l’immobilisme.

— Je n’en sais rien! s’exclama-t-elle en levant les bras au ciel.

Il n’avait qu’à Lui demander ! Elle n’avait pas la science infuse et si c’était la réponse qu’il lui fallait et bien elle ne l’avait pas, voilà tout.

— Demande-toi plutôt ce que tu pourrais faire pour changer. Ce sera plus constructif!

Était-ce vraiment elle qui était en train de lui donner une leçon de vie ? C’était le monde à l’envers. Pour un peu, il aurait pu marcher sur les mains que cela n’aurait pas été plus étonnant. Layla soupira à nouveau.

— Je suis désolée, Dem, mais tu tournes en rond comme un poisson dans son bocal ou un serpent qui essayerait de dévorer sa queue en guise de festin. Cela ne rime rien !

Qu’aurait-elle pu dire de plus ? Si elle avait eu ses réponses, elle les lui aurait offertes. Elle ne les avait pas, il devrait s’en contenter.

— Tu veux mon avis? Tu dois reprendre une vie normale.

Et tant pis si cela ne lui plaisait pas et qu’il allait grogner qu’il ne pouvait pas. Parce que la vérité était là : c’était bel et bien une vie normale qu’il lui fallait. Un quotidien, une routine, des activités. Sans cela, il ne sortirait jamais de sa léthargie à moins d’une intervention divine.


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Message par Démétrius d'Aussevielle Sam 17 Juil - 13:26

Layla n’en savait pas plus que lui, et de cela il se doutait bien. Mais n’était-ce pas elle qui avait insisté pour qu’il parle ? Ce qu’il devait changer, il le savait déjà. Ce qui était difficile, c’était de le faire. Et quoi qu’elle en pense, il n’aurait pas pu faire beaucoup plus… Pas jusqu’ici. Mais il y avait bien, sur ses épaules, un bocal dans lequel ça tournait en rond. Quant à reprendre une vie normale… c’était bien facile à dire, mais dans les faits…

— Pourquoi me demandes-tu de parler si ce que j’ai besoin de dire te désintéresse à ce point ? lâcha-t-il avec aigreur. Pourquoi n’as-tu cessé de me demander de t’accompagner dehors si c’était pour ne jamais attendre que j’accepte ? Pourquoi t’obstines-tu à rester alors que nous savons tous les deux que je ne suis qu’ingratitude et que tu serais mieux ailleurs ?

Il soupira, agacé. Elle ne l’aidait pas du tout. Lui, quand il l’écoutait, il ne la reprenait pas sur tout, si ? Etait-ce vraiment ce qu’elle appelait “ne pas juger” ? Eh bien si elle voulait tout savoir, tout cela ne l’aidait pas. Mais un homme, après tout, aurait dû être capable de se relever - enfin, de se reprendre - seul et sans pleurnicher. Comme il s’était toujours efforcé de le faire. Comme pour elle, même si cela lui avait arraché le coeur. De… prendre ses responsabilités quoi qu’il en coûte, et le reste passait après.

— A demain. Merci.

De ne pas l’avoir vraiment écouté. De lui avoir rappelé sa place. Qui il était. Il saisit ses roues pour prendre la direction de l’escalier, et commanda qu’on le ramène à ses appartements, ferme dans ses résolutions… Davantage que d’habitude, mais cela suffirait-il une fois le choc passé ?
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Message par Bérénice d'Aussevielle Sam 17 Juil - 17:46




Layla, 25 ans

Elle venait à peine de terminer que Démétrius lui renvoya tout à la figure.

Pourquoi me demandes-tu de parler si ce que j’ai besoin de dire te désintéresse à ce point ?

Elle ne… non, c’était faux ! Ses lèvres s’entrouvrirent et se refermèrent aussitôt. Elle l’écoutait… mais s’il posait une question c’est bien qu’il voulait une réponse ? C’était ce qu’elle avait essayé. C’était ce que l’on appelait une conversation…

Pourquoi n’as-tu cessé de me demander de t’accompagner dehors si c’était pour ne jamais attendre que j’accepte ?

Layla vacilla sur un pas arrière mal assuré. Elle n’aurait jamais cru que ses mots puissent la blesser plus encore que son silence, pourtant, elle avait l’impression d’avoir reçu un coup en pleine poitrine. Elle avait attendu. Elle avait… Combien de temps aurait-elle dû patienter ? Combien ?! Dix minutes ? Une demi-heure ? Une heure ? Des heures ? Des jours ? Des siècles ?! Comment était-même censée d’avoir cela ?

Pourquoi t’obstines-tu à rester alors que nous savons tous les deux que je ne suis qu’ingratitude et que tu serais mieux ailleurs ?

Alors c’était ça ? Il voulait se débarrasser d’elle ? Elle était juste un bernicle sur un rocher qui ne lui appartenait même pas. Au fond, elle n’était pas plus chez elle ici qu’ailleurs. A part peut-être au fond de la mer. Là où elle aurait dû aller. Elle serra ses poings tandis qu’il partait en la remerciant avec une profonde ironie qui ne rajouta qu’un peu de sel sur ses plaies. Pétrifier, le suivit du regard alors qu’il disparaissait peu à peu, avalé par les ténèbres.

— Tu es mesquin Démétrius d’Aussevielle ! hurla-t-elle de rage alors que ses ongles pénétraient ses paumes. Je suis peut-être idiote, inutile et envahissante, mais moi au moins j’essaye ! Je ne reste pas planté à regarder un stupide arbre à longueur de journée en attendant l’illumination !cracha finalement sa voix tremblante des larmes qui inondaient désormais ses joues.

Elle attendit quelques secondes supplémentaires qu’il ait complètement disparu puis porta machinalement sa main à la croix qu’elle portait autour de son cou, mais rien ne semblait parvenir à atténuer la lancinante douleur qui pulsait dans sa poitrine, pas mal les reliefs d’ordinaire réconfortant qu’elle sentait sous la pulpe de ses doigts. Ses jambes se dérobèrent et elle se laissa tomber sur le sol comme une vieille poupée de chiffon. Elle n’était rien d’autre qu’un parasite qui subsistait sur leurs dos. A quoi cela servait de l’avoir épargné pour qu’elle en soit là aujourd’hui à se dire qu’elle n’avait nulle part où aller ? Elle n’avait plus aucun droit ici, et certainement pas celui d’y demeurer qu’elle s’était octroyée. C’était Virgil et Elena qui l’avait recueilli, pas Démétrius. Il pouvait bien la mettre à la porte, il avait raison.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Sam 17 Juil - 19:54

31 décembre 1597

Il était parti. Sans se retourner. Sous le coup de la colère, de l’incompréhension, d’un reste de fierté qui l’avait empêché de faire demi-tour. Quelque part aussi pour être certain de ne plus rien dire de blessant sans le vouloir.

Et pourtant… pourtant, quelque part, il avait raison. Il ne lui demandait pas d’arranger sa situation, ni de trouver des failles à tout ce qu’il disait. C’était bien facile de dire que cela ne servait à rien, et assez vrai quelque part mais… cela n’empêchait pas que cela l’affecte encore, voilà tout. Oui, c’était sans doute injuste de lui reprocher de ne jamais attendre assez. Après tout, elle n’y pouvait rien s’il était devenu trop lent pour le monde. C’était de sa faute uniquement.

Et pour le reste… Idiote, inutile et envahissante. Non, cela, il n’arrivait pas à se l’expliquer. Elle… Heureusement qu’il avait gardé pour lui les bêtises qu’il avait alors pensées. Mais… Etait-ce vraiment ce qu’il lui renvoyait ? Non mais sérieusement, qui avait été idiot, inutile et envahissant, récemment ?

Il avait pensé se donner quelque jours. Leur donner quelques jours. Pour laisser l’émotion retomber. Seulement, il ne pouvait pas. C’était trop long. L’étonnemment mal dissimulé de ceux qui avaient dû l’aider à atteindre la chapelle, puis le bureau - il fallait bien commencer par quelque chose - n’avait pas eu grand chose de distrayant. Et même avec toute la bonne volonté du monde, il avait été incapable de se concentrer plus de quelque minutes d’affilée - il n'y avait pas le coeur, il n'était même pas sûr de recommencer le lendemain. Et ce conflit laissé en suspend ne l’y aidait pas.

Il avait fini par demander à ce qu’on le conduise jusqu’à la chambre de Layla. Non, pas qu’on la fasse appeler. Qu’il y aille. Il le lui devait, cet effort, quelque part.

Il frappa, tout en se faisant la réflexion que c’était bien la première fois qu’il bougeait autant en une journée depuis son retour. Rien.

— Layla ? C’est Démétrius… J’aimerais te parler, je peux entrer ?

Rien. Il attendit un peu - non sans se perdre un peu dans ses pensées au passage. Oui, sauf que si le but du jeu était de dépasser son temps de réponse, ils n’allaient pas s’en sortir.

— Je vais entrer, annonça-t-il.

Si cela lui posait vraiment problème, elle pourrait toujours le lui dire. Il ouvrit la porte tant bien que mal - il ne pouvait pas se déplacer, mais il aimait autant se débrouiller pour ce qu’il était encore capable de faire -, la referma, et s’avança un peu dans la pièce. Il resta un moment silencieux, s’efforçant de rassembler ses mots - et son humilité, parce que quelque part il n’avait pas eu tout à fait tort non plus, et une voix insidieuse lui rappelait qu’il avait encore le droit de parler. Mais il l’avait blessée, et cela, il ne le voulait pas. Il chercha son regard. Il fallait un peu commencer à affronter.

— Je... suis venu te présenter mes excuses pour hier soir. Je te demande pardon si j’ai été maladroit… et certainement injuste. J’ignore ce que tu en as déduit exactement, mais…

Mais c’était faux. Ce qu’elle avait dit était faux. Parfaitement faux. Et il ne trouvait plus les mots pour ce qu'il avait réellement voulu exprimer.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Sam 17 Juil - 21:02




Layla, 25 ans

Layla n’avait pas quitté sa chambre depuis la veille au soir où elle y avait épongé toutes ses larmes dans le traversin. Elle s’était dit qu’une fois la nuit passée, elle se réveillerait lavée de sa peine, mais en ouvrant ses yeux sur le ciel de lit lavande, elle trouva son cœur toujours aussi lourd et essoré comme une vieille serpillère. Ses yeux piquaient encore du sel qui s’y était accumulé et ce n’était pas car elle avait visité la côte.

Elle avait demandé, elle qui n’était personne, à ce qu’on lui fasse monter un repas. Ce qui était affreusement hautain de sa part. Elle en avait soupiré puis avait déjeuner sans appétit. Et tout le reste de la journée fut à l’image de son repas : fade et sans appétit.

Elle tenait un livre ouvert entre ses mains lorsque Démétrius frappa. Elle savait pertinemment que c’était lui. Il n’y avait que lui pour ne pas l’interpeller en même temps. Quoique cela ait eu d’étonnant de le savoir s’être déplacé jusqu’ici, elle ne se donna pas la peine de répondre. Tout simplement car il était ici non seulement chez lui, mais également le maître des lieux, alors il n’avait pas besoin d’une quelconque invitation ni même autorisation pour pousser cette porte qui les séparait. C’était à se demander pourquoi il hésitait tant à entrer, lui qui n’avait eu de cesse de dire que personne ne l’écouter ni ne lui obéissait. Elle avait bien compris et lui laissait volontiers  l’opportunité de s’imposer chez… lui, si c’était  ce qu’il désirait. Après tout elle n’avait pas son mot à dire. Et elle en avait visiblement bien trop dit la veille en ayant la prétention d’espérer l’aider.

Il ferma la porte derrière lui et si dans d’autres circonstances, elle aurait couru vers lui avec un large sourire en le découvrant pour la première fois ici depuis son accident, elle… n’arrivait pas vraiment à se réjouir de cet événement. Il s’excusa de ses paroles. Elle répondit d’un hochement de tête. Sa phrase n’était pas finie et elle n’attendait jamais assez longtemps. Alors elle resta immobile et muette telle une statue. Quelle ironie de voir leur situation inversée le temps d’un instant. Mais quoi que cela puisse paraître, ce n’était pas pour lui faire payer sa conduite. Non, seulement elle n’avait rien à dire, elle qui était d’ordinaire bavarde comme une pie, mais elle devait également attendre. C’était ce qu’il avait dit la veille. Combien de temps jugerait-il raisonnable d’attendre lui ? Sans doute guère plus qu’elle, mais cela n’avait aucune importance.

En vérité, elle était sincèrement touchée qu’il soit monté pour s’excuser. Même sans excuse, elle aurait été ravie de le voir faire cet effort de venir jusqu’à elle. Pourtant, pour l’heure, son cœur demeurer aussi scellée que les lèvres ondulées d’un bénitier qu’elle ne parvenait plus à ouvrir.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Ven 23 Juil - 17:13

Layla se contenta de hocher la tête lorsqu’il s’excusa. Il tenta de poursuivre, sans savoir comment le prendre, puis s’interrompit, perdu. Il fut presque étonné qu’elle n’en profite pas pour intervenir. Certes, il avait besoin de temps pour réagencer ses idées mais cela ne rendait pas son silence moins inquiétant. Sans doute ce fut cette ambiance pesante qui le pressa se reprendre et de formuler une suite.

— Tu n’y peux rien si je suis... devenu trop lent pour le monde. Tout passe et… et je n’ai pas le temps, Ly. Mais...

C’était compliqué. Et c’était ce qu’il avait voulu dire. Comment en était-il arrivé à ne plus rien suivre ainsi ? A n’avoir tellement plus de force. Quelques minutes de concentration, et il s’égarait déjà. C’avait tellement de quoi décourager qu’il n’était même pas certain de recommencer. Faire comme si, s’accrocher. Cette fois, c’était plus difficile. Comme trop tard et… Et encore une fois, le temps fila sans qu’il ne le perçoive, perdu d’une pensée à l’autre. Son regard était tombé sur ses genoux. Il y avait une chose importante qu’il devait absolument lui dire mais… quand il revint dessus, il y manquait toujours quelque chose. Il faillit renoncer, mais de là où il était, il aurait difficilement pu attendre qu’elle s’en aille.

Il empoigna ses roues pour se rapprocher. Quelque part, il songea à se lever pour la serrer dans ses bras, la rassurer comme son grand-frère l’aurait fait en voyant qu’il y avait un problème - parce qu’il y avait un problème. Il s’était même pris en appui sur ses mains avant de se souvenir - bien trop vite - que cela ne lui était plus possible.

— Ce que tu as dit… Tu… sais tout de même que c’est faux, n’est-ce pas ?
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Message par Bérénice d'Aussevielle Ven 23 Juil - 18:28




Layla, 25 ans

Démétrius était venu pour s’excuser et elle avait encore du mal à réaliser qu’il était ici, dans sa chambre, en face d’elle. C’était tout bonnement incroyable. Pourtant la blessure était encore si fraiche qu’elle ne parvenait pas à entrouvrir ses lèvres pour lui répondre ou ne serait-ce que former une phrase. Alors c’était cela qu’il ressentait à longueur de journée ?

Elle acquiesça à cette nouvelle déclaration. Trop lent. Pas le temps. C’est ce qu’il répétait toujours. Elle n’y pouvait rien. Parce qu’elle n’en était pas la cause ou pas le remède ? Est-ce que cela signifiait qu’il attendait d’elle qu’elle se résigne à accepter à cela comme lui devait accepter de perdre sa liberté de mouvement ? Mais, car il y avait un « mais », le temps  se suspendit de nouveau. On disait que ce qu’il y avait avant un « mais » ne comptait pas. Pourtant, lorsque la suite arriva après un interminable silence, elle en douta sincèrement. Premièrement car elle eut un peu de mal à raccrocher les wagons éparpillés. Deuxièmement, car elle ne se souvenait plus de ce qu’elle avait bien pu dire. Elle chercha un instant et ce fut ce geste qu’il venait d’avoir – celui de vouloir se hisser sur ses bras – qui la mit sur la piste. D’ailleurs il s’était même rapproché d’elle.

Elle réprima l’envie de combler d’elle-même le vide entre eux pour lui épargner l’effort de le faire. Plus tard peut-être. Elle devait déjà lui répondre et ses lèvres sèches eurent du mal à se décoller pour laisser filer les syllabes.

— Que je suis idiote, inutile et envahissante ? proposa-t-elle d’une petite voix mal assurée.

Devant sa validation, elle baissa les yeux. Si elle savait que c’était faux ? Non, bien sûr que non, c’était on ne peut plus vrai. Elle n’avait pas l’intelligence de Bérénice, ne savait rien faire de sa vie y compris lorsqu’il s’agissait simplement de l’aider, elle n’était qu’un parasite ici à Aussevielle. Virgil avait eu la charité de l’élever avec son fils, désormais elle était plus qu’adulte. Elle aurait dû se trouver partout sauf ici. Les larmes remontèrent au bord de ses paupières roulant quelque peu avant qu’elle ne les essuie vigoureusement. Elle releva la tête pour croiser son regard, tâchant une nouvelle fois d’assécher le ruisseau. Maintenant qu'il était marquis, elle ne dépendait que de son bon vouloir. Et il avait raison, elle ne devrait sans doute pas s'obstiner à rester ici.

Elle renifla puis mordit ses lèvres au goût salé.

— C’est la vérité… fit-elle la gorge nouée, je ne sais rien faire. Je n’ai nulle part où aller… Je… Tout ce que j’ai eu, je le dois uniquement à ton père. D’avoir grandi avec toi et d’être revenue après la mort de mon mari quand tu t’es marié. Je le sais bien. Et maintenant je ne dépends que de ton bon vouloir et… en plus je t’ai désobéi en restant… et je t’ai blessé en voulant t’aider alors que c’était la seule chose que je pensais pouvoir faire d’utile. C’était juste terriblement prétentieux. Je suis désolée.

Et elle détourna vivement le regard parce que de toute façon ses joues étaient désormais complètement inondées et qu’elle ne savait même pas pourquoi puisqu’au fond, elle devait simplement donner l’impression de se plaindre alors qu’elle n’était nullement la plus à plaindre. Tout cela simplement pour conclure sur l’évidence même : c'était entièrement vrai. Elle n’était personne. Or Virgil et Eléna partis, elle se sentait encore moins légitime à demeurer entre ces murs.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Sam 24 Juil - 12:01

Layla ne sembla pas tout de suite sûre de ce à quoi il faisait référence. A vrai dire, il ne s’était même pas posé la question : seule cette phrase avait retenu son attention. Cette idée qu’elle répétait et indentifiait désormais. Il hocha doucement la tête. Oui, cette partie-là. Elle ne la pensait tout de même pas ?!

Au fond, il avait suffit d’entendre sa voix pour deviner que si. Il aurait voulu intervenir alors que son regard fuyait, alors qu’ils voyait ses larmes déborder, alors qu’il croisait ses yeux si tristes. Une peine qu’il ne lui connaissait pas, tout comme on ne lui aurait pas prédit, à lui, une telle déprime. Il ne trouva rien. Ses pensées commençaient à l’abêtir lorsqu’elle engagea son développement auquel il s’accrocha tant bien que mal.

Il fronça les sourcils d’incompréhension lorsqu’elle affirma n’avoir nulle part où aller. C’était absurde, il y avait ici, il y avait Saint-Eloi et…

— Tout ce que j’ai eu, je le dois uniquement à ton père.

Cela, il pouvait difficilement le nier. Seulement, cela ne voulait rien dire. Et lui, alors, ne devait-il pas également tout à son père et à leur Seigneur, jusqu’à son existence-même ? La vie n’était-elle pas pour chacun un cadeau et… bien sûr, il avait indentifié le sens de ses propos mais…

Ne dépendre que de son bon vouloir. Et alors, cela ne changeait rien. Cela ne changerait jamais rien. Non, il n’allait pas prétendre que cela lui plaisait qu’elle ait fait précisément le contraire de ce qu’il attendait, seulement, il ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Elle ne voulait que l’aider. Et quelque part… quelque part, ç’avait dû fonctionner.

Il était resté là, sans plus de réaction pendant toute son explication. Il ne savait pas quoi dire, pas quoi faire qui ne risque pas, par quelques maladresse de son état, de la blesser davantage. N’y tenant plus, il rapprocha son fauteuil du peu qu’il pouvait encore et tira sa petite soeur sur ses genoux du mieux qu’il put pour la serrer contre lui.

— Pleure tout ce que tu as, souffla-t-il. Elle en avait besoin.

Son père aurait certainement su quoi répondre à ce genre de bêtises. Mais son père n’était pas là, et c’était bien pour cela que tout partait en vrille. Malgré tous ses efforts, il ne serait jamais aussi bon que lui. Jamais mieux qu’un pâle reflet. C’était aussi un peu pour cela qu’il n’avait pas cédé et pris la même voie que lui : quel avenir y aurait-il eu après un homme si brillant ? L’armée était bien le seul domaine dans lequel il pouvait s’en démarquer… pour le reste, il ne pouvait que faire de son mieux pour ne pas lui faire trop honte. Ces derniers mois, ce devait être un flagrant échec, et quelque part, il savait qu’il ne se serait jamais laissé à ce point dépasser s’il avait dû croiser son regard. Il n’aurait jamais su le soutenir à un tel niveau de médiocrité.

Il avait la gorge serrée de tous ces constats, autant que des larmes de Layla qu’il tentait de bercer. Si bien qu’encore une fois, il lui fallut quelques minutes pour trouver des mots - et même pas ceux qu’il aurait voulu.

— Ly... finit-il par articuler. Je suis là.

Il était là… pour elle, comme il aurait toujours dû l’être. Mais il était aussi là, ailleurs que dans ce salon, devant sa fenêtre - même si une part de lui que l’autre détestait mourrait d’envie d’y retourner. Et s’il avait pu bouger, quelque part, c’était grâce à elle.

— Tu… Je voulais que tu accompagnes les autres parce que… tu avais besoin de respirer, toi aussi. Regarde dans quel état cela te met de m’aider. Mais je… tu as toujours été la bienvenue ici et cela ne changera jamais, compris ?

Qui était-il, d’abord, pour remettre en question les décisions de son père ? Comme s’il n’en avait pas déjà fait assez.

— Tu es ma soeur, Ly. La seule que je n’ai jamais eu, la seule que j’aurai jamais et la meilleure que j’aurais pu espérer. Alors qu’importe si tu ne l’es que parce qu’Il a choisi de te sauver des injustices humaines et parce que mon père était un homme exeptionnel… Tu… Tu ne t’es jamais dit que si tu n’étais là en vertu d’aucun lien de sang, c’était parce que nous tenions à toi pour ta personne propre ? Parce qu'on te voulait vraiment. Parce que...

Une larme lui échappa. Saleté. Il ne savait plus où il voulait en venir, mais ce qui était certain, c’était qu’elle était sa famille au même titre qu’Adéis et Bérénice et qu’il n’aurait pas voulu imaginer sa vie sans elle.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Sam 24 Juil - 19:31




Layla, 25 ans



Elle ne lui avait jamais parlé de cela parce qu’il y avait bien plus important que de s’inquiéter de cette place qu’elle n’avait pas. Comme le deuil de tante Elena et l’accident Démétrius. Même si elle avait voulu lui dire plus tôt quand aurait-elle bien pu ? Elle essayait toujours d’endiguer le flot de larmes lorsqu’elle sentit ses bras l’attirer sur ses genoux. Ce qui n’avait pas changé, c’était qu’elle n’était toujours guère plus qu’une petite plume pour lui. Elle se laissa transporter sans opposer de résistance.

— Pleure tout ce que tu as

Layla s’agrippa à son cou comme si elle risquait de tomber et déversa un torrent de pleurs entre sa nuque et son épaule sans que rien ne puisse le retenir. Toutes celles qu’elle avait difficilement contenues depuis le décès de sa mère d’adoption. Sa main remonta jusque dans ses cheveux alors que les sanglots la secouaient toujours violemment. Elle se laissait porter par ses bras berçants qu’elle avait perdu depuis si longtemps. On ne pouvait pas dire qu’elle se laissait d’ordinaire gouverner par une quelconque mélancolie, bien au contraire, elle était vivante, parfois même exubérante. Il n’y avait pas grand-chose qui aurait pu l’atteindre, mais ne pas avoir de place et accepter de céder tout pouvoir à celui qu’elle considérait comme un frère, cela était dur, encore plus lorsqu’il semblait entièrement brisé.

À croire que perdre leurs parents n’était pas une épreuve suffisante pour leur imposer celle-ci en plus. Elle se repositionna et resserra son étreinte. Pour un peu, elle avait l’impression de le retrouver et c’était si doux. S’il savait combien il avait pu lui manquer ! Elle frotta sa joue dans son cou, juste au moment où il recommença à parler. Sa tête remua, ses lèvres également dans un « merci » tout juste murmuré. Il était là, oui, pour la première fois depuis des mois. Vraiment là, et elle en ressentait une telle gratitude qu’elle ne savait pas l’exprimer autrement qu’en le serrant et embrassant sa joue. Elle aurait voulu demeurer là pour des siècles. Mais cela non plus ce n’était plus sa place. Il y avait Bérénice et Adéis désormais pour l’occuper et ils étaient bien plus importants qu’elle.

— Regarde dans quel état cela te met de m’aider.

Elle secoua vigoureusement la tête pour nier cette affirmation. Ce n’était pas… Non c’était simplement l’impuissance dans laquelle elle se trouvait qui la peinait pas l’aide qu’elle lui portait ou essayait de lui porter. Layla se déplaça pour venir se blottir contre son cœur et écouter ce qu’il avait à dire. Bien sûr que son père était exceptionnel, personne n’aurait jamais osé clamer le contraire. Et le simple fait qu’elle soit ici et qu’ils disent ce qu’il disait le prouvait encore. Malgré tout, il y aurait toujours cette petite voix au fond d’elle qui la ferait douter, parce qu’elle n’aurait jamais réellement de place. Du bout de son index, elle essuya la larme qui roulait sur sa joue. Lui au moins savait comment ne pas finir en vulgaire cascade lacrymale.

—  Je le sais, Dem, je le sais, mais j’ai toujours l’impression de ne jamais avoir de place, c’est comme… elle remonta sa manche pour lui montrer sa peau au teint de chocolat au lait, regarde : ni blanche, ni noire. Et c’est pareil pour tout le reste : j’ai été élevée comme une noble dame -et je vous en suis infiniment reconnaissante-, mais en vérité je ne le serai jamais. Et si je devais vivre avec le peuple là où je devrais sans doute demeurer, j’en serais bien incapable car je ne sais rien faire. Je suis comme ta sœur et tu es comme mon frère, mais je ne ferai jamais réellement partie de ta famille non plus. Je peux rester ici parce que tu m’en donnes l’autorisation et non parce que c’est chez moi. J’ai l’impression de vivre dans les limbes parfois, dans un entre-deux constant, je ne sais même pas vraiment qui je suis, parce que si je dois me définir c’est toujours par rapport à vous et… Et je finis par me dire que je ne suis qu’un parasite inutile.

Ses mains séchèrent définitivement ses joues. Elle avait sans doute bien trop parlé pour lui. Elle aurait dû faire plus court. Elle allait encore le perdre alors qu’il venait de se montrer si bon avec elle.

— Je suis désolée, s’excusa-t-elle penaude après quelques secondes, je suis heureuse que tu sois là... Que tu sois là... et que tu sois venu.

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Message par Démétrius d'Aussevielle Dim 25 Juil - 16:26

Il n’était évidemment pas agréable de voir sa si joviale petite soeur s’effondrer de la sorte, mais il ne lui en voulait pas, loin de là. Il préférait largement savoir et être là pour la soutenir. Reprendre sa place, quelque part. Le rempart qu’il ne pouvait plus être depuis son accident. Le soutien qu’il n’avait pas été dans leurs épreuves communes à cause de son éloignement, puis de son mal être. Layla le prit au mot et son épaule dégoulina bientôt de larmes trop retenues.

Voilà, c’était bien. Qu’elle les laisse partir. Il aurait voulu promettre qu’il ne les abandonnerait plus, seulement il avait trop peur de faillir à nouveau. Tout ce qu’il pouvait garantir, c’était sa présence ici et maintenant. Quand cela n’allait pas. Elle n’avait pas besoin de s’en cacher, ni d’en avoir honte. Surtout pas devant lui après ce qu’il leur avait fait subir. Il essaya de trouver les mots. C’était encore difficile. Difficile d’être, de parler, de revenir. C’avait été beaucoup trop loin. Il ne pouvait plus céder. Ne fut-ce que pour eux trois, les seuls qui avaient encore vraiment besoin de lui. Il embrassa son front quand elle eut embrassé sa joue. Voilà, il était là. Et elle était sa petite soeur, quoi qu’on en dise. Elle rattrapa la larme qu’il avait laissée échapper à l’idée qu’elle puisse en douter.

L’impression de ne pas avoir de place, piégée dans un entre-deux. Il avait un peu de mal à appréhender une telle idée. Pas tant qu’il n’ait pas intellectuellement compris ce qu’elle exprimait - paradoxalement, l’émotion l’aidait à ne pas décrocher - mais il ne pouvait pas réellement savoir ce que c’était. Il ne l’avait jamais vu ainsi.

Il hocha négativement la tête quand elle revint sur sa qualification de parasite. Cela, ce n’était que faux. Et pour le reste… Comment lui expliquer qu’ils ne percevaient pas la même nuance ? Il secoua encore la tête : il n’y avait pas de raison de s’excuser. Ce n’était rien. Rien du tout. Il sourit à sa phrase suivante.

— C’est grâce à toi. Tu m’as rappelé… ce qui était important.

Il n’y avait sans doute qu’une personne qui aurait pu l’empêcher de dériver dès le départ, et cette personne n’aurait jamais abandonné les siens de la sorte de son vivant. Son absence n’aurait pas dû empêcher Démétrius de se reprendre, bien au contraire : s’il n’était plus là pour assurer à sa place, il n’avait pas le choix. Il ne serait jamais lui, mais ce n’était pas une raison pour se laisser dépasser.

— Tu… es chez toi au même titre qu’Adéis et Bérénice, Ly. Au même titre que je l’ai été jusqu’ici, comme j’aurais dû le rester. Et pour moi, tu fais tout autant partie de ma famille. Tu as ta place avec nous, quoi que tu en penses.

Il resserra son étreinte. Quelque part, il en avait besoin aussi.

— Et puis, honnêtement, si quelqu’un ici est inutile... soupira-t-il.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Dim 25 Juil - 20:15




Layla, 25 ans


Elle était bien dans ses bras comme avant. Comme quand elle était petite, qu’ils étaient tous là et que tout allait bien parce qu’elle savait qu’il y avait toujours quelqu’un pour venir la réconforter dans les moments difficiles. Cela lui avait tant manqué. En l’espace de quelques années son monde s’était désagrégé sous ses yeux sans qu’elle ne puisse y faire quoi que ce soit. Le savoir présent était le plus beau des cadeaux qu’il aurait pu lui faire en cet instant. C’était peut-être anodin pour la plupart, mais après tous les évènements traversés, pouvoir pleurer et se confier à lui comme avant faisait un bien fou. Il y avait bien Bérénice à qui elle pouvait parler, cependant ce ne serait jamais tout à fait pareil non plus. Certaines choses ne pouvaient être entendues que par elle et d’autres uniquement par son grand frère.

Même s’il ne comprenait pas, et comment aurait-il pu alors qu’il avait toujours eu sa place bien déterminée ? Elle était ravie de savoir qu’il faisait cet effort et ce malgré les difficultés certaines qu’il devait rencontrer pour se concentrer. Alors c’était tout naturel de le remercier.

Elle leva les yeux pile à ce moment pour apercevoir un vrai sourire sur son visage. Elle l’encadra de ses mains, le regard plongé dans ses yeux gris acier et le lui rendit avant de s’agripper à son cou de joie. Il souriait, il avait vraiment souri, pour de vrai. Comment un simple étirement des lèvres pouvait-il provoquer une telle décharge de bonheur ? C’était comme un arc-en-ciel après la pluie.

— Je suis tellement heureuse de te retrouver, tu n’as pas idée !

Layla était ainsi, pareil à l’océan, elle s’emportait aussi rapidement qu’elle pouvait se calmer. Un peu trop exubérante parfois. Souvent même. Elle embrassa à nouveau sa joue puis se réinstalla sagement pour l’écouter. Elle avait sa place, oui, sans doute, alors pourquoi y avait-il toujours cette petite voix qui essayait de lui murmurer le contraire. Elle préférait l’oublier et accepter ce qu’il disait, c’était plus simple et Démétrius ne mentait jamais. Ou peut-être sur de petites choses, mais certainement pas sur quelque chose d’aussi important. Quand ses bras s’enroulèrent autour de sa taille de brindille, elle en fit de même autour de son large dos.

— Toi aussi tu peux pleurer, si tu veux, tu en as le droit. Je ne dirais rien.

Il n’était pas inutile, il était blessé et perdu. C’était différent. Et aujourd’hui, il venait de prouver qu’il était là.

— Je t’écoute, mon grand frère. Je t’écoute vraiment cette fois-ci, c’est promis.

Il n’y aurait pas d’interruption ni de commentaires. Elle attendrait qu’il ait dit tout ce qu’il souhaitait partager. Tout ce qui aurait sans doute dû être dit bien avant. Tout ce qu’il gardait et ressasser en lui sans parvenir à s’en dépêtrer. Il devait le partager, le laisser sortir et c’était le bon moment. Quelque chose lui disait que le chemin sur lequel ils étaient bifurquait doucement mais sûrement. Elle y percevait même une petite lumière pleine d’espoir au fond. Il pouvait le faire. Il allait le faire.




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Message par Démétrius d'Aussevielle Lun 26 Juil - 18:47

Démétrius fut quelque peu surpris de voir Layla tout à coup aussi… heureuse. Heureuse de… de quoi, au juste ? Il n’avait dit que la vérité, pourtant… Qu’importe, il était content de la voir ainsi. Le… retrouver ? Il ne pensait pas avoir été aussi convaincant. Certes, il était sorti de son salon mais… Tant mieux.

Il réaffirma sa position : elle était sa petite soeur, un point c’était tout. Et de toute façon, il était l’aîné alors il avait raison. S’il y avait bien une chose dont il était encore sûr…

Il pouvait pleurer ? Il avait beau réfléchir, personne ne l’avait jamais vraiment vu pleurer par tristesse. Pas que cela ne lui soit jamais arrivé - quoique ce n’ait pas été une habitude, sa vie n’avait pas été malheureuse - mais il avait toujours su le gérer. Il avait déjà… déjà été trop loin, déjà trop montré à quel point il pouvait être faible. Comment pouvait-il espérer le moindre respect avec une telle attitude ?

Layla l’écoutait. Là, sur le coup, Démétrius devait avouer qu’il ne savait pas trop pas où commencer. Puis, en réalité, il n’avait plus tant de larmes à verser. C’était passé en la voyant s’apaiser. Passé avec l’espoir. Cela ne l’empêchait pas de vouloir que sa petite soeur reste sur ses genoux encore un peu.

Il acquiesça et la serra un peu plus contre lui. Il ne savait pas par où commencer, si bien qu’il lui fallut une petite dizaine de minute pour remettre ses idées dans l’ordre - tout en perdant le fil une bonne douzaine de fois et en tentant de parler au moins autant.

— Heureusement que j’étais plus réactif à l’époque des champs de batailles, tout de même, soupira-t-il.

Il n’y aurait pas fait long feu dans le cas contraire, c’était certain. Il n’aurait sans doute même pas eu le temps de se marier et aurait donné raison aux inquiétudes de son père.

— Je m’en veux, tu sais. Pour… ne pas avoir assuré. Ce n’est… pas moi.

Enfin si, c’était lui qui n’avait pas su gérer, ce n’était pas cela qu’il remettait en cause. Mais cela ne lui ressemblait pas. Tellement pas. Il n’y avait pas que l’ancien lui qui détestait se voir aussi plat. Ce n’était pas ce qu’il aurait dû être. Il aurait dû… être comme son père. Et faire toujours ce qu’il y avait de mieux. Être ce repère inébranlable, solide pour les siens, auquel on pouvait toujours se fier. Il avait essayé, vraiment essayé. Il aurait peut-être été meilleur si pour sa carrière aussi, il avait respecté ses projets. C’aurait été dur, certes, et il avait du mal à voir ce qu’il aurait pu faire d’autre, seulement… Comment pouvait-il espérer le moindre respect, la moindre confiance s’il les refusait à celui qui en était le plus digne ?

— Je ne sais plus, Ly… Je n’ai pas été… ce qu’il fallait. Mais je vais… Il faut… je ne lui arriverai jamais à la cheville, mais… je vais me reprendre. Être là pour vous trois. Je vais… essayer, promit-il finalement, les yeux légèrement embués.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Mar 27 Juil - 15:54




Layla, 25 ans


Démétrius parut surpris de la voir subitement sourire, sans doute parce que ses yeux étaient encore rougis de toutes les larmes qu’elle venait de verser, mais elle se sentait nettement mieux. Un peu plus en paix maintenant qu’elle avait pu lui dire tout ce qu’elle pensait depuis son retour. C’était désormais à son tour de lui offrir une oreille attentive. Il pouvait tout lui dire. Et même pleurer s’il le voulait, elle ne dirait jamais rien personne sur ce qui s’était passé ici. Cela ne regardait qu’eux.

Elle se cala entre ses bras, tête contre son cœur et commença à jouer machinalement avec le velours bleu nuit de son pourpoint. Cela faisait quelque temps qu’il n’avait pas pris la peine de se vêtir aussi bien. Oh, cela lui arrivait de temps à autre mais ce n’était certainement pas quotidien. Elle l’avait déjà aperçu plus d’une fois en chemise enroulé dans une épaisse couverture. En même temps, elle pouvait comprendre, on se plaignait des toilettes féminines, mais les vêtements masculins n’étaient guère mieux avec cette ribambelle de boutons à fermer de partout, il y avait de quoi ne pas vouloir s’en embarrasser lorsque ce n’était pas nécessaire. Quoi qu’il en soit, elle appréciait qu’il ait fait cet effort pour venir la voir. Raison de plus de se réjouir alors qu’elle en aurait ronronné de plaisir si elle avait été un petit chat roulé en boule sur ses genoux.

Elle était si bien qu’elle ne réalisa pas le temps qui venait de s’écouler avant qu’il ne reprenne la parole.

— Heureusement que j’étais plus réactif à l’époque des champs de bataille, tout de même.

Elle étira sa nuque pour embrasser sa joue. Si cela n’avait pas été le cas, Virgil ne l’aurait jamais laissé partir. Il n’était pas fou. Il avait accepté en ayant mesuré les risques. C’était tout de même son unique héritier, il ne l’aurait jamais envoyé à la boucherie. Et surtout… tout ceci… C’était passager, il allait retrouver toutes ses capacités, elle en était persuadée. Elle s’en était persuadée.

Il s’en voulait oui, elle s’en doutait bien et elle caressa son bras pour le rassurer. On avait tous le droit de faillir parfois, même les meilleurs en avaient le droit. Surtout lorsque le bouleversement était tel.

— Moi je ne t’en veux pas, tu sais. chuchota-t-elle de peur de l’interrompre.

Et c’était surement pareil pour Bérénice et Adéis, mais ils auraient sans doute bien l’occasion de lui dire également. Il reprenait et elle ne comprenait pas tout, c’était trop haché et tout ce qu’elle devinait c’est que derrière chacune de ses suspensions se trouvait une forêt impénétrable dont elle ne discernait que l’orée du bois. La seule phrase qu’elle parvint à décrypter fut celle en rapport avec son père. De cela, elle en était sûre, alors elle le serra aussi fort qu’elle put.

— Tu as juste besoin d’être heureux, pas d’être lui, Démétrius…

Et de s’occuper du domaine car c’était son rôle d’ainé, mais il avait la chance d'avoir une femme qui le faisait très bien en son absence alors ce n’était pas si grave s’il voulait s’en abstenir. Quoi qu’il en soit, elle était persuadée que son père aurait été plus inquiet que honteux de le voir dans cet état. Sans doute aussi soulagé de le savoir en vie plutôt que mort et de retour chez lui. Elle passa une main le long de sa joue.

— Tu ne vas pas essayer, tu vas réussir, corrigea-t-elle déterminée,  et tu sais quoi, ce soir nous changeons d’année. N’est-ce pas l’occasion rêvée de laisser tout cela derrière nous ?


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Message par Démétrius d'Aussevielle Mar 27 Juil - 21:39

Sa réactivité d’antan avait beau tenir de l’évidence, le Capitaine d’Aussevielle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il aurait eû l’air bien malin accablé d’une telle molesse. Ses ennemis n’auraient pas eu le temps de l’atteindre que ses hommes l’auraient déjà mis au rebut. Et comment reprocher de ne pas respecter un paillasson pareil ?

Il s’en voulait, il s’en voulait d’avoir tant changé, d’être si peu à la hauteur - et ce indépedamment du pardon des siens. Il s’en voulait d’avoir si peu gardé de l’homme qu’il avait été. Il aurait simplement dû être plus solide…

Il acquiesça sans conviction. Non, il n’avait pas besoin d’être son père. C’était le genre d’idéaux vers lesquels on ne pouvait que tendre sans espérer jamais les atteindre. A lui, on ne disait pas “je reste, et si vous n’êtes pas content c’est pareil”. On ne faisait pas comme si on savait mieux que lui ce qu’il était censé faire. Démétrius, du moins, n’aurait jamais eu l’idée d’essayer. Pas qu’il en ait eu peur, loin de là, seulement… c’était son père.

C’était aussi un peu pour lui qu’il devait se reprendre. Parce qu’il n’aurait pas voulu le voir ainsi. Parce qu’il n’était plus lui-même depuis… trop longtemps. Être heureux viendrait plus tard, il avait déjà mis bien trop de temps à le comprendre. Mais il n’en dit rien. Réussir ? C’était généralement l’objectif quand on essayait sincèrement. Mais elle avait raison : il n’avait plus tant le choix.

Il acquiesça. Nouvelle année pour effacer celle écoulée. Pour redevenir lui, malgré tout ce qui lui manquait. Il pressa encore une fois sa petite soeur contre lui. Elle verrait, il allait redevenir lui-même, il allait le faire.
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Message par Démétrius d'Aussevielle Sam 7 Aoû - 14:06

14 janvier 1598

La vie avait relativement repris son cours pour le marquis d’Aussevielle. Péniblement. Et il y avait déjà failli par trois fois, incapable de trouver le courage de se concentrer, trois jours où l’idée seule d’un effort lui avait paru insurmontable. Parce qu’il s’était trop embourbé et que quoi qu’on en dise, il était impossible de se reprendre d’un coup. Sur quatorze jours, onze d’entre eux l’avaient vu passer par la chapelle, dix avaient vu leurs repas partagés avec Layla, huit s’étaient en bonne partie déroulés le nez dans les papiers - bien que sa concentration défaillante ne l’ait pas rendu productif pour un sou.

Son premier réflexe ayant été, pour reprendre les choses en mains, d’annuler l’ordre d’expédition automatique que son épouse avait donné pour les documents non traités, la première révélétion fut qu’il serait incapable de s’en charger dans son état d’esprit actuel. De là où elle était, Bérénice avait donc dû voir ses paquets arriver à Fromart avant la semaine de délai demandée. Ces deux dernières semaines, il avait jugé plus prudent, tout en prenant connaissance de tout, de continuer de lui laisser la gestion. Son égo en souffrait un peu, mais il était parvenu à se convaincre qu’il s’agissait là d’une marque de sagesse plus que d’incompétence. Il avait besoin de temps pour se remettre dedans - d’autant plus que cela n’avait jamais été sa passion - et mieux valait, en attendant, que tout soit fait correctement. Il avait pleine confiance en Bérénice à ce sujet. Il s’en voulait de ne lui avoir fait parvenir aucune explication sur ce revirement, mais il était bien incapable de rédiger une lettre digne de ce nom et il n’osait pas lui faire de faux espoirs.

Ce jour-là, installé dans son salon - il ne pouvait s’empêcher d’y revenir -, il reçut une lettre ainsi qu’un étrange paquet. Il avait lu seul la dernière lettre de Bérénice, n’en rapportant à sa petite soeur que quelques détails susceptible de retenir son attention - il faisait des efforts pour ne pas qu’elle ait l’impression de parler à un mur -, notamment cette rencontre avec l’écrivain. Contrairement à ce que sa femme déplorait, elle ne l’ennuyait pas le moins du monde.

Ennyeux, non, mais pour être tout à fait honnête, bien des aspects de cette lecture l’avaient blessé. Des phrases anodines qui lui rappelaient ses manquements. Outre tout ce qui concernait Adéis, il y avait ses histoires de voyages qui sonnaient comme un reproche, ces histoires de danse qui - même si elles ne le visaient pas - lui rappelaient qu’il ne pourrait plus la faire tournoyer. Il se débrouillait pourtant assez bien. Enfin, ce n’était certainement pas l’activité à laquelle il désespérait le plus de devoir renoncer, loin de là… C’était qu’il devrait tout de même abandonner tout ce qui, jusqu’ici, avait constitué l’essentiel de ses occupations. C’était sans doute ce cuisant rappel à la réalité qui avait rendu le reste de cette journée si pénible. Mais cela n’aurait pas dû compter, il aurait dû tenir tout de même.

Cette fois, ce fut plus facile à lire. Démétrius ne s’en rendait pas tout à fait compte, mais s’occuper l’esprit avait permis à son attention de revenir. Il ne se perdit presque pas.

Bien sûr qu’Adéis lui manquait. Il n’était pas le seul. Pour ce qui était de le trouver changé… c’était qu’il avait pris l’habitude, désormais… Il s’en voulut encore une fois d’être incapable de l’avertir de ses progrès. Il s’en serait voulu encore plus de lui faire de faux espoirs. Comme pour toutes les nouvelles de son fils, il avait autant envie de s’y attarder que de chiffoner la missive et de la jeter à l’autre bout de la pièce. Il était aussi soulagé de lire qu’il se portait mieux que frustré pour tout le reste…

La suite contracta ses mâchoires. Il n’avait même pas envie d’imaginer ce que ce devait être pour déstabiliser un homme comme son parrain dans un contexte comme celui de sa fonction. Et la dégradation de son état… l’avait-il déjà vu dans un tel état ? A vrai dire, il était bien soulagé de ne pas devoir y répondre, car quelque part, c’était le cas. Mais il ne voulait surtout pas briser l’image que Bérénice avait de son père. Briser celle qu’elle avait de lui-même suffisait.

Et puis… Elle lui manquait aussi. Plus qu’il ne l’aurait cru… Quand il partait en campagne, il avait d’autres soucis, et puis… à l’époque, c’était différent. Quelque chose avait changé sans qu’il n’ose tout à fait mettre de mots dessus. Enfin, ce n’était certainement pas le moment de débattre sur les mots. Pour sa part, le marquis ne savait pas s’il comptait les jours ou s’il espérait repousser l’échéance afin de paraître en meilleur état. Mais ce qui était certain, c’était que Bérénice n’avait rien à se reprocher. Ce n’était pas comme si elle avait fichu le camp sans prévenir personne.

Il soupira à l’évocation de la dernière bêtise d’Adéis - car l’annonce précédente était, quelque part, plus douloureuse qu’autre chose -, puis posa la lettre. Il fixa le paquet un certain temps avant de se décider à le récupérer sur la table, puis un peu plus longtemps avant de l’ouvrir… Il resta bloqué une éternité sur le premier portrait avant de songer qu’il fallait appeler Layla pour qu’elle le voie. Cette réflexion tourna longtemps vainement dans son esprit avant qu’il ne trouve la volonté de la mettre en pratique.
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Message par Bérénice d'Aussevielle Dim 8 Aoû - 20:06




Layla, 25 ans


A Aussevielle les jours s’écoulaient et s’amélioraient. Deux semaines plus tard, Layla se réjouissait de ses progrès. Il avait décidé de prendre le temps de lire chacune des lettres reçues quand bien même il ne se sentait pas encore d’y répondre en personne et les réexpédiait donc à Fromart. Bérénice devait se doutait qu’il y avait du changement, si seulement elle pouvait les voir de ses propres yeux ! Il faisait désormais l’effort de prendre les repas à table et s’il n’était toujours pas des plus bavards, elle devait admettre que c’était immensément plus agréable. La jeune femme avait donc rapidement retrouvé sa joie de vivre, laissant sa mélancolie passagère en 1597.

Outre le courrier et les repas, il avait également accepté de sortir pour la première fois depuis près d’un an dans les jardins et même de l’écouter jouer du violon un soir. Et bien entendu, il n’avait plus besoin qu’elle lui fasse la lecture. Oh il lui rapporterait bien deux-trois petites choses de ci, de là tout de même. Comme cette fameuse rencontre avec Boréalion qui lui avait mis des étoiles dans yeux. Quelle chance ! Elle aurait tant aimé être là et pouvoir faire sa connaissance, cela devait être si passionnant de le côtoyer. Elle n’osait imaginer toutes les anecdotes dont il pouvait disposer et puis surtout : elle attendait avec une impatience folle son dernier roman. Folle et redoutée : qu’y aurait-il après ? Encore mieux ? Certainement. Le contraire était impensable.

Elle était en train de s’exercer au violon, sur une partition d’un compositeur italien qu’elle peinait toujours par endroit à exécuter comme elle l’aurait voulu, lorsqu’un domestique entra pour l’informer que le marquis requérait sa présence. Elle le remercia d’un signe de la tête et déposa le précieux instrument dans son étui avant de descendre le rejoindre. Peut-être avait-il reçu une nouvelle lettre ? Ou était-ce simplement pour parler ? Ou pour sortir ? Quoi qu’il en soit, elle s’empressa de le rejoindre pour le découvrir d’un petit carnet ou livret, elle ne savait pas trop, entre les mains.

— Tu voulais me voir ? demanda-t-elle sans quitter l’objet inconnu de ses mains.

Était-ce la raison pour laquelle il l’avait fait venir ? Elle repéra la lettre ouverte. Un cadeau de Bérénice ?

— Tu viens de recevoir des nouvelles ? Comment se portent-ils ?

Ses yeux pétillaient de bonheur à l’idée de l’entendre lui conter les nouvelles en provenance de la capitale. Qu’avait donc bien pu faire Bérénice de si extraordinaire cette fois-ci ? Cela semblait anodin, mais Aussevielle n’était qu’une petite cité portuaire malgré le marquisat florissant, alors, elle n’avait pas énormément de vie sociale dans cette ville et cela se résumait peu ou proue avec des rendez-vous chez sa couturière, l’évêque et le jardinier du domaine qui la régalait toujours de belles histoires sur les plantes.

Bérénice d'Aussevielle
Bérénice d'Aussevielle
Rattrapeuse de bourdes devant l'Éternel

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