[23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
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[23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
La séance d’excuses s’était déroulée sans encombre quand bien même il avait eu le déplaisir de noter l’arrivée de Thierry en retard et crotté comme un gueux incapable de tenir en selle. A quoi pouvaient donc bien lui servir ses longues heures passées à chevaucher si c’était pour choir au premier cahot rencontré ? L’ancien curé avait cependant fait profil bas et s’était humblement repenti de ses délits comme on l’attendait de lui. Bien sûr, Éléonore était venue, comme prévu. Accompagnée. Coldris en avait serré les mâchoires de la voir au bras de cet homme – le même qu’à la cérémonie -, celui qu’il avait identifié comme étant le fameux fiancé. Celui qu’il méprisait d’office. Celui qui lui rappelait ce répugnant gourdiflot qu’il avait transpercé. C’était plus fort que lui. Leurs visages se superposaient si tôt qu’il avait le malheur de poser ses yeux polaires dessus, alors tout simplement… Il évitait de le faire. De même qu’il évitait de croiser son regard à elle. Commander à sa raison était bien plus simple qu’à son cœur qui s’emballait comme un étalon fougueux sans qu’il ne puisse le canaliser… Sans parler du fait que la voir s’accrocher à lui comme une bernique à son rocher lui donner une profonde nausée qu’accentuait ses angoisses les plus profondes. Ne pouvait-elle pas simplement se contenter de sa présence sans devoir s’arrimer à lui ?
En route vers Fromart,
Ces fameuses excuses publiques n’avaient pas duré bien longtemps fort heureusement, ce qui lui avait épargné de se lancer dans un dialogue mental sans fin sur ce qui allait suivre. Conformément aux instructions qu’il lui avait fournies via la petite fouine, il monta dans sa voiture de la façon la plus naturelle du monde. Priant - il ne savait ni trop qui ni trop quoi - qu’elle parvienne à semer l’importun pour le retrouver, soit dans sa voiture, soit à Fromart. Elle lui faisait pleinement confiance et c’était à cette confiance qu’il se raccrochait pour ne pas laisser ses souvenirs autant que sa paranoïa refaire surface. Elle réussirait. Elle était aussi ingénieuse que merveilleuse, pleine de ressources et d’audaces et ce n’était là qu’une des raisons qui le rendait complètement fou d’elle.
Le cœur autant que les entrailles serrées, ses orteils pianotaient nerveusement dans ses souliers. Il égrainait le temps au rythme des pavés. Il avait demandé à son cocher de faire le tour de la Prévôté pour rejoindre l’artère nord par des chemins de traverse. Il ne voulait pas s’enfoncer dans des ruelles étroites et dangereuses, alors c’était tout ce qu’il pouvait faire pour lui faciliter la tâche.
C’était long, beaucoup trop long. Finalement, il entendit Valmar faire stopper la voiture et sa respiration se suspendit jusqu’à ce que la porte s’ouvre sur sa belle Athéna qu’il attira aussitôt d’une main ferme à l'intérieur pour la serrer contre lui et l’embrasser avec un profond soulagement tandis que la voiture reprenait sa route dans un grincement. Sa main caressa sa joue dans un sourire qui disait combien il pouvait être heureux de l’avoir enfin à ses côtés et qu’importe ce qu’elle devait lui dire de si important, il n’avait qu’à croiser ses prunelles d'onyx scintillantes pour se persuader qu’il trouverait une solution.
— Ma petite luciole… commença-il d’une voix qui traduisait tout ce qu’il ne disait pas, vous vous faites désirée !
Que serait Coldris sans ses sarcasmes et sa provocation après tout ?
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Déjà, il fallait se soucier d’autre chose : éloigner Gabriel. Etait-elle si égoïste pour s’obstiner à le tenir à l’écart alors même qu’il ne venait que pour la soutenir ? Elle allait lui en parler. Ce soir. Ou bien demain. Ou bien… Ou bien après, mais là, ce n’était guère le moment. Cela ne servait à rien de lui en parler si tout dérapait avec Coldris.
— Je… Te l’avais dit. J’ai besoin de la voiture.
— Encore pour aller voir ton Alduis ?
— Tu es agaçant. Et gratuitement jaloux.
— Donc j’ai raison.
— Tu es pénible.
— Et toi tu commences déjà.
— A quoi ?
— Tu le sais pertinnement.
Oui, elle savait : à le traiter comme l’autorité à contourner. Il fallait croire que sa prophétie était fondée : ce mariage allait les détruire. Seulement, elle n’était pas la seule responsable… Pas vraiment… Enfin, peut-être que si. Sans doute était-ce le cas mais…
— Uniquement parce que tu as commencé.
— Je vois que tu prends toujours aussi bien tes responsabilités, ironisa-t-il.
— A plus tard.
Finalement, Gabriel lâcha l’affaire et la voiture partit. Il n’y croirait pas longtemps. C’était bien pour cela qu’elle devrait le lui dire vite mais… Pas de mais ; elle le ferait. Et puis, s’il n’avait pas changé, il le saurait depuis longtemps. Elle avait juste besoin de… temps. Et de voir son merveilleux phénix qui lui manquait démesurément. De savoir. D’être sûre qu’il ne lui en veuille pas. De… de retrouver celui dont elle était amoureuse pour oublier ce qu’il pouvait être d’autre. Pour se souvenir. Pour raffermir cette confiance à la fois si forte et si vacillante.
Après avoir signifié qu’ils arrivaient, Jean - qui connaissait le plan - n’eut même pas le temps d’arrêter le véhicule que sa passagère était déjà dehors. Etait-il donc impossible qu’elle se tienne tranquille dans l’habitacle sans être moralement à l’article de la mort ?
Ce fut devant la seconde voiture qu’elle eut une hésitation… dont on fit fi en l’entrainant à l’intérieur. Elle se laissa faire, un peu désorientée. Coldris semblait content de la voir mais… Oh, elle aussi était contente, seulement, elle avait peur. Peur qu’il ne lui reste que quelques minutes. Peur qu’il ne veuille plus d’elle quand il saurait. Qu’est-ce que cela aurait pu changer pour lui ? En quoi cela aurait-il pu les empêcher de s’aimer ? Elle ne s’était pas posée la question. Elle ne se posait plus les bonnes questions depuis qu’elle était seule. Alors, elle s’inquiétait. Et cette inquiétude rivalisa bien malgré elle avec le bonheur de le retrouver, s’opposa bien malgré elle au sourire de Coldris… Et la crispa bien malgré elle dans ses bras qu’elle avait pourtant tellement peur de devoir quitter.
Sa voix avait quelque chose d’apaisant, quelque chose de vrai, quelque chose… Quelque chose qui la faisait sourire et qu’elle ne voulait pas perdre. Elle s’arrima à ses prunelles. Il y avait toujours de la force à y puiser. Toujours de la confiance. Il… Il n’allait pas la détester, pas vrai ? Mais pas de mot.
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Il y avait quelque chose dans ces prunelles, quelque chose dans la façon de s’agripper à ses bras, dans la façon lui rendre son baiser, quelque chose qui n’était pas ce que cela aurait dû être. Il tenta malgré tout de plaisanter, malgré ce regard qui venait de faire voler en éclat toute trace de félicité sur son visage.
Aucune réponse. Pas un mot.
Il resta un instant suspendu tant à ses lèvres qu’à ses prunelles, puis de dépit se laissa retomber dans un coin du carrosse, un brin désabusé par ces retrouvailles qui n’avaient rien de ce qu’il avait pu imaginer ou anticiper. C’était encore cette foutue lettre n’est-ce pas ?
— Que souhaitiez-vous me dire qui ne puisse être écrit ? demanda-t-il plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu.
Qu’on en finisse. Que le bourreau abatte sa hache et que l’on n’en parle plus. Que devait-elle lui dire ? Qu’elle rentrait à Tianidre ? Que son maudit fiancé l’y trainait de force ? Il aurait pu envisager qu’elle ne veuille plus le voir également, mais c’était sans compter qu’elle avait affirmé l’aimer.
À vrai dire, il ne savait plus s’il était plus agacé de voir ses pires craintes se réaliser ou de ne pouvoir profiter de ce rendez-vous qu’il avait attendu depuis jours. Car il fallait se rendre à l’évidence : sa patience s’était étiolée avec les ans et la crainte de mourir du jour au lendemain. Alors, une simple et misérable semaine lui paraissait désormais être le bout du monde. Et voilà qu’on le privait même d’en profiter pour Dieu savait quelle obscure raison qui semblait la tourmenter depuis des jours !
Il se trouva soudainement idiot de ne pas avoir songé à demander à Alduis ce qu’il s’était passé ce jour-là. Quoiqu’il n’aurait sans doute rien dévoilé. Il réprima un grognement à peine soupiré.
—Ne vous en faites pas, il n’y a rien que je ne puisse entendre, croyez-moi.
Il espérait avoir été un peu moins abrupte cette fois-ci quoi qu’il n’en avait aucune idée tant la frustration de cette étreinte continuait de le grignoter sourdement.
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Ses épaules se serrèrent lorsque sa voix, qui n’avait plus rien de rassurant, fusa jusqu’à elle. Non, elle n’avait pas voulu le fâcher… Pas voulu. Vraiment pas. Promis. Elle n’aurait tout simplement pas dû laisser cette lettre. Elle aurait dû attendre d’avoir encaissé avant de lui écrire pour ne pas aller l’ennuyer avec ses bêtises. Quelque part, elle n’avait même plus envie qu’il sache. Il aurait tout à fait pu ne pas savoir, c’étaient des histoires qui ne le concernaient pas mais… mais elle avait eu besoin de le dire. Elle. Encore elle. Toujours elle. Egoïstement elle. Elle se détestait.
— C’est que...
C’était qu’elle n’aurait pas dû exister et que si elle ne faisait rien comme il fallait, c’était pour une bonne raison. C’était que depuis le début, elle n’était bonne qu’à semer le malheur et à s’imposer là où elle n’aurait pas dû se trouver. C’était qu’elle était désolée, sincèrement désolée de le noyer dans de négatives émotions quand elle aurait dû le rendre heureux. A quoi tout cela servait, s’il n’était pas heureux ? Si elle lui faisait tant de mal vivante, c’était peut-être simplement que cet état n’était pas le bon.
Encore une fois, ce fut sa joue qui prit. De l’intérieur, éprouvée jusqu’au sang par ses molaires, seul exutoire à ses appréhensions. Elle se centra sur le poids de son pendentif. Tout entendre. Il pouvait tout entendre. Mais c’était quelque chose de difficile à dire. Une information dont la nature était d’être tue.
— J’ai appris...
Elle avança doucement sa main vers lui avant de renoncer. Elle ne voulait pas qu’il se donne la peine de la repousser, ça ferait trop mal. Trop mal au coeur.
— C’est que… que… Enfin… Mon père n’était pas… Enfin je n’étais pas… et… Pardon. Pardon, je n’aurais pas dû vous tourmenter avec mes histoires. Je suis désolée, Coldris. Tellement désolée mais...
Mais il avait dit… Il avait dit qu’elle devait partager… Il… Non, ce n’était pas une excuse. Il avait dit cette fois-là. Et elle devait sérieusement arrêter de lui gâcher la vie.
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Ce n’est qu’à sa voix hésitante et son regard apeuré qu’il sût qu’il avait dû être trop abrupt. Ce… n’était pas vraiment ce qu’il avait escompté. Déstabilisé par sa posture figée à l’autre bout de la banquette, il déglutit péniblement. En temps normal il aurait tout envoyé au diable et l’affaire aurait été entendue sans autre forme de procès, mais là… il n’y arrivait pas. Elle ressemblait à ces biches prises en joue qui hésitaient entre fuir et quitter du regard ne serait-ce qu’une seconde la flèche qui allait transpercer leur cœur. Seulement voilà, il ne voulait pas la blesser, alors qu’était-il en train de faire là ?
—Je… commença-t-il avant de réaliser qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il était censé dire.
Avait-on idée de pouvoir écrire des discours, parler de tout et de rien à qui que ce soit, de séduire des femmes ou même de se sortir de n’importe quelle situation sans jamais perdre contenance et de se retrouver, là, bêtement à blesser la seule que l’on aimait sans trop savoir pourquoi ni comment, sans avoir la moindre idée de ce qui aurait été socialement acceptable en pareille circonstance, car jamais ou presque, les relations qu’il avait établies ne lui avaient demandé le moindre effort ? Pour la simple et bonne raison qu’il préférait généralement les détruire avant d’éprouver la moindre once d’attachement. Une manière comme une autre d’éviter de se retrouver dans des situations qu’il ne maitrisait pas. Somme toute, ce genre même de situation dans laquelle il se trouvait présentement empêtré.
Il tenta bien de la rassurer – maladroitement – de toute évidence. En même temps, que pouvait-on attendre de lui face à pareille circonstance ? Pas grand-chose. Il n’avait jamais eu la moindre idée de comment consoler qui que ce soit ou faire face à un désarroi tel que celui qui semblait l’animer et dont il était responsable, au moins en partie. Au fond, mieux valait sans doute se taire que de creuser un peu plus sa tombe. Il serra donc ses lèvres quand ses premiers mots sortirent. Ses prunelles suivirent la main qui se tendait dans sa direction hésitante. Était-il à ce point sauvage qu’elle en craignait de se faire mordre ? Il attrapa son poignet et l’attira contre lui puisque c’était manifestement ce qu’elle souhaitait au fond et de cela, il en était à peu près certain. Son dos désormais contre son ventre et ses bras autour de sa taille il l’écouta bredouiller une explication insaisissable. Son père n’était pas quoi ? Mort ? Oh si, il l’était, de cela il en était sûr. Il n’était pas celui qu’il disait être ? Il secoua sa tête dans son cou. C’était lui qui aurait dû s’excuser de l’avoir mise dans un tel état sans même s’en rendre compte.
— Ne vous excusez pas. murmura-t-il
Etre aussi proche lui évitait au moins de prendre un ton dur, froid ou détaché qu’il n’aurait pas voulu avoir.
— Mais il vous faut être plus précise, car avec toute la bonne volonté dont je puis faire preuve, je ne comprends pas. Et si je ne comprends pas, je ne peux pas vous aider.
Ceci mis à part qu’il n’était même pas sûr de pouvoir effectivement faire quoi que ce soit compte tenu de la maladresse légendaire dont il pouvait faire preuve…
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Soit cela lui poserait problème et il ne voudrait plus d’elle, soit il n’en aurait rien à cirer et il se rendrait compte qu’elle n’était bonne qu’à le tourmenter pour des bêtises et… et peut-être que le résultat serait le même.
Elle en venait à hésiter à l’approcher, de peur qu’il ne la repousse ou même s’éloigne davantage d’elle. Par moment, elle aurait aussi voulu être très loin d’elle, elle aurait compris. Elle ne le lui aurait pas reproché. Pourtant, alors qu’elle s’apprêtait à ramener sa main chez elle, ce fut à partir de cette même main qu’elle fut attirée contre lui.
Elle hésita à l’étreindre. Elle ne voulait pas qu’il ait besoin de se dégager de force si… si… quand il saurait. Mais elle se laissa tout de même aller dans ses bras, parce qu’au fond, c’était bien là qu’elle se sentait le mieux. De là, elle tenta de s’expliquer et… elle était désolée, tellement désolée. Elle ne voulait vraiment pas lui faire du mal. Elle n’aurait pas dû le tourmenter avec ça. Et tandis qu’elle sentait sa tête remuer, elle s’accrocha aux bras qui la retenaient. Elle ne voulait pas qu’il la laisse… Surtout pas… Mais elle voulait encore moins le blesser. Au moins… Au moins, lui, il ne se laisserait jamais enchaîner par pitié au détriment de son bonheur.
Elle ne devait pas s’excuser… Bien sûr que si. C’était de sa faute, elle gâchait tout. Mais s’il ne voulait plus entendre d’excuses, elle tâcherait d’arrêter.
Et encore, elle n’était pas claire… Elle réprima ses excuses. Pour cette fois, elle le tenait. Elle devait faire un effort, maintenant. Elle acquiesça. Elle avait honte, tellement honte. Mais c’était Coldris. C’était Coldris, elle ne devait pas avoir peur. Mais désormais, quoi qu’il en soit, il allait falloir lui dire, parce qu’elle ne pouvait pas le laisser gratuitement dans le flou. Parce qu’elle avait commencé, alors il fallait finir. Elle déglutit avec difficulté, se cramponnant malgré elle aux bras qui ne devaient pas la lâcher.
— Mon père… Ce n’était pas… mon père. Enfin, je veux dire… Je n’aurais pas dû exister. Charles de Tianidre ce n’était pas… mon père.
Elle bougea. Juste pour pouvoir voir ses yeux. Parce qu’elle devait savoir. Même si ça faisait mal, elle devait savoir. Savoir si elle le dégoûtait. Savoir s’il lui en voulait. Savoir s’il lui pardonnait. N’importe quoi mais savoir.
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Au fond, c’était bien comme ça, avec sa petite luciole dans ses bras plutôt qu’à l’opposer de la banquette, le regard effrayé où il avait l’impression de se refléter. C’était dérangeant. Presque effrayant. Comme un abime qui s’ouvrait subitement entre eux. Tout ce qui le terrorisait au fond. Une distance dont il ne voulait pas. Alors tout était bien mieux ainsi à inspirer de profonds effluves de romarin, à sentir la chaleur réconfortante de son corps contre le sien… Si bien qu’il en aurait presque oublier que visiblement c’était de lui que l’on attendait cela et non l’inverse. Le seul problème en l’état c’est qu’il n’avait toujours pas compris de quoi il retournait. En règle générale, il était plutôt du genre à être perspicace, mais là vraiment il n’était pas sûr de comprendre excepté qu’il y avait un lien avec son père. Or il ne savait pas grand-chose de lui excepté qu’il était le fils dans l’ancien ministre de la justice issu d’un remariage, qu’il était le frère de l’actuel comte de Tianidre, Eineld et qu’il était mort pendant la campagne de Lodmé. Ce qui faisait… bien longtemps auparavant. Il l’encouragea donc à développer et à avouer ce qui la tourmentait. Car c’était bien de cela qu’il s’agissait, de vomir ce parasite qui semblait la ronger de l’intérieur. Coldris frotta doucement ses bras en patientant le temps nécessaire à ce qu’elle rassemble son courage. Et il n’était pas particulièrement pressé puisqu’ils avaient devant eux une bonne heure avant d’arriver à Fromart, secoué par les cahots des pavés.
— Mon père… Ce n’était pas… mon père. Enfin, je veux dire… Je n’aurais pas dû exister. Charles de Tianidre ce n’était pas… mon père.
C’était donc cela ! Il soupira profondément de soulagement. Elle ne rentrait pas. Elle ne rentrait pas. Elle restait à Braktenn. Encore. Encore un peu. Seule la Fortune savait pour combien de temps encore. Il bascula sa tête contre la paroi dans un demi-sourire. Tout allait bien. Il attrapa son regard inquiet et…
— Ne me regardez pas comme ça, ce n’est pas moi votre père. Je le saurais. plaisanta-t-il tout en cherchant dans ses traits sa filiation.
Il se souvenait de Charles de Tianidre. Or de ce qu’il voyait, il ne pouvait nier que sa fille avait bien les traits familiers de son paternel qui… ne l’était pas. Et c’était bien cela qui lui faisait froncer les sourcils en cet instant : parce qu’il ne comprenait pas comment cela était possible, à moins que…
— Personnellement, j’aurais bien aimé apprendre que je n’étais pas le fils de mon père, mais le fait est que je suis bien le bien rejeton de ce vil sac de vinasse d’un autre temps. Est-ce si important au fond ? Cela ne change pas celle que vous êtes, pas plus que cela ne change celui que je suis devenu.
Il passa une main sur sa joue, un petit sourire en coin.
— Bien sûr que vous deviez exister. Ne serait-ce que pour vous trouver ici même en ce moment. Mon meilleur ami vous aurait dit qu’Il a des projets pour nous tous. Je vous dirais simplement que je suis bien heureux que vous existiez.
Après une courte pause, il reprit le fil de ses pensées pour s'enquérir de la question qui le taraudait depuis ses aveux:
— J’imagine que si vous me le dites c’est que vous en êtes sûr n’est-ce pas ? Avez-vous une quelconque idée…
Parce que lui en avait bien une qui lui paraissait fort logique, mais tout de même… Garder le silence tant d’années… Comment était-il possible qu’elle ne l’ait appris qu’aujourd’hui ?
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— Ne me regardez pas comme ça, ce n’est pas moi votre père. Je le saurais.
Mais quelle idée ! Bien sûr que non, merci, elle le savait aussi. Le genre de perspective qui rendait la réelle information presque agréable à accepter. Imaginait-il seulement ce que cela aurait impliqué… Ce n’était pas drôle ! Pas drôle du tout. Tellement pas drôle qu’à travers le regard sévère qu’elle lui décocha, elle fut tellement rassurée qu’il ne semble pas fâché qu’elle éclata d’un rire mélangé de sanglots.
— Vous êtes bête... accusa-t-elle, toujours perdue entre hilarité et larmes.
Puis elle le serra dans ses bras - pas aussi fort qu’elle avait eu peur, parce que lui éclater la cage thoracique n’était pas été utile. Elle se redressa légèrement pour le regarder. Elle… Elle avait bien compris, n’est-ce pas ? Il l’aimait quand même ? Il… Il ne lui en voulait pas trop ?
Il commença à parler. De son propre père qu’il ne portait manifestement pas dans son coeur. Elle s’abstint de toute question, là dessus aussi, essayant d’empêcher son esprit s’y attarder et de conjuguer tous les éléments qu’elle avait rassemblés malgré elle pour la noyer dans une mer d’hypothèses inutiles. Etait-ce important ? Eh bien… Eh bien oui, cela l’était. Parce que…
— Cela change que je n’aurais pas dû exister et que je ne crée que du malheur depuis le début...
Non, elle n’aurait pas dû exister. Comme elle n’aurait pas dû survivre en avril dernier. Elle n’en avait plus grand chose à faire de ce qu’Il en pensait, au fond. Mais Coldris devait avoir raison, quelque part… si elle pouvait le rendre un peu heureux, c’en valait sans doute la peine. Ou du moins cela valait-il la peine de continuer. Mais elle ne voulait pas le blesser. Elle ne voulait pas. Elle s’accrocha à sa main. Elle, elle était heureuse de l’avoir trouvé. Et quand elle était avec lui, tout ce qui aurait dû les rendre parfaitement incompatible disparaissait. Parce qu’elle l’avait lui. Lui pour de vrai.
— Je vous aime, mon phénix. Vous m’avez manqué, dit-elle en se blotissant de nouveau dans ses bras.
Mais manifestement, les aveux n’étaient pas terminés. Il était vrai que… qu’elle avait besoin de lui en parler. Que si elle faisait confiance à quelqu’un, c’était bien lui, aussi aberrant que cela puisse paraître vu de l’extérieur. Qu’il méritait qu’elle lui parle.
— Une cinquantaine de lettres échangées entre mon… Charles et ma marraine - parce qu’au moins, sur “marraine”, il n’y avait pas à discuter, elle l’était - qui débatte du sujet. Je ne vois pas pourquoi quelqu’un aurait été monter une telle plaisanterie et quand bien même, je me souviens bien de l’écriture de ma tante - “tante” revenait par habitude - et… son ton, et ses bloquages, et… Gabriel était au courant. Vous vous rendez compte ? Il le savait depuis plus de deux ans et il n’a pas été fichu de m’en parler. Et même si je le croyais capable d’une plaisanterie d’aussi mauvais goût… Alduis ne se serait pas prêté au jeu, c’est absurde. Et Alduis me l’a tout autant confirmé… Et puis maintenant que j’y pense, certains détails auraient dû m’alerter, certaines choses que... - profonde inspiration, il n’avait pas besoin qu’elle déploie tout le reste du dévellopement de toutes les possibilités qu’elle avait montée pour faire mentir ces lettres - Oui, j’en suis sûre...
Même si elle ne comprenait toujours pas comment son père en avait fini par lui écrire, vers ses quatres ans. Quelques fois. Pas grand chose. Mais cela n’avait pas de sens… et ça ne pouvait pas non plus être faux. Bien sûr, elle avait toujours senti qu’on gardait une réserve en parlant de lui mais… C’était justifié.
Pour ce qui était de l’idée…
— Vous savez… Dans leurs lettres ils… ils écrivaient franc. Ils l’ont écrit, son nom. Tellement de fois… Et ils l’ont écrit, ils l’ont écrit tant de fois qu’il appelait cela une erreur. Elle n’a pas arrêté de me défendre alors que je ne le méritais sans doute pas... mais cela, elle ne l’a jamais contesté : une erreur, rien qu’une erreur.
Elle était sans doute un peu injuste. Anne disait cela pour le calmer mais… Une erreur quand même. C’était vrai. Ce ne pouvait être que cela.
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Son trait d’humour – porte de sortie aux situations gênantes – fut accueilli d’une bien étrange façon. Mélange de sévérité, de rire et de larmes… Un enchevêtrement d’émotions qui restait hors de sa portée. Il n’avait pas la moindre idée de ce que cela pouvait signifier. Pourquoi les femmes devaient-elles se montrer si compliquées parfois ? Interloqué, ce fut son accusation amusée qui lui fit déduire que sa remarque avait eu l’effet escompté. Coldris lui offrit donc un sourire espiègle en retour.
— Un parfait idiot, oui. compléta-t-il aussitôt en lui rendant son étreinte.
N’aurait-on pas pu simplement commencer par cela ? C’eût été bien plus simple et agréable ! Il tenta de lui expliquer que tout ceci n’avait aucune importance ce qu’elle réfuta en bloc. S’était-il dit qu’il n’aurait pas dû exister ? Sans doute une ou deux fois avant d’utiliser cette haine comme une force créatrice plutôt que destructrice. Ou tout du moins dont la destruction n’était plus dirigée envers lui-même. Et s’il était quelque chose qu’il ne pouvait en aucun cas laisser passer c’était bien la fin de cette phrase, car elle était intégralement fausse et il espérait bien pouvoir lui faire entendre raison sur ce point.
— Ma merveilleuse petite luciole, chuchota-t-il en embrassant le sommet de son crâne.
Elle aussi lui avait manqué. Plus qu’il ne l’aurait voulu. Plus le temps passait, plus elle occupait son esprit. Plus elle s’installait durablement dans ses pensées. Comme une autre en son temps quand bien même cette fois était bien différente de la première. Moins fougueuse, moins dévorante et dévastatrice, plus subtile, plus douce, et pourtant tout aussi puissante si ce n’était peut-être plus encore. Il l’aimait différemment, mais tout aussi intensément. Pouvait elle s’imaginait cela ?
Il laissa pourtant là ses considérations sentimentales, car il savait qu’il n’avait pas achevé de triturer et nettoyer la plaie. Bien entendu, il accepterait et respecterait son silence, seulement le meilleur moyen de la soulager durablement était de l’aider à cracher le morceau dans son intégralité. De temps à autre, il marqua son assentiment d’un hochement de tête et grogna même à la mention de Gabriel.
— Alduis tient ses promesses et même celles implicitent. C’est aussi simple que cela, commenta-t-il en se souvenant de la fameuse visite et du motif qui devenait subitement moins brumeux.
Elle reprit, hésitante. Il l’encouragea autant que faire se peut de quelques caresses. Il pouvait tout entendre. Tout. Même les sordides histoires. Ce n’était rien d’autre qu’une goutte d’eau dans l’océan de sa vie. Nouveau hochement de tête. Ils savaient tous deux. Alors c’était lui. Il y avait bien une autre possibilité dont il ne remettait pas le nom, mais somme toute ce n’était pas celle qui lui sautait à l’esprit. Une erreur ? Il la serra dans ses bras un peu plus fortement, car quelque part, de sa position, de son mode de vie, il pouvait entendre tous les partis. Il percevait ce qu’Éléonore en retirait de ce mot blessant et comprenait tout autant l’échange de ces deux adultes qui ne l’employait sans doute pas dans le même et identique sens. Les mots étaient si importants. Il secoua la tête et glissa une main sur ses boucles brunes.
— La situation était peut-être une erreur, cela est concevable, mais vous n’êtes pas une erreur, vous. Les enfants n’ont pas à payer les égarements de leurs parents, quel qu’il soit. Je vous interdis de penser cela.
Il marqua une petite pause, le temps de la laisser souffler avant de jeter définitivement le pavé dans la mare.
— C’est votre oncle n’est-ce pas ? puis devant sa validation il reprit avec douceur — Ma douce étoile, ne vous tourmentez pas pour cela. Prenez de la hauteur comme un petit oiseau et observait la situation : votre oncle ne méritait-il pas le titre de père indépendamment de votre sang commun ? Je n’approuverai jamais son silence, pas plus que sa couardise sur ce sujet, mais les faits sont là, il vous a malgré tout élevée. Et si cela peut vous rassurer ma mère était la bâtarde d’un Pape alors pour ce qui est des erreurs…
Il esquissa un sourire amusé qui, espérait-il, l’aiderait à dédramatiser la situation. Au fond, c’était sans doute plus le choc de la nouvelle que la vérité elle-même qui l’avait mise dans un tel état.
— D’ailleurs cela voudrait dire que vous êtes désormais mon erreur. Une erreur d’État même si j’ose dire, mais vous voulez que je vous dise ? J’assume toujours mes erreurs, surtout lorsqu’elles me comblent de bonheur. ironisa-t-il en attrapant ses lèvres devant l’absurdité même de la chose. Pour qu’il y ait erreur, il fallait bien qu’il y ait des regrets ? Et cela était hors de sa portée.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
Elle avait cru s’en tenir là. Ne pas l’envahir davantage avec ses histoires. Elle ne voulait pas le déranger. Mais il était là, fort, et il voulait qu’elle parle. Elle savait que ce n’était pas juste une malsaine curiosité. Il savait que quelque part, elle avait besoin d’en parler, elle le savait aussi. Et puis, il avait dû entendre bien pire.
Elle avait explorer toutes les hypothèses susceptibles d’invalider cette vérité. Toutes les sortes de mauvaises blagues que l’on pouvait mettre au point. Coldris semblait toujours hostile dès lors qu’elle mentionnait Gabriel. Beaucoup moins lorsqu’elle évoqua Alduis. Evidemment qu’il tenait ses promesses mais… Quelle promesse, en l’occurence ? Elle n’était pas tout à fait sûre de comprendre.
Elle sentit son étreinte qui se resserrait. Les larmes coulaient toujours sur ses joues. Elle avait besoin de pleurer, voilà tout. Coldris affirmait qu’elle n’était pas une erreur, seulement la situation. Mais son existence était intimement liée aux circonstances, elle était conséquence de l’erreur et source du mal.
— C’est ce qu’elle écrit. Encore et encore. Innocent. Bébé innocent. Et elle me défend, elle n’a de cesse de me défendre. De défendre ce qui deviendra moi. Pourquoi fait-elle ça ? Pourquoi ? Elle devrait être la première à me détester. Elle l’aimait. Je l’ai toujours su, et elle l’a avoué. Elle le dit. Que cela la blesse, elle le dit. Elle ne devait pas me défendre, et pourtant elle ne fait que ça, encore et encore et encore. Jamais un regard de travers, jamais un mot plus haut que l’autre, jamais une remarque amère.
Elle acquiesça, prise d’un sanglot, quand Coldris identifia son géniteur. C’était ironique, n’est-ce pas ? De passer de “comme si elle était sa fille” à “sa fille comme si elle ne l’était pas”. C’était surtout douloureux. Mais son tendre phénix avait raison : au fond, elle aurait dû voir ce qu’il avait fait. Il l’avait gardée. Il l’avait toujours protégée. C’était lui qui avait assuré son éducation… si elle n’était pas devenue une femme bien, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même car il avait toujours fait de son mieux. Elle aurait dû lui être reconnaissante de lui avoir permis de vivre normalement mais… Mais il y avait tant de questions qui lui tournaient en tête. Et même si elle n’en avait pas le droit, elle ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir. Si bien qu’elle s’abstint de le défendre sur les termes employés comme elle aurait dû le faire. Mais quoi qu’elle en pense, quoi qu’elle puisse en dire, il ne l’avait pas abandonnée comme un autre aurait pu le faire. Il ne l’avait même pas éloignée de lui. Il avait été là.
— Et si cela peut vous rassurer ma mère était la bâtarde d’un Pape alors pour ce qui est des erreurs…
Elle fronça les sourcils en ramenant le regard vers lui. Pardon ? Et il trouvait ça drôle en plus… Mais elle n’avait pas de mépris particulier pour les bâtards - il avait fallu que le mot sorte, encore - en général. Louis était resté Louis quand elle avait compris. Elle ne regardait pas Gilbert différement en sachant qu’il n’avait pas été conçu dans le mariage. De toute façon, à la vérité, Il se fichait de cela aussi. Des considérations d’Eglise comme même l’Eglise ne les respectait pas, bien merci ! Mais elle… Comment accepter de causer autant de souffrance même sans rien demander ?
Elle tira son mouchoir pour éponger ses yeux noyés, et tâcha de sourire. Son erreur… Savait-il combien elle trouvait ses yeux magnifiques ? Ce devait être cela qui le sauvait malgré ce qu’il disait, car même si elle voyait bien qu’il essayait de faire de l’humour, quelque part elle se posait a question et puis… et puis ce n’était absolument pas amusant, non mais ! Endetté jusqu’au cou comme il l’était, il n’aurait pas dû jouer au plus malin comme ça !
Mais bon… Ce baiser-là, elle le lui devait bien aussi alors comme l’occasion se présentait, elle rattrapa son accueil trop réservé. Il lui avait tellement manqué.
Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
Coldris tentait de démêler de ses propos ceux qui était de ses pensées de ceux qui étaient de sa tante. A vrai dire, il ne comprenait pas tout, mais cela n’avait aucune importance, car Eléonore faisait erreur en abordant le problème ce qui faussait ensuite toute la perspective du dessin.
— Cela n’a aucune importance. Encore plus, puisque vous n’aurez jamais la réponse. Vous poser ce genre de question n’apporte rien. Réjouissez-vous plutôt qu’elle ait pris la chose avec tant de philosophie. J’en connais qui ce serait débarrassée de la mère et de l’enfant à la place. conclut-il acidement.
Tout cela pour finir laissé pour mort (ou à mourir, au fond quelle importance) sur un bateau balloté par la tempête et disparaitre de la surface de la Terre. Il avait eu une chance inouïe de le retrouver, il le savait. En même temps avec son sang dans ses veines, il ne pouvait finir que par faire des vagues n’est-ce pas ? Sarkeris Triton aurait dû être son nom s’ils avaient connu sa destinée. Non en réalité, s’il l’avait su, il n’aurait jamais laissé la chose se produire quitte à assassiner tous les empêcheurs de tourner en rond. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid si c’était pour sa famille. Il croisa son regard. Referait-il la même chose pour elle ? Il n’avait incontestablement plus la fougue qu’il avait à cet âge-là et il utiliserait surement le pouvoir dont il disposait pour se débarrasser de ses ennemis, mais somme toute ce ne serait guère différent. Si choix il y avait à faire un jour, alors il était déjà fait.
Eineld était donc son père. C’était logique. On avait rarement vu un oncle se lier autant à une nièce. C’était à se demander comment la vérité n’avait pas éclaté plus tôt. Avec sa maladresse habituelle, chose qu’il déduisit de son regard auquel il répondit d’un vague « eh bien quoi ? » silencieux, il tenta de la rassurer. Misérablement certainement, mais même lui ne pouvait pas être parfait. À peine une éclaircie eut-elle l’audace d’apparaitre sur son visage désormais humide qu’il en happa le sourire pour s’en repaitre dans un long baiser. Un vrai baiser cette fois-ci, bien loin du premier. Il avait hâte d’arriver à Fromart. Il avait suffisamment d’idées pour occuper la journée entière et bon nombre de suivantes, mais il savait déjà qu’il commencerait par un détour dans sa chambre, où personne - et certainement pas Alduis – ne viendrait le déranger, dans ce lit qu’il ne partageait jamais avec personne. D’ailleurs en parlant d’Alduis c’était une transition toute trouvée, dans son esprit du moins, car dans les faits, elle tombait sans doute un peu comme un cheveu sur la soupe.
— J’ai fait ce que vous m’aviez demandé, et parce que ce n’était sans doute clair que de ses pensées d’un chaos savamment organisé, il détailla, j’ai parlé à Alduis hier matin. Vous n’avez donc plus à vous en faire. Il était étonné, mais… plutôt heureux ?
Une interrogation car il en doutait toujours. Tout cela s’était déroulé comme dans un rêve trop parfait pour être vrai. S’étaient-ils vraiment promenés tous les deux sans heurts et même avec plaisir ? Il secoua la tête. C’était insensé. Parfaitement insensé.
— Je lui ai proposé de venir se promener à cheval en ma compagnie un matin. C’est la seule activité que nous avons en commun. Pourtant, vous savez la dernière fois, c’était… il y a presque six ans. Et cela n’avait rien eu d’une paisible balade champêtre…
Le jour où ils avaient encore dû parler de ce fameux Mathurin dont il s’était entiché… Cela avait beau avoir eu lieu au printemps, il avait fait bien plus glacial ce jour-là que la veille sous la purée de poix qu’ils avaient traversé.
— Nous avons fait la course – j’ai gagné bien sûr, sa jument s’empatte – et il m’a demandé si je pouvais venir un jour à la salle d’armes.
Il détestait cela plus que n’importe quelle autre activité et pourtant, il avait accepté, car cela lui tenait visiblement à cœur. Il allait juste devoir rassembler assez de courage pour affronter son passé. Coldris laissa tomber sa tête sur la sienne, fermant les yeux. Il irait là-bas. Il ne savait pas quand mais il irait. Un jour. Demain, dans une semaine, un mois ou un an…
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Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
— Vous avez raison. J’ai eu de la chance. C’était quelqu’un de bien, elle me manque terriblement, elle aussi.
On en revint alors à Oncle Eineld. Son père. Qui l’avait élevée malgré tout. Et à une histoire saugrenue sur laquelle elle n’aurait manifestement pas plus d’information. Et à un baiser qui eut le don d’effacer cette conversation douloureuse dont elle ressortait tout de même plus légère. Elle revint se blottir dans ses bras. Elle en avait été bien trop éloignée ces derniers jours.
Elle n’en bougea pas lorsqu’il annonça avoir rempli sa mission - qu’elle détermina juste plus tard, quand Alduis fut mentionné. Elle releva juste la tête. Alors ?
— Pas autant que nous, fit-elle remarquer sans savoir si elle le disait davantage pour le bonheur ou pour la surprise.
C’était aussi vrai dans les deux cas. Elle espérait que cela avait permis à Alduis de comprendre et d’être sûr que tout ce qu’il avait fait n’était que bien, que cela contribue à alléger son coeur, d’une certaine manière, même si c’était un peu prétentieux de croire qu’elle pouvait y changer quelque chose.
— Cela s’est bien passé ? demanda-t-elle avec espoir.
Oh, ce n’étaient pas ses affaires, elle le savait bien, mais… cela l’intéressait tout de même. Une promenade à cheval, donc. Pourquoi pas ! Ils aimaient cela tous les deux, et puis… Puis, cela offrait un cadre somme toute plus léger qu’une convocation dans son bureau… Même si d’après ce qu’elle comprenait, cela n’avait pas été favorable la fois précédente. Elle ne savait pas de quoi il s’agissait, mais ce n’était pas grave, elle n’avait pas besoin de le presser de questions. Elle laissa tomber sa tête contre son épaule, souriante malgré ses yeux encore un peu rouges.
Ils avaient fait la course. Et bien sûr, seul Coldris aurait pu gagner. Elle soupira. Ben voyons !
— Et… vous allez le faire ?
Oui, certainement, sinon il ne le lui dirait pas de cette manière, sans doute… Et tout cela… tout ce qu’elle entendait prouvait une chose - hormis l’arrogance de Coldris :
— Votre relation a l’air de s’améliorer. Je suis contente pour vous, vous savez. Je savais que vous en étiez capables. Je le savais. Vous le méritez. Vous méritez tous les deux d’être heureux, et ces progrès, c’est la meilleure chose qui pouvait vous arriver.
A eux, et à Bérénice, aussi, qui pourrait être rassurée ? Malgré ce secret qu’elle lui avait confié, Eléonore savait qu’au fond, elle l’avait à peine rencontrée mais… mais ce devrait lui être bénéfique aussi. Et à tout leur entourage qui subirait moins de tensions. Et à quelqu’un, là-haut, qui tenait au moins autant qu’elle à ce qu’Alduis aille mieux. Pourvu que cela continue ainsi !
Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
Elle avait eu de la chance, indubitablement. Et Eineld également. Car il devait bien tenir à sa fille pour l'avoir élevée malgré tout « comme sa fille ». Quelle bêtise de ne jamais avoir eu le courage de lui dire qui il était réellement ! D’autant plus que son faux père n’acceptait que de mauvais gré sa situation, cela n’avait rien à voir avec les enfants de Francesca pour qui il n’était leur père que par le sang et rien d’autre. Mais là… à quoi cela rimait-il, tout cela pour quoi ? Pour qu’elle le découvre par elle-même. Quelle excuse comptait-il invoquer ? Le célèbre « ce n’était pas le bon moment » peut-être ? Il secoua la tête. Il ne comprendrait jamais ces idiots qui n’assumaient pas. Peu importe qu’il s’agisse ou non d’une erreur, un homme devait assumer jusqu’au bout ses actes.
Lui-même avait dû assumer sa relation avec Éléonore devant son fils. Cela n’avait pas été simple à avouer, mais désormais il se sentait bien plus léger et en paix. Il sourit à sa répartie, vrai à plus d’un titre et embrassa tendrement son front. Personne ne pouvait être plus heureux que lui, car il fallait avoir touché les abysses et connu les ténèbres absolues pour appréciera lumière du jour et la douceur de la surface. Personne non plus ne pouvait être plus surpris que lui-même. Cela lui était tombé dessus sans qu’il ne réalise. Comment aurait-il pu envisager de tomber une nouvelle fois amoureux. Déjà une fois était un exploit pour un tel cœur de marbre alors deux ? Et avec cette petite brebis qui avait débarqué par hasard dans son salon ? Il ne croyait pas au destin, mais il avait difficilement plus rationnel comme explication à cette folie qui avait sans doute commencé à le gagner un mois plus tôt lors de ce dîner parfaitement absurde et tellement délicieux à la fois. Et maintenant… maintenant il n'imaginait plus sa vie sans elle tellement cela semblait une évidence.
Oui, cela s’était bien passé et il acquiesça en silence. Étrangement bien passé même. Il s’amusa de son soupire à la mention de sa victoire. Il n'y pouvait rien s’il demeurait le meilleur à la course et que ses chevaux étaient bien meilleurs !
— Oui j’irais, même si je dois vous avouer que je déteste l’escrime plus que n’importe quelle autre activité. D’ailleurs… je ne ferai que le regarder. J’étais déjà un bien piètre escrimeur avant, mais désormais il me serait quasiment impossible de pratiquer un duel du fait d’une vieille blessure.
Ce coude droit qu’il s’était luxé lors du voyage avec Bérénice au cours d’un match de calcio fiorentino et qui l’empêchait désormais d’étendre complètement son bras. Alors pour ce qui était d’avoir l’allonge nécessaire, c’était raté. Pour le reste, il s’y était désormais fait et avait même tendance à oublier qu’il était limité dans son extension, tant naturellement son bras gauche prenait le relais. Ne restait donc que les douleurs qui traversaient de temps à autre son épaule jusqu’à ses doigts et là, excepté le laudanum pour endormir la douleur il n’y avait pas grand-chose à faire.
—Ne vous faites pas d’illusion, ce n’est sans doute qu’une accalmie, un jour la tempête reviendra.
Cela avait toujours été ainsi et il voyait mal comment cela pouvait changer. Tout simplement car ils ne s’étaient jamais compris et qu’il voyait mal comment cela pouvait subitement évoluer. Il vivait dans deux mondes différents où la seule possibilité de se rejoindre était de bâtir des ponts. Néanmoins… néanmoins il était heureux d’avoir partagé ce moment avec son fils et une relation quasi « normal » avec lui.
—Qui plus est… il arbora un sourire provocateur vous racontez n’importe quoi ma luciole. La meilleure chose qui pouvait m’arriver est juste là.
Quant à la mériter, il en doutait fortement, mais cela était une autre de ces questions parfaitement inutiles à laquelle il refusa de chercher la moindre réponse.
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Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
— Alors comme ça vous ne savez pas tout faire ? Qui l’eut cru ?! le taquina-t-elle, n’osant pas l’interroger sur cette fameuse blessure. De toute façon vous êtes parfait ainsi. Et puis… Je dois dire qu’à ce compte-là, je ne me débrouille pas terriblement bien non plus. Ariste avait dit qu’il convaincrait son père de me laisser apprendre quand il reviendrait du front. Le poignard c’est plus discret, mais cela c’était trop compliqué dans ces circonstances.
Ce n’était peut-être pas une bonne idée de dire cela alors qu’il affirmait détester l’activité. Mais elle n’allait pas mentir alors même qu’elle s’était entraînée sous son propre toit.
— A ce propos : si vous allez voir Alduis, assurez-vous que je n’y sois pas ce jour-là. Il… il a dit qu’il voulait bien m’aider - ça ne vous dérange pas, n’est-ce pas ? - et… Enfin, assurez-vous que je n’y sois pas.
Parce que l’important, c’était bien de montrer à son fils qu’il s’intéressait à lui. Il ne fallait pas laisser un malheureux hasard nuire à ce message si bénéfique pour leur relation. Car elle s’améliorait, Eléonore voulait y croire. Cela allait continuer dans ce sens. Mais elle avait affaire à un phénix pessimiste…
— Ce que vous pouvez être défaitiste ! elle effleura son visage de sa main gantée, tout en levant vers lui un regard sévère. Oui, il y aura encore des tempêtes, malheureusement, mais vous arriverez à surmonter cela, désormais. Les choses s’améliorent, voilà tout. Vous le méritez, vous le méritez tous les deux, et à force de petits efforts - parfois sans doute de plus grands, mais vous savez qu’ils en valent la peine - votre relation va évoluer sur la bonne voie. N’a-t-il pas su vous parler ? Vous, en tout cas, vous avez su, vous voyez. Et petit à petit… oh, cela ne rattrapera peut-être pas tout, mais je sais que vous êtes tous les deux capables d’avancer. Et d’arriver à parler… A leur parler et les écouter. Vous avez seulement besoin d’apprendre à communiquer. C’est tout ce qui compte, Coldris.
Elle sourit lorsqu’il affirma que c’était elle, la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Il ne pouvait sans doute pas imaginer combien elle voulait que ce soit vrai. Quelque part au fond d’elle-même, elle se plaisait dans cette place qu’il semblait lui attribuer. Elle était tellement bien auprès de lui mais… Il n’avait pas besoin de mentir, elle savait qu’elle passerait toujours après eux et c’était tout naturel. Et qu’il aurait préféré un miracle d’une autre forme.
— Moi j’aurais préféré un nouveau pendentif, mais vous faites un lot de consolation somme toute acceptable.
Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
Non, même lui n’était pas parfait. L’escrime avait toujours été sa bête noire et si pour des raisons de survie élémentaire il s’était maintenu à un niveau suffisant décent pour demeurer vivant jusque là, ce n’était plus le cas depuis son accident. En revanche, il fronça franchement les sourcils lorsqu’elle évoqua son propre niveau. Bon sang mais qu’est-ce qu’elles avaient toutes à s’évertuer à apprendre les armes ? Comme si cela avait le moindre intérêt ! Et en plus elle ne pouvait même pas porter la rapière… Quelle mouche les piquait donc toutes ? Autant il pouvait comprendre les poignards, autant les épées… c’était une arme d’hommes et de guerre, elle n’avait rien à faire entre des mains de femme.
— Je crains malheureusement que si je devais me retrouver en duel ce ne soit mon dernier jour sur cette Terre. J’ai déjà joué avec ma chance plus que de raisons sur ce point. Je ne vois pas ce qui peut tant vous fasciner dans cette activité excepté son interdit, mais vous pourrez également demander à ma fille, elle a toujours grandement apprécié de s’entraîner avec Alduis.
Quant à la suite, il haussa les épaules. Si elle était là, il rebrousserait chemin, sans doute soulagé d’avoir une excuse à sa portée pour ajourner sa visite. Cependant…
— Vous ne passeriez tout de même pas à Fromart sans venir me saluer, n’est-ce pas ?
Parce qu’au fond, cette situation ne pouvait arriver que dans cet unique cas bien précis. S’il savait qu’elle venait, il n’y avait pas de raisons qu’il ne sache pas non plus où elle se trouvait. Au fond, il en serait presque vexé de passer après son fils, comme lorsqu’elle était venue quelques jours plutôt pour discuter avec Alduis avant de même de lui en parler. Mais passons.
Était-il défaitiste ? Peut-être. Lui se considérait simplement comme réaliste et factuel. L’espoir était inutile. Qui vivait d’espoir finissait par mourir désespéré, c’était aussi simple que cela, alors les illusions et autres utopies, il les lui laissaient bien volontiers. Eléonore ne pouvait pas comprendre. Elle ne voyait que les choses de son œil extérieur, avec toute sa douceur et une certaine forme de candeur, mais elle ignorait tout de leur histoire commune. Elle n’avait jamais entendu les paroles réciproques qu’ils s’étaient échangés. Elle n’avait pas non plus vécu les situations tendues qu’ils avaient traversé. D’ailleurs, elle aurait bien vite choisi son camp si elle avait su l’entière vérité. Et ce ne serait pas le sien. Il hocha donc vaguement la tête pour clore la discussion qu’il ne souhaitait guère voir s’étendre.
Elle était là meilleure chose qui aurait pu lui arriver. Et comme toujours, il pesait ses mots. Qu’elle croit que c’était de l’esbroufe n’avait aucune importance, lui savait ce qu’il en était réellement. Elle plaisanta et il se promit de lui envoyer un pendentif à la place d’une lettre la proche fois qu’elle attendrait de ses nouvelles.
— Vraiment ? Vous êtes sûr de ne pas vouloir une bague de fiançailles à la place ? Vous semblez plutôt attachée à celui que vous portez d’ordinaire répondit-il tout aussi taquin.
Quant à être un lot de consolation, il ne s’en offusquait pas le moins du monde. Au fond c’était la vérité non, puisqu’il la consolait. Et si personne d’autre ne pouvait la consoler mieux que lui alors il avait là une place exceptionnel qui lui convenait parfaitement. C’était là toute la nuance des mots au fond.
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Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
— L’interdit n’est-il donc pas suffisant ? demanda-t-elle innocemment. Puis, plus sérieusement : L’interdit, le défi, l’idée de faire quelque chose. De relativement nouveau, en l’occurence. Cela occupe et… et puis ce n’était pas mon idée. Mais j’y penserai quand… cela ressemblera à quelque chose, ajouta-t-elle pour ce qui était de demander la participation de Bérénice.
Pour l’instant, il fallait avouer que ce n’était pas glorieux du tout. Au moins, dans ce genre de domaines, elle savait faire des progrès. Sans Ariste, ce ne serait pas pareil, mais elle y voyait l’occasion de passer du temps avec Alduis et cela, c’était bien ! Même si son père semblait s’en offusquer quelque peu.
— Si vous êtes disponible, non. Les occasions de vous voir sont bien trop rares pour que je ne m’amuse à les manquer. Mais vous n’allez tout de même pas être jaloux ? Vous savez bien que c’est vous que j’aime.
Et elle lui vola un baiser pour illustrer son propos. Allons bon ! Elle n’y était pour rien si les autres fois, il avait été occupé ou absent !
Enfin, l’important était que cela s’arrange entre Alduis et lui. Il était bien pessimiste à ce sujet, mais elle voulait y croire. Sans doute un peu parce que se retrouver encore au milieu de leur conflit ne l’attirait guère. Pauvre Bérénice, tout de même ! Oh, qu’il ne croie pas qu’elle affirmait cela naïvement, elle avait bien vu que leur relation était particulièrement compliquée et elle se prétendait pas tout savoir. Mais elle savait le plus important : c’était son fils et il l’aimait.
Elle laissa là ce sujet quand il décida d’en changer, préférant user de taquineries face à ses affirmations aussi touchantes qu’elles étaient difficiles à croire. Elle se redressa légèrement pour lui décocher un regard blasé - même s’il était vrai qu’elle tenait beaucoup à son pendentif.
— Non, merci, vraiment, bougonna-t-elle. J’aimerais autant m’en passer...
Et ce qui que soit le malavisé qui aurait cette idée. Et pourtant… Pourtant, avec ou sans bague, cela s’annonçait de plus en plus délicat. Elle se lova de nouveau dans ses bras, sourire rétabli.
— Heureusement que nous, nous n’avons pas besoin de cela, soupira-t-elle.
Elle ne pensait pas en femme convenable, c’était vrai… Mais ce n’était pas si grave, parce qu’elle l’aimait, et qu’elle préférait mille fois l’aimer que de se tenir convenablement. Elle posa la main sur son cœur pour sentir son écho. Cet écho plus merveilleux que tout ce qu’elle aurait pu espérer d’autre.
Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
L’interdit ? Sans doute lorsque l’on avait du temps à tuer ce qui n’était pas réellement son cas. Il avait d’autre part des interdits autrement plus excitants à violer qu’une contrainte sociale, de ceux qui impliquaient le destin de milliers de personnes et changeaient le cours de l’histoire. Mais cela ne pouvait être abordé, il en avait conscience, alors il se contenta de hocher la tête avec compréhension. Cela dit, il n’avait en revanche aucun mal à appréhender en quoi la nouveauté pouvait l’attirer. Pour ce qui était de venir le voir… Évoquer ces évènements lui donnait encore envie de se frotter de dégoût. Heureusement, tout serait terminé ce soir, c’était à se demander pourquoi le roi n’avait pas fait une simple lettre de cachet, enfin… Cela ne changeait pas du reste qu’il allait devoir s’acquitter de quelques explications sur ce sujet. Tout à l’heure. Pas maintenant.
— Vous pouvez patienter. rétorqua-t-il pour la forme.
Quant à être jaloux… Quelle raison avait-il si ce n’était de savoir que l’on passait plus de temps en sa compagnie que la sienne et que l’on venait lui parler avant lui-même ? Il la laissa voler ce baiser avant de chasser ces considérations bien peu constructives et forts envahissantes avant qu’elles ne commencent à gangréner son esprit. Il n’avait pas besoin de cela, vraiment.
Il ne savait pas vraiment comment il en était venu à lui parler de bague de fiançailles. Sans doute pour la taquiner. Et peut-être aussi à cause de certains souvenirs qui avaient refait surface lors de la venue de Cassandre. C’était idiot d’avoir dit cela au fond. Bien sûr qu’elle aurait voulu s’en passer. Il le savait déjà. Ils avaient longuement débattu au théâtre. Il la serra entre ses bras avec un maigre sourire. Non, ils n’avaient pas besoin de cela et c’était bien ce que confirmait sa tête qui se secouait autant que son « hmm hmm ».
Ou peut-être pas. Peut-être que c’était indispensable au contraire. C’est ce que Virgil aurait dit. C’est ce que lui-même se disait lorsqu’il se repassait le film de sa vie. La dernière fois, les choses étaient bien plus compliquées. Il ne pouvait pas. Ou du moins il avait échoué. Mais au fond qu’est-ce qui le retenait désormais si ce n’était son ego ? Et son âge. Et son respect. Et son amour de la liberté. Et l’absurdité de la chose. Et… Au fond que valait tout ceci face à la sécurité ? Il laissa tomber sa tête contre le montant de la fenêtre et son regard se perdit dans le décor. Ils venaient de passer la porte des condamnés. Au-dessus de leur tête, les quatre bourreaux se trouvaient suspendus par les bras en compagnie d’esclaves. Il pouvait sentir la présence du vétéran au fond de son âme et frissonna. Était-il prêt à devoir de nouveau se battre et à risquer de la perdre ? Il se laissa hypnotiser par le paysage désormais champêtre qui défilait le long de cette route qu’il connaissait par cœur et plongea dans un profond silence.
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Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
Elle passa cette ineptie pour apprécier le progrès - contestés - dans sa relation avec son fils, ce qui les menèrent - par elle-ne-savait-déjà-plus quelle pirouette du sort, à parler de fiançailles qui n’existeraient bienheureusement jamais. Ils n’en avaient pas besoin pour s’aimer, point sur lequel ils s’accordaient manifestement.
De toute façon, la seule perspective d’un mariage suffisait à étioler une relation. Il suffisait de voir la distance que cela avait instauré entre Gabriel et elle. Oh, bien sûr, il n’y avait pas que cela. D’abord, c’avait été le décès d’Ariste qui l’avait fait rejeter tout le monde. Et avant cela encore, les remontrances essuyées après son entorse à la cheville. Nom de Dieu, mais qu’est-ce que cela pouvait bien lui faire qu’elle ait glissé une fois ?! Une fois ! En dix ans et même plus que cela. Et c’était là que Monsieur décidait, pour une … de cheville mise au repos qu’elle aurait bien fait de se comporter enfin comme une adulte ? Non mais il s’était regardé ? Qui, d’entre eux, se mettait le plus en danger, qu’il le lui rappelle ? Ce n’était pas elle : un mur, ce n’était pas dangereux. Elle savait ce qu’elle faisait. Alors qui ? Hein ? Que ce sermon vienne de lui la rendait folle.
Bien sûr, elle lui avait pardonné sa saute d’humeur. Ce qui la dérangeait, c’était de savoir qu’il le pensait toujours. Qu’il avait changé. En fait, il lui manquait.
Elle demeurait là, blottie dans les bras de son amant, observant le rythme de son coeur et songeant à la suite. La suite… Il allait falloir en parler à un moment ou à un autre, c’était inévitable. Parce que sans lui, sans son soutien, elle ne pourrait jamais rester auprès de l’homme qu’elle aimait. Quelque part, elle était sans doute lâche. Lâche de reporter sa mauvaise humeur pourtant bien justifiée. Elle aurait dû lui en parler avant que cette affaire n’arrive dans un lit - ce n’était pas comme si c’était arrivé sans prévenir, cela faisait plus d’un mois qu’elle savait ce qu’il allait advenir - du moins cette partie-là. Ou bien, elle aurait dû lui parler en rentrant, le dix-huit. Elle savait qu’elle aurait dû, seulement… Seulement… Pffffff !
Une vingtaine de minutes fut avalée par cette réflexion. Ses yeux s’étaient fermés, et sa respiration ralentie tout comme si elle dormait. Elle ne s’en rendait même plus compte, après tout, elle était en sécurité. Les dominos tombèrent les uns après les autres jusqu’à lui rappeler qu’elle avait quelque chose à avouer.
— Coldris ? appela-t-elle à mi-voix.
Perdu dans ses pensées, il était trop loin pour qu’elle ait pu récupérer son attention. Elle fit glisser sa main jusqu’à sa joue, en répétant son nom doucement, presque coupable de l’interrompre dans ses réflexions. Cette fois, il revint vers elle.
— En parlant de fiançailles je… pour demain, je ne suis pas certaine de pouvoir venir, amorça-t-elle. Je… n’ai pas eu le temps de me préparer. Au discours je… Je ne sais même pas comment cela n’a pas pu finir en désastre et pour tout vous dire j’ai rendu mes tripes aussi bien avant qu’après - et son petit dérapage alcoolisé n’était même pas en cause. Désolée, de n’est pas très… élégant à dire mais… si avec Gabriel, j’en étais déjà malade, seule… avec toute la bonne volonté du monde je ne saurai jamais descendre de voiture. je suis désolée.
Et c’était bien ça le pire : c’était que malgré les cauchemars que cela ravivait, elle en avait envie. Au plus elle se retrouvait, au moins elle pouvait accepter un “même pas capable de…” Elle soupira. Pourquoi Coldris perdait-il son temps avec une empotée pareille. Elle ne le méritait tellement pas.
Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
Coldris s’était perdu dans un labyrinthe. Il avançait, bifurquait, rebroussait chemin, testait toutes les possibilités qui s’offraient à lui. Il n’y avait qu’ainsi qu’il saurait où chacune des ramifications le conduirait et laquelle le conduirait vers la sortie. Si son regard percevait toujours le décor familier qui défilait sous ses yeux, c’était sans le voir. Perdu dans ses pensées et ses calculs d’hypothèses, il ne réalisa pas qu’elle l’appelait une première fois. S’il n’avait dû obtenir qu’un seul don, il aurait voulu pouvoir accéder à la connaissance du futur. Il l’imaginait comme un grand chêne aux branches tortueuses et touffues où chaque embranchement menait à une feuille-conséquence. Si seulement… Une main glissa contre sa joue et le fit frémir. Le labyrinthe vola en éclats l’éjectant dehors, alors que son prénom lui chatouilla les oreilles. Le trajet vers Fromart. Il ignorait combien de temps il s’était perdu dans ses pensées et ne parvenait plus non plus à mettre la main sur ses dernières conclusions. Qu’importe cela reviendrait bien un jour ou l’autre comme charrier par la marée.
De toute évidence, elle avait quelque chose à lui dire, il se tourna donc sa direction. Les fiançailles… Ce qui le ramena au cheminement qu’il avait quitté quelques instants plus tôt. Coldris secoua la tête, comme pour lui signifier que ce n’était qu’une bêtise de sa part, mais… en fait elle avait changé de sujet. Demain, celle d’Alduis. Elle ne viendrait pas. Il ne savait guère s’il devait s’en attrister ou s’en réjouir. Quant au discours… Sa poitrine se souleva muettement. Elle n’aurait pas dû venir. Elle aurait dû s’en tenir à ce qui était prévu. Ne pas voir, ne pas entendre… tout ce qui lui déplaisait tant. Tout ce qui pouvait les séparer et ne les rapprocherait jamais, il en était bien conscient. Il n’y aurait jamais au mieux qu’une tolérance réciproque, un accord tacite de non-agression. Il doutait de toute façon qu’il n’existe sur cette Terre, un esprit autre que celui du Roi pour appréhender les tenants et aboutissants de cette fresque monumentale qu’ils étaient en train de bâtir. Elle ne pouvait pas comprendre car elle ne s’en tiendrait toujours qu’à son présent quand lui bâtissait déjà les fondations des siècles suivants. Il n’aurait jamais le plaisir de poser la dernière tesselle de cette belle mosaïque, c’est pourquoi il était si important de s’assurer que l’on puisse poursuivre son œuvre comme il l’entendait. Enfin, ce n’était pas le sujet. Et visiblement ce n’était pas tant ce qu’il avait dit que la situation qui l’avait rendu malade. Il acquiesça sans un mot. De toute façon, la simple mention de Gabriel suffisait à le faire grincer des dents. Avait-il déjà dit qu’il ne l’aimait pas ? Il remua de nouveau la tête.
— Je comprends parfaitement. Au fond, c’est sans doute mieux ainsi. Ne vous en faites pas pour cela.
Cela aurait pu avoir quelque chose d’amusant si elle s’était sentie à sa place, ils auraient pu jouer avec le feu, avant de réussir à se retrouver sans que personne ne le remarque, mais ce n’était valable que si elle était à l’aise et pouvait profiter des festivités autant que lui. Le cas échéant, eh bien, le cas échéant, mieux valait qu’elle ne vienne pas en effet, quand bien même personne ne lui en aurait tenu rigueur de vomir ses tripes dans un pot de fleurs. Thierry avait fait pire, mais il se garda bien de le mentionner.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
Quelque part, elle s’en voulait de renoncer, même s’il comprenait. Même si finalement, il trouvait cela bien préférable qu’elle ne vienne pas - au moins ça, c’était dit.
— Coldris… La prochaine fois… La prochaine fois je serai prête. Pour le dîner, c’est passé. Pour le théâtre… pour le théâtre, finalement, c’est passé presque tout seul. Je… je vais y arriver, mais c’est trop tôt.
Elle soupira. A vrai dire, elle n’arrivait pas à savoir si elle le décidait par raison ou par pure lâcheté. Si la première ne lui fournissait pas d’arguments que pour soutenir la seconde.
— En général, je ne renonce pas comme ça… Mais… c’est trop tôt. La prochaine fois, même si c’est un séjour en enfer, je le ferai mais… aujourd’hui, ce serait un péril gratuit, je ne veux pas semer la discorde chez vous. Aujourd’hui, cela risquerait de se voir.
Oui, elle allait le faire. Elle allait y arriver. Elle n'était plus seule. Elle pourrait.
Elle prit une profonde inspiration :
— Et puis, Gabriel est déjà assez soupçonneux ainsi. J’ai cru que son visage allait tomber en poussière quand je lui ai annoncé que je voulais y aller. Il a bien manqué de s’écrouler sur le “seule”. Cela doit lui faire plaisir, mais il n’est pas naïf non plus… Il doit se douter que ce n'est pas naturel, il me connait. Et je n’ai toujours pas su lui parler de nous.
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Éléonore ne viendrait pas aux fiançailles d’Alduis. Au fond, il n’aurait peut-être pas dû ressortir cette histoire l’autre jour au manoir. Cela lui aurait évité de se sentir si mal à l’aise à devoir décliner l’invitation. Il arqua un sourcil alors qu’elle renchérissait sur le sujet.
—Mais je ne vous reproche rien et vous n’avez pas à vous justifier de quoi que ce soit
S’il n’avait pas été si proche, elle n’aurait jamais pris la peine d’en faire autant, alors pourquoi s’embarrasser ? Alduis aussi comprendrait certainement. Et puis il avait semble-t-il plein d’amis désormais. Elle n’avait donc pas à s’en faire pour si peu. Enfin de toute évidence cela nécessitait réellement de s’y appesantir et il prit ses mains dans les siennes pour la rassurer.
—Il n’existe pas de séjour en enfer si je vous y accompagne, ma jolie luciole, répliqua-t-il avec son arrogance innée, si cela peut achever de vous convaincre que je n’en ressens aucun préjudice, sachez que je préfère vous avoir seule pour moi aujourd’hui que de vous savoir seule au milieu de tous, demain.
Et pour ce qui était de la discorde et des périls, il se garda bien de lui dire qu’il aurait endossé tout cela sans la moindre difficulté. Se souvenait-elle qu’elle parlait au père d’Alduis ? Celui-là même qui se permettait l’affront de ne pas voir le roi ? Alors à côté vraiment, ce n’était rien du tout.
— Je ne doute pas que vous y arriverez. Au pire, vous pourrez toujours vous cacher dans mon ombre.
Quand bien même cela pouvait en donner l’impression, ce n’était pas pour se vanter cette fois-ci. Seulement c’était la réalité. Il savait désormais que son fils souffrait d’être « le fils du ministre » alors au fond pourquoi n’aurait-elle pas pu se cacher derrière « la maitresse du ministre » ? Enfin dès lors qu’elle serait mariée. Comme fait exprès, elle évoqua justement Gabriel dont le nom suffisait à l’assombrir instantanément. Il relâcha d’ailleurs ses mains dans un soupir.
— Eh bien c’est peut-être qu’il ne faut rien lui dire, grogna-t-il maussade.
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Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
Il lui prit les mains. Elle esquissa un sourire - attendri ou dépité, elle n’en savait trop rien - quand il affirma qu’il n’y aurait pas d’enfer avec lui. Elle en doutait sérieusement : qu’elle soit capable de l’affronter pour lui relevait déjà du miracle. Mais il fallait être honnête : elle aussi, elle préférait largement ce tête-à-tête. Les idées qui fleurissaient dans son esprit n’incluaient certes pas de foules.
Elle fronça les sourcils. Dans… son ombre ? Elle n’était pas certaines de ce qu’il entendait par là, mais ce qu’elle y comprenait ne lui convenait en rien. Pourquoi fallait-il que l’aimer trahisse ses principes fondamentaux ?
Elle ravala son sceptiscisme, elle en faisait déjà assez. Elle embraya un sujet manifestement bien plus délicat, qui transforma Coldris en un enfant boudeur. Elle soupira, et résista à l’impulsion de récupérer ses mains.
— Coldris...
Son regard fit le tour de l’habitacle, hésitant. Il ne lui facilitait pas la tâche. Elle planta un regard sérieux dans le sien. Aussi sérieux que ses sentiments étaient intenses et sincères.
— Vous n’avez pas l’air de comprendre qu’il est le seul espoir d’avenir pour nous deux. S'il est de notre côté, nous pourrons rester ensemble. Sans son soutien, sans sa complicité, il nous reste au mieux un mois et demi avant mon départ. Définitif. Dites-moi que cela vous suffit, que votre amour se sera épuisé d’ici-là, et on fera ainsi : sans lui dire et tant pis si cela ne peut pas durer. Juste pour un mois de folie avant de se dire adieu. Et après... Est-ce ce que vous souhaitez ?
Honnêtement ? Un oui lui arracherait le cœur. Mais si c’était réellement tout ce qu’il attendait d’elle, eh bien… eh bien elle s’en contenterait. Elle n’attendait plus rien de la vie.
Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
Coldris ignora son scepticisme à sa proposition de demeurer dans son ombre. C’était une suggestion comme une autre. Elle était libre de choisir. Après tout ce n’était pas lui que cela dérangeait de s’exposer. Il le faisait depuis son arrivée à la capitale, autant dire qu’il était habitué à se montrer autant qu’à supporter les ragots qui couraient. Pire encore, il prenait un malin plaisir à les alimenter et c’était en partie grâce à eux qu’il avait fini par se hisser là où il était en lui permettant de rencontrer les personnes qui l’avaient aidé à accomplir ses desseins.
Quant à Gabriel, quoi qu’elle en dise tout cela puait à plein nez le fumier de déjà-vu. Parce qu’en plus elle y croyait réellement à son sauveur ? Il souffla un rire plein d’un sarcasme qui prenait sa source dans toute l’amertume qu’il pouvait trouver au fond de ses tripes.
— Faites ce que bon vous semble, puisque vous semblez si convaincu de votre futur mari. Simplement ne venez pas pleurer lorsqu’il vous enfermera dans son donjon. Je vous aurais bien assez prévenu que ces choses-là ne se divulguent pas.
Et qu’elle ne compte pas non plus sur lui pour venir la sortir de là ou encore se battre en duel contre son fiancé. Tout cela était derrière lui.
Des emmerdes. Tout cela ne sentait que les emmerdes à vous prendre à la gorge, à tel point qu’il n’était plus subitement aussi impatient d’arriver à Fromart.
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Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
Elle ne savait pas exactement quand elle avait bougé, mais elle n’était plus aussi près de lui qu’avant. En réalité, elle savait ce qui l’empêchait de sortir : la peur que ce fut bien un adieu.
Elle ouvrit une fois la bouche pour poser sa question, mais referma aussitôt ses mâchoires sur cette joue devenue presque insensible à ses morsures. Sereine. Elle devait rester sereine. Elle savait bien qu’il ne l’aimerait jamais autant qu’elle, elle l’aimait. Elle ne lui en voulait même pas de lui avoir fait miroiter gratuitement un vain espoir. C’avait été… si doux. Sereine, elle restait sereine. Pour ce qu’il restait d’eux. Parce que quelque part, pour ce qu’il lui avait apporté, elle le lui devait bien.
— Je suppose que ça veut dire oui, articula-t-elle douloureusement. D’accord, ajouta-t-elle d’une voix qui se cassa sous le coup de l’émotion.
Oui, un mois d’évasion sans conséquences, c’était très bien. Comment aurait-il pu vouloir supporter plus longtemps quelqu’un comme elle. Elle refoula ses larmes à la lisière de ses paupières. On avait dit : pas de scènes. Elle l'accepterait dignement. C’était ce qui était prévu depuis le début, non ? Un dernier jour, ce ne pouvait pas être bien long. S’il ne voulait rien d’autre…
Re: [23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]
Comment pouvait-elle s’imaginer un seul instant que l’informer soit la solution rêvée ? Comment ? Comment ? Comment ? COMMENT ! Depuis toutes ces années, il pouvait décemment affirmer qu'à d’infimes exceptions près, ce n’était jamais rien d’autre qu’une déplorable et suicidaire idée. Si le secret lui pesait tant, elle n’avait qu’à aller le confesser à n’importe quel curé de Braktenn, qu’ils aient au moins une utilité quelconque.
— Je suppose que ça veut dire oui. D’accord.
Oui ? Quel était le rapport avec ce qu’il venait d’énoncer ? Il venait simplement de lui dire de faire comme bon lui semblait. Ce n’était pas assez clair ? D’où venait donc ce « oui » ? À propos de quoi d’ailleurs ? Pourquoi les choses étaient-elles si compliquées ? Coldris n’avait plus qu’à remonter le fil de la discussion puisqu’il était incapable en l’état, de déterminer comme son offre avait pu la mettre dans un tel état, alors même qu’il la laissait choisir ce qui était préférable selon elle. Enfin, qu’avait-il pu lui dire de déplacé ? La prévenir que l’on allait la ramener manu militari à Tianidre, bien loin des mauvaises influences de la capitale ? Ce n’était que la réalité, il ne fallait pas se fourvoyer. L’honnêteté lui passerait les fers aux poignets. Il n’allait tout de même pas lui dissimuler la vérité et l’encourager à tout saborder, si ? Il s’enferma dans ses pensées qui se développèrent à l’infini, piaillant à tue-tête sous son crâne comme la nuée d’étourneaux qu’elles étaient. Dans tout ce vacarme, il ne parvenait toujours pas isoler ce sur quoi elle le considérait en accord. Que disait-elle juste avant qu’un arrière-goût de bile s’empare de son palais ? Dans tout ce chaos, il eut bien du mal à trouver la porte par laquelle il venait tout juste d’entrée, celle qui lui permettrait de se souvenir de ce qu’elle venait de dire à l’instant. Et encore, il y avait tant de bruit que tout lui arrivait par bribes avant d’éclater aussitôt comme des bulles de savon.
Mais enfin c’était ridicule ! C’était vraiment à cela qu’elle le croyait en accord ? Elle l’avait bien regardé ? Était-il vraiment du genre à se satisfaire du moins pire quand il pouvait tout risquer pour avoir le mieux ? Il préférait cent fois mourir en échouant que se contenter de peu et de sécurité. Il secoua la tête et soupira ignorant ses yeux bordés de larmes, dont il ne comprenait pas comment elle avait pu en tirer une telle conclusion tout en le connaissant. Ou peut-être qu’elle ne le connaissait pas suffisamment au fond. C’est vrai, que savait-elle au final de tous les obstacles qu’il avait surmontés quand il aurait pu se complaire dans une satisfaisante médiocrité ? Il prit une profonde inspiration pour se calmer. Expliquer. Détailler. Différemment.
— Ce que je veux dire c’est que…
En fait, il ne savait pas comment tourner cela tout en étant sûr qu’elle ne mésinterprète pas ses propos. D’autant plus qu’il n’avait toujours aucune idée de comment elle avait bien pu arriver à une telle conclusion.
… je préfère infiniment tenter le diable à jouer un mois et plus encore que de vous perdre demain, car c’est ce qui arrivera inévitablement dès que cela se saura.
Restait qu’il pourrait toujours réclamer le droit de l’épouser pour l’avoir défloré, mais il n’était pas vraiment sûr de vouloir en arriver à de telles extrémités, d’autant plus que l’idée ne semblait pas plus la réjouir que cela. Pourtant cela aurait été incontestablement la solution de facilité.
— Au mieux on vous reconduira à Tianidre, de gré ou de force. Au pire...
Coldris ouvrit son manteau et souleva toutes les couches de vêtements jusqu’à laisser apparaitre la peau marquée de son abdomen.
… au pire voici comment cela se termine. Et vraiment, croyez-moi, je n’ai pas envie d’en arriver là.
Il rabaissa sa chemise et tout le reste d’un mouvement sec, mâchoires serrées. Que pouvait-il dire de plus ? Il ne se faisait pas trop d’illusions pour ce qui était des duels : ils étaient interdits (comme avant) et il était suffisamment haut placé pour se débarrasser des pions gênants. Seulement voilà, elle, ne serait sans doute jamais prête à de tels sacrifices. Que pouvait-il ajouter d’autre dans ces conditions ? Certainement pas qu’un jour elle n'aurait d'autre possibilité que de devoir choisir entre lui et son fiancé.
— Comprenez-vous désormais ce que j’essaye de vous dire ? questionna-t-il tout de même radouci.
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