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[23 janvier 1598, après les excuses de Thierry] - Lumière sur les tourments d'une petite luciole [Terminé]

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Message par Éléonore de Fromart Jeu 15 Juil - 18:46

Quelques minutes s’écoulèrent dans un profond silence. Douloureux. Eléonore ne savait plus trop à quoi s’en tenir… Elle l’avait cru. Elle l’avait cru parce qu’il n’avait eu aucune raison de lui mentir à ce propos mais… Mais s’il avait dit la vérité, il ne le percevait manifestement pas de la même façon qu’elle. Beaucoup disaient “amour” pour ne pas décrire grand chose, après tout… Pour juste “quelque chose”. Tout le monde ne savait pas faire la différence.

Elle ne pleurait pas. Cela ne servait à rien. Cela les empêcherait seulement d’en profiter. Elle aurait tout le temps pour cela ensuite. Elle n’insista pas non plus : s’il ne cherchait pas d’avenir, à quoi cela servait-il de lui expliquer qu’il ne pourrait pas exister ainsi ?

Elle tourna son regard vers Coldris au premier mot qu’il daigna prononcer, les entrailles nouées par quelque chose entre la peur et l’espoir. Cela voulait-il dire que…

Non, en cela, il se trompait… Ce n’était pas… enfin, rien n’indiquait que cela se passe ainsi. C’était… Pourquoi ? Bien sûr que non, ce n’était pas non plus ce qu’elle voulait mais connaissant Gabriel… Elle déglutit : il ne connaissait pas Gabriel. Il rabatit les couches de tissus par dessus sa peau. Elle finit par acquiescer.

— Je… comprends… Mais…

Comment lui expliquer cela ?

— Je ne suis pas idiote, Coldris, mais… C’est difficile à croire, j'en conviens, mais Gabriel est différent. Je… Je dois avouer qu’il a grandement influencé ma façon de penser… Sans lui,  je ne serais peut-être pas aussi à l’aise avec notre relation ou… tout cela.

Bien sûr, Ariste avait eu beaucoup plus d’impact mais… lui aussi avait sa place. Même si le jour de leur rencontre, la situation ou sa nudité ne l’avaient pas vraiment mise mal à l’aise. Il avait tout de même eu sa place.

— Il serait la dernière personne à me reprocher d’avoir un amant puisque ça fait huit ans qu’il l’attend.

Et si encore il avait attendu en lui épargnant ses commentaires… Etait-ce si grave d’avoir eu besoin de temps ? Juste parce qu’elle était plus exigeante que lui en terme de partenaire.

— Vous savez, cette histoire de mariage m’inquiète à plus d’un titre, parce que… ça casse quelque chose entre nous. Mais… Sur ce point, les choses sont encore plus claires qu’auparavant. On en a parlé et… il m’a clairement dit qu’il serait incapable de me toucher. Allez savoir, ça le dégoûte. Franchement, suis-je à ce point repoussante ?

Elle devait avouer qu’elle l’avait mal pris. Même si quelque part, elle comprenait qu’il la considère différemment. Elle soupira. Très mal pris.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 15 Juil - 21:06



Il rabaissa les couches de vêtements sur ses propres blessures de guerre. Voilà c’était dit. Sans doute encore maladroitement, mais comme il ne s’avait guère faire mieux dans ce domaine, il n’avait plus qu’à s’en contenter à défaut de pouvoir prier quoi que ce soit. Il fut soulagé de voir qu’elle comprenait. Ou semblait comprendre, parce qu’il ignorait encore ce qu’elle avait pu déduire de ses paroles.

Bien sûr qu’elle n’était pas idiote, il n’aurait jamais pu tomber amoureux d’elle. C’était juste que… son optimisme de jeunesse se heurtait à la méfiance de son grand âge. Il passa une main le long de sa joue. Gabriel était différent ? Vraiment que pouvait-il avoir de si différent ? Était-il aussi collectionneur que lui ou… comme Alduis ? Huit ans à attendre ? En voilà une drôle de façon de conseiller une jeune fille de son rang. Coldris esquissa un sourire, caressant toujours sa pommette de son pouce. Puis secoua la tête.

— J’entends bien. Mais je ne serai jamais l’amant qu’il vous souhaiterait et à plus d’un titre, ne vous faites pas d’illusions… Ses paupières se fermèrent brièvement le temps de prendre une inspiration, je ne vois pas comment cela pourrait bien terminer. Je ne suis pas un homme comme « il faut » et vous le savez pertinemment, car… c’est bien pour cela que vous avez accepté mon invitation, n’est-ce pas ?

Tout ce qui se passait désormais depuis un mois, tout ce qui avait échappé à leur contrôle, tout cela… rien n’avait était prévu, ni même anticipé. Lui qui calculait tout ne savait même pas dire quand ce grain de sable s’était immiscé dans sa vie et avait déréglé peu à peu la machine millimétrée qu’était sa vie. Comment après trente ans et un nombre incalculable de femmes, comment en était-il arrivé là ? Et elle ? Au fond, elle n’avait compté que se servir de lui autant que lui avait souhaité s’en amuser, et ils étaient là, pris à leur propre jeu. Tout ce qu’il voyait au fond de son regard d’obsidienne, c’était le reflet de l’amour qu’il lui portait. Quoi qu’il dise, il suffisait de se noyer dans cette mer d’encre pour qu’il se dise qu’en réalité, il ne pourrait jamais la laisser séquestrer dans son donjon, parce que sa vie n’en vaudrait plus la peine, parce qu’il ne pourrait plus croiser son reflet sans briser le miroir ou tourner le dos à l’eau accusatrice.

Il aurait voulu la rassurer, lui dire que tout se passerait bien, mais plus il en savait, plus il en doutait. Il ne se souvenait que trop bien de ces années de souffrances… De cette haine… De ce dégoût…

Allez savoir, ça le dégoûte

Cela ne serait jamais pareil pour elle, mais cela lui perfora tout de même le cœur, car elle méritait bien mieux que cela, sa petite luciole au grand cœur.

— Ai-je également cette réputation ? questionna-t-il avec innocence avant de la serrer dans ses bras, je vous prouverai le contraire, autant de fois qu’il le faudra, vous verrez.

Elle ne pouvait pas épouser cet homme c’était impossible. Ils allaient en trouver un autre, ce ne serait pas bien compliqué, quelqu’un qui ne ferait pas d’histoire. Il frissonna. Des pensées qu’il avait déjà eues il y avait bien longtemps, avant… Avant qu’il ne le lui demande. Il avait même songé qu’il ne lui ferait jamais de mal et… il la serra un peu plus…

— Je ne pourrais jamais le laisser dire cela de vous. Jamais. avoua-t-il dans un chuchotis entre de tressautement de la voiture.

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Message par Éléonore de Fromart Ven 16 Juil - 6:21

Coldris semblait surpris par la direction dans laquelle Gabriel la poussait… et pour être honnête, il y avait de quoi. Et encore, il n’en savait pas la moitié. Son ami avait simplement dû oublier qu’elle était une femme, et tout s’en serait trouvé expliqué. Ou bien avait-il complètement oublié les exigences de ce bas-monde - ce qui ne l’aurait pas surprise non plus au vu du nombre de fois où elle-même avait dû les lui remémorer. Toujours était-il qu’elle attendait le “ah, finalement tu oublies le couvent ?” quand elle lui annoncerait son petit écart de conduite. Ce à quoi elle maugréerait qu’elle n’avait jamais eu de projet aussi ennuyeux. Non mais sérieusement !

Ses explications retombèrent dès lors que Coldris énonça cette frappante vérité. Il n’était pas l’amant qu’il fallait. Elle savait, elle acquiesça sans conviction. Outre les commentaires qu’il lui avait déjà partagés, elle le connaissait assez pour deviner les autres. Mais si c’était celui-là qu’elle aimait, son meilleur ami ne lui devait-il pas soutien ? Et puis, de toute façon, ce serait ça ou rien, non mais, depuis quand était-ce à lui de décider quel lit elle chauffait, nom d’un nutton ?! A cela, il y avait une une petite réponse toute mesquine, qui voulait tout dire et rien à la fois : depuis cette histoire de mariage. Elle détestait cette situation. Elle se détestait de ne savoir qu’en faire.

— Disons que vos intentions me convenaient assez bien, avoua-t-elle.

Juste du bon temps. Une dernière folie. En ne blessant personne. Sans rien s’imaginer. Sans rien espérer. Hormis peut-être que le danger ne soit plus grand qu’envisagé et que cela l’achève mais… la conversation avait déjà un cours assez délicat sans y ajouter cela.

— Quand bien même cela n’aurait pas dû.

Parce que si lui n’était pas comme il fallait, on trouvait des mots bien plus dégradants pour décrire les femmes comme elle. Et ce même s’il n’y avait pas de mal.

— Mais qu’en puis-je, moi, si vous aviez un charme fou ? questionna-t-elle en simulant le reproche sans pouvoir réprimer un sourire malicieux.

Parmis toutes les mauvaises raisons - qui demeuraient mauvaise même en méprisant les convenances stupides -, il y avait au moins celle-là qui demeurait valable. Même sans impliquer son coeur, on devait lui reconnaître cette aura. Non, elle n’aurait pas eu besoin d’être au bord du gouffre pour juger qu’il en valait la peine. De cela, elle était certaine. Il avait ce regard, cette présence, ce caractère, ce elle-ne-savait-quoi d’irrésistible qui avaient fixé ses intentions bien avant que les grands sentiments ne s’en mêlent.

Parce qu’au fond, même s’ils avaient transformé l’agréable et divertissant en merveilleux, pour les désirs triviaux qu’ils avaient alors, ils n’avaient rien de nécessaire. Si difficile qu’elle eut été, elle restait persuadée qu’il ne fallait pas grand chose pour que cela se passe.

Et en sachant que Gabriel était encore moins compliqué qu’elle, comment aurait-elle pu ne pas être affectée qu’il tienne l’acte pour complètement impossible entre eux ? Certes, elle n’avait jamais eu d’attirance pour lui. Peut-être serait-ce arrivé s’il n’avait pas été le premier amour de la plus grande partie d’elle-même, parce qu’il n’était franchement pas vilain mais… Non. En revanche, elle ne voyait pas où était l’impossible. Pourquoi l’apparition de ce tabou ? Pourquoi, alors qu’il n’y en avait jamais eu ? Pourquoi ce rejet si catégorique qui ne visait qu’elle ?

Elle ne l’avait expliqué que pour montrer qu’il y avait un obstacle en moins, mais cela la blessait et elle fut rassurée que trouver les bras de son phénix autour d’elle au terme de ses confidences. Elle en sourit et lui rendit son étreinte. Avait-elle déjà dit qu’elle l’aimait ? Sans doute jamais assez, alors elle le répéta en réponse. Ses doutes étaient déjà passés. Bien sûr qu’il l’aimait aussi, bien sûr que non, ce n’étaient pas des paroles en l’air et cela durerait parce que l’amour avait une force inimaginable. Heureusement qu'il était là.

— Il ne faut pas lui en vouloir, il voulait juste que ce soit clair et… et la situation le perturbe autant que moi. Sinon davantage. Cette histoire de mariage tombe au mauvais moment. Mais… Pour nous, on trouvera une solution. On trouvera une solution. Je ne veux pas vous quitter, Coldris, je ne pourrais pas.

Elle soupira, remuant la tête contre son épaule. Non, elle ne pourrait plus. Elle n'y survivrait plus. Elle ne voulait plus. Et si elle devait faire valoir cet argument-là, elle le ferait. Si seulement Ariste avait été là. Que Coldris lui plaise ou non, elle aurait eu son soutien et sa confiance inconditionnels. Dire que c'était pour une cheville tordue qu'elle avait perdu celle de Gabriel...
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Message par Coldris de Fromart Ven 16 Juil - 12:53



Ces intentions lui avaient convenues. Il en avait souri à cette phrase. C’était si rare que les choses soient si simples, si évidentes et si sincères en même temps. C’était peut-être bien pour cela que la Fortune leur avait joué ce drôle de tour plein d’une profonde ironie. C’était la seule à se jeter sciemment ainsi dans la gueule du loup et on l’avait édenté pour en faire un petit chiot jappant lorsqu’elle était là. Tout cela était tellement prétendument sans conséquence, tellement clair entre eux, qu’ils en avaient tous deux baissé leurs défenses simultanément pour en arriver là où il en était un mois plus tard : à chercher le meilleur calcul pour grappiller quelques jours supplémentaires à une fin qui s’annoncer inévitable.

Malgré tout, elle avait raison : ce n’était pas ce genre de chose qui aurait dû arriver et cela ne devait pas se savoir, c’était bien pour cela que l’affaire ne devait pas s’ébruiter y compris à ce fiance-ami ou que savait-il encore dont il n’avait aucune confiance. C’était bien trop dangereux. Ce pourrait être n’importe qui d’autre, sans doute aurait-il fermé les yeux comme elle le disait, mais lui ? Coldris de Fromart ? Il aurait parié qu’on pointerait du doigt sa naïveté et sa bêtise, alors même qu’il n’y avait rien eu de plus réfléchi. C’était d’ailleurs bien mal le connaitre car cela faisait des années qu’il ne touchait plus aux vierges. Elle était l’exception qui confirmait toutes les autres règles établies et bousculait l’ordre instauré.

— Absolument rien, ma luciole déclara-t-il en lui dévorant le cou de baisers, je ne suis qu’un vil séducteur bien trop expérimenté pour les petites brebis de votre espèce.

Il aurait bien continué, cependant cette discussion était des plus importantes, surtout lorsqu’elle lui avouait comme bien elle pouvait dégouter son futur fiancé. Une phrase qui le dépassait complètement. Autant car il la trouvait irrésistible que pour la violence que généraient de tels propos. La seule raison qu’il voyait réellement à une telle révulsion c’était celle qu’il connaissait chez son fils. Alors il préférait les hommes lui aussi ? Il aurait dû se réjouir d’une telle annonce qui le laisserait libre de profiter de sa femme, comme il le faisait avec Francesca. Pourtant, il y avait ce frisson sur son échine qui ne cessait de le mettre en garde. Sans doute quelque chose qu’il avait dû croiser dans son regard lorsqu’il l’avait aperçu. Comme une puce, ses pensées sautèrent à Alduis, il songea à son mariage prochain : arriverait-il à accomplir son devoir, malgré tout ? Cette pauvre Florentyna ne méritait pas de se sentir ainsi rejetée ou mise à l’écart. Il secoua la tête pour chasser ses hypothèses. Il faisait confiance à Alduis. Il voulait lui faire confiance. C’était ce dont il essayait de se convaincre en passant une main le long de son dos.

— Ne l’épousez pas, s’il vous plait. Vous ne serez jamais heureuse ainsi.

Il ne se souvenait que trop bien de ces interminables années de mariage à devoir supporter celle qu’il haïssait. Passé la naissance d’Alduis, il n’avait même plus eu d’autres choix que de déserter Cervigny. Une double peine pour lui qui était attaché à la demeure de son cœur. Il soupira.

— Je vous aiderai à trouver un mari qui vous conviendra mieux. Je connais assez de monde pour cela. Quelqu’un de bien et… pas trop encombrant.

Il n’en revenait pas de ce qu’il venait de lui dire, alors même que Virgil soupirait profondément dans son esprit. C’était la meilleure solution. Faire ce qu’il avait voulu faire la première fois. Cette fois-ci, il n’échouerait pas.

La première fois tu t’es résigné à l’épouser en secret, justement pour éviter cela.
Il faut vraiment que je te rafraichisse la mémoire ?


Mais je n’avais pas le choix !
Ce n’était pas ce que je voulais !
Je comptais en faire ma maitresse lorsqu’elle aurait été mariée et cela aurait été très bien pour tout le monde !


Sauf pour elle.
Ce n’était pas ce qu’elle voulait, Coldris.


Et ce n’est pas ce qu’elle veut elle !
Tu l’as bien entendu, non ? À moins que tu sois devenu sourd.
Cela lui conviendra très bien, tu verras.


On verra.

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Message par Éléonore de Fromart Ven 16 Juil - 19:09

— Non, juste ce qu’il fallait, souffla-t-elle par pur esprit de contradiction au creux de son oreille.

Parce qu’elle n’était pas vraiment une brebis comme il fallait non plus. Parce que ce n’était pas l’amour qui l’avait menée à lui. C’était tout de même un fameux coup du sort. Mais qu’importe si l’amour l’avait piégée, ce n’était que du bonheur.

Et ce bonheur-là, elle refusait de le perdre. Elle l’aimait trop. Elle n’aurait pas pu l’encaisser. Pas après tout le reste. Alors, même si sa relation avec Gabriel était un peu compliquée en ce moment, ils trouveraient une solution. Elle n’avait aucune force de caractère, seule. Faible, elle était. Idiote, maladroite, lâche, inutile. Mais son amour lui donnerait la force, elle le savait. Cette force qu’elle n’avait pas pour lutter contre elle-même. Cette force qu’elle avait eue pour son grand-frère, et qui, quelque part, sommeillait en attendant que quelqu’un la mérite et en ait besoin. Et si ce quelqu’un existait, c’était bien l’homme qui la serrait dans ses bras aujourd’hui.

Elle fut interloquée par sa requête. Ne pas l’épouser ? Ne pas être heureuse.

— Ne vous inquiétez pas. Nous ne sommes sans doute juste pas compatibles sur ce point. Franchement, avec le niveau de ses conquêtes, il sera obligé de reconnaître que mon seuil d’exigence n’a pas baissé... Vous connaissez Adélaïde de Diéron ? Elle est tellement exécrable que Louis et moi, nous avions caché des oies dans ses appartements une fois qu’elle logeait à Tianidre. Et des années plus tard, qui s'y intéresse ? Cela m'a toujours dépassée. Si je n’ai rien dit pour elle, il peut franchement se taire pour vous parce que l’on fait difficilement pire.

n’avait jamais pu la sentir. Il y avait des gens, comme ça, avec qui elle ne s’entendrait jamais. Et pas seulement à cause de sa tendance à répéter que leur commun parrain ne la gardait que par charité quand elle, il la recevait parce qu’il l’appréciait vraiment.  

Puis vint cette suggestion pour le moins déroutante. Sensée, mais déroutante tant elle ressemblait au premier réflexe de son ami. Solution déjà examinée, donc, mais pas en réponse au même problème.

— Alors vous avez assez peu confiance en lui pour préférer ça ? Je veux dire… au point où j’en suis, la sécurité est secondaire mais… je ne pense pas que ce soit judicieux. Je ne pourrais pas céder de tels pouvoirs à n’importe qui, vous comprenez ? Vous n’imaginez pas ce que c’est... Il y a au moins… dix moyens que cette solution tourne au désastre. Cent. Pensez bien : si l’idée est déjà difficile avec quelqu’un qui connaît tous mes secrets, que serait-ce avec je-ne-sais-qui d’autre. Et puis… Sérieusement, aucun homme un brin sensé ne pourrait accepter de se marier avec une femme comme moi… Ce serait absurde. Ne pensez pas que je ne serais pas prête à faire des sacrifices ou prendre des risques pour que l’on puisse rester ensemble mais… C’est une solution très périlleuse qui en demande beaucoup... et si elle n’est pas absolument indispensable, j’aimerais mieux m’en passer. Même dans le cas où vous craindriez vraiment Gabriel... Il doit bien y avoir quelque chose de plus simple...
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Message par Coldris de Fromart Ven 16 Juil - 22:11



Il lui suffisait de souffler ces quelques mots dans le creux de son oreille pour hérisser les poils de sa nuque d’un agréable frisson. Sourire aux coins des lèvres, il lui adressa un regard qui voulait tout dire. Lui avait-il déjà dit qu’elle le rendait complètement fou ? Et rien que pour cela elle méritait d’être heureuse et certainement pas d’être qualifiée de repoussante. Cet homme n’avait aucun goût ! Et il allait bientôt en avoir la confirmation…

Le niveau de ses conquêtes ? Il haussa un sourcil moqueur qui lui intimait de poursuivre ses révélations croustillantes. Alors comme cela il n’avait pas de goût sur ceux et celles qu’il mettait dans son lit ? Il souffla un rire. Adélaïde de Diéron. Qu’il avait mentalement rebaptisé Diénon tant elle avait réussi à être exaspérante en l’espace d’une seule danse ! Et « même pour ce qu’il voulait en faire » comme aurait dit son incomparable Éléonore, elle ne satisfaisait pas ses exigences. Tout juste agréable à l’œil, elle avait une prétention démesurée. Il laissa échapper un petit rire à la mention des oies.

— Des oies? En voilà une idée merveilleuse, je parie qu’elles ont réussi être plus silencieuses qu’elle ! Vous savez, ses chevilles sont si imposantes qu’elle me fait penser à un culbuto. C’est à se demander comment elle parvient encore à se tenir droite. Je n’ai dansé qu’une seule fois en sa compagnie, il y a deux ans. J’avais bien bu ce soir-là mais même ainsi ce fut long. Je me suis empressé de lui fausser compagnie en lui disant que j’étais définitivement trop bien pour elle.

Le souvenir de cette soirée lui restait encore en mémoire, du moins le début. La fin était nettement plus floue. C’était l’époque où la seule limite qu’il avait était celle de tenir encore debout jusqu’à sa voiture ou n’importe quel lit décent. Cette époque où il essayait de cautériser son deuil à l’alcool, aux femmes et à l’opium…

— Je comprends mieux qu’il vous trouve repoussante. Je suis navré, mais cet homme n’a aucun goût. À moins… À moins qu’il soit sourd ? Auquel cas cela lui donnerait quelques circonstances atténuantes dans le choix de ses conquêtes. Vous avez bien raison, ma belle étoile, il peut bien se taire, car vous la surpasser de loin, ce petit grain de sable qui se prenait pour un diamant.

Toujours était-il que plus il y songeait, plus il lui semblait évident qu’elle ne pouvait pas l’épouser. Il ne pouvait pas la laisser courir à la catastrophe. Accepter une vie comme celle-ci. Si cela commençait par lui dire qu’elle était repoussante, par quoi cela finirait ? Il était hors de question que cela n’aille plus loin. Il ne voulait pas la récupérer en larmes, ou qui savait, avec d'infâmes marques sur son corps.
Il écouta tous ces contre-arguments. Tous parfaitement censés, il fallait l’avouer. Pourtant, il devait bien exister un parfait benêt trop soumis pour s’imposer et trop aveuglé pour opposer la moindre résistance. Après tout, n’importe qui d’un peu malin verrait combien il était intéressant de laisser sa femme au ministre des Affaires étrangères. Il pourrait même…

— Ne vous en faites pas pour cela. Je pourrais lui offrir un poste à Zakros ou à Lodmé. Ce n’est pas un endroit pour une dame de votre rang là-bas.  Je jure de prendre soin de sa femme en son absence. C’est la moindre des choses, ma douce lumière, vous ne croyez pas ?

Pendant ce temps, il listait mentalement tous les hommes susceptibles de pouvoir correspondre à ce qu’il attendait. Aussitôt inscrit, aussitôt rayé. Chose qui semblait bien amusait Virgil qui ricanait à chaque nouveau trait.

Tu es sûr qu’il n’en manque pas un sur ta liste ?
Au travers de la vitre, il percevait la silhouette dentelée des grilles de Fromart se dessiner. Ils allaient arriver d’un instant à l’autre, et la vérité, c’était qu’il n’avait toujours pas abordé les deux sujets les plus épineux…

Elle a raison, il y a plus simple.
Non.
Non tu ne sais pas ou non tu ne veux pas ?
Non, ce n’est pas possible et tu le sais. Arrêtes avec ça et aide-moi à chercher au lieu de te moquer.


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Message par Éléonore de Fromart Sam 17 Juil - 12:54

Elle n’avait pas pu s’empêcher d’évoquer cette monumentale faute de goût. Elle ne savait même pas ce qui l’avait prise, au fond. Elle savait qu’en général, Gabriel les choisissait moins pénibles… Et puis, elle en avait profité pour citer l’une de ses plus jolies farces - justement parce qu’elle avait touché cette femme insupportable. Cela pouvait sembler anodin, mais que du contraire : c’était un fragment de ses souvenirs les plus intimes.

Eléonore songea à la réaction qu’Adélaïde aurait eue de se sentir ainsi écartée. Une certaine suffisance soupoudrée d’un pseudo-humour peu convaincant, sans doute. Ah, si seulement elle n’avait dû lui accorder qu’une danse…

— Imaginez alors ce que c’est quand elle passe presque un mois chez vous chaque année. Eltinne dit que je ne fais pas d’efforts, mais vraiment, je préfère manger seule dans ces cas-là.

Si elle avait réussi à lasser Coldris en moins d’une soirée quand même elle n’y était pas arrivée, cela ne laissait pas présager d’évolution agréable…

Elle hésita à rectifier les paroles de Coldris : Gabriel n’avait pas dit qu’elle était repoussante, juste que ça le dégoûtait. Mais elle ne trouva pas la force de le défendre pour ce détail.

— Pour ce qui est des circonstances atténuantes… Je dirais qu’il cherchait un moyen de rendre sa présence moins inutile, mais je peux me tromper.

Et puis, il était vrai que quand elle voulait se rendre aimable, Madame de Diéron s’en sortait assez bien. Et sans doute Eléonore en gardait-elle une image un peu étriquée mais… non, vraiment, elle ne l’aimait pas.

Tout comme cette idée. Au plus elle y pensait, au plus elle y voyait d’inconvénients. Après tout, si se marier avec un homme aussi proche la dérangeait déjà, ce n’était pas pour en épouser un en qui elle n’avait nulle confiance - le seul avantage aurait été de limiter ses scrupules - et qui… Qui... Elle comprit ce qui la dérangeait lorsque Coldris évoqua cette solution.

— Ce qu’il ne faut pas oublier dans l’histoire, c’est que l’on parle d’un être humain. Je veux dire… Une telle solution ne ferait jamais de moi qu’un joli jouet que l’on garderait pour vous et avec lequel on pourrait s’amuser un peu au passage - c’est vraiment ce que vous voulez pour moi ? Alors que Gabriel, lui, me voit comme sa petite soeur. Avec qui il a un peu de mal à s’entendre ces derniers temps mais… ça va s’arranger. Si mon oncle - qui en outre ne me laisserait jamais faire ce que vous projetez - a refusé un mariage d’intérêt, je crois que c’était bien pour ça : pour que je reste quelqu’un. Gabriel a énormément de défauts, mais il me considère comme une vraie personne. C’est important pour moi. Et un homme qui me considèrerait comme une vraie personne, vous n’en trouveriez aucun. Pas plus que quelqu’un qui soit assez digne de confiance ou qui respecterait ce que je suis. J’y ai déjà réfléchi quand Gabriel m’a parlé des projets qu’il y avait pour nous. Beaucoup réfléchi. C’est un moindre mal, c’est bien pour cela que je ne comptais pas m’y opposer.

Elle resta blottie dans ses bras. Elle savait qu’une femme n’aurait pas dû avoir ce genre d’exigences mais… mais si ce qui l’inquiétait, c’était vraiment le risque qu’elle soit malheureuse, il comprendrait. D’autant que si elle faisait une chose pareille, elle trahirait gratuitement les siens. Non, c’était une très mauvaise idée.

— Ce n’est pas parce que je vous aime pas assez. Vous me croyez, n’est-ce pas ? Mais au plus j’y pense, au plus je me dis que ça laisse le véritable problème et en ajoute de nouveaux.

Elle jeta un œil à l’extérieur : ils arrivaient. Elle sourit. C’était un sujet trop difficile, ses pensées partaient dans tous les sens, et elle se sentait terriblement coupable de ne rien savoir faire. Mais ils allaient pouvoir changer de sujet.

— Cette fois, on oublie l’étape “neige”, je suppose ? Pas que ce ne soit pas très plaisant de vous en jeter à la figure mais je suis certaine que vous avez de meilleures idées.
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Message par Coldris de Fromart Sam 17 Juil - 22:26



Du tableau de chasse peu flatteur de son fiancé, ils échangèrent chacun leurs anecdotes sur cette personnalité des plus orgueilleuses de Braktenn et venant de lui, c’est qu’elle savait tout de même pousser le bouchon relativement loin. D’ailleurs pour que lui-même s’en sépare en étant déjà bien éméché et pas franchement sobre de laudanum c’est qu’il l’avait trouvé atrocement pénible et bien loin de ses exigences personnelles.

—Qu’est-ce qu’un mois chaque année quand vous supporter Eltinne à l’année ? Vous deviez être rompue à l’exercice railla-t-il avec allégresse.

Elle pourrait bien dire que c’était de sa faute si le cœur lui en disait, toujours est-il qu’elle aurait certainement fini aussi aigrie y compris sans l’avoir connu. Il n’avait été qu’un catalyseur et si ce n’eut été lui, c’eut été un autre qui aurait allumé la mèche de ses détestables humeurs. Pour ce qui était des circonstances atténuantes de Gabriel, pour tout dire, il se fichait royalement de savoir qui il pouvait baiser tant que ce n’était pas sa fille. D’ailleurs, c’était sûrement parce qu’elle avait été le choix le moins pire pour satisfaire ses besoins qu’il avait dû la mettre dans son lit. Une forme d’utilité, certes. À condition de la bâillonner.

De là il suggéra son plan d’action pour lui trouver un mari digne de ce nom et surtout satisfaisant. Elle repartit de plus belle et il eut tout le loisir d’admirer son sens de la rhétorique tandis qu’elle argumentait en faveur de son Gabriel. Ce qui ne lui avait pas dit – car elle aurait arrondi des yeux ronds furieux et l’aurait sans doute même giflé pour cela si elle n’avait pas pris ses jambes à son cou – c’est qu’il était très facile de libérer ce cher jouet. Or, dans ce monde, mieux valait être veuve que vierge. On faisait nettement moins cas d’une veuve à consoler que d’une vierge trop peu farouche. Oui sa relation avec Gabriel allait s’arranger. Coldris connaissait la chanson par cœur. Elle s’arrangerait jusqu’à la prochaine fois. Jusqu’à cette fois où il finirait par user de son droit marital pour se faire obéir. Cependant cela ne servait à rien, elle ne l’écouterait pas. Elle le pensait différent, mais jusqu’à preuve du contraire avant d’être « comme un frère » il était surtout un homme. Et cela qu’elle le veuille ou non faisait une sacrée différence. Il faillit la corriger sur son oncle qui était de fait son père, mais se ravisa au dernier moment, refermant ses lèvres pour ne pas l’interrompre. La suite lui fit ravaler un sourire plein d’ironie : il aurait rapidement l’occasion de constater à quel point il la considérait comme une vraie personne. Dès lors qu’il saurait qu’elle avait donné son cœur à Coldris de Fromart, les apparences voleraient bien rapidement. Il en était persuadé. Des hommes comme elle en décrivait, il aurait pu en trouver.

Ah oui? Qui donc? Toi?

Coldris ignora d’un soupir l’intervention taquine de son ami. Quoiqu’il ait effectivement raison. Il aurait pu être ce genre de personnes… avec disons vingt ans de moins.

Tu recommences, Coldris…

Il ne recommençait rien du tout. Il était bien placé pour le savoir, lui, que tout pouvait s’arrêter ou contraire s’éterniser jusqu’à ce qu’il ne reste plus de lui qu’un vieux pantin osseux et gâteux.

Tu es idiot quand tu t’y mets.

Il caressait pensivement son bras, le regard perdu vers l’extérieur. Ne pas l’aimer assez ? Il esquissa un sourire amusé et embrassa son crâne sans entendre la fin de sa phrase.

— Ne vous en faites pas, j’ai bien compris que vous ne souhaitiez pas m’épouser.

Ainsi tu verras bien que l’idiot, c’est toi.
Heureusement, il venait tout juste de passer les grilles, ce qui leur offrait l’occasion idéale de mettre un terme à cette embarrassante discussion sans issue. Il renvoya un coup d’œil malicieux à sa déclaration. Des idées, il n’en manquait jamais. De jour comme de nuit d’ailleurs. Son problème était plutôt de les canaliser et de les ordonner pour éviter qu’elles ne volètent avec agacement dans son pire.

— Je sais que vous mourrez d’envie de prendre votre revanche, mais si vous n’y voyez pas d’inconvénient, j’envisagerai volontiers une petite visite de certains lieux que vous n’avez jamais eus l’occasion de découvrir.

Ses appartements. Par exemple. Ce qu’aucune femme n’avait jamais foulé à Fromart. Parce que lorsque l’on avait autant de chambres et de lits, on ne partageait pas le sien avec quiconque d’ordinaire. Mais puisqu’elle était l’exception qui confirmait toutes ses règles, il était prêt à l’emmener dans l’un des endroits les plus intimes de ce château : sa chambre personnelle. Et ce n’était pas pour discuter littérature, comme le disaient ses doigts qui courraient déjà avec légèreté de son cou à ses mains, en passant par son dos et ses hanches.

— Vous verrez bien, ma jolie luciole à quel point je vous trouve repoussante, chuchota-t-il rongé par le désir.

Et si cela n’était pas assez clair ou qu’elle doutait encore, alors il lui réexpliquerait encore et encore.

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Message par Éléonore de Fromart Dim 18 Juil - 12:55

Lassés de parler pintades, ils en étaient venus aux pigeons. Une idée qui avait le mérite d'exister, mais qui ne semblait rien arranger à leur situation sans créer plus de difficultés encore. Pourquoi ne pouvait-elle pas juste rester librement auprès de son phénix adoré ?

N'importe quelle femme un tant soit peu convenable aurait insisté pour se marier. Si pas avant de céder, du moins en aurait-elle eu la volonté ensuite. Particulièrement en étant amoureuse. Pas elle. Et pas seulement à cause de sa faible attirance pour le mariage en général.

— Je vous aime beaucoup trop pour vouloir vous imposer une chose pareille, répondit-elle.

Elle l'aimait autant sans un contrat pour lui ordonner de le faire. Elle l'aimait fou et libre. Tout ce que voulaient les femmes qui réclamaient ce fichu papier avant de laisser libre cours à leur amour, c'était une sécurité. L'assurance d'une place même lorsque leur beau chevalier serait lassé. C'était sans doute un point de vue qui se valait. Mais pas quand l'on savait que l'on vivait son dernier jour. Aurait-elle été moins désespérée de perdre son amour si elle pouvait lui gâcher la vie avec une vieille signature ? Non, bien sûr que non. Si son décès lui laissait théoriquement une situation confortable ? Pour cela, il fallait déjà se soucier d'y survivre. Alors pourquoi le rendre malheureux avec un contrat dont il ne voulait pas non plus ?

Elle chassa la réponse bien trop pragmatique qui lui venait pour des considérations plus concrètes et légères à la fois. Plus attirantes, aussi. Plus, même, qu’une bataille de boules de neige. Sa revanche pour l’avoir laissé gagner, elle l’aurait plus tard. Ou peut-être l’avait-elle déjà eue à l’issue de cette fameuse partie d’échecs. Toujours fut-il qu’elle lui rendit son sourire avec un “ah oui ?” qui dissimulait fort mal ses envies. Elle l’embrassa en guise de réponse - il n'aurait plus manqué qu'elle relance par mégarde un sujet fâcheux. Ses dernières appréhensions s’étaient envolées quelque jours plus tôt, il n’avait rien perdu de sa confiance. Oui, sans doute était-il temps de trouver un lieu un peu plus adapté.
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Message par Coldris de Fromart Dim 18 Juil - 17:18



Il était amusant de constater qu’elle avait prononcé les mots exacts qu’il avait rêvé d’entendre toute sa vie. Des paroles assez folles dans la bouche d’une femme qui ne pouvait provenir que de celle qu’il aimait éperdument. Il n’y avait certainement qu’elle dans tout Braktenn pour oser dire une chose aussi insensée. Il glissa amoureusement une main le long de sa joue tout en l’embrassant d’un regard langoureux puis articula  un humble « merci » après quelques secondes de silence. Merci, qui se déclinait à l’infini vers un horizon bien plus vaste que ces cinq petites lettres qui le formaient. Virgil grommelait, mais cela n’avait pas d’importance, car il ne pouvait pas comprendre. Il ne pourrait jamais admettre que l’amour ultime se résumait à la liberté la plus parfaite et la plus pure qui soit. Il ne le pourrait jamais puisque son cœur ne s’était jamais joué de lui et qu’il était de toute façon bien trop attaché à ses encombrants principes.

Malgré tout, il devait reconnaître qu’il ne se sentait pas aussi serein ni même heureux qu’il ne l’aurait dû. Pourquoi ? Pourquoi alors que cette simple affirmation devenait à elle seule la plus belle de toutes les déclarations d’amour ?

Heureusement, les grilles de Fromart eurent raison de son introspection et son regard doublé d’un baiser brûlant acheva de laisser toutes ces pénibles considérations de côté. Il aurait bien le temps d’y songer plus tard, lorsqu’il seul dans son lit au milieu de nuit. Ce même lit qu’il s’empressa de lui faire visiter quand bien même la journée venait tout juste de commencer. Lui qui s’y couchait d’ordinaire avec l’appréhension des cauchemars qui rythmaient ses nuits eut bien vite fait de se glisser nu sous les draps en sa compagnie pour partager une étreinte passionnée. Même après, il ne s’était jamais prélassé aussi longtemps sur cet oreiller que lorsqu’elle demeurait entre ses bras la tête reposant contre son cœur.  Ils avaient sans doute échangé autant de paroles que de baisers et de caresses quand Coldris se résigna finalement à appeler Léonilde pour lui indiquer de leur faire monter de quoi se restaurer. Lorsqu’il s’installa à table, il n’avait revêtu que sa chemise – dont il avait omis de lacer le col – ainsi que ses chausses. Chaque fois qu’il croisait son regard, il ne pouvait s’empêcher de sourire béatement sous l’effet de l’euphorie qui inondait toujours ses veines et faisait battre son cœur plus fort. Mais c’était sans compter son esprit qui avait décidé de se remettre en ordre de marche depuis quelques minutes environ, lui renvoyant des images qu’il aurait préféré oublier. Il piqua un énième morceau de tourte au poulet de la pointe de la fourchette tout en songeant qu’il allait devoir rompre la sérénité de ce moment pour aborder un point déplaisant. En fait… il aurait bien tenté de remettre cela à plus tard, mais il savait que cela ne ferait que le torturer un peu plus en laissant le sujet flotter et tourner en boucle dans son esprit qui ne connaissait nul repos. Il avala sa bouchée, s’essuya doucement le coin des lèvres en soupirant puis reposa sa serviette d'un geste lent.

— Je sais que vous me direz certainement que cela ne vous concerne pas et que je n’ai pas de compte à vous rendre, ce qui est parfaitement juste, cependant, je dois absolument éclaircir avec vous ce qu’il s’est passé ici il y a quelques jours, lorsque vous m’avez surpris avec… une certaine compagnie. D’autant plus que…  je dois vous informer de quelque chose de très important nous concernant et dont je souhaite que vous ayez entièrement  conscience.

Avant.. avant de quoi ? D’aller trop loin ? Au fond c’était déjà fait, mais elle devait quand même réaliser à quel point le fréquenter pouvait être dangereux pour elle dés lors que leur relation éclaterait au grand jour, chose qui n’était qu’une question de temps.

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Message par Éléonore de Fromart Lun 19 Juil - 20:48

Son raisonnement aurait pu sembler naïf, mais Eléonore ne le voyait pas ainsi. Et sans doute s’était-elle éprise du seul homme qui soit capable de le comprendre. Réellement le comprendre, pas seulement chercher à en profiter. Comment douter encore de l’évidence qui les unissait ? Une évidence qui ne faisait que se renforcer à chaque instant passé avec lui.

Une évidence toute drôle pour une âme en proie à autant de doutes que la sienne - déformation familiale. Oh, les hyptothèses les plus farfelues ne l’avaient pas désertées, mais la confiance - on ne pouvait aimer sans confiance - les reléguaient à l’absurdité entre ses bras ou plongée dans ses yeux. Et si ce n’était toujours qu’un jeu et qu’elle se soit laissée berner, eh bien, elle n’avait jamais plus heureuse défaite.

Elle avait un brin rechigné quand il avait fallu passer à table. N’étaient-ils pas bien là ? Juste eux, sans rien pour les séparer. Sans temps, sans ennuis, sans contraintes. Sans qu’elle ne puisse douter que malgré tout, c’était elle qui comptait. Elle qu’il aimait. C’était dans l’air qu’ils respiraient, sur sa peau qu’elle parcourait, sur ses lèvres même silencieuses, dans les battements de leurs coeurs qui devenaient un écho mutuel… Une évidence.

La bulle de sérénité n’avait pas attendu qu’il parle pour éclater, il avait suffit que ses préoccupations le rattrapent. Tout excellent acteur sache-t-il se faire, cela se sentait dans de tels moments. Comme un sixième sens. Aussi net que de la colère sur du papier. Elle attendit qu’il se décide à s’exprimer - ou non, d’ailleurs ; elle ne voulait pas se montrer intrusive, elle n’en avait pas vraiment le droit.

Si déjà il commençait par dire que cela ne la concernait pas, il n’était peut-être pas nécessaire de… - d’accord, elle n’aurait pas dû le mentionner mais… Elle le laissa tout de même terminer - et soudain, c’avait quelque chose d’inquiétant. Pour qu’un homme assumément comme il l’était prenne la peine de s’expliquer, ce devait être grave…

— Si je l’ai mentionné, c’était seulement pour que vous sachiez pourquoi je n’avais pas cherché à vous voir, se justifia-t-elle.

Et parce qu’elle devait avouer que quelque part, même si elle savait fort bien comment il était et resterait, même si cela ne l’affectait pas - de toute façon, les hommes fidèles n’existaient que dans les histoires et cela n’apportait concrètement rien - elle ne s’était pas attendue à surprendre cela. Et quelque part, cela l’agaçait de ne pas avoir pu le voir à cause de cela. Mais ce n’était certes pas ce qui le préoccupait, alors...

— Que vouliez-vous en dire ?
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Message par Coldris de Fromart Mar 20 Juil - 20:24



Peu importait pourquoi elle l’avait mentionné dans sa lettre même si cela avait sans doute été de trop, à tel point qu’il avait été persuadé dans un premier temps que c’était l’objet de son désarroi. Il secoua donc la tête pour lui faire savoir qu’il n’y avait aucun mal. En vérité, il ne savait pas réellement par quel bout prendre la chose, comme si soudainement, il venait d’oublier pourquoi cela était si important. Néanmoins et puisqu’elle se trouvait désormais derrière les barreaux il se résolut à lui fournir la version détaillée.

— Je ne veux pas que vous pensiez que j’invite ce genre de crapauds chez moi pour le plaisir de les sauter. Il soupira. C’était purement calculé. Vous vous souvenez de la réduction de peine du curé pour service rendu ? C’était elle. D’après ses dires, elle menaçait d’assassiner le roi. Ce que je voulais bien croire étant donné son comportement au procès pour sorcellerie. Toujours était-il que les nobles ne pouvant être torturés, je devais obtenir des aveux.

Il prit son verre de vin et avala une gorgée avant de reprendre avec un profond détachement :

— Vous pouvez trouver cela ignoble, mais c’est ainsi. Je l’ai invité pour négocier des chevaux et j’ai fait sauter ses défenses une à une. Et parce que c’était pour notre Roi, je suis même allée jusqu’à lui faire don de mon corps quand bien même cela me dégoutait profondément. Elle était si idiote qu’elle a fini par se confier en imaginant que j’allais l’aider moi.

Il roula des yeux et piqua un morceau de tourte.

— Elle a tenté de m’obliger à remettre le couvert. Coldris secoua la tête d’un air affligé. Finalement, elle a fini par me menacer de mort. J’ai appelé Valmar parce que je ne voulais pas souiller un peu plus les lieux. Elle est en prison et va être condamnée à mort.

Il soupira au pénible souvenir de cette entrevue, bien loin du récit jovial qu’il avait pu faire à Sa Majesté.

— J’ai jeté ma chemise au feu et je ne me suis jamais autant frotté de toute ma vie, avoua-t-il sans savoir pourquoi.

Rien que d’y penser de nouveau, il avait envie de retourner se laver. Il trouvera tout de même du réconfort à se dire que tout cela ne serait bientôt plus qu’un affreux souvenir parmi d’autres. Il n’avait qu’à songer à sa condamnation pour se retrouver un brin de sourire dans ce champ de dégout. Nouvelle gorgée de vin pour se rincer de l’intérieur et il confessa enfin ce qui le tourmentait réellement.

— Sur la fin, avant de sous-entendre qu’elle pouvait me tuer, elle m’a menacé de s’en prendre à celle que j’aimais. Il chassa d’office l’idée qui  tentait peut-être dans son esprit d’un revers de la main. Non, non... Elle ne pouvait pas savoir, ce n’était qu’une feinte de sa part pour obtenir ce qu’elle désirait. Seulement voilà…

Il garda le silence quelques secondes avant de reprendre dans un battement de cil.

— Dès lors que notre relation sera connue et que l’on saura que je tiens à vous, alors vous deviendrez mon point faible et… je ne veux pas qu’il vous arrive quelque chose par ma faute, vous comprenez ?

Non ce n’était pas vraiment ce qu’il vous dire. Merde. Enfin si, mais elle allait croire que ce n’était qu’une excuse pour se débarrasser d’elle parce qu’il s’était lassé pour une raison ou une autre. Il secoua la tête.

— Ce n’est pas ce que je voulais dire… Enfin si… Mais je… Je vous aime, vous comprenez ? tenta-t-il en plantant ses grands yeux bleus dans les siens.

— Je veux que vous ayez conscience de ce risque et je ne vous en voudrai pas si vous jugez que c’est trop vous demander. Je… Quand cela arrivera, j’aimerais que vous ayez quelqu’un pour assurer votre protection… Je ne pourrais jamais me le pardonner si vous étiez blessée ou tuée à cause de moi.  


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Message par Éléonore de Fromart Ven 23 Juil - 15:53

La prochaine fois, elle s’abstiendrait de commentaires. C’avait été idiot et… ce n’était pas là que Coldris voulait en venir. Elle haussa presque imperceptiblement les épaules à son affirmation, ravalant un sourire.

Ce ne serait pas la première fois que vous auriez fait preuve d’un mauvais goût affligeant.

Sans ne viser personne en particulier, bien entendu. Ses mâchoires se refermèrent instinctivement sur sa joue en entendant mentionner l’espèce de… de… de… tsssss. Mais elle s’efforça de se taire de d’écouter la suite. Menacer le roi, rien que ça ? Manifestement, certaines personnes avaient un peu de mal avec le concept de discrétion… De là à faire confiance à l’autre espèce de… de… - elle allait vraiment l’étriper s’il s’avisait de se retrouver sur sa route. Enfin, soit. Lorsque l’on envisageait vraiment un régicide, on ne le criait pas sur tous les toits.

— Vous pouvez trouver cela ignoble, mais c’est ainsi.

Eléonore arqua un sourcil tout en mastiquant.

Je n’ai rien dit de tel...

Elle se détestait de penser de la sorte mais… c’était une manière comme une autre de parvenir à ses fins. Elle n’aurait… Elle n’aurait jamais pu, mais elle savait comment le monde fonctionnait. Elle avait toujours su quel rôle il y jouait. Par instinct, elle avait repoussé toute perception humaine de la situation, toute recherche d’empathie - ce qui était beaucoup plus aisé face à une narration si détachée.

Elle leva les yeux au plafond lorsqu’il mentionna ses grands sacrifices - que ne fallait-il pas entendre ? - puis fronça les sourcils. Elle avait pensé qu’il l’aiderait… à assassiner le roi ? Sa main retomba sur la table tandis qu’elle cherchait dans son regard la confirmation d’avoir bien compris - en s’efforçant de se taire pour le laisser poursuivre son récit.

La suite la tendit manifestement. Non, personne n’avait le droit de s’en prendre à lui, elle n’était pas d’accord. Elle empêcha sa main de glisser vers une arme qu’elle ne portait pas et dont elle n’aurait de toute façon pas eu l’usage, et reprit ses couverts pour avoir quelque chose à serrer, puis quelque chose à mâcher pour décrisper sa mâchoire. Personne ne devait s’en prendre à lui.

Elle acquiesça, sans trop savoir quoi dire, à sa conclusion. Il était sincère, elle le sentait. Cela l’affectait. Elle… elle n’aurait pas dû lui rappeler cela dans sa lettre, mais… mais elle n’aurait pas pu savoir.

Elle se tendit à nouveau quand il reprit. Pas tant parce qu’elle était concernée que parce qu’on avait voulu le blesser. Cette femme-là n’avait pas su pour elle, c’était une évidence, mais c’était bien pire que cela. Personne n’avait le droit de s’en prendre à lui, personne. Elle l’aimait trop pour le tolérer. Elle l’aimait, cela pardonnait tout. Elle se fichait de tout ce que lui avait pu faire et laisser faire d’horrible, ils ne pouvaient pas le blesser, ils n’avaient pas le droit. De quelque manière que ce soit, ils n’avaient pas le droit.

Seulement voilà… seulement voilà quoi ? Elle n’aimait pas cela, pas du tout. Elle n’osa même pas respirer le temps qu’il reprenne. Seulement voilà quoi ? Elle secoua frénétiquement la tête lorsqu’il la désigna comme un point faible. Non. Non, non, non, non, non.

Non, bien sûr qu’il ne voulait pas qu’il lui arrive malheur, puisqu’il l’aimait… Mais cela ne changeait rien. Ce ne serait jamais sa faute. Que croyait-il ? Qu’elle ne connaissait pas déjà les risques ? - ce n’était pas comme si on lui en rebattait les oreilles depuis qu’elle savait marcher. Qu’elle aurait trop peur pour rester avec lui ? Qu’il valait mieux qu’ils cessent de se voir ? Non, non, non. Elle s’accrocha au regard qu’il lui adressait, incertaine, tandit qu’il développait.

— Coldris...

Elle se leva pour le rejoindre et entourer ses épaules de ses bras. Elle déposa un baiser à la naissance de sa mâchoire avant de laisser basculer son visage sur son épaule. Elle remua doucement la tête avant d’affirmer, avec toute l’assurance qu’elle pouvait trouver :

— Je ne laisserai personne nous séparer, et certainement pas ceux qui vous veulent du mal. Ils ne gagneront jamais. Et s’ils veulent s’en prendre à moi pour vous blesser, tout ce qu’ils récolteront, ce sera le droit de se faire étrangler avec leurs tripes, compris ?

Bon, les images étaient peut-être peu ragoûtantes mais elles auraient le mérite d’être clair.

— Je vous aime trop, Coldris. J’ai toujours été consciente des risques que je courrais et… aucun ne me semble plus cruel que de vous perdre. Je me fiche éperdument de ce qu’il pourrait m’arriver, mon doux soleil d’hiver. Si vous êtes prêt à prendre le risque, je le suis aussi.

Elle ne se le serait jamais pardonné s’il avait souffert de son inconscience. Peut-être qu’elle était seulement égoïste, comme d’habitude. Mais elle l’aimait, elle l’aimait trop pour rechigner à de si maigres sacrifices. Après tout, elle était déjà morte. Tout ce qui avait rendu ses couleurs sa vie, c’était leur amour. S’ils ne pouvaient plus s’aimer, cela n’en vaudrait simplement plus la peine. Et s’ils s’aimaient… S’ils s’aimaient, elle savait que tout se passerait bien parce que l’amour était plus fort que tout. Un an plus tôt, elle aurait volontiers affirmé que cela rendait invincible… Quelque part, elle y croyait encore. Elle n’avait plus rien d’autre à perdre. Et elle avait promis de ne pas l’abandonner : tant qu’il voudrait d’elle, elle serait là, quel que soit le danger. Elle serait prête à n’importe quoi. Elle resserra son étreinte. Tout était triste, terne et froid, sans lui. Elle ne voulait pas pas y retourner. Jamais.

— Mais ne me laissez pas, je vous en supplie. Ne me laissez pas.
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Message par Coldris de Fromart Ven 23 Juil - 20:55



Entre deux bouchées de tourte et quelques gorgées de vin, Coldris lui raconta ce qu’il s’était passé, omettant avoir utilisé son petit-fils, car là n’était pas l’important pour ce qui la concernait. Au moins ne trouvait-elle pas ses méthodes trop repoussantes. Chose qui l’encouragea à détailler la suite. Et même s’il dût confirmer son absence totale de bon sens, autant qu’il avait dû constater la tension qui l’avait habité lorsqu’il  avait évoqué ses menaces de mort, il n’avait souffert d’aucune interruption ce qui lui permit d’aboutir à la conclusion finale. Conclusion qu’il tenta de rendre claire comme il put pour éviter toute mauvaise interprétation. La dernière chose qu’il souhaitait aurait été de se séparer d’elle, seulement, compte tenu des risques, il ne pouvait pas l’exposer contre son gré, c’était la moindre des choses.

A son nom, il prit une profonde inspiration qu’il bloqua en reposant ses couverts délicatement sur la table. Il n’expira qu’à son baiser et ses bras qui l’entouraient comme la plus chaleureuse des couvertures. Sa main chercha d’ailleurs la sienne pour la prendre avec douceur tout en laissant sa tête basculer contre la sienne.

Et s’ils veulent s’en prendre à moi pour vous blesser, tout ce qu’ils récolteront, ce sera le droit de se faire étrangler avec leurs tripes, compris ?

Malgré la gravité de la situation et une certaine forme de naïveté, il ne put réprimer ce sourire de quasi-fierté qui se dessina. Se rendait-elle compte qu’il aurait pu dire très précisément ces mêmes paroles si la situation avait été inversée ? Et l’on se demandait comment il avait pu tomber amoureux, mais comme la première fois : parce que c’était évident.

— Ne me dites pas des choses pareilles, vous me donner envie de vous redéposer sur ce lit sans cérémonie, et après vous viendrez me dire que je suis intenable, mais qu’y puis-je si vous vous rendez aussi désirable ?

Il embrassa le dos de sa main avant de la reposer pour la laisser poursuivre une fois sa raison retrouvée. Pouvait-on aimer trop ? Il s’était parfois posé la question sans parvenir à trancher. Il serra sa main dans la sienne avant d’y déposer un nouveau baiser. Sa merveilleuse petite luciole. Il ferait tout pour qu’il ne lui arrive rien. Et « tout » pouvait revêtir chez lui un caractère particulièrement expéditif et impitoyable que bien peu d’individus auraient pu adopter. De sa main, il remonta son bras sur un chemin pavé de baisers jusqu’à trouver sa joue puis ses lèvres. Il attrapa son regard de jais pour lui dire ce qu’il avait à dire.

— Je ne vous laisserai pas, ne vous en faites pas. Je ferai tout pour nous garder en vie.

Et il était on ne peut plus sérieux. Tout comme ce qu’il devait également lui dire pour être pleinement honnête.

— Seulement, vous savez, ils ont gagné la dernière fois. Je n’ai pas réussi. Elle est partie et elle est morte sans que je ne puisse lui dire au revoir.

Il déglutit péniblement à ce souvenir. Ils avaient réussi à l’effrayer suffisamment pour qu’elle juge préférable de s’éloigner pour protéger leur enfant, un fils qui plus est, même si elle l’ignorait. Certes, le danger ne venait plus des mêmes, mais il demeurait présent comme un voile obscure et froid.

— Et… certaines des blessures que vous avez vues sont des souvenirs de ma survie. J’ai déjà échappé à cinq assassinats, qui sait combien il y en aura encore ? Le dernier a bien failli avoir raison de moi. La lame était empoisonnée et je suis resté entre la mort et la vie une bonne dizaine de jours malgré la blessure bénigne. Il soupira longuement. Si vous acceptez ces risques autant que les précautions qu’ils requièrent, je les prendrai sans une once d’hésitation, mais… Vous devez vous y préparer malgré tout, car ils seront toujours là, tapis quelque part, vous comprenez?

Quelle ironie d’être allé voir Roméo et Juliette tout de même ! Tout cela pour réaliser qu’ils n’étaient pas réellement différents des deux protagonistes. Coldris avait parfaitement conscience du caractère éphémère et de la fin inévitable qui solderait cette relation. Si ce n’était pas lui, ce serait elle, mais aucun ne survivrait. Il se retourna et l’étreignit aussi fort que le lui permettait le dossier de la chaise qui se dressait comme une muraille entre eux.



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Message par Éléonore de Fromart Sam 24 Juil - 23:08

Eléonore le sentit qui se relâchait lorsqu’elle l’étreignit. Mais il n’avait aucune raison de s’inquiéter. Elle était là, tout près, et le premier qui voudrait lui faire du mal le payerait très cher - et ils n’étaient pas nombreux, ceux qui pouvaient la rendre si déterminée, assez pour se préparer à mettre sa conscience de côté.

Elle sourit de sa remarque.    

— Absolument incorrigible, mon flamboyant phénix, mais que ferais-je d’un amant sage ?

C’était que l’idée n’avait rien de repoussant. Il aurait sans doute suffi qu’elle se redresse légèrement et tire un peu sur cette main qui avait saisi la sienne et… et elle n’en fit rien. Elle rendit dans son cou, tout en tendresse, les baiser qu’il y déposa avant de lui dire combien elle l’aimait, et, d’une certaine manière, ce qu’elle était prête à affronter pour eux.

Tout pourvu qu’il n’y renonce pas, et ce n’étaient pas ces ensorcelantes notes d’agrumes qui l’empêchaient de mesurer ses mots. Elle savait parfaitement ce qu’elle disait. Consciente de ce qu’il disait également. L’amour dépassait tout : même la morale, même la culpabilité. Tant qu’elle serait auprès de lui, son existence importerait. Au moins un peu. Au moins assez pour la préserver.

Elle serra doucement sa main lorsqu’il ressassa ses douloureux souvenirs. Oui, son véritable grand amour avait disparu, elle savait. Ni tout à fait comment, ni tout à fait pourquoi, ce qui comptait, c’était qu’il en avait eu beaucoup de peine.

— Vous la retrouverez bientôt, murmura-t-elle la gorge nouée, d’une voix à peine audible, si bien qu’elle douta qu’il ait pu l’entendre.

Bien assez tôt, oui. Bien trop tôt même, très certainement. Il n’avait plus à s’inquiéter désormais : au fond, cela lui assurait de n’être plus jamais seul, de quel côté que ce fut. Pas qu’elle-même ait l’intention de s’attarder ici bas, mais… elle avait beau le savoir sincère, elle ne se faisait aucune illusion. Elle-même aurait l’épaule toute choisie sur laquelle le pleurer et l’éternité pour s’en consoler.

Elle remua doucement la tête. D’un manière ou d’une autre, la plupart des cicatrices témoignaient de la survie. Même les mains toutes égratignées qu’elle ne lui cachait plus. Quant au nombre… A vrai dire, elle se serait attendue à bien plus pour un homme qui chamboulait tant Monbrina et tracassait tant d’époux. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas assez pour qu’elle renonce.

Elle acquiesça tandis qu’il pivotait. Elle comprenait. Elle comprenait même fort bien. Elle rendit un instant son étreinte à Coldris avant de contourner cette fichue chaise pour venir se blottir dans ses bras.

— Raison de plus pour profiter de notre secret tant qu’il existe, et de garder cela dans nos seuls coeurs le plus longtemps possible… Une femme comme moi n’aurait pas pu préserver sa réputation éternellement, quelque part, je l’ai toujours su… Mais pour ce qui est de vous… Nous aurons un délai qui pourrait s’allonger plutôt aisément, commença-t-elle à réfléchir à haute voix. Après tout, qui cela étonnera-t-il qu’une idiote - ou catin, selon le degré de médisance - de plus se retrouve piégée entre vos anneaux ? Vous devez être assez habile comédien pour maintenir l’illusion : quelques moqueries stratégiquement échangées et le tout-Braktenn saura bien vite combien vous me méprisez, au fond. Cela parait bancal mais... avec un peu de temps, nous trouverons des stratégies. En réalité, ce ne sera pas bien compliqué. Tous ceux qui auront un tant soi peu de bon sens n’auront aucune raison d’aller s’inventer une histoire aussi extravagante tant que nous ne commettrons pas d’erreur. Vous, amoureux, sérieusement ?

Elle sourit : oh, elle, elle voulait bien y croire. Parce qu’elle lui faisait confiance. Parce qu’elle ressenti toute sa sincérité. Parce qu’amoureuse comme elle l’était, elle n’avait plus besoin de bon sens à ce niveau. Quoi qu’il en soit, ils trouveraient un moyen de protéger leur amour. C’était tout ce qui comptait. Et en attendant, elle pouvait bien lui voler un baiser.
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Message par Coldris de Fromart Dim 25 Juil - 13:33



Coldris se laissa aller dans ses bras, au gré de ses paroles qui ne la rendaient que plus désirable encore. Il fallait être fou pour aimer une telle femme, mais l’affaire était entendue depuis bien longtemps déjà à ce sujet. S’il était homme à se contenter de l’ordinaire il en aurait eu le cœur criblé des flèches de Cupidon. Seulement voilà, mettre le taureau sous le joug de la charrue n’exigeait rien de moins que l’extraordinaire. Et ce qu’elle était pour lui. Il embrassa la naissance de ses lèvres.

— J’imagine que vous n’en feriez guère plus qu’un ami. Et c’est d’un ennui affligeant n’est-ce pas ?

Quoique l’on puisse être amant et ami à la fois. L’un n’empêchait guère l’autre et Francesca était là pour en témoigner. À la fois maitresse de ses torrides nuits vénitiennes et confidente, ils avaient noué depuis toutes ces années plus qu’une simple relation charnelle sans qu’il n’y ait le moindre amour entre eux.

Tout en répondant ceci, il constata qu’elle ne remettait pas foncièrement l’initiative en question non plus. Bien. Il nota la chose dans un coin de son esprit avant de reprendre plus sérieusement sur le sujet qui les animait en ce moment. Entre les baisers qu’elle déposait dans son cou à lui faire hérisser la nuque, il discerna le souffle de quelques paroles inintelligibles qu’elle avait prononcé. Vainement, il tenta de mettre de syllabes sur ce courant d’air. Un frisson remontant sinueusement sa colonne vertébrale lui laissait songer que c’était important, d’une façon ou d’une autre.

— Qu’avez-vous dit, ma petite luciole ? s’enquit-il soucieux.

Pour ce qui était de lui dire toute la vérité et rien que la vérité, il fallait bien avouer que l’on avait attenté plus d’une fois à sa vie. Et de ces cinq fois, il ne comptait évidemment pas les duels et autres rencontres maritales, quoique ces dernières se soient faites largement plus discrètes depuis son accession au poste de ministre. Il fallait être sot pour s’opposer au troisième homme du pays pour une femme quand on pouvait le laisser en profiter et en tirer quelques bénéfices par-derrière. Enfin tout ce qui comptait réellement c’est qu’elle ait pleinement conscience du danger qui planait constamment sur sa tête, plus que sur celle de n’importe quel autre homme.

Il recula légèrement sa chaise pour l’accueillir sur ses genoux lorsqu’elle se décida à contourner l’obstacle et la serra bien volontiers entre ses bras. Elle avait raison, il fallait profiter de ce secret qui ne durerait pas éternellement, de l’insouciance de cette relation inconnue de tous. Ses mains tombèrent sur ses hanches tandis qu’il prêtait une oreille attentive à ce qu’elle pouvait raconter. Une oreille de plus attentive même alors qu’elle énonçait une idée des plus astucieuses. Oh il ne lui aurait sans doute jamais suggéré une telle idée, car dire du mal d’elle était sans doute l’une des rares choses au monde qui pouvait le mettre un tantinet mal à l’aise, mais il pourrait s’y plier, pour la bonne cause.

Il souffla un petit rire à sa conclusion tout en caressant son visage. Une fois encore, elle démontrait pourquoi elle était celle qui avait fait flancher toutes ses défenses.

— Vous ai-je déjà dit à quel point vous étiez merveilleuse, formidable, délicieuse et que vous me rendiez complètement fou ?

Ses lèvres se déposèrent à la base de son cou avec la légèreté d’un papillon. Que valait la sagesse dans un monde de fous ? Rien. Et c’était bien pour cela qu’il se laissa embraser par l’envie de lui faire à nouveau plaisir.

— C’est une excellente idée, que je ne manquerai pas d’appliquer, cependant je crains de ne pouvoir tromper mon public et parvenir à masquer mon regard amoureux bien longtemps.

Il poursuivit son chemin le long de ses épaules d’ivoire, jusqu’à en atteindre l’arrondi qu’il venait de découvrir d’une caresse. La première fois, il avait échoué. Il doutait que trente années de plus ne soient parvenues à améliorer ses compétences de comédiens en la matière. Ce qui était sûr en revanche, c’est que tout cela venait définitivement de mettre le feu aux poudres de son désir. Et puisqu’elle n’était visiblement pas contre…

— Il y a juste un problème, déclara-t-il en la soulevant jusqu’à son lit. Je suis complètement incorrigible.

Entre deux baisers, il commença à dénouer les lacets fraichement remis. N’était-ce pas elle qui avait décrété qu’il fallait profiter ? Il inspira profondément cette rassurante odeur de romarin qui lui faisait tourner la tête et exhorter à y retourner.

— Vous allez pouvoir réfléchir à ce que vous souhaitez faire après cet intermède. Échecs ? Il ponctua d’un baiser. Tir à l’arc ? un autre à la base de sa mâchoire. Promenade ? Un nouveau sur ses lèvres. À pied ou à cheval ?

Il embrassa la naissance de sa gorge vallonnée avec gourmandise avant de revenir à ses lèvres qui l’appelaient comme tout le reste de ce corps. Qui savait quand serait la prochaine fois qu’ils pourraient se revoir avec autant de liberté ? Mieux valait profiter de l’instant présent que regretter un passé mal écrit et ce fut ce à quoi s’attela le vicomte sans délai.

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Message par Éléonore de Fromart Dim 25 Juil - 18:48

Rien qu’un ami ? Oh, l’amitié était également une chose importante… mais ce n’était pas pareil. Et puis, là n’était pas vraiment la question puisque même si l’on oubliait leurs sentiments, ce n’était pas pour jouer aux cartes qu’ils avaient commencé à se fréquenter. Tant mieux s’il était intenable, elle ne voulait pas le changer. Elle l’aimait. Et elle l’aimerait tout le temps que cette seconde vie lui accorderait et même au delà, elle le savait au plus profond de son cœur.

— Qu’avez-vous dit, ma petite luciole ?

— Rien, se reprit-elle. Rien, je vous aime, c’est tout.

Assez pour le laisser partir même si cela devait lui briser cœur. N’importe quoi pourvu qu’il soit heureux. Il n’y avait qu’une autre personne pour qui elle aurait sacrifié autant… Elle n’aurait jamais pensé qu’un amour si puissant puisse survenir si brusquement.

L’aimer était dangereux ? Oh, sans doute, mais jouer les équilibristes aussi et cela ne l’avait jamais empêchée de le faire. Il y avait les périls gratuits, sans saveur, puis ces risques qui en valaient mille fois la peine et qui comblaient de bonheur. Un bonheur qu’ils pourraient prolonger à loisir tant son esprit foisonnait d’idées pour le garder secret, en sécurité. Avec les mesures adéquates, ils sauraient se protéger. N’avait-elle pas huit ans d’expérience dans la couverture de relations interdites ? Avait-elle échoué ne fut-ce qu’une seule fois ? Alors tout irait bien. Tout irait bien tant qu’ils seraient ensemble. Pas besoin de prendre trop au sérieux une fin imposée par les lois de l’Univers de toute façon. Ils n’y avaient qu’eux qui comptaient. Lui, son rire, ses mains glissant contre son visage, son regard ensorcelant qui suffisait à la rendre complètement folle, elle aussi.

— Hmmm je ne pense pas. Ou… je n’ai peut-être pas très bien compris

Un baiser doux et plein de promesses avant qu’il n’en reviennent à ses propositions précédentes. Elle sourit : ils y arriveraient, c’était tout. Elle répondit d’un baiser à la racine de son oreille alors qu’il l’en couvrait déjà. Elle s’était manifestement rhabillée pour rien… Laissant échapper un léger rire, elle s’accrocha amoureusement à lui lorsqu’il la souleva. Elle jeta un coup d’oeil amusé à la table. Oh, ce n’était jamais que le troisième d’une longue série de repas qu’ils n’arriveraient jamais à terminer.

— Ah ? Parce que c’est un problème ? s’étonna-t-elle.

Elle avait tellement envie de lui. Encore. Rester. Ne plus jamais le quitter. N’importe quoi. Le moindre contact la transportait dans un autre monde. Un monde où eux seuls comptaient. Un monde dont la folie faisait partie intégrante. Tant pis, tant mieux.

— Vous comptez suffisamment m’ennuyer pour que j’ai le temps de m’en préoccuper ?

Elle secoua la tête. Cela attendrait qu’elle ait les idées plus ou moins claires. Tout ce qui lui importait était de passer ce temps avec lui.

oOo


Finalement, parce qu’il fallait bien que Coldris commence à rembourser ses dettes, Eléonore avait opté pour une promenade à cheval. C’avait été dur de quitter ses bras, tellement dur. Elle s’y serait bien installée pour de bon, et n’aurait jamais été capable de se lever si c’avait été pour se séparer immédiatemment. La prochaine fois, la prochaine fois… La prochaine fois serait toujours trop loin. Elle avait besoin de l’étreindre, d’entendre l’écho de son coeur. Là, elle se sentait comme… à sa place. Ce sentiment de paix n’avait fait que se renforcer à chaque fois qu’elle avait retrouvé ses bras, mais était apparu déjà à la toute première…

Alors qu’ils sortaient, ses rebonds de pensées la menèrent au motif qui l’avait menée contre son coeur cette fois-là. Et à ce matin, déjà si lointain, et pourtant… Ils avaient encore du temps, un peu de temps. Elle se cramponna à son bras, comme ce jour-là, au théâtre, où il était revenu sur sa parole… Eh bien voilà, elle détestait pour de bon cette espèce de… de… de… qui avait osé inquiéter son beau phénix, si c’était en plus de faute si l’on avait oublié la justice. Et maintenant, une question lui vrillait l’esprit. Elle préféra s’en débarrasser tout de suite : ils avaient encore le temps d’oublier ce sale rat.

— Coldris ? l’interpella-t-elle d’une toute petite voix, désolée de ramener de tels déchets dans leur conversation. Je… Je sais que cela ne me regarde pas, mais… Le prêtre. Que… Enfin, je veux dire : savez-vous ce qu’il devient ?

Elle ne devait pas se préoccuper de cet individu, elle le savait, ce n’était pas bon si l’objectif était d’oublier définitivement cette mésaventure - qui n’aurait même pas dû la tracasser, il ne lui était rien arrivé. Mais elle voulait tout de même savoir. Elle s’inquiétait. Il n’aurait plus manqué qu’elle le croise.
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Message par Coldris de Fromart Lun 26 Juil - 14:08



C’est étrange. Il aurait juré qu’elle avait dit autre chose sans même savoir ce qu’elle aurait pu dire d’autre. Juste… une impression. Il hocha cependant la tête sans pouvoir se défaire de sentiment qui courrait le long de son échine. Cependant, la suite de la conversation eut tôt fait de chasser les nuages qui s’amoncelaient dans son esprit, tant ce qu’elle disait suffisait à raviver la flamme brulante de désir qui l’animait. Ah ! Ce qu’il pouvait aimer lorsqu’elle lui suggérait de telles idées inconvenantes ! De l’ordre de celles qu’il aurait lui-même pu avoir, mais ne lui aurait jamais suggéré par respect pour celle qui était « sa femme ». Celle qui tenait son cœur. Celle qui une fois de plus n’était pas coutume lui faisait avorter un repas pour d’autres réjouissances qu’il s’empressait déjà de déguster.

— Il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions, ma douce lumière, déclara-t-il entre deux baisers tandis que ses mains avaient décidé de la dévêtir du surplus de tissu qui les séparait.

Et il n’avait qu’à sentir ses caresses affriolantes et croiser ses prunelles brulantes de désir pour se convaincre que la solution à leur problème présent était toute trouvée et loin d’être déplaisante. Ses doigts coururent le long de ses jambes qui avaient déjà remis leur bas puis s’amusa de sa taquinerie.

— Mes excuses, l’on m’avait dit que les femmes pouvaient faire plusieurs choses à la fois.

Car non, il ne comptait pas lui laisser le temps de s’ennuyer entre ses bras. C’est qu’il avait ma foi une réputation à tenir autant qu’à défendre…

* * *

… et lorsque la compagnie qu’il avait était si merveilleuse, il s’en donnait à cœur joie. Ses lèvres, sa peau, son odeur de romarin, ce corps qu’il commençait à connaitre et redécouvrait à chaque fois. Il ne se lasserait jamais d’entendre ses soupirs de satisfaction autant que de la voir se noyer de plaisir entre ses bras. Finalement rassasié d’estomac autant que de corps, elle avait pu lui donner le fruit de ses réflexions : promenade équestre donc. Il avait donc demandé à Léo de faire préparer Ambrosia et Sophia pour leur sortie. Ils n’étaient pas encore arrivés aux écuries que sa félicité s’envola lorsqu’il sentit sa main pressait son bras. Qu’avait-il dit ? Il chercha mais ne trouva rien qui lui paraisse déplacé – pour une fois – alors il tourna simplement sa tête, dans l’optique de lui adresser un regard interrogateur. Elle semblait… soucieuse ? Et il n’aimait pas la voir comme cela. Il la préférait souriante, heureuse, espiègle, un peu folle même quand bien même il ferait ce qu’il pouvait pour la consoler (ou essayer tout du moins).

Lorsqu’elle prit finalement la parole, il comprit qu’il s’agissait de Thierry. Il poussa un profond soupir, plus pour se donner du courage qu’autre chose, car il devinait que les réponses qu’il lui donnerait ne lui plairaient pas. Qui plus est comme elle le soulignait si bien, cela ne la regardait effectivement pas. Néanmoins, avec toute l’affection qu’il lui portait, il lui devait bien son honnêteté.

— Je sais ce qu’il devient, oui. Il a été révoqué et condamné à vingt ans de travaux d’intérêts généraux dans les hospices de la ville pour expier ses péchés. En février prochain, il sera conduit à l’institut Saint-Édouard afin de servir les vétérans. C’est mon beau-fils qui en aura la charge si celui-ci l’accepte. C’est un homme droit, intègre et intransigeant qui ne lui laissera rien passer pas plus qu’il ne lui accordera la moindre faveur, vous pouvez en être certaine. Pour l’heure, j’ai accepté de le recevoir au manoir, le temps qu’il puisse se retourner. Il s’y trouve sous la garde de Matthias, le fils de Léonilde qui m’envoie chaque soir un rapport de ses moindres faits et gestes. Il a carte blanche pour faire ce qu’il faut afin de le garder dans le droit chemin. Comme lui faire prendre un bain froid ou le faire dormir dans les latrines si son comportement l’impose.

Ce qu’il n’avait guère manqué de faire. Lui aussi était bien le fils de son père, quoi qu’il disposât de moins de scrupule que ce dernier. C’était sans doute pour cela qu’il était tout désigné pour remplir cet office délicat qu’était la surveillance de Thierry au manoir.


— Souhaitez-vous savoir autre chose ?

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Message par Éléonore de Fromart Lun 26 Juil - 22:16

C’était si agréable, si facile, si beau. Eléonore aurait voulu que le temps dont ils disposaient soit infini, mais ce n’était pas le cas, malheureusement. Ce ne serait jamais le cas, c’était tellement injuste. Alors, autant évacuer rapidement ce sujet désagréable qui s’était invité à la table de ses tourments. Après tout, elle était assez concernée pour avoir le droit de poser la question, à défaut d’être légitime à exiger la moindre réponse.

Il savait, bien sûr qu’il savait, c’était l’évidence même. Autant parce qu’il était franchement concerné que parce qu’un homme comme lui était au courant de tout ou presque.

La réponse qu’elle attendait réellement, celle de sa question implicite, ne tarda pas trop à tomber. Elle mordilla sa joue, elle tâcha d’oublier. D’oublier que quelque part, il l’avait trahie. Mais soit, après tout, c’était mieux : n’était-elle pas, plus que jamais, une enfant du pardon ? Qui se devait de le rendre, et de croire en la rédemption ? L’ennui, c’était qu’elle ne lui faisait toujours pas confiance. Elle savait juger les gens, et… et elle n’arrivait pas à croire qu’il soit prêt à se racheter, ni même à arrêter. Avait-il réellement compris le problème ou ne regrettait-il que les conséquences de ses actes sur lui-même ?

Bon, soit, au moins il ne pourrait plus abuser d’un statut qu’il ne méritait pas et… vu l’âge qu’il devait déjà avoir, il aurait le reste de sa vie pour se remettre en question. Tout de même, elle craignait des dérives. La charge de son beau-fils ? A vrai dire, cela ne suffisait pas à la rassurer. Elle ne le connaissait pas. Elle savait qu’Ariste le respectait pour le peu qu’il en connaissait, que sa femme n’avait pas l’air de trop le détester… Et que manifestement, Coldris devait lui faire confiance. C’était un bon début.

La suite rouvrit les entailles dans sa joue. Le poids de son pendentif. Se cramponner à son bras. Son autre main se crispa d’instinct sur son arme. Elle devait rester sereine mais...  Il avait menti. Les affaires politiques qui nécessitaient une grâce, cela, elle pouvait l’entendre mais… il l’hébergeait. Rien que ça. Alors le sortir des embrouilles ne lui suffisait pas, il fallait aussi qu’il lui fasse profiter de la vie de château. Il avait une drôle de manière de ne pas l’aider, tout de même. Il avait dit qu’il ne l’aiderait pas, il l’avait dit ! Mais qui était-elle pour le lui rappeler, après tout ? Rien, elle n’avait rien à dire, elle le savait et il n’aurait pas manqué de le lui répéter. Il le répétait tout le temps. Mais tout de même, il n’avait pas tenu parole. Il lui avait assuré une chose et il avait fait le contraire, alors, elle aurait dû avoir le droit de s’en plaindre. Elle aurait dû. Elle lui en voulait, et en même temps… en même temps… Elle l’aimait bien trop. Et cela n’avait rien à voir avec ses précisions qui n’avaient rien pour arranger la situation.

— Merci, articula-t-elle, sur le ton exact - elle s’en rendit compte après coup - qu’elle avait employé ce jour-là dans le parc du théâtre.

De toute façon, qu’aurait-elle pu dire d’autre ? “D’accord” ? Non, puisqu’elle savait bien qu’on ne lui demandait pas son avis. On ne demandait jamais son avis - ah, si, pour savoir si elle préférait se promener ou jouer aux échecs, merveilleux ! - et même pas quand elle était directement touchée puisqu’elle n’était qu’une enfant naïve et fragile qui ne savait rien du monde. Elle ne pouvait faire que ça : dire merci dès qu’on lui accordait quelque chose puisqu’elle n’était même pas censée avoir eu le malheur de naître. Savoir autre chose ?

— Non, cela ira, déclina-t-elle, désolée d’avoir encore tout gâché.
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Message par Coldris de Fromart Mar 27 Juil - 13:25



A sa demande, Coldris lui fit part de ce qu’il savait sur l’affaire Thierry. Il y avait la partie judiciaire dont elle aurait pu s’enquérir auprès de la prévôté, d’autant plus qu’elle était directement concernée en sa qualité de témoin et l’après qu’il avait plus ou moins organisé. Son affectation à Saint-Edouard où il espérait toujours que Démétrius puisse en être le directeur, car il avait une complète et entière confiance en lui, ainsi que son offre d’ami concernant l’hébergement au manoir, le temps que l’institut ouvre ses portes. Thierry étant à la fois son ami et son cousin, il n’avait pas de raison de ne pas lui tendre cette main avec charité. D’autant plus qu’il semblait enfin avoir compris. Pourquoi n’aurait-il pas le droit à cette nouvelle vie, libre de ses prérogatives religieuses qui l’avaient étouffé autant que malmené ? Il n’avait pas choisi cette vie et s’il avait décemment choisi de demeurer un vulgaire prêtre par paresse et confort, il avait aujourd’hui la possibilité de vivre une vie plus libre quand bien même il aurait à purger sa peine plus ou moins à vie.

Coldris sentit bien son bras se cramponnait subitement lorsqu’il évoqua la fin. Ses yeux glissèrent subtilement vers cette main avant de retourner sur l’horizon. Bah qu’importe que cela lui plaise ou non. Il n’avait pas pris cette décision dans ce but et cela ne regardait que lui et lui seul. Elle le remercia et il s’immobilisa, paralysé par ses réflexions qui s’agitaient dans son esprit. Il avait déjà entendu cela, il en était certain. Quand ? Où ? Elle lui avait déjà dit et cela l’avait marqué, car il n’avait pas vraiment compris de quoi il retournait. Quelque chose lui avait échappé ce jour-là. Ce simple mot en disait bien plus, mais il avait été incapable d'en trouver la bonne interprétation. Puis il se remémora le théâtre où il s’était senti obligé de la prévenir que Thierry aurait un aménagement de peine pour raisons politiques. Il reporta son attention sur sa main puis reprit sa marche. C’était donc un « merci de m’avoir tenue informée, mais… », mais elle n’était pas ravi de ce qu’elle apprenait ou quelque chose de cet ordre. Sans doute lui en voulait-elle pour ne pas avoir fait ce qu’il avait annoncé, seulement voilà, il fallait s’adapter à la situation et prendre en compte les différents évènements éclairés par tous points dont il avait la connaissance. Elle n’était pas au courant de la moitié des choses qui l’avaient poussé à agir de la sorte. Il aurait pu lui faire remarquer qu’il avait bien noté qu’elle n’en était pas ravie, cependant après réflexion, il préféra s’en abstenir, décidant que tout cela n’aurait mené à rien sinon à la ruine de ce rendez-vous. Il n’avait pas envie de se justifier. Il était dans son plein de droit après tout. Il ignora donc la partie sous-jacente de ce « merci » et se contenta de lui demander si elle souhaitait autre chose ce qu’elle déclina poliment.

— Alors c’est à moi de vous demander quelque chose puisque nous avons abordé le sujet. Je vais l’inviter chez moi prochainement, et je souhaite que vous soyez là afin qu’il puisse s’excuser de sa conduite et de ses paroles déplorables. (un temps) Vous savez, c’est important pour moi. Thierry est un de mes cousins et un ami.

Oui, certes, il avait mal agi, et sans doute plus d’une fois, mais il avait compris et regretté sincèrement, alors ne devait-on pas lui accorder une quelconque de miséricorde ? D’autant plus que sincèrement, la fille de Frenn avait le don pour se mettre dans des situations embarrassantes et dangereuses d’elle-même. Il soupira puis s’arrêta de nouveau.

— Ecoutez… Vous pouvez penser ce que vous voulez sur moi vis-à-vis de cette affaire, seulement vous devriez savoir comment j’ai retrouvé votre amie chez moi le Premier de l’an. Ne serait-ce que pour l’éduquer.

Il marqua une petite pause le temps de planter son regard dans le sien, tout à fait sérieusement.

— Elle était en compagnie de mon petit fils et de mon fils Sarkéris dans un des salons à jouer « aux pirates ». Avant que je n’ouvre la porte pour intervenir savez-vous ce qu’elle disait ? « Je serai honorée d’être introduite dans la cabine du capitaine. Serait-il possible de disposer de quelques mets ? Je ne serai pas contre quelques gâteries à me mettre sous la langue. » Évidemment je suis immédiatement intervenu, car si j’avais bien compris qu’elle ne savait pas ce qu’elle disait, mon fils, lui, était certainement en train de passer à côté. J’ai ouvert la porte et je les ai découverts extrêmement proches. Dieu merci Adéis était présent. Je ne vous fais pas un tableau sur la façon dont tout ceci aurait pu terminer et croyez-moi sur parole, Sarkéris ne forcerait jamais la main à une dame.

Ses paroles avaient été déplacées autant que son comportement. Elle pouvait tromper son mari à sa guise si elle le souhaitait, mais elle n’avait pas à s’exposer en spectacle ainsi chez les autres et sous le nez de son petit-fils qui plus est.

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Message par Éléonore de Fromart Mar 27 Juil - 15:52

Sans doute était-ce seulement son accablante faiblesse de caractère qui lui interdisait de réagir. Peut-être juste l’habitude de n’être écoutée que par une personne qui n’était plus là. Elle aurait tellement eu besoin de lui parler, pourtant, d’évacuer tout ce qu’elle avait sur les coeur pour… accepter. Coldris n’aurait pas compris, elle le sentait. Il aurait cru qu’elle cherchait à le faire plier alors qu’elle avait seulement besoin de s’exprimer, et c’était très différent. Tout comme elle se tenait à lui pour se rassurer, comme s’il n’avait pas été directement impliqué dans ses tourments. Mais ses besoins passaient après eux, alors elle encaissa, se contenta de le remercier pour les informations qu’il avait daigné lui céder, puis signifia qu’elle n’avait rien d’autre à demander.

La suite, en revanche, la fit lâcher. Sa bouche s’emplit d’un goût de sang, davantage du au dégout qu’à celui qui coulait dans sa jouer, elle ne compta plus que sur son pendentif et sa dague.

— Je refuse, annonça-t-elle. Il n’avait pas à se justifier ? Eh bien elle non plus.

D’efforts à l’encontre de ce sale rat, elle en avait assez fait. Elle ne l’avait pas laissé la changer, la haine ne pourrait jamais la changer, elle se refusait à haïr. Cela ne voulait pas dire qu’elle devait apprécier tout le monde. Elle n’avait plus rien à faire avec cet individu qui ne lui inspirait ni confiance, ni sympathie. Rien sinon peut-être une vague pitié - sentiment réservé à ceux qui ne méritaient nulle estime.

Il se trompait : dans cette histoire, elle ne pouvait rien penser de lui. Elle n’en pensait rien de plus qu’avant : ceux de son espèces ne s’en tenaient jamais à ce qu’ils disaient et n'avaient aucun principe qui ne surpasse leurs caprices, on lui en rebattait les oreilles depuis qu’elle savait entendre. Elle ne se faisait aucune illusion, contrairement à lui ; lui qui verrait tôt ou tard combien vaine était sa démarche vis-à-vis d’un tel individu qui n’était bon qu’à lui cracher dessus dès qu’il avait le dos tourné. Cela ne s’appelait pas un ami mais un parasite, mais tant qu’il ne dépassait pas certaines limites, elle s’abstiendrait de tout commentaire.

Quant à Lavinia… Elle sonda le regard de son beau phénix pour s’assurer qu’il ne lui mentit pas. Bon, d’accord, admettons.

— Je ne reproche rien à votre fils, à ce que je sache. Et ses maladresses n’ont rien à faire avec ce qui s’est passé. Ce que vous oubliez, c’est que j’étais là le jour de l’agression et que s’il y avait eu la moindre ambiguité, je le saurais. Je suis la première personne à croire en la rédemption, Coldris - et que vous trouviez cela naïf m’indiffère -, mais cet homme-là ne la cherche pas : il abusera du confort que vous lui offrirez, persuadé une nouvelle fois de son impunité. Après tout, il m’avait bien prévenue : rien ne saurait l’atteindre. Tant mieux pour lui, qu’il gagne, qu’il continue de fanfaronner, qu’il abuse encore et encore - vous verrez bien ce qu’il fait de votre amitié, en attendant, je ne veux plus rien avoir à faire avec lui. J’ai certainement moins envie de le voir que lui de passer cet entretien avec un rat sur les genoux. Il peut être votre ami et votre cousin autant que vous le voudrez, s’il a le malheur de m’approcher ne fut-ce qu’une fois, de tenter quoi que ce soit, ce sera son cadavre éviscéré qui échappera à la justice. Et je m’en fiche éperdument de ne pas mieux finir.

De toute façon, sa conscience ne le tiendrait pas, elle le savait. Pas pour un acte si égoïste. Des larmes de rage embuaient son regard. Non, elle ne voulait pas l’abandonner, mais si elle avait des ennuis avec ce monstre, ce serait de sa faute.

Son ton était monté sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle ne voulait pas se fâcher, elle n’avait pas le droit. Pas devant lui. Pas en donnant l'impression de remettre en cause son jugement, elle qui ne savait rien. On s'en fichait de ses convictions. il savait ce qu'il faisait, alors elle avait tort. Mais elle était quand même en colère.
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Message par Coldris de Fromart Mar 27 Juil - 21:37



avertissement - salade de crudités:


Elle refusait ? Elle… refusait ? D’accepter les excuses de son ami, en privé. Elle refusait de lui accorder cette chance de s’expliquer et d’enterrer la hache de guerre. Elle refusait alors qu’il venait de dire qu’il s’agissait de son ami et de son cousin ? Son visage se ferma. Si elle ne le voulait pas, alors il s’arrangerait pour qu’elle soit là en même temps que le curé révoqué. Quel heureux hasard que voilà ! Et ils n’auraient plus qu’à s’expliquer une bonne fois pour toutes pendant que Coldris compterait les points.

Quant à cette catin de couvent de Lavinia... encore heureux qu’elle ne reprochait rien à son fils ! Il n’aurait plus manqué qu’elle considère également qu’il avait tenté de la violer, lui aussi. D’ailleurs elle ne semblait pas convaincue par ses dires… N’avait-il donc que cela à faire que d’inventer ce genre de calomnies ? Vraiment ? Qui pouvait-il si elle agissait en Marie-couche-toi-là ? Mais ce n’était pas tout, non, et Coldris fronça un peu plus les sourcils sur son regard qui devenait orageux. Rêvait-il ou était-elle en train de lui donner une leçon sur ce qu’il convenait de faire de Thierry et de son amitié ? Elle pouvait bien baisser les yeux car il était évident qu’elle venait de dépasser les limites de sa patience.

— Ses maladresses ont tout à voir avec ce qu’il se passe au contraire. Je sais que Thierry a posé la main sur sa cuisse pour « tester » comme il le disait et qu’elle n’a opposé aucune résistance. Puisque vous étiez témoin, vous l’avez bien vu, vous aussi. Et je sais qu’il dit la vérité, parce que j’étais en train de l’étrangler lorsqu’il a avoué. Quand on met sa bourse sur la table, ça ne disculpe pas le voleur de son méfait, mais cela ne veut pas non plus dire que la victime est un gentil petit agneau innocent. Vous voulez que je vous dise ? Thierry est un putain de connard lubrique mais la seule chose qu’elle attend c’est qu’on lui écarte enfin ses cuisses de dindon pour la farcir.

Coldris fulminait et le sang heurtait ses tempes violemment. Il ne s’aperçut même pas de ses poings qui s’étaient refermés par réflexe pour contenir la colère qui menaçait de l’emporter complètement. Il avait bien vaguement conscience de la portée des mots qui s’échappaient de ses lèvres, mais après tout c’était la vérité, merde ! Et si ça ne lui plaisait pas, c’était pareil ! Comme le reste.

— Je sais parfaitement que vous réprouvez que je l’héberge au manoir, mais c’est ainsi et votre avis n’y changera rien. lâcha-t-il sèchement dans un mouvement de bras. Contentez-vous donc de la bonté que j’eus à vous en informer car que cela vous convienne ou non, vous n’avez pas votre mot à dire sur ce point. Il s’agit de mes propriétés et j’en use et dispose comme bon me semble. Je n’ai guère besoin de votre avis ou de vos recommandations que ce soit sur leur gestion ou sur mes relations. Ce que font mes amis ne regarde que moi, de même que ceux qui me trahissent ne regardent que moi également. Qui plus est vous êtes vraiment sotte d’imaginer que je vous laisserai courir le moindre danger. C’est un idiot fini, mais il n’a rien d’un suicidaire. Et vous êtes bien l’une des rares femmes sur cette terre face à qui il se prosternerait.

Elle n’aura pas la satisfaction de l’éventrer, ça non. De toute façon, Thierry était bien trop lâche pour tenter quoi que ce soit. Il sauterait par la fenêtre avant d’oser une altercation dont il ne sortirait pas vivant. En revanche, Coldris ne digérait toujours pas qu’elle ose ainsi se mêler de sa vie privée. Rien ne l’agaçait plus que de savoir que l’on mettait le nez de près ou de loin dans ses affaires. Pire que tout, il savait déjà qu’il aurait été la chercher à la prévôté si elle avait dû assassiner Thierry…


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Message par Éléonore de Fromart Mar 27 Juil - 23:46

Quoi ? Son Excellence ne digérait pas que l’on refuse ses exigences ? Ah ça, c’était bien un homme. Seulement, il ne pouvait être à la fois coeur et autorité incontestable, il allait falloir choisir. Ne pensait-il pas que ces misérables excuses publiques - présentées avec si peu de sérieux et de dignité - avaient été un effort suffisant de sa part, non ? Non ? Pour qui l’avait-elle accepté, qu’on lui rappelle ? Uniquement pour lui. Uniquement parce que cela lui tenait à coeur et qu’elle l’aimait. Avait-il la moindre considération pour l’épreuve que c’avait été ?

Non, visiblement, parce qu’il en rajoutait avec des hors-sujets qui lui firent hausser le ton malgré elle, furieuse autant que blessée. Elle se détestait, elle se détestait tellement. Et la contrition qui aurait naturellement remplacé sa colère fut balayée dès lors qu’il en rajouta.

Oui, elle avait vu, non, elle ne niait pas - étranglement ou pas n’y changeait rien - mais il oubliait un détail essentiel :

— C’est arrivé après ! clama-t-elle tandis qu’il poursuivait.

— Ce n’est pas ce que j’ai dit mais ça ne justifie rien ! cria-t-elle pour essayer de couvrir sa voix alors qu’il affirmait que Lavinia n’était pas forcément irréprochable non plus.

Ses deux paumes percutèrent violemment son torse à ce qui suivit. Seul un grognement sourd vibra sans sa cage thoracique. Ah oui, d’accord, c’était comme ça qu’il le prenait. Et elle, comment la voyait-il, exactement ? Juste une catin aussi simplement parce qu’elle n’était pas le modèle de vertu qu’elle aurait dû être ? Un homme comme lui avait-il réellement le droit de juger ça ? Il ne valait pas mieux que les autres, pas mieux que les autres. Elle le détestait. Elle se détestait. Elle ne voulait plus, ne voulait plus.

Idiote, inutile, naïve incapable, faible, égocentrique ! Ah oui, il savait ? Eh bien non, il ne comprenait rien. Ou plutôt : il comprenait tout de travers. Elle savait bien qu’elle n’avait pas le droit de s’interposer, mais il ne comprenait rien ! Il ne comprenait rien ! Avait-il vraiment besoin de le lui rappeler ? De l’enfoncer encore ? Elle n’était rien, rien du tout. C’avait toujours été ainsi et ça le serait toujours. Et à jamais, il n’y en aurait qu’un pour vraiment se soucier d’elle. Peut-être avait-il eu tort. Elle ne méritait pas cette estime. Elle se détestait. Elle se détestait. Elle se détestait.

— Je n’ai guère besoin de votre avis ou de vos recommandations que ce soit sur leur gestion ou sur mes relations.

— Quand vous voulez me les imposer, si ! protesta-t-elle, submergée de colère.

Pourquoi ? Pourquoi aurait-il eu le droit, lui, de lui dire qui elle devait voir ? Et pourquoi n’aurait-elle pas eu le droit, alors, de lui dire ce qu’elle pensait de cette personne ?

— Ce que font mes amis ne regarde que moi

Ah oui ? Eh bien non ! Dès lors qu’ils l’approchaient, amis ou pas, elle en disait ce qu’elle voulait ! Des larmes de rage lui échappaient. Il était injuste, injuste ! Elle était sotte ? Eh bien qu’il se figure qu’il ne lui apprenait rien !

— Je me fiche qu’il se prosterne, je veux seulement qu’il me laisse tranquille ! hurla-t-elle presque. Mais vous ne comprenez rien ! Vous ne comprenez rien ! Vous ne comprenez rien !  On se fiche de Lavinia ! On se fiche de vos putains de choix, de vos putains de propriétés, de vos putains de relations ! Le problème c’est lui ! Lui qui s’en sort toujours ! Lui qui ne respecterait jamais rien même si vous n’étiez pas assez stupide pour lui offrir la vie de chateau en récompense de ses méfaits ! Mais vous vous fichez pas mal du mal qu’il peut faire ! Vous ne comprenez rien ! Je me fiche qu’il vous trahisse, votre problème, vous qui verrez combien votre démarche était absurde ! Vous qui êtes trop bouffi d’orgueil pour avouer que j’ai raison ! accusa-t-elle

Chaque point étant ponctué d’un nouveau coup qui partait avec la rage la plus pure de telle manière que la prise la plus ferme sur ses poignets n'aurait pu interrompre tout à fait son mouvement et que son torse en recevait toujours la force résiduelle.

— Je. Me. Fiche. E-per-du-ment. Que. Ce. Soit. Vous ! tenta-t-elle de reformuler. C’est seulement méprisable ! Méprisable qu’il soit encouragé sur une telle voie ! Il ne se repent pas : il profite et bientôt se pavanera de nouveau avec son invulnérabilité. Et la prochaine fois, quand il n’y aura eu personne pour l’arrêter, comment le récompensera-t-on, hein ? Je ne m’attends pas à ce que mon avis change quoi que ce soit, ni à ce qu’un homme comme vous soit en mesure de comprendre. Après tout, les violeurs sont les véritables h… hr… Aaaarg ! Faites ce que vous voulez,  mais il est hors de question que vous me dictiez mon attitude ! Parce que vous non plus, vous n’avez pas votre mot à dire sur mes relations ! Je ne veux plus le voir et vous ne m’y obligerez pas ! conclut-elle férocement en le poussant une dernière fois. 

Non ! Il ne pouvait pas ! Il ne pouvait pas… Sinon, ce n’était pas réciproque, et ce n’était pas bien. Ce n’était pas juste. Elle aurait dû être conciliante. Elle se détestait. Elle aurait dû l’écouter, se taire, tout simplement. Non, non ! Elle avait le droit, elle avait le droit… Elle…

— Si vous voulez me faire arrêter, vous savez où me trouver, cracha-t-elle presque avant de faire volte-face et de rallier la sortie à grandes enjambées.

Il pouvait bien faire tout ce qu’il voulait, elle s’en fichait. Elle assumerait. Elle se fichait.
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Message par Coldris de Fromart Mer 28 Juil - 20:14




avertissement - crudités (la suite):

Le ton était monté d’un cran entre eux et la discussion s’était embrasée. Les mots n’étaient plus que du petit bois destiné à alimenter le bucher de leur altercation qui n’était pas près de s’éteindre à la vitesse où s’échanger les arguments et autres invectives. On ne lui enlèverait pas de la tête qu’elle avait sa part de responsabilités dans ce qui était arrivé, aussi idiot et dépravé puisse être Thierry. Il l’avait fréquenté près d’un an dans toutes sortes de situations y compris de débauche et il ne l’avait jamais vu forcer aucune femme que ce soit. Il peinait à croire que cela ait pu arriver subitement sans crier gare. Cela ne lui ressemblait pas. Quelque part, il avait forcément dû se sentir autoriser à poursuivre. Car ce qui était certain c’était qu’il était trop stupide et libidineux pour prendre le temps de déchiffrer son regard. Et quand il voyait comment cette allumeuse se permettait de chauffer son fils, il y avait de quoi émettre des doutes, mais cela une femme ne pouvait certainement pas le comprendre. Il ne répondit rien. Ce n’était qu’une catin.

— Cette trainée s’est fait sauter dans mon salon ! Alors ne venait pas me dire qu’elle n’attendait pas que cela ! rugit-il à son tour.

Et en plus elle avait saccagé son salon. Il avait bien son idée sur l’heureux élu qui avait réussi là d’ailleurs, car il y a bien quelqu’un d’autre de Frenn qui s’était présenté ce jour-là au domaine. Le chien de Dyonis…

Il s’attendait à se faire gifler mais certainement pas à ce qu’elle le frappe au torse. Enfin ce n’était rien comparativement au coup qu’Alduis lui avait mis lors de son anniversaire et qui lui avait valu une côte brisée. Il fronça les sourcils et grogna sourdement.

— Je ne vous demande que de le revoir une seule fois et pour moins d’une heure ! Ce n’est pas la mer à boire que je sache ! rétorqua-t-il rageusement.

C’était ridicule, il ne s’agissait que de rencontrer une personne et la voilà qui en faisait tout un flan pour si peu ! C’était du gâchis. Elle aurait pu très bien s’entendre avec lui si elle l’avait rencontrée dans d’autres circonstances. Tout cela à cause de cette petite pute qui ne savait pas tenir ses jupons et mettait tout son monde au balcon ! Elle avait tout ruiné ! Tout ! Et maintenant lui se retrouvait au milieu, écartelé entre l’un et l’autre. Éléonore se fichait bien de ce qu’il pouvait ressentir autant que du fait qu’il n’avait guère envie de choisir. Tout ce qu’elle désirait c’était que ce fumier morde la poussière pour son crime. C’était elle qui ne comprenait rien. Sans Lavinia, cette discussion n’aurait jamais eu lieu, elle était la cause de tous ses problèmes. Et c’était bien parce qu’elle était la fille de Dyonis qu’il n’irait pas chercher réparation.

Chacune de ses invectives ne faisait que le blesser un peu plus. Il avait mal agi des milliers de fois dans sa vie, mais cette fois ce n’était pas le cas. Et son attitude était injuste et injustifiée. Ce que Thierry ferait de cette chance ne regardait que lui, pas elle. Il ne regretterait jamais de lui avoir tendu la main.

— Cessez donc de dires des sottises ! Il a été condamné à vie à torcher des culs et vider des pots de chambre plein de pisse et de merde ! Je ne lui offre pas la vie de château ! J’aide mon ami, c’est la moindre chose il me semble de tendre la main à ses amis dans le besoin. Je n’ai pas beaucoup de principes dans la vie mais je suis loyal à mes amis et ma fille. J’ai agi comme je l’entendais et c’est vous qui ne comprenez rien avec vos arguments de petite princesse capricieuse ! Vous avez bien raison, je me fiche royalement de ce qu’il peut bien faire, de même que je m’en branle de tous ces tire-laines qui trainent dans les ruelles de Braktenn.

Et il passa sous silence qu’une fois de plus elle mettait le nez dans ses affaires et que cela ne la concernait pas qu’il vive ou non ce qu’elle appelait une vie château. Et comme elle continuait de le frapper il attrapa fermement ses poignets agacés. Elle se tortillait avec férocité pour se dégager, mais Coldris en avait assez de ce petit jeu.
Comment pouvait-elle dire de telles choses alors que cela ne la regardait pas ? Etait-elle devenue la Justice ? Certainement pas. Elle n’avait pas à interférer dans la vie d’autrui de la sorte. Que ce soit la sienne ou celle de Thierry d’ailleurs. Il n’était nullement récompensé pour ses crimes c’était une exagération répugnante qui ne lui faisait que serrer les mâchoires. Il passa l’éponge sur ce qu’elle étouffa fort heureusement, car il n’aurait jamais pu retenir sa main de voler après avoir osé de dire de telle chose.

— Eh bien que faites-vous encore avec moi alors ? J’ai les mains pleines du sang de ceux que j’ai assassinés directement ou indirectement, je suis immoral, cruel, dépravé, impitoyable, arrogant, têtu… À quoi est-ce que vous vous attendiez ? Je n’ai rien d’un prince charmant et vous auriez dû le comprendre dès que vous aviez mis les pieds chez moi. aboya-t-il avant de la libérer et de faire un pas en arrière pour éviter la riposte.

— Déguerpissez, je ne veux plus vous voir.

Il n’avait pas que cela à faire d'arrêter toutes les femmes qui le mettaient en colère.  Elle n’avait rien de dangereux qui plus est. Il la regarda partir, les bras encore tétanisés de rage, puis se rendit dans les écuries où il donna ses ordres et ressortit avec Sophia. Il avait besoin d’air. Besoin de liberté. Besoin de penser à autre chose. Besoin de panser toutes ses plaies. Il voulait galoper suffisamment vite pour que l’air s’infiltre jusque dans son esprit et emporte toutes les noires images qui le gangrénaient.

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Message par Éléonore de Fromart Jeu 29 Juil - 0:57

Eléonore n’osa pas contester l’écart dont elle était déjà informée de la part de Lavinia. Bon, d’accord cela n’avait pas été judicieux, ni particulièrement correct dans ces conditions, mais cela ne changeait rien aux faits. Cela ne changeait rien à son regard ni à ses mots, ni à cette fierté qui aurait presque semblé l’habiter. Alors non, non, elle ne voulait plus le voir. Même pas une heure et une seule fois.

— Bien sûr que si ! N’est-ce pas déjà ce que je viens de vous accorder ? Non, c’est trop ! C’est trop !

Elle n’y pouvait rien. Elle ne pouvait juste pas. Ce n’était pas possible. Elle ne voulait pas. Il pouvait bien insulter Lavinia autant qu’il le voulait, elle n’était au fond qu’un détail dans cette affaire. Elle ne lui demandait pas de ne pas lui tendre la main - même si dans son élan de rage, elle ne put cacher ce qu’elle pensait de cette initiative -, ni de ne plus lui parler, ni rien du tout de particulier sinon la laisser tranquille et ce malgré la profonde injustice de cette situation. Et la peur, surtout. La peur qu’il ne recommence et que cette fois, ce soit de sa faute, parce qu’elle n’avait rien fait. N’eut été cela, elle aurait été la première à approuver - quand bien même on ne le lui demandait pas - l’adoucissement de sa peine. Mais un homme ne pouvait pas comprendre cela.

Sans vraiment l’écouter - elle s’était remise à essayer de parler plus haut que lui. Parce que la question n’était pas de savoir des affaires de qui on se mêlait. Et quoi ? Elle aurait dû se mêler exclusivement de ses affaires et laisser l’irréparable être commis ? Non : elle aurait dû intervenir plus tôt, comme elle l’avait toujours dit, là était tout le problème. Elle aurait dû intervenir à ce moment où cette espèce de… de… de… n’était qu’un désagrément sans conséquences.

Oui, sans doute n’y avait-il que les petites princesses capricieuses pour se soucier de la violence, dans ce monde. Que les enfants fragiles et surprotégées qui n’auraient pas pu y faire face. Sans doute n’aurait-elle dû n’être que ça : une fille bien, obéissante, qui non contente de maintenir les apparences se serait entièrement conformée à ce que l’on en attendait. En silence. Elle n’était pas comme il fallait et ne le serait jamais. Elle n’y arriverait plus. Elle n’était tellement pas adaptée au monde qu’ils arpentaient qu’un bêtise monumentale manqua de lui échapper. Le genre de bêtises tellement vraies et méprisables qu’elles pouvaient coûter très chères quand on les balançait dans la figure du responsable. Mais au plus il cherchait à la bloquer, au plus sa colère s'intensifiait et la poussait à répéter ses coups. Qu'il les lui rende s'il voulait, elle s'en moquait.

Alors que faisait-elle encore avec lui. La question la paralysa un instant avant que sa rage ne s’en enflamme de plus belle. S’il le lui avait vraiment demandé, elle se serait laissée prononcer cette réponse qui l’étranglait. La seule réponse qui pouvait exister à une telle question, car il n’y avait qu’une chose au monde qui pouvait occulter tout ce dont elle le savait ou le devinait coupable. Qu’une chose qui pouvaient reléguer tous les défauts qu’elle lui connaissait, puis tous ceux qui lui resteraient à découvrir au rang de détails. Qu’elle cherchait encore moins qu’un prince charmant. Mais il n’avait pas envie de l’entendre, et ces mots-là étaient bien trop doux et bien trop forts pour se retrouver balayés. Ce fut alors son reste de rage qui dicta sa conduite, et ce qui sortit de sa gorge s’apparenta davantage à un rugissement qu’à une grande déclaration.

— Bien volontiers ! tempéta-t-elle alors qu’il lui ordonnait de partir. Elle n’avait pas l’ntention de rester davantage, de toute manière.

Elle ajouta à peine quelques mots avant de partir pour de bon. De toute façon, s’il ne l’aimait plus, le reste n’aurait plus la moindre importance. Au moins, ainsi, ce serait fini une fois pour toutes. Plus de nuit froide, plus rien. Juste la sérénité de savoir que tout était fini et que plus rien ne la blesserait jamais. Elle le lui avait dit : son coeur ne craignait nullement ses frasques. Il était impossible de souffrir plus que ce jour-là sans en mourir sur le coup. Ce serait soit le bonheur, soit la délivrance. Et pourtant, elle ne pouvait pas supporter l'idée que le soleil disparaisse.
Éléonore de Fromart
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