[9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
[9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Faire confiance aux autres...Sylvère, Eldred, Irène le lui répétaient mais Cassandre n'y voyait rien de facile. S'ouvrir à l'autre, c'était s'exposer à une possible trahison. Elle se sentait bien plus rassurée en apprenant à connaître la personne et à déterminer ses forces et ses faiblesses avant de se décider à abaisser ses défenses. Elle était un chat. Un chat qui savait être mignon, mais prêt à donner un coup de griffe impitoyable si un danger surgissait. Pourtant, elle n'avait plus à survivre. Elle avait un toit, de bonnes choses... mais la raison ne suffisait pas pour calmer la peur. Elle la gardait prisonnière et l'enfermait à redouter sans arrêt le pire. C'était sa nature. Elle devait l'accepter, comme eux tous devraient finalement l'accepter. Demandait-on à un chien de devenir un chat ou un cheval de se transformer en poule ? Les traits de caractères solidement ancrés ne changeaient pas. Est ce que Sylvère pouvait devenir pessimiste ou Alduis devenir bavard ? Bien sûr que non. Ce n'était pas leur nature. De la même manière, oncle Joseph ne retiendrait jamais un nom avant deux semaines d'efforts le libraire Bellanger serait toujours un imbécile prétentieux.
En revenant des courses, pendant lesquelles avait une fois de plus réussi à faire baisser le prix des denrées de manière significative, alors que Cassandre commença à ranger le contenu de son panier lorsque le souvenir de sa proposition lui revint en mémoire. La fillette abandonna les fruits sur le plan de travail et courut énergiquement pour chercher leur nouvelle employée.
"Ingrid ! Ingrid !"
Quand la jeune femme arriva, la fillette lui adressa un sourire et dit calmement en s'efforçant de bien articuler.
"On commence notre premier cours de langue ? Nous allons faire ça en rangeant les courses et en cuisinant !"
La fillette alla reprendre son panier et mima de partir et revenir.
"Au matin, je suis allée aux courses. Au marché."
Elle l'observa, un peu inquiète, et se demanda si Ingrid avait compris. Elle reprit.
"On dit comment cette phrase en zarkotien ?"
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Malgré l'attitude accueillante de ses hôtes, il est difficile pour elle de prendre réellement ses aises, surtout quand elle se retrouve avec un bébé dans les bras et une petite fille toute sage qui joue les grandes mais qui voudrait bien jouer à la poupée quand-même. À cet âge-là, c'est parfaitement normal. Ingrid a tenu la poupée avec raideur, pour lui faire plaisir, après que la jeune Cassandre soit partie.
Depuis qu'elle s'est officiellement installée, c'est à peine si l'enfant l'a quittée des yeux plus d'une minute. Elle a eut beau dissimuler sa méfiance derrière d'innocents jeux avec ça petite sœur, la jeune femme a suffisament l'habitude d'être toujours attentive à tous les détails de son environnement pour comprendre qu'elle est surveillée. Et même si c'est plutôt vexant d'être sous la vigilance d'une gamine, elle comprend cette méfiance à son égard.
Une inconnue qui débarque, du jour au lendemain, pour travailler aussi proche des plus fragiles de la famille ? Il a de quoi s'inquiéter. En témoigne la glaçante facilité avec laquelle elle aurait pu tous les égorger si elle n'avait pas finalement décidé de laisser son couteau dans son sac, dissimulé sous le canapé où elle dort, comme preuve personnelle de bonne volonté. En l'espace de quelques secondes, ils pourraient tous être morts. Minutes si elle voulait également se débarrasser de Dame Irène et de Cassandre. Ce qui serait forcément le cas, si elle prévoyait une telle atrocité, au risque de se faire prendre sur le champ.
Ingrid secoue la tête et dépose Ludovic qui dort enfin dans son berceau, comme s'il était devenu pestiféré. Elle ne pourrait jamais faire ça, comme elle n'a pas pu condamner le bébé au même sort que sa grande sœur. Elle ne ferait jamais ça. Jamais. Jamais. Jamais. Ce serait un suicide, quand bien-même elle parviendrait à échapper à ces gros balourds qui servent de gardes et de soldats dans ce pays. Elle les a bien vu assis par terre et à moitié endormis quand elle est passée devant un espèce de grand bâtiment qui ressemblait à une prison. S'évader de là doit être aussi facile que cracher par terre. Et réussir à s'y faire incarcérer un exploit digne des plus grandes chansons.
Non si elle faisait une chose pareille. Elle se tuerait elle aussi dans la foulée, tout en veillant bien à ne plus tenir l'arme du crime au moment de rendre son dernier souffle. Elle ne fera jamais ça. Jamais. Jamais. Jamais. Elle ne devrait même pas y avoir pensé. Voir le sang jaillir après avoir transpercé la jugulaire, les yeux se vider de leur âme innocente. Non jamais. Jamais. Jamais. Elle doit fermer cette partie de son esprit tout de suite. Immédiatement. Sans attendre. Aller.
Ingrid s'approche de la fenêtre, pour regarder la rue grouillante de monde, tout en gardant l'oreille attentive à Grâce, maintenant que ses frères et sa soeur dorment paisiblement, inconscients des troubles qu'elle a ressentis à son égard. Ses yeux se perdent parmi les passants, son esprit se tais, jusqu'à ce qu'une voix guillerette lance son prénom à tout vas, inconsciente du danger.
Ingrid quitte la pièce d'un pas furieux, les sourcils froncés, tout en essayant de se calmer. Heureusement pour elle, les petits dorment toujours. Crier son nom de cette manière. Autant lui passer la corde au cou tout de suite ! Peut-être que c'est ce qu'elle cherche à faire après tout. Non… elle ne sait pas… il n'a pas pu lui raconter, il a juré. Non c'est forcément autre chose. Ingrid ralenti l'allure dans l'escalier, tant pour faire descendre sa colère que pour éviter de faire trop de bruit. Son prénom. Son vrai prénom chantonné ainsi avec tant de naturel. Elle n'a pas le droit de lui faire ça. Elle savait qu'elle aurait dû lui donner un faux nom, même s'il est zarkotien. Maintenant on le claironne à tout bout de chant comme une formule magique alors qu' Ingrid ! n'existe plus.
Arrivée en face de Cassandre, elle l'interrompt sans attendre pour lui faire signe de se taire. Elle mime ensuite l'acte de bercer un bébé puis désigne le plafond au-dessus d'elles. Qu'elle parle moins fort sinon elle est bonne pour retourner les endormir tous les trois. Une fois ce détail réglé, elle incline la tête et se concentre sur ce qu'elle a à lui dire.
Des choses de langue… elles sont dans la cuisine, elle veut dire faire à manger ? Non ça elle le dit ensuite. Donc ce doit être autre chose… ah oui, ils ont parlé de s'apprendre mutuellement leur langue hier, en discutant de son travail. Donc elle veut apprendre le zarkotien. Maintenant. Ingrid pousse un soupir mais hoche la tête. Oui, elle s'y est engagée de toute façon. Et puis elle a fait un effort pour parler doucement et distinctement.
Cassandre se met ensuite à faire des allers-retour, son panier à la main, tout en racontant des choses. Elle est allée et revenue… pour faire des livraisons ? Non ça ne ressemble pas. Elle hausse les épaules tout en essayant d'avoir l'air désolée, ce qui est plus ou moins le cas. Elle ne comprends pas cette partie-là et se voit dans l'obligation de réitérer son geste à la question suivante, même si elle a compris. Elle ne peut pas y répondre sans les éléments qui la précèdent. Elle se tire une chaise en soupirant. Ça commence bien.
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Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Quand une idée lui vint, Cassandre repartit vers le plan de travail et disposa les poires d'un côté, puis les oranges d'un autre. La fillette se tourna vers Ingrid et déposa une pièce sur le meuble avant de prendre un des fruits.
"J'achète une poire au marché. Je fais les courses."
Cassandre observa Ingrid, inquiète. Avait-elle compris ?
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
L’heure n’étant pas aux leçons de morale et se sachant dans l’incapacité – sans parler de sa légitimité – de le faire, Ingrid n’insiste pas plus pour se concentrer sur ce que Cassandre essaye de lui apprendre. Malgré ses mimes et son lent débit, elle ne comprend pas la phrase qui lui est demandée de traduire.
Son jeune professeur ne semble pas se décourager et change de stratégie. Ingrid l’observe installer des fruits sur le plan de travail comme sur un étal. Mais oui bien entendu ! Un marché ! Elle écoute attentivement ce qu’elle dit, et l’associe au geste. Acheter une poire au marché. D’accord. La suite en revanche… Il lui semble avoir entendu ce mot « courses » il n’y a pas longtemps, mais elle est incapable de se resituer dans le contexte. Elle hoche quand-même la tête, histoire de l’encourager. Après tout, la jeune femme a compris la première phrase.
Elle saisit à son tour la pièce, le temps de réitérer le geste. Elle la redépose sur le comptoir puis se met à répéter sur un ton hésitant ce qu’elle vient de dire. Elle désigne la poire.
- J’achète… Elle se montre avec sa main gauche déposer la pièce sur le comptoir avec sa main droite. … une poire ? Elle termine par couvrir l’ensemble du comptoir d’un ample geste du bras. … au marché.
Le souci avec des mimes aussi limpides, c’est qu’il est difficile d’associer chaque mot à son sens en particulier. Le sens global, elle l’a compris, mais de là à être absolument certaine de la traduction de chaque terme et d’être capable de décortiquer la phrase dans son ensemble, il y a un monde.
Elle réitère le mime, tout en associant chaque geste à un mot ou expression en zarkotien. Elle se désigne du doigt puis pose la pièce sur le comptoir pour l’achat, désigne la poire puis englobe de nouveau le marché d’un geste du bras.
- Ég kaupi peru á markaðnum.
Son explication terminée, Ingrid rend la pièce à Cassandre, tout en réfléchissant à une nouvelle phrase. Elle finit par jeter son dévolu sur la table de la cuisine. A nouveau, elle décompose son mime en même temps que la phrase, morceau après morceau.
- Ég sit á stólnum. (Je m’assied sur la chaise.)
Elle se désigne, puis s’assied sur la chaise et en tapote le dossier au moment de dire « la chaise ». Elle laisse passer un peu de temps, pour qu’elle comprenne bien qu’elle a fini son mime puis désigne Cassandre tout en se levant. A elle de traduire cette fois-ci.
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Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
La fillette sourit pour marquer son approbation et qu'Ingrid avait bien compris. Elle entendit alors la traduction en zarkotien et s'appliqua à retenir la phrase avant de la répéter à voix haute :
" Ég kaupi peru á markaðnum."
Une idée lui vint alors. Elle ne devait pas risquer de perdre des informations. Cassandre courut chercher des feuilles et une plume et s'installa à table pour écrire phonétiquement les sons que la phrase lui laissaient entendre avant d'ajouter la traduction en monbrinien.
É kopi peru a markaonum.
J'achète une poire au marché.
Ingrid se mit ensuite à faire à son tour un mime en énonçant une phrase. C'était facile ça. Elle s'asseyait sur une chaise. Cassandre répéta la phrase dans sa tête avant de se l'approprier. Sa main la traça alors sur le parchemin.
Ég kopi peru a markaonum.
J'achète une poire au marché.
Ég sit á stolnum.
Je m'assis sur une chaise.
En terminant de noter la seconde phrase, Cassandre déduisit que le premier mot des deux propositions étaient identiques. Ce mot ég désignait donc le pronom je. Ca lui donnait une nouvelle idée. Connaître la grammaire d'une langue c'était important, même si jusque là elle n'en avait jamais eu besoin pour parler. Elle dévoila avant toute chose la phrase en monbrinien.
"Je m'assis sur une chaise."
Cassandre marqua une pause et reprit.
"On va faire une leçon de conjugaison ! Alors... J'achète une poire. Ég kopi peru. Tu achètes une poire. Il achète une poire. Nous achetons une poire. Vous achetez une poire. Ils achètent une poire."
Est-ce qu'elle allait comprendre ? Ca lui semblait simple. mais peut-être pas.
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
- Ókei. (Bien.)
La fillette s’élance ensuite à toute vitesse et reviens avec du papier et une plume, où elle trace un ensemble de charactères qui ne lui disent rien. Ingrid se penche par-dessus son épaule pour observer le phénomène, un peu déçue de ne pas savoir lui demander ce qu’elle écrit. Peut-être quelque chose qu’elles viennent de dire ? Elle patiente jusqu’à ce que la transcription soit achevée puis relance la leçon avec une nouvelle phrase. Cassandre écrit encore des choses, sans rien dire, jusqu’à prendre la parole en monbrinien. Mais, si elle n’essaye jamais de prononcer, elle ne progressera pas, ça lui paraît logique. Sans se démonter, Ingrid répète la phrase en monbrinien puis recommence la traduction.
- Ég sit á stólnum.
Elle la désigne d’un geste de la main, l’invitant à répéter. Il n’y a que comme ça qu’elle peut espérer parler. Après tout on n’apprend pas à monter à cheval en dessinant des selles ou en étudiant la forme des jarrets. On apprend à monter en montant. Et en tombant. C’est ainsi.
Mais la voilà qui se remet à parler en monbrinien. Elle répète ce qu’elles ont dit tout à l’heure puis continue de dire la même phrase « j’achète une poire » mais pas tout à fait la même. Il y a toujours « une poire » à la fin. Le début n’est jamais le même et « j’achète » a disparu, même si elle entend bien des similitudes. Ingrid fronce les sourcils. Qu’est-ce qu’elle peut bien être en train de raconter ? Elle fouille dans son esprit, essaye de se rapporter au zarkotien mais le mot poire ne change pas en zarkotien. Pourquoi elle change poire ? A moins qu’elle ne se soit trompée tout à l’heure ? Entre « poire » et « j’achète » ? Donc « poire » désignerait le fruit et « j’achète » l’action d’acheter ? Mais dans ce cas pourquoi répète-t-elle encore et toujours, en changeant juste un morceau ? Ingrid hausse les épaules.
- Ég skil ekki.
Au moins apprendra-t-elle comment on dit « Je ne comprends pas », si elle est suffisamment futée.
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Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Ingrid fit peu après un geste pour la faire parler en répétant sa phrase de la chaise. Pourquoi donc ? Elle la connaissait déjà cette phrase ? Elle avait envie d'apprendre d'autres mots, elle ! La fillette se décida à faire un effort et articula avec soin en s'appliquant à détacher chacune des syllabes, comme quand elle parlait à Ludovic.
"Ég sit á stólnum."
Satisfaite, Cassandre résolut de passer à une autre idée. Elle avait déjà quelque chose en tête pour poursuivre et apprendre la conjugaison ça serait utile. Elle s'appliqua à réciter le verbe acheter au présent mais Ingrid ne semblait pas la suivre. Elle finit par dire trois mots qui restaient absolument mystérieux. Il y avait bien le fameux ég pour al désigner amis les deux autres... c'était peut-être des jurons ? Après tout, Eldred en disait si souvent. Pour la plus grande horreur de Sylvère. La fillette réfléchit et se décida à décomposer son exemple. Elle se frappa la poitrine du doigt.
"Eg. moi. Je."
Elle pointa le doigt vers Ingrid.
"Toi ! Tu !"
Elle réfléchit ensuite pour la suite.
"Grâce est un bébé. Elle est un bébé. Elle."
La fillette s'amusa intérieurement de la petite pique adressée à sa petite sœur. Dommage qu'elle ne soit pas là. C'était beaucoup drôle, ça ! Cassandre se frappa à nouveau la poitrine puis pointa Ingrid.
"Eg et toi, nous !"
Le vous lui posait plus de problèmes. Quel exemple trouver pour le rendre réaliste dans la communication ? Elle se décida à pointer Ingrid.
"Toi et Grace, vous !"
Elle conclut en miment l'action de dormir.
"Ludovic, Trstinian et Anthénia dorment. Ils dorment."
Cassandre reprit alors tous les pronoms :
"Je, tu, il, nous, vous, ils.. C'est de la conjugaison. On construit une phrase avec ça."
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Malgré ses efforts, ce que Cassandre appelle « conjugaison » lui échappe. Elle n’entend qu’un mot que l’on modifie presque tout le temps sans raison explicite. L’adolescente semble comprendre le problème, à défaut d’avoir l’air de saisir la signification exacte de « Ég skil ekki ». Peu à peu, Ingrid commence à comprendre. « Je, tu, elle, nous, vous, ils »…. Mais pourquoi remplace-t-elle ensuite « elle » par « il » ? C’est étrange. Il doit y avoir une subtilité qui lui a échappé, en attendant elle peut toujours traduire ce qu’elle a compris, c’est déjà ça. Se faisant, elle reproduit les gestes de Cassandre, pour être sûre d’avoir bien intégré la notion.
- Ég. Moi. Je.
Là-dessus, aucun doute possible, et le suivant non plus.
- Toi. Tu. Cassandre. Þú.
Pour Grâce, instinctivement, Ingrid aurait tendance à dire « barn » pour « enfant », plutôt que « bébé » directement, mais mieux vaut ne pas compliquer les choses. Elle sait déjà que « bébé » se dit « ungbarn », Ingrid a été contrainte et forcée de lui dire la veille. La voilà à nouveau obligée de le prononcer par la situation.
- Grâce est un bébé. Elle est un bébé. Elle. Grace er… ungbarn. Hún er ungbarn. Hún.
Son ton se fait de plus en plus hésitant à mesure que les phrases s’allongent et que les notions deviennent de plus en plus abstraites. « Nous »… elles deux.
- Je et.. tu ? Nous. Ég et þú. Við. Ég og þú, Við.
Tant qu’elle y est autant lui apprendre quelques mots de liaison en plus, ça ne fait de mal à personne. En ayant décomposé comme elle l’a fait, ça devrait être clair. « Vous » maintenant… la différence avec « nous » c’est qu’il y a Grâce et pas Cassandre. Mais elles sont deux quand-même, donc il y a autre chose. Peut-être qu’en répétant ça viendra…
- Toi et Grâce.. vous.
« Toi » et « elle »… tout à l’heure c’était « Toi » et « je »… donc « nous » « je » est dedans et dans « vous » « je » regarde ?
- Grâce elle et je, nous ? Irène et toi Cassandre vous ?
Ingrid lui jette un regard interrogateur puis se reconcentre sur la suite. Donc là, ils sont trois et dedans il n’y a ni « je » ni « tu ».
- Ludovic, Trestinian et Anthénia dorment. Ils dorment. Ils ?
Voilà qui est relativement clair en termes de sens. Elle devrait pouvoir traduire sans soucis.
- Ludovic, Trestinian og Anthenia sofa. Þeir sofa. Þeir.
Reste à éclaircir la question de « il ». Qu’est-ce qu’un parasite fiche au milieu de l’ordre déjà bien compliqué mis en place auparavant ?
- Je, tu, elle, nous, vous, ils… Je, tu, il, nous, vous, ils, énumère-t-elle en comptant sur ses doigts avant de hausser les épaules et de secouer la tête en reprenant. Ég skil ekki.
Ingrid liste mentalement tout ce qu’elle vient d’apprendre. Donc en fonction de qui fait quelque chose, on change ce qu’il y a avant l’action. En zarktotien c’est à peu près pareil finalement… Sauf qu’eux changent aussi le mot d’après. Elle mime l’action de dormir puis se lance, pas à pas, en reprenant les mots qu’elle lui a traduits.
- Ég sef.
Elle désigne Cassandre.
- Þú sefur. Grâce sefur.
Elle les désigne tour à tour.
- Við sofum. Cassandre og Grâce þú sefur. Ludovic, Trestinian og Anthenia sofa.
Et puisqu’elle a aussi compris comment cela fonctionne en monbrinien, elle enchaîne avec la traduction. Le mot pour dire le nombre et ensuite l’action, rien de sorcier.
- Je dorment. Tu dorment. Grâce dorment. Nous dorment. Vous dorment. Ils dorment.
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Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Ég kopi peru a markaonum.
J'achète une poire au marché.
Ég sit á stolnum.
Je m'assis sur une chaise.
Eg : Je - moi - me
Pu : Tu - toi - te
il
Hun : elle
vio : nous
vous
Pair : ils
Grâce er… ungbarn. Hún er ungbarn. Hún.
Grâce est un bébé. Elle est un bébé. C'st un bébé.
Ludovic, Trestinian og Anthenia sofa.
Ludovic, Trestinian et Anthénia dorment.
Tout en écrivant cette liste, Cassandre réalisa qu'Ingrid n'avait pas pu comprendre le mot vous. C'était un concept difficile à faire deviner, ça. Elle demanderait tout à l'heure à Irène de corriger et de lui donner la réponse. La fillette entendit la jeune femme répéter les pronoms, puis montrer ne pas comprendre l'absence du pronom il.
"Il dort ou elle dort. C'est la même chose. C'est la même conjugaison. Le même pronom. Ludovic, Trestinien, ce sot des garçons, des hommes. alors, il. Grâce, toi, Irène, Anthénia, moi, nous sommes des filles. Des femmes. Alors elle. Alors... Ludovic er ungbarn. Il est un bébé. Il. Anthénia er ungbarn. Hun er ungbarn."
Cassandre s'appliquait à bien relire les phrases qu'elle avait écrite avant de formuler celles qu'elles venait de dire. Elle les prononça lentement, redoutant de faire erreur ou de mal articuler. Ingrid se mit peu après à mimer l'action de dormir et déclina le verbe dormir en zarkotien selon les différentes pronoms. Cassandre reprit aussitôt la plume pour copier rapidement chaque nouvelle phrase.
Ég kopi peru a markaonum.
J'achète une poire au marché.
Ég sit á stolnum.
Je m'assis sur une chaise.
Eg : Je - moi - me
Pu : Tu - toi - te
il
Hun : elle
vio : nous
vous
Peir : ils
Grâce er… ungbarn. Hún er ungbarn. Hún.
Grâce est un bébé. Elle est un bébé. C'st un bébé.
Ludovic, Trestinian og Anthenia sofa.
Ludovic, Trestinian et Anthénia dorment.
Eg sef.
Je dors.
Pu sefur
Tu dors.
Vio sofum
Nous dormons
Vous dormez.
Pu sofa.
Ils / elles dorment.
Cassandre relut les différentes phrases et se décida à les énoncer lentement à voix haute.
"Eg sef. Pu sefur. Vio sofum. Pu sofa."
Ingrid se décida à présent à conjuguer le verbe en monbrinien mais elle n'utilisait que le pluriel. Cassandre corrigea calmement.
"Non, c'est le pluriel, ça. Je dors. Tu dors. Il dort. Elle dort. Nous dormons. Vous dormez. Ils dorment. Elles dorment."
La fillette baissa les yeux vers ses notes et songea que c'est drôle ce mot sofa. C'était proche de celui qu'on utilisait pour désigner une banquette confortable. Elle prit une nouvelle feuille et dessina de manière simpliste une sorte de rectangle avec deux petits bouts en bas pour faire les pieds, puis traça un autre rectangle pour réaliser un dossier. Elle traça ensuite les lettres du mot en grand.
"En monbrinien, le mot sofa, c'est une banquette. Pour s'asseoir. Ou dormir. Pu sit sur un sofa. Ou pu sefur sur un sofa."
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
- Elle, Hún. Il, Hann.
Elles s’appliquent ensuite à dire comment les gens dorment en fonction de leur nombre, ce qui permet à Ingrid de se rendre compte de la vitesse exceptionnelle avec laquelle Cassandre progresse. Sa prononciation égale presque la sienne, alors qu’à ses premiers essais, ce n’était pas bien glorieux. Cette rapidité d’évolution commence à lui faire entrevoir à quel point cette gamine est spéciale et surtout d’où peu bien lui venir une telle confiance en elle, qui laisse sans doute poindre de l’insolence par moments. Le moment est peut-être bien venu pour une bonne leçon d’humilité. Ingrid ne montre rien de son effarement et secoue vigoureusement la tête de droite à gauche, le visage plus fermé que jamais après que la récitation en zarkotien soit terminée. Elle la laisse tout de même lui expliquer qu’en monbrinien aussi l’action change en fonction du nombre. Et bien c’est parfait comme ça, elle se sont trompées toutes les deux et pourront chacune apprendre de leurs erreurs. Merveilleux. Elle commence donc par reprendre ce qui vient de lui être enseigné, très calme, sans laisser présager de la suite.
- Je dors. Ég sef. Tu dors. Þú sefur. Il dort. Hann sefur. Elle dort. Hún sefur. Nous dormons. Við sofum. Vous… dormez. þú sefur. Ils dorment. Þeir sofa. Elles dorment. Þeir sofa.
Elle ne s’arrête cependant pas là et remonte tout ce qu’elles ont appris depuis le début au fur et à mesure.
- Grâce est un bébé. Grace er… ungbarn. Elle est un bébé. Hún er ungbarn. Ludovic, Trestinian et Anthénia… dormez ? Ludovic, Trestinian og Anthenia sofa. Ég sit á stólnum. Je… m’assis sur la chaise. J’achète une poire au marché. Ég kaupi peru á markaðnum. Je, moi, Ég. Tu, toi, Þú. Il, Hann. Elle, Hún. Vous, þú. Nous, Við. Ils, Þeir. Elles, Þeir.
Ingrid réfléchi encore quelques instants mais il lui paraît avoir tout dit. Elle désigne Cassandre puis lève deux doigts.
- Tu, Tveir.
Peu de temps après, la jeune fille se met à dessiner et à dire de drôles de choses. Comment peut-on s’assoir sur dormir ? Ou dormir sur dormir ? N’a-t-elle donc rien compris ? Elle secoue fermement la tête, sans perdre son calme.
- Nokkuð. (N’importe quoi).
Elle mime de nouveau l’acte de dormir.
- Sofa, dorment.
Elle répète de nouveau l'ensemble de ce qu'elles viennent de d'apprendre mutuellement puis lève trois doigts avant de la désigner du menton.
- þrjú.
Pour montrer l'exemple et parce qu'elle est bien consciente que ça va la faire râler, Ingrid répète elle-même tout ce qu'elle vient de dire, en l'assosciant a des gestes mais une fois seulement. Si Cassandre veut apprendre le zarkotien, il faudra qu'elle y mette du sien, c'est comme ça. Pour le monbrinien... la question est différente. Chaque mot lui écorche la langue alors elle a bien le droit de se reposer un peu. Elle n'a rien demandé, elle, à l'origine.
Ingrid- Fiche perso : Fiche personnage
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Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Peu après l'écriture, toutes deux répètent les phrases pour reprendre ce qui a été. Derrière un visage calme, Cassandre cacha sa joie de bien mieux réussir à s'exprimer, sans autant d'hésitation qu'Ingrid. En même temps, elle, elle répétait dans sa phrase la phrase avant de al sortir. Pas question de paraître faible ou perdante devant une personne. Même quand elle jouait avec Grâce, Sylvère ou Irène, la fillette préparait minutieusement ses coups ou ses idées avant de poursuivre une action. Dans la vie, on contrôlait ce qu'on faisait. Ou ne le faisait. C'était comme ça. Elle perçut alors une erreur sur la conjugaison ils et secoua la tête.
"Non. Trestinian et Anthénia dorment. Ils + elle. Donc ils. Ils dorment."
Si elle voulait être honnête, c'était sans doute aussi plus facile pour elle car elle lisait les notes avant de réciter les phrases. Ingrid le faisait de mémoire. Cassandre hésita puis réalisa que ce n'était pas gentil de ne pas partager. Elle poussa sa feuille et l'invita à lire. De cette manières, elles seraient à égalité maintenant.
La dernière conjugaison lui fit penser au sofa, ce meuble qu'elle connaissait bien pour avoir vu si souvent des clients vautrés dessus au lupanar. Elle essaya de l'expliquer avec un dessin mais ses capacités artistiques étaient loin d'égaler celles d'Alexandre. Même Grâce était plus douée. Elle décida de laisser tomber son idée. ce n'était de toute façon pas bien utile. c'était juste un rapprochement qui l'avait amusé. Ingrid se mit à parler en faisant des gestes. Elle mimait en utilisant le mot tu, puis en la désignant avec deux doigts. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Ingrid répéta l'ensemble des phrases, puis énonça un autre mot en la désignant à nouveau. Qu'est-ce que ça voulait dire, bon sang ? Elle ne comprenait pas du tout ? Et c'était énervant. Pourtant, la fillette garda un visage calme et ne montrait rien de son énervement. Elle l'entend ensuite redire les phrases et tire sa feuilles. Oui, c'est bien, ça. Elle les redit. mais qu'est-ce qu'elle attend d'elle ? Cassandre finit par secouer les épaules et déclara :
"Je ne comprends pas."
C'était terriblement agaçant à dire. Mais au moins elle ne montrait rien de ses émotions et restait calme. Elle n'avait pas complètement perdu.
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Cassandre pousse son papier vers elle. Ingrid tourne la tête. C'est gentil mais qu'est-ce qu'elle peut bien en faire, elle ne sait pas lire, elle. Voilà qui lui rappelle la Sylvia des bois. Sauf que Cassandre est une enfant, c'est plus facilement admissible la naïveté à cet âge, même si c'est une notion qu'Ingrid a du mal à lui associer. Elle se contente de hausser les épaules et de repousser la feuille vers sa propriétaire. Elle ne lui sert à rien.
Même si elle a de bonnes intentions, la petite fille a encore des problèmes de compréhension. Sofa c'est "dormir" pas autre chose. Pour tenter de lui apprendre un peu l'humilité, Ingrid décide de lui faire croire qu'elle est mauvaise mais sa réaction n'est pas à la hauteur de ses attentes. Un haussement d'épaules ? Est-elle insolente à ce point ? A moins que… Ingrid aussi hausse les épaules quand elle ne comprend pas. Enfin une difficulté du côté monbrinien de cette table ! Ce n'est pas trop tôt !
- Je ne comprends pas, Ég skil ekki.
Maintenant qu'elle sait dire qu'elle ne comprend pas, ce sera plus facile. Mais Ingrid n'est pas prête de renoncer à son test. Elle fouille à contrecoeur dans sa mémoire pour trouver de quoi lui expliquer ce qu'elle attend de Cassandre, ce qui lui laisse le temps d'intégrer cette nouvelle phrase. Enfin, après une éternité dans les lambeaux déchirés qui lui servent de souvenirs, Ingrid trouve ce qu'elle cherche. "Répète". Avec ça Cassandre devrait comprendre. Et elle a besoin de se lever.
Elle se dirige vers le plan de travail, attentive à ne pas chanceler. Une fois ses deux mains fermement appuyées dessus, Ingrid articule difficilement, les yeux fermés.
- Tu… ré-pète.. tout.
Elle tend le bras derrière elle, les dents serrées, pour déplier uns à uns ses cinq doigts.
- Fimm. (Cinq.)
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Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Cassandre essaya d'expliquer cette drôle de coïncidence avec le mot sofa mais ça ne passait pas. Elle n'avait pas assez de vocabulaire et ses dessins étaient de trop mauvaise qualité. Ingrid essayait de dire quelque chose mais elle n'arrivait pas à comprendre. La fillette expliquait calmement ne pas comprendre et Ingrid prit un temps pour réfléchir et lui ordonna de tout répéter les phrases. En zarkotien. C'était al seule chose logique. C'était autoritaire comme moyen de faire. Si elle savait le monbrinien, elle aurait répliqué qu'on disait s'l vous plait avant tout de chose. La politesse, c'était important. Son père et Agathe avaient toujours été plus que sévères là-dessus. De toute façon, ça sonnait comme défi. Alors, elle n'allait pas rechigner. Un défi, ça se relevait. Et surtout ça se gagnait.
D'un air calme, Cassandre se pencha pour relire ses notes et s'imprégna de chacune de ses phrases avant de les dire à voix haute.
"Ég kopi peru a markaonum.J'achète une poire au marché. Ég sit á stolnum. Je m'assis sur une chaise. Grâce er… ungbarn. Hún er ungbarn. Grâce est un bébé. Elle est un bébé. Ludovic, Trestinian og Anthenia sofa.Ludovic, Trestinian et Anthénia dorment. Je dors. Pu sefur Tu dors. Vio sofum Nous dormons Vous dormez. Pu sofa. Ils dorment."
La fillette s'exprimait d'une voix lente et détachait calmement ses syllabes pour bien dire chaque mot, avec le bon accent. Elle ne se tromperait pas. Pas question. Elle ne perdrait pas. Ingrid l'avait défié ? Parfait ! Elle répété ce schéma cinq fois, poussant même le vice à dire une sixième fois, histoire de démontrer qu'elle l'emportait de manière royale. Quand on gagnait, il fallait que ce soit de manière brillante.
Après la fin de l'exercice, Cassandre nota que la jeune femme se tenait au plan de travail. Elle semblait quand même bizzare. Intriguée, la fillette se leva et s'approcha.
"Tu vas pas bien ?"
Elle hésita à poursuivre. Avec la langue pas encore débloquée entièrement, ça allait être dur à faire passer comme message. Elle réfléchit et se mit à aboyer en grognant.
"Toi... Chien. Ouaf ouaf !"
La fillette prit une expression colérique forte.
"Toi, colère. Car Zarkos envahi, toi esclave. Mais la colère, c'est pas mal. La colère, ça fait mal. A toi."
Elle se recula et fixa Ingrid.
"Toi, esclave."
Elle releva alors la manche de sa robe et dévoila sa marque.
"Moi aussi. Mais même esclave, Tu peux vivre. Tu as une maison. Tu es en sécurité. tu n'as plus à être un chien."
Cassandre recula encore par prudence, plaçant sa main dans un pli de as robe, prête à dégainer sa dague. Elle ne savait que trop les réactions qu'un individu acculé pouvait avoir. A sa place, il n'y a pas si longtemps, elle aurait attaqué ou aurait cherché un moyen de fuir.
"Tu n'as pas à avoir peur Ingrid."
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
A chaque fin de morceau, Ingrid hoche la tête, se raccrochant au côté répétitif de l’exercice pour ne pas s’enfoncer trop profondément. Cassandre est vraiment douée et elle a un sens du défi qui n’est pas pour lui déplaire. C’est bien. Il faut du caractère dans ce monde, surtout quand on est une femme. Se laisser aller à être douce et délicate c’est se condamner, nombreuses sont celles qui ne l’ont pas encore compris.
Ingrid sursaute à l’approche de Cassandre, qu’elle n’a pas entendue arriver. Elle serre les dents.
- Si.
Ça ne la regarde pas comment elle va. Ça ne regarde personne. Ça n’a de fait aucune importance. Elle vit, point. Quoi que puissent en dire certains. Qu’ils rangent leur langue de penseurs bien trop pendue pour leur propre bien. Un aboiement la fait sursauter de nouveau. La jeune femme se tourne lentement vers Cassandre qui aboie de nouveau, qui la traite de chien.
Elle lève une main tremblante de rage… pour la poser derrière elle, sur le plan de travail. « Jure devant nos Dieux que la famille que je te présenterai ne sera jamais en danger en ta compagnie. » Elle voudrait secouer Cassandre comme un prunier, plaquer ses mains sur sa bouche, lui hurler de se taire... pourtant la fillette continue de parler, à mesure que le troupeau de nains maléfiques qui sommeille dans son estomac s’agite. Zarkos, esclave, esclave, chien, tant de mots qui augmentent la portée du pas fracassant de ses petits parasites. Ingrid recule encore, les yeux vides de toute émotion, mais se heurte au plan de travail derrière elle.
« Moi aussi ». La marque de Cassandre lui grimace des horreurs. Ingrid se précipite sur elle pour baisser sa manche. C’est trop dangereux de la montrer comme ça. Elle pourrait se faire prendre. Elle caresse le tissu sur son petit bras tout maigre pour le remettre bien en place. Voilà. Comme ça on ne l’attrapera pas. Elle serre son poignet dans ses mains, comme pour maintenir le vêtement, au cas où elle voudrait le relever.
- Tu n’as pas à avoir peur Ingrid.
La jeune femme se bouche précipitemment les oreilles mais il est trop tard, la mécanique bien rodée s'est déjà mise en branle.
- De quoi avez-vous si peur mademoiselle Ophélie ?
Instinctivement, Ingrid serre ses jambes l’une contre l’autre. Elle sait d'ores et déjà ce qui vient ensuite.
- Je te dis de ne pas avoir peur, m’entends-tu ?
A présent, les nains galopent dans tous les sens. Ingrid plaque ses mains sur son ventre, pliée en deux. Elle serre les dents, se mord les joues, mais rien n’y fait. A mesure que les souvenirs remontent et s’entremêlent, les nains vont de plus en plus vite jusqu’à ce que ses tripes se retrouvent répandues à leurs pieds. Bientôt se sont de petits spasmes silencieux qui la traversent, encore et encore, alors qu'elle cherche déjà quelque chose pour nettoyer avant qu'on ne vienne la gronder.
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Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Lorsqu'elle dévoila sa marque, Ingrid eut un sursaut et s'approcha. Par instinct, Cassandre sortit sa dague, la dissimulant dans son dos, prête à frapper. Elle prêta attention au moindre geste et la vit rabaisser sa manche. La zarkotienne semblait effrayée par cette trace qui défigurait son épaule. elle se recula à nouveau. Est-ce qu'elle avait eu peur pour elle ? Elle croyait que c'était dangereux pour tout esclave de la révéler ? Non, ça ne l'étai pas. Seulement pour ceux en fuite. Surtout quand ils ne savaient pas parler monbrinien pour faire allusion. La fillette releva la tête et la manche de sa robe.
"Il n'y a pas de danger."
Elle s'obligea à parler d'une voix calme et toucha la marque en réprimant le dégoût que celle-ci lui inspirait.
"Je suis esclave. Irène est ma marraine. Grâce est ma petite sœur. Mais Irène, c'est aussi ma maitresse. Avant, je travaillais dans un lupanar."
La fillette mima des gestes évocations de doigts qui rentraient l'un dans l'autre.
"J'étais servante. Je nettoyais. Je faisais la cuisine. Je servais les clients à boire."
Tout en détaillant son ancien quotidien, Cassandre mima de passer le balai, laver le sol ou la table, de cuisiner puis d'apporter à boire à des hommes.
"Puis, la nouvelle patronne du lupanar m'a donné un jour à Irène. Pour que j'ai une famille. que je grandisse mieux. Alors, je suis esclave. Mais je ne suis plus esclave."
Cassandre se doutait qu'elle aurait du mal à tout comprendre. Si seulement elle pouvait comprendre le principal.
"Tu es en sécurité ici. Irène est gentille. Elle ne dénoncera jamais une personne. Et moi, encore moins. Tu n'as pas avoir peur. "
Ingrid ne se calmait pas. Cassandre remarqua ses jambes qui se resserraient et pouvait facilement comprendre ce geste. Elle aussi, quand elle pensait à un certain sujet, elle agissait de même. Comment elle pouvait la rassurer ? Elle l'avait l'impression de retrouver Kalisha et de se sentir aussi perdue ? Sylvère... qu'est-ce que Sylvère ferait à sa place ?
"Tout va bien, Ingrid. Tu es en sécurité."
Elle ne voyait que ça à lui répéter. Elle se sentait inutile. Peut-être devrait-elle appeler Irène ? Elle saurait sûrement mieux gérer ce genre de situations.
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Cassandre relève de nouveau sa manche. Si c’est dangereux. A partir du moment où l’on saura qu’elle est esclave, ils pourront lui demander tout ce qu’ils voudront. Cassandre n’a pas à vivre ça. Elle est trop jeune pour servir les gens. Quelle idée de faire subir un tel martyr à des enfants. Ingrid ouvre des yeux effarés en la voyant mimer ce qu’elle sait être une horreur sans nom. Elle prend ses deux mains dans les siennes, non sans avoir de nouveau baissé cette manche.
- Ce n’est pas ta faute… Ce n’est pas ta faute… Tu es à toi, ce n’est pas ta faute… C’est fini maintenant c’est fini ce n’est pas ta faute… murmure-t-elle doucement en zarkotien, sans vraiment prêter attention au reste de son histoire, alors que le troupeau gronde dans ses entrailles.
Le mot esclave résonne plus fort que les autres dans ses oreilles, charriant les souvenirs aussi sûrement qu’un fleuve en crue. Tout surgit pêle-mêle de cette marque incandescente sur son épaule, qu’elle vient frotter de son poing serré. Au milieu du tumulte de ses propres cris revenus des tréfonds de sa mémoire, d’autres font leur apparition, appelés par le discours de Cassandre qui lui parvient à peine. Les pleurs d’un nouveau-né, les hurlements d’un accouchement, les éclats de joie de cette petite chose qu’on a tant hâte d’apprendre à connaitre. Les cris de terreur, les rugissements de colère, ces râles de souffrance surgis du font des gorges, alors qu’on leur arrache le cœur.
Puis enfin, le silence glaçant de ceux qui n’ont plus de larmes dans les yeux, uniquement troublé par le pas frénétique des nains dans les galeries de son estomac.
- Tout va bien, Ingrid. Tu es en sécurité.
Ingrid serre son ventre de toutes ses forces mais le goût de bile remonte déjà jusque sur sa langue pâteuse.
- Tu es en sécurité ici… cette maison est ta maison, nous ne te ferrons aucun mal… Regarde je ne suis pas en colère. Allons n’aie pas peur, approche. Et surtout, ne dit rien à personne. Chuuuut.
Chaque phrase amène un nouveau sursaut plus difficile à contenir que le précédent, si bien qu’elle fini par rendre son déjeuner, sans pour autant prononcer un mot. Elle doit se ressaisir. Penser à son cadavre. Toujours secouée de hoquets, Ingrid se met en quête de quelque chose pour nettoyer les dégâts, avant que la maîtresse de maison ne vienne la réprimander. Il ne faut pas qu’elle voie qu’elle a salit sa jolie maison, ou elle se mettra très en colère.
Elle se redresse peu à peu, murmurant des « Je suis très pardon » et des « Chut chut » à tout va, sans trouver de linge approprié autour d’elle. En désespoir de cause, elle se tourne vers Cassandre, pour lui demander, mais referme la bouche à peine ouverte. Elle ne sait pas dire. Elle ne sait rien dire d’autre que les maudits mots qu’on a fait rentrer dans son crâne de piaf. Rien pour demander, tout pour servir. Ingrid tape du poing sur sa cuisse. Elle peut trouver. Stupide pays. Il faut nettoyer. Elle doit nettoyer. Maudite langue. Elle doit nettoyer.
Son bras se lève mécaniquement jusqu’à sa poitrine, alors qu’elle se met à rugir d’une voix qui n’est pas la sienne.
- Eh.. tu… je ! Dois nettoyer ! Et que tu saute !
Ingrid baisse lentement le bras, le souffle court et se concentre sur ses sourcils froncés. Elle laisse remonter sa colère à l’égard de ces dépouilles derrière elle, puis de ces sottes et de leurs insupportables battements de cils, puis de ses imbéciles de soldats stupides et pas dégourdis, de ces ivrognes pathétiques qu’elle a laissés ligotés dans leur propre urine. Tout est leur faute. C’est la faute de Cassandre et son petit comportement de teigne capricieuse, c’est la faute d’Eldred qui a dévoilé tous ces secrets, c’est la faute de cet homme qui les a bousculés au marché, c’est la faute de cette femme qu’elle a suivie au lupanar, c’est la faute de ce Joris qui s’est pris pour un de ces idiots de chevaliers sauveurs de demoiselles en détresse alors qu’elle n’avait pas besoin d’aide, c’est la faute de ce crétin de roi et de ses ambitions, c’est la faute des soldats de Zarkos qui se battent aussi bien que le camp d’en face, à savoir comme des brêles, c’est la faute d’Elin d’être mort, sa faute de l’avoir épousée… c’est sa faute à elle. La jeune femme caresse distraitement l’intérieur de son poignet gauche, où persiste sa première marque. Sa faute de sale sorcière. Sa respiration s’apaise, tout est fini, tout va bien.
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Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Sauf qu'un mur, ça s'escaladait.
Ou on le faisait tomber.
On n'abandonnait pas quand on n'était face à un mur, même s'il était haut et solide. Non, on fonçait dessus dans l'espoir de le faire crouler. C'était la vraie raison d'être d'un mur : ils ne servaient pas à arrêter mais à prouver qu'on pouvait le détruire et passer de l'autre côté.
Elle suivit Ingrid qui perdait le contrôle et s'agitait à la recherche de quelque chose pour nettoyer. Elle aboyait pour donner un ordre mais Cassandre sentit que ce n'était pas pour elle. Sa voix, elle était... Non, ce n'était pas quelque chose d'habituel. Elle se reconnaissait là aussi. Comme quand il lui arrivait d'imiter le comportement de sa grande sœur Agathe. Sauf que ce n'était pas la bonne chose à faire. Agathe... Agathe n'était pas gentille. Elle ne faisait que la commander sans chercher à la comprendre. Cassandre s'imposa de rester calme et ne réfléchir. Céder aux émotions était néfaste. Elle devait chercher à comprendre Ingrid et la rassurer. Mais elles ne parlaient pas la même langue et les mimes avaient leur limite. Il existait cependant un moyen de communiquer sans les mots. Il y avait une chose que Sylvère faisait quand elle allait mal et qui l'apaisait.
Est-ce qu'elle pouvait vraiment le faire ?
Ce n'était pas dangereux ?
Sa main touche par réflexe sa dague, prêt à dégainer à la moire attaque suspecte.
Sylvère le ferait, non ? Alors, elle pouvait le faire aussi.
Avec hésitation, un pas après l'autre, lentement, Cassandre s'avança et enlaça Ingrid.
"Tout va bien."
La fillette se mot à chantonner l'air doux que sa sœur Sophie aimait lui chanter quand elle se sentait triste ou colère. Si ça avait fonctionné sur elle, ça marcherait peut-être sur Ingrid. D'accord, elle était une adulte, elle, mais pourquoi ça ne marquerait pas quand même ?
Un mur, ça se défonçait.
De tous les moyens possibles.
Sans jamais abandonner.
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
- Je, dois nettoyer, répète-t-elle à l'intention de Cassandre qui n'a pas l'air de vouloir l'aider.
C'est sa faute.
- Je dois...
La paire de bras qui s'entoure autour de sa taille lui coupe le souffle. Ingrid se raidit. Qu'est-ce qu'elle fabrique ? Pourquoi elle se met à chanter ? Elle n'a pas le droit de chanter comme ça. C'est de la manipulation. Elle doit être en train de lui jeter une sorte de sort monbrinien et par conséquent forcément maléfique. Comment expliquer qu'elle a soudainement envie de dormir sinon ? Comment justifier qu'elle se sente... appaisée ? Non Cassandre n'a pas le droit de faire ça.
Ingrid pose ses mains sur les siennes et décolle délicatement les doigts qui enserrent sa taille. Elle accompagne les bras jusqu'à leur propriétaire devant laquelle elle s'acroupi après lui avoir tapoté la tête.
- Tout va bien...
Elle reste là un moment, à détailler son visage où le sérieux a remplacé l'espièglerie enfantine qu'elle a rencontrée la veille. Ce n'est que lorsqu'elle se prend à penser qu'elle aimerait bien que la petite continue sa chanson qu'Ingrid se relève brusquement. Et puis quoi encore ? Foutaises.
- Tout va bien Cassandre.
Elle recommence à farfouiller jusqu'à trouver du matériel qui pourrait convenir et en profite pour ouvrir grand les fenêtres. L'odeur non plus ne doit pas subsister.
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Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Cassandre se recula et la fixa, sévère.
"Non, tu ne vas pas bien."
Elle pointa la chaise et reprit d'une voix forte :
"Sit."
La fillette l'observa en insistant pour la voir s'asseoir enfin. Elle s'avança ensuite vers l'armoire pour prendre le seau et la serpillière et commença à nettoyer le plancher. Sa tête se leva en même temps vers Ingrid et elle parla doucement.
"Tu n'as pas à travailler quand tu te sens mal. Tu es dans une famille ici. Il n'y a pas de maître. Il n'y a ni maître ni esclave."
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Ingrid l’écoute parler sans même essayer de faire l’effort de comprendre. Elle saisit « maître » et « esclave » mais ne cherche pas à leur donner un sens. Tout ça n’a plus aucune importance désormais. Cassandre connaît son secret, elle va tout raconter à sa mère non sa maîtresse non Irène et à elles deux elles pourront lui faire tout le chantage qu’elles souhaitent à défaut de la dénoncer.
Quelle sale gamine. Elle voulait apprendre le zarkotien, elle a fait des efforts pour lui apprendre. Elle en a profité pour se moquer de sa petite sœur, Ingrid n’a rien dit. Et au lieu de la remercier, elle s’est moquée d’elle et lui a jeté un sort. A présent, il faudrait qu’elle la laisse encore n’en faire qu’à sa tête alors qu’elle est parfaitement capable de nettoyer ses bêtises ? Et puis quoi encore !
Ingrid se lève et lui saisit les épaules. Presque tendrement, elle lui retire la serpillère et le seau des mains et les dépose sur le sol. La leçon va recommencer, puisqu’elle y tenait tant. Elle pousse Cassandre jusqu’à la chaise et l’y assied de force.
- Sestu á stólinn. Tu assis sur la chaise.
Elle reprend le nettoyage avec vigueur, sans plus lui accorder un regard et poursuit aussi sèchement.
- Hún situr á stólnum. Grâce assis sur la chaise.
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Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Irène avait laissé Ingrid avec Cassandre pour la première fois. Il fallait bien qu’elles testent si les bonnes ententes tenaient d’un individu à un autre. Malgré la méfiance de sa pupille qui était manifestement contagieuse, elle avait bien dormi, sans crainte particulière. Même si leur hôte semblait mal à l’aise, elle mettait cela sur le compte du changement radical de vie. Peut-être aussi sur celui du lourd secret qu’elle avait à porter.
Irène savait bien ce qu’elle risquait, elle aussi à abriter une fugitive. Si elle ne s’en était pas fait pour Ingrid en elle-même, elle avait tout de même réfléchi à ce qui arriverait si quelqu’un venait à être indiscret et que des soldats descendaient chez eux. Elle avait pensé à Hilda, bien entendu. Pourquoi pas prétendre qu’elle était une de ses filles, Ingrid avait un air après tout et ce ne serait jamais qu’un arrangement de la réalité comme il lui était déjà arrivé d’en dire. Elle prétendrait que son amie la lui avait confiée, qu’elle était responsable d’elle et qu’elle pouvait être une femme libre si on prenait en compte sa naissance. Au pire des cas, elle pourrait en appeler à Joseph. Et si vraiment tout dérapait, tout était en ordre depuis son accouchement. Madeleine était prête à accueillir les enfants – tous les enfants – et ce n’était pas avec une tante pareille qu’ils risqueraient quoique ce soit. Quand bien même ce plan-là ne marcherait pas, cassandre devait bien avoir trois belles histoires sous le coude pour endormir les gardes. Après tout, elle avait bien réussi cet exploit une fois, elle pouvait tout à fait recommencer.
Pas un chat dans la boutique ce matin-là et Irène avait déjà bien avancé la robe pour la dame de Monthoux. Il ne lui restait donc pas grand-chose à faire en attendant le repas. Elle se décida finalement à tirer le rideau pour l’heure de midi. Personne ne viendrait à cette heure de toute façon, il faudrait bien attendre l’après-midi.
Irène remonta à la mezzanine et emprunta le petit couloir qui reliait les deux maisons. C’était bien pratique d’avoir de la place sans pour autant passer sans arrêt dehors ! Alors qu’elle empruntait l’escalier pour descendre, elle perçut une conversation assez animée. Elle fronça les sourcils. Les filles n’étaient-elles pas censées simplement faire une leçon en cuisinant ? C’était ce qu’elle avait compris pourtant… Alors pourquoi cela semblait-il si houleux ? Intriguée, elle approcha de la porte et tenta de saisir quelques mots. Irène comprit alors maître et esclave et fronça les sourcils. Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Quand bien même Cassandre le racontait, elle semblait s’adresser à Ingrid, sur un ton qui se voulait rassurant. Cela voulait-il dire… ? Les yeux d’Irène s’agrandirent. Ingrid, une esclave ? Mais esclave en fuite dans ce cas… Elle n’avait rien d’une affranchie, elle était trop sur ses gardes pour cela. Irène secoua la tête, tentant de mettre de l’ordre dans ses pensées. Esclave en fuite, soit… Mais pour quel motif ? Ses maîtres avaient-ils été mauvais ? Avait-elle commis quelque chose de répréhensible ? Voilà que c’était elle qui se mettait à imaginer le pire… Cependant, le scénario de la descente de gens en armes devenait dangereusement réel. Et elle, elle devait protéger leur famille.
Irène souffla un bon coup. Autant lui demander directement. Elle saurait à quoi s’en tenir et agirait en conséquence. Si elle souhaitait se cacher à cause d’un mauvais maître, elle le lui accorderait sans problème. On n’allait certainement pas venir la chercher ici, à moins de fouiller toutes les maisons… En tous les cas, elle pourrait toujours trouver une solution ou demander de l’aide à ses frères.
Irène ouvrit la porte et trouva Ingrid à nettoyer, visiblement mal à l’aise tout en débitant du zarkotien. Elle se mordit la lèvre, cherchant la transition adéquate.
- Tout va bien, toutes les deux ? J’interromps la leçon, peut-être ?
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Irène apparut à cet instant au seuil de la cuisine et demanda si tout se passait bien. C'était presque comme un miracle. Non, ça l'était pas. c'était une coïncidence. Il n'y avait pas de client et elle voulait voir comment l'inconnue entrer hier dans la maison se comportait? Oui, c'était logique. mais c'était rassurait. Elle se sentait même mieux depuis que la silhouette de sa marraine avait surgi.
"Irène !"
La fillette bondit de sa chaise et courut la rejoindre en une foulée rapide. Elle se blottit contre elle et leva timidement la tête.
"Je... c'est peut être un peu ma faute. Je crois. Mais je ne voulais pas faire mal. Je voulais..."
Cassandre se mordit les lèvres. Elle n'était plus sûre de ce qu'elle voulait faire au fond.
"Hier, j'ai entendu Ingrid dire bizarrement le mot madame. En maidame. C'était forcé. Alors, j'ai deviné qu'elle voulait dire maitresse ou maître. Elle a une attitude d'esclave. Comme moi. Comme moi avant. Je pensais essayer de communiquer avec elle. Au début, on apprenait doucement le monbrinien et le zarkotien. Puis, elle a eu l'air.. mal. Et elle a été malade. Alors, j'ai essayé de lui parler. De dire qu'elle était en sécurité. J'ai montré ma marque pour qu'elle comprenne mais elle est devenue encore plus effrayée et elle l'a caché. J'ai essayé de lui dire qu'ici c'était pas dangereux, que vous n'étiez pas méchante. mais elle ne me comprends pas. Elle ne me comprend pas du tout."
Elle se recula légèrement, penaude, les mains dans le dos.
"Je.. je ne sais plus quoi faire."
Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Ingrid se reprend cependant très vite et s’en retourne récurer le plancher avec énergie. Tout cela ne serait jamais arrivé si la fillette n’avait pas voulu faire la maligne. Elle pensait peut-être bien faire, mais elle s’est trompée. Ce n’est pas sa faute, mais si et Ingrid a décidé de lui en vouloir. Elle doit lui en vouloir. C’est beaucoup plus simple de cette manière et ça l’a toujours été.
Elle poursuit la leçon avec énergie, jusqu’à ce que la voix d’Irène ne la fasse sursauter. A l’entente des pas précipités de Cassandre, Ingrid comprend tout de suite ce qu’il va se passer. Ainsi l’heure est venue. Elles la dénonceront aux autorités, lui feront du chantage ou la renverront. Dans tous les cas elle aura respecté son serment, son très cher ami d’enfance sera heureux de constater qu’elle a rempli sa part du contrat. Son aide lui aura au moins apporté un toit pour une nuit. C’est déjà ça. Après ça, le mieux sera sans doute de quitter la ville, ou de trouver un emploi un peu en périphérie. Ce qui est certain c’est qu’elles ne voudront pas garder une saleté d’esclave en fuite sous leur toit. Cela paraît logique. Elle a des enfants après tout et puis ce doit être très risqué de se rendre complice de ce genre de délinquant qui met en danger la sécurité du très saint empire de monbrinarrogance illégitime et pathétique. Non, Ingrid a du mal à lui en vouloir à elle. Elle a même du mal à en vouloir à Cassandre, bien que ce soit moins difficile. Que ne ferait-elle pour protéger sa famille si elle en avait une ? Et Cassandre… non c’est aussi sa faute, quand bien même Ingrid devrait être capable de protéger son secret en toutes circonstances.
Tout en achevant son nettoyage acharné, Ingrid prête une oreille discrète à ce qui se dit à côté d’elle, simplement pour voir si le ton monte et se prépare à agir en conséquence le cas échéant. Hors de question de se faire emmener par ses petits salopards qui se croient tout permis, et tant pis pour la politesse.
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Re: [9 Janvier 1598] Première leçon autour d'un chaudron
Définitivement, quelque chose n’allait pas… Ingrid semblait frotter le sol jusqu’à vouloir le voir disparaitre. La voix de Cassandre la détourna de cette vision inquiétante. Irène se mordit la lèvre. Elle aussi semblait aller mal et ce n’était pas bon signe…
Elle se mordit la lèvre en l’écoutant avant d’écarquiller les yeux. Alors c’était vrai… Elle se passa une main sur le visage. Elle qui pensait que tout irait bien, qu’elle se faisait des idées… Elle aurait dû y penser, elle aurait dû mieux réfléchir… Cependant, un mot de Cassandre la rappela à sa vraie nature.
Sécurité.
Oui, en sécurité, elle l’était et elle voulait la lui offrit. Elle avait dû la chercher si longtemps, elle aussi y avait droit… Elle posa sa main sur l’épaule de Cassandre en comprenant sa détresse.
- Tout va bien, Cassandre… Tu as fait ce qu’il fallait, c’est à mon tour.
Elle s’approcha prudemment d’Ingrid qui semblait sur ses gardes. Elle ressemblait à un chat sauvage. Elle ne connaissait pas cette sensation mais imaginait sans mal cette impression d’être acculé, de ne se sentir en sécurité nulle part. Irène resta tout de même à distance mais se décida à lui parler dans la langue dans laquelle elle serait en confiance.
- Ingrid… Je sais tout ce qu’il y a à savoir.
Elle marqua une pause, lui laissant un peu de temps.
- Cependant, je ne vous mettrais pas dehors. Vous devez être perdre et je comprendre… Nous pouvons trouver une solution. Ensemble…
Elle espérait que cela suffirait. Une bête sauvage blessée pouvait se mettre à griffer et s’il le fallait, elle était aussi prête à se défendre.
» [8 Janvier 1598] Les liens tissés autour d'un ange [Terminé]
» [15 Mars 1598] Une leçon de suffisance
» [1 - 9 janvier 1598] A la source de la foi
» [1 janvier 1598] Un départ fracassant