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[28 janvier 1598 - fin de journée] - S'il faut avoir infiniment confiance [Terminé]

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Message par Coldris de Fromart Ven 3 Sep - 14:11




Léonilde, 61 ans

Quelques heures après que le vicomte se soit rendu dans son bureau afin de travailler, il avait quant à lui pris la direction de ses appartements afin de les remettre en ordre. L’intendant s’était étonné de trouver de la jeune femme toujours sur son lit (et non dedans, ce qui aurait été nettement plus logique). De ce qu’il pouvait déceler, leur discussion n’avait pas dû si bien se dérouler que cela. Il lui proposa de manger et de se vêtir, mais ne reçut en retour qu’une vague question pour savoir si elle le dérangeait et devait se déplacer. Comme il devait refaire le lit, il lui demanda donc de bien vouloir descendre momentanément, ce qu’elle fit. Lorsque le moment de quitter la chambre fut arrivé, il réitéra malgré tout sa question initiale, sans pour autant insister. Il n’était pas question de la brusquer alors qu’elle était invitée ici…




Le jour avait disparu lorsqu’il décida de cesser son travail. La douleur qui irradiait dans son coude jusqu’à l’épaule lui faisait serrer les dents de temps à autre, mais au moins son poignet et ses doigts semblaient-ils intacts puisqu’il put rédiger quelques ordres et autres notes sans trop de soucis. Léonilde lui avait également fait porter son courrier : quelques invitations, des nouvelles d’Italie et… une lettre de son filleul qu’il décacheta sans attendre pour la parcourir avidement du regard. Il allait monter à Braktenn dans les prochains jours. Enfin une excellente nouvelle ! Il ordonna aussitôt à son intendant de débarrasser le petit salon du rez-de-chaussée pour le transformer en chambre dans les jours à venir puisqu’il était exclu de placer la sienne à l’étage. Cela lui permettrait ainsi d’accéder aux pièces principales sans aide extérieure. Restait que la terrasse comprenait des escaliers dont il ne pourrait malheureusement s’affranchir… Sur ce, il retourna se noyer dans son office, balayant cette pénible conversation qui avait eu lieu.

Il ignorait où se trouvait Éléonore et ce qu’elle avait pu faire depuis son départ en fin de matinée. Léonilde lui avait dit l’avoir trouvé sur son lit un peu plus tôt dans l’après-midi, toujours en chemise. Il avait tenté de lui proposer de quoi manger ou autre, mais n’avait reçu aucune réponse réelle. Coldris se dirigea donc en premier temps vers sa propre chambre avec l’espoir de ne pas l’y trouver, signe qu’elle avait peut-être pu faire quelque chose – quoi qu’il se serait sans doute inquiété également –. Lorsqu’il entra, ses yeux coururent le long des murs et des boiseries : personne. Pas un bruit. Il allait faire demi-tour, mais se ravisa, sentant comme une présence qui le força à contourner le haut lit aux tentures pourpres. Elle était là, affalée contre sa table chevet, les yeux clos sans qu’il puisse dire si elle dormait ou non. Il s’installa discrètement sur le lit à côté avant de déclarer :

— Je sais bien que ma chemise vous plait, mais il va falloir la quitter pour venir diner, vous savez.

Alors elle était restée là toute la journée ? L’avait-il à ce point traumatisée ? Il s’en voulait presque. En réalité, le moment choisi n’avait sans doute pas été le meilleur qui soit pour évoquer ce point. Quoique… pouvait-il y avoir de bon moment au fond ? Leur différend n’aurait sans doute connu aucune fin différente, car c’était ainsi que les choses devaient se solder…

Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
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Message par Éléonore de Fromart Ven 3 Sep - 17:48

Éléonore ne s'étonna pas tant d'entendre la porte s'ouvrir. Elle n'y prêta pas davantage d'attention que la première fois, au passage de Léonilde. Elle ne savait pas exactement depuis combien de temps elle était là. Le temps devenait une notion vague dès lors que l'on se perdait dans ses pensées. Parfois, quelques minutes s'étiraient péniblement à l'infini, d'autres fois plusieurs heures filaient sans qu'on ne puisse les saisir. Le temps était d'autant plus difficile à déterminé qu'en plus de ne jamais tendre l'oreille, la jeune femme avait dormi, et gardé les yeux fermés même quand elle était éveillée. Soit : elle pouvait déterminer qu'on était en soirée. Elle se rendit compte qu'elle ignorait complètement l'heure à laquelle ils avaient bien pu se réveiller. Il fallait croire qu'accumuler de la fatigue ne la rendait pas des plus observatrices. Soit. 

En plus de dormir pendant un laps de temps indéterminé, Éléonore avait beaucoup pensé. Assez pour estimer que le temps passé éveillée excédait l'heure, sans doute. Pas assez pour songer à bouger. Moins encore à quitter la pièce. La dernière fois, cela lui avait pris sept mois avant d'avoir réellement la bougeotte. Et là, non seulement il lui avait fallu changer de pièce, mais aussi de ville. Que Coldris ne s'inquiète pas : elle n'encombrerait pas son espace si longtemps. Elle ne savait seulement par où aller d'autre. Le seul endroit qu'elle voyait n'admettait pas vraiment de rediscuter plus tard. 

Elle avait déjà oublié la porte quand une présence proche l'alerta, mais il fallut que Coldris parle pour qu'elle s'arrache tout à fait à ses réflexions. Elle fronça les sourcils, puis ouvrit les yeux. D'abord sur lui - elle se serait bien réjouie qu'il soit de nouveau là, non pas physiquement mais tel qu'elle l'aimait, mais vu à ce quoi cela avait mené la dernière fois… -, puis sur le vêtement prêté qu'elle portait toujours. Elle n'avait pas pensé à en changer, et les paroles de Léonilde à ce sujet n'avaient pas vraiment été assimilées. 

Elle passa quelques fois de la chemise de nuit au visage de son phénix, puis à la direction dans laquelle elle avait laissé ses affaires. L'ennui, c'était qu'elle n'avait rien à se mettre. 

— Hmmm ce n'est pas que porter les vieux vêtements de mon père me dérange, n'est-ce pas… mais je ne voudrais pas que l'idée se répande que vous avez encore passé du temps avec le jeune homme qui est monté dans votre chambre cette nuit.

Elle soupira. 

— Vous savez… quand je suis partie hier soir je… je ne pensais pas rester. Enfin, je ne savais pas. Je n'y avais pas réfléchi. Je voulais seulement vous voir. Seulement vous serrer dans mes bras. Seulement être avec vous. Parce que je ne trouvais pas de solution toute seule… Et je sais que ma réaction vous a déçu, et… je ne comprends pas pourquoi tout le monde comprend de travers tout ce que j'essaie de dire ces derniers temps… Enfin, soit : je n'ai rien pris pour me changer.

L'Éléonore d'avant aurait anticipé cette nécessité. Celle qui avait Ariste. Celle qui savait. Raison. Mais pas elle. Entre la fatigue, l'urgence et la difficulté à ajouter des bagages, cela ne lui était pas venu.

Pour ce qui était de manger, la dernière fois qu'elle avait pu se le permettre c'était la veille au matin. Et encore, à peine de quoi être laissée en paix. Si elle s'était nourrie correctement, Gabriel aurait compris qu'elle avait une solution.
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Message par Coldris de Fromart Sam 4 Sep - 8:11



Ce ne fut que lorsque ses mots rompirent le silence de la chambre qu’Eléonore s’éveilla. Et le moins que l’on puisse dire c’est que sa répartie l’amusa franchement comme en  témoigna son rire joyeux. C’était si absurde lorsqu’on le connaissait que cela aurait été plus crédible de lui faire passer la nuit avec la Sainte Vierge.

— Je trouverai cela plutôt cocasse, pour tout dire. Je serai d’ailleurs fort curieux de voir quelles seraient les déductions de chacun face à cette rumeur. Après tout, ma réputation n’est plus à faire dans ce domaine…

Il lui adressa un petit sourire tandis qu’elle reprenait dans un soupir. Elle n’avait pas besoin de préciser qu’elle avait oublié de prendre de quoi se changer, il l’avait déduit de lui-même et ce n’était pas franchement le plus épineux de leurs problèmes en cet instant. Le vicomte se laissa glisser au pied du lit pour la rejoindre tandis qu’elle éclaircissait la suite. Il l’enlaça, basculant d’une main sa tête contre son épaule.

— Si cela ne tenait qu'à moi, vous avoir sans chemise m’irait tout aussi bien… déclara-t-il inondé de malice et prêt à payer le prix de sa boutade.

— Ne vous tracassez donc pas pour ces menus détails. Vous n’aurez qu’à emprunter une robe de ma fille et nous ferons venir demain une couturière à Fromart. Vous n’aurez qu’à choisir tout ce qu'il vous plaira. Oubliez également ce que je vous ai dit ce matin pour l’heure. Vous prendre au saut du lit pour vous proposer cela n’était sans doute pas la chose la plus judicieuse que j’ai pu faire. Seulement, j’étais heureux de vous revoir… Une main coula le long de sa joue si douce. Et je n’ai cessé de retourner toutes les possibilités dans mon esprit durant ses quatre jours et cinq nuits pour ne pas avoir à soutenir la perspective de vous savoir loin de moi. Cela n’a rien d’une idée spontanée, bien au contraire, elle est mûrement réfléchie.

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Message par Éléonore de Fromart Sam 4 Sep - 12:12

Éléonore laissa son sourire s'étirer jusqu'à ses oreilles. Il riait. Elle adorait l'entendre rire. Oh, mais qu'il ne se montre foc pas si sûr : accumuler les conquêtes n'avait jamais signifié qu'elles seraient exclusivement féminines. Certains auraient bien pu s'expliquer, si le bruit devenait sérieux, que son manque de discrétion de ce côté servait à dissimuler un goût… plus varié. Enfin, elle doutait quand même que cela en arrive à créer un bruit sérieux, et si tel était le cas, elle n'aimerait pas se retrouver à la place du petit malin qui avait manqué une excellente occasion de se taire. 

— Et c'est qu'il en est fier, en plus, dit-elle en levant les yeux au ciel, exactement comme… comme Tante Anne le faisait quand elle découvrait une bêtise ingénieuse, avec ce curieux mélange de d'amusement et de sévérité mal simulée. 

Retrouvant son sérieux, elle entreprit de préciser qu'elle n'avait franchement rien à se mettre, se laissant dériver sur sa culpabilité. Elle… Elle n'avait pas tout gâché pour eux, n'est-ce pas ?  

Il descendit près d'elle, et elle se fit certainement aucune difficulté à se blottir dans ses bras, ramenant son raisonnement à ce qui l'avait initié : elle n'avait aucun vêtement convenable. 

Elle sourit de nouveau à son commentaire. Il. Était. Incorrigible. Et elle pouvait le lui faire remarquer autant qu'elle voudrait, elle l'adorait comme ça. Elle eut un petit rire avant de commenter : 

— Curieusement, je n'ai pas l'impression que cela nous aiderait à manger. Elle l'embrassa dans le cou avant d'ajouter : Notez, vous êtes déjà incapable de me les laisser quand j'en ai...

Là, dans ses bras, elle ne pouvait douter qu'il s'agissait bien d'un détail insignifiant au possible. Ils étaient ensemble, c'était tout ce qui comptait. L'idée d'emprunter une robe à Bérénice lui fit froncer les sourcils. Elle n'avait pas envie de la déranger. Puis, si c'était possible, cette histoire de couturière les lui fit froncer plus encore. Enfin, il était drôle, tout de même, comment voulait-il qu'elle ait emporté de l'argent pour ça ?!

Enfin, faire apparaître de l'argent était sans doute plus aisé que de balayé tout ce qu'elle avait entendu ce matin. Il était drôle : comment espérait-il qu'elle n'y pense pas ? 

Elle s'arrangea pour passer ses bras autour de lui. S'il savait combien elle avait été heureuse de le voir, elle aussi. Elle était désolée. Elle aurait dû… elle ne savait pas bien quoi, mais réagir autrement. Évidemment qu'il y avait mûrement réfléchi avant de le proposer. 

— Moi aussi, j'ai réfléchi, avoua-t-elle. Et tant pis si l'égo prenait un coup. Vous savez, quand même Gabriel affirme que je n'avais plus les idées claires et faisais n'importe quoi… après toutes les folies qu'on a partagées, et Dieu sait qu'elles n'étaient pas des moindres… Il y avait de quoi se remettre en question. Et… Je voulais qu'il ne puisse rien dire. Je voulais pouvoir le regarder dans les yeux et affirmer que j'avais tout fait comme je l'aurais fait avant, je crois. Je voulais prendre les mêmes mesures, je ne sais pas. J'ai seulement oublié que ce n'était pas de tout le monde que je me méfiais. De bien des gens, sans doute, c'est de famille d'après ce qu'on m'a dit. Et vous aviez raison : je n'ai pas répondu comme si j'avais confiance. Toutes les excuses que j'ai pu trouver pour tenter de le contredire n'ont fait que le démontrer… et c'est insensé, parce qu'aussi imprudent que cela puisse sembler, vous l'avez. La confiance, la vraie, ne s'explique pas.

À la différence qu'aujourd'hui, elle savait que même avec toute la confiance et tout l'amour du monde, le risque existait concrètement. Il y en avait une deuxième, à bien y penser : cette fois, elle n'était qu'en sursis, elle s'en moquait éperdument. Elle n'avait plus rien à perdre.

Elle se rendit compte qu'elle venait de faire exactement le contraire de ce qu'il avait demandé - à savoir oublier le sujet. Tant pis. L'obéissance n'avait jamais été son fort, autant qu'il le sache tout de suite.

— S'il faut avoir infiniment confiance pour que cela fonctionne… Je pourrais vous suivre les yeux fermés si vous êtes sûr de ce que vous faites. Dites-moi que c'est la bonne solution et j'y croirai. De toute façon, je n'ai pas de meilleure idée et je veux qu'on reste ensemble. J'aurai tout le temps de regretter plus tard, et ils pourront répéter à loisir qu'ils me l'avaient dit si on finit par se détester.

Elle ne serait probablement plus là pour l'entendre, de toute façon...
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Message par Coldris de Fromart Sam 4 Sep - 22:29



Au son de son rire, son sourire s’étira et c’était tout ce qui comptait. L’une de ses facettes qu'il aimait tant, il fallait bien l’avouer ! Et pour un peu qu’il en était fier ! Pourquoi ne l’aurait-il pas été ? Une réputation pareille cela se soignait après tout, au moins autant que celle politique qu’il s’était bâtie bien loin de ses frivolités nocturnes. À la voir rouler des yeux, il ne pouvait que s’enorgueillir un peu plus en roulant des épaules pour le jeu. Elle redevint cependant bien vite sérieuse pour lui rappeler qu’elle n’avait rien à se mettre ainsi que diverses choses. Qu’à cela ne tienne ! Qu’elle ne mette rien dans ce cas ! Cela lui allait parfaitement après tout. Et à voir son sourire en coin, elle n’était pas complètement contre… Si ce n’était pas là la seule femme qu’il pouvait demander en mariage… Il pencha sa tête contre son oreille et souffla langoureusement :

— Ma foi… Cela dépend de ce que vous comptez manger au diner…

Ah ! Ca ! Il ne fallait pas lui ouvrir de telles portes et espérer qu’il ne vienne les refermer sans les pénétrer auparavant. Plus sérieusement, elle pouvait emprunter une robe de Bérénice pour satisfaire son estomac. Ce qui lui fit arquer un sourcil. Oui, bon… C’était ça ou une robe de domestique, à choisir il valait mieux celle de sa fille ou bien… rester nue dans son lit jusqu’à l’arrivée de la couturière… Comment ça cela ne lui convenait pas plus ? Elle pourrait choisir ce qu’elle voudrait de la sorte…

Ce qui était certain en revanche, c’était qu’elle n’avait pas oublié leur discussion de ce matin et souhaita en reparler. Bien. Ce n’était pas nécessaire, mais si c’était ce qu’elle désirait alors il serait tout ouïe, qu’importe ce qui franchirait ses lèvres, il était désormais prêt à le réceptionner. Son espièglerie s’envola et le masque de sérieux refit surface. Il ne comprenait pas tout. Comme s’il lui manquait certaines pièces du puzzle. Parfois il ne saisissait pas le rapport entre leur conversation et ses propos, pas plus qu’il ne pouvait déterminer si le pronom se référait à Gabriel ou à lui. Sans doute… S’excusait-elle. C’était ce qu’il en déduisit de ses paroles sur la méfiance et la confiance. Il récupéra ses mains pour les baisers silencieusement alors que son cœur venait tout juste de bondir.

Si elle pouvait le suivre les yeux fermés alors qu’elle refusait qu’il contrôle sa vie autant que lui détestait qu’on le fasse avec la sienne. Si elle pouvait lui accorder cette confiance qu’il n’aurait accordée qu’à Virgil, alors… Alors elle l’aurait la sienne, pleine et entière. Constat qui fit germer une nouvelle idée dans son esprit fertile. Idée qu’il conservait pour la fin de leur conversation. Puisque de toute évidence, il lui devait encore quelques éclaircissements sans doute toujours aussi maladroits d’honnêteté. Il pivota légèrement pour lui faire face et plonger son regard des plus sincères dans le sien.

— Je suis sûr de ce que je fais. Mais dites-moi ce qu’est une « bonne solution » pour vous alors je vous répondrai sans détour.

Face à son air songeur, il reprit afin de lui laisser le temps de la réflexion.

— J’ai résolu ce dilemme il y a bien des années. Une « bonne » solution. C’est complexe n’est-ce pas ? J’ignore ce que cela représente pour vous, mais pour moi, il s’agit d’une solution, d’une idée ou d’un projet qui ne me laissera aucun regret. Qu’importe qu’il réussisse ou qu’il échoue. Cela n’entre pas en ligne de compte. J’écoute ce que mon âme, mon instinct –appelez cela comme vous voudrez – me dicte. Il penche toujours plus pour l’une ou l’autre des options et je sais que c’est celle qui ne me donnera jamais aucun regret… Alors vous voyez, quand bien même nous finirions par nous détester, je ne le regretterai jamais, car cela n’effacera jamais tout le reste. Si je vous le propose c’est que je juge que c’est ma « bonne solution » à vous de voir s’il en est de même pour vous.

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Message par Éléonore de Fromart Dim 5 Sep - 12:26

Son implacable séducteur était fier de ses frasques, et tout en mimant l'exaspération par principe, Éléonore ne pouvait pas le lui reprocher sérieusement. L'idée ne lui en serait pas venue. Tant pis s'il n'était pas parangon de vertu ou de sagesse. Ce n'était pas ce qu'elle cherchait. Du moins, pas cette forme tout à fait ennuyeuse et réductrice. 

Elle déposa un second baiser dans son cou à sa remarque, laissant glisser sa main contre lui. Eh bien… s'il commençait ainsi… 

Il lui avait manqué. À bien des égards, et ce n'était pas parce qu'elle était sincèrement heureuse de l'avoir simplement auprès d'elle qu'elle n'en profiterait pas moins chastement aussi. Et d'ailleurs, cela l'aurait drôlement inquiétée que Coldris ait cette intention. Mais avant que cela ne puisse trop se préciser, son estomac lui fit sentir qu'il préférait ne pas être trop oublié.

— À vrai dire n'ai rien mangé depuis hier matin. Ce n'est pas un record, j'en conviens, mais j'aime autant régler la question du repas, avoua-t-elle, presque étonnée d'avoir vraiment faim. C'était bon signe, en réalité. De toute façon, je suppose que vous ne me laisserez pas repartir ce soir... ajouta-t-elle avec un sourire qui trahissait la grande déception qu'elle aurait ressenti d'être renvoyée dans l'autre chambre pour la nuit - puisque de toute façon ce ne serait pas beaucoup plus loin vu la situation.   

Ce qui n'arrangeait pas tout à fait le problème des vêtements… auquel Coldris proposa justement une solution. C'était qu'elle ne tenait pas à déranger tout le monde… et qu'elle n'avait pas emporté d'argent en fuguant. Les vêtements, ce n'était pas vraiment gratuit. Enfin, elle laissa de côté la logistique pour rebondir sur la suite, qui relançait la question malgré elle. Il n'avait pas tant l'air de suivre, alors elle essaya de se concentrer sur une seule question : la confiance. 

Elle le laissa prendre ses mains, mais ne comprit pas tout à fait la réaction qu'il eut alors. Elle était sérieuse, pourtant. Très sérieuse. Et s'il voulait tout savoir, il n'y avait qu'une personne qui aurait pu espérer autant, bien qu'il faille souvent accorder sa confiance dans une certaine mesure. 

Il pivota, et elle se surprit à sourire en retrouvant son regard. Elle était contente d'être avec lui. C'était sans doute idiot, surtout quand on en venait aux sujets compliqués, mais elle était contente. 

Aux sujets compliqués… et aux questions existentielles. Une bonne solution ? Eh bien, tout dépendait du problème, des enjeux, des gens que cela concernait… Elle n'avait pas de critères prédéfinis. Une solution en laquelle on pouvait croire, peut-être ? Adaptée ? Efficace ? Potentiellement durable ? Sans péril gratuit - ceux-là étaient sans saveur - ni dommages collatéraux - dans la mesure du possible ? Celle qui ne blessait personne parmi ceux a qui elle tenait - personne tout court c'était encore l'idéal - ou dans la moindre mesure envisageable ? Éléonore n'en avait fichtrement aucune idée. Elle n'avait pas de critères fixes. Cela dépendait de trop de choses. Puis, il s'agissait de foi, aussi. Et de l'étendue des possibilités. À vrai dire, elle n'était même pas certaine de comprendre la question. 

Complexe, oui, c'était le moins que l'on puisse dire et elle persistait à croire qu'une définition générale n'existait pas. C'était trop… intangible, paradoxalement. Mais s'il avait la sienne… Pas de regrets ? Oui, enfin, c'était plutôt après coup que cela faisait ressentir qu'elle avait été bonne ou non. Et Éléonore avait du mal à comprendre qu'un échec puisse ne pas créer de regret. Enfin, si on n'en trouvait pas hanté, tant mieux, mais s'il y avait échec, c'était bien qu'il y avait eu erreur quelque part, même si cette erreur se révélait être un oubli, c'était rageant. Surtout lorsque les conséquences étaient grandes. Peut-être n'avaient-ils pas tout à fait la même notion de regret.

Enfin, elle lui accordait tout de même un point : quoi qu'il arrive, elle garderait chaque instant de bonheur auprès de lui. Chaque instant plu leger que les autres. Et d'ailleurs, elle ne voyait pas comment elle pourrait réussir à le détester. Et si cela advenait, elle ne pourrait pas lui en vouloir pour ça. 

Alors, qu'y avait-il à prendre en compte, cette fois ? La grande alternative s'imposerait bien assez tôt, elle n'avait pas grand chose à perdre. Elle n'en revenait pas de le faire intervenir dans son choix après tout ce qu'elle avait fait mais : hormis une séparation qu'elle n'aurait jamais supporté, c'était ce dont son oncle se remettrait le mieux. Coldris semblait réellement le vouloir - et manifestement, était certain qu'il ne le regretterait pas, puisque c'était ce qu'il comptait pour lui - et le seul dont l'avis aurait pu rivaliser se serait défilé en lui rappelant que la décision finale n'était pas de son ressort… mais qu'il s'était rattrapé.  

— À défaut de la trouver idéale, je dois reconnaître qu'elle est plus sûre pour nous...

Pour le reste, c'était sans doute le moment de s'en remettre à la confiance qu'elle lui avait assurée. Il savait déjà comment la blesser, et même comment la réduire en miettes. Il savait ce qu'elle lui cédait et ce que cela représentait. 

— Il y a seulement certaines choses - deux en particulier - qu'il faut que vous sachiez.

Dont une qu'elle avait déjà plusieurs fois eu l'intention de lui dire sans en trouver l'occasion.
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Message par Coldris de Fromart Dim 5 Sep - 22:22



C’était que non seulement elle ne le contredisait pas, mais qu’en plus elle l’invitait même à entamer le diner immédiatement. Il ne fallait guère plus pour l’émoustiller et faire dresser ses poils sur son échine d’un plaisir anticipé. D’ailleurs, il avait déjà glissé sa main dans sa nuque pour l’attirer contre ses lèvres et c’était ce qu’il aurait fait si elles ne s’étaient mises à se mouvoir de nouveau pour l’informer de cette panse qui criait famine.  Il déposa tout de même ses lèvres dans un tendre baiser, bien plus chaste que celui qu’il s’apprêtait à donner avant de lui sourire.

— Vous avez entièrement raison. À vrai dire moi non plus, les évènements se sont si bien enchainés qu’il se trouve que j’en ai oublié de manger. Sans parler du fait que j’aurais sans doute continué quelques heures supplémentaires si je n’étais pas de ceux qui s’astreignent à une certaine routine.

C’était qu’entre l’opium qui avait la fâcheuse habitude de lui couper l’appétit et son travail acharné, il aurait régulièrement manqué de s’alimenter convenable sans cela. Sans cela et sans son cher Léonilde qui ne manquait jamais de le rappeler à l’ordre dès lors qu’il s’éloignait un peu trop de son chemin. Pour ce qui était de sa crainte de la renvoyer, elle n’avait pas à s’en faire : il ne comptait pas s’en séparer alors qu’il venait à peine de la retrouver et qu’il leur restait tant de choses encore à partager. Cependant, cela ne l’empêcha pas de se montrer des plus taquins à son égard.

— Je ne sais pas... entama-t-il innocemment, il semblerait que je ne puisse vous donner aucun ordre, aussi vous ne me laissez pas grandement le choix...

Et autant dire qu’elle était le seul despotisme auquel il acceptait de se plier de bon gré dans les limites du raisonnable bien entendu. Il maintenait tout de même son sourire trahissant l’absence même d’une quelconque rancune ou hostilité dans ses propos. La suite fut nettement plus sérieuse et il se recomposa un visage adéquat, bien loin de l’espièglerie qui l’avait habité jusque là. Il ne comprit pas totalement ce qu’elle partageait, mais la conclusion qu’il en tirait était suffisamment positive et plaisante pour qu’il n’embrasse ses mains amoureusement. Elle lui posa alors cette question qu’il dévia en débat philosophique pourtant indispensable. Ce n’était que sa vision des choses et ce qu’elle devait en déduire de son côté, était qu’il ne pouvait en aucun la lui imposait d’une quelconque façon. Il n’était pas question de le suivre et d’accepter, car c’était pour lui « la » solution. Elle devait décider d’elle-même si oui ou non sa proposition entrait dans cette catégorie selon elle. La dernière chose qu’il voulait était bien de lui imposer des regrets quels qu’ils soient. Et il savait suffisamment ce que cela pouvait produire pour ne pas l’inciter à accepter à la légère.

— Comme je vous l’ai dit ce matin, je n’attends pas de réponse de votre part dans l’immédiat. Prenez le temps d’y songer, et lorsque vous serez sûre, dans un sens comme dans l’autre, alors seulement vous me donnerez votre réponse. Entendu ?

Ce n’était qu’un moindre mal, elle avait entièrement raison. À vrai dire, la vie se soldait souvent ainsi, à coup de moindre mal à défaut d’idéalisme. C’était simplement une façon de voir les choses. Coldris se leva afin d’appeler Léonilde dans l’antichambre. Il avait besoin d’une robe pour sa belle étoile et… d’autre chose. Il chuchota ses ordres puis laissa repartir l’Intendant lorsqu’Éléonore reprit la parole. Des choses à savoir ? Il fronça les sourcils, revenant s’asseoir au pied du lit pour entendre ce qu’elle avait à confesser. Bah. Ça ne pouvait pas être pire que ses propres secrets, non ?

— Je vous écoute.

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Message par Éléonore de Fromart Mar 7 Sep - 20:39

Ce fut à contrecœur qu'Éléonore choisit d'écouter d'abord son estomac. Tant pis si ce baiser avait un goût de trop peu, ils avaient tout le temps d'y revenir. La jeune femme s'abstint bien de gronder son amant pour ses repas éludés. Elle ne pouvait que comprendre. Enfin, homme de routine ou non, Coldris de Fromart était bien loin d'être ennuyeux. Sans doute parfois exaspérant… mais joueur, et Éléonore en rajouta d'un ton faussement vexé.

— Si vous ne tenez pas à ce que je reste, rien ne vous oblige à me supporter, vous savez. Et si vous voulez que je reste, il n'y a rien en moi pour s'y opposer.

C'était qu'elle aurait pu rester blottie dans ses bras une vie entière. Mais parce qu'elle l'aimait et parce qu'elle le voulait bien. Et puis… Même pour ce qui l'arrangeait moins - typiquement : ne pas sortir seule -, tant qu'on ne l'y contraignait pas, elle pouvait toujours faire un effort. Elle pouvait faire tous les efforts du monde s'ils étaient nécessaires. Et toutes les concessions. 

Le fait était que même si elle arrêtait une approbation pour cette idée de mariage, ce ne serait jamais que par défaut. Ellenles imaginait mieux en amants perpétuels, elle aurait préféré que la situation reste telle qu'elle l'avait été. Qu'ils inventent mille stratagèmes pour se retrouver, pour jouer avec le feu, pour rester folie. Ensemble. Pour jouer les équilibristes, se défier du vide, le narguer. Pour continuer à être simplement eux, pour n'avoir aucune entrave et continuer à se donner tout ce qu'ils ne se devaient pas et plus encore. 

Éléonore y songeait tandis que Coldris allait donner ses instructions. Oui, cette vie-là eût été parfaite. Les rares fois où elle s'était Imaginée amoureuse, c'était à quelque chose de semblable qu'elle avait rêvé. Peut-être Coldris était-il simplement trop vieux pour ce genre de folies - voilà bien une chose qu'elle n'aurait jamais cru penser un jour -, sans doute son vécu y était-il pour beaucoup dans cette soudaine prudence. Elle en savait assez pour comprendre qu'il se méfie. Comprendre qu'il ait besoin de sécurité… Peut-être ne s'inquiétait-elle pas assez. Il était sans doute égoïste de douter encore. Si elle avait été comme il fallait, c'eût été plus facile…

Quand Coldris fut de nouveau à ses côtés, ses pensées étaient revenues vers cette altercation dont elle n'avait jamais trouvé l'occasion de lui parler, ainsi que d'autres informations qu'elle devait lui donner. Elle retint un moment sa respiration après l'avoir annoncé, résolue à commencer par ce qu'elle estimait être le plus difficile. Il allait peut-être falloir qu'elle revoie ses projets pour ce soir, finalement - pour plus longtemps ? - mais elle ne pouvait plus vraiment se permettre de faire demi-tour. Elle mordilla sa joue, oscilla légèrement pour se concentrer sur le poids de son pendentif. Cela ne le concernait sans doute pas si directement que cela, mais assez pour qu'elle préfère m'en informer elle-même. Assez pour qu'elle ne veuille pas qu'il pense qu'elle l'avait volontairement caché.

— Le vingt-six décembre… Alduis n'est pas rentré, commença-t-elle, bien plus pour le contexte que pour le fait lui-même qui lui semblait anecdotique. Et il se trouve que s'il n'est pas rentré, c'est que… c'est à dire qu'il était… complètement… blessé. Éléonore déglutit. Plus de la difficulté de l'avouer, c'était la culpabilité qui revenait. Elle avait été horrible. Alduis ne méritait pas ça. Si Lavinia ne l'avait pas retrouvé… Il… Il aurait pu… Je ne sais pas. Et… iIl se trouve ue c'était… de ma faute. Je… Il est venu chez moi, pour me parler de… J'étais… Je lui ai dit des choses affreuses. Il aurait pu… Mais j'étais...

Ce n'était pas une excuse, elle le savait bien. Le fait que tout ne lui ait pas été destiné non plus. Une larme roula sur sa joue. Puis une autre. 

— Je ne voulais pas lui faire de mal...
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Message par Coldris de Fromart Mar 7 Sep - 22:24



Il s’était laissé tenter par une petite taquinerie en bonne et due forme lorsqu’elle s’enquit de savoir si elle resterait ce soir. Se souvenant de cet estomac qui patientait sagement, il retint de justesse ses lèvres au-dessus de son cou à cette remarque qui ma foi lui allait parfaitement.

— Il semblerait en ce cas que nous puissions trouver un terrain d’attente

Et pour ce qui était de cette maudite proposition, elle avait amplement le temps d’y songer avant de l’accepter ou de la refuser. Il savait très bien ce qu’elle en pensait et… pour tout dire, c’était dans ce genre de moment qu’il regrettait presque de lui avoir soumis cette idée si sage. Il aurait adoré jouer à la poursuivre, voler quelques minutes au destin implacable… mais en vérité, il tenait trop à elle pour la mettre en jeu et risquer de la perdre. De tout perdre. Si elle cédait de son plein gré, alors il n’y aurait plus d’obstacles entre eux. Pourtant, cela ne les empêcherait jamais de trouver ce grain de folie ailleurs. Il en était certain. Il voulait le croire. S’en persuader…

Une fois Léonilde chargé de sa mission, il retourna s’asseoir à ses côtés afin d’entendre ce qu’elle devait lui dire. C’était visiblement assez délicat pour qu’elle hésite avant de se lancer. Il tenta de l’encourager du regard puis attrapa ses paroles au vol. Le vingt-six décembre ? Oui, il n’était pas rentré. Ce qu’il avait trouvé étrange et lui avait laissé un étrange pressentiment qu’il avait bien vite chassé  pour se concentrer sur ses affaires brulantes ne pouvant rien faire en l’état. Il soupira péniblement. Blessé ? Un de ses sourcils s’abaissa, interloqué, cherchant à établir le type de blessure dont il pouvait s’agir. Ses prunelles s’agitèrent tandis qu’il fouillait ses souvenirs brumeux dans l’idée de dénicher de quelconques indices. Il n’avait rien vu qui pouvait laisser suggérer de quelconques lésions, alors… Il nota sa gorge qui se serra dans une ondulation caractéristique de cette vague bileuse de culpabilité. Ah Lavinia… Encore elle. Elle était décidément dans toutes les conversations ces derniers temps. Pourtant ce n’était pas ce qui retint son attention. Cette suite de paroles hachées qui ne disait rien, mais suffisait à attiser son imagination au point de revoir voler les fantomatiques rideaux du salon abandonné dans la lueur bleutée de la nuit. Il frissonna. Il aurait pu… Il aurait pu… Il agita la tête, regard perdu vers le passé.

Mourir.
Se tuer.

C’était bien ce qu’elle essayait de dire, non ? Sa tête bascula contre ses genoux qu’il tenait encerclés entre ses bras. Encore. Encore. Encore. Combien de fois ? Combien de fois avant qu’il n’y parvienne finalement ? Que pouvait-il y faire ? Rien. Il n’en avait pas le pouvoir. Il n’avait pas cette prétention. Il pouvait juste… espérer. Il entrevoyait bien trop clairement les contours des ténèbres qui l’habitaient pour les avoir touchés du doigt. Que pouvait-il y faire ? Rien. Parce qu’il n’avait jamais eu ce pouvoir contrairement à d’autres. C’était bien trop complexe. La preuve. Le dix-neuf. Le vingt-six. Et après ? Combien après ? Elle pouvait bien lui avoir dit des choses affreuses et il devinait sans mal le sujet de cette conversation, en vérité, cela n’aurait jamais dû avoir ce genre d’effet sur lui… Soudain et sans préavis, les pièces s’emboitèrent dans son esprit pour former une fresque complète. Il releva la tête. Ils avaient parlé d’Ariste. Alduis lui avait fait part de quelque chose de suffisamment fort pour qu’elle réagisse violemment et… il la connaissait désormais assez pour savoir que ce n’était pas une broutille. Qu’avait pu dire son fils excepté quelque chose en rapport avec sa mort ? Il y avait bien d’autres hypothèses, cependant Coldris les élimina d’office puisqu’aucune ne correspondait réellement à son sens de l’honneur. Ses paupières se fermèrent brièvement avant de se rouvrir sur les petites perles de cristal qui roulaient le long de ses joues. Il les essuya de ses pouces avec délicatesse.

— Je n’en doute pas, je vous assure. Vous n’êtes pas ce genre de personne et, je ne vous en veux pas non plus. Vous étiez en colère et Alduis est trop… sensible. Pour ne pas dire instable. C’était à propos de la mort d’Ariste, n’est-ce pas ? Il n’y a que cela qui aurait pu venir dans la discussion et vous mettre dans un tel état… Vous n’êtes pas responsable de son délabrement… Et… on ne peut pas toujours tout contrôler…

Il libéra ses genoux pour atteindre ses épaules qui semblaient en avoir bien plus besoin que lui.

— Tout ce qui compte c’est qu’il aille bien. Ce n’était qu’un accident.


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Message par Éléonore de Fromart Mer 8 Sep - 13:48

Comme ils semblaient s'accorder sur le programme de la soirée - certainement davantage que sur le long terme, qui laissait encore Éléonore assez sceptique - vint le temps d'un aveu qui n'avait que trop tardé.

Grâce à la clarté précise et structurée de l'explication, Coldris sembla comprendre de quoi il retournait. Éléonore serra se tendit, redoutant qu'il ne se fâche. Elle se serait bien gardée de le lui reprocher. C'était de sa faute. Elle, elle n'aurait pas toléré qu'on s'en prenne ainsi à un proche. 

Mais point de colère à l'horizon. Juste un égarement dans lequel elle n'osa pas intervenir, et une sorte d'inquiétude, de… elle ne savait pas trop quels mots mettre sur ce qu'il dégageait alors, mais cela passait dans l'air d'une manière drôlement désagréable. Le reste était brouillé par l'impuissance et la culpabilité d'Éléonore, dont les larmes coulaient toujours en silence, le plus discrètement possible. Tout était de sa faute. Ce n'était pas le moment d'en rajouter.

Pourtant, quand il chassa ses larmes, Coldris ne semblait toujours pas fâché, et il voulut la rassurer. Quelque part, le fait qu'il ne se mette pas en colère contre elle avait cet effet. C'était drôlement égoïste à penser, mais c'était plus facile à porter s'il ne le lui reprochait pas. 

Pourtant, elle sentit son cœur éclater l'instznt d'après. Mort d'Ariste. Serait-il toujours aussi insupportable d'entendre ces deux mots associés. 

— Ariste, glapit-elle dans un sanglot.

Ariste qui était là depuis toujours. Ariste qui lui manquait plus que tout. Plus que ses parents, plus que Louis, plus que Tante Anne. Oui, il n'y avait sans doute que cela pour la bouleverser à ce point. Pour la rendre aussi odieuse. Son intouchable. Son tout. Son frère. La plus grande partie d'elle-même à jamais. Et une part de ce qui restait demeurant convaincue qu'elle ne pourrait plus jamais rien être maintenant qu'il n'était plus là

Elle ne faisait rien de bien. Cet incident avec Alduis n'en était-il pas la preuve ? Même Ariste lui en aurait voulu si cela avait mal fini, elle le savait. Oh, bien sûr, il aurait fini par lui pardonner. Il lui aurait tout pardonné, ils n'auraient jamais tenu fâchés. Il aurait fini par la rassurer, lui aussi, sachant qu'elle se serait détestée bien davantage que lui n'en aurait jamais été capable. Bien sûr, elle savait qu'elle n'était pas responsable de tous les malheurs d'Alduis mais… non seulement elle ne lui servait à rien, mais il fallait qu'en plus, elle aggrave la situation.

Elle se blottit dans les bras de Coldris dès que celui-ci entreprit de l'en entourer. Elle acquiesça. Oui, tout ce qui comptait, c'était qu'Alduis aille bien. Et pas seulement parce que c'était le souhait des deux hommes qu'elle aimait le plus au monde et au-delà. C'était son ami à elle aussi. 

— Je ne voulais pas lui faire de mal... répéta-t-elle d'une petite voix. Il s'en voulait déjà et je n'ai fait que l'enfoncer alors que je savais très bien qu'Ariste n'aurait pas voulu ça...

Elle finit par sécher ses dernières larmes. Pour cette fois.

— Il… il y a autre chose… que vous devriez savoir : j'ai dû tout raconter à Gabriel. Y compris… nos sentiments réciproques. Si cela peut vous rassurer, il n'en croit rien et serait la dernière personne à songer à vous atteindre ainsi - après mon oncle - mais… l'ennui, c'est qu'il s'est persuadé que je ne savais plus ce que je faisais… Certes, je n'ai pas fait que des choses sensées ces derniers temps mais… cela n'a rien à voir. Vous me croyez, n'est-ce pas ? Gabriel… Il ne veut pas comprendre. C'est pour cela que nous… nous sommes disputés. Et que… eh bien, que je suis arrivée sans prévenir.
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Message par Coldris de Fromart Mer 8 Sep - 21:57



Il avait vu juste n’est-ce pas ? C’était bien cela qui s’était passé ? A la prononciation de son prénom un sanglot étranglé la secoua. Il enroula aussitôt ses bras autour de ses épaules pour la réconforter comme il le pouvait. Il n’y avait rien à dire c’était inutile. C’était ce genre de moment où il était capable de prédire les réactions et d’en arriver à la conclusion qu’aucune parole n’aurait une quelconque utilité, alors mieux valait garder le silence et caresser tendrement son dos.

— Tout va bien, je vous assure. Je vous l’ai dit, vous ne m’écoutez pas ma petite luciole tenta-t-il de plaisanter comme il le faisait d’ordinaire, il faut accepter de ne pas toujours tout contrôler, y compris soi-même. Et si c’est moi qui vous le dit, vous pouvez me croire, car je ne déteste rien de plus que de sentir la situation m’échapper. Il embrassa son front dans un discret sourire. Je vous remercie d’avoir trouvé le courage de me le dire.

Il lui laissa d’assécher ses dernières larmes puis de passer à la seconde chose qu’elle devait lui dire. Bien. Que serait-ce donc désormais ? C’était sans doute moins important à ses yeux. Elle n’aurait jamais présenté les choses dans le sens inverse, il en avait l’intime conviction. Gabriel. Elle avait tout raconté. Il acquiesça. Il avait bien compris que ce n’était qu’une question de temps au fond. Il n’aurait pas pu l’empêcher, uniquement la prévenir. Il se fichait pas mal de ce qu’il pouvait bien imaginer sur son compte (pour tout dire il en avait une idée plutôt claire). D’ailleurs comme prévu, il n’en croyait rien. Lui aussi l’avait prévenu. Un partout, balle au centre. Il se garda bien de le lui rappeler cependant. Coldris fronça néanmoins quelque peu ses sourcils réalisant à quel point leur situation était désormais précaire sans ce mariage qu’elle ne voulait pas. Elle s’était disputée avec lui et avait fui. Il prit une profonde inspiration. Quant à croire à sa sincérité, la simple idée qu’elle puisse soudainement réaliser que tout ceci était absurde le terrifiait, alors il préférait simplement oublier cette possibilité angoissante.

— Je vous crois. Éléonore, il faut que je sache… Vous a-t-il menacé de quoi que ce soit avant de partir ? D’autre part, vous devez vous préparer à voir le comte venir frapper à la porte dès lors qu’il aura eu les nouvelles en provenance de la capitale. Il sera la seule personne que je recevrais au sujet de cette affaire. Pour le reste, vous n’avez rien à craindre ici. Restez aussi longtemps qu’il vous plaira. Vous comprenez néanmoins pourquoi je vous demande de sortir accompagnée ?

Sur ce, Léonilde entra discrètement, les bras chargés d’une chemise de coton brodé, d’un vertugadin, d’une cotte, d’une robe de velours prune et d’une sur-robe brodée d’or qu’il déposa silencieusement sur l’un des fauteuils. Coldris croisa son regard et à son hochement de tête sut instantanément qu’il disposait de ce qu’il avait demandé.

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Message par Éléonore de Fromart Jeu 9 Sep - 11:53

Bien sûr qu'Éléonore écoutait. C'était juste beaucoup plus facile à dire qu'à faire, et contrôle ou non, elle avait été horrible. Vraiment horrible. Pas seulement de mauvaise humeur comme quand eux s'étaient disputés. Enfin… C'était sans doute très égoïste, mais elle ne pouvait s'empêcher de se dire que le plus important pour cette fois - puisqu'elle avait déjà réglé l'affaire avec Alduis - c'était que Coldris ne soit pas trop fâché contre elle. Elle aurait compris qu'il le soit, pourtant. 

Comme il embrassait son front, elle sourit derrière ses yeux mouillés, puis resta un moment blottie contre lui. Elle s'y sentait mieux. Elle s'y sentait même bien. Elle aurait sans doute pu y rester beaucoup plus longtemps, mais comme le pire était passé, autant évacuer le reste tout de suite. 

Puisqu'il fronçait les sourcils, Éléonore craignit un instant qu'il ne la croie pas, lui non plus. Il affirma pourtant le contraire, et elle comprit que c'était le reste qui devait le laisser sceptique. 

Ce fut à son tour de froncer les sourcils. Gabriel ? La… menacer ? De quelque chose de menaçant ? Contre elle ? Non, bien sûr que non, c'était d'une absurdité sans nom. Le comte. Venir. Non… elle ne voulait pas. C'était bien utopique, mais elle eût préféré qu'il ne sache jamais. Elle ne voulait pas le voir aussi déçu. Mais s'il se déplaçait… S'il se déplaçait, sachant combien il détestait quitter Tianidre, c'était que la chose était grave. Vraiment grave. Elle n'aurait pas dû filer ainsi. 

Elle n'avait rien à craindre ici… Oui, enfin, elle n'avait rien à craindre ailleurs non plus. Et elle avait toujours compris pourquoi. Là n'était pas le problème… Le seul ennui était que n'avoir pas le droit de le faire était pénible. 

Éléonore acquiesça vaguement contre son épaule. Elle ferait un effort si ça pouvait lui ôter un poids. Elle se tourna promptement la tête en entendant une porte s'ouvrir. Ce n'était que Léonilde et la robe. 

— Elle n'est pas bleue, remarqua-t-elle avec un grand sourire reconnaissant avant de laisser retomber sa tête sur l'épaule de Coldris dans un soupir de soulagement.   

Elle soupira encore, plutôt lassement, cette fois, avant de reprendre la conversation où elle l'avait laissée. 

— Si Oncle Eineld faisait le voyage, cela voudrait dire que je lui aurai vraiment causé du souci… déplora-t-elle. Il doit avoir honte de moi… Et ce sera pire si Gabriel lui raconte tout ce qu'il sait. Pas sur nous… je veux dire, tout ce qu'il sait depuis toujours. Il m'en veut, maintenant. J'aurais dû lui dire avant qu'il ne comprenne seul, cela lui aurait donné moins de raisons de se méfier.qaaaaaq Mais hormis celle de ne plus me couvrir si je vous revoyais, aucune menace. Il… il n'agirait jamais sciemment contre moi, Coldris, c'est absurde. Il s'inquiète pour rien, voilà tout. En parlant, elle avait instinctivement porté la main contre sa joue. Et à ce que je vois il n'est pas le seul.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 9 Sep - 22:46



Sa question sur Gabriel semblait lui paraitre absurde, pourtant… elle ne l’était pas. Ce n’était peut-être pas une menace affirmée, mais quelque chose de bien plus insidieux. Il n’y avait qu’elle pour le savoir, lui n’avait pas été présent au moment de leur conversation. Il inclina donc légèrement la tête pour lui indiquer que sa remarque n’était pas si farfelue que cela.  Au moment où elle acquiesçait au sujet des gardes, Léonilde entra avec une robe. Pas bleu ? Il se tourna vers elle d’un regard interrogateur. Elle était prune, bien sûr qu’elle n’était pas bleue. Etait-si important ? Si grave ? À en juger son sourire, c’était plus un soulagement qu’une déception. Il pinça pensivement ses lèvres : effectivement, il n’avait pas souvenir de l’avoir vu porter du bleu, dommage, c’était une couleur qu’il appréciait et il aurait bien aimé la voir vêtue d’un beau bleu profond. À peine déposée sur le fauteuil, Léonilde rebroussa chemin tandis qu’elle lui répondait.

Ses yeux se perdirent dans le vague. Le comte ferait certainement le voyage lorsqu’il saurait qu’elle se trouvait chez le grand ministre débauché et Gabriel ne manquerait pas de lui racontait au moins tout ce qu’il savait de leur relation. Quant au reste, il ne le connaissait pas suffisamment pour estimer la probabilité d’une telle fuite. Lui dire avant n’aurait rien strictement rien changé.  Coldris était Coldris et son seul nom suffisait à rendre méfiante n’importe quelle personne un brin sensée. Ne plus la couvrir ? Eh bien cela voulait tout dire. Un courrier devait déjà être parti pour Tianidre à leur qu’il était. Il n’y avait plus qu’à se préparer à le recevoir en ce cas.

— Je ne m’inquiète pas pour rien… Ils feront tout pour vous éloigner de moi, c’est ainsi.

Et s’il fallait pour cela l’enfermer dans une tour de Tianidre, loin de la capitale le temps qu’elle accepte de retrouver ses esprits qu’elle avait visiblement perdus alors, sans doute le ferait-on. Il avait désormais fait tout ce qu’il pouvait, le reste ne lui appartenait plus. Il se leva non sans maudire ses membres raidis par l’engourdissement puis lui tendit une main pour l’aider à se remettre sur ses pieds.

— Venez, allons vous mettre quelque chose d’un peu plus élégant que cette chemise qui me donne uniquement envie de la retirer… souffla-t-il en l’aidant à la passer par-dessus sa tête.

La tentation était forte de profiter de ce moment qui s’offrait à eux, toutefois, il s’en tint au programme initial, non sans la dévorer du regard. Ce fut ensuite autour du corset qu’il serra juste assez puis le vertugadin, la cotte, le jupon puis la robe. Une fois habillée, ses mains glissèrent amoureusement le long de ses bras jusqu’à rejoindre ses doigts.

— Je pense que nous allons afin pouvoir satisfaire votre appétit. L’un de vos appétits pour être exact, ma petite luciole, fit-il avec malice avant de l’entrainer dans l’une des pièces attenantes où il avait l’habitude de déjeuner lorsqu’il voulait être seul ou encore se dépêcher de s’acquitter de cette tâche afin de retourner travailler au plus vite.

En réalité, il prenait rarement ses repas hors de cette pièce, ne se déplaçant que pour certaines occasions – comme le repas dominical – dans la salle à manger. Il tira sa chaise puis la laissa s’installer avant d’en faire de même. Il fallait être honnête : cela faisait tout de même du bien de manger un morceau après tout ce temps, et encore plus alors qu’il pouvait parler de choses et d’autres avec la femme qu’il aimait plus que tout. Cela n’en rendait le moment que plus savoureux et si ce n’était cette idée qui le taraudait au point de froisser frénétiquement dans sa poche le large ruban de soie que Léonilde avait apporté en même temps que la robe, il aurait fait durer le dessert un peu plus encore. Il déclara finalement fièrement, joignant ses mains :

— Bien ! Vous voyez que je peux me tenir sage durant tout un repas. Toutes mes félicitations, vous venez enfin de triompher d’un diner avec Coldris de Fromart.

Sans plus attendre – cela faisait suffisamment de temps qu’il patientait –, il se leva d’un bond, le regard crépitant de malice.

— Vous êtes toujours prête à me suivre les yeux fermés ? demanda-t-il plein d’espièglerie.

Coldris de Fromart
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Message par Éléonore de Fromart Ven 10 Sep - 14:29

Coldris semblait surpris de l'enthousiasme qu'elle manifesta lorsqu'il s'avéra que la robe n'était pas bleue. Oh, elle n'avait rien contre la couleur elle-même. Elle la trouvait même très jolie lorsqu'elle ne devrait pas la porter. Elle haussa légèrement les épaules à son interrogation muette.

— Je n'en porterai plus, déclara-t-elle. 

Pour la suite… Il n'y avait rien à faire : Éléonore ne pouvait pas se résoudre à classer une bonne intention inutile avec les volontés de nuire. Dans sa façon de mesurer les risques, certainement, mais pas dans celle de considérer Gabriel. 

Coldris n'avait pas tort, elle en était consciente. Ils essayeraient de les séparer. Seulement… seulement il n'y avait aucune raison qu'ils y parviennent. Il y avait des prix qu'ils n'étaient pas prêts à payer, quand elle était déterminée. Et si elle s'était promis de ne jamais utiliser certaines failles, elle pouvait bien revenir là-dessus en dernier recours. Parce que c'était pour eux. Il y aurait toujours un moyen, si la raison ne l'emportait décidément pas sur le besoin d'interférer. Toutefois, elle commençait à se rendre compte qu'il n'y aurait guère que ce mariage pour rassurer Coldris.

— Ils n'y arriveront pas, mon phénix, garantit-elle. Et s'ils parvenaient à me ramener de force à la maison… Oh, dites-moi que vous me laisseriez revenir. Qu'il vaut la peine que je fasse tout pour vous rejoindre. Dites-moi que... - elle remua légèrement la tête. Bien sûr que non, elle ne voulait pas qu'il l'attende indéfiniment. Même si ce ne serait jamais bien long ; quelque semaines, peut-être un ou deux mois dans le pire des cas - Dites-moi qu'il y aura au moins une chance pour que j'aie conservé ma place s'il devait y avoir un jour un problème - quel qu'il soit - malgré nos précautions. S'il vous plaît...

Elle n'aurait besoin de rien de plus. Juste d'un espoir. Juste un espoir pour qu'elle ait la force. C'était tout ce qu'elle demandait. 

Quand il l'eut rassurée à ce propos, Coldris revint au grand sujet de la soirée : l'habillage. 

— Vous ne vous en privez manifestement pas, fit-elle remarquer en libérant ses bras de la chemise de nuit. 

Elle sentait son regard sans en faire grand cas - il faudrait attendre encore un peu, même si à le laisser l'aider, elle avait drôlement l'impression de jouer avec le feu. 

Quand il essaya de lui serrer son corset. Elle chassa sa main pour l'ajuster comme il fallait. 

— On voit que vous avez plus l'habitude de les enlever que de les mettre, fit-elle remarquer en roulant des épaules pour préparer son mouvement. 

Elle lança ensuite ses mains dans son dos pour régler le lacet correctement. Elle s'amusa à déplacer tout ce qu'il l'aidait à mettre. Le fait que ce ne soit pas tout à fait à sa taille n'y arrangeant rien. Ils furent enfin prêts à aller manger… et pour la première fois, à rester à table jusqu'au bout. Fallait-il s'en inquiéter ? Non, probablement pas. Ou peut-être, qui savait ?

— Je me félicite de vous laisser assez indifférent pour que vous restiez tranquille, répondit-elle.

Elle fronça les sourcils à sa question. Mais qu'avait-il encore inventé comme bêtise ? Oh, ce n'était pas bien grave, son regard promettait une idée amusante, et elle verrait bien. Enfin, elle comprendrait, plutôt.

— Vous en doutez ? fit-elle mine de s'offusquer en lui renvoyant un regard de défi.
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Message par Coldris de Fromart Ven 10 Sep - 22:14



Elle ne porterait plus de bleue ? Était-ce cela qu’elle lui disait ? Quelle drôle d’idée que voilà ! Il nota néanmoins l’information dans sa mémoire : après tout lui ne portait bien que du noir, non ?

— Puis-je m’enquérir de la raison de ce choix ? questionna-t-il curieux malgré tout.

Non pas que cela le regarde – il accepterait d’ailleurs sans rechigner un refus de sa part – mais cela ne manquait pas de stimuler les petits étourneaux qui du fait du temps employé avaient déjà déduit qu’elle avait donc porté et que ce n’était pas un simple déplaisir de sa part.

Elle semblait drôlement certaine de leur avenir réciproque et malgré la gravité, cela ne pouvait que lui arracher un sourire : oh oui, il voulait y croire. C’était tout ce qu’il demandait, cela et qu’on ne lui fasse aucun mal. Était-ce trop demander à ce Dieu s’il existait ? Ce qu’il n’osait pas lui faire remarquer, c’est qu’il aurait peut-être le temps de mourir d’ici là. Qui pouvait savoir ? Il pouvait mourir demain ou même tout à l’heure… et cela le terrifiait plus que tout depuis qu’il avait finalement quelque chose – mieux, quelqu’un – à perdre.

— Je vous attendrai. Je n’ai désormais plus que vous à perdre, alors je patienterai, vous n’avez rien à craindre.

Sur ce, il entreprit de l’habiller. Ou plutôt de la déshabiller dans un premier temps, prenant bien soin de ne toucher qu’avec les yeux son trésor quand bien même c’était là un supplice.

— Je ne fais que récupérer mon bien voyons, fit-il taquin avant de la revêtir d’une nouvelle chemise dont la transparence émoustillait ses sens.

Sentir cette peau chaude à travers le tissu et résister à son appel était un défi permanent, tant tout éveiller en lui le désir. Y compris ce corset qu’il serrait visiblement maladroitement.

— Bien entendu, c’est nettement plus intéressant. Néanmoins, je consens volontiers à m’améliorer en m’entrainant, seulement il va falloir tout retirer.

D’ailleurs il n’y avait visiblement pas que le corset qui posait soucis puisqu’il fallait que Mademoiselle réajuste tout ! Ah ce que les tenues de femmes pouvaient être complexes ! A leur image finalement. C’était bien pour cela qu’il les aimait tant. C’était si excitant de se heurter à la difficulté pour la surmonter. Rendre possible l’impossible. Franchir les murs. Ouvrir les portes. Monter toujours plus haut. Voilà qui le faisait vibrer. Bon joueur, il esquissa un sourire et l’entraina vers le salon où la table était dressée et le repas prit non sans quelques conversations bien entendu. Il fallait tout de même souligner que c’était là le premier diner qu’ils achevaient depuis leur rencontre (ce qu’elle n’avait jamais manqué de lui rappeler).

— Vous vous méprenez, je suis toujours affamé. Je préfère simplement m’assurer que vous ne souffriez pas de crampes d’estomac. La soirée ne fait que commencer voyons !

Comme pour ponctuer sa phrase, il se leva d’un bond. C’est qu’il n’y tenait plus ! Tenir sagement un repas, alors qu’il chiffonnait ce ruban entre ses doigts.  Il adorait ce froncement de sourcil légèrement outré et combla rapidement l’espace de quelques enjambées pour l’embrasser avec passion avant de glisser dans son dos.

— Voyons donc cela en ce cas,
D’un geste sec, il déroula le large ruban qui servait parfois de ceinture et lui banda les yeux afin de la plonger dans l’obscurité.

— Je vous aurais bien proposé un « Coldris Maillard », mais je crains que nous ne manquions de joueur, ce sera donc une simple promenade en ma compagnie si vous l’acceptez.

Il déposa un baiser dans son cou puis s’empara de sa main pour jouer les guides. D’abord reculer la chaise puis l’aider à se lever pour finalement l’accompagner dans les couleurs.

— J’aimerais vous emmener dans un endroit cher à mon cœur, mais c’est un peu loin et surtout… Je désire en garder la localisation secrète, ne m’en tenez pas rigueur ma belle étoile.

Dans les couloirs, il la perdit volontairement, empruntant plutôt les escaliers de services, tournant parfois sur lui-même, faisant mine d’emprunter de faux couloir quand il ne faisait en réalité qu’ouvrir un placard. Coldris s’amusait comme un fou, mais la destination était bien réelle. Tout en se promenant et prenant garde à ne pas la blesser, il se souvint soudain d’une question qui s’était imposée à son esprit un peu plus tôt et qu’il pouvait désormais poser :

— Si je vous proposais de tout quitter pour partir vivre en Italie avec moi, accepteriez-vous de me suivre ?

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Message par Éléonore de Fromart Lun 13 Sep - 19:42

Le bleu… Une magnifique couleur, très certainement, mais elle ne voulait plus en porter. Plus jamais. 

— J'avais une robe bleue le neuf avril dernier. Et aussi le jour où j'ai su. J'en portait également une le jour où j'ai perdu ma tante, et je suis presque sûr que c'était également le cas pour Louis... - cette robe-là, elle s'en souvenait pour l'avoir allègrement déchirée dans les passages secrets. Je ne pense pas que cette couleur me porte malchance, ce serait absurde mais… depuis que j'ai réalisé que j'ai réalisé tout cela, je… je n'en ai plus envie. Cela… je ne sais pas, cela me déplait.

D'ailleurs, de bleu, il y avait aussi eu la chemise dans laquelle elle avait passé tout le restant du mois d'avril et, elle l'avait appris en la retrouvant dans ses vieilles affaires - décidément, l'hôtel Tidrien servait à accumuler les vieilleries - la robe qu'elle avait portée lors de sa première arrivée à Braktenn, le jour où son père l'avait ignorée, était d'un bleu sombre également. Ce qui ne devait pas être bien difficile puisqu'elle portait beaucoup cette couleur était enfant, et que par conséquent elle avait dû passer tout autant de bonnes journées dedans mais… non, elle n'avait plus envie. 

Elle ne lui aurait pas demandé de l'attendre s'il avait pu trouver mieux. Ni même de rester avec elle si cela le privait d'un bonheur plus grand. Non, elle n'en avait le droit, elle l'aimait trop pour cela. Tout ce qu'elle voulait, c'était une chance. C'était savoir que cet éventuel problème ne la rayerait pas automatiquement de sa vie. La nuance était subtile, mais elle avait toutes son importance. De toute façon… au fond, elle n'était déjà que ça elle-même. Qu'un caprice de coeur en attendant de retrouver celle qu'il aimait vraiment, finalement. Et puis, il se trompait : il avait déjà bien plus important qu'elle à perdre, même si ce n'était pas la même forme d'attachement. 

— Je vous aime, souffla-t-elle simplement, sans trouver le courage de développer sa pensée pour l'instant.

Amour ou non, il Coldris ne semblait pas disposé à lui prêter sa chemise plus longtemps. Et manifestement, il n'était pas aussi doué pour enfiler les corsets que pour les retirer. C'était qu'il était tout de même bigrement tentant d'inverser le processus directement. C'était idiot, peut-être, mais même si elle savait se débrouiller, que d'un point de vue pratique, son soutien était plus envahissant qu'autre chose, elle préférait qu'il continue à l'aider. Aussi bête que ce fut, c'était un moment partagé, et c'était agréable - et puis, c'était amusant de le voir résister. Alors s'il tenait à réessayer, ils trouveraient des occasions… mais pas tout de suite.

— Si vous ôtez quoi que ce soit, nous ne sommes pas prêts de manger, fit-elle remarquer. 

Et étonnement, le repas se termina sans dérapage. C'était presque dommage. Presque inquiétant pour quelqu'un qui réfléchissait tant. Mais il n'y avait pas de raisons de douter. Pas vraiment. Et quand il se laisserait réellement, eh bien… ses résolutions n'avaient pas changé.

Éléonore ne dut pas attendre longtemps l'explication de cette agitation. Et comme elle réaffirmait sa confiance, elle se laissa priver de la vue avec un sourire amusé. 

— Vous êtes impossible ! répondit-elle sur le ton d'un "je vous aime". C'est d'accord !

C'était curieux que ce jeu soit justement initié à table, quand il avait dû remarquer qu'elle ne regardait jamais son assiette. Elle pourrait certainement ui dire aussi qu'elle avait l'habitude d'arpenter les passages secrets de Tianidre dans l'obscurité. Oui, elle lui raconterait, plus tard. À la vérité, c'était fort différent : cela ne demandait que d'avoir confiance en sa mémoire et à son sens de l'orientation - et en Ariste qui avait toujours dit qu'elle savait le faire. Là, il fallait composer avec les baisers qui venaient de nulle part et un guide invisible. Un guide dont elle ne se méfiait pas, et pour lequel elle se promit de ne pas essayer de se situer seule. Jouer le jeu. S'en remettre entièrement à lui. 

— Je suppose que je vous suis, dans cas, répondit-elle en retenant ses questions sur leur destination.

C'était un exercice plus difficile qu'elle ne l'aurait pensé, car il fallait rejeter tous ses réflexes. Ne pas compter ni mesurer ses pas. Fermer les yeux pour ne pas chercher à s'orienter avec les jeux de lumière. Ne pas chercher à se référer à la disposition des lieux connus, ni essayer de comprendre pourquoi ses chemins lui semblaient dénoter avec sa représentation des lieux. Juste se laisser porter. Avec lui, elle savait qu'elle ne risquait rien. Elle y croyait. 

Ainsi, même si décrocher n'était pas si simple, le jeu n'en était pas moins amusant. Et symbolique, car elle aurait à ce point relâché sa vigilance pour nul autre sur cette terre. La confiance qu'elle portait à Coldris devait encore se construire, se solidifier, mais elle était là. Le suivre, les yeux fermés, où il voudrait. Jusqu'en Italie ? Éléonore fronça les sourcils sous son bandeau. 

— Non, avoua-t-elle. Il y a … des choses dont je ne pourrais me séparer. Si votre vie en dépendait, je n'hésiterais pas, mais je n'accepterais pas d'abandonner mes talismans juste pour vous faire plaisir. Alors où que vous vouliez que je vous suive, je les emmènerais. 

Elle se mordilla la joue, craignant qu'il pense qu'elle faisait passer ces objets avant eux. C'était faux. Mais elle y tenait tout de même, voilà. Elle ne comprenait pas pourquoi il aurait été forcément nécessaire de s'en séparer. Il pouvait tout de même comprendre ça...
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Message par Coldris de Fromart Mar 14 Sep - 16:33



Et elle avait dû porter du bleu dans bien d’autres circonstances comme elle aurait pu en porter le jour où ils s’étaient rencontrés à Fromart ou croiser au cimetière et dans tant d’autres circonstances. Peut-être que ces jours-là le soleil brillait ou qu’au contraire la pluie tombait drue, mais c’était sur ce détail insignifiant que son esprit avait choisi de se focaliser plus que sur un autre. Il avait beau chercher, il ne voyait pas vraiment de chose similaire chez lui. Il préférait visiblement ressasser la scène avec une précision à la fois troublante et troublée que de s’accrocher à un unique détail. Ce qu’il portait ces jours de noires nouvelles ? Du noir. Comme chaque jour depuis ses seize ans.

— Je comprends. Lorsqu’on porte toujours la même couleur cela évite ce genre de désagrément, j’imagine, répondit-il avec légèreté.

À vrai dire, c’était peut-être mieux ainsi, car la voir dans une robe bleu ciel l’aurait certainement troublé quelque peu… Tout comme…

— En revanche, je vous saurai gré d’éviter le lavande. J’abhorre particulièrement cette couleur et tout ce qui lui est lié. Y compris cette plante pourtant bénéfique.

Au moins c’était dit. Tout comme il pouvait la rassurer quant à un éventuel coup du sort. Il n’aurait sans doute plus la force de remuer ciel et terre pour la récupérer (quoique ?), en revanche, il n’avait aucune raison de lui refuser sa patience et sa confiance. Et pour cause, cela allait de pair avec son amour. De même que tous les à côté…. Et qu’importe si visiblement il se débrouillait fort mal pour l’habiller alors même qu’elle ne cessait de le provoquer ouvertement sachant pertinemment qu’il mourrait d’envie d’ajourner le repas. Toutefois, son esprit de contradiction lui refuser de céder et ce fut donc d’un simple sourire provocant et enjôleur tout à la fois qu’il répondit à sa remarque : il aurait tout le temps de faire tout ce dont il rêvait. Après le diner. Et après ce petit jeu ou cette épreuve. Tout dépendait de l’angle sous lequel on observait les choses. Il était cependant fort plaisant de la voir s’y plier de bon gré sans rechigner. C’était après tout cette osmose parfaite dans leurs facéties respectives qu’il chérissait particulièrement et chauffer à blanc son cœur.

Ce fut donc avec la volonté certaine de la désorienter qu’il l’entraine dans le dédale de Fromart. Pourquoi ? Simplement pour éprouver ses paroles. Ce qu’il avait à offrir en échange nécessitait une confiance absolue, rien de moins. Quoi de mieux pour lui faire comprendre la valeur de ce présent qu’il s’apprêtait à lui faire que de la trimballer dans tout le domaine sans qu’elle n’en ait la moindre idée ? Tout cela le ramena à ses vingt ans. À ce voyage en Italie où elle aurait pu l’accompagner et tout reconstruire avec lui. Ce voyage qu’elle lui avait refusé alors qu’il était prêt à tout sacrifier sans exception pour vivre à ses côtés.

Sa réponse le déstabilisa momentanément avant qu’il n’éclate d’un large rire amusé. Si c’était là tout ce qu’elle requerrait, il lui concédait de bon cœur.

— Vous pouvez emporter les objets que vous désirez à condition qu’ils soient transportables. Ce serait fort déplacé de ma part de vous le refuser alors que j’en emporterai moi-même certains. Son alliance clé, le médaillon contenant le portrait de sa sœur, quelques carnets précieux, sans doute certaines lettres et son Prince. En revanche vous devrez laisser ici famille et amis. Tout recommencer à zéro. J’imagine que ne plus me savoir ministre serait plutôt du genre à vous réjouir, n’est-ce pas ?

Il esquissa un sourire dans sa direction tout en sachant pertinemment qu’elle ne pouvait le voir, seulement le percevoir. Ce qui n'avait pas été le cas d'Aurélia (et Solange) qui s'était opposé à ce qu'il n'abandonne sa carrière prometteuse pour « si peu ». Carrière qu'il aurait recommencé à l'étranger d'une façon ou d'une autre. Qui avait gravi une montagne pouvait la gravir de nouveau n'est-ce pas? Désormais il ne pouvait guère aller plus haut, les choses étaient différentes, mais tout de même, cela faisait partie de ses sacrifices extrêmes qu'il était prêt à faire lorsque la situation l’exiger. Qu'était-ce un mariage à côté?

Passer quelques pas, il demanda à un domestique de faire préparer sa jument en urgence ainsi que d’aller querir deux manteaux pour leurs sorties qui lui fut apporté quelques minutes plus tard. Il en drapa les épaules de sa courageuse luciole puis les siennes et quitta les lieux en direction des écuries.

— Que diriez-vous de faire du cheval ? déclara-t-il espiègle en s’approchant de la dépendance, prenant toujours garde à ce qu’elle ne trébuche pas sur quoi que ce soit.

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Message par Éléonore de Fromart Mer 15 Sep - 10:58

Éléonore se retroussa le nez, peu convaincue. Petite, elle n'avait pas porte du bleu tous le jours, mais c'avait été bien assez régulier pour vivre des choses amusantes avec. Elle ne s'en souvenait plus, peut-être avait-elle aussi porte du bleu le jour où elle avait glissé ses pieds dans des souliers plein d'œuf et éclaté de rire comme une idiote - elle ne se souvenait que d'avoir ri, et d'avoir souvent ressassé le souvenir -, peut-être aussi quand ils faisaient tourner leur précepteur en bourrique, où qu'ils avaient introduit des oies dans les appartements d'Adélaïde de Diéron. C'était possible, mais elle n'avait pas une mémoire aussi développée que certains , et même si elle avait pu se rappeler de lointains détails, souvenirs matériels à l'appui, elle ne pouvait certainement pas répertorié toutes les fois où elle avait été vêtue de bleu. 

De lavande non plus. C'était probablement arrivé, mais c'était bien confus dans son esprit. Enfin, puisqu'elle sentait qu'il s'agissait d'une vraie requête et pas d'une tentative de se moquer d'elle, elle acquiesça très sérieusement. Ce n'était pas comme si elle adorait ces teintes, elle vivrait bien sans si ça pouvait le rassurer. Elle se retint de demander pourquoi. Peu importait pourquoi. Si cela comptait, elle le ferait. Elle préférait l'ocre, de toute façon. Et le vert - jade, plutôt jade. 

Elle pouvait donc bien s'en passer, tout comme elle pouvait bien faire cet effort de confiance. La confiance qu'elle lui portait était comme un tas d'argile : elle était bien là, la quantité était ce qu'elle était - ici, très importante -, mais elle devait encore être travaillée. 

Vint alors cette question curieuse. L'hilarité qu'en suscita la réponse lui fit encore froncer les sourcils. Eh bien quoi : elle avait seulement répondu à la question telle qu'il la lui avait posée. Elle préférait cela qu'un oui incomplet qui omettait mille objections. Elle essaya aussi de deviner ce qu'il aurait pris sans parvenir à rien de concret. Tant pis, il le lui dirait peut-être un jour. 

Pour le reste… 

— Ne plus le savoir, certainement, admit-elle en posant les mains sur ses épaules pour être bien face à lui. De là, elle chercha son visage, et une fois ses joue trouvées, elle put aisément diriger son regard vers le sien à travers le tissu. Parce que ce genre de fonction rend toujours tout compliqué. Mais que vous ne le soyez plus… Coldris, comment pourrais-je me réjouir d'une chose qui vous rendrait malheureux ?

Parce qu'à sa façon de décrire - non pas son métier mais - son parcours, il semblait évident qu'il y tenait. Ce que cela impliquait n'avait alors plus d'importance. 

— Mais… En ce qui concerne l'idée de tout quitter… Vous oubliez une chose : pour moi, à ce niveau-là, Braktenn et l'Italie c'est presque pareil. Le plus difficile était de sortir de Tianidre - et elle ne parlait pas ici d'une quelconque interdiction mais bien de l'aspect purement sentimental qui l'y liait - Alors ensuite, hormis les langues Aparmi celles que je maîtrise le moins… Et vous savez très bien que la seule personne que je n'aurais pas pu quitter... 

… était déjà beaucoup trop loin ? Pour le reste, rien de ce qui la racrochait à cet endroit n'était plus fort que le besoin de rester avec lui. Quant à sa famille… Il était certainement préférable qu'Oncle Eineld soit débarrassé du fardeau, elle pourrissait la vie de Gabriel plus qu'autre chose et… si comptait plus large : Jean n'avait pas besoin qu'elle lui attire plus d'ennui. Il y avait bien la promesse qu'elle avait faite à Alduis mais elle avait bien précisé qu'elle ne ferait que ce qu'elle pourrait, donc dans un cas extrême…

Mais en pensant à Alduis, elle se rappela surtout qu'elle ne pouvait pas lui arracher son père. Enfin, pour Coldris c'était différent. Il n'aurait pas besoin de vraiment les laisser. 

Bientôt, entraînée dehors avec un manteau qu'elle ne connaissait pas - mais sans ses gants, elle se rendit compte qu'elle avait complètement oublié de se munir de gants. Donc ses mains… Fichtre alors ! 

— J'en dis que avez intérêt à être sûr de votre animal ? 

Parce que bon, le danger c'était bien amusant, mais elle n'était plus invulnérable. Alors si elle ne pouvait même plus voir ce qu'il se passait, elle aimait autant qu'il la rassure. 

— Et que vous êtes fou, ajouta-t-elle affectueusement.
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Message par Coldris de Fromart Mer 15 Sep - 23:09



Certes cette discussion pouvait bien avoir l’air étrange vu de l’extérieur, et très sincèrement il ne se serait pas offusqué d’une robe lavande, pas plus qu’il n’en avait banni l’odeur, seulement à choisir, il aimait autant éviter qu’elle en particulier n’en porte. Parce que quelque part, malgré tous ses efforts pour s’en exorciser, son fantôme demeurait à Fromart à les hanter. C’était bien pour cela d’ailleurs qu’il ne pouvait plus mettre les pieds dans cette chambre, et ce, quand bien même la décoration avait été changée de fond en comble. Oh cela l’embêtait, mais en vérité, il n’était jamais parvenu à trouver comment résoudre ce désagrément. Qu’importe le mobilier ou la couleur des murs, il ressentait toujours sa présence néfaste flotter aux alentours et cela lui donnait la chair de poule.

Tout ce qui comptait cependant à l’heure actuelle c’était ce jeu improvisé au cours duquel il se permit de poser une question pas complètement innocente. Que ferait-elle s’il lui proposait demain de tout quitter pour vivre uniquement  en sa compagnie ? A cette question, son histoire personnelle avait eu une première réponse qui n’avait pas manqué de le froisser. Alors oui, il osait la lui poser tout en sachant que cette fois-ci, il était fort peu probable que cela se concrétise. La douceur de ses mains encadrant son visage tranchait avec le profond sérieux qu’il arborait en écoutant sa réponse. Elle l’ignorait, mais en réalité, cela faisait partie de ces paroles qui l’inondaient de bonheur. C’était une sorte de présent qu’elle lui offrait dans ce respect infini dont elle le gratifiait. Cela pouvait paraitre bien peu, mais en réalité Coldris était conscient de l’immense privilège qui était le sien en cet instant. Sans attendre un instant de plus, il l’attira contre lui, embrassant sa chevelure, câlinant son dos et murmurant presque pour lui-même : « ô Éléonore, vous êtes si merveilleuse… ». Quant à son occupation, il est vrai que son ministère lui manquerait, de même que les échanges avec son Roi, mais tout de même, cela demeurait des choses qu’il aurait pu sacrifier pour elle. En fait, à bien y réfléchir, il n’était pas sûr d’avoir ressenti un tel niveau de compréhension et d’acceptation. Bien sûr Aurélia l’avait compris et il en avait été fou, pourtant, cette fois-ci c’était différent. Ce n’était pas un feu sauvage qui ravageait son être au point de lui faire tourner la tête. C’était plus subtil. Plus profond aussi. Presque comme un écho qui entrait en résonnance. Il avait l’intime conviction qu’ils partageaient plus que ce qu’il avait pu le faire dans le passé. Oh oui, il l’aimait. De cela il en était persuadé. Tout comme il était rongé par ce paradoxe de la souhaiter libre et de vouloir tout à la fois la posséder. Et tout cela ne faisait que faire croire le désir de se réunir. Mais ce n’était pas le moment. Il inspira profondément et répondit paisiblement.

— Rassurez-vous, ce n’est pas prévu a priori. Un voyage en Italie, peut-être mais pour l’heure il n’est pas question de s’y enfuir et j’ose espérer que ce ne soit pas nécessaire. Le cas échéant, ne vous en faites pas pour moi : ce ne sera qu’une montagne de plus à gravir.

De fait, il préféra l’embarquer vers les écuries, non sans la revêtir d’un manteau auparavant. La nuit était tombée et avec elle la température.  Elle ne semblait pas réfractaire à une petite promenade et c’était tant mieux ! Le contraire l’aurait indubitablement déçu.

— Je fais entièrement confiance à mes chevaux là-dessus et vous, n’aurez qu’à vous reposer sur moi. Je ne compte pas vous laisser monter seule, quoique je le pourrais sans aucun doute prochainement. C’est une expérience intéressante de se laisser guider par sa monture et de s’en remettre à ses sens, vous verrez lorsque vous essayerez.

Ils approchèrent rapidement de la dépendance quand Éléonore s’amusa à le taquiner. Sourire en coin et dans un regard pétillant, il déclara avec une certaine autodérision :

— En doutiez-vous encore après m’avoir surpris à parler avec un portrait ? -Attention à la marche – A ce sujet, je…  Dans les écuries, il s’arrêta inspecta que plus personne ne s’y trouvait désormais que sa monture était prête puis confessa l’un de ses nombreux secrets : en fait je dois vous avouer que mon esprit est peuplé de fantômes. Mais je… parle rarement seul ainsi. Du moins, il me semble.


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Message par Éléonore de Fromart Jeu 16 Sep - 17:04

Attirée tout contre son magnifique phénix - avec ou sans bandeau, elle le savait toujours -, Éléonore laissa tomber ses bras sur ses épaules pour les passer ensuite dans son dos.

— C'est seulement que je vous aime, répondit-elle.

Et que l'amour qu'il lui retournait l'emplissait d'une force qu'elle n'aurait jamais cru retrouver, d'un bonheur qui compensait largement les concessions qu'elle devrait faire. Elle ne voulait pas qu'il ait besoin de faire de sacrifices de ce genre pour elle. Et même si elle préférait le suivre loin plutôt que d'en être séparée, il était évident qu'elle préférait aussi pouvoir s'en passer. Non, il n'y aurait pas besoin de ça, pas de son côté. Oncle Eineld était protecteur, mais il n'était pas complétement idiot. Surtout pas si… si… si… Dire que cela non plus, par dessus tout, elle ne le lui aurait jamais demandé. Comment aurait-elle pu s’imaginer que cela puisse venir de lui.

En revanche, ses autres extravagances ne l’étonnaient plus. Et cela faisait partie de ce qu’elle aimait chez lui.

— La vue, précisément, étant un sens tout à fait intéressant, commenta-t-elle.

Pas qu’elle n’aime pas jouer avec le feu, mais bon, tout de même. Se fier à une chose vivante était beaucoup plus délicat que d’escalader un mur. Vue qu’elle ne semblait pas prête de retrouver. Quelle idée, quand même, de lui faire parcourir à l’aveugle ce domaine si peu connu, finalement. Il était fou. Fou d’une manière qu’elle ne pouvait qu’adorer. Mais elle devait avouer qu’elle ne s’était pas attendue à ce qui fut alors amené.

A vrai dire, elle ne s’en était même pas souciée, à ce moment-là. Quelle importance si c’était à un portrait qu’il parlait, s’il disait que tout était terminé entre eux ? Quelle importance qu’elle l’ait vu parler à un portrait s’il lui disait qu’il l’aimait ? Non, vraiment, tout cela lui était complètement sorti de l’esprit. Quand le vent libre se changea en courant d’air et que l’odeur de cheval s’intensifia, Coldris leur fit marquer un arrêt. Elle le sentit qui remuait un peu, et fronça encore les sourcils sous son bandeau. Y avait-il un problème.

Quelque part, sa révélation ne la surprenait même pas. Cela expliquait plusieurs choses. Elle acquiesça, non sans pouvoir retenir une certaine comparaison...

— Est-ce... Un peu comme Alduis ? demanda-t-elle à titre pûrement indicatif - et sans jugement.

Enfin, ce n’était probablement pas exactement pareil, mais elle avait déjà relevé des similitudes dans leurs crises, alors ce ne devait pas non plus être entièrement différent.

— Dites-moi seulement ce qu’il faut faire pour vous aider quand cela devient… quand cela déborde.

C'était même la première question qu'elle aurait dû poser, la seule qui comptait.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 16 Sep - 22:19



C’était à se demander comment il avait pu survivre si longtemps sans cela… Une simple remarque qui comme une violente vague tenta de l’emporter au large. Sans succès. Il la laissa se retirer sans tressaillir, préférant s’arrimer à celle qui l’avait sauvée que de se noyer dans son obscur passé.

Il fallait bien partager ce goût pour ses folies lorsque l’on voulait le supporter et plus encore. Des idées folles, il lui en germait suffisamment pour planter un champ entier. Certaines s’imbriquaient entre elles comme des poupées gigognes. Comme cette promenade les yeux bandés dans Fromart à laquelle venait de s’ajouter une sortie équestre. Sa remarque lui arracha un petit rire espiègle.

— C’est surfait lorsque l’on dispose d’une imagination débordante. D’ailleurs je connais certains jeux très intéressants puisque l’on parle de cécité.

Inutile de préciser à quoi il songeait, son ton enjôleur était suffisamment équivoque pour l’aiguiller sur la bonne voie. Toutefois puisqu’elle semblait avoir besoin d’être rassurée un peu plus, il répondit cette fois-ci sérieusement :

— Faites-lui confiance autant que vous me faites confiance, ma luciole. Il n’y a aucun danger, c’est une activité que je pratique fréquemment et mes chevaux connaissent tous le chemin par cœur. Nous monterons Euthalia ce soir, c’est une de mes andalouses baie brun. Si cela peut vous rassurer, elle m’a déjà ramené à bon port à moitié conscient. Un bête accident de chasse, avant que vous ne songiez à autre chose. Un sanglier un peu trop hargneux et un peu trop d’audace de ma part.

Fou, il l’était à plus d’un titre incontestablement et cela le faisait plutôt sourire. Il savait parfaitement à quel genre de folie, elle faisait référence : ce feu qui l’avait toujours animé et que personne n’avait jamais pu éteindre. Certainement pas cette part d’ombre qu’il se trainait ni les fantômes qui le hantait, c’était pourtant ce sujet qu’il voulait aborder avec elle. Elle s’en doutait sans doute déjà et quand bien même il aurait pu lui dissimuler ce n’était pas ce qu’il souhaitait pour eux. Il savait que cela risquait de se reproduire et si elle acceptait sa proposition, alors… elle serait directement concernée par ses égarements.

Il tourna machinalement la tête pour croiser son regard, oubliant le ruban qui les séparait lorsqu’elle évoqua Alduis. Il acquiesça. Avant de compléter pour qu’elle puisse comprendre :

— Oui dans une certaine mesure. La principale différence réside dans le fait que je maitrise la situation que lui. Je ne suis pas constamment polluée, c’est tout au plus un murmure incompréhensible en fond de mon esprit. chuchota-t-il. La plupart du temps, je parviens à les tenir à distance, mais parfois... elles échappent à mon contrôle. Elles profitent de la moindre faiblesse comme…

Il marqua un temps d’arrêt en récupérant la bride de la jument. La veille de son arrivée… Que s’était-il passé ? Il n’en conservait qu’un vague souvenir, mais… Alduis était là n’est-ce pas ?

— Je crois.. je crois que c’est ce qui s’est passé il y a deux jours...

Il secoua la tête, perdu. Il demanderait à Léonilde des précisions, désormais qu’il avait retrouvé toutes ses capacités. Il passa les rênes par-dessus l’encolure lorsqu’elle posa une question qui le laissa pensif un instant alors qu’il allongeait les étrivières pour lui permettre de se hisser sans trop de difficulté. Coldris attrapa ensuite délicatement son pied pour l’y glisser puis l’aider à s’installer avant de prendre place derrière elle pour partir dans un paisible pas.

— En verité, je ne sais pas exactement. Si Virgil était là, il saurait sans doute mieux vous répondre, quoi qu’il vous aurait sûrement répondu de prier à un moment ou un autre, déclara-t-il moqueur avant de se reprendre.
Mais j’imagine que ce n’est pas satisfaisant comme réponse… Je sais juste que je ne discerne plus la réalité alors tachez de me ramener dans le présent. Soyez là, je sais que vous êtes bien là, vous.  Il serra ses bras autour de son corps. Je suis certain que vous trouverez puisque vous êtes mon étoile polaire. Un petit trot ?

Puis il lança sa jument dans un trot cadencé et s’enfonça dans le bois et ses silhouettes fantomatiques et lugubres qui s’avéraient pourtant réconfortantes d’une certaine façon. Sans doute était-ce le silence qui rendait cela apaisant, bien loin du brouhaha continu du jour… Il laissa ses pensées voguer et tout cela le ramena à ses voix autant qu’au poids de ses secrets. Un poids qu’il refusait de conserver avec elle. Par amour, il partagerait tout y compris les détails les plus sombres. Il se décida finalement à faire ralentir sa monture et prit la parole :

— Éléonore… Il y a certaines choses – sans doute trop nombreuses – dont je souhaite vous informer. C’est important pour votre décision. Je veux que vous sachiez tout de moi. La seule chose que je vous demande c’est de n’en parler à personne – y compris mes enfants – excepté si vous désirez ma mort.

Il patienta un instant, le temps qu’elle réponde puis débuta sa confession :

— J’ai grandi dans un château miteux du fin fond de la province monbrinienne. Je suis le fils du baron Coldris de Fromart et de sa troisième épouse Mérédith d’Ombresert. Huitième fils, douzième enfant d’un seigneur désargenté. J’enviais les paysans qui pouvaient manger à leur faim quand mon père nous jetait des quignons de pain rassis comme à ses chiens. J’étais une brindille qui détestait les armes. Je passais mon temps à fuir préférant me faire battre par mon père que de subir les persécutions continues de mes frères. Je volais les livres dans la bibliothèque et j’apprenais les ouvrages par cœur. Comme l’Enéide que je récitais pendant mes châtiments pour penser à autre chose. J’avais une demi-sœur que j’appelais Isis avec qui j’étais très proche. Le jour de mon dixième anniversaire, nous avons fugué pour lui éviter un mariage avec un vieux déchet. Mon père a lâché les chiens. Au petit matin ils étaient sur nous et nous avons dû nous rendre. Il m’a jeté dans l’un des cachots. J’y suis resté quatre mois sans voir personne. C’est ici que tout a commencé. Pour combattre la solitude je me suis parlé à moi-même, débattant de ce qu’il conviendrait ou non de faire et c’est ainsi que les voix se sont installées. Par la suite elles ont été remplacées par celles de personnes mortes principalement.

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Message par Éléonore de Fromart Ven 17 Sep - 13:33

Éléonore n'était pas vraiment sûre de comprendre ce qu'il avait en tête, mais ne s'attarda pas sur ce point. Elle n'était seulement par tout à fait rassurée de monter à l'aveugle un animal qu'elle ne connaissait pas. Non, bien sûr, rester dans un enclos et au pas ne lui manquait pas, mais ne même pas voir ce qu'elle faisait… 

Oh, elle pouvait bien le croire, puisqu'il était sûr que cela ne risquait rien. Après tout, sa vie n'avait plus de valeur que parce qu'il était apparu. Donner toute la confiance qu'elle lui portait à un cheval, en revanche, c'était trop. Ça se serait su si cela pouvait se dédoubler si aisément. Non, pas toute, mais assez pour l'exercice cela se faisait. 

Était-ce vraiment censé la rassurer que de savoir qu'il revenait à moitié conscient ?! Entre ça et les deux autres imbéciles qui oubliaient le sens du mot discrétion si personne n'était là pour le leur rappeler… Enfin… Il était là, c'était tout ce qui comptait. Et elle ne pouvait pas l'empêcher de s'amuser, même si elle n'avait vraiment pas envie de le perdre bêtement… Aaaah que ne fallait-il pas entendre ?

Et si elle le disait fou, cela n'avait rien à voir avec les fantômes qui le hantaient. Il gérait mieux qu'Alduis. L'idée avait quelque chose de rassurant. Il était si fort, son phénix. C'était forcément nécessaire pour réussir à éloigner ces horreurs de lui. Pas tout le temp… il l'était quand même. Plus humainement, voilà tout. Mais… 

— Il… il y a deux jours ? Alors… C'était… c'était à cause de moi, n'est-ce pas ?, s'inquiéta-t-elle en se reprochant déjà cet atroce égocentrisme - égocentrisme monstrueux, à en croire certains, cela ne s'effaçait pas. Mais elle ne voulait pas qu'il souffre à cause d'elle. Surtout pas… Enfin, elle ne voulait pas qu'il souffre tout court, bien sûr, mais en être responsable, c'était pire.

Alors qu'elle demandait ce qu'elle aurait pu faire pour l'aider, il fallut monter. Éléonore toucha la selle pour en évaluer la hauteur. Mmmm d'accord. Elle s'y hissa sans plus de difficultés. C'était que grimper, c'était tout de même drôlement son rayon… même si ce ne devait plus. Il n'en fallait plus. 

Et pour Coldris, tout ce qu'il fallait faire, c'était essayer de le ramener à la réalité. Oui mais… mais s'il y avait une autre Éléonore dans ses cauchemars qui lui indiquait de mauvaises choses, et qu'après il ne lui faisait plus confiance ? Elle essayerait. Promis, elle essayerait. Elle ne l'abandonnerait pas tout seul dans ses tourments. Elle acquiesça à sa dernière proposition avant de commenter :

— Heureusement que je n'ai pas besoin d'être aussi loin...

Parce que c'était bien joli d'être une étoile, mais seulement tant qu'elle pouvait se blottir dans ses bras. Elle ne voulait pas avoir besoin d'être tout là-bas pour qu'il aille mieux. Oh, non, surtout pas. 

Le rythme s'était accélérer sans qu'elle ne puisse en déterminer la vitesse exacte. Elle pensait avoir relativement compris la direction, mais elle n'était décidément pas habituée. Enfin, tant que Coldris était là, le risque concret était largement négligeable, et cela restait amusant. 

Mais l'animal finit par ralentir - dommage, c'aurait été plus amusant qu'il accélère - et la voix de Coldris lui parvint avec sérieux. Elle réprima les soupçons qu'une petite voix pernicieuse lui soufflait sur l'intérêt d'engager un sujet fâcheux sans qu'elle ne soit en possession de tous ses moyens. Il était sincère, elle le savait, il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Comptait-il donc lui parler de choses si dangereuses ? 

— J'ignore ce que vous avez l'intention de dire mais… ne vous y sentez pas obligé, commença-t-elle. Mais vous pouvez compter sur moi : je ne répéterai jamais rien à personne. C'est promis… Et - même si elle ignorait toujours de quoi il s'agissait précisément - vous ne pourriez rien me dire qui change quoi que ce soit entre nous, mon phénix, je vous assure.

Elle avait déjà envisagé le pire plusieurs fois, et rien de tout cela ne pouvait changer ce qu'elle ressentait pour lui. La seule chose qu'elle n'aurait pas supporté relevait non seulement du domaine de l'improbable, mais encore de l'impossible. Le reste… Eh bien, cela ne comptait pas, elle savait comment il était avec elle, elle savait qu'il ne faisait pas semblant.

C'était horrible tout de même. Horrible d'imaginer - et encore, elle se doutait bien que cela relevait de l'aperçu. Horrible, même si quelque part, ces premières révélations n'étaient qu'une précision, une accentuation de ce qu'elle avait déjà pu sentir sur sa peau ou discerner dans certaines phrases. Mais cela ne changeait rien ni à ce qu'elle ressentait, ni à l'image qu'elle s'en faisait. Elle ne le respectait que davantage de se voir confirmer qu'il s'était sorti d'une situation si atroce, de savoir qu'il avait eu cette force. Et elle comprenait mieux pourquoi il avait eu besoin de s'enfermer dans cette carapace insensible. Comment un enfant pouvait-il se construire comme il fallait dans ces conditions ? Bien sûr, elle avait toujours su qu'elle avait énormément de chance mais… mais cela c'était injuste, voilà ! 

— Et… que… après ? demanda-t-elle d'une petite voix. Elle ne trouvait rien de plus malin à dire. Elle pouvait ressentir, mais elle ne trouvait pas de mots qui puissent adoucir la situation. C'était bien trop lointain pour qu'elle puisse y changer quoi que ce soit, et connaissant Coldris, il devait déjà en être conscient. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était essayer de le rendre heureux aujourd'hui. La vie lui devait bien ça.
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Message par Coldris de Fromart Ven 17 Sep - 23:21



Pourquoi avait-il dû apporter cette précision ? Il aurait dû se douter que cela la ferait culpabiliser. Comment pouvait-il être aussi intelligent et aussi idiot à la fois ? C’en était désespérant… Qu’était-il désormais censé répondre ? Il était dans une impasse… Quoi qu’il avance, elle le retournerait contre elle-même alors qu’il n’y avait pas la moindre rancœur à avoir. Mais quel idiot ! Quel idiot ! Quel idiot ! N’apprendrait-il donc jamais ? Il la serra contre lui et embrassa sa joue.

— Ce n’était pas à cause de notre dispute. C’était à cause de cette proposition à laquelle je réfléchissais et d’autres choses qui se sont mélangeaient. C’est ainsi. Ce n’est jamais le fait que d’un évènement. Je ne veux plus vous entendre culpabiliser pour ce qui s’est passé entre nous. Vous n’avez rien à porter si ce n’est les propres blessures que je vous ai faites et pour lesquelles je m’excuse sincèrement. Toute cette attention me touche sincèrement et j’aimerais que vous en profitiez également, car vous le méritez tout autant que moi.

Il caressa tendrement son visage puis l’aida à monter avant d’évoquer ce qu’il convenait de faire en pareille circonstance. Coldris avait bien conscience de sa réponse évasive qu’il basait surtout sur ce qu’il avait lui-même tenté de faire avec son fils ce fameux jour. Pour le reste, il lui faisait entièrement confiance. A défaut, elle pourrait toujours le droguer. Il s’abstint pourtant de suggérer cette réelle solution qu’elle rejetterait.

— Même aussi loin vous seriez toujours plus lumineuse et brillante, seulement je ne pourrais pas profiter de votre chaleur rétorqua-t-il charmeur à souhait et pourtant parfaitement honnête.

Sur ce, ils partirent au petit trot droit devant. Il aurait tout le loisir de la perdre en détour pour qu’elle évite de localiser l’endroit où elle se trouvait. Il jugea cependant que c’était le bon moment pour entamer ses confessions. Il savait qu’elle ne dirait rien. Le cas échéant, il ne prendrait pas ce risque, c’était juste… par acquit de conscience qu’il le lui disait et peut-être aussi pour quelle mesure combien ce qu’il partageait lui était précieux. Et pour ce qui était de leur relation, il ne pouvait que l’espérer, mais comment en être certain lorsqu’elle l’aurait vu plus nu que nu encore et dans toute sa noirceur ? L’idée de la perdre comme ça le déchirait, mais il ne la retiendrait pas. Parce qu’il l’aimait tant qu’il préférait encore la savoir loin de lui si cela venait à la gêner.

Son enfance, commencer par le commencement. Là où se trouvait les racines viciées de son existence. Quand bien même il se lança de ce qui lui parut un long monologue, il était tout de même allé à l’essentiel, lui évitant les détails trop sordides autant que possible. Son imagination devait certainement compenser les passages ombreux de son récit. Il s’arrêta à sa séquestration. Pouvait-elle imaginer ce que représentait à quatre mois seul lorsque l’on avait dix ans ? Cela paraissait une éternité, un supplice. La faim, la solitude, les rats, les cris qu’il lançait pour entendre sa propre voix lui répondre, ses ongles qui grattaient la pierre, le temps qui s’envolait, l’odeur d’urine qui s’imprégnait, le désespoir profond, la colère, le désir d’en finir au point de se jeter contre les murs pour se tuer,  le froid, les ténèbres… La joie intense qui se transformait en méfiance à sa libération puis…

— Et… que… après ?

Il frissonna à cette question qui faisait remonter son pire cauchemar.  Il vérifia que ses mains soient sur les crins puis s’assura qu’elle les tenait fermement avant de lancer sa monture au galop. Il ne lui fallait rien de moins que cette activité mêlée d’attention pour lui permettre de poursuivre son récit sans risquer de sombrer. Faire comme si ce n’était pas lui… Juste un observateur. Les foulées cadencées, l’air qui fouettait son visage avec vigueur l’aidèrent à affrontrer la suite

— Quelques semaines plus tard, je m’amusais avec ma sœur, comme avant. Son mariage avait été annulé parce qu’elle était trop revêche. Mon père est arrivé.

Lui-même ferma les yeux pour ne pas revoir cette scène qui le hantait toujours. Il serra ses bras contre son corps cherchant son odeur autant que sa présence rassurante.

Alors quoi Coldris ? Tu as mangé ta langue ?

Il secoua la tête et prit une inspiration.

— Mon père… elle… il... Se concentrer sur elle, sur le cheval, sur l’environnement rien d’autre. Que des mots. Rien que des mots. Rien que des souvenirs. Il l’a égorgée sous mes yeux pour me donner une leçon. Je… Quand je me suis réveillé, je croyais avoir rêvé, mais en ouvrant mon poing toujours fermé… Il y avait le lambeau rouge de sang que j’avais arraché de sa tunique quand on m’a embarqué. Je… Éléonore… Je ne sais pas où elle est. Je ne l’ai jamais retrouvé. J’ai cherché. J’ai cherché partout avec Virgil. Vous savez ce que ça veut dire ? Il l’a laissé pourrir dans le premier trou venu sans le moindre rituel.

L’amour rend faible.
C’est pourtant simple, non ?
Qu’est-ce que tu ne comprends toujours pas là dedans ?

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Message par Éléonore de Fromart Sam 18 Sep - 14:58

Ce n'était pas à cause de leur dispute… mais c'avait tout de même été à son propos. Avait-il donc tant redouté sa réaction ? Eh bien bravo, elle n'avait rien fait pour le détromper… Bon, d'accord, elle ne demanderait pas pour combien elle y était dans l'accumulation. Et s'il ne voulait plus en entendre parler, elle s'efforcerait de se taire et de ne pas l'encombrer avec ça. Il faisait déjà tellement pour l'apaiser. 

Elle remua toutefois la tête contre son épaule en protestant : 

— Mais vous ne m'avez rien fait !

Elle ne comprenait pas trop ce qu'il tenta de dire ensuite. Non, il se trompait, ça ne pouvait pas fonctionner comme ça… Parce qu'elle… Elle… Et dire qu'il arrivait à l'aimer… Quelque part, il parlait un peu comme Ariste. Mais Ariste n'était plus là et elle… elle… ça ne fonctionnait pas, c'était trop difficile. Trop difficile toute seule. Et quand quelqu'un lui apportait de la force, elle s'en servait pour faire des caprices de petite princesse gâtée. Elle se détestait. Mais la présence de Coldris la protégeait du pire, qui ne pouvait plus passer et permettait aux mauvaises pensées de repartir plus facilement. Maladroit, peut-être, mais s'il savait combien il pouvait réconforter juste en étant là auprès d'elle. 

Le moins qu'elle puisse faire en retour étant de le au soutenir, Éléonore se renseigne sur la façon de s'y prendre. Sa réponse n'était pas bien précise, mais l'idée y était. En revanche, elle ne voulait pas s'éloigner - et ce même si ses métaphores la touchaient.

— Alors c'est convenu, je reste dans vos bras, se réjouit-elle en cherchant son visage. Cela fait, elle pivota légèrement pour l'embrasser. Je vous aime tellement.

Assez pour savoir que rien de ce qu'il aurait pu dire ne saurait la faire fuir. Bien sûr, elle ne savait pas trop quoi répondre, mais elle ressentait tourt trop fort pour savoir quoi dire. La seule chose qui lui vint épaissit le nuage de difficulté qui s'était formé - de détresse -, et leur monture fut accélérée pour le dissiper. Ce n'était pas entièrement efficace, car Éléonore se sentit de plus en plus oppressée, tant par cela que l'appréhension que l'incompréhension engendrait. Elle s'efforça néanmoins de ne pas le presser. Ne surtout pas le presser. Son pendentif battait contre son sternum. Ses mains se crispèrent quelques peu sur leur prise. 

Elle attendit. Elle pouvait attendre aussi longtemps qu'il en aurait besoin. Il pouvait même renoncer, ce n'était pas important. Si cela lui faisait trop de mal, il n'avait pas besoin de le dire. Elle ne lui en reprocherait rien. 

Pourtant, il commença… par un semblant de calme qui présageait une catastrophe. Il la serra contre lui. Qu'il ne s'inquiète pas, elle était là. Après un instant d'hésitation, elle détacha sa main gauche des crins pour la poser sur l'unndes bras qui la maintenaient. Étant donné le nombre de fois où sa vie avait tenu à une prise bien plus précaire dans cette même main, elle ne s'en inquiétait pas. 

C'était d'ailleurs le cadet de ses soucis, car toute la détresse de l'air s'engouffrait en elle sans qu'elle ne puisse tout à fait la canaliser. Pourquoi tant sentir et ne jamais rien savoir faire ?! Elle resserra doucement sa poigne sur le bras de son phénix pour lui rappeler qu'elle était là sans l'interrompre. Respirer. Expirer. Bloquer. Pendentif. Elle n'avait pas son poignard, mais ce n'était pas important, c'était Coldris qui se sentait mal. Lui rappeler qu'elle était là. C'était drôlement égocentrique, cela aussi - comme si sa présence pouvait changer une telle horreur - mais c'était tout ce qu'elle pouvait tenter. 

C'était cruel et injuste. Tellement injuste. Heureusement, Éléonore avait un bandeau pour cacher ses yeux humides, il n'avait pas besoin de ça. Comment pouvait-on faire une telle chose à ses propres enfants ? Dire qu'elle parvenait encore à multiplier les caprices malgré la chance immense qu'elle avait eue. Elle le savait déjà, bien sûr, seulement imaginer cela… Pendentif. Se tenir. 

Et elle savait encore moins quoi dire que la première fois. Il n'y avait rien ! Rien sinon des hypothèses ridicules et même pas rassurantes. Et elle ne pouvait rien faire pour contrer cette détresse. Et à cause de son incompétence, il allait encore l'enfermer tout en lui et lui permettre de le ronger encore… Elle aurait tellement voulu pouvoir faire quelque chose... N'importe quoi.

— J'ignore ce qu'il voulait vous faire entendre, mais il avait certainement tort - on ne pouvait pas avoir raison, ni enseigner quoi que ce soit de sain en commettant des actes pareils - Ne le croyez pas. Qu'il ne gagne pas. Et... Je ne connaissais pas votre sœur, mais je crois que je l'aime beaucoup. Parce que c'est certainement grâce à elle que vous avez gardé un coeur malgré tout. Alors, au final, c'est elle qui a gagné, vous voyez ?

C'était sincèrement ce qu'elle pensait, même si c'était certainement bien faible pour lui. Elle aurait tellement voulu pouvoir faire mieux. Pouvoir changer ça pour lui. Faire disparaître cette horreur de sa vie. Hop, et ils réussissent à partir. Hop, et il ne perd pas son véritable amour. Oh, dans ce monde reconstitué, il n'aurait plus eu besoin d'elle. Il aurait sûrement même oublié qu'elle avait existé, mais ce n'était pas grave, elle aurait pu le faire quand même. Pour qu'il n'ait plus tout ce poids. Le sacrifice en aurait largement valu la peine, il aurait été heureux et elle serait partie en paix. Mais elle ne pouvait pas ! Elle ne pouvait pas ! Elle ne pouvait rien faire, c'était trop injuste. Trop injuste !
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Message par Coldris de Fromart Sam 18 Sep - 21:37



Elle protestait et ne semblait pas vouloir entendre raison sur les arguments qu’il avançait… Il s’y attendait et laissa donc couler sans relever. Un jour peut-être, espérait-il, elle découvrirait que l’un n’excluait pas l’autre. Et en même temps comment aurait-il pu avouer ne pas apprécier de la savoir se soucier autant de son bien-être ? Il aurait été fou de rejeter cela. Tout comme son aide dans l’éventualité où il recommencerait à s’égarer. Une chose qui reviendrait aussi surement que l’hiver et la neige qui l’accompagnait. La seule chose qu’il ignorait était « quand », car cela était parfaitement imprévisible. Tout juste pouvait-il déterminer quelques minutes avant dans le meilleur des cas qu’il perdait tout contrôle sur son esprit, mais parfois… Il ne fallait rien de moins qu’un guide pour le tirer de là. Il laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres tandis qu’il la cajolait. Qu’elle y reste donc dans ces bras si elle les aimait tant que cela, ce n’était pas lui qui s’en plaindrait. Lui aussi l’aimait. Devait-il lui dire encore et encore ? Il avait parfois l’impression que ce mot était trop faible pour contenir toute la plénitude qui l’inondait lorsqu’elle était à ses côtés.

— Et vous faites de moi un homme particulièrement chanceux, pour cela. Ce qui signifie que vous êtes donc ma belle et bonne étoile tout à la fois. Il accueillit ses lèvres dans un baiser plein de douceur. Il songerait à lui écrire un nouveau poème sur ce sujet… Et moi donc… avoua-t-il en caressant son visage lorsqu’ils s’éloignèrent de tout juste quelque centimètres.

C’était bien parce qu’il l’aimait autant qu’il pouvait trouver le courage de lui raconter ce qu’il maintenait dissimulé aux yeux de tous. Il réalisa d’ailleurs qu’elle en savait désormais plus qu’Alduis avec qui cela s’était avéré plus difficile. Sans doute car il s’agissait de son propre fils et…

Oui parfaitement, nous sommes pareils au fond, Coldris.

Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale. Cette phrase était nouvelle. Non il avait le sentiment de l’avoir déjà entendu quelque part… Quand ? Qu’importe. Il la balaya comme d’habitude, la reléguant aux oubliettes de son esprit avant de lancer sa jument au galop. Il avait besoin de cette activité pour ordonner son esprit et s’empêcher d’y céder. Il lui fallait quelques minutes avant de pouvoir entamer la suite. Mais cette main… Cette main qui s’était posée sur la sienne comme une ancre bienveillante… Oh oui ! Qu’est-ce qu’il pouvait l’aimer ! Merveilleuse, absolument merveilleuse.

Qu’en penses-tu, Isis, d’ailleurs?

Ce fut certainement ce qui lui donna le courage de poursuivre. Cette main, sa présence et étrangement aussi celle de sa sœur quelque part à côté d’eux. Il se demandait souvent à quoi elle ressemblerait aujourd’hui si elle avait vécu…

Il savait… il savait qu’il risquait de la briser avec des histoires aussi sordides. Sordide et affreusement réelle malheureusement. Ce qu’il aurait aimait que tout cela ne soit que l’un de ces horribles cauchemars, mais dans les pires moments d’égarement c’était l’inverse qui se produisait : il paniquait et finissait par envisager qu’elle n’avait jamais vraiment existé si ce n’était dans son esprit. Alors, il déchaussait le médaillon pour y découvrir le tissu toujours conservé comme une preuve indubitable de la réalité de ses souvenirs. Il s’en voulait de lui imposer une telle épreuve tandis qu’il avait conscience de sa sensibilité, cependant il n’y avait pas d’autres possibilités : elle devait tout savoir. C’était ce qu’il voulait plus que tout ce soir.

Coldris fit ralentir la monture dès lors qu’elle prit la parole. Ses mots le touchèrent profondément et il la serra dans ses bras aussitôt. Pour la remercier, pour la consoler de ce qu’il venait de lui faire vivre, pour se rassurer lui également. Il ne gagnerait pas. Il ne gagnerait jamais. Pour le reste, il ne savait pas.  Peut-être bien ou peut-être pas…

— « L’amour rend faible, Coldris ». Voilà ce qu’il m’a dit ce jour-là. Il voulait me prouver que s’attacher à quoi que ce soit était inutile, source de faiblesse et de malheur. J’aurais pu la sauver si j’avais eu le courage de saisir le poignard qu’il avait jeté exprès, mais je suis demeuré là, tétanisé alors qu’il la tenait entre ses bras. « Tu te crois malin et fort, petit rat? Tu n’es rien, rien du tout ». C’est pour elle que je suis venue à Braktenn. Je lui avais promis un jour que je la ferai danser sous les chandeliers du palais. Tout ça… C’est pour elle et écraser profondément mon père. Oh ce que je regrette qu’il soit mort si vite, croyez-moi. J’aurais tant aimé qu’il découvre son faible rat, s’être élevé bien plus haut que la misérable fange dans laquelle il se complaisait.

Coldris serra les dents. Peut-être l’aurait-il un jour ce plaisir, si l’au-delà existait. Ce qu’il y avait de bien, c’est qu’ils auraient tous deux l’éternité pour se parler et se venger en brulant dans les flammes de l’Enfer.


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