[3 février 1598] Nous sommes les fantômes de vos méfaits passés

par **Le Cent-Visages** Lun 27 Sep - 16:29

Jérémie Torrès, esclave évadé, 19 ans

Jérémie était informé des derniers événements du domaine de Monthoux par l'entremise de Cassandre. Ainsi donc, Monsieur allait signer un document reconnaissant son impuissance, sous la double influence de la princesse Kalisha et d'Hyriel. La scène serait cocasse. L'imaginer avait fait pousser un rire au fugitif. Un de ses rires rauques, brefs, rares, mais sincères. Jérémie n'avait que très peu connu la princesse Djerdanne. Malgré tout, de ce qu'il savait d'elle, il ne pouvait que se réjouir pour elle de la tournure des choses. Pourvu que son avenir soit moins désastreux. Et surtout, Monsieur le comte avait eu là une première bonne leçon. Première, espérait-il, d'une conséquente liste.

En attendant le résultat de ce plan orchestré par Kalisha, une première leçon arrivait incessamment sous peu. Elle serait amusante. Jérémie n'avait pas beaucoup l'habitude de s'amuser - cependant ce soir, il pressentit que la réjouissance y serait. Kalisha était complice : d'après Cassandre, elle avait laissé une des portes arrière du domaine ouverte et fait ce qu'il fallait auprès du personnel pour donner le champ libre aux fantômes. Merci à elle. Le récit que Cassandre lui ferait la réjouirait certainement.
Mais avant de commencer les festivités, le temps allait être aux retrouvailles. Même si cela ne se voyait pas, la grande ombre était heureuse de revoir Hyriel. Surtout après le calvaire qu'il avait traversé et dont Jérémie avait eu le détail grâce aux uns et aux autres. Entre autres nouvelles utiles à la libération des esclaves, les oreilles amies qu'il avait dans Braktenn lui avaient rapporté toute la terrible affaire.
Heureux était-il aussi de retrouver Cassandre. Après son dérapage de décembre sur le chantier d'Augustin, les choses s'étaient tout de même apaisées et Jérémie appréciait toujours ses conversations avec la petite demoiselle. Il était du reste curieux, ce soir : apparemment, Cassandre allait venir avec quelqu'un d'autre - une nouvelle recrue de la forêt d'Aiguemorte - qu'elle tenait à leur présenter.

Caché aux arrières du domaine de Monthoux, aux aguets, Jérémie attendit donc de voir arriver Cassandre, son nouveau camarade, et Hyriel. Il avait apporté un sac de farine et des hardes, utiles à qui souhaiterait se costumer un peu pour la circonstance. Après tout, le prétendu sorcier n'était-il pas officiellement mort ? Aidé de ses sbires, il revenait pourtant - telle une statue du Commandeur quittant pour un soir le monde des défunts pour aller rééquilibrer un peu la justice et donner une petite frayeur. Jérémie souffla par le nez : le comte de Monthoux et son odieuse intendante allaient se souvenir de cette soirée. L'esclave fugitif quant à lui se contenterait de sa longue cape noire. Il serait spectre d'un autre genre : il serait ombre. Il serait obscure faucheuse. La mort lui allait si bien.

@Cassandre Velasquez @Hyriel Radgery

par **Cassandre Velasquez** Mar 28 Sep - 11:40

[3 février 1598] Nous sommes les fantômes de vos méfaits passés Nico15

Nicolas Beaurin, 11 ans

Ce soir, ça allait drôle. Ils allaient bien s'amuser au domaine de Monthoux à tenter de rendre fous cet imbécile de comte et sa peste d'intendante. Cassandre en était toute excitée et avait longuement insisté auprès de Nicolas pour que celui-ci accepte de l'accompagner. Ce serait bien mieux d'avoir un fantôme de plus. En plus, comme elle, il courait vite et pouvait grimper n'importe où. C'était la recrue parfaite pour l'opération. Son ami s'était montré un peu perplexe au début, puis avait cédé, las, devant la longue argumentation que Cassandre semblait pouvoir poursuivre pendant des heures. Ce premier problème réglé, la maligne fillette avait ensuite expliqué à Irène dormir cette nuit avec Sylvère qui leur avait inventé un nouveau jeu. C'était presque vrai. Sauf que ça n'impliquait pas du tout Sylvère. Mais ça, Irène ne le saurait jamais !

Un peu avant l'heure fixée pour la rencontre, Cassandre retrouva Nicolas à l'orée de la forêt et tous deux firent la course pour être celui qui arriverait le premier. Cassandre s'agaça cependant que le garçon la dépassait et accéléra pour le dépasser et le poussa pour atteindre enfin le but.

"Gagné ! T'es trop lent, Nico la tortue !"

Le jeune garçon se releva en soupirant et la rejoignit en lui jetant un regard de travers.

"T'es qu'une tricheuse, c'est tout. Je jouerais plus avec toi, c'est décidé."

La fillette lui tira la langue, espiègle.

"Tu dis toujours ça, et tu joues quand même toujours avec moi !"

Nicolas préféra ne pas insister. Cette tête de mule avait toujours raison. Surtout quand elle avait tort. Il s'avança et aperçut un homme de grande taille au visage plutôt effrayant. Il trembla légèrement, mais évita de reculer. C'était un ami de Cassandre. Comme Lénius. Alors, ce n'était pas un méchant. Il n'empêchait qu'il n'était pas très rassurant celui-là. Nicolas n'aurait pas voulu le rencontrer seul, la nuit, à un croisement. Il s'approcha timidement.

"Bonjour. Moi, c'est Nicolas."

Cassandre s'approcha plus joyeusement, résolue à faire les présentations.

"Nicolas, voici notre ami le marquis Achille du Grand-Savoir, un vassal lui aussi du grand Roi Sylvère, et notre émissaire entre la ville ennemie et le royaume. Mon cher Achille, je te présente notre nouveau sujet, euh, le baron Nicolas de la Fougère."

Nicolas lui jeta un regard ennuyé.

"Pourquoi une fougère, d'abord ?"

Cassandre haussa les épaules, perplexe.

"Bah.... c'est la première chose qui m'ait venue en tête. Bon.. il est où Hyriel ? euh.. non il est où le duc du Thym ?"

La fillette s'impatientait de revoir son ami. Il lui avait tellement manqué. Et elle s'était tellement inquiétée pour lui. Pourvu qu'il ait si totalement se remettre des sévices de la tortures. Et si ça avait brisé complètement ses jambes ? Et s'il ne pouvait plus du tout marché ? Il était déjà si fragile avant son arrestation. Or, quand elle l'avait vu lors de l'accouchement, il était si faible, ayant besoin de l'oncle Joseph pour avancer. Avait-il pu guérir ? Elle ne serait pas rassurée tant qu'elle ne l'aurait pas enfin vu.

par **Hyriel Radgery** Dim 3 Oct - 13:34

Depuis quelques jours, Hyriel reccommençait à pouvoir sortir. L’agitation relative au bûcher s’était tassée, pour le mieux, et avec quelques artifices, il pouvait se fondre sans problème dans la foule, sans pour autant en abuser, naturellement. Ce soir-là, c’était particulier. Il retournait dans le lieu à l’origine de ses déboires, ou au moins d’une partie : Monthoux. Toutefois, c’était le sourire aux lèvres qu’il y retournait à la perspective de ce qui suivrait, tout comme de revoir ses amis. Justement, plus la petite cariole tirée par son cher mulet approchait, plus il distinguait deux silhouettes qu’il connaissait bien, accompagnées d’une troisième, inconnue. Son sourire s’étira quand il approcha et arrêta l’animal pour descendre. Retrouver ses béquilles lui donnait également l’impression de revivre, même s’il avait plus que jamais besoin de ses attelles. Il clopina ainsi vers la petite troupe et inclina la tête en guise de salut.

« Bonsoir à vous, spectraux compagnons. J’espère que je ne vous ai pas trop fait attendre… »

Il avisa, le cœur ému, Cassandre et Jérémie, qui lui avaient bien manqué.

« Je suis ravi de vous revoir, tous les deux. Et de te rencontrer. »

Il avait souri ce disant au gamin qui les accompagnait, probablement un ami de Cassandre mais qu’il ne connaissait pas encore.

par **Le Cent-Visages** Mer 6 Oct - 21:34

Jérémie Torrès, esclave évadé, 19 ans

Jérémie déposa le sac de farine et se tourna vers le chemin quand il vit arriver Cassandre et un énergique jeune camarade. Il esquissa un sourire et approcha, amusé de les entendre se taquiner. L'ambiance allait être bonne ce soir. Nicolas se rappellerait longtemps de cette soirée. Tout de même... pourvu que rien ne tourne mal. Le Torrès se promit de tout faire pour que rien ne menace le petit garçon, mais sans doute était-il déjà bien débrouillard s'il fréquentait les habitants de la forêt d'Aiguemorte.

-- Bonjour, Nicolas, lui répondit-il gentiment : il fallait le rassurer - le pauvre semblait un tantinet intimidé devant son allure de grand spectre.

Il souffla de rire aux brillantes présentations menées par Cassandre, inclinant même le haut du buste au très flatteur surnom qu'elle lui attribua. Son sourire s'étira au patronyme herboriste du petit garçon. Simulant une rencontre entre aristocrates, Jérémie avança un pied et tendit sa main à serrer au jeune Nicolas en se fendant d'un :

-- Un honneur de vous rencontrer, Baron. (un temps) Je suppose que tu n'as encore jamais visité de château ? J'espère que tu apprécieras la découverte animée de ce soir, même si rien ne vaut le palais forestier du sire d'Aiguemorte.

Et alors que Cassandre s'inquiétait du duc du Thym - belle trouvaille là encore - celui-ci parut dans sa petite charrette tirée par un mulet. Jérémie savait d'où Hyriel la tenait : il connaissait les plus récents détails quant à la résurrection du guérisseur et à ses conditions de vie. Plutôt bonnes, et de cela il devait se réjouir pour lui, même si cela impliquait désormais pour son ami - et compatriote - de coopérer avec un individu comme le Ministre de la guerre. Mais enfin... ce n'était pas l'heure ce soir pour les réflexions politiques. D'autant qu'Hyriel était arrivé et les saluait. Cela faisait grand bien de retrouver cet ami et son humour.
Une fois n'était pas coutume, Jérémie approcha et passa son bras osseux dans le dos du camarade pour une accolade. Puis il s'écarta pour le laisser saluer le timide Nicolas. Eh bien ! L'enfant avait là l'occasion de découvrir les amis atypiques que se faisait son espiègle comparse.

-- Je suis très heureux moi aussi de te revoir, reprit-il pour Hyriel. Et tellement soulagé, ajouta-t-il sans avoir trop envie de développer devant le petit garçon : soulagé de le voir vivant, soulagé de le voir libre de ses déplacements, soulagé de constater qu'il ne souffrait apparemment plus trop des tortures qui lui avaient été infligées.

Il se tourna vers Cassandre, qu'il savait avoir accompli des prouesses en compagnie de Louise et Phaïdée lors d'une certaines nuit de Noël et, complice et admiratif, glissa au guérisseur :

-- Ces dames ont été héroïques, d'après ce que j'ai pu entendre. (Un temps, suivant le fil très rapide de ses idées d'un sujet à l'autre, Jérémie se souvint de leur longue conversation lors de cette première rencontre en forêt. Il déclara donc : ) Nous ne croyions décidément pas si bien dire en octobre, quand nous avons parlé de revenir hanter Monthoux !

Et justement, il pointa son sac de farine et les vieilles hardes blanchâtres qui attendaient à côté de lui. Dans un clin d'œil aux trois complices, il proposa :

-- Intéressés ?

par **Cassandre Velasquez** Jeu 7 Oct - 11:18

Nicolas Beaurin, 11 ans

En observant Jérémie s'approcher, Cassandre remarque le sourire qui ornait son visage ordinairement austère. Il lui allait bien cet air. Il en paraissait plus jeune. Jusque-là, elle lui aurait la trentaine, amis finalement peut-être n'avait-il qu'une petite vingtaine. Elle n'arrivait plus à être sûre. Là dessus, l'énergique fillette se fit un devoir de faire les présentations en copiant sur les dignités officielles entre Grands. Par ailleurs, ne formaient-ils la véritable royauté qui gérait le royaume? Alors, ils devaient mettre un peu les formes. Et puis, Irène serait enchantée de la savoir faire preuve de politesse et de correction. De son côté, Nicolas resta plus calme mais sourit des paroles que le grand monsieur lui adressa.

"Non, je suis jamais allé dans un château. Mais Sylvère m'en a parlé. Et l aime pas du tout le compte qui vit là-dedans. Et pour que Sylvère aime pas quelqu'un, c'est que c'est que c'est quelqu'un de très méchant. Et puis, il était triste quand il repensait aux animaux que le comte tue et expose sur ses murs. Et Sylvère triste, c'est vraiment bizarre."

Nicolas rapportait ça de sa petite voix timide alors que Cassandre sentait sa gorge se serrer. Elle se rappelait, elle, avoir vu réellement Sylvère triste, déprimé même, à être enfermé dans ce château à passer devant tous ces trophées écœurants. Son ami entendait peut-être quelques récits là-dessus, mais elle doutait que son grand frère lui montre tout l'étendue de sa douleur. Et puis, il devait trouver quelque excuse pour justifier le comportement du gros porc. Brusquement, Nicolas s'enhardit lorsque Jérémie évoqua le palais d'Aiguemorte et s'exclama d'une voix plus franche :

"Bien sûr ! Il n' ya rien de plus que notre palais ! Non mais !"

Par esprit de contradiction, Cassandre renchérit.

'"Si, y a ma maison !"

"Mais y a pas une pente pour jouer à faire des glissades chez toi ! Alors la mienne est mieux ! Na !"

Fier de pouvoir pour une fois damer le pied à Cassandre, Nicolas lui tira la langue pour conclure le débat. La fillette oublia cependant vite l'échange, l'esprit trop préoccupé par l'absence de Hyriel quand celui-ci parut. Elle sourit de le voir. il semblait enfin en pleine forme. Elle s'élança pour le serrer dans ses bras.

"Hyriel !!!!"

Nicolas attendit quelques instants et s'avança pour saluer le guérisseur, de manière plus timide et modeste que Cassandre.

"Bonsoir monsieur Hyriel. Je suis content que vous vous soyez d'affaire. Je vous avait vu dans la cage, l'autre fois, c'était si triste. J'ai beaucoup prié pour que Dieu vous aide. je suis content qu'il a répondu !"

Cassandre leva les yeux aux paroles de son ami.

"'Tu as écouté ce que je t'ai raconté, Nico ? C'est pas Dieu qui a fait quoi ce soit. C'est nous. Ce sont les volontés humaines qui se sont regroupés et qui ont agi pour aider Hyriel. Il y a que comme ça que ce monde marche"

Nicolas secoua négativement la tête.

"Non, Dieu, il a senti que plein de gens ne voulaient pas que Hyriel. Alors, il l'a protégé. Dieu, Il est avec ceux qui souffrent, qui ont besoin d'aide. même si ces gens ne croient pas en lui. C'est pour ça que nous tirons toujours d'avance. Pourquoi tu penses que toi ou moi on est toujours en vie ?"

Cassandre haussa les épaules, maussade.

"La chance..."

Nicolas sourit doucement.

"Ce qu'on appelle la chance, je crois, moi, c'est l'intervention de Dieu dans nos vies. Mos intuitions, à nous, ou celles de personnes qui viendront aide, je pense qu'elles viennent de lui. Pour nous guider sur le bon chemin."

Lasse, Cassandre préféra ne pas insister. Toutes ces idées théologiques étaient ridicules, absurdes et épuisantes. Elle préféra revenir vers Jérémie, dont le sac de farine se révélait bien plus excitant. Sa main plongea dans sac, prête à se recouvrir entièrement de la poudre blanche. ce serait trop amusant de faire peur aux deux démons dans le château ! Elle en riait d'avance. Nicolas arriva derrière elle et elle sentit son hésitation. Elle l'imagina sans mal réfléchir à combien de pains on pourrait fabriquer avec cette farine. Plus d'une fois, quand ils vivaient tous deux dans la rue, elle l'avait entendu raisonner sur la possibilité de garder un pain découvert par terre ou aller le donner à une autre personne en se disant que lui n'avait pas faim et qu'un mendiant en aurait actuellement sans doute plus besoin.

Désireuse de lui faire oublier ces questionnements, Cassandre saisit une poignée de farine et la lança au vissage de Nicolas.

"Eh !"

Immédiatement, l'enfant plongea la main dans le sac, oubliant toute appréhension, et l'aspergea à son tour de farine. Cassandre se tourna alors vers Hyriel.

"Tu veux qu'on t'aide à en mettre ?"

Les mains des deux enfants débordaient de farine, prêtes à être jetées.

par **Hyriel Radgery** Dim 12 Déc - 16:57

Ah, que c’était bon de revoir ses amis et leur bonne humeur ! La chaleur de Jérémie surprit Hyriel, il dut bien le reconnaître, mais ne l’en réjouit pas moins. Il lui rendit sa franche accolade avec autant de chaleur, avant de se faire surprendre par l’étreinte de Cassandre, qu’il rendit aussitôt.

« Cassandre ! Quelle joie de te revoir ! »

Il comprit parfaitement ses sous-entendus de Jérémie et hocha la tête en souriant.

« Je pense l’être à peu près autant, je ne te le cache pas. Mais me voilà revenu d’entre les morts, plus vivant que jamais ! »

Il sourit en retour à Nicolas et allait lui répondre quand Cassandre s’en chargea. Il les laissa débattre en descendant et approuva la remarque de Jérémie à propos de Louise, Phaïdée et Cassandre, pour s’incliner autant qu’il le pouvait devant celle-ci.

« Et je leur en suis très reconnaissant. » (à Nicolas) « Et c’est admirable d’avoir la foi malgré les horreurs du monde qui nous entoure. J’avoue l’avoir perdue il y a bien longtemps… »

Quant à la suite, il se permit un petit rire en observant le château.

« En effet ! Peut-être pourrions-nous songer à une carrière d’oracle… »

Ses yeux pétillèrent en avisant le sac de farine et il hocha vigoureusement la tête en s’approchant.

« Bien évidemment ! Mais où as-tu donc dégotté ça ? »

Il rit aux jeux des enfants avant de se faire surprendre de la proposition. Un sourire malicieux naquit toutefois bien vite sur son visage et il écarta les bras avec joie.

« Je suis tout à vous ! »

par **Le Cent-Visages** Dim 26 Déc - 10:27

Jérémie Torrès, esclave évadé, 19 ans

Jérémie salua Cassandre et Nicolas et sourit de nouveau - un peu tristement d'abord - aux paroles bien justes malheureusement que le garçon tenait sur le comte. Le Torrès ne put qu'approuver :

-- Et Sylvère a bien raison de ne pas aimer cet homme-là. Il fait du mal aux animaux pour rien - simplement pour le loisir de chasser, et pas pour la nécessité de se nourrir - et pas seulement aux animaux d'ailleurs... Il fut un peu plus heureux d'entendre le sujet glisser vers des choses un peu plus joyeuses - le retour d'Hyriel parmi les vivants, ah en effet ! il était des plus vivants ! - et commenta volontiers quant aux demeures forestières : Sylvère et ses camarades ont le plus charmant château qui soit.

Il s'amusa du petit concours entre les enfants quant à qui possédait la plus jolie des maisons, avant que tous ne fassent un merveilleux accueil au Duc du Thym. Quant à savoir si quelque Providence veillait sur Hyriel ou si tout ne tenait bel et bien que de la chance comme le soulignait Cassandre, Jérémie n'intervint pas : le moment n'était pas à un débat philosophique. Kalisha avait préparé le domaine à leur venue - aussi ne valait-il mieux pas traîner. Tout juste le temps des embrassades, des joyeuses retrouvailles... et des préparatifs. Il se contenta donc d'approuver le guérisseur d'un petit hochement de tête : oui certes, que Dieu existe ou non, il y avait quelque chose de touchant et de stimulant à garder la foi, et surtout à agir en fonction. Si cela faisait du bien à Nicolas, il n'était pas temps de le décevoir. Quant à Hyriel... certes oui, il y avait de quoi comprendre, avec tout ce qu'il avait traversé, qu'il ne croit plus au Ciel.
La grande ombre poussa un petit rire devant le geste malicieux de Cassandre et Nicolas, déjà prêts à bombarder le guérisseur de farine ! Hyriel se remit tout entier à eux, bras grand ouverts. Cela avait quelque chose de cocasse. Jérémie se tourna vers Hyriel à sa question sur la farine :

-- De ma réserve. Cela ne manquera à personne.

Après tout, ce petit sac de farine était sien. En échange d'une soirée de jeux et de petite leçon donnée au cochon et au fennec, Jérémie était tout à fait prêt à ne pas manger de pain, mais des fruits et légumes quelques jours ! Il se chargea donc pour sa part de draper Hyriel avec les hardes blanches qu'il avait amenées aussi. Bientôt, le guérisseur se retrouva comme enveloppé d'une digne toge. Ne restait plus que la blancheur de ce qu'allaient lui envoyer Cassandre et Nicolas !

-- Es-tu prêt à être une apparition venue du Ciel - bien entendu pas de l'Enfer - pour frapper l'esprit de notre superstitieuse intendante ? Trouveras-tu les mots pour lancer ta carrière d'oracle ?

Quand tout fut fin prêt, il les conduisit vers la porte que Kalisha leur avait laissée ouverte. Jérémie la tint pour ses trois camarades et ils s'engagèrent dans le couloir qui menait au bureau de la Marthe. Elle y rôderait très prochainement. L'excellente mémoire de l'ancien esclave n'avait rien oublié de l'agencement des pièces, ni des horaires de circuit de la contremaître. Il se retourna brièvement vers Cassandre, Nicolas et Hyriel :

-- La princesse est dans le coup. Elle a ouvert ici. Les gens du domaine ne risqueront rien, tout a été pensé. Nous reste à jouer assez bien pour faire croire à une intervention d'Au-delà, glissa-t-il, sourire en coin. Ou à défaut, à une trop grande fatigue de l'intendante à force de travailler avec tant de zèle.

Alors qu'il adressait un regard complice à ses acolytes, une voix criarde résonna à l'autre bout du couloir. Celle de Marthe qui s'en prenait à tous les coups à un esclave :

-- La prochaine fois que tu laisses l'eau chauffer de trop, ce sera cinq coups de fouet !!!
-- Nul doute, c'est bien elle, grommela Jérémie, soudain assombri.

Il invita ses amis à poursuivre leur route vers le bureau de l'infecte Madame. Pendant qu'Hyriel des Cieux ferait son numéro, Cassandre, Nicolas et lui-même allaient devoir se cacher et opérer pourquoi pas quelques effets autour. Mais avant toute chose, une fenêtre brutalement ouverte, quelques courtant d'air, portes claquées et bougies qui s'éteignent gagneraient à attirer le fennec et à installer l'ambiance.

-- La scène est à nous, adresse-t-il à Cassandre et Nicolas. Des idées ? Son regard passa vers Hyriel. Il se retint de rire : vraiment, il était très beau en céleste apparition.

par **Cassandre Velasquez** Dim 26 Déc - 12:57

Nicolas Beaurin, 11 ans

Pendant que Cassandre se réjouissait de revoir Hyriel, Nicolas écoutait Jérémie et s'attristait de l'entendre confirmer à que le comte de Monthoux pouvait être si méchant avec les animaux et même des humains comme lui. Comment pouvait-on ? C'était si cruel. Si injuste. Mésange, Cassandre... Elles lui diraient une fois qu'il se montrait trop gentil si elles l'entendaient penser, mais lui ressentait une profonde peine pour les victimes de cet homme, mais aussi pour l'homme en question. Il ne devait pas avoir compris. Il s'estimait dans son bon droit. On lui avait dit qu'il était un seigneur respecté en croyait bien agir. Quand on donnait un jouet à enfant, celui-ci pouvait le torturer. Pourtant, il l'aimait bien. Les nobles étaient un peu pareils. Nicolas sourit ensuite de la conclusion sur les châteaux de la forêt.

"Ben oui, dans la forêt, on a les lus beaux palais du monde !"

Peu après, Nicolas s'avança à son tour pour saluer le guérisseur et entamer un début de débat avec Cassandre la foi. Néanmoins, pour appeler une discussion avec son amie un débat, il aurait fallu qu'elle renonce à sa mauvaise foi. Ce qui était impossible. Autant demander à un paralytique de marcher ! Il laissa vite tomber, résigné, et entendit Hyriel le féliciter de savoir garder la foi malgré les horreurs de ce monde alors que lui l'avait perdu depuis longtemps. Le jeune garçon l'observa d'un sourire doux, un peu rêveur.

"Quand on perd une chose, on peut toujours la retrouver ! Avoir la foi, ce n'est pas simplement croire en Dieu en une vie dans l'autre monde, c'est aussi avoir la foi en l'avenir. Que les choses, elles peuvent bien se passer. oui, il y a de la misère, des choses pas belles, mais voir que le malheur, ben, ça sert juste à devenir malheureux !"

Il pointa alors Cassandre du doigt.

"Et c'est comme ça qu'on finit comme elle à voir que les côtés négatifs !"

La fillette soupira, exaspérée.

"Je ne suis pas négative, mais réaliste."

"Tu peux aussi avoir conscience de la réalité, mais tout en lui trouvant les bonnes choses plutôt qu'à s'arrêter qu'aux mauvaises !"

Cassandre balaya l'argument d'un revers de la main, accompagné d'un haussement des épaules. Son ami en faisait trop. Puis, elle n'était plus si négative. Pour preuve après-midi, elle avait été plutôt confiante, au point même de défendre Coldris face à Irène incroyablement sceptique et même pessimiste. Nicolas ne la connaissait pas du tout aussi bien qu'il le croyait. La fillette préféra retourner près de Jérémie surtout que celui-ci montrait le sac de farine. Que c'était trop drôle de s'enduire le visage avec la poudre blanche. Après une légère hésitation, inquiet à l'idée que ça aurait pu servir à nourrir des gens, Nicolas se laissa happer lui aussi. Les deux enfants s'excitèrent ensuite à bombarder Hyriel qui s'offrait à eux et le bombardèrent de farine avec leur énergie fougueuse. le résultat ne se révéla pas des plus probant et le visage du guérisseur gardait quelques zones intactes alors que ses habits, eux, avaient été plus atteint. Le sol avait aussi changé de couleur. Niclas l'observa, soudain penaud.

"Demain, il faudra revenir balayer."

Cassandre ignora la remarque et préféra écouter l'intervention de Jérémie, qui préparait leur mission. La mention de l'oracle lui fit baisser la tête. C'était sûrement ce qu'il était. Comme elle. Avec leur intelligence qui dépassait celles des gens ordinaires, ils anticipaient les événements à venir. D'ailleurs, dans la Bible, il y avait un récit où le prophète Jérémie se faisait chasser en dépit d'avoir raison. Comme elle se faisait si souvent blâmer quand elle tentait d'expliquer ses raisonnements pourtant logiques. La fillette songea un instant à as conversation avec Irène avant de sortir. Est-ce que ça serait toujours la même chose ? Toujours à essayer de s'expliquer et à ne pas être compris... Toujours à deviner les choses sans que personne ne comprenne avant que celles-ci ne se produisent. Même quelqu'un comme Irène ne voulait pas l'écouter. Pourtant, elle était plus ouverte que ne l'avait été autrefois l'oncle Matthieu. Cassandre s'approcha de Jérémie et tira sa manche avec une timidité qui ne lui ressemblait pas.

"Jérémie... Dis, ça te fatigue jamais d'être intelligent ?"

Le petite groupe s'introduisit finalement dans la propriété par une porte dérobée. Si Nicolas faisait confiance aux paroles de Jérémie et à l'organisation des adultes, Cassandre restait suspicieuse. Kalisha avait-elle réellement tout anticipé ? Il suffisait parfois d'un rien pour enrayer une mécanique. Elle se reprocha de ne pas avoir mieux supervisé le plan. Elle possédait bien plus d'habileté et l'habitude à de telles manœuvres. A ses côtés, Nicolas devina sans mal ses pensées et retint à soupir. Elle était si prévisible... La voix de Marthe retentit et Nicolas se figea.

"Mais... mais elle est méchante cette femme !"

"Et encore, elle est sous sa forme humaine ! Quand est très en colère, elle se transforme en dragon et avale cinq esclaves avant de reprendre sa forme humaine !"

Nicolas lui jeta un regard noir alors que la fillette pouffa.

"Même pas drôle..."

Jérémie leur demanda des idées d'action et Cassandre sortit aussitôt de beaux chardons de ses jupons.

"Marthe a bien précisé au tribunal que c'était la plante du sorcier, non ? On va en glisser un peu partout alors !"

Nicolas ajouta plus timidement :

"On pourrait peut-être aussi déplacer les trophées d'animaux à d'autres endroits et pousser des cris pour faire croire qu'ils reviennent les hanter ? Sylvère serait fier !"

par **Hyriel Radgery** Jeu 20 Jan - 14:52

Hyriel sourit avec tendresse à Nicolas en entendant sa réponse sur la foi et l’approuva d’un hochement de tête. C’était une belle pensée, en effet, et cette foi-là, il la partageait un peu, malgré tout. Il soupira toutefois en voyant que Cassandre faisait pour sa part preuve d’une mauvaise foi assez importante.
Il se rassura ensuite à la réponse de Jérémie quant à la farine mais… tout de même.

« Et à toi non plus, tu es sûr ? »

Il lui faisait toutefois confiance, aussi se laissa-t-il draper en riant, puis enfariner, tout en souriant de la question de Jérémie.

« Fin prêt ! Je vais réfléchir à une formule aussi vague que frappante dont elle me dira des nouvelles ! »

Quand ils furent prêts, il suivit son compatriote vers la porte et se glissa dans le couloir. Revenir dans ce lieu lui donnait une impression étrange. Lieu de servitude mais en même temps, alors qu’il en remontait les couloirs tout enfariné, de liberté. Il écouta les avertissements de Jérémie en hochant la tête et sourit à l’alternative.
Il sursauta en entendant une voix qu’il ne connaissait que trop bien et grimaça à la suite de Jérémie.

« Toujours fidèle à elle-même. »

Secouant la tête à la blague de Cassandre, il continua son chemin et les laissa installer la scène en réfléchissant. Il approuva les idées des deux enfants avant d’ajouter la sienne.

« Et si vous êtes cachés à trois endroits différents, vous pourrez frapper contre le mur de temps en temps, tels des esprits, qu’en dites-vous ? »

Il remarqua en relevant la tête la figure rieuse de Jérémie et haussa un sourcil faussement sévère.

« Tu te ris d’un fantôme, jeune imprudent ? Prend garde au châtiment ! »

par **Le Cent-Visages** Mar 8 Fév - 12:52

Jérémie Torrès, esclave évadé, 19 ans

Pour son jeune âge, Nicolas était d'une certaine sagesse. Jérémie se trouva d'accord avec lui, notamment pour ce qui était relatif à la foi. Hyriel aussi parut l'approuver. Il sourit, et pour rester dans le registre religieux :

-- Tu prêches un converti. Bien entendu que l'on peut avoir foi en beaucoup d'autres choses qu'un dieu. La foi en ce qu'on fait, en ses capacités, en les possibilités d'améliorer le monde autour de soi, c'est bien à la base de toute initiative. L'on agirait pas sans ce mouvement. (d'aucuns appelleraient cela la force vitale ou le "conatus") Et qu'avoir foi n'empêche pas un regard critique et réaliste, de même que l'on peut être croyant et pourtant douter - c'est bien légitime. Cela montre une intelligence à l'œuvre.

Et justement, Cassandre lui posa cette vaste question de l'intelligence. Jérémie ne se voyait pas tant comme intelligent... que comme ayant une autre façon de fonctionner. Pour le meilleur et le pire.

-- Tu sais, parfois c'est tout le contraire, je me sens bien bête de n'avoir pas l'aisance à appliquer... certains codes. Ou d'aller trop vite dans un cheminement de pensée, en oubliant dans le feu de l'action que les personnes avec lesquelles j'échange à ce moment-là ne feront pas naturellement les mêmes associations d'idées. (rieur) Je pense que ce sont plutôt les autres que je dois fatiguer parfois. (plus sérieux) Mais à d'autres moment oui, tu as raison, ce qu'il y a de fatiguant est de ne pas pouvoir faire en sorte que ce flot s'arrête, ou que le sommeil vienne le soir et pas encore et toujours des raisonnements, ou... la fatigue et la culpabilité de ne pas toujours se sentir en adéquation avec les codes.

Vaste débat. Et il sentait dans la question de Cassandre qu'elle avait besoin d'aide pour apprivoiser ce qu'elle était. D'aide pour ne pas se perdre elle-même, mais aussi au contraire pour ne pas être trop orgueilleuse - c'était le risque, lui-même y était passé plus jeune, ne trouvant que cela comme bouclier pour combler son mal-être. Jérémie était prêt à l'accompagner dans cette réflexion. Et lui même en retour aurait sûrement pas mal à apprendre de Cassandre, à la voir à l'aise et joueuse en société.

Nicolas s'inquiétait de l'état du sol après la transformation d'Hyriel en ange rédempteur. Jérémie lui posa une main à l'épaule et le rassura :

-- N'aie crainte, je vais passer un petit coup de ce pas. Il ne s'agirait pas de laisser des indices de nos exploits, qui permettraient à Madame de comprendre que notre ange ici-présent n'était pas exactement descendu du ciel. (Tout en s'exécutant avec un des chiffons non utilisé dans le déguisement, il répond à Hyriel, touché de son intention) Vraiment, ne t'inquiète pas. Ce n'est pas tant que ça, et je mangerai... plus varié quelques jours.

Des fruits, des légumes, une petite poiscaille achetée sur le marché, il se débrouillerait. Mais là-dessus, ils entrèrent et s'échangèrent leurs idées. Jérémie souffla de rire à la description de Marthe en dragon et adressa à Nicolas un clin d'œil entendu, rassurant : c'était une blague. Quant aux chardons, pourquoi pas tant que ce n'était pas sur elle. L'idée de Nicolas amusa du reste Jérémie qui acquiesça : effectivement Sylvère appréciera ce petit supplément relatif aux malheureux animaux que chassait le comte. Si Marthe entendait cela, voyait ces déplacement, et rapportait cela à Monthoux. Cela ne le vaccinerait pas pleinement, autant ne pas rêver, mais lui donnerait peut-être la main un peu moins leste.
Ce fut là-dessus que tempêta la voix de la vieille chouette contre un malheureux esclave. Jérémie ne put que hausser les épaules de dépit au commentaire d'Hyriel. Quant à se cacher, il précisa :

-- Je resterai en veille près de la porte - derrière laquelle il se planquerait. Autant calfeutrer et éviter que Madame appelle au secours ou ne se tire trop vite. Quant aux deux jeune acolytes, leur petite taille leur donnerait bien des opportunités, il n'en doutait pas. Au courroux du spectre Hyriel, à son châtiment annoncé pour son rire, Jérémie rétorqua - en latin sans même s'en apercevoir : Castigat ridendo mores.

Mais déjà, le fennec arrivait dans son office, traversant le long couloir peu fréquenté - ce qui quelque part, arrangeait leurs affaires. Jérémie alla aussitôt prendre son poste dissimulé, prêt à faire claquer la porte dans un coup de vent impromptu. Depuis son rideau, il entrouvrit légèrement la fenêtre voisine, d'où un sifflement de vent jaillit. Aux autres acteurs de jouer.

[3 février 1598] Nous sommes les fantômes de vos méfaits passés Marthe11

Marthe, contremaître

Elle ne comprit pas d'où pouvait bien venir ce vent quand elle était entrée. Tout était bien fermé, bien gardé, bien sous sa baguette. Marthe regarda à droite, à gauche, et quand ses yeux revinrent en face d'elle... le claquement de la porte était devenu le cadet de ses soucis : une silhouette blanche était là... très étrange. Bien mal éclairée, elle dut plisser les paupières pour discerner davantage et sa bouche s'arrondit, estomaquée. Cette carrure. Ces béquilles. Serait-ce bien.... Non ! Impossible ! Tout Braktenn l'avait vu flamber.

par **Cassandre Velasquez** Mer 9 Fév - 13:48

Nicolas Beaurin, 11 ans

Alors que Cassandre écoutait une oreille peu attentive les discours de Nico et Jérémie sur la religion, Nicolas s'efforçait de comprendre les paroles que le grand homme au visage tanné tentait de lui expliquer, mais c'était un peu difficile. Il y avait du mal à saisir ce concept de la foi pour d'autres activités. la foi, c'était en rapport avec Dieu. Son esprit n'arrivait pas du tout à dissocier les deux éléments l'un de l'autre. Beaucoup trop de choses lui échappait. Le jeune garçon fit semblant de rien et adressa un léger hochement de tête poli. C'était bien gentil à Jérémie de vouloir lui expliquer. Il n'allait pas le blesser à dire n'avoir pas compris.

"Oh, je vois."

L'intonation légèrement soumise du garçon n'était pas détectable pour une autre personne, mais Cassandre releva, elle, la tête en l'entendant. Elle percevait que son ami n'arrivait pas à accrocher aux paroles de Jérémie. Son discours, pourtant simple, lui échappait. Est-ce que c'était qu'Irène éprouvait elle aussi en l'écoutant ? Est-ce que c'était comme ça qu'on la percevait ? Est-ce qu'elle était gênante ? Cela la blessait d'imaginer qu'on ne la comprenait pas, que ses paroles échappaient toujours au sens de ses interlocuteurs et que ceux-ci l'interprètent différemment de ses intentions réelles. timidement, la fillette se rapprocha de Jérémie et lui posa une question un peu maladroite mais qui lui brûlait les lèvres. Elle écouta avec attention et se reconnut dans tout ce que le jeune homme lui narrait. Oublier dans le moment d'une discussion que certaines personnes ne pouvaient comprendre aussi vite ou ne jamais se sentir en adéquatons avec les autres. La fillette se mit alors à soupirer avec lassitude.

"Moi, j'ai l'impression que je fatigue tout le monde..."

Après cette conversation, le groupe se recentra sur la raison véritable de leur présence. Pendant que Hyriel terminait de se maquiller en fantôme, ce dernier s'inquiétait avec Nicolas de ce que la farine aurait pu être. Le jeune garçon se souciait même des tâches laissées au sol. Jérémie les rassura et déclara effacer toutes les traces. Ils s'introduisirent finalement dans le domaine et surprirent la voix stridente de l'intendante qui houspillait un malheureux esclave. Cassandre en profita pour tisser un conte qui amusa Hyriel et effraya Nicolas. la fillette adressa une œillade complice au guérisseur, fière de son récit. Ils convinrent d'un plan pour se jouer du vilain dragon et ce fut le grand moment d'entrer en scène.

Rapidement, Cassandre se faufila vers l'endroit d'où criait Marthe en laissant tomber ici et là, à intervalles réguliers des chardons. Jérémie venait de claquer mystérieusement la porte et l'intendante était déjà effrayée. Cassandre rit sous cape. Ce n'était pourtant pas le plus effrayant. Puis, la silhouette de Hyriel lui apparut et elle se figea, visiblement ahurie. Elle n'était pas prête pour al suite. la fillette se déplaça rapidement pour jeter un autre chardon près de ses pieds et se rendit à une autre porte pour la claquer avec fermeté avant de se dissimuler dans un recoin sombre.

***

Au même moment, Nicolas avait préféré s'éloigner du groupe, jugeant que tous étaient assez nombreux et ils risquaient de se gêner. Il se rendit rapidement jusqu'au hall en évitant de se faire remarquer. Il n'y avait heureusement personne. Face aux trophées macabres qui garnissaient le mur, le jeune garçon ne ressentit pas cet effroi dont Sylvère lui avait tant parlé. Ce n'était pas joyeux, oui, mais c'était du même genre que les têtes de condamnés que l'on exposait quotidiennement au mur. Depuis le temps, malgré sa douceur, Nicolas avait oublié à fermer son coeur devant les horreurs que certains hommes manifestaient. Il tourna la tête avec prudence pour vérifier que personne ne risquait de le surprendre et approcha pour décrocher la tête d'un cerf empaillé. C'était un peu lourd, mais il était costaud. Où il pourrait l'installer maintenant ? Peut-être dans un des salons ? Il eut soudain une idée amusante ! Il allait les exposer dans les fauteuils et faire comme s'ils attendaient pour prendre le thé. Le jeune garçon pouffa. oui, c'était drôle, ça. Sylvère rirait bien demain quand il lui raconterait l'expédition

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