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[18 février 1598] Exposée à vos jugements

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Message par Le Cent-Visages Lun 21 Fév - 20:22

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Agent_10

Agents du guet royal

Ils étaient arrivés sur la Grand' Place. Naturellement, davantage de monde que d'ordinaire y passait depuis qu'on avait installé l'instrument. Les curieux ne manquaient jamais ce genre de spectacle. Leurs yeux suivirent le carré de soldats qui marchait jusqu'à l'estrade, entourant la jeunette qui devait être exposée. On se posait des questions à mi-voix. Si jeune ? Qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir fait ? Une sale gosse pour les uns, une voleuse pour les autres... Une en tout cas qui se calmerait bien vite. Braktenn comptait tant de gamins des rues ou de garnements subissant ce genre de sanctions. Comme ce béquilleux en septembre dernier.
Les bras et la tête de Cassandre furent passés au travers des épaisses planches de bois. Le tout fut solidement scellé. Trois vigiles allaient se relayer autour de l'estrade durant toute la durée du châtiment. Les citadins commencèrent à reprendre leur route, leurs activités respectives, une fois terminé le triste spectacle de l'installation. Seuls quelques-uns s'attardaient. Certains jetaient de la boue ou les habituels fruits pourris de mise dans ces circonstances. Comme cela se faisait à chaque pilori, ou lorsque passaient des cages avec des esclaves fraîchement capturés ou des condamnés emmenés vers la prévôté. Mais d'autres badauds au contraire ne faisaient rien, ou affichaient au contraire une mine plus désolée.
Bientôt, les heures commenceraient à défiler, lentement, dans le frais de cette fin d'hiver. Et Cassandre allait comme faire partie du décor pendant que, tout autour, les uns et les autres continueraient leur vie. Seuls les gardes devaient ne pas relâcher leur surveillance.
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Message par Alexandre Lun 21 Fév - 21:46

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Romain17
Romain Bellanger, 54 ans, libraire

Aujourd'hui, c'était un grand jour.

Alors qu'il ouvrait sa librairie, Romain avait entendu des voisins discuter et appris que le pilori venait d'être installé sur la grande place et qu'une enfant serait prochainement exposée pendant deux jours. En cherchant plus d'informations, il avait découvert que la gamine était en prime une esclave et que cette petite impertinente avait osé insulter une dame noble. En voilà une qui avait eu hérité d'un maitre faible, de ceux qui laissaient tout passer. Quelle absurdité ! Un esclave, comme un enfant, cela se dressait. Avec sévérité. Autrement, il mordait la main de celui qui le nourrissait. Une idée commença à germer dans son esprit. Dans la matinée, une rencontre était prévu avec un marquis pour lui vendre plusieurs livres. Et s'il partait plus tôt afin de pouvoir passer sur la grande place assister à l'événement ? Romain s'amusait déjà la pensée de torturer un peu plus la vilaine fillette qui se croyait supérieure à ceux plus hauts socialement de sa petite et insignifiante personne ? Il racontera ensuite cela avec plaisir à son bon ami Roméo autour d'une bonne bouteille.

Lorsque Romain arriva sur la Grande Place, la silhouette misérable gisait dans le pilori, entourée par les gardes. La foule se tenait docilement et discutait, mais personne ne la huait. Il réprima un sourire mesquin. Le châtiment devait se poursuivre de manière bien plus humiliante afin d'être marquant. Que son esprit se souvienne à vie de cela ! Elle avait déjà de la chance de s'en tirer à si bon compte... Lui, à la place des juges, il aurait exigé la flagellation. Une bonne lanière claquant sur un dos, rien de mieux pour corriger un esclave ou un enfant et lui enseigner les bonnes manières ! Sur ces pensées, le libraire s'avança et toisa la gamine à la tête vissée dans le bois avec mépris.

Désireux de se faire entendre, Romain toussa pour s'éclaircir la gorge.


"Pfff... Alors, une esclave aussi jeune se permet de manquer de respect aux nobles ? C'est tout bonnement inadmissible ! Si j'étais à la place de son maître, je lui donnerais cinquante coups de fouet ! Il n'y a que ça que ces êtres comprennent. Rien d'autre. Dès le premier jour, dès la première heure, un esclave, ça se soumet. Autrement, il devient une bête agressive dont seule la mort peut nous débarrasser."

Sur ces paroles, sentant ma foule qui se mettait à parler tous en même temps, certains se raillant à ses mots, Romain s'arrêta. Son rôle ici était terminé. Néanmoins, avant de se retirer, il se tourna vers la gamine et lui cracha d'un rictus méprisant.

"Bon courage, petite impertinente."

Avec un peu de chance, elle recevrait peut-être quelques fruits pourris. cela lui apprendrait à oublier sa place. Satisfait, il se retourna et s'éloigna pour quitter la grande place. Toutefois, le libraire resta près e l'entrée, curieux de voir pendant un petit temps l'effet que ses paroles allaient avoir.

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Message par Cassandre Velasquez Lun 21 Fév - 22:26

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19
Nicolas Beaurin, 11 ans

Cassandre se trouvait attachée au pilori depuis une longue heure. Elle demeurait stoïque, s'efforçant de ne pas prêter attention aux conversations dont elle faisait l'objet et aux regards que les badauds lui lançaient. Ils n'étaient rien. Elle se moquait de leurs opinions. Eux, ils n'étaient rien pour elle. En revanche, la fillette s'inquiétait bien plus pour Nico et Mésange qui s'étaient avancés pour végéter au pied du pilori. Combien de temps comptaient-ils rester là ? Ils allaient crever de froid ! Elle, ça irait. Elle était résistante. Mais eux étaient encore si petits. Ils tomberaient malades à endurer le froid hivernal pendant deux longues journées. La fille se décida à leur adresser la parole d'une petite voix :

"Rentrez. Vous êtes gentils, mais vous allez attraper la mort."

Nico se retourna et lui jeta un regard de travers.

"Nan, on reste avec toi. Jusqu'à la fin."

Elle soupira.

"Nico... Arrête d'être aussi têtu."

Le garçon tourna la tête vers Mésange en pouffant.

"T'en penses quoi, toi, de ça ?"

La conversation tourna cependant court lorsqu'un bourgeois ave un ventre légèrement rebondi s'avança, la mine suffisante. Cassandre baissa les yeux lorsque celui-ci commença à s'exprimer et à faire l'éloge de l'esclavage et des méthodes répressives cruelles. En son for intérieur, elle tempêtait, mais elle ne pouvait pas liasse éclater sa colère.

"Connard... Connard, tu n'es qu'un connard !"

Alors que l'homme persistait, Cassandre s'appliquait à rester humble tout en répétant mentalement des insultes. Il se retira enfin après une dernière provocation à son intention.

"Bon courage ? Ben voyons... Bon courage à ta famille qui supportent quotidiennement ta connerie."

Nicolas observait avec inquiétude la foule qui réfléchissait aux paroles méprisantes qui venaient d'être dites et redoutait la colère populaire. Il se releva et s'avança pour se tenir devant le pilori, les brasé cartés. Son frêle petit corps n'était rien face à autant d'adultes. S'il se passait quelque chose de réellement sérieux, il ne pourrait pas les contenir. Mais il devait essayer. Il devait protéger Cassandre. D'une voix forte, le jeune garçon prit la parole :

"Je vous prie, bonnes gens de Braktenn de ne pas entendre les paroles que cet homme vient de prononcer. Oui, mon amie Cassandre a fait une bêtise. mais à son âge, est-ce qu'il n'y a pas une personne qui n'en a pas fait et qui aurait mérité être sévèrement puni ? Est-ce que vous n'avez eu rien fait de mal ? Est-ce que vous êtes tous des Saints ? Jésus, il avait dit quand on jugeait une femme adultère, que sel celui qui n'a jamais péché peut lancer les pierres sur elle. Jésus, il ne veut pas nous voir en colère. Non, il préfèrerait qu'on prie et qu'on encourage Cassandre à se reprendre."

En entendant l'intervention déstabilisante de son ami, Cassandre releva la tête, surprise. C'était qui ce garçon ? e n'était pas Nico. Non, Nico, c'était un enfant timide, craintif... Il ne ferait jamais des choses comme ça. Pourtant, sous ses yeux, c'était bien ce qui se produisait. La foule l'écoutait et quelques personnes commençaient à se calmer. Plusieurs femmes s'étaient même mises à prier, encouragées par la suggestion de Nicolas. Cassandre obversa, impressionnée, le dos du jeune garçon.

"Nico..."

Nicolas fixa, inquiet, la foule et la sentait se détendre progressivement. Les tensons retombaient peu à peu. Il se décida à porter le dernier coup qui persuaderaient les plus rétifs.

"Et puis, si vous faites du désordre, les gardes, ils vous arrêteront et demain, c'est vous qui vous retrouverez à votre tour au pilori !"

Cassandre ferma les yeux en réalisant l'évidence qui s'imposait désormais à ses yeux.

"Nico... Tu as mûri. Tu n'es plus un enfant maintenant."

C'était toutefois étrange comme sensation de voir ce petit garçon qu'elle connaissait depuis tant d'années, dont elle s'était continuellement occupé, se révéler. En cet instant, il lui semblait même bien plus adulte qu'elle pourrait l'être, elle.
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Message par Éléonore de Fromart Jeu 24 Fév - 9:39

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Screen12
Mésange, 9 ans

Cassandre était enfin sortie ! Oui, elle était dehors, mais elle n'était pas libre pour autant. Cela faisait presque une semaine que Mésange tenait compagnie à Nico pour l'attendre. Elle était même allée, sans conviction, chez la dame. Elle avait mangé avec prudence, fait de discrète réserves pour ses petits, mais dormi au sol tout de même, parce qu'un lit, c'était trop compliqué. Quoiqu'en pense Nico, il ne fallait pas non plus qu'elle se ramollisse comme une bourgeoise.

Avec Nico, Pierraille, Piécette et Festin, elle attendait à côté du pilori que leur amie en soit détachée. Elle lui jeta un regard sévère lorsqu'elle tenta de les en dissuader. Elle approuva la réplique de Nico d'un large acquiescement, mais Cassandre n'était pas convaincue.

— J'pense qu'chuis d'jà rentrée, t'façon. Chuis encore d'la rue, moi, j'te rappelle. C'pas parce qu'toi, t'es chez les bourgeois qu'moi j'aurais ramolli, lâcha-t-elle avec un certain agacement.

Une rancœur enfuie, aussi, quelque part. D'une certaine manière, ils l'y avaient abandonnée. Et ils ne la prévenaient jamais de rien, non, et ça montrait bien qu'ils s'en fichaient. C'étaient quand même ses seuls amis humains, alors… Et elle les aimait bien quand même, mais Nico se trompait l'autre jour. Cassandre pouvait peut-être tout faire pour lui, mais pas pour elle. Elle croisa les bras et se tut. Elle n'allait quand même pas partir, voilà ! Une petite langue battit contre sa main, qui la rassura. Elle poussa légèrement le museau de Pierraille afin qu'elle cache sa petite tête. Ils en avaient assez de se cacher, mais c'était important.

Oh, et en parlant de bourgeois, en voilà un autre qui venait blablater par ici. Elle découvrit les dents comme un chien en l'entendant dire qu'il fallait tuer Cassandre, et ses petits s'agitèrent quelque peu, la trouvant furieuse. Heureusement qu'il partait. La fillette écarquilla les yeux lorsque Nico intervint toujours sans savoir s'il fallait l'appeler idiot ou héros. Elle acquiesça gravement, même si son discours c'était un peu du blabla quand même. Oh, et puis tant mieux si ça calmait les gens. Elle lui sourit quand il revint. Oh ! En plus, ça lui rappelait quelque chose.

— Cassandre, t'sait qu'j'ai vu l'palais-grotte et qu'y a un ancien curé vraiment bizarre qui vit là ? chuchota-t-elle juste qu'elle puisse l'entendre.
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Message par Cassandre Velasquez Jeu 24 Fév - 14:11

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19
Nicolas Beaurin, 11 ans

Une seule heure s'était écoulée et Cassandre ressentait déjà des tiraillements dans ses bras et ses épaules, forcés de restés immobilisés et contractés. La rudesse du bois dans lequel sa tête était compressée lui égratignait le cou. L'épreuve serait longue et difficile, mais elle ne s'en plaindrait pas. Elle ,e manifestera pas même le moindre signe de ses légères douleurs. Elle avait mérité sa place ici. Ce n'était ni juste ni gentil d'insulter une personne. Que celle-ci soit une noble ou une paysanne. Son père en aurait été fortement déçu. s'il avait toujours été très tolérant avec ses nombreuses bêtises, jugeant que ce n'étaient que des farces d'enfants que et que celles-ci passeraient avec l'âge, celui-ci n'avait jamais transigé avec la notion de respect. Elle se remémorait qu'Achille avait parfois essuyé plusieurs gifles lorsque son frère osait répondre avec insolence et exprimer nettement que l'ouvrage dans les vignes le faisait chier. C'étaient dans ses seuls moments que Cassandre avait vu découvrir son père véritablement en colère. Alors, qu'est-ce qu'il aurait pensé d'elle en apprenant qu'elle avait insulté une noble ? Il aurait été certainement horriblement déçu.

"Pardon, papa..."

Pour le moment, le sort de ses amis l'inquiétaient plus le sien. Dans ce froid glacial, avec le vent qui ne cessait de monter, Nico et Mésange allaient attraper la mort s'ils restaient ave elle tout le temps de son supplice. Ne pouvaient-ils pas aller s'abriter ? Elle tenta de leur demander de rentrer, mais Nico se montra bien trop têtu et refusa d l'entendre. Quelle fichue tête de pioche ! brusquement, Cassandre sentit la mauvaise humeur et la colère dans l'intonation que Mésange pris pour lui répondre. Est-ce qu'elle lui reprochait de vivre chez Irène ? De ne plus la comprendre ? Est-ce qu'i y avait un décalage entre elles comme il existait un entre Irène et elle ? Son coeur se serra. Elle ne voulait pas savoir Mésange malheureuse et aigrie. Nicolas les contempla, mal à l'aise, sans oser savoir quoi dire. les discussions de filles, ça pouvait être dangereux. Surtout entre ces deux-là.

Après un instant de réflexion, Cassandre répondit à Mésange en se montrant à la fois calme mais ferme.

"Mésange, tout d'abord, je vous ait enseigné à toi, Nico et quelques autres enfants que vous n'aviez pas à vivre uniquement dans les rues. Au contraire, je vous ait toujours demandé de rester près des églises et de dormir la nuit dedans. Même si tu n'aimes pas les curés, ça je comprends, ils laissent n'importe qui dormir dans une église. Et tu es au moins protégé là-bas du froid. Tu peux même avoir des gens qui te donneront à manger."

Tout rappelant ces conseils, Cassandre repensa à l'attitude de Mésange et ses paroles. Elle eut soudain l'impression de se revoir face à Bérénice. C'était de l'insolence. Mésange se comportait comme elle. Alors, si celle-ci n'apprenait pas à mieux se conduire, elle pourrait se retrouver un jour elle aussi au pilori, à cette place. Ou pire. Son ventre se serra douloureusement en imaginant les bêtises que Mésange pourrait faire et les risques qu'elle courait. Cassandre la fixa et reprit en la gratifiant d'un sourire triste.

"Mésange... a moi, tu peux me dire ce que tu veux, de la manière que tu le veux, mais cette façon dont tu parles, c'est de l'insolence. Et c'est pour ça que je suis ici, que je suis punie. Si tu n'y prends pas garde, un jour, toi aussi, tu seras punie de la même manière. Personne n'aime les gens qui se comportent mal."

Légèrement en retrait, Nicolas observa la scène, à la fois perplexe et fière de l'évolution de son amie. Finalement, elle commençait bien à comprendre et à vouloir changer. Il y avait eu bien raison de plaider sa cause auprès de madame Bérénice et d'expliquer combien Cassandre était une bonne personne.

"Tu penses être petite Mésange, Mésange, et à l'abri, mais tu n'es pas seule. Tu penses que tu as beaucoup de temps devant toi, mais d'ci trois ou quatre ans, tu auras l'âge de commencer un apprentissage. Quel maître voudra te prendre si tu as de mauvaises manière ? Aucun. Tu penses peut-être que ce n'est pas important, mais si ça l'est. Vivre dans la rue, ce n'est pas une fatalité. Tu peux espérer de nombreuses choses. pas forcément de grands choses, mais au moins avoir déjà un toit sur la tête et ne pas s'inquiéter de chercher de la nourriture, est-ce que c'est déjà pas un beau projet ? Tu peux le faire ça. Il te suffit juste d'avoir un peu d'ambition."

Sur ces paroles, anxieuse à l'idée de froisser son amie, Cassandre décida de s'interrompit et termina d'un sourire encourageant.

"Je ne veux pas te blesser, Mésange, ne le prends pas mal, s'il te plait. Je me fais du souci pour toi. Je ne veux te voir ici un jour, à ma place."

Son ventre lui faisait douloureusement mal à l'idée d'imaginer as pauvre petite Mésange les bras et la tête passés dans le pilori. Non, elle souhaitait pas cela pour elle. Elle voulait la savoir heureuse, loin de ses problèmes liés à la rue, comme Nico ayant découvert un meilleur équilibre avec Sylvère. Si seulement elle pouvait trouver un adulte digne de confiance qui réussirait à prendre en charge la fillette et à lui apprendre de meilleures manières.

Un silence gênant s'ensuivit durant lequel Cassandre n'osa pas reprendre la parole. Elle préférait laisser réfléchir. Ou celle-ci boudait. A sa place, elle aurait sans doute agi de même. Nicolas les contemplait avec tristesse mais préférait ne pas intervenir. C'était un souci à régler entre elles, mais si ça le minait lui aussi. Cassandre laissa retomber sa tête contre l'écrou du pilori, abattue. Son esprit s'aventura à songer à son propre cas. Est-ce qu'elle aussi aussi pouvait apprendre à mieux se comporter ? Est-ce qu'elle ne finirait par retomber dans ses travers ? Elle ne voulait plus être une gamine mal élevée que les adultes n'écoutent pas. Elle voulait qu'ils entendent ses opinions et puissent se laisser aller à y réfléchir. Le souvenir brumeux de sa rencontre avec Bérénice lui revint à nouveau. Elle n'arrivait même pas à expliquer pourquoi elle s'était aussi mal conduite. Pourtant, en allant à Fromart, elle s'était résolue à être sage. Elle avait même cessé d'ennuyer les gardes. Ou pas. Elle se rappelait s'en être moquée intérieurement de leur surprise à la voir demander à entrer. Elle était sans doute d'une humeur dangereuse, orgueilleuse... Puis, elle avait été frustrée de ne pas comprendre le problème d'échecs qu'elle essayait de résoudre. Ses émotions avaient comme explosé. Mais ce n'était pas une excuse. Rien n'excusait de mal parler aux gens.

Sur le fait de mal parler aux gens, ce bourgeois qui s'approchait l'irrita considérablement. Cassandre ne le connaissait et s'efforçait à canaliser la colère que ses paroles faisaient monter en elle. Ce serait jouer son jeu. Elle s'appliqua à être soumise et humble, la tête bien courbée, appuyée contre l'écrou qui lui pressurisait le cou, et refoula les plaisanteries acerbes que son esprit imaginait en réponse aux sornettes que l'homme lançait à la foule. Il se permettait même de lui souhaiter un bon courage d'un sourire parfaitement fourbe. Quel imbécile ! Face à la foule qui réfléchissait à la portée du discours, Cassandre releva la tête et redouta de subir son courroux. Après de telles manipulations, les plus corrosifs entraineraient les faibles et elle recevrait peut-être des tomates ou de la neige. Son ventre se serra par anticipation. Ce n'était qu'un mauvais moment à passer. Les gardes les dissiperaient rapidement. Du moins, elle l'espérait. Néanmoins, à sa stupeur, le salut ne vint pas des soldats mais de Nico qui s'avança pour proposer à la masse uniforme un magnifique discours d'amour pour s'opposer à la haine que le bourgeois venait de souffler. Devant la force qui tranquille qui émanait du jeune garçon, Cassandre ne put retenir les quelques larmes qui perlaient à ses yeux.

"Nico.. ?"

L'enfant accourut la rejoindre, tout sourire.

"Pardon, Nico. Pardon pour toutes les fois où je suis moquée de moi et je te disais que je te faisais un tas de reproches. En réalité, je.. Tu es une personne incroyable. Non, tu es même la personne le plus forte que je connaisse et je suis fière d'être ton amie."

Nicolas l'observa avec surprise, peu habituée à entendre Cassandre exprimer comme ça ses émotions. Elle avait plus l'habitude de les refouler et d'user de l'ironie pour dire aux gens le contraire de ses pensées. Il irait peut-être demain à la cathédrale en discuter avec l'évêque de Braktenn pour savoir si ça pouvait compter comme un miracle. Le garçon ne laissa rien voir de sa gentille moquerie et lui sourit.

'"Bah... Je fais pas grand chose, tu sais."

Cassandre avait les yeux humide à cause des larmes et c'était désagréable avec ce froid. Elle tourna peu après la tête vers Mésange qui venait de prendre la parole pour révéler être aller dans la grotte de Sylvère. Elle pouffa de la remarque du palais-grotte. Il n'y avait que Nico et Sylvère pour appeler l'endroit un palais. C'était un endroit amusant, oui, mais un palais, fallait pas exagérer non plus. La mention du curé bizarre retint cependant plus attention.

"Un.. Un curé bizarre ? C'est pas un gars pauvre que tu me parlais, Nico ? Ou Sylvère loge une autre personne, en plus ?"

"Non, non, c'est bien Thierry. Je te l'avais pas dit ? C'est un ancien curé. Il a été renvoyé pour je sais pas quelle raison. Sans doute parce qu'il a eu des enfants et qu'un prêtre, ben c'est pas censé en avoir ! En tous cas, Mésange, elle l'a dressé ! Maintenant, il m'aide aux tâches ménagères ! Enfin, il se coupe une fois sur deux en épluchant des légumes, mais il essaie au moins. Par contre, il sait toujours pas allumer un feu !"

En écoutant le récit du jeune garçon, Cassandre réfléchit et ne fut pas longue à recouper les informations. Un ancien curé qui avait eu des ennuis avec a justice, ayant eu des enfants, et qui se nommait Thierry, les coïncidences se multipliaient trop pour que ce ne soit pas la même personne. La fillette eut aussitôt une mine contrariée. Qu'est-ce que ce déchet humain faisait avec Nico ? Et Mésange.. Mésange.. Elle était encore petite, mais s'il réussissait çà gagner sa confiance, dans quelques années...Elle se refusa imaginer la suite. Mésange.. Non, Mésange ne subirait jamais une telle chose avec cette homme-là. Si elle percevait une réelle menace, elle hésiterait pas à se rendre dans la forêt à saigner ce porc de sa dague. Son corps servirait à nourrir les animaux. Dans sa mort, il aurait plus d'utilité que de toute sa vie. Elle ne se sentirait pas une meurtrière de cela. Non, elle ferait que protéger Mésange et toutes les femmes que ce porc répugnant pouvait encore croiser.

"Cet homme.. Il se nomme Thierry d'Anjou, c'est bien, ça. ?"

Nicolas hocha de la tête, surpris de son intonation qui avait monté. Pourquoi était-elle en colère ?

"C'est un homme très dangereux. Vous ne devez lui accorder aucune confiance. Il a été chassé de l'état clérical pour avoir agressé une femme. Il a fait même plus. Il a abusé de nombreuses femmes pendant des années, mais aucune n'a été le signaler. Sauf celle qui s'est faite agresser al dernière ! Elle, elle a eu le courage de porter plainte ! Et c'est mon amie !"

Sa mine s'assombrit en prononçant ces derniers mots.

"Enfin.. c'était. Maintenant, elle ne voudra plus me voir."

"Mais.. Non, c'est pas possible ! Thierry.. Thierry, il est gentil ! Il.. Il n'est pas méchant !"

"Est-ce que tu mets la parole de mon amie en doute, Nico ? Elle s'est faite agresser !"

Certes, Eléonore ne l'avait pas formulé aussi clairement, celle-ci avait déclaré être présente le jour de l'agression et que c'étaient là des images qu'elle s'efforçait d'oublier. En toute logique, cela insinuait que c'était bien elle la victime de cette épouvantable agression. Mais contrairement à toutes les précédentes, elle avait eu la force d'accuser son bourreau. Eléonore, c'était décidément la femme la plus forte e la plus courageuse au monde. Et en plus, avec ça, elle était la plus gentille.

"Eléonore.. J'aimerais vous ressembler. Au moins, un petit peu"

Sur ces pensées, Cassandre laissa ses amis méditer à ces nouvelles informations et laissa son regard peine parcourir la grande place.
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Message par Éléonore de Fromart Jeu 24 Fév - 21:59

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Mésange, 9 ans

Oui, oui, les églises, elle savait. Et l'une de ses cachettes s'y trouvait. Mais Mésange croisa les bras, elle ne voulait pas écouter. Cassandre faisait comme si elle lui avatout montré, mais c'était faux. Elle avait vécu plus longtemps qu'elle dans la rue, d'abord ! Avec son frère. Et puis, c'était vrai, elle l'avait aidée un peu, mais elle s'était vite fait attrapée et la petite avait passé la majorité de ce temps livrée à elle-même, exploitant tant bien que mal les possibilités qui s'offraient à elle.

Elle roula des yeux quand Cassandre parla d'insolence, et fit semblant de ne pas écouter. Qui avait réussi à s'attirer des ennuis, déjà ? Eh bien voilà ! Elle, on ne l'attacherait pas, parce qu'on ne l'attraperait jamais, et de toute façon : même pas peur. Et puis, elle ne se comportait même pas mal, d'abord. Sa gorge se serrait pourtant, comme de larmes qu'elle ne laisserait pas échapper, d'une peine qu'elle cacha derrière un air indifférent et agacé. C'était qu'elle ne voulait pas fâcher Cassandre et que Nico et elle ne soient plus du tout ses amis.

Elle n'était pas petite. Et non, elle n'était pas seule : elle avait Piécettes, Pierraille et Festin, et ils faisaient une famille tous ensemble ! Elle n'avait besoin de personne ! Et puis, trois ou quatre ans, c'étaient des durées qui ne voulaient pas dire grand chose pour une enfant qui vivait relativement au jour le jour. Quant aux apprentissages, ce n'était pas pour les enfants des rues. Les beaux projets, ce n'était pas très nourrissant.

— J'prends pas mal et t'façon ça m'arrive pas, voilà ! Et tout c'que t'dis c't'idiot parce qu'tu sais qu'ça marchera pas. L'reste c'est l'faux espoir. Toi ta dame qui t'dit qu'tu peux jouer l'bougeoise, chouette pour toi. Nico qu'y a son roi et mange d'la viande tout l'temps, chouette pour lui. Bah moi c'pas comme ça. Moi j'ai personne, voilà. Mon frère y disait ça, qu'la rue c'tait pas pour toujours. Bah l'est mort, maintenant ! MORT ! Et puis, t'es pas mon frère, d'abord, c'pas toi qui décide, c'moi toute seule t'façon.

Elle lui tourna le dos, bien décidée à ne plus lui parler. C'était bien joli, mais elle n'y croyait pas. Elle n'y croyait pas. Elle avait envie de partir et de pleurer. Et de les laisser tous seuls, voilà, tant pis pour eux. Elle demeura sur place, Immobile. Piécettes vint lécher la larme qui lui avait échappé, Festin frotta son museau contre sa joue, Pierraille lui faisait des bisous sur la main. Elle leur chuchota des excuses. Non, elle n'était pas toute seule. Elle ne serait jamais seule, puisqu'ils étaient là tous les trois. Les autres lui manquaient. Son frère lui manquait. Et elle savait qu'elle ne voulait pas être fâchée contre Cassandre, mais elle n'avait pas envie de lui parler maintenant.

Puis vint un intrigant, et Nico défendit bien Cassandre. Elle n'aimait pas les gens qui étaient vraiment méchants avec Cassandre, et il était vrai qu'elle n'avait pas été chouette. Et comme Cassandre s'excusait de s'être moquée de Nico, Mésange estima que c'était le bon moment d'arrêter de bouder sans trop perdre la face.

— Bah oui, Nico c'est le plus gentil pour un humain !

Elle se rappela alors de son escapade dans les bois et du drôle de type qu'elle avait rencontré. Cassandre s'étonna, puis, comme Nico expliquait, elle acquiesça, fière d'avoir réussi à rendre ce monsieur gentil avec Nico. Parce que Nico, il était trop gentil pour qu'elle laisse les autres s'en servir comme d'un paillasson.

Mais maintenant, Cassandre disait que le gars était très dangereux. Mésange haussa les épaules. Elle n'avait peur de rien, de toute manière. Elle fronça les sourcils quand Cassandre affirma que son amie avait été attaquée.

— Moi il m'a dit qu'il mentait tout l'temps, et pour le reste je l'crois pas, mais ça j'crois c'vrai. Puis l'a dit aussi qu'ses enfants l'aimaient pas, mais s'occupe pas d'eux. Puis, aussi, s'est j'té par terre d'vant moi quand j'lui dit d'arrêter prendre Nico comme d'son service et l'a supplié qu'se conduirait bien. L'a aussi dit qu'Nico c'tait mon amoureux mais j'lui ai dit qu'c'était même pas vrai, d'abord. Pasqu'si on peut défendre que quand c'est amoureux, bah… là c'est toi qu'Nico y défendait.

Remarque innocente sur laquelle elle tira la langue alors qu'un autre monsieur s'approchait pour parler à Cassandre comme s'il la connaissait.

Jean Sargnan, 29 ans

Dans sa notion de ce qu'était un vrai Tianidre, Jean avait dut oublier, au moment de suivre celle qu'il considérait comme telle, combien un tel individu était… il n'avait même pas de mot. Car si sa cousine était devenue vicomtesse de Fromart, elle n'en restait pas moins incroyablement tidrienne, et d'un esprit de contradiction exquis - sa dernière victime en date étant une jument innocente, dont le nom était la définition même dudit esprit.

Ce n'était pourtant pas en vertu d'un caprice caractériel que la douce Éléonore l'avait envoyé ici aujourd'hui. Contrairement à sa mère et à sa grand-mère, elle était une personne adorable. Oh, elle avait hésité. Qu'il y aille, qu'il n'y aille pas. Qu'il y aille, qu'il n'y aille pas. Car la jeune femme craignait, semblait-il, de contrarier son époux. Finalement, la roulette s'était arrêtée sur la décision de l'envoyer. Car s'il y avait une seule chance pour que cela puisse apaiser, même un peu, cette petite dans l'épreuve qui lui était imposée, elle se devait d'au moins tenter cela.

Cela, en réalité, n'avait l'air de rien. Pourtant, derrière ce mot qu'elle ne transmettait même pas de vive-voix, il y avait, Jeanne était certain, de nombreuses pensées bien sincères de compassion et de courage pour cette petite. Le simple fait qu'elle l'envoie malgré toutes les hésitations qu'elle avait eues constituait pour Jean une preuve de cette sincère sollicitude.

Il vit la fillette, et deux autres enfants. Cette fillette, il l'avait rencontrée près d'un mois plus tôt, lorsque celle-ci lui avait confié un message à remettre à Mademoiselle de Tianidre. Dans un moment calme, où l'on ne se préoccupait guère trop de la petite, Il s'approcha, comme n'importe quel badaud et transmit son message avec le volume sonore classique des Tianidre - à savoir qu'il parlait lui aussi naturellement bas :

— Mon amie Antoinette regrette de n'avoir pu venir elle-même. Elle te transmet néanmoins tout son courage pour cette épreuve et espère pouvoir te parler bientôt.

À savoir, dès qu'elle saurait l'organiser. Il fallait dire qu'elle s'en était fort préoccupée ces dix derniers jours. Elle s'en voulait affreusement de n'avoir pu l'aider davantage, mais ne pensait même pas être capable de faire mieux. Depuis qu'elle avait appris que tout était parti des échecs, elle s'était même mise à culpabiliser de la situation.
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Message par Cassandre Velasquez Jeu 24 Fév - 23:17

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19
Nicolas Beaurin, 11 ans

Pendant que Nicolas se reculait préférait garder une distance nécessaire entre lui et les deux filles, Cassandre observait avec tristesse Mésange et espérait que celle-ci comprendre ses arguments. Elle en doutait. Elle était aussi têtue qu'elle-même pouvait l'être. C'était la seule force qui permettait à une fille de survivre dans la dureté de la vie. Survivre.. Mais cela n'aidait pas à vivre. Un jour, Mésange serait adulte. Elle ne serait pas toujours une enfant mignonne que l'on pardonnerait les petites impertinences. Elle courait vite, oui, mais elle n'était pas non plus à l'abri de ne pas un jour ne rien trouver et s'évanouir. Les soldats la ramasseraient et elle serait elle aussi asservie. Cassandre se refusait à assister cela. Elle voulait savoir Mésange libre. Libre de décider sa vie comme-ci l'entendait.

Mésange répondit et ses paroles blessaient Cassandre. Elle avait l'impression de s'entendre raisonner. Elle avait pensé et parlé souvent de cette manière et il y avait peu de temps. Que pouvait-elle lui répondre ? Comment réussir à la convaincre ? Comment lui expliquer que non elle n'était pas seule ?

"Mésange... Non, Mésange, tu n'es pas seule. Je ne te laisserai jamais seule. Peut-être que je ne peux pas toujours te voir, il y a des choses que j'ai à faire, mais si tu as vraiment besoin de moi, je serais toujours là. Je ferais n'importe quoi. Et Nico aussi. Nous ne te laisserons pas."

Son coeur se serra un peu plus lorsque le cri de désespoir jaillit et rappela la mort cruelle de son frère. Cassandre baissa la tête, mal à l'aise. Elle ne comprenait que trop bien ce sentiment. Sa famille... son père... Ils lui manquaient tant. Que pouvait-elle lui répondre ? Elle réfléchit puis se décida à dire maladroitement, redoutant de blesser son amie :

"Mésange... Je ne veux pas décider pour toi. C'est ta vie. C'est toi qui sait ce que tu veux pour toi, mais moi, je m'inquiète pour toi, c'est tout. Je... je t'aime. Et je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose de mal ou de dangereux."

Sur cet aveu compliqué, Cassandre baissa la tête, mal à l'aise, alors que Mésange lui tournait le dos. Est-ce qu'elle avait réellement dit les bonnes paroles ? Et si finalement elle l'avait blessé ? Elle ne savait pas s'exprimer sans faire mal aux gens. Comme avec Irène. Quand elle souhaitait discuter de ses inquiétudes sur al question d'un apprentissage en parfumerie, sa tutrice avait pris la mouche pour ne parler que Coldris et la fillette avait souhaité le défendre. Il pouvait être sévère, effrayant, mais c'était aussi une personnage intéressante, ouverte, avec laquelle elle pouvait discuter de tout.

"Non, ça c'était avant. Maintenant Coldris..."

Elle retint un soupir, déprimé, en se rappelant de sa colère terrible.

"Maintenant... il me déteste"

Alors que Cassandre se perdait dans ses pensées et sa tristesse, un bourgeois s'approcha pour utiliser son exemple et cracher son mépris vis-à-vis des esclaves. Par bonheur, Nico sut contenir les relents de la foule grâce à son courage et l'amour que le jeune garçon possédait. L'incident leur permit de voir Mésange revenir vers eux et l'approuver sur le fait que Nico était la meilleure personne au monde.

"Oui, c'est un vrai héros !"

Tout gêné, Nicolas rougit de tous ces compliments et accueillit avec satisfaction le changement de sujet de Mésange. En revanche, les révélations de Cassandre sur Thierry. il ne doutait ni de sa version ni celle de son amie. Personne ne pourrait faire de si graves accusations qui seraient un mensonge. Mais peut-être existait-il une incompréhension ? Ou un malentendu ? Thierry avait peut-être eu un geste déplacé mais sans savoir que c'était mal ? Ou cette femme avait mal interprété son un geste ou une intention ? Cela arrivait.

De son côté, Cassandre écoutait avec attention les paroles que rapportait Mésange, ayant plus confiance en son opinion sur cet ancien prêtre défroqué que Nico. Nico était trop gentil et aurait offert le Paradis à Satan !

"Pour les mensonges, je ne sais pas, mais pour ses enfants adultérins, je confirme, il y a plein. Il culbute un tas de femmes, puis les délaisse. Il n'a jamais un regard pour tous les enfants nés à cause de lui. Et e plus, pour quelques uns, il leur transmets une maladie. Certains sont infirmes. Soit en fauteuil, soit en béquille. Mais lui il s'en occupe jamais. Il ne doit même pas avoir une pensée pour eux. "

La suite la laissait stupéfaite. Comment cet homme avait pu tomber à genoux face à une enfant et la supplier ? Certes, Mésange savait se défendre, mais elle restait une fillette. Un adulte ne se laisserait pas impressionner, à moins d'être un rude poltron.

"Mais tu lui as fait quoi pour qu'il te supplie comme ça ?"

"Elle lui a broyé les parties intime, je parie."

Tout en marmonnant, Nicolas se tint instinctivement les siennes. La seule évocation du supplice le rendait livide. Mésange n'arrangea pas les choses en rappelant que Thierry avait prétendu que lui et Mésange seraient des amoureux alors que si c'était juste défendre défendre quelqu'un, ça voulait dire qu'il serait amoureux de Cassandre. Le garçon se recula, terriblement mal à l'aise, le visage cramoisi.

Parallèlement, Cassandre se sentit tout aussi embarrassée et rougit alors que Mésange leur tirait la langue, amusée de as pique. alors, c'est cela que ses victimes avaient pu ressentir quand elle croyait bien agir en formant les couples ? Elle comprenait mieux la colère et l'agacement que ses amis avaient pu exprimer et en fut soudainement honteuse. Elle s'en excuserait prochainement. A tout le monde.

Dans l'instant qui suivit, un homme s'approcha du pilori et s'arrêta à sa hauteur. Cassandre releva la tête, nerveuse. C'était in individu bien habillé. Un bourgeois ? Comptait-il l'humilier ? C'était pourquoi elle se trouvait là. Pour être exposée aux moqueries et aux humeurs de la population. allait-elle entendre un autre discours agaçant ou recevrait-elle une claque ? La fillette attendit. La réponse viendrait bientôt. De toute manière, elle n'avait rien d'autre à faire. Ses yeux s'écarquillèrent en reconnaissant le visage. C'était l'un des domestiques d'Eléonore. Que venait-il faire ici ? Vérifier qu'elle était ben punie ? Qu'elle regrettait sa bêtise ? Cassandre se sentit de plus en plus nerveuse. Eléonore... Si seulement elle pouvait lui demander de ses nouvelles, amis en public, ce serait trop gênant d'évoquer leurs liens. Une noble ne pouvait frayer avec une délinquante. Ses yeux s'écarquillèrent un peu plus en entendant le message délivrée. Antoinette ? Eléonore avait repris le nom que Cassandre avait utilisé lors de leur première rencontre. Et celle-ci lui transmettait du courage dans l'épreuve et souhaitait lui parler. mais... C'était vrai ? Eléonore.. Eléonore souhaitait réellement encore la recevoir ?

"Elle... Elle ne me déteste pas ?"

Ses yeux s'humidifièrent devant un témoigna aussi précieux.

"Je... Vous pouvez lui transmettre que je veux moi aussi lui parler et que je suis désolée d'avoir perturbée tout son quotidien avec mes bêtises ?
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Message par Éléonore de Fromart Sam 26 Fév - 10:23

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Screen12
Mésange, 9 ans
Jean Sargnan, 29 ans


Mésange avait tourné le dos, et ne revint pas vers son amie. Elle était triste, fâchée. Et puis, elle n'avait plus envie de lui parler pour l'instant. Ses trois camarades étaient là pour la réconforter. Elle n'avait pas besoin de Cassandre et Nico, voilà.

Plus tard, l'héroïsme de Nico la ramena dans la conversation, au sujrt du type bizarre, duquel Cassandre parlait en utilisant plein de mots compliqués. Mais ça, Mésange avait bien compris qu'il ne s'occupait pas de ses enfants. Après… les parents, elle ne savait pas vraiment ce que cela représentait non plus. Était-ce vraiment quelque chose d'utile ?

La fillette tira la langue, fière d'avoir démontré qu'elle n'était pas amoureuse. Puis, ils faisaient quand même des têtes un peu drôles. Elle aurait peut-être pu essayer d'apprendre à Nico à finir mal à l'aise : c'était facile : il suffisait de n'en avoir rien à cirer. En revanche, qu'il ne s'inquiète pas pour son entrejambe, ce n'était même pas vrai qu'elle avait blessé cette part de l'ancien curé. Elle secoua la tête avant de s'expliquer :

— C'est qu' Piécette el's'tait montée sur mon épaule, debout comme ça, pour m'défendre ! expliqua-t-elle en levant les mains d'un air agressif. Puis j'étais fâchée, alors l'a dit qu'j'étais envoyée du Ciel. Et l'avait très peur. M'a supplié d'laisser une chance, et bah… comme l'avait l'air dangereux, j'ai dit qu'oui, mais qu'si f'sait encore mal, bah j'allais appeler tous mes autres rats. Alors, y disait qu'ferait mieux, mais qu'fallait l'aider pasqu'savait pas comment s'comporter. Bah j'lui ai dit qu'il avait qu'à aider Nico plutôt qu'le traiter comme son chien.

Elle ne voulait pas être méchante, sauf qu'il fallait se protéger et qu'elle ne lui faisait pas confiance.

oOo

Jean avait compris, au regard de la petite, qu'elle l'avait reconnu. Il lui transmit donc son message, confiant quant à sa capacité d'identifier sa provenance. La petite avait l'air touchée. À sa question curieuse, le messager ne put réprimer un sourire.

— Il faut croire que non, fit-il remarquer.

Il ne pensait pas sa cousine fort portée sur la haine, de toute façon. Il ne manquerait toutefois pas de lui rapporter la question, ainsi que la réponse que la petite lui fournissait. Et qui, encore une fois le fit sourire à par lui : c'était que Madame n'avait manifestement pas eu besoin d'aide pour chambouler son quotidien.

— Je le lui dirai. Courage, petite.
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Message par Cassandre Velasquez Sam 26 Fév - 11:52

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19
Nicolas Beaurin, 11 ans

Cassandre écoutait avec attention les explications que rajoutaient Mésange sur ce mauvais curé, curieuse de rassembler autant d'informations que possible pour comprendre la situation que la fillette et Nico avaient vécu. Elle n'aimait absolument pas cette idée qu'ils fréquentent un homme susceptible d'agresser des femmes. Elle se demandait même pourquoi Coldris l'avait l'accueilli une semaine au sein de l'une de ses propriétés. Lui, tout débauché qu'il soit, respectait les femmes, et elle se souvenait au lupanar l'avoir aperçu intervenir lorsqu'un client agresser l'une des prostituées qui s'était refusée à lui car elle était engagée auprès de plusieurs amants. La fillette en déduisait que le ministre avait souhaité le surveiller devant le verdict de la justice si faiblarde. Cela ne lui ressemblait pas, mais son esprit ne concevait pas de meilleure hypothèse. Elle préféra oublier ces idées pour revenir aux paroles de Mésange. Ses sourcils se froncèrent lorsque celle-ci révéla que Piécette s'était dressée sur l'une de ses épaules. Cela lui rappelait... Eléonore lui avait conté que peu après son agression, un rat était apparu et lui était monté sur le bureau, terrifié.

"Je comprends. Il a une peur panique des rats."

Dans son esprit, avec toute la mauvaise conscience qu'il devait avoir, la peur l'avait sans doute fait déliré au point d'associer Mésange à un ange descendu du Ciel pour le juger de ses crimes. Quel idiot ! Décidément, la religion ne servait qu'à affaiblir les gens et à les contrôler. Néanmoins, dans certains cas, c'était utile. Cassandre accorda un sourire à Mésange.

"Tu as très bien agi, Mésange. Je suis fière de toi."

Nicolas, gêné, intervint d'une petite voix.

"Mais c'est pas gentil de se moquer des peurs des gens !"

"Est-ce plus gentil d'abuser des femmes ?"

"Ben... Il a peut-être changé ? La justice l'a pas pendu, alors ça doit vouloir dire qu'il rst pas complètement mauvais !"

Cassandre soupira devant la naïveté de son ami.

"Elle n'avait seulement pas assez de preuves, c'est tout. Désolé, Nico, parfois certains hommes changent, mais ceux qui agressent des femmes, jamais. C'est gravé en eux."

Nicolas préféra ne pas répondre et baissa la tête. Il trouvait Cassandre injuste de refuser à Thierry le droit de s'amender. Il avait peut-être ait du mal à des femmes, mais il devait le regretter maintenant. Il avait l'air gentil. Il essayait même de l'aider, même si c'était maladroit et qu'il lui faisait perdre plus de temps qu'autre chose.

Peu après cette discussion, Cassandre observa avec appréhension un homme s'approcher puis reconnut l'un des domestiques d4Eleonore. Elle l'entendit délivrer le message de la jeune femme et en eut les larmes aux yeux. Malgré sa grosse bêtise, malgré son insolence, elle ne la détestait pas du tout. Elle s'inquiétait même de son sort. Elle était si gentille. La fillette murmura ce message à son intention et retourna à la solitude du pilori, l'esprit hanté par les paroles touchantes d'Eléonore.

***

Quelques heures s'étaient écoulés et le clocher proche sonnait l'office de sexte. Cassandre gardait la tête appuyée dans l'écrou du pilori, sentant de plus en plus cette pression qui lui écrasait le cou. Ses épaules et son dos la tiraient affreusement dans cette position inconfortable que la fillette se trouvait depuis le début de la matinée. Ses jambes étaient entièrement engourdies et elle les bougeait difficilement quand elle essayait de les remuer un peu pour chasser les crampes qui les paralysaient. Seul le froid et le vent glacial ne lui faisaient rien. Avant de suivre les gardes de la prévôté, elle avait pris soin d'enfiler sa robe la plus chaude et une tunique dessous, devinant sans mal que cela lui serait utile à rester immobile longtemps en cette saison. Dans sa tête, Cassandre s'efforçait de ne songer à rien. Ce serait une torture que de réfléchir à ses problèmes.

Soudain, Nicolas se leva pour apporter aux soldats qui gardaient le pilori une tartine à chacun d'entre eux en leur souriant doucement. Ils le fixèrent, un temps surpris, puis acceptèrent, trop satisfaits d'avoir à manger. L'enfant en donna une autre à Mésange, puis se tourna vers Cassandre.

"Je n'ai pas faim, Nico."

"Peut-être. Mais tu manges. Tu as besoin de forces !"

Cassandre soupira, comprenant que cela ne servait à rien de négocier. Elle mordit lentement dans la tranche de pain que son ami lui tendait. Dans sa position, la tête aussi maintenue, les mains entravées, elle ne pouvait manger vite ou risquerait de s'étouffer. Nicolas alla ensuite chercher un petit pichet d'eau et la fit bore. Il lui nettoya la bouche de son mouchoir. Cassandre baissa les yeux, à la fois honteuse, mais heureuse de l'amitié que le jeune garçon lui témoignait.

"Merci..."

Nicolas ramena ensuite le pichet vers Mésange, devinant que celle-ci voudrait sûrement boire aussi. Tout semblait paisible lorsqu'un petit caillou toucha le front de Cassandre. Elle releva la tête et distingua une petite bande de garçons, plutôt bien vêtus, qui riaient. L'un d'eux tenait une fronde et il devenait clair que leur jeu était de la viser. Son visage se durcit et devint impassible. Elle ne leur ferait pas le plaisir de manifester de la douleur. Ni de l'agacement. Ils se lasseraient les premiers.

"Mais... Mais ils sont méchants !"

Il tourna la tête vers les gardes.

"Ils vont sûrement intervenir pour te protéger, non ?"

Cassandre soupira.

"Nico... Je suis exposée au pilori, face à la population qui me juge. Ce sont des choses normales."

"Mais.. Mais c'est pas bien !"

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Message par Éléonore de Fromart Lun 28 Fév - 14:13

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Screen12
Mésange, 9 ans

Bah oui que Thierry avait peur, elle l'avait bien vu. La réaction de Nico lui rappela néanmoins pourquoi elle ne lui avait pas raconté. Elle ne savait pas si cet adulte était définitivement plus mauvais que les autres, mais il était hors de question de se mettre en danger pour lui.

— Puis j'me suis même pas moquée ! Juste protégée, j'té rappelle ! Comme ça i pouvait pas m'attaquer !

On ne pouvait pas toujours faire comme s'il n'y avait que des personnes gentilles autour.

oOo

Nico venait de faire une distribution de nourriture. Même aux gardes, qu'il en avait donné, quelle idée ! Et Cassandre qui avait encore essayé de faire sa tête de mule.

Bientôt, de jeunes bourgeois vinrent pour attaquer Cassandre. Ça, c'était parce que les jeunes et les enfants, c'était tout aussi méchant que les adultes. Mésange se leva et se décala innocemment pour tenter de barrer leur angle de tir - puisque Cassandre disait qu'il ne fallait rien faire, bah elle faisait semblant de ne pas intervenir. Ses petits étaient partis se dégourdir les pattes, mais elle ne s'en inquiétait pas.

— L'gens y s'en fichent du bien, Nico. L'bien ça existe même pas pour de vrai, r'garde ! Y disent même ça c'est d'la justice.
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Message par Cassandre Velasquez Lun 28 Fév - 15:33

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19
Nicolas Beaurin, 11 ans

Pendant que Nicolas s'employait à la distribution de nourriture, Cassandre admirait intérieurement la bonté de son ami. Il s'en allait même offrir un peu de pain aux gardes alors que ceux-ci pourraient le molester ou le mépriser. Elle ne connaissait décidément pas d'un être qui soit plus gentil. Pas même Eléonore ou Sylvère. Après une maigre tentative, elle céda et manga la tartine que lui tendait le jeune garçon. C'était bon et cela remplissait l'estomac. Son dernier repas remontait à hier soir. Tout semblait calme sur la grande place. Quelques badauds passaient et lui jetaient des regards de travers. D'autres lui marmonnaient qu'elle ferait bien de réfléchir à sa conduite. Ce n'était jamais trop méchant. Il n'y avait pas eu de nouvel agitateur pour créer de trubles comme ce bourgeois dans les premières heures de la matinée.

Brusquement, des garçons issus de la bourgeoisie apparurent et s'amusèrent à la viser d'une fronde. Elle se reçut un premier caillou dans le front, puis un un autre à la joue. Malgré la douleur, Cassandre serra les dents. Pas question de leur montrer la moindre réaction ! Ils en seraient trop ravis et s'en exciteraient. Ils continueraient alors.  Cela ne faisait pas mal. Cela ne faisait absolument pas mal. Dans son esprit, ces pestes étaient comme le monstre de Rottenberg qui s'était amusé un jour à renverser son panier, puis à lui écraser la main de sa maudite canne. Elle n'accorderait jamais la moindre satisfaction à de tels êtres.

"J'ai plus de patience que vous, crétins !"

Néanmoins, ses amis, eux, ne pensaient pas comme elle. Alors que Nicolas cherchait un moyen de les arrêter, Mésange se plaçait dans la trajectoire de leur tir. Cassandre en lâcha un cri, horrifiée.

"Mésange, non ! Ne fais pas ça !"

Les petits bourgeois pouffèrent d'un rire bête. L'un d'eux, celui qui semblait être le chef, se tourna vers celui qui tenait la fronde. Le garçon rit après ses paroles et se mit à viser Mésange. Face à ce spectacle, Nicolas accourut dans leur direction.

"Arrêtez ! Mais arrêtez !"

Le petit chef pouffa de sa candeur.

"Ben quoi ? La fille là-bas, elle est censée souffrir pour ses bêtises, c'est ça, non ?"

"Mais... C'est pas gentil ! Imagine si t'étais à sa place !"

"Ben, j'y serais jamais. moi."

Nicolas pestait intérieurement contre cette attitude qui l'agaçait, mais se força à être calme. Il réussit à sourire.

"S'il vous plaît, laissez-nous tranquille."

Le chef éclata de rire, plus que moqueur.

"Mais t'es vraiment qu'un bébé, toi !"

"Je ne veux juste protéger mes amies, c'est tout. Tu ferais pas pareil pour les tiens ?"

Durant ce temps, le lanceur de la fronde continuait à viser Mésange. Prise au piège, Cassandre tapait ses mains dans les trous où celles-ci étaient entravées. Elle souffrait véritablement de voir son amie prise pour cible par sa faute. Des larmes avaient commencé à couler.

"Mésange ! Mésange, va t-en !"

"Tout ça c'est ma faute... Si je n'étais pas au pilori, Mésange..."

Son regard se tourna un instant vers Nicolas qui discutait avec les mauvais garçons.

"Nico... Nico toi aussi.. sans moi, tu... "

En cet instant, la fillette avait abandonné tout abandonné tout orgueil. elle pleurait, misérablement, sans pouvoir se souvenir avoir été un jour plus impuissante qu'aujourd'hui.

Brusquement, l'un des garçons tira la manche de son chef.

"Je m'ennuie ! On fiche rien, nous, pendant qu'Eudes, il tire !"

"Puis, j'ai froid, moi !"

"Allons plutôt chez moi ! En plus ma mère a préparé un gâteau !"

Le chef se tourna vers ses amis, rapidement séduit par la dernière proposition. Ils se se retirèrent aussi vite qu'ils étaient apparus. Nicolas soupira, puis il se dépêcha de rejoindre ses amis.

"Mésange ! Mésange ! Tu vas bien ?"

Non loi d'eux, Cassandre renifla lamentablement.

"Pardon... Pardon, Nico. Pardon, Mésange. Tout ça, c'est ma faute. sans moi, vous auriez pas vécu ça."

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Message par Éléonore de Fromart Lun 28 Fév - 16:27

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Screen12
Mésange, 9 ans

— Pas faire quoi ? J'vais quand même pas garder l'soleil dans l'z'yeux, hein ! détourna-t-elle la conversation en désignant l'astre.

Elle fit comme s'ils ne la touchaient pas. Même pas peur, même pas mal, même pas froid. Même rien du tout. Elle n'allait tout de même pas laisser Nico défendre leur amie seule, et comme elle n'avait guère d'éloquence…

Nico essaya de les raisonner, mais cela ne servait à rien. Les gens étaient presque tous méchants. Les humains étaient comme ça, c'était la raison pour laquelle elle s'en défiait. Elle resta donc là. Quand le projectile ne risquait pas d'atteindre Cassandre, elle l'esquivait, sinon elle y faisait obstacle. Personne ne devait voir si ça faisait mal.

Ils n'avaient même pas le droit de traiter Nico de bébé. S'il n'y avait pas eu les gardes et le risque de se faire attraper, elle leur aurait cassé la figure. Elle jeta un regard sévère à Cassandre quand celle-ci lui demanda de partir.

— C'pas toi tu décide, j'ai dit ! J'vais où j'veux ! Puis arrête d'gigoter, t'vas t'faire mal.

Elle ne comprenait pas comment elle avait encore rendue Cassandre triste. Ce n'était pas le but du tout ! Elle n'aurait pas voulu le dire, mais elle était désolée de l'avoir peinée plus tôt dans la journée.

Les méchants bourgeois idiots finirent par de lasser. Heureusement.

— Même pas mal, mentit-elle à Nico. J'm'appelle pas Thierry, moi !

Elle se retourna vers Cassandre, qui avait des larmes. Elle secoua la tête et la fin rejoignit pour serrer ses mains. Elle planta son regard dans le sien. Elle ne savait pas trop quoi dire. C'était que ses amis rats, elle n'avait jamais besoin de les consoler.

— Vrai : pasqu'si qu't'es pas là, j'aurais jamais plus parlé à des humains. Alors c'qui s'passe là, c'pas grave, tu vois ?
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Message par Cassandre Velasquez Lun 28 Fév - 17:53

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19
Nicolas Beaurin, 11 ans

Les vilains petits bourgeois s'étaient retirés et Nicolas revenait joyeusement vers Mésange pour prendre de ses nouvelles. La fillette répondait avec insolence qu'elle n'avait pas mal et ne s'appelait pas Thierry. la plaisanterie ne fit même pas sourire Cassandre. Le sort de ses amis la faisait beaucoup trop souffrir. Tout ceci par sa faute. Si elle s'était ben mieux comportée, si elle n'avait pas insulté Bérénice... Ils ne seraient pas là, à attendre la fin de son supplice. Malheureuse, elle gémissait, la tête coincée dans l'écrou. La douleur physique avait disparu, supplantée par celle des émotions. Cassandre se détestait en ct instant pour être responsable des tourments de ses amis. Mésange avait beau soutenir que ce n'était pas grave, mais si cela l'était.

"Si.. Si, c'est grave. Vous.. Vous ne méritez pas."

Nicolas répondit un sourire légèrement impertinent.

"Peut-être, ben, mais on bougera pas pour autant !"

Sur ces paroles, Cassandre laissé chopper de nouvelles larmes.

***

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Louise11
Louise Michalet, 42 ans,  serveuse

Alors que le crépuscule s'annonçait, une journée de travail s'achevait paisiblement. Louise passa par hasard par la grande place pour retourner à son appartement. Demain, ce serait son congé hebdomadaire et elle se demandait si Cassandre viendrait. Sans nul doute. Un petit garçon était venu la semaine dernière apporter le panier de victuailles à sa place en expliquant que la fillette aurait été punie. Ce ne devait pour une petite bêtise. Un retard, sans doute. Les enfants oubliaient si facilement l'heure quand ils jouaient au dehors. Louise s'arrêta au début de la place et distingua un petit attroupement de bauds autour de pilori, puis se rappela avoir entendu durant le service qu'une gamine était exposée en ce moment. Probablement une petite voleuse. Le supplice l'aiderait sûrement à réfléchir. Autrement, la prochaine, elle risquerait l'asservissement ou la flagellations. Ce serait si cruel. Néanmoins, les délits se devaient d'être punis. Elle pouvait s'acquitter sans mal de la morale, mais en aucun cas avec du vol. C'était bien trop grave que d'imaginer qu'on puisse vivre en dérobant les économies difficilement par d'autres personnes.

Par curiosité, Louise s'approcha du pilori pour apercevoir la condamnée, désireuse de savoir si celle-ci faisait mine de repentance, et tressaillit en découvrant le visage de celle qui avait la tête et les mains prisonnières de redoutables écrous.

"Ca... Cassandre..."

En entendant son prénom, Cassandre releva la tête et grimaça en reconnaissant Louise. Depuis le début de l'après-midi, elle s'était peu à peu apaisée, mais elle ressentait toujours cette honte de causer du tort à ses proches. la fillette se promettait de s'améliorer et de ne plus rien entreprendre qui soit susceptibles de causer des conséquences qui se répercuteraient sur son entourage. Elle apprendrait à être sage et à avoir de meilleures manières. Au même moment, en apercevant Louise, Nicolas s'empressa de disparaître à l'arrière au pilori, redoutant que celle-ci ne le voit et ne lui demande pourquoi il n'avait rien dit la semaine dernière.

La gorge serrée, Louise s'approcha et toucha la joue de la fillette.

"C'est... une erreur, non ? Ou tu t'es accusée pour un autre, c'est ça ?"

Cassandre garda la tête droite pour répondre, sans baisser le regard.

"Non, j'ai insulté une noble et son père m'a fait punir."

Louise refusa de croire que cela puisse être si simple. Elle murmura :

"Elle.. elle le méritait cette noble, non ?"

Devant cette question, Cassandre repensa à ses propres positions sur la noblesse. Elle les supposait tous inutiles et préférant vivre dans le confort de leurs châteaux, loin du peuple qui souffrait dans la misère. Son esprit se rappelait en même de Eleonore dans son lit ou de ses conversations avec Alduis. Même riches et puissants, les nobles avaient eux aussi leurs problèmes. Par ailleurs, même si on s'entendait mal avec eux, était-ce une raison de les insulter ? Son père ne l'aurait pas accepté, lui.

"En quoi ça ferait une différence ?"

Louise lui sourit, complice.

"Si elle était mauvaise, cette noble, c'était normal de t'énerver, Cassandre. Ce n'est pas ta faute. C'est sa faute à elle."

Elle se figea en découvrant le regard agacée de la fillette.

"Louise... Insulter une personne, c'est mal. Que celle-ci soit une noble, une paysanne ou une ouvrière. C'est un manque de respect envers sa personne. Tu peux être en désaccord avec une personne, mais lui manquer de respect, non."

"Quand même.. Le pilori, pour si peu, c'est trop."

Cassandre soupira, lasse.

"Tu dis juste ça, Louise, parce que c'est moi. L'an dernier, quand je t'ai rapporté avoir vu une fille de mon âge au pilori, tu m'as expliqué que c'était normal. Que c'était pour lui apprendre à bien se comporter."

Louise rougit, gênée de ce rappel.

"Oui.. mais non.. Enfin, toi tu es une  bonne petite fille, Cassandre. Tu ne le méritais pas."

"Si j'avais été si bonne que ça, je n'aurais pas insulté cette noble."

Louise frissonna en en entendant l'intonation si froide et si ferme de Cassandre. Cela lui ressemblait si peu. C'était une enfant gentille, rieuse... Que s'était-il passé ? Elle songea un bref instant à sa rencontre du lendemain avec Coldris pour lui rapporter les informations découvertes sur l'ancienne maquerelle du lupanar. Peut-être.. Peut-être pourrait-il lui fournir des explications ? Un ministre, cela savait beaucoup de choses.
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Message par Éléonore de Fromart Lun 28 Fév - 18:50

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Screen12
Mésange, 9 ans

Bah non, ce n'était pas grave. Elle restait parce qu'elle avait envie, d'abord. Elle appuya Nico d'un ample acquiescement lorsqu'il affirma qu'ils ne bougeraient pas.

Ses petits revinrent tour à tour. Elle réprimanda Piécette, qui revenait trop tard à son goût, lorsqu'elle arriva une heure plus tard. Elle ne s'éloignait jamais si longtemps, et la fillette inquiète avait été sur le point de laisser Cassandre et Nico pour partir à sa recherche. L'enfles comprenait néanmoins : ils n'étaient pas faits pour attendre des heures durant que rien de particulier ne se passe, cachés. Chuchotant, elle raconta à sa troupe comment elle avait aidé Cassandre, mais que celle-ci en avait été triste. Elle leur demanda s'ils pensaient que cela rattrapait le fait qu'elle n'ait pas été très gentille ce matin, mais les rongeurs furent incapable de formuler un avis. Voilà qui était bien dommage.

Il commençait à faire noir. Mésange distribua à ses petits des morceaux de pain - chapardés pour elle par Nico. Ils échangeaient de longs regards, tous les quatre. Les autres leur manquait un peu, mais ils étaient encore là, eux.

Une autre adulte vint parler à Cassandre. Mésange se souvenait de l'avoir vue, parfois, en cherchant son amie quand elle était encore là où beaucoup de messieurs allaient. Elle fronça les sourcils en voyant Nico se cacher. Était-ce donc une femme dangereuse ? Trop tard pour se cacher elle-même, mais Mésange se tenait prête à elle ne savait quoi au cas où.

Elle suivit en silence leur conversation. En fait, elle aimait bien ce que la femme disait : que Cassandre ne méritait pas ça. Quand Cassandre dit qu'elle n'était pas si bonne que ça, elle je put s'empêcher de marmonner.

— T'façon l'noble ça s'sent vite insulté. Parlent aux autre comme à un chien, puis dès qu'tu dis un mot, bah c'toi l'problème. Et tout l'monde y trouve qu'c'est normal.

Avec les animaux, c'était beaucoup plus simple qu'avec les humains. Avec les rats, c'était le mieux, parce qu'ils étaient très malins, mais pas très compliqués.
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Message par Cassandre Velasquez Lun 28 Fév - 19:49

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19[18 février 1598] Exposée à vos jugements Louise11
Nicolas Beaurin, 11 ans
Louise Michalet, 42 ans, serveuse

Aux termes de cette longue journée exposée, Cassandre mesurait à quel point son insolence et ses mauvaises manières la dessertissaient et l'empêcheraient toujours d'être comprise si elle ne se corrigeait. L'attitude de Louise, qui lui rappelait un peu Irène dans cette manière de l'initialiser, le lui prouvait. Elle grinça des dents en entendant le commentaire de Mésange et tourna la tête vers les gardes. Ils fixaient aussi aussi la fillette d'un air sévère. Cassandre, la gorge serrée, reporta son attention vers son amie.

"Peu importe si un noble insulte facilement ou non, ça reste une personne. Tu n'as pas à lui répondre mal. Contente-toi de l'ignorer et arrange-toi pour passer vite ton chemin."

Louise l'écouta en se reculant, mal à l'aise, puis songea que tout ceci devait être une comédie. Elle affirmait ces paroles pour que les gardes ne la sanctionnent pas plus, mais elle n'en pensait pas moins. Cassandre continua à fixer Mésange et reprit plus doucement :

"D'ailleurs, tu sais, j'ai deux amies nobles, et elles sont toutes deux très gentilles. Et je connais des hommes nobles qui ne sont pas méchants. C'est comme partout, il y a des gens bons, d'autres non. Mais tu ne peux pas juger une personne juste parce qu'elle est noble. C'est comme si tu décidais que les bruns aux yeux marrons étaient de mauvaises personnes.

Louise écarquilla les yeux, interloquée, et s'étonna du raisonnement aussi construit. Cela se tenait mais cela différait tant de ses discours d'autrefois. Elle résumait normalement tout en bon et méchant. Est-ce qu'elle mûrissait ? Et où avait-elle commencé à fréquenter des nobles ? Chez cette dame qui l'avait recueillie ? Elle n'aimait pas beaucoup. A part certaines exceptions, comme feu le marquis d'Aussevieille, les nobles n'apportaient que des ennuis. Il lui suffisait de se souvenir de sa rencontre glaçante au cimetière avec Coldris de Fromart.

"Tout de même, Cassandre, tu ne devrais pas fréquenter des nobles."

"Ben moi, j'ai envie d'être amie avec eux. Comme je suis amie avec vous."

A ces paroles, Nicolas sortit timidement de derrière le pilori.

"Oui, il y a des nobles vraiment gentilles ! J'en connais trois, moi ! Elles sont trop adorables ! Il y a deux, elles m'ont offertes des confitures trop bonnes ! Et l'autre, elle m'a donné des pâtisseries délicieuses que je connaissais même pas !"

Cassandre eut un sourire complice pour son ami, heureuse de l'entendre partager son opinion et la défendre. Louise soupira. La petite fille était bien trop têtue pour reconnaître ses torts. Elle préféra la retirer. Avec un peu de temps, celle-ci finirait peut-être par reconnaître son erreur. Elle s'avança et l'embrassa sur le front.

"Bon courage, ma chérie."

"Merci. Et ne t'inquiètes pas trop, Louise."

Sur cela, Louise se retira et quitta tristement la grande place.


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Message par Éléonore de Fromart Mar 1 Mar - 14:10

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Screen12
Mésange, 9 ans

Mésange fixa son amie, blasée. C'était qu'il devenait fatigant qu'elle joue les donneuses de leçons. Très fatigant.

— J'pas dit qu'fallait l'z'insulter, juste qu'c'était pas juste qu'soient au d'sus des autres et les écrasent. T'es pas punie pasqu'ta dit un truc pas chouette, mais pasqu'c'etait quelqu'un qui s'croyait mieux. C'pour ça qu't'est là, et ça qu'y'est moche. J'parie c'tait même pas n'vraie insulte, qu't'as dit, mais qu'c'était juste pas c'qu'elle voulait entendre.

Bla, bla, bla. Amies nobles très gentilles. Bla, bla, bla. Ne pas juger juste parce qu'ils étaient nobles. Mésange roula des yeux. Ce n'était pas qu'ils soient nobles, le problèmes, c'était qu'ils se pensent mieux que tout le monde. De toute façon, elle n'aimait pas les humains. C'étaient les humains qui étaient toujours mauvais, au final, à de rares exceptions près.

— C'pas c'que j'fais, maugréa-t-elle.

La femme avec eux déconseilla à Cassandre d'approcher des nobles, mais Cassandre n'écoutait jamais que sa propre opinion, de toute façon. Et Nico, beaucoup trop optimiste : pour lui, tout le monde était toujours gentil.

— Bah moi des qui s'en fichent pas j'vois pas. Dites, connaissez beaucoup d'nobles qu'sont gentils 'vec vous, m'dame ? demanda-t-elle à Louise.

Cette dernière partit bientôt. Pas trop méchante pour une humaine. Un peu comme le monsieur bizarre de l'autre fois.

— Toi t'grossis, remarqua-t-elle à l'adresse de Pierraille au bout d'un moment.
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Message par Cassandre Velasquez Mar 1 Mar - 16:03

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19[18 février 1598] Exposée à vos jugements Louise11
Nicolas Beaurin, 11 ans
Louise Michalet, 42 ans, serveuse

Prisonnière de l'écrou qui lui enserrait la tête, Cassandre écoutait tristement la réponse de Mésange et préférait se taire. Cela ne servait à rien de poursuivre. Elle et Louise étaient têtues. Comme elle-même avait pu souvent le faire. Son regard croisa celui de Nicolas et elle lui murmura d'une petite voix :

"Elles ont toujours raisons, surtout quand elles ont tort, hein ?"

Nicolas lui sourit doucement et toucha sa main avant de lui répondre sur le même ton.

"Elles peuvent aussi évoluer un jour."

Il lui adressa en même temps un clin d'œil complice, heureux d'entendre que son amie avait enfin pris du recul sur ses propres positions. Mésange le ferait certainement elle aussi quand elle aurait grandi.

Durant ce temps, Louise tourna la tête vers Mésange et entendit sa question légitime mais qui la mit mal à l'aise. Comment expliquer à une aussi jeune enfant ce qui se passait dans un bordel ? Rien des rapports entre les hommes et les femmes n'étaient normal.  Elle préféra éluder lorsque le bon marquis d'Aussevieille se réveilla à son souvenir.

"J'en ai connu un qui était bon, mais c'est une exception. C'était un Saint. Nous ne pouvons pas le comparer à un homme ordinaire. Autrement, j'évite de fréquenter les nobles."

C'était une assez belle pirouette qui devrait satisfaire l'enfant. Sur cela, elle s'avança pour embrasser Cassandre et se retira.

***

Dans le ciel, le crépuscule flamboyait et dessinait de superbes teintes orangées. Les badauds pressaient le pas pour retourner à la maison avant que la nuit ne tombe. Le froid commençait à monter alors que la lumière diminuait. Un crieur des rues se mit à annoncer l'heure du couvre-feu qui devenait imminente et bien vite l'obscurité tomba. Nicolas, assis au pied du pilori, leva la tête pour observer les étoiles naissantes. Du doigt, il indiqua certaines d'entres elles que Sylvère avait pu lui apprendre à identifier. Cassandre l'écouta en silence, la tête appuyée contre le bois, et redoutait la nuit à venir. Est-ce que tout irait bien pou ses amis ? Cela ne servirait à rien de les raisonner : ils ne partiraient pas. Elle espérait toutefois qu'ils ne tombent pas malades.

Deux longues heures s'étaient écoulées depuis la tombée de la nuit. Il ne restait plus une âme sur la grande place, à l'exception faite des enfants et des gardes. Une relève approcha et les soldats furent ravis de passer le relais à leurs collègues. Ils se pressèrent de repartir sans discuter plus que cela. Cassandre se redressa pour examiner les deux nouveaux venus. Le premier tournait la tête, la posture lasse, et semblait peu appréciée de veiller. Elle ne remarqua pas le second tout de suite avant de l'apercevoir approcher. Il s'immobilisa à sa hauteur pour la fixer d'un air hautain.

"Alors, c'est amusant, petite ?"

Sans attendre la réponse, il lui décocha une violente gifle qui lui fit tourner la tête. Nicolas se releva aussitôt, indigné.

"Vous n'avez pas le droit !"

"Ta copine est exposée aux jugements de la population et les gens peuvent la gifler s'ils le veulent. et moi, j'appartiens à la population, non ?"

"Mais... Mais c'est méchant !"

"Laisse, Nico."

Courageusement, malgré l'élancement qui lui tirait la joue, Cassandre releva la tête et fixa le garde. Elle reprit d'une voix humble :

"Vous avez raison. J'ai mal agi. Je mérite toutes ces gifles. Continuez donc."

Le soldat grimaça, puis haussa les épaules.

"Non, une, c'est bon."

Sur cela, il s'éloigna pour marcher vers son collègue qui le gratifia d'un regard las. Cassandre soupira. Son bluff avait fonctionné. Elle a avait joué gros. Cet imbécile aurait pu réellement apprécier de se défouler sur son visage. Nicolas la fixa, navré.

"Tu as mal ?"

"Non, ça va."

C'était un mensonge. Sa joue la piquait atrocement. Elle n'avait jamais réellement reçu de gifle. Exception celle infligée par cOldris le jour de leur rencontre. Néanmoins, celle-là, elle la méritait. Elle l'avait titillé en se moquant de son fils, ce qui était la dernière des choses à faire si on voulait continuer à vivre. Au lupanar, on préférait lui donne des coups de bâtons.

"Prends soin Mésange."

Nicolas se tourna vers la fillette.

"Tu vas bien, toi ? N'aie pas peur, ils nous feront rien. Au pire, on courra."
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Message par Éléonore de Fromart Sam 5 Mar - 21:18

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Screen12
Mésange, 9 ans

Mouais, il y avait peut-être des bons nobles, mais comme les nobles étaient humains, ce devait être très rare. De toute façon, ils n'avaient pas envie de voir des enfants comme elle, alors…

L'adulte partit, laissant lentement le temps s'écouler jusqu'au roulement de gardes. Un garde gifla Cassandre, et Mésange fronça les sourcils. Celui-là, elle le retenait. Mais ce que Nico faisait ne servait à rien. Toute la journée, elle l'avait bien vu, et même davantage que les autres jours : les gens étaient mauvais, tout simplement mauvais.

Cassandre prétendait ne pas avoir mal, Mésange savait ce que cela signifiait : même pas mal, même pas peur, même pas froid, parce qu'il fallait être forte. La petite fronça néanmoins les sourcils lorsqu'elle renvoya vers elle les attentions de Nico.

— C'pas moi qu'ça va pas, répondit-elle sans agressivité.

Dis, Cassandre, comment qu'on dort là-dedans ?

C'était une question qui la préoccupait depuis longtemps. Comment était-ce possible ? La gamine des rue n'avait pas connu que des abris confortables, loin de là, et dormait souvent recroquevillée ou assise, mais accrochée comme cela, non, elle ne comprenait pas.
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Message par Cassandre Velasquez Sam 5 Mar - 22:44

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19[/url]
Nicolas Beaurin, 11 ans

Avec une relève de gardes aussi hostiles, la nuit promettait d'être longue. Cassandre laissa retomber sa tête dans l'écrou. De toute manière, elle n'aurait rien de mieux qu'attendre jusqu'à sa libération prochaine. Normalement, pour demain. Ou le jour d'après ? Elle n'en savait rien. Combien de temps Coldris avait-il pu décider de la laisser au pilori ? Elle ignorait. En revanche, elle connaissait son sens de la rancune. Son châtiment durerait peut-être une semaine. Tant pis. Elle attendrait patiemment, le temps que les soldats la libèrent de ces entraves. Elle releva la question à la question de Mésange et ut un sourire triste.

"Mésange... Je suis punie. Exposée. Je suis supposée restée consciente le temps que ça dure."

Son amie n'allait pas du tout aimer sa réponse. Cassandre baissa à nouveau la tête pour adopter sa mine repentante. Nicolas s'assit au sol, persuadé de veiller toute la nuit, mais son corps n'était pas habitué à veiller et le jeune garçon s'endormir avant que la prochaine heure ne sonne. Les bras étendus, tirés, Cassandre sentait de plus en plus la tirer. Des courbatures étaient apparues dans ses épaules et le bas de son dos. La position devenait de plus en plus douloureuse. Dans ces conditions, ne pas dormir, c'était le cadet de ses soucis. Le froid de la nuit pénétrait sous sa robe, mais la tunique chaude qu'elle avait pensé à mettre en dessous l'en protégeait, comme ses jupons. Dans certains moments, naître femme, cela pouvait être un avantage. Avec une robe, on dissimulait tant de choses, des objets, comme plusieurs couches de vêtements.

Minuit sonna et Cassandre demeurait les yeux grands ouverts à fixer la grande place déserte. Elle observa Nicolas qui dormait depuis deux bonnes heures. Pourvu que ces deux petits n'attrapent pas froid par sa faute... Soudain, elle sursauta lorsque le soldat lui décocha un coup de pied par derrière qui lui lâcher un léger cri de douleur.

"Ne t'endors pas. T'es pas au pilori pour te reposer !"

Cassandre serra les dents pour ne pas répondre.

"Crétin !"

Il serait trop ravi de l'entendre esquisser le moindre petit signe de rébellion pour la violenter un peu plus. La fillette fit discrètement signe à Mésange, d'un simple regard, de rester silencieuse. Provoquer le soldat ne leur causerait que des ennuis. La nuit se poursuivit calmement, rythmée dans l'heure qui suivit par un second second coup de pied. A chaque nouvelle heure, Cassandre s'y attendait et retenait le cri. Elle n'allait tout de même pas lui offrir son plaisir ! Vers cinq heures, lassé, le garde ne poursuivit pas. Son collègue poussa un soupir et tourna la tête dans une autre direction. Deux nouvelles heures passèrent et d'autres soldas arrivèrent pour prendre la relève. Nicolas dormait toujours et ne s'était pas réveillé une seule fois, insouciant, comme s'il dormait dans un llt confortable et non coincé entre un poteau du pilori et les pavés du sol. L'un des soldats s'approcha de Cassandre avec une écuelle de soupe et l'aida à boire

"Tu dois avoir froid, non ?"

Cassandre lui sourit en le remerciant timidement, puis s'appliqua à boire la soupe offerte. Le soldat se recula, observa un instant qu'aucun badaud ne l'avait observé et s'apprêta à reprendre son poste près de son collègue. Son regard croisa alors la petite Mésange. Il s'avança en l'observant avec douceur.

"Tu as veillé toute la nuit pour être ton amie ? Tu es gentille."

Il lui restait de la soupe pour lui, mais cette petite, avec ces habits, cette maigreur... Elle méritait son repas bien plus que lui. Le soldat se pencha pour lui remettre son écuelle de soupe.

"Tiens, ma petite !"

Sur cela, en lui offrant un doux sourire, il retourna vers collègue, reprendre son poste avant que les premiers badauds n'apparaissent.
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Message par Éléonore de Fromart Dim 6 Mar - 16:52

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Screen12
Mésange, 9 ans

Alors… alors Cassandre n'avait tout simplement pas le droit de dormir ? Oui, cela tenait. Elle ne trouvait en revanche pas cela plus juste que tout le reste de ce qu'il se passait. Si elle avait eu les mots, Mésange aurait accusé de cette situation la susceptibilité de la dame. Parce que Cassandre ne méritait pas cela, et même si elle disait parfois des choses embêtantes ce n'était pas une raison. La fillette acquiesça, déterminée.

— Alors j'dors pas aussi ! affirma-t-elle avec solidarité. On reste r'veillés 'vec toi. Hein, Nico ?

Lorsque, plus tard, son ami s'endormit, Mésange n'eut pas le cœur de le réveiller.

— C'normal qui tient pas. C't'un garçon. Les filles c'plus fort, pas vrai ? Mais Nico, c'un garçon mais on l'aime bien quand même. Moi chuis même pas fatiguée.

Il avait suffi de le dire pour lui donner envie de bailler, mais elle n'était même pas fatiguée quand même. Jamais de faiblesse. Jamais. Ses rats étaient partis à un moment, puis revenus pour dormir. Elle-même se surprit à somnoler, mais elle se ressaisissait tant bien que mal. Elle n'était même pas fatiguée. Elle se saisit lorsque le garde s'en prit à Cassandre. Il n'avait pas le droit de faire du mal à son amie. Elle allait… elle allait… mais du regard, Cassandre lui ordonnait de se tenir tranquille. Tout cela n'était tellement pas juste ! Heureusement que Nico dormait et ne devait pas voir cela. Elle ne fit pas l'affront de demander à Cassandre si cela allait. Cassandre était trop forte pour avouer le contraire.

Elle se leva l'une où l'autre fois pour frictionner les mains de son amie. Il fallait les réchauffer, sinon elle allait perdre ses doigts. Mésange parlait très peu - un naturel qui lui revenait assez vite - mais elle adressait parfois quelques mots à Cassandre, pour lui rappeler qu'elle était toujours là. Et à chaque fois que le garde l'attaquait, elle serrait les dents. Elle détestait les humains. Oui, sur le moment, elle les détestait. C'étaient des êtres cruels. Ils étaient toujours comme ça.

Le matin revint. L'autre garde fit manger Cassandre. Il était mieux que l'autre, mais il n'avait pas aidé Cassandre quand on l'attaquait. Mésange mit un temps à réaliser que c'était à elle qu'il parlait. Elle suivit ses gestes en silence pendant qu'il lui donnait sa soupe. Elle fixa, méfiante, avant d'interroger son amie du regard.
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Message par Cassandre Velasquez Dim 6 Mar - 18:31

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19[/url]
Nicolas Beaurin, 11 ans

En entendant la réponse de son amie, Cassandre avait légèrement souri. Elle s'y attendait. Comme elle avait deviné que Nicolas allait bientôt s'endormir. Elle sourit en écoutant le commentaire de Mésange puis murmura d'une petite voix :

"Les hommes sont bien plus faibles que les femmes, tu sais, et le fait qu'ils pensent le contraire, c'est la preuve que ce sont eux qui le sont. Quand tu es fort, tu n'as pas besoin de le proclamer."

La nuit se passa calmement. Du moins, aussi calmement que cela pouvait être, surtout avec un soldat qui s'amusait à lui labourer l'arrière-train toutes les heures. Cassandre croisa chaque fois le regard de Mésange et se satisfait de la voir rester silencieuse. La fillette savait aussi bin qu'elle que crier face à un ennemi, c'était s'exposer à ses prochains tourments. Il se lassa ainsi bien plus vite qu'elle et cessa à cinq heures de quitter son poste pour lui décocher un coup de pied. Peu après, la relève se vit et le nouveau soldat leur offrit à l'une et l'autre une écuelle de soupe. Si Cassandre la but sans la moindre hésitation, Mésange restait suspicieuse. Elle fixait le garde, puis Cassandre, incertaine de pouvoir toucher à cette nourriture inattendue. Cassandre sourit à son amie.

"Prends, Mésange."

Elle releva la tête vers le garde.

"Merci de vous soucier de mon amie, monsieur."

Cassandre se tourna ensuite vers Mésange et adopta une mine légèrement plus sévère.

"Tu dois dire merci quand on t'offre quelque chose."

Au même moment, toujours au pied du pilori, Nicolas sommeillait toujours aussi profondément.
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Message par Éléonore de Fromart Lun 7 Mar - 10:26

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Screen12
Mésange, 9 ans

Cassandre avait raison. Il était évident que les filles étaient plus fortes que les garçons, mais il n'y avait pas besoin de le leur dire. De toute façon, ils étaient trop bêtes pour comprendre. La nuit démontra à Mésange que c'était vrai. Cassandre ne montrait rien du tout.

Au matin, un garde lui donna de la soupe, que Cassandre lui conseilla - ordonna ? - d'accepter. Elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que son amie remerciait le garde pour elle et la sermonnait.

— Merci, fit-elle pour le garde.

Elle se tourna ensuite vers Cassandre.

— Mais j'le savais et d'abord t'pas mon frère, rappela-t-elle.

Elle posa la main sur l'épaule de Nico et la secoua doucement.

— C'est l'matin. L'soupe va r'froidir. R'veille-toi.
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Message par Cassandre Velasquez Lun 7 Mar - 11:12

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19
Nicolas Beaurin, 11 ans

Alors que le soldat repartait à son poste, soucieux de ne se faire surprendre, Cassandre observait comment Mésange se comportait, inquiète de ses manières. Elle secoua difficilement les épaules, celles-ci prisonnières de l'écrou et affreusement douloureuses. Elle n'était peut-être pas le grand frère de son amie, mais elle restait une aînée. Or, les aînés prenaient soin des plus jeunes et les éduquaient, même sans lien de sang. Dans son village natal, tout le monde se sentait responsable des enfants qui circulaient dans les champs et homme ou femme reprenait un enfant s'il le surprenait au moment d'une bêtise ou s'il risquait de se mettre au danger. Néanmoins, en ville, la solidarité semblait ne pas exister. Chacun ne pensait que pour soi. Cassandre fixa Mésange et tenta de répondre en essayant de ne pas paraître trop sévère.

"C'est le rôle des aînés de prendre soin de ceux qui naissent après eux. Même sans lien de sang."

Sur cela, Mésange alla tirer Nicolas de son sommeil. L'enfant se frotta les yeux, encore endormi. Il se frotta les yeux, un peu grognon.

"C'est pas le matin... Il fait encore nuit."

Cassandre soupira devant cette marmotte.

5]"Il est sept heures, Nico."[/b]

"Ben, moi, je me réveille jamais avant neuf heure, je crois. Ou dix heures !"

Cassandre soupira.

"Toi et Sylvère, vous n'êtes que deux paresseux..."

Nicolas haussa les épaules et but quelques gorgées de soupe avant de tendre l'écuelle à Mésange.

"Bah... On prend juste le temps de vivre. Pourquoi se réveiller à l'aube ? Si on a envie de dormir, on dort."

L'aube se leva timidement alors que les cloches de l'église proche sonnèrent huit heures. Quelques badauds avaient commencé à apparaître sur la Grande Place mais ceux-ci marchaient vite, pressés de se rendre au travail, et ne remarquaient ni les enfants ni les soldats en faction. Ils constituaient un paysage banal. Dans la matinée, l'affluence revint, mais Cassandre au pilori recevait toujours peu d'intérêt.  Les commérages et les jugements de la veille étaient un peu passés. Les mères de famille discutaient entre elles avant de repartir à leurs courses. Quelques garçons fixaient la fillette punie, mais beaucoup restaient à distance, effrayés par la menace que son châtiment représentait. Vers midi, Nicolas sortit les dernières tartines qu'il lui restait et les partageaient avec les soldats et Mésange avant d'aider Cassandre à manger la sienne. Elle lui sourit, gênée de devoir avaler cette pitance comme un bébé, mais touchée par la prévenance de son ami. Nicolas la fit ensuite boire, puis lui nettoya la bouche.

"Normalement, ça va bientôt être fini !"

Cassandre fit la grimace, suspicieuse.

"Bof... Si ça se trouve, le ministre a décidé de me laisser exposer une semaine."

"Mais... mais ça serait pas juste ! Et c'est pas gentil !"

"C'est lui qui décide des lois, Nico. S'il souhaite m'exposer une semaine, il a le droit."

Ce n'était pas juste, cela la révoltait des décisions aussi arbitraires, fondées sur le pouvoir d'un seul homme, mais elle ne pouvait rien y faire. Se montrer insolente et s'agacer ne faisait que desservir sa cause. Au contraire, elle devait rester calme et conserver ses nerfs.
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Message par Éléonore de Fromart Mar 8 Mar - 17:22

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Screen12
Mésange, 9 ans

Mésange fronça les sourcils. Pourquoi Cassandre devait-elle toujours faire la morale à tout le monde ? Et puis d'abord, ce n'était pas une excuse.

— J'm'en fiche tn'histoire d'sang, t'pas mon frère, répliqua-t-elle.

Un autre aurait plutôt rappelé qu'elle n'était pas son père ou sa mère, seulement la seule espèce d'autorité dont Mésange se souvenait était celle-là. Il lui faisait aussi la leçon, parfois, et Mésange n'en avait pas toujours tout écouté, mais c'était quand même son frère, celui qui s'occupait d'elle, et elle le laissait. Mais il n'était plus là, et Mésange n'avait besoin de personne qui lui fasse la leçon.

Elle réveilla Nico pour partager sa soupe avec lui. Elle fronça les sourcils. Se réveiller à des heures… Oui, c'était bête, mais tout de même, c'était maintenant que la soupe était chaude !

— Nous, c'dépend, expliqua-t-elle. 'préfère l'début du soir et l'debut d'la journée, c'mieux, quand on peut.

Elle but sa soupe, et nourrit ses petits du fond, goutte par goutte au bout de son doigt. Le jour se fit plus clair. Cela devenait tout de même long, de rester là. Heureusement, on n'ennuyait pas trop Cassandre. Puis, ce fut de nouveau l'heure de manger, et Nico partagea avec elle. Elle sourit, mais resta immobile tandis qu'il aidait Cassandre. Elle leva le nez lorsque Nico fit comprendre que ce serait fini. Elle soupira en entendant que ce n'était peut-être pas le cas.

— Pfffff, fit bruyamment l'enfant sans ajouter de commentaires sur lesquels Cassandre aurait trouvé une réplique qu'elle ne voulait pas entendre.
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Message par Cassandre Velasquez Mar 8 Mar - 18:34

[18 février 1598] Exposée à vos jugements Nico19
Nicolas Beaurin, 11 ans

Cassandre grimaça en entendant l'intonation avec laquelle Mésange lui répondit. Malgré ses impertinences, elle ne serait jamais, elle, permises de répondre comme cela. Même quand elle était petite, même avec Agathe, quand elle cherchait à tester les limites, elle n'avait jamais essayé d'aller trop loin non plus. La seule fois où elle avait dit méchamment une phrase similaire, c'était avec Irène, quelques mois plus mois plus tôt, lorsque celle-ci s'était permise d'affirmer l'avoir faite, comme elle avait fait Grâce. Ce n'était pas la même chose. Là, c'était véritablement vexant et insultant pour sa mère. Sa mère était peut-être décédée quand elle était jeune, trop jeune pour se rappeler de son image, mais cela ne l'effaçait pas. Bien au contraire. Autrement, cela revenait à faire disparaître sa mère. Comme si celle-ci n'aurait jamais existé. Malgré l'insolence, Cassandre se décida à laisser passer. De toute manière, Mésange ne l'écouterait pas. Elle hocha lentement la tête et se força à sourire avant de répondre calmement.

"D'accord."

"Tête de mule."

Sur cela, Mésange réveilla Nicolas et celui-ci se plaignit de l'heure trop matinale. Cassandre roula des yeux. Neuf heures, c'était bien tard, ça. On perdait du temps dans sa journée alors qu'il pouvait y avoir tant de choses à faire. Quand aurait-elle pu lire si elle ne se levait pas tôt pour faire les courses et le ménage dans la matinée ? C'était bien là une réflexion de garçon qui vivait dans les bois, déconnecté de la réalité.

La matinée passa lentement, sans que rien ne se produise. Vers midi, Nicolas partagea le pain avec tout le monde et mit en avant son formidable optimiste. Cassandre le détrompa en rappelant à quel point le pouvoir de Coldris était sans grandes limites. La leçon ne plaisait visiblement pas à Mésange, pas plus à Nicolas, mais ces enfants devaient bien comprendre les règles du jeu. Il n'y avait que cette manière que l'n pouvait jouer et parfois les transgresser, avec intelligence sans risquer d'ennuis ensuite. Or, dans un tel jeu, connaître le grand responsable et sa manière de fonctionner se révélait être un atour de premier ordre. De plus, il n'était pas si désagréable qu'on le pensait. Il avait seulement un foutu caractère, mais le sien ne valait guère mieux.

L'après-midi se déroula aussi tranquillement que la matinée. Les badauds se pressaient sur la grande place, mais peu restaient longtemps. Le froid et le vent qui ne cessait de monter décourageaient de s'attarder. Cassandre frissonnait légèrement à force de sentir la briser fouetter ses joues. Est-ce que cela durerait encore longtemps ? Elle avait beau être robuste, elle finirait par s'enrhumer si son châtiment se prolongeait après la tombée de la nuit. Et les enfants... Ces pauvres enfants qui restaient là pour la soutenir. Elle ne voulait pas les voir malades par sa faute. Nicolas aurait Sylvère pour le soigner, mais Mésange... Qui s'occuperait de Mésange ?

"Zita... Je t'en prie, Zita, veille sur Mésange."

Zita, la patronne des servantes, elle ne serait normalement d'aucun secours pour une orpheline, amis.. Mais elle voulait y croire.

"Je t'en prie, Zita, toi, qui a été si bonne, qui aidait les démunis, permets à Mésange de trouver une maison, là où elle sera heureuse et où on prendra soin d'elle. Là où elle pourra bien grandir. Je t'en prie, Zita, protège-la et veille sur elle."

En terminant sa prière, Cassandre releva la tête et fixa l'horloge de l'église proche. Bientôt dix-huit heures. Le crépuscule allait tomber. Pourvu qu'on la libère vite. De la sorte, Mésange serait enfin libre et irait se mettre à l'abri.
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