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[29 janvier 1598- De bon matin] - Déposer les armes [Terminé]

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Message par Coldris de Fromart Mer 3 Nov - 20:08



Il n’avait pas pu se libérer la veille. Enfin, pas voulu. Pas après cette journée mouvementée et ces confessions qu’il lui avait faites sur son passé. Il s’en était presque voulu de lui avoir infligé une telle épreuve, alors la moindre des choses avait été de passer le reste de la soirée avec elle, à jouer aux échecs et plus encore.

Pourtant son esprit ne l’avait pas laissé en paix depuis que Léonilde était venu lui répéter ce dont Valmar avait été témoin. Il devait absolument voir son fils. Et comme une ritournelle, cette nécessité tourna en boucle dans son esprit jusqu’aux aurores. Éléonore dormait encore ou peut-être ne faisait-elle que semblant… Il l’aurait bien embrassé ou simplement passé sa main sur sa joue, seulement il savait qu’elle se réveillerait aussitôt. Or, il n’était pas question de troubler ce paisible sommeil qui lui avait tant manqué ces derniers jours. Il sortit donc de son lit aussi discrètement que puis sortit s’habiller dans l’antichambre, poussant silencieusement la porte.

Il n’y avait pas cinquante endroits où l’on pouvait trouver Alduis de si bon matin : les écuries ou la salle d’armes. Et il comptait commençait par cette dernière, celle qu’il redoutait le plus. La première également sur son chemin vers les écuries. Le lieu où il avait promis de se rendre pour le voir s’entraîner. La salle d’armes. Coldris inspira profondément lorsqu’il posa sa main sur la poignée.

C’était… L’angoisse montait, silencieuse et inéluctable comme la marée. Humide et glaciale comme le givre d’automne. Dans son esprit, le crépitement de ses souvenirs prenait de l’ampleur.

Il enclencha la poignée et ouvrit la porte à la volée. Le coffre de la malle s’ouvrit en écho sans qu’il ne puisse rien faire pour le retenir.

Tu vas retourner t’entrainer !
Non, j’irais pas.

Ne pas y prêter d’attention.

Alduis était là, devant le mannequin à s’entraîner. Il s’était subitement figé à son entrée et tous deux se dévisageaient désormais dans un silence étouffant.

Un frisson remonta son échine, incapable qu’il était de franchir le seuil de la salle. C’était comme toutes ces fois où il avait tenté de l’approcher une première fois.

Ce même regard.

Celui qui inévitablement se transformait en pleurs ou le faisait courir dans les jupons de sa mère.

Toutes ces fois où il avait fait demi-tour, incapable de vaincre sa propre peur autant que ses fantômes.

Ses pieds semblaient avoir pris racine jusque dans les profondeurs de son passé, le fossilisant entre deux mondes parallèles. Au travers de ses yeux qui l’observaient en miroir, l’homme se mélangeait au petit garçon sans qu’il ne parvienne à les dissocier. Plus pernicieuses que jamais, les voix s’étaient tues pour s’infiltrer dans chacune de ses veines et se rappeler à lui à chaque battement de son cœur, chaque respiration…




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Message par Alduis de Fromart Jeu 4 Nov - 9:16

Il était tôt. Mais Alduis avait encore besoin de réfléchir avant de retourner voir Alexandre, aussi se réfugiait-il là où il était sûr de ne pas le croiser par inadvertance. Parmi ses activités habituelles, la salle d’armes lui semblait être l’endroit le plus sûr. Alexandre n’y passait jamais.

Face au mannequin, il attaquait, parait d’imaginaires coups… jusqu’à ce que la porte s’ouvre à la volée. Alduis se retourna d’un bloc, surpris. Il le fut encore davantage en voyant son père qui se tenait à l’entrée, figé, et il ne sut pas comment réagir. Continuer ? S’arrêter ?

Ils se regardaient, immobiles, sans un mot. Alduis se souvenait de la promesse de son père de venir le regarder, mais il percevait que ce n’était pas cela qu’il venait faire, aujourd’hui. Aussi attendait-il de savoir ce qui l’emmenait.

Dix secondes. Vingt secondes. Puis trente. Mais toujours rien ne venait. Des souvenirs avaient dû l’emporter ailleurs… Alduis jeta un regard autour d’eux. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait, ce que son père voulait précisément.

Finalement, il revint vers son père et posa son épée un bref instant avant de tenter :

— Papa ?

C’était étrange. Il l’avait appelé Papa plus souvent ces derniers jours que ces vingt-huit dernières années. Mais il avait fini par prendre conscience que son père n’était pas un géant en titane… Juste un homme en argile.

— Tout va bien ? reprit-il, tout de même légèrement inquiet.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 4 Nov - 14:47



Il avait beau percevoir le temps s’étirer autour de lui, il était pris entre deux feux, incapable de bouger. Il se revoyait enfant, il revoyait Alduis bambin. Il se souvenait de la peur gravée au burin dans le fond de son âme. Il avait beau savoir que tout cela était le passé, c’était aussi vain que de tenter de repousser une puissante vague : elle trouvait toujours une fissure, une faille pour s’infiltrer et pulvériser la digue.

C’était une mauvaise idée de venir à la salle d’armes. Il le savait et le regrettait déjà. Seulement, il avait promis de faire cet effort et s’il n’en était pas capable aujourd’hui, il ne le serait pas plus demain. Pourquoi fallait-il que cela se passe ainsi ?

Il ne dut son salut qu’à la voix de son fils qui s’était approché et brisa la boucle dans laquelle il s’était malgré lui enfermé. Si seulement Alduis avait pu lui parler ce jour-là également… Des souvenirs, ce n’était que des souvenirs, rien de plus, uniquement d’inoffensives images.  Il secoua sa tête doucement pour chasser les dernières réminiscences qui venaient le troubler et demanda finalement :

— Puis-je entrer et te parler ?

Et comme il opina, Coldris fit quelques pas pour prendre appui contre un mur entre deux fenêtres, le dos aussi loin que possible de cette pièce maudite.

— Je voulais te remercier pour… la nuit dernière… Je…

Il ne savait plus ce qu’il voulait dire.
Je suis désolé ?
Je ne t’ai pas fait trop peur ?
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ?

Il espérait surtout ne pas en avoir trop dit ce soir-là car il n’en gardait aucun souvenir passé son cauchemar. Qu’avait-il bien pu faire ou raconter ? Tout ce qu’il savait c’est qu’il était parti en courant dans les jardins et que Léonilde avait demandé à Valmar de le suivre. Mais c’était Alduis qui s’était retrouvé sur son chemin et l’avait trainé jusqu’aux écuries pour le faire monter sur son cheval où il s’était assoupi… Ce qu’il avait pu faire ou prononcer en revanche, c’était un gros trou noir. Quelques semaines plus tard, la situation aurait pu le plonger dans un profond état de panique, mais désormais qu’il savait, il lui faisait confiance.

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Message par Alduis de Fromart Ven 12 Nov - 14:59

Son père se tenait à l’entrée de la salle d’armes et il semblait troublé. Alduis ne savait pas trop comment interpréter cette présence inattendue, ni comment agir. Il attendait que Coldris réagisse, ce qui finit par arriver au bout d’un moment.

La demande étonna encore davantage Alduis. Il fronça les sourcils, interloqué, mais hocha la tête. D’habitude, quand Coldris voulait lui parler, il… le faisait appeler dans son bureau. Quelque chose avait changé ? Il ne savait pas trop quoi en penser, aussi reposa-t-il son arme pour écouter. Quoi qu’il devait lui dire, ça devait être important pour que son père prenne la peine de se déplacer.

Coldris entra et alla s’appuyer dos au mur. Pendant tout ce temps, Alduis le suivit des yeux, en restant debout au centre de la salle. La situation avait quelque chose d’un peu fou… d’un peu inattendu.

— Me remercier ? répéta Alduis, surpris, si bas que Coldris n’entendit certainement pas.

Pour la nuit dernière… Oui. La nuit… Inutile de préciser de quelle nuit il était question. Celle où Alduis l’avait trouvé dehors, perdu, et où il s’était dit que monter à cheval aiderait peut-être son père à reprendre pied avec le présent. D’une certaine manière, ça avait fonctionné, non ? Avait-il passé une meilleure nuit, ensuite ? Quand Alduis avait raccompagné les cheveux aux écuries, Valmar les attendait. Il l’avait aidé à descendre son père de selle.

Coldris ne semblait pas trop savoir que dire. Un peu comme lui. Décidément, il ne s’habituerait jamais à voir son père perdre les mots… C’était bien trop déstabilisant. Pourtant, ces derniers temps, cela arrivait de plus en plus souvent. Alduis se racla la gorge. Il avait conscience que son père ne devait pas se souvenir de grand-chose.

Lorsque cela arrivait à Alduis, les minutes — les heures ? — passées dans cet état second formait une masse noire informe. Et il avait horreur que sa mémoire lui échappe ainsi. Sans penser que cela puisse être différent pour son père, il prit sur lui pour demander :

— Vous voulez que je vous raconte ?
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Message par Coldris de Fromart Dim 14 Nov - 14:58




Coldris se sentait idiot à être ainsi terrifié d’une simple salle. Pourtant cette même discussion dans un endroit différent n’aurait jamais eu le même effet sur lui. C’était une crainte dont les racines plongeaient aux confins de son enfance… Et puis il n’avait toujours pas l’habitude de cette espèce de nouvelle relation qui se formait avec son fils. C’était toujours étrange de venir lui parler ainsi alors qu’ils n’avaient jamais réellement eu de conversation ensemble en presque trente ans. Même à son filleul il avait dû dire largement plus de mots qu’à son fils. Et Bérénice n’en parlons pas. Alors oui, les mots lui échappaient tant cet exercice lui était peu familier. Il avait toujours l’impression de cheminer au bord d’un précipice…

Sans parler du fait qu’Alduis  ne semblait pas vraiment plus à l’aise que lui… Oui c’était bien pour le remercier fit-il d’un signe de la tête en réponse au murmure surpris. Et oui, il avait conscience que cela était anormal…

Le silence s’étira. Il cherchait à compléter sa phrase mais rien de naturel ne lui venait. Alors il observa les yeux bleus de son fils puis perçut sa pomme d’Adam remuer avant qu’il ne prenne la parole.

Lui raconter ? Il secoua la tête. Non, ce n’était pas pour cela qu’il était venu initialement. Il n’y avait pour une fois aucune arrière pensée à sa démarche. Quant à savoir… Ses yeux coururent sur les murs alentours. D’un  côté, il aurait sans doute voulu, de l’autre, il préférait ignorer toutes les bêtises qu’il avait pu sortir dans cet état…

— Je ne sais pas… Je ne crois pas… Il raccrocha son regard au sien, je n’ai rien dit de trop… Enfin… J’espère que je ne t’ai pas effrayé…

Il baissa malgré lui honteusement le regard vers le sol et soupira profondément. Au moins Alduis n’irait jamais dire quoi que ce soit. Il n’avait même pas besoin de lui demander, il en était intimement persuadé.

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Message par Alduis de Fromart Dim 28 Nov - 11:19

Il ne savait pas trop, mais il s’était dit que Coldris aurait peut-être envie de savoir ce qu’il avait dit. C’était du moins ce qu’Alduis serait venu chercher à sa place : des réponses pour remplir les incertitudes. Il ne pouvait s’empêcher de se projeter dans cette situation. Avoir l’esprit flou, sans parvenir à se rappeler de ses paroles ou de ses gestes. Même ici, cela restait incontestablement sa plus grande peur. Oublier. Alors sans même réfléchir, il se disait que c’était sûrement cela dont avait besoin son père… Quoi d’autre ?

Mais contre toute attente, Coldris refusa, ce qui eut le don de déstabiliser Alduis au plus profond de lui-même. Ne pas savoir… Préférer ignorer… Il ne pouvait pas imaginer cela. Quand il essayait de se représenter ce que c’était d’être normal, de réussir à oublier, il avait l’impression de tomber dans le vide. Dans un vide vertigineux et sans réponse. Alduis trouvait cela terrifiant. C’était comme appeler quelqu’un, encore et encore, sans aucune réaction. Comme se heurter à un mur.

— Je n’ai rien dit de trop… Enfin… J’espère que je ne t’ai pas effrayé...

Alduis ne répondit tout d’abord rien. Qu’était-il censé répondre ? D’un côté, il ne voulait pas mentir. De l’autre, la vérité semblait trop dure à avouer. Car si, Alduis avait trouvé cela effrayant. Peut-être même plus que lorsque son père perdait son sang froid, comme ce jour-là dans le bureau…

Il n’aurait su dire pourquoi, mais prendre conscience que son père n’était pas un géant indestructible lui faisait peur. Peut-être parce qu’inconsciemment, Coldris avait toujours incarné cette figure de force, en lui. Celui qui ne montrait jamais de faiblesse. Alors se rendre compte que même lui n’était pas invincible… Que même lui était bourré de failles…

— Un peu, finit-il par reconnaître, à mi-voix.

Énormément, aurait-il dû répondre, sans pouvoir s’y résoudre. Il secoua la tête et comme le malaise persistait, il secoua la tête, tandis que son père regardait le sol de son côté.

Changer de sujet. Pour alléger l'atmosphère. Alduis releva les yeux.

— Vous aviez... autre chose à me dire ?
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Message par Coldris de Fromart Dim 28 Nov - 16:24




L’avait-il effrayé ? Plus que des paroles, il avait affreusement honte de l’état dans lequel il avait pu être ramassé. Après tout ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait, il savait plus ou moins à quoi s’en tenir. Virgil, Léonilde, Valmar et même Eléonore l’avait vu dans cet état de délabrement pathétique. Et c’était si loin de l’image qu’il voulait donner à son fils… si loin de celle qu’il avait bâti et joué durant toutes ces années. Il n’avait pour ainsi dire pas conscience du long silence prolongé qui s’était installé tant ses pensées l’avaient emmené s’échouer un peu plus loin.  Une voix à moitié étouffée le tira de ses rêveries. Il soupira. Un peu, c’était déjà trop parce qu’il pressentait que ce « un peu » était l’arbre qui cachait la forêt sous une politesse peu habituelle chez Alduis… Peut-être… Peut-être pourrait-il finalement dompter les mots un jour ? Un infime sourire s’étira malgré tout. Au fond, il était presque reconnaissant de cet honneur qu’il lui faisait de déguiser sa franchise pour – cela était-il possible ?– ne pas l’affliger davantage.

Il entrouvrit la bouche. Dire quelque chose. Il y avait d’autres sujets qu’il voulait aborder, mais c’était… comment dire… enfin il ne voulait pas donner l’impression que… Heureusement il rompit le silence en proposant de lui-même une transition. Coldris se redressa aussitôt, avant de s’éclaircir la gorge de manière à chasser ce profond moment de gêne.

— Oui en effet… Je voulais t’informer de la présence d’Éléonore en nos murs. Je l’ai invitée à résider ici aussi longtemps qu’elle le souhaiterait compte tenu des circonstances. En revanche, je… enfin je sais qu’elle réprouve mon idée de la faire surveiller, mais pourrais-tu veiller sur elle si le désir de quitter momentanément le domaine se faisait sentir ? Je crains qu’il ne lui arrive quelque chose et que l’on essaye de la ramener chez elle contre son gré. Tu dois sans doute songer que  je vois le mal partout et c’est sans doute vrai. Seulement voilà… Je comprendrais que tu refuses.

Et comme Alduis acceptait sa requête, il le remercia puis enchaîna sur le dernier sujet, le plus épineux. Il ne savait pas bien comment l’aborder alors il fonça cornes baissées comme le taureau qu’il était.

— Il y a autre chose : à propos de ce qu’il s’est passé, il y a deux jours… Je voulais que tu saches que je t’ai demandé d’être présent pour que tu sois témoin de ce que j’allais dire. Il n’y avait aucune volonté de te blesser quoique cela ait pu en avoir l’air sur le moment. Et…

Il repensa à sa discussion avec Éléonore et tout ce qu’il y avait de compris ou d’incompris entre eux et toutes ses craintes sous jacentes qui le rongeaient depuis qu’il avait entrepris de nouer cette relation avec son fils.

— Je… son regard s’égara un bref instant dans celui de son fils. Alduis, je ne devrais pas intervenir et je veux te faire confiance à défaut de tout comprendre, seulement je connais tes failles et j’ai peur que cette relation ne finisse par te blesser. J’ai peur qu’il abuse de ta confiance et de ta compréhension, qu’il joue sur les mots, et…

Et l’on savait les proportions que cela pouvait prendre dans pareilles circonstances.

— Je ne veux pas te revoir sur un rebord de fenêtre, car il t’aura fait du mal. Je pourrais le concevoir pour certaines raisons, mais pas celle-ci. Encore moins si j’avais gardé le silence.

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Message par Alduis de Fromart Jeu 30 Déc - 17:52

C’était la première fois qu’Alduis se surprenait à essayer d’adoucir la vérité. Mais aujourd’hui, cela lui semblait essentiel. Parce que c’était son père. Parce que le voir se déliter ainsi le terrifiait, encore et toujours. Petit à petit, Alduis prenait conscience que son père se faisait un peu plus vieux chaque jour. Que le temps venu, il mourrait. Coldris n’était pas immortel. Dit ainsi, ça semblait évident mais sans savoir pourquoi, cette évidence-là avait presque l’air… absurde. Peut-être parce qu’Alduis ne s’imaginait pas une vie où il n’y aurait pas eu la silhouette, tantôt effrayante, tantôt étonnamment rassurante, de son père dans les parages.

Finalement, il changea de sujet, pour briser ce silence qui semblait vouloir s’étirer à l’infini. Alduis ne put retenir un soupir soulagé quand Coldris confirma : il n’était pas venu que pour lui parler de cette fameuse nuit. Alduis écouta plus détendu. Ça ne pourrait pas être plus malaisant.

Il acquiesça en silence. Eléonore, à Fromart. Très bien. Il avait la certitude de ne pas avoir besoin du moindre mot pour affirmer à son père qu’il veillerait sur elle, comme à sa demande. Après tout, ça restait son amie et il n’aurait pas hésité à le faire, même sans demande explicite de la part de Coldris. Il n’en fallut pas plus pour que le sujet soit clos. Ils enchaînèrent. Au moins, les conversations ne s’étiraient pas inutilement, entre eux…

Quant au reste… Alduis avala sa salive et baissa les yeux. Ce qu’il s’était passé, oui. Il n’était pas sûr d’avoir l’esprit très clair sur ce sujet encore, mais il avait décidé de pardonner à Alexandre. Peut-être un coup de tête, peut-être une erreur. Mais il ne pouvait se résoudre à croire que cette confiance qu’ils s’étaient accordée était définitivement terminée, enfouie dans les méandres du mensonge.

Inconsciemment, il savait déjà ce que lui disait Coldris. S’il avait eu peur au début, qu’il s’était demandé pourquoi ils étaient convoqués ainsi, il avait bien vite compris que les foudres de son père n’étaient pas pour lui, du moins pas cette fois. Il ne dit pas un mot, mais son attitude toute entière semblait acquiescer, et cela sans un mouvement.

Leurs regards se croisèrent. Ce qu’Alduis lut dans les prunelles de Coldris le déstabilisa. Il y avait une réelle sollicitude, une réelle inquiétude. Une lueur qui se retrouvait de plus en plus souvent aux fond de ces yeux, si semblables aux siens. Alduis ne sut quoi répondre. Il aurait aimé dire qu’il maîtrisait la situation, qu’il n’y avait pas de risque, mais les mots de son père résonnaient étrangement en lui. Comme un avertissement qu’il pensait déjà, sans oser se l’avouer.

En disant cela, il aurait menti.

Quelque chose s’était brisé, entre Alexandre et lui.

Et Alduis savait qu’il ne pourrait plus vraiment lui faire confiance. Parce qu’il avait conscience qu’en le faisant, il prenait le risque d’être blessé, encore une fois. La fois de trop ? Il avala sa salive.

Au-delà des mots de Coldris, c’était cela, le plus terrible : de sentir, de savoir qu’il avait raison. Maintenant que cela était arrivé une fois, comment ne pas être sûr qu’Alexandre ne lui mentirait pas une deuxième fois ? puis une troisième ? et une quatrième ? Alduis n’était plus sûr de lui. Les voix, divisées dans sa tête, ne l’aidaient pas à organiser ses pensées.

Un esclave et un noble… Ça ne pouvait pas bien se passer. Il avait déjà eu cette pensée-là en tête, et elle lui revenait sans cesse en mémoire ces derniers temps. Finalement, il secoua la tête et murmura simplement :

— Je… je comprends, dit-il maladroitement, d’une voix très basse. Vous…

Alduis s’interrompit. Que voulait-il dire ? Quelque chose comme « vous avez raison », peut-être, mais il n’en fit rien. Il se contenta d’hocher la tête, vaguement, et d’ajouter :

— Merci.
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