[30 janvier 1598] - La tête dans ta merde [Terminé]
[30 janvier 1598] - La tête dans ta merde [Terminé]
- avertissement - violence physique et verbale:
Les faits rapportés par Léonilde lui avait fait serrer les mâchoires. Et ceux que Bérénice tenait d’Adéis encore plus. Trois jours. Trois jours ! Trois jours et cela lui avait suffi pour se prendre pour le roi des étrons et prendre les autres de haut quand il n’était qu’une petite merde d’esclave qui avait le privilège de se faire baiser par son fils. Oh Coldris avait ses propres torts dans l’affaire, il en était bien conscient, seulement ce n’était que sa relation à Alduis qui l’avait poussé à le traiter avec plus de magnanimité et qui l’entravait désormais pour le corriger.
Il pensait pourtant avoir été clair sur la place qui été la sienne dans ce domaine en le faisant assigner à la fosse à merde. Visiblement pas puisqu’il se permettait d’être condescendant avec sa belle étoile, impertinent avec son intendant et autoritaire avec son personnel. Tout à l’heure, il est recevrait Alduis, à l’écart des oreilles indiscrètes, dans son salon ou son bureau selon son humeur. Il ne manquerait pas de lui faire savoir les derniers exploits de son amant et ce qui allait finir par lui en coûter s’il ne ravalait pas la merde qu’il dégobillait constamment. Car ce n’était pas faute, rappelons-le, de l’avoir déjà puni au mutisme pour insolence envers sa personne. Et lui qui détestait cela, avait pourtant une furieuse envie de le lui faire rentrer dans la chair à coup de fouet désormais.
Conformément à ses instructions, Alexandre devait descendre dans les cachots inoccupés de Fromart pour en frotter les joints jusqu’à ce qu’ils brillent sous la lueur de la torche. En réalité, Coldris se trouvait là, tapi dans l’ombre tel un fauve. Il n'était pas question cette fois-ci d’user de son bureau dont Eléonore se trouvait si proche, elle qui se pensait en plus coupable de toute cette merde. Elle qui avait déjà bien du mal à se faire une place et à oser demander quoi que ce soit. C’était un sujet qu’il devrait d’ailleurs aborder en temps voulu. Encore plus si elle décidait de demeurer avec lui.
Il patienta donc jusqu’à ce que sa proie claudicante ne passe à sa portée et qu’il ne bondisse sur lui pour lui asséner une bonne gifle. Et ce n’était toujours pas l’envie qui lui manquait de lui coller une droite. Il rattrapa Alexandre qui s’effondra par le cou et le plaqua contre le mur, entre deux torches tremblotantes du courant d’air que venait de souffler les deux hommes.
— Laisse-moi te rappeler où se trouve ta place, siffla-t-il les flammes orangées dansant dans la glace de ses yeux. tu n’es qu’une merde à peine plus élevée que celle que tu transportes chaque jour. Il tira d’un coup sec sur sa tunique avec sa main libre pour découvrir sa marque. Un putain d’esclave dont le seul mérite consiste à se faire baiser par mon fils et à lui réchauffer son lit. Regarde-moi bien, Alexandre, parce qu’une main libre et un poêlon de braises pourraient tout aussi bien finir par faire l’affaire prochainement. Quant à ton affranchissement, tu y songeras à chaque seau de merde que tu déverseras. Ne t’avise plus de parler de la sorte à quiconque dans ce domaine où je te brade sur l’étale de Greeglocks. Ton oncle sera peut-être intéressé par l’affaire, il avait l’air de tant tenir à toi…
Et il le relâcha suivant sa glissade au sol du regard. Qu’il apprenne à regarder d’en bas avant de parler de haut.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [30 janvier 1598] - La tête dans ta merde [Terminé]
Tout à ses réflexions, Alexandre songea que si sa parole semblait si dangereuse et mauvaise, il ferait aussi bien de ne plus discuter avec d'autres personnes. De se limiter à des réponses simples lorsqu'on lu posait des questions ou lui donnait un ordre. Sauf avec Alduis, bien sûr. Ou communiquer par écrit si réellement il aurait besoin de communiquer un message, comme lors de sa punition de mutisme. Cela aurait au moins le mérite de l'empêcher de se montrer impertinent, mais apprendre à ne plus être... Comment pouvait-il comprendre ce qui n'allait pas chez lui ? Sa mère, son père... Ils l'avaient élevé pour faire de lui un commerçant, un homme prompt à discuter en toutes circonstances, destinée à endormir les méfiances de n'importe quel client et à lui faire acheter pus qu'il ne l'aurait voulu. Néanmoins, depuis si longtemps, son père... Il avait toujours jugé son père arrogant et condescendant, méprisant avec n'importe qui, uniquement élogieux avec les nobles ou les autres bourgeois pour le simple bien de ses affaires. Son corps trembla. Est-ce qu'(il ressemblait... à ça ? Il agissait réellement comme son père ? Il avait pourtant essayé toutes ces années à ne jamais agir comme lui. Il...
Alexandre déglutit tout en réalisant que son père non plus ne réalisait pas qu'il respirait la condescendance et l'arrogance. Le charpentier observait la poutre dans l'œil de son voisin, jamais dans le sien. Il...Il était comme... son père. Cela le blessait plus que n'importe quel coup qu'il aurait pu recevoir.
A ce moment là, tout en se déplaçant péniblement dans le couloir du cachot, une claque s'abattit sur son visage et lui fit perdre toute équilibre. Hagard, incapable de comprendre, il s'apprêtait à s'écrouler au sol lorsqu'une poigne sauvage le saisit violemment et l'abattit contre le mur. L'arrière de son crâne le lança douloureusement sous l'impact. Il devint livide e découvrant le regard terrifiant de Coldris face à lui. Il glapit.
"Maiiii... Maitre !"
Rapidement, il enchaina piteusement :
"Je.. je suis désolé."
Il tremblait de tous les membres de son corps. La peur suintait de partout. Il fixa Coldris, la respiration haletante, et l'entendit proclamer n'être qu'une merde. Ses yeux se remplirent de larmes. Il ne supportait pas de l'avoir déçu à un tel point. Ce n'était pas ce qu'il ne voulait. Ce n'était absolument pas ce qu'il voulait. Il le laissa, toujours plus tremblant, révéler sa marque, la gorge serrée en rappelant que pour lui il ne servirait qu'à réchauffer l lit de son amant. La voix de son maître résonna par dessus dans sa tête.
Ses yeux se remplirent bien plus de larmes. La nausée lui monta au bord des lèvres. Il était à ce point aussi répugnant ? Aussi écœurant que son père ? Il baissa la tête au sujet de son affranchissement. Il s'en moquait bien de cela. Il ne voyait que le mal que ses paroles semblaient faire. Il était donc aussi mauvais que son père. Aussi méprisable. Son esprit commença à décrocher alors que sa tête rentra dans les épaules, plus misérable que jamais. Il n'entendit pas la menace de la revente. Il ne percevait plus que cette douleur d'être comme celui qu'il avait tant haï.
Soudain, Coldris le lâcha et l'infirme chuta lamentablement sur le dallage. Alexandre trembla, honteux, et releva avec angoisse la tête son son maître.
"Je.. je ne parlerai plus, maître. Je.. enfin, le moins possible. Je... "
Une ombre passait devant lui. Plus terrifiante que Coldris. Beaucoup plus terrible.
"Je.. Je veux pas être.. lui."
Re: [30 janvier 1598] - La tête dans ta merde [Terminé]
Coldris tenait son frêle cou dans sa poigne. Il aurait pu si aisément briser ses vertèbres si l’envie lui avait traversé l’esprit. Un de plus ou de moins qu’est-ce que c’était après tout ? Pas grand-chose, surtout quand il s’agissait d’un esclave. Un peu plus lorsqu’il s’agissait de l’amant de son fils et que cela risquait de le faire basculer définitivement. Et c’était bien pour cette raison qu’il ne pouvait permettre aucun écart. Et ne prendre aucun risque. Qui lui disait qu’il ne parlait pas avec une telle condescendance à son propre fils ? C’était hors de question. Statut d’esclave mis à part, il n’était qu’un vulgaire roturier bâtard de prêtre débauché et révoqué. Autrement dit : si peu comparativement à sa propre famille. Il leur devait le respect et la reconnaissance des privilèges dont il pouvait disposer.
Sa tête le lançait et commençait à bouillonner. Il n’était qu’un esclave, au plus bas de l’échelle. Il devait également le respect au personnel libre de Fromart. Pourquoi fallait-il que dès lors que l’on tende une main, l'on vous arrache un bras ? Les chats ne faisaient pas des chiens. Lui aussi finissait par trahir sa confiance et en abuser. Il l’avait toujours bien traité, omettant bien souvent son statut servile, et voilà ce qu’il en ressortait ! Après tout ce qu’il avait fait pour lui, après tout l’avenir qu’il lui avait offert… Après tout cela, il oubliait qu’il n’était rien. Qui plus est Coldris l’avait déjà repris plusieurs fois pour ses paroles déplacées, alors ses excuses, il pouvait bien s’étouffer avec. Il n’en voulait pas. Il était assurément un bon chrétien, oh oui ! Désolé, il allait quérir la rédemption pour mieux recommencer l’instant d’après. Il ne croyait pas un mot de sa repentance. Ça ne venait pas assez des tripes pour être vrai. Il pouvait bien verser toutes les larmes qu’il voulait, ce n’était pas ainsi qu’il parviendrait à l’apitoyer, c’était bien mal le connaitre. Tout cela glissait sur lui, incapable qu’il était d’être touché par la moindre de ces émotions. Même la pluie glaçait bien plus ces os que ces quelques larmes auxquelles il était imperméable.
Coldris le lâcha finalement, le laissant s’écrouler comme une marionnette désarticulée. Il se fichait bien de ce qu’il pouvait faire. Ne plus parler ? C’était comme museler un chien agressif : il vous bouffait au premier manquement. Qu’il écrase plutôt cet égo qui n’avait pas lieu d’être ou qu’il explose avec.
Je.. Je veux pas être.. lui.
Ses mâchoires se serrèrent un peu plus encore. Et lui l’était-il ?
Regarde-toi.
Tu rêvais même de le lacérer.
Et tu le dis toi-même : les chats ne font pas des chiens…
Mais parfois ils font des rats.
Non il n’était pas comme lui.
— Tu l’es déjà.
Sans doute mieux encore que moi.
Il tourna les talons, renvoyant le fantôme d’où il venait sans autre forme de procès. Non. Il ne l’était pas. Il ne le serait jamais. Il ne tuerait jamais ses enfants lui. Ils lui étaient bien trop précieux. Et c’était bien pour cette raison qu’il devait avertir Alduis de ce qui venait de se passer. Il commençait à croire sincèrement (naïvement ?) qu’il pourrait développer une réelle relation de confiance et non plus de défiance. Preuve supplémentaire qu’il n’était pas lui.
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Re: [30 janvier 1598] - La tête dans ta merde [Terminé]
Il n'était qu'une pute.
Une pute qui se contentait de vivre au crochet de son amant.
En sortant de la prévôté, il se trouvait enfin en sécurité après plusieurs jours d'ne terreur absolue, rongée par l'angoisse. Il avait cru avoir atteint la vie idéale. Mais tout ce qu'il avait possédé, il le devait à Alduis. Il n'avait rien construit de ses mains. Il ne possédait rien. Il n'était qu'un esclave. Il était sel. Im n'avait plus un seul ami. Il n'était même plus sûr d'avoir encore amant. Est-ce qu'Alduis voudrait encore de lui après cette nouvelle scène ? A sa place, il aurait dit que non.
Mais Ysengrin, lui, ne dirait-il pas de pardonner ? Ysengrin... Alexandre ferma les yeux. Il aimerait le voir encore une fois. Même si ce devait être la dernière. Même s'il devait lui dire les pires reproches. C'était sans doute le seul ami qu'il lui restait même s'il ignorait où celui-ci se trouvait.
Ysengrin...
S'il pouvait apprendre à penser comme lui, à voir le monde par ses yeux, est-ce qu'il pourrait s'améliorer ? Alexandre ne savait pas. Alexandre ne savait plus.
Un temps passa lorsqu'un domestique se présenta et le ramassa sur le sol. Alexandre se laissa faire. Son corps était de toute manière trop faible pour réussir à se lever seul et ses béquilles se trouvaient bien trop loin pour espérer les atteindre. Le commis les lui tenta et l'esclave hésita. IL voulait le remercier, mais sa parole se bloqua. Et s'il disait encore une chose avec une mauvaise attitude ? Il ferma les yeux. Ysengrin... Comment Ysengrin ferait ? Il rassembla ses souvenirs puis rouvrit les yeux pour sourire doucement au serviteur. Il murmura ensuite d'une petite voix.
"Merci."
Il inclina poliment la tête et se retira pour se remettre lentement à l'ouvrage tant que son corps fonctionne encore.
Re: [30 janvier 1598] - La tête dans ta merde [Terminé]
Une fois ressorti du tortueux escalier, Coldris prit immédiatement la direction de la salle d’armes. À cette heure-ci du jour, c’était l’endroit le plus probable où trouver son fils si celui-ci n’était pas sorti. Il devait absolument s’entretenir avec lui de ce qui venait de se passer. Dire que le sujet avait été évoqué la veille seulement et il fallait déjà le remettre sur le tapis. Toutefois, il ne pouvait pas fermer les yeux. Ce n’était pas que pour Léonilde ou ses domestiques. Il s’agissait d’Éléonore, la femme qu’il aimait, et de son fils. Oh que ce ne soit que de simples invités eut été tout à fait hors de propos également – pour qui serait-il passé ? Père et fils, pas un pour rattraper l’autre – seulement la faute était d’autant plus inconcevable qu’il savait qu’il ne tolérait aucune attaque envers le premier cercle que constituait sa famille. Qui s’y frottait s’y empalait.
Son pas lourd claquait sans ménagement sur le dallage de pierres inégales. Cette fois, il ne marqua aucun un arrêt pour enclencher la poignée et entra aussitôt. Éléonore se trouvait en sa compagnie à s’entrainer. Il ne comprendrait décidément jamais ce que les femmes pouvaient bien trouver à cette activité quand lui-même l’abhorrait. Enfin, là n’était pas la question. Il fit l’effort de desserrer les mâchoires et d’inspirer pour se calmer. En même temps, il suffisait de croiser son regard pour apaiser le bouillonnement destructeur qui remuait ses entrailles. Comment pouvait-elle faire cela ? Comment pouvait-il lui parler de la sorte alors qu’elle était si exceptionnelle et que même lui s’inclinait devant elle ? Il cligna plusieurs fois des yeux sous leurs regards interrogateurs.
— Je dois parler à mon fils de toute urgence, annonça-t-il sans préambule.
Il était désolé de l’irruption autant que d’interrompre leur séance, mais cela ne pouvait souffrir d’aucun délai. Éléonore rangea la rapière dans le râtelier avant de saluer Alduis d’une main sur l’épaule. Lorsqu’elle passa à sa hauteur, sa main rencontra la sienne. Il la serra un bref instant, la retenant pour lui glisser un simple « merci » aux accents encore rauques de colère. Il n’avait pas envie de la relâcher, et bien plus de l’attirer contre lui mais…
— Je vous verrais pour le déjeuner.
À regret, il abandonna ses grands yeux bruns, pour affronter ceux de son fils. Il n’avait rien de fort plaisant à lui dire et cela le peinait presque autant que lui de le mettre dans une telle position seulement, il devait savoir. Il attendit que les pas d’Éléonore se soient éloignés puis énonça les faits sans attendre. C’était le gros avantage de leurs discussions, il n’y avait pas à faire des tours et détours entre eux.
— Léonilde m’a rapporté ce matin qu’il avait trouvé Alexandre en train de discuter avec Éléonore alors qu’il aurait dû être au travail afin de s’acquitter de sa sanction. Il s’est montré insolent envers l’intendant puis il s’est permis de donner des ordres au domestique que Léonilde lui avait attribué afin de pallier son infirmité. Il est entendu que notre intendant s’est permis de lui rappeler où se trouver sa place et d’alourdir sa peine en conséquence.
Coldris baissa brièvement la tête.
— Je regrette de t’annoncer cela… Un peu plus tard, j’ai appris de Bérénice, alertée par Adéis, que lors de leur conversation, Éléonore lui aurait reproché d'avoir été condescendant avec elle…
Il secoua la tête avec agacement.
— Ce comportement est inacceptable de la part de quiconque ici, a fortiori d’un esclave. La seule raison qui m’empêche de le faire châtier sur le champ comme je le devrais, c’est votre relation et le respect que j’ai pour toi. Il n’y aura pas de seconde fois. À la prochaine incartade je me sépare de lui. Bien entendu, il sait désormais tout cela. Je voulais simplement t’en informer et te réitérer mes craintes.
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Re: [30 janvier 1598] - La tête dans ta merde [Terminé]
Du moins, quand la porte ne s’ouvrait pas aussi brutalement, faisant se retourner Alduis d’un bloc. Il se figea en reconnaissant son père. Encore. Il ne venait jamais, habituellement. Il le faisait toujours chercher depuis son bureau… Mais hier, puis aujourd’hui… Sans savoir pourquoi, une sueur glacée coula le long de sa colonne vertébrale. Il sentait quand son père était énervé, et c’était le cas. Un mauvais pressentiment lui serra l’estomac. La pointe de son épée se baissa vers le sol.
Que se passait-il ? Il jeta un regard à Eléonore, pour voir quel comportement adopter. Coldris, lui, prit une inspiration et détendit les muscles de sa mâchoire. Finalement, il indiqua la nécessité de lui parler. Seul à seul.
Bien sûr, la jeune femme ne s’y opposa pas. Elle rangea son arme et quitta la pièce, après avoir posé une main sur son épaule. Alduis lui en fut reconnaissant. À vrai dire, il restait toujours une certaine forme d’appréhension quand il voyait son père dans cet état d’agacement, même s’il n'en était pas responsable — comment aurait-il pu l'être ? Il ne l'avait pas encore croisé aujourd'hui, et ne cherchait plus à le provoquer par tous les moyens... Pourtant, restaient les dernières ombres du petit garçon en lui, terrorisé dans un bureau, qui espérait que la tempête passe le plus rapidement possible.
Il attendit en silence. Dans ce genre de moments, il aurait bien été incapable de prendre la parole le premier. Il pouvait déjà pressentir que cela n’aurait rien d’agréable. De quoi pouvait-il s’agir ?
Son père ne traîna pas en longueur, Alduis l’en remercia. Il n’aurait pas supporté longtemps l’angoisse de cette attente. Il aimait celle qui s’étirait des heures durant avant le combat, mais pas celle-ci. Non, celle-ci était juste effrayante. Et...
Alexandre.
Encore. Toujours.
Ses doigts se serrèrent plus fort sur la garde à mesure que son père lui exposait la situation. Insolence, donner des ordres, furent les mots qui restèrent dans son esprit. Pourquoi Alexandre ne savait-il pas rester à sa place ? pourquoi ne savait-il pas s’aplatir ? Coldris avait déjà évoqué cette conversation la veille. Et voilà qu’ils la remettaient, à croire que rien de tout cela ne lui avait servi de leçon.
Il écouta son père sans broncher, encaissant tout sans un cillement de paupières. Puis, quand il eut terminé, il se dirigea à son tour vers le râtelier d’un pas lent et rangea son arme à son tour. Il n’était plus d’humeur à s’entraîner maintenant. Il avait soudainement l’impression qu’un énorme poids venait de se déposer sur ses épaules.
Il lui avait pardonné hier. Hier.
Et déjà, ça recommençait.
Il serra les poings, non de colère mais de désespoir. Qu’aurait-il dû faire ? dire ? Il ne savait plus ce qu’il ressentait. L’aimait-il seulement encore ? Peut-être, oui. Il secoua la tête et finalement, se la prit dans les mains. Il se mordit la lèvre.
Coldris réitérait ses craintes.
Et une fois de plus, Alduis savait au fond de lui-même qu’il avait raison.
Mais il avait cru qu’il pourrait encore tenir un peu à distance la vérité, l’écarter pour pouvoir goûter encore à un bonheur, peut-être éphémère. Naïf. Il soupira.
— Je me sens tellement stupide, finit-il par murmurer, à demi-voix, les yeux brûlants de larmes qui n’existaient pas et le couleraient pas.
Stupide d’avoir cru que les choses rentreraient dans l’ordre.
Stupide de lui avoir pardonné aussi facilement.
Stupide. Simplement stupide.
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Re: [30 janvier 1598] - La tête dans ta merde [Terminé]
Coldris nota sans surprise les doigts qui se refermaient autour de la poignée de son épée, c’était si habituel qu’il ne s’attarda pas sur cela. Il y avait de quoi être en colère ou peu importe l’émotion qui pouvait bien le traverser. Il exposa avec détachement les faits allant de ses insolences jusqu’aux sanctions encourues, sans parler de ses propres craintes qui en découlaient. Il ne souhaitait nullement lui mettre la moindre pression, simplement qu’il soit en possession de tous les éléments.
Il ne voulait pas le revoir sur une fenêtre et encore moins pour lui. Il n’allait pas mentir non plus : la fin de cette relation l’arrangeait bien, et ce pour plusieurs raisons évidentes outre le côté mesquin de l’esclave. Bien évidemment, il se trouverait ravi de ne plus savoir son fils engagé dans une relation avec un homme à l’approche de son mariage, et quand bien même il aurait pu tolérer la chose, les esclaves et les nobles ne frayaient pas ensemble, moins encore que les bourgeois et les gens de leur sang.
Alduis n’avait pas besoin de parler pour qu’il sache ce qu’il pouvait bien penser. C’était inscrit jusque dans ses muscles bandés comme la corde d’un arc. Il se sentait stupide ? Coldris le dévisagea de là où il se trouvait sans bouger. Eh bien ils étaient deux alors, car il partageait sans doute la faute en plus du sentiment. Peut-être au fond que tout cela était de son fait. Parce qu’il avait eu l’excellente idée de récupérer Alexandre. Il secoua la tête. Dans le pire des cas, il n’avait fait que catalyser le problème et mieux valait tôt que tard. Les secondes s’étiraient sans que ses membres ne daignent se mettre en mouvement dans un sens comme dans l’autre. Il scrutait toujours profondément son fils, sans savoir quoi faire entre s’approcher et déguerpir. C’était comme toutes ces fois où il était venu à l’embrasure de la porte. Il se sentait toujours autant démuni comme si ces quelques mètres de vide entre eux étaient plus larges et profonds que n’importe quel gouffre. Il y avait une petite voix qui l’enjoignait de s’approcher, mais son corps ne répondait pas. Puis il y eut comme deux mains sur ses omoplates pour le pousser en avant et le mettre en marche avec raideur. Chaque pas supplémentaire lui demandait un effort quand toutes ses tripes lui hurlaient qu’il n’avait rien à faire ici. Il passa maladroitement ses bras autour de ses épaules et le pressa brièvement contre lui :
— Stupide et déçu, n’est-ce-pas ? énonça-t-il comme pour lui dire qu’ils étaient deux.
Puis il se détourna aussitôt pour se diriger vers la sortie, car il n’aurait su quoi dire de plus.
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