[30 janvier 1598] - "Qui squatte les lits de Fromart ?" : les conditions d'hébergement des pièces rapportées à Monbrina au 16e siècle [Terminé]
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Son absence. Ce qu'elle était. Ce qu'elle n'était pas. Tout ce qu'elle avait perdu avec lui. Elle ne savait plus. Elle savait d'autant moins que la présence de son amant - son existence et ses sentiments, à vrai dire - lui interdisait bon nombre de pensées qui s'étaient imposées comme d'incontestables évidences au fil des mois. Parce que tout ce qu'elle avait su, tout ce dont une grande part d'elle demeurait persuadée ne pouvait coexister soit avec l'amour qu'elle lui portait, soit avec le confiance qu'elle se devait d'avoir en son jugement - même sur elle. Elle avait l'impression que ses pensées les trahissait aussi bien l'un que l'autre, et elle ne pouvait que s'en mépriser plus encore. Un odieux cercle vicieux dont elle ne parvenait plus à s'extirper.
La présence de son phénix avait fini par l'apaiser malgré tout, et elle était parvenue à retrouver le sommeil, épuisée par ce trop plein, avant que le matin ne tire son soleil du lit.
Quant à elle, une fois de plus, elle y avait traîné. Sans plan extravagant à potasser comme elle l'aurait fait autrefois. Elle se fit néanmoins violence pour se lever lorsque la lumière extérieure lui rappela que passer sa journée au lit était inquiétant, et qu'en restant dans cette pièce, elle allait alerter Coldris sur son état. C'était étrange de penser qu'il allait à nouveau falloir qu'elle e lève tous les matins… Elle n'était plus bien sûre d'en avoir la force.
Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un. Elle dégagea les draps et s'empressa de se lever avant de changer d'avis. Le plus dur, c'était de se lever. Elle s'habilla plus aisément que la veille, et refit le lit par réflexe. Elle vérifia qu'elle n'avait rien oublié avant de quitter la chambre. En refermant la porte derrière elle, elle sentit qu'on la regardait et se retourna.
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Les seaux étaient remplis et il devenait urgent de les évacuer. Le jeune esclave les déposa sur le petit chariot et roula dans les couloirs en le poussant pour les conduire à l'endroit de la cour où des paysans viendraient les chercher pour les répandre sur leurs cultures. Rien ne se perdait. De leur productions intestinales naissaient leur alimentation. Il s'agissait d'une parfaite boucle. un exemple magnifique la nature obéissait à un cycle immuable et parfaitement fonctionnel.
Il tourna à l'angle du couloir pour rejoindre l'escalier et chercher Léonilde qui ne devait plus être loin afin de l'aider de descendre les marches pour évacuer les déjections. Malgré les énormités de son récent comportement, son maître n'était nullement inhumain et se remémorait de son infirmité qui l'empêchait de remplir seul certaines tâches. Ou il s'agissait de l'intendant qui le secondait qui corrigeait les imperfections des ordres. De toute manière, Léonilde et Coldris, Alexandre commençait à songer que c'était presque une seule personne tat les deux se complétaient. Un peu comme si le fidèle domestique serait devenu le prolongement naturel du corps du ministre.
Alexandre arriva à cet instant aux abords de la chambre de Coldris et s'étonna d'apercevoir la chambre s'ouvrir. Depuis quand son maître resterait-il dans cette pièce alors que neuf heures avaient déjà sonné ? Ce serait plutôt à cet horaire que celui-ci débarquait dans pour jeter tout le monde au bas de son lit. Si ce n'était pas avant. Il ralentit son allure, intrigué, et chercha à surprendre la personne qui sortirait afin de pouvoir comprendre. Il eut un sourire amusé en distinguant une silhouette féminine commencer à passer le seuil. Quel sot ! Il aurait dû y penser : c'était une des innombrables maîtresses de Coldris. Celui-là devait en avoir assez pour réchauffer son lit avec une différente pour chaque jour de l'année. Cette dernière pensée lui ôta tout sourire. C'était cruel de considérer la chose ainsi. Après tout, ces dames ne faisaient que s'offrir un bon moment et son maitre ne les forçaient nullement.
La silhouette féminine se précisa et Alexandre perdit toute calme de son visage pour écarquiller bêtement les yeux en découvrant qu'Eléonore se dressait devant. Il bégaya :
"Ele... Eléonore..."
Il secoua rapidement la tête pour ordonner plus correctement ses pensées.
"Euh.. pardon. Je ne souhaitais pas me mêler de votre vie privée. Vous faites ce que vous voulez. avec qui vous voulez. Bien sûr, bien sûr."
Alexandre baissa le regard, gêné, ne sachant plus où se mettre.
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Bon alors... Petit défi du matin : trouver le mensonge le plus bancal et stupide qui soit. Juste pour ne pas se donner l'air trop désinvolte.
— Ah… Oui. En fait... Je vous sais gré de votre bénédiction mais ce n'est pas ce que vous pensez : en réalité, je ne savais juste pas où dormir. Et le ministre m'a dit que si celle-ci était libre, alors… vous voyez ?
Mmmm non. Non, elle aurait pu faire plus gros. Prétendre qu'elle cherchait les écuries, c'eût été mieux. Ou essayer de lui expliquer comment elle avait pu y perdre quelque chose sans jamais y avoir mis les pieds...
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"Oh, je vois ! Quelle générosité que celle de mon maître ! Rien n'est jamais trop beau pour ses invités, n'est-ce pas ? Au point même de céder sa propre chambre pour que voussoyez pleinement à l'aise. Je me demande s'il aura poussé la vertu à aller dormir comme son fils dans les écuries !"
Les yeux d'Alexandre brillaient légèrement de sa répartie et indiquaient clairement à Eléonore avoir conscience de la réalité. Néanmoins, le jeu se révélait drôle et il se demandait jusqu'où la jeune femme se dédierait à le pousser.
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Toutefois, ce n'était pas à elle de lui en vouloir, ce n'était pas cela qui arrangerait la situation. Il l'avait soutenue après son coup de sang, elle pouvait bien lui témoigner la même indulgence, s'il fallait se donner une raison. Elle poursuivit donc comme si de rien n'était.
— Oui, c'est quelqu'un de très… bienveillant. Mais vous pensez bien que je n'aurais pas pu lui demander de renoncer au confort d'un lit… En réalité, il se trouve qu'il a craint que je ne sois trop mal à l'aise de le chasser et il a choisi de rester. Avec les intentions les plus honnêtes, croyez-le bien. Il tenait seulement à… ne pas manquer à l'hospitalité. Je n'ai pas eu le coeur à lui demander de partir. À vrai dire… je me complais assez dans sa compagnie.
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"Bien sûr, les intentions de mon maître sont toujours honnêtes avec la gent féminine. Et surtout naturel."
Sa voix insista légèrement sur ce dernier mot. Si son maitre avait écho de la conversation, ce qui ne manquerait sûrement pas, il devinerait sans mal l'allusion dissimulée à leur tout première rencontre et aux absurdités sorties comme quoi la sexualité ne devrait être pratiquée que dans le cadre du mariage et de la procréation. Sur ce dernier point, cela restait vrai. Tout acte engageait à la possibilité de donner naissance à une nouvelle existence. Néanmoins, se priver du plaisir que cela procurait, il avait fallu qu'il sot un âne aux œillères bien fermées pour s'obstiner à ne jamais vouloir essayer de connaître la chose. L'espace d'un instant, le jeune homme se questionna sur ce qu'il aurait pu devenir s'il avait écouter son père qui lui conseillait de profiter de sa jeunesse et des filles. probablement aurait-il pu être moins coincé ? Néanmoins, sa mère en aurait fait une attaque. Pourtant, vu ses propres exploits, celle-ci se trouvait bien hypocrite dans ses enseignements à fuir la sexualité à tout prix alors qu'à une époque ses cuisses était un accès libre à n'importe quel homme du moment que celui-ci lui payait une chambre d'auberge.
Alexandre poursuivit d'une voix toujours légère :
"Il n'y a jamais de mal à profiter des meilleures choses, du moment que l'on sait être raisonnable et ne pas en abuser."
Coldris allait certainement éclater de rire de ces mots qui tranchaient tant avec ses anciennes paroles dégouliantes de naïveté.
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— Assurément : il n'y a plus naturel que d'assurer le confort de ses invités, confirma-t-elle tout naïvement.
Quant à la suite… Raiso-quoi ? Parlaient-ils bien de la même personne ? Oh, elle l'adorait aussi fou et incroyablement merveilleux qu'il était, mais bon, elle n'était pas certaine que ce soit là le mot le plus indiqué pour le décrire.
— Oui, c'est un homme sage et mesuré… Et en même temps tellement confiant et avec un si charmant humour… je crois que c'est pour cela que je… enfin… vous savez, qu'il… me plaît vraiment beaucoup. Je crois que j'oserais même dire que je l'aime.
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"C'est même l'une des règles les plus fondamentales lorsqu'on reçoit une personne chez soi : lui assurer d'être le plus à l'aise que possible."
Sur cela, Eléonore se mit à décrire Coldris d'une voix qui ne trahissait guère place au doute par les minauderies qui l'imprégnaient. Sa manière de lui trouver. Elle confessait même son amour à la fin et Alexandre sourit ingénument. Elle était absolument adorable à chercher à décrire son attirance pour le ministre. Un instant, il reprit son sérieux et songea son maître. Il eut du mal à l'imaginer en amant sincèrement épris, mais le voyait bien plus à utiliser les sentiments d'une femme à son avantage, dans le seul but que celle-ci lui ouvre volontairement les cuisses. Néanmoins, tout débauché et sournois puisse-t-il être celui-ci restait un homme. Or, un homme pouvait tomber amoureux à tout instant. Cela ne prévenait jamais. Par ailleurs, Alexandre acceptait sans la moindre difficulté que Coldris invite une maîtresse à Fromart, mais pas de lui faire partager sa chambre à lui. Il le verrait bien plus la rejoindre dans une chambre d'amis. Son intimité se révélait une chose à laquelle il tenait beaucoup. Alors, dans ce cas... Le sourire d'Alexandre s'agrandit en réalisant peu à peu ce que ses déductions signifieraient. Le grand et redoutable Coldris de Fromart amoureux d'une belle et adorable jeune femme. C'était une idée absolument touchante et qui lui donnait l'impression de se trouver devant un roman de Boréalion face à la révélation de deux personnages qui se découvraient enfin amoureux alors que lui l'avait deviné depuis de nombreuses déjà.
Le sourire aux lèvres, les yeux brillant de joie, Alexandre sourit doucement à Eléonore et murmura.
"Je vous souhaite beaucoup de bonheur. a tous les deux."
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Quant au reste… Pourquoi le visage d'Alexandre s'illuminait-il ainsi quand il aurait dû se demander dans quel piège elle avait bien pu tomber ?
— Ah… eh bien… merci, répondit-elle, parfaitement sincère avant d'ajouter : Il y a toutes les chances que nous le soyons. Je lui plais vraiment, c'est certain, il a même promis de m'emmener au théâtre.
Enfin, promis… il avait suggéré d'y retourner mais de toute façon, il lui devait une tragédie grecque, non ? Bon : elle pouvait effacer son ardoise, mais ce ne serait que pour mieux le réendetter ensuite, qu'il ne se leurre pas. Tant qu'il n'essayait pas de la faire sortir sans qu'elle ne soit prête… et qu'il ne se mettait pas en tête de lui offrir toutes les pièces qu'il l'empêchait de voir.
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"Vous avez de la chance"
Alexandre regretta l'amertume qui s'échappa malgré lui de sa voix. Il se redressa et reprit plus dignement.
"Pardonnez--moi, Eléonore, je ne voulais pas dire cela. Je ne souhaitais pas vous importuner, ni encore moins vous blâmer."
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Elle s'apprêtait à faire son petit test quand Alexandre la désarma. Elle avait de la chance ? Elle chercha dans ses yeux la raison pour laquelle il le disait avec une telle amertume. Il ne parlait pas du fait d'avoir Coldris puisque lui aussi avait un amoureux formidable - quoi qu'elle préfère le sien. Mais… elle se souvenait de ce qu'elle avait dit en les surprenant. Elle se souvenait aussi de la réaction d'Alduis quand Coldris et elle s'étaient embrassés dans la neige - elle s'en voulait toujours tellement qu'ils se soient fâchés par sa faute. Elle se souvenait de ce avec quoi elle avait rebattu les oreilles de ses deux andouille de tout et d'ami. Et elle savait combien la situation s'appliquait pour Alexandre.
Elle aurait bien pu prétendre qu'elle aussi risquait des ennuis. Une femme non plus ne faisait pas ce qu'elle voulait. Elle n'était pas non plus censée s'afficher - ce qui, au fond, ne l'aurait pas tant affectée. Mais cela n'était pas comparable, d'autant plus qu'il y avait à ce problème une solution toute trouvée et qu'il lui suffisait de l'accepter…
Elle secoua la tête, compréhensive, quand Alexandre s'excusa.
— Vous savez déjà que j'ai connu quelqu'un dans cette situation, répondit-elle tristement. Puis, plus légèrement : De toute façon, je ne pense pas que vous puissiez faire bien pire que de me demander si votre… père m'a mise enceinte...
Non mais… vraiment, ça, c'était insultant. Pas amusant. Pas comme… pas comme Coldris gêné à cause d'une simple illustration dont elle tenait justement l'artiste. Si elle avait cru voir ça un jour !
— J'oubliais : vous devriez faire attention à l'endroit où vous laissez traîner vos dessins.
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"On s'y fait, au fond. De toute manière, il n'y a guère le choix. Je préfère le théâtre au bûcher."
Eléonore se permit cependant une plaisanterie qui crispa aussitôt à Alexandre. Il ne se rappelait que de cette interrogation, légitime quand on savait les exploits du prêtre défroqué inconséquent, mais associer cet être nuisible au mot père lui hérissa les poils et l'aurait même fait vomir. Il répondit avec une amertume sévère :
"Je doute pourtant le libraire Bellanger puisse avoir la moindre maîtresse. Quant à la mettre enceinte, cela se révèle bien plus improbable."
Les yeux d'Alexandre brillaient d'une irritation peu courante de sa part.
"L'homme dont vous parlez est dans mon esprit mort depuis le jour où j'ai entendu qu'il affirmait que ses batards seraient comme morts. Je n'ai déjà été déjà que trop stupide pour envisager lui accorder autant de chances. Qu'il apprenne un peu se débrouiller. Néanmoins, comme il n'en sera rien, il est raisonnable de penser qu'il sera réellement bientôt plus de ce monde."
Sur cela, ce moment passa. Les déchets, personne n'avait bien envie de les évoquer bien longtemps. Eléonore laissa entendre qu'il égarerait ses dessins. Alexandre fronça les sourcils en cherchant à quoi celle-ci pouvait faire allusion. Lequel avait-elle pu voir ? Celui du soldat Edouard ? No, cela, toute= Braktenn en avait eu connaissance. L'album sur Adéis ? Non, ce n'était pas tant un secret que cela. Par contre, il existait une illustration cocasse, destinée uniquement à son maître t à un rebut de l'humanité. Cela lui paraissait plus raisonnable comme hypothèse. Le jeune homme répondit en riant légèrement :
"Oh, mon maître, vous aurait montrer mon travail le plus intime ? Cette nouvelle version de la Genèse fut-elle à votre gré ?"
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D'accord, elle était vraiment idiote, on ne rappelait pas aux gens leurs erreurs ainsi. Il n'avait pas mérité ça mais il n'y avait aucune mauvaise intention derrière, elle… Un libraire ? Mais avec quoi venait-il ? Son sarcasme la crispa un instant, et elle se permit de lui faire remarquer.
— Gardez votre condescendance, Alexandre. Je n'ai fait que reprendre la manière dont vous-même avez désigné cet individu et vous savez très bien à quoi je faisais référence. Je suis désolée si sa mention vous a blessé mais j'aimerais que vous vous absteniez de me prendre de haut quand je ne suis pas censée connaître vos déboires personnels ni les moeurs d'inconnus.
Ses excuses étaient sincères, et ce qui précédait, peut-être un peu plus ferme qu'elle ne l'aurait voulu. Elle espérait quand même qu'il ne s'adressait pas ainsi à Alduis quand il commettait une maladresse, il n'aurait plus manqué que ça ! Finalement, Coldris avait peut-être raison de s'inquiéter… mais ce n'était pas à elle d'en juger et finalement, ce n'était qu'à elle qu'il avait parlé, ce n'était pas comme si ça comptait. D'ailleurs, elle n'aurait même pas dû relever…
Elle écouta patiemment les explications d'Alexandre. Oui, stupide d'avoir trahi son ami pour cette espèce de… de… de… Ariste n'aurait jamais fait une chose pareille. Elle, elle avait fait pire… Elle faisait toujours pire.
— Je n'ai jamais eu de sympathie envers cet individu et je conçois tout à fait que vous ne vouliez rien avoir affaire avec lui. Je suis désolée que vous ayez eu à entendre une chose pareille, vraiment… Et qu'il vous ait déçu
Le sien l'avait qualifiée d'erreur. Une erreur bien vivante qu'il avait dû supporter pendant bientôt vingt-deux ans. Mais elle avait eu beaucoup de chance. Éléonore revint sur un sujet qu'elle espérait cette fois plus léger.
— Montré n'est pas tout à fait le mot. En réalité, votre illustration s'est envolée quand il a récupéré son manteau et à eu l'espièglerie de venir s'ouvrir juste devant mes pieds. Je dois dire que vous ne m'avez pas facilité la tâche, pour être honnête. Enfin, c'était très bien réalisé mais... Sur le moment, ce fut assez gênant, je dois dire… Enfin, c'est que mes yeux ne tombent pas sur ce genre de choses fréquemment et je ne m'y attendais pas... J'ai du tirer une drôle de tête pendant quelques instants. Et il a fallu que le vicomte en rie de moi. Gentiment mais… enfin, c'était… vous savez comment il est... En fait, je serais prête à parier qu'il l'a fait exprès pour tester ma réaction si ce n'était pas si... Enfin, c'avait vraiment l'air d'un hasard.
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"Pardonnez-moi, Eléonore, ce n'était absolument pas contre vous, ce n'était même pas de la condescendance. C'était... De la colère. De la colère contre moi-même. Contre ma stupidité."
Ses mains serrèrent en même temps temps ses béquilles sous doigts.
"Je ne suis pas prêt de me pardonner cette stupidité. Mais je dois maitriser cette émotion, ou je deviendrai parfaitement invivable."
Eléonore retrouva son calme et Alexandre lui sourit, navré de s'être laissé aller à ce mouvement d'humeur. Il laissa échapper un bref soupir en l'entendant poursuivre. Non, il ne méritait de la pitié pour ses erreurs et sa faiblesse. Il n'avait que trop accordé de chances à cet imbécile et méritait bien ce qui lui dégringolait sur la tête.
"Honnêtement, je les mérite toutes ces choses. J'ai passé six longues années à faire son propre travail, à rattraper ses fautes, à étouffer les scandales, à devoir le chercher dans les pires bouges de la ville... Je l'ai entendu plus d'une fois me promettre qu'il allait changer, qu'il se comporterait mieux. ESt-ce que s'est vérifié ? Non, cela ne fit qu'empirer. Malgré tout cela, j'ai encore eu la naïveté stupide à lui accorder cette dernière chance ! Au point même d'en abuser Alduis pour un idiot qui ne mérite aucun effort ! Alors... Alors, non, je vous prie, ne me plaignez pas. Je n'ai récolté que ce quez j'ai mérité."
Vers la fin de sa dernière, sa voix, montée dans les aigus, descendit en flèche et laissa entendre l'entière culpabilité qui le rongeait depuis plusieurs jours. Alexandre tourna la tête un instant vers le chariot qui portrait les seaux d'étrons. Ce travail correspondait bien à la merde qu'il avait réalisé à cause de sa stupidité. Il ne méritait pas mieux.
La conversation passa à un sujet plus agréable, à savoir la fameuse illustration fait pour surprendre à la fois son maître et le sinistre imbécile. La révélation de comment elle avait surgi par un pur hasard à Eléonore l'amusa. cela Coldris ne l'avait pas prévu pour une fois. Alexandre répondit calmement :
"Ce n'était pas censé être pour lui. Enfin, il aurait dû la voir, mais pas la garder. Quand mon maître m'a annoncé qu'il visitait son ancien ami en prison, j'ai décidé de préparer un colis de pâtisseries, avec cette petite surprise à l'intérieur. Néanmoins, comme ct idiot me considérait en gosse de dix ans, il se serait offusquée, telle une vierge effarouchée, en découvrant le dessin. Il a refusé de la garder et mon maître l'a ainsi récupéré. C'est une histoire à la fois cocasse et ridicule. Aussi ridicule qu'il sait l'être."
Alexandre se maudit pour laisser encore échapper ces paroles haineuses. Combien de temps cet être allait-il le poursuivre dans son esprit ? Il devait couper tout lien. IL n'était plus rien. Il ne voulait plus rien avec à faire avec lui.
"Pardonnez-moi, Eleonore, je m'aigris encore."
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Elle comprenait, pourtant. Elle comprenait qu'il soit fâché et qu'il ait du mal à tout canaliser. Elle comprenait qu'il puisse en montrer une certaine aigreur. Il pourrait en dire ce qu'il en voudrait, elle était comme ça. Quelque chose pourtant retint sa compassion, dans cette façon de mêler Alduis à son explication. Il n'essayait tout de même pas de l'embrouiller, si ? Il n'oserait pas ? Elle… elle ne pensait pas sentir de duplicité mais… mais si Coldris avait raison, ce jeune homme connaissant sa sensibilité… elle n'était plus bien sûre de ce qu'elle pouvait percevoir… Bon, à priori, elle n'avait aucun de poids et il ne tirerait aucun avantage à la manipuler elle mais… mieux valait trop de prudence que pas assez.
— Sans vouloir vous plaindre, j'ai quelque difficulté à comprendre en quoi les efforts que vous mentionnez devraient être à votre charge. Vous avez voulu y croire et améliorer la situation, où est le mal ?
Non, vraiment, elle le pensait. Quoi que cela n'en justifie pas les moyens qu'elle évita de relever. Pas qu'elle se moque du sort d'Alduis et des risques pour lui, loin de là, mais le fait était qu'elle n'avait pas à décider à sa place. Surtout pas elle. Et qu'elle croyait en lui.
Sa diversion fut de courte durée : Alexandre revint sur son aigreur. Et sur des informations qu'elle encaissa en silence. Bien. Comme elle le lui avait dit, il n'avait pas de comptes à lui rendre. Elle le pensait vraiment. Quant à omettre la moitié... ce n'était pas comme si elle ne l'avait jamais fait.
— Ne vous inquiétez pas, je suis bien mal placée pour vous le reprocher. Notez, je comprends que cet individu ait eu des préoccupations plus importantes que de conserver ce genre d'image le lendemain de son arrestation. Je veux dire : ce doit être un choc.
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"Je ne suis pas sûr de comprendre votre question, mais si c'est pourquoi je me sens si responsable, c'est... Je ne suis pas certain de le savoir. Depuis l'âge de neuf ans, j'ai été nommé enfant de chœur à Saint-Eustache. Avec les années, j'ai assisté au désœuvrement de son prêtre pour lequel je nourrissais une forte admiration. J'ai comme ressenti le devoir de protéger l'église. Mon église. Ce n'est effectivement pas un mal cela. Je voulais faire les choses bien. J'aspirais à être utile."
C'était probablement un fort sentiment d'orgueil. Néanmoins, était-ce mal ? Lors de ces années, grâce à ces efforts, les fidèles pouvaient assister aux messes et profiter d'une église à peu près tranquille. Néanmoins, avait-il si bin agi ? n'avait-il en réalité permis au curé de continuer ses bêtises ?
"Mais j'estime aujourd'hui avoir mal agi. J'aurais dû le dénoncer aux autorités religieuses plutôt que de gérer tout ceci seul. Ceci n'était pas ma fonction. A cause de cela, j'ai laissé des crimes se produire. En Décembre dernier, j'ai appris... J'ai appris qu'il abusait de paroissiennes. Je l'ai entendu de mes propres oreilles s'en vanter. Je.. je ne peux m'empêcher de penser que je porte une part de responsabilités dans ces affaires."
La nausée lui venait au bord des lèvres alors que son ventre se serrait. Combien de femmes avaient-elles étaient abusées en croyant venir en confession ? Il ne le saurait jamais, mais rien qu'une seule victime, c'était déjà insupportable.
"Pendant un mois entier, je me refusais à lui pardonner. Je ne voulais même pas lui parler. Puis... mon maître m'a dit qu'il avait compris ses erreurs. Qu'il regrettait. J'ai voulu y croire. Cela me paraissait impossible qu'il puisse se tromper. Cela me paraissait encore plus impossible que lui puisse mentir dans sa situation au seul homme qui lui tendait la main. Alors... Alors, j'ai fait cette bêtise... absurde. Pour lui offrir un cadeau de réconciliation, j'ai demandé de l'argent à Alduis en prétextant que c'était pour prendre soin de mon petit frère. "
Il releva piteusement le regard vers Eléonore, la gorge serrée.
"Vous pouvez pas imaginer à quel point je m'en veux pour cela... Je... c'est.. c'était ignoble ! Je ne sais même pas comment j'ai pu avoir seulement l'idée."
Alexandre sentit sa gorge se serrer un peu plus en songeant que sa folie aurait pu lui coûter sa relation. Non, il ne recommencerait plus. Jamais plus. Il ne demanderait plus jamais un sou à Alduis. Jamais !
La conversation changea de sujet pour passer à une illustration époque qui les ramena cependant bien vite à l'agaçant personnage qui semblait décidé à le poursuivre. Il sourit à Eléonore avec tendresse, touché de la vor essayer de chercher des excuses à un homme qui ne les méritait pas.
"Vous êtes infiniment bonne, Eléonore, pour lui prêter cette attention, mais je crains qu'il n'en soit rien. C'est un manipulateur. Je l'ai enfin compris. Il fabule et utilise tout à son seul avantage. Dans un sens, on doit lui reconnaître d'être très fort pour avoir su persuader mon maitre de sa prétendue bonne foi. Et j'imagine à quel point mon maître doit profondément souffrir de s'être laisser ainsi abuser..."
De sa colère entendue dans son bureau, Alexandre était presque certain qu'une partie celle-ci était née de sa déception et de sa désillusions. Il avait ouvert sa propre maison à un homme qu'il pensait en voie de rédemption et se retrouvait avec un poignard dans le dos.
"Il doit se sentir si blessé lui aussi..."
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— Je sais ce qui s'est passé, Alexandre, et j'étais même présente. Si vous voulez tout savoir, c'est moi-même qui ai averti une personne en mesure de… changer la situation. Et j'ai su qu'il s'en vantait. Mais je ne pense pas que vous ayez à vous le reprocher.
Elle… elle avait fait ce qu'elle devait pour avoir la conscience plus tranquille, voilà tout. Et pour que cela n'arrive plus. Et désormais qu'il était dans la nature… Elle ne savait plus qu'en penser. Elle aurait bien prié pour que Coldris ait raison sur le danger qu'il ne représentait plus mais elle ne priait plus depuis qu'on lui avait pris son Ariste. S'Il était bien là, elle n'aurait plus rien à lui dire avant longtemps. Parce qu'il avait rompu le contrat. Parce qu'il lui avait pris celui à qui elle tenait plus que tout alors qu'elle avait toujours essayé de faire le bien - et elle savait qu'au fond, le reste, il s'en fichait. Et il lui avait pris tout ce qu'elle avait de fort, de bien et d'heureux. Elle ne pouvait plus que s'en remettre à son amour. Et à Coldris, à la confiance absolue qu'elle lui portait. Quoi qu'elle ait eu raison et pas lui sur ce qu'il adviendrait de cette main tendue.
Elle réprima l'agacement qu'elle avait a l'entendre prendre Coldris pour un demeuré. Non mais dites-donc ?! Elle ne savait pas s'il faisait exprès d'en revenir à Alduis, si c'était une réelle culpabilité qui le ramenait systématiquement dans la conversation ou si c'était ce qu'il tenait à lui faire croire. Elle ne savait pas, et elle savait seulement qu'elle ne pouvait rien y faire. Parce que ce n'était pas à elle de le lui reprocher, parce qu'à de nombreux égards, elle était très mal placée pour le juger. Pas après ce qu'elle lui avait fait.
Mais elle se faisait du souci pour son ami et… et il y avait ce rappel constant : Ariste n'aurait jamais fait une chose pareille. Il n'était qu'une misérable petite larve dégoûtante à côté de cette incarnation de la perfection et il se permettait d'en rajouter. Elle voulait se réjouir qu'Alduis soit heureux avec un autre, et c'était ce qu'Ariste aurait fait car Ariste avait dans le coeur cette noblesse pure et cet altruisme réel. C'était un homme dévoué et digne de confiance qui lui avait inspiré tant d'idéaux. Et il avait une force… oh, cette force… cette force qui la faisait tenir debout, elle aussi. Cette force sans laquelle elle n'aurait jamais connu aucune qualité. Doux et intelligent comme sa mère et sans jamais aucune mesquinerie. Jamais aucune. Jamais il n'aurait pu abuser une personne qu'il aimait et c'était bien pour cela qu'elle l'aurait suivi jusqu'au bout du monde. Si sa dernière lettre avait dit « et rejoins-moi en paix », elle n'aurait pas hésité l'ombre d'un instant. Elle avait même accepté de continuer pour lui, et… et il n'aurait jamais abusé de la confiance d'une personne qu'il prétendait aimer.
Et elle ? Elle… qu'elle ne doive jamais faire une chose pareille. Qu'un tel projet n'effleure jamais son esprit. Comment Alexandre avait-il pu même en avoir l'idée ? Honnêtement ? Elle n'en savait rien. Elle se serait détestée d'oser penser à une telle chose, et pour un motif aussi futile qu'un cadeau de réconciliation.
Et pourtant, sa détresse la touchait. Si elle était vraie… Oui, il s'en voulait, elle pouvait tout à fait le concevoir et même : elle aurait trouvé le contraire fort culotté. Oui, il avait commis une erreur mais tout le monde pouvait se laisser dépasser. Et elle… à bien y penser, elle venait de trahir autant sa famille que son meilleur ami - elle avait beau se dire qu'il avait lancé les hostilités en s'opposant, elle ne s'en trouvait pas moins à blâmer. Et si elle devait se marier en secret, ne serait-ce pas encore une trahison envers l'homme qui l'avait élevée ? - même si cela semblait être là solution la moins pire et qu'il s'agissait de survie et que sa relation avec son oncle reposait depuis longtemps sur les cachotteries. Méprisable qu'elle était tant, finalement, comment aurait-elle eu l'hypocrisie de refuser sa compassion à quelqu'un qui n'avait finalement pas fait pire qu'elle ?
D'autant que ses convictions demeuraient inchangées. Ce n'était pas à elle de penser savoir mieux qu'Alduis ce qu'il devait en penser. Mieux valait changer de sujet, mais cela se révéla finalement tout aussi périlleux et cette fois, elle n'y tint plus :
— Vous sous-estimez rudement votre maître. C'est même profondément insultant de votre part de vous imaginer que cette espèce de… qui vous savez, sot et incapable, aurait pu le manipuler. Ce n'est pas un homme qui se laisse leurrer, souvenez-vous de ça. Il a aidé celui qu'il considérait comme un ami en sachant pertinemment ce qui était susceptible d'arriver - et elle en était sûre parce qu'elle n'avait pas manqué de le lui rappeler - Il lui a donné sa chance malgré tout : il voulait voir et il a vu. Cet homme n'en était définitivement pas digne. Cela s'arrête là. Mais n'allez pas prendre le vicomte pour un imbécile fini où cette espèce de… de… - enfin soit - pour un prodige.
Et tant pis si elle n'avait pas pu vérifier l'information qu'elle voulait. Après tout, ce n'étaient pas ses affaires.
Re: [30 janvier 1598] - "Qui squatte les lits de Fromart ?" : les conditions d'hébergement des pièces rapportées à Monbrina au 16e siècle [Terminé]
"Oui, je me rappelle. Lorsque nous nous sommes connus, vous disiez inspecter que plus rien ne se passait. Vous êtes une grande personne pour avoir permis de rendre enfin justice."
Puis, Alexandre tressaillit et la fixa, interdit.
"Je... Je ne dois pas.. me le reprocher ? Vous en êtes réellement persuadée ? J'aurais pu agir moi aussi. J'aurais pu le dénoncer depuis longtemps. Pour d'autres méfaits, certes. Mais j'aurais dû."
Sur cela, la conversation se poursuivit jusqu'à évoquer la fameuse illustration et à rebondir malheureusement à nouveau sur son agaçant géniteur. Alexandre eut cette pensé compatissante pour son maitre, trahi par un homme qu'il estimait être un ami lorsqu'Eléonore se fâcha violement pour prendre la défense de Coldris. Instinctivement, il se recula, puis écouta cette explication en blêmissant un peu plus à chaque mot prononcé. Il n'était décidément qu'un idiot qui ne comprenait jamais rien. La colère de son maitre dans la baignoire et le savon reçu au visage lui revint de plein fouet. Il baissa la tête, mortifié à constater qu'il n'apprenait finalement absolument rien. Il avait beau étudier de nombreux sujets et le comprendre, les stratégies lui échappaient toujours. Il soupira et murmura d'une voix éteinte.
"Non.. Je ne le sous-estime pas. Je suis un idiot. Un idiot incapable de comprendre l'intelligence d'un tel homme."
Avait-il finalement les capacités pour se frotter à la politique ? Coldris avait beau lui expliquer sa sagesse et ses idées, il semblait ne rien retenir. Lui se contentait de la situation de surface, sans réussir à voir au-delà de l'apparence. Pourtant, Alexandre ne souhaitait pas renoncer. Il aimait réellement ce qu'il apprenait jour après jour et il aspirait tant à être utile à l'Empire et à leur société. Non, il ne pouvait renoncer. Il devait au contraire s'armer de rigueur et poursuivre jusqu'au moment de comprendre ce qui lui échapperait. Sa mère le conforterait sur cette voie. Ne lui avait-elle pas toujours répété qu'il possédait toutes les compétences pour réaliser de grandes choses ?
Sur ces pensées, Alexandre releva la tête et sourit maladroitement avant de reprendre avec humilité.
"Je vous prie de m'excuser, Eléonore, si mes paroles ont été blessantes."
Il aurait aimé avouer qu'il admirait et respectait profondément Coldris, mais ce serait certainement déplacé.
Re: [30 janvier 1598] - "Qui squatte les lits de Fromart ?" : les conditions d'hébergement des pièces rapportées à Monbrina au 16e siècle [Terminé]
— Cela n'a rien à voir. Je n'ai aucun mérite : moi, je ne le connaissais pas, vous, vous y étiez attaché. Il est tout naturel que vous n'ayez pas pu et que vous ayez tenu à arranger les choses...
Pour Alduis, c'était une autre question qu'il eut le bon goût de ne pas relancer. Pour en venir pourtant à un autre point sensible. À sa place, elle aurait évité de prendre Coldris pour un imbécile, cela finirait par lui jouer de mauvais tours. Elle ne le détrompa pas, mais secoua doucement la tête lorsqu'il lui présenta ses excuses.
— Ce n'est rien… Je dois avouer, je me sens souvent dépassée par un tel esprit. Parfois, je… je ne sais pas… Dans sa façon de me parler… Bien sûr, il me flatte, mais je sens bien que… enfin, soit.
Re: [30 janvier 1598] - "Qui squatte les lits de Fromart ?" : les conditions d'hébergement des pièces rapportées à Monbrina au 16e siècle [Terminé]
"Je vous remercie de me dire cela, Eléonore."
Il éprouvait un attachement pour la figure du prêtre de Saint-Eustache. C'était incontestable. Les premières années, tout allait bien et le curé remplaçait son père qui le traitait si mal lors de son début d'apprentissage à la librairie. Malgré tout, Alexandre conservait encore une part de doutes. Sa conscience ne voulait pas le lâcher.
Leur conversation se poursuivit jusqu'à évoquer la fourberie à nouveau de l'homme recueilli par le ministre et ses paroles qui déclenchèrent une colère d'Eleonore. Alexandre baissa à nouveau la tête, navré d'avoir eu mauvaise déduction et s'en excusa. Il garda ensuite le silence toute n entendant Eleonore développer sur sa manière de percevoir Coldris. A ces mots maladroits, mais sincères, il ne pouvait que comprendre là à quel point celle-ci s'en trouvait profondément éprise. Même un idiot, inapte aux analyses approfondies, comme lui pouvait le comprendre cela. Il jugea que ceci n'appelait pas à de réponse et préféra garder le silence. Par ailleurs, il devrait reprendre son ouvrage. Néanmoins, Dominique n'était toujours pas en vue et il avait besoin de son aide pour descendre les seaux d'étrons. Que faisait-il encore ? Hier, le jeune homme se rappelait l'avoir découvert dans un petit salon, à dormir sur une banquette, insouciant du travail à faire. Pourtant, après l'incident du champagne, il aurait tout intérêt à mette les bouchées doubles...
Re: [30 janvier 1598] - "Qui squatte les lits de Fromart ?" : les conditions d'hébergement des pièces rapportées à Monbrina au 16e siècle [Terminé]
— Désolée de vous ennuyer avec mes problèmes, je dois me faire des idées…
Enfin, à sa réaction, elle comprit bien qu’elle abusait de son temps. Elle eut un sourire gêné. Quelle idiote, il allait finir par avoir des ennuis à cause d’elle !
— Je… Vous étiez sans doute occupé. Je… suis désolée… Je… n’avais pas réalisé.
C’était que pour sa part, elle ces derniers mois, elle avait oublié ce que c’était qu’un emploi du temps chargé.
Re: [30 janvier 1598] - "Qui squatte les lits de Fromart ?" : les conditions d'hébergement des pièces rapportées à Monbrina au 16e siècle [Terminé]
"Non, vous ne m'ennuyez pas absolument. J'aime les "changes de toutes sortes, avec les gens. C'est toujours très enrichissant."
Eléonore s'excusait à nouveau en supposant qu'elle lui faisait perdre son temps. Alexandre tourna la tête vers les escaliers proches. Il soupira. Dominique ne semblait toujours là.
"Plus ou moins. Je dois continuer à nettoyer les latrines, mais je suis aussi supposé évacuer ces seaux. Malheureusement, le domestique que Léonilde m'a assigné pour les descendre semble être occupé ailleurs."
Probablement à dormir dans une pièce où personne ne passerait. Alexandre ne le répéterait cela qu'à Léonilde. L'intendant méritait de savoir ce que son personnel faisait réellement de ses journées. Surtout quand l'un d'eux avait déjà lourdement fauté.
"Je suppose que je devrais trouver Léonilde et lui demander de me trouver une autre personne."
Re: [30 janvier 1598] - "Qui squatte les lits de Fromart ?" : les conditions d'hébergement des pièces rapportées à Monbrina au 16e siècle [Terminé]
Léonilde, 61 ans
Il allait devoir songer à prendre quelqu’un pour remplacer si son fils demeurait au manoir du moulin… Il n’avait plus l’âge de courir aux quatre coins du domaine pour s’assurer que le travail était conforme à ce qu’il attendait et de servir en plus le vicomte en personne lorsqu’il était présent. Or, il n’était pas question que son âge avançant, le seigneur de Fromart ne décide de le mettre à pied définitivement sans autre forme de procès. C’était un point auquel il allait devoir penser sérieusement. L’idéal serait de pouvoir faire revenir Matthias lorsque personne n’était présent. Enfin il y avait bien Hyriel qui s’était rebaptisé Ange, mais une visite de Matthias une à deux fois par semaine au domaine suffirait à le maintenir en ordre.
Toujours était-il qu’il avait perdu toute trace d’Alexandre et de Dominique et que le contremaître était occupé à superviser la souillarde… C’était en courant dans les couloirs l’air renfrogné que la jeune Marie-Josette l’avait averti de sa découverte. Oh elle ne voulait pas dire à mal, mais Dominique « du Champagne » ben elle l’avait entraperçu allongé sur un canapé de l’antichambre de Mademoiselle Layla. Et même qu’il avait dit qu’il devait s’assurer de leur confort et qu’il lui avait fait des propositions forts déplacées ! Alors elle était vite répartie en serrant les cuisses dans sa course.
Léonilde était donc monté sans tarder à l’étage supérieur – en compagnie de deux gardes – pour récurer l’étron qui entachait le sofa fleuri. Sur ses ordres il fut trainer pas l’oreille dans la cour des châtiments où il reçut autant de coups de badine qu’il ne fallut de temps à l’intendant pour énumérer ses crimes. On le jeta ensuite par la porte des boues afin qu’il déguerpisse le plancher. Une bonne chose de faite ! Il avait ensuite réquisitionné William, un adorable garçon plein de volonté qui accepta avec le sourire sa nouvelle tâche. Voilà donc à qui irait les gages de Dominique pour ce mois. Ne restait plus qu’à dénicher Alexandre qu’il récupéra devant les appartements du vicomte à importuner la Dame de Tianidre. Il fronça ses sourcils broussailleux avec sévérité :
— Puis-je savoir ce que vous faites ainsi à lambiner en compagnie des invités du vicomte ? Devrais-je vous faire porter à boire peut-être ? Il me semblait pourtant que vous aviez une tâche à accomplir pour vous repentir de vos fautes.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
- Fiche perso : ✶Fiche
✶PNJ
Liens et RPs : ✶ Rapport ministériel
✶ Généalogie & Relations
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Eldred Kjaersen / Kalisha de Monthoux / Bérénice d'Aussevielle
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Re: [30 janvier 1598] - "Qui squatte les lits de Fromart ?" : les conditions d'hébergement des pièces rapportées à Monbrina au 16e siècle [Terminé]
— Je… comprends… ce serait sans doute plus sage oui...
Et quand on parlait du loup… Éléonore se figea, ennuyée. Et maintenant, on le réprimandait à cause d'elle… mais quelle idiote ! Quelle idiote !
— Je… suis désolée, c'est de ma faute, j'ai commencé à discuter et… Je ne voulais pas entraver le bon déroulement des choses, je n'ai pas réfléchi, dit-elle avec un regard d'excuse pour Alexandre.
Pour sa part, elle s'efforcerait de ne plus perturber le travail des autres.
Re: [30 janvier 1598] - "Qui squatte les lits de Fromart ?" : les conditions d'hébergement des pièces rapportées à Monbrina au 16e siècle [Terminé]
"J'allais partir justement à la recherche de Dominique. Je vous prie de bien vouloir m'excuser "
Il avisa alors la présence d'un autre garçon près de Léonilde qui s'avança pour prendre deux seaux du chariot.
"Ce n'est plus Dominique qui s'occupe de cette tâche ?"
L'esclave dissimula un sourire en constatant que l'intendant avait fini par le débusquer sur une quelconque banquette du château. En cet instant, le dos devait lui faire atrocement mal. Ce n'était pas faute hier de lui avoir dit que sa paresse lui coûterait cher. Il ne pouvait se plaindre des conséquences. Alexandre se tourna vers le commis qui le dépassait et l'arrêter.
"Puisque vous occupez de descendre ces seaux, vous me rapporterez ensuite la chariot devant la porte des latrines ? Je vais y retourner."
Sur cela, Alexandre s'inclina pour saluer poliment Eléonore, puis fit de même avec Léonilde et s'éloigna d'un pas à peu près aussi rapide que ses jambes le pouvaient.
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» [29 Janvier 1598] Une couturière à Fromart
» [7 janvier 1598] Réconciliation [Terminé]
» [18 Janvier 1598] Sur le sort des esclaves [terminé]
» [14 Janvier 1598] Les rapports de la semaine [Terminé]
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