[14 Septembre 1597] [Terminé] Le retour de Tristan

Toutes ses émotions contrariaient Isabelle qui ne savait plus où donner de la tête. Reprendre le Lupanar posait plus de problèmes qu'elle ne l'aurait cru et elle se demandait combien de mauvaises surprises Bastien avait pu lui laisser ? Finirait-elle par créer un établissement sain et décent ou serait-ce trop exiger ?

Soudain, on frappa à la porte. Des coups timides. Elle lâcha, lasse :

"Quoi encore ?"

Elle alla ouvrir et eut le déplaisir d'apercevoir le vil esclave qui avait honteusement dénoncé Tristan. Ses yeux se durcirent. Il avait sans doute été dépêché par son maitre afin de récupérer le petit infirme. Elle se souvint des dernières révélations et déclara, agressive, incapable de se retenir :

"Ah... C'est l'enfant du prêtre violeur, n'est-ce pas ? Tel père, tel fils. Les vices se transmettent par le sang."

Il avait eu beau se préparer à ce moment, Tristan sentit une vague d'effroi lui galoper le long du dos, alors que des coups retentissaient à la porte. La mort dans l'âme et la colère au bord des lèvres, l'esclave empoigna ses roues et suivit Isabelle comme son ombre. Elle accueillit Alexandre avec une répartie qui ne manquait pas de sel.
Tristan, pour sa part, apparaissait comme un étrange mélange de droiture et de peine. Il gardait la tête haute, mais demeurait encore en retrait. Son visage affichait une froideur de circonstances, mais son regard restait luisant de larmes prêtes à couler. D'une voix très dure, il affirma à Alexandre :

-- J'suppose que l'maître t'envoie pour me ramener.

Malgré tous ses efforts, ses pupilles dévièrent alors sur le côté pour éviter d'observer davantage celui qu'il avait aimé...Et qui venait de le trahir. Un poids douloureux lui semblait écraser son cœur.

Les vices du père se transmettaient par le sang au fils.

La phrase résonna dans l'esprit d'Alexandre qui garda la tête baissée et l'échine ployée comme si un lourd fardeau invisible lui écrasait la colonne vertébrale. Il ne répondit pas. A quoi bon ? Sa faute était terrible. La trahison d'un ami proche était l apire chose que l'on puisse accomplir. Le petit esclave songea en cet instant à Judas l'iscariote qui avait dénoncé le Christ pour la somme inique de trente denier et avait fini par se pendre sous le poids du remords une fois sa stupidité revenue en pleine face. Ils étaient semblables. Alexandre avait embrassé Tristan, crée entre eux une relation de confiance, pour le dénoncer aux autorités. Leurs destins seraient-ils en tout point similaires ? Allait-il finir par se pendre ? Alexandre éprouva immédiatement une vive terreur à cette pensée et devint livide. Le suicide... Le suicide interdisait tout accès à la vie éternelle et son âme serait condamné à errer dans les limbes. Sa faute méritait-elle un châtiment si lourd de conséquences ?  Un de ses buts avaient été de protéger Tristan de l'accusation qui risquerait de l'entrainer au bûcher. Il se sentit un peu mieux. Cela, Judas ne l'avait pas fait. Il avait dénoncé le Christ sans aucune autre motivation que d'empocher l'argent des Romains. Il ne pensait qu'à lui. Alexandre, au contraire, avait envisagé le sort de Tristan et calculé les risques. Ils étaient différents.

Tout en méditant à ce raisonnement, Alexandre emboita le pas derrière Isabelle et rencontra Tristan qui l'attendait, le visage sévère. Il avait beau s'y attendre, cela le meurtrissait. Pourtant, il souhaitait cette colère, cette haine... C'était le seul et unique de retenir la tentation. Le jeune homme durcit lui aussi son expression et s'apprêta à répondre quand les émotions prirent soudain le contraire. Il ne pouvait plus se retenir.

"Pardon....."

Ses yeux se remplissaient de larmes et ses jambes se dérobaient sous son poids. Il 'écroula à genoux sur le plancher, misérable.

"Je suis désolé.... désolé."

Il ajouta dans un murmure honteux :

"C'était... pour ton bien."

Alexandre s'avançait derrière elle sans parler. Tant mieux. Elle aurait difficilement supporter d’entendre sa voix d'hypocrite. Elle s'écarta pour laisser Tristan s'adresser à son ancien ami devenu traitre en puissance et les observa à distance. Ses yeux s’écarquillèrent en apercevant le béquilleux devenir livide. Il semblait se noyer intérieurement. Qu'avait-il donc ? Un malaise ? Elle s'apprêta à faire envoyer un médecin. Le cardinal n'apprécierait pas d'apprendre qu'un de ses esclaves serait mort ici sans que l'on ne fasse rien. Elle surprit ensuite des paroles puis des paroles gémissant. Enfin, il tomba à terre.

"Désolée..."

Malgré sa forte propension à la compassion, Isabelle souffrait d'un défaut : elle pouvait être terriblement rancunière quand quelqu'un la décevait ou trahissait sa confiance. Ces larmes et cette chute ne l'affectèrent. Elle demeura inébranlable. La comédie du regret ? C'était trop facile.

Alexandre avait beau se donner un semblant d'attitude ferme, le vernis craquela bien vite. Le voilà à s'effondrer aux pieds de Tristan, d'épuisement - ou de remords ? Qu'importaient ses excuses. L'espace d'un instant, Tristan avait bien ressenti un pincement au cœur, et de la peine pour le pauvre corps du béquilleux. Lequel d'ailleurs portait, depuis la veille et ses chutes, de nouvelles hardes d'esclave. Tristan, lui, avait la chance de s'être vu offrir par Isabelle une délicate tunique rousse, toute brodée et si confortable. Son maître lui permettrait-il seulement de la garder ?
Alexandre réitérait ses excuses, devant la prostituée qui demeurait impassible. L'esclave voulut en faire de même. Il connaissait le manège : une bêtise, puis des excuses, puis une nouvelle bêtise. Cela ne s'arrêterait jamais ! Il ne se ferait plus avoir. Pour toute réponse, il siffla d'un ton polaire :

--  Juste fermer ta gueule aussi, c'était une option.

Sans un geste, pas même un consistant à lui tendre la main pour l'aider à se redresser, Tristan observa l'entrée, en signe de son attente du moment où il faudrait à aller. Là-dessus, ce fut en revanche vers Isabelle qu'il se tourna avec une infinie tendresse. Il lui prit les mains. Sa voix - de nouveau brisée de chagrin et par la perspective du départ - murmura :

-- Merci pour tout, M'dame.

Alexandre étouffa le gémissement qui lui venait, les yeux baissés.

"Je sais que je t'ai blessé. Je ne fais que ça depuis le début. Tu n'aurais jamais dû entrer cette auberge. Sans ça, tu serais resté libre. Moi, je ne suis qu'une catastrophe sur pattes. Mon père a bien raison de me dire ça."

Le jeune homme se mordait les lèvres, hésitant à révéler son intention.  Il se résolut à la sincérité. C'était la meilleure chose qu'il savait faire. Ses yeux restèrent baissés.

"Non, il fallait faire quelque chose. Souviens-toi au procès. Nous avons été accusé de... tu sais quoi. Hier après-midi, peu après la descende des gens d'armes, le seigneur de Frenn et moi-même avons rencontré un individu... des plus déplorables. C'était un noble. Le duc du Rottenberg si tu as pu en entendre parler. Il s'est montré avec le seigneur de Frenn.. horrible. Il cherchait par tous les moyens à l'insulter à l'humilier. Il a ainsi... il a ainsi prétendu que le seigneur de Frenn... que..."

Le visage du petit esclave devint cramoisi à se remémorer de cette accusation épouvantable. Il le considérait comme une figure paternelle, celle qui lui manquait pour finaliser son éducation. Alors tous deux amants ? Le duc de Rottenberg était taré pour inventer de pareilles fables, même pour insulter.

"C'était en public. Des gens risquaient de le répéter au maitre. Il peut à tout moment se renseigner sur le procès. Déjà que je suis fils de prêtre... S'il pensait avoir trouvé confirmation grâce aux rumeurs de... J'ai menti pour te protéger Tristan. pour t'épargner le bûcher. Il vaut mieux être flagellé que mort, tu ne crois pas ? J'ai fait un choix logique."

Il se mordit à nouveau les lèvres, incertain que l'argumentation suffirait à convaincre Tristan. Il pouvait être si sentimentalismes. Pourtant... Seule la méthode du seigneur de Frenn était la bonne : il valait blinder son cœur et n'agir qu'avec sa raison. Elle seule déterminait le meilleur chemin. s'il l'avait mieux plutôt que son cœur, ni lui ni Tristan ne seraient esclaves aujourd'hui.

Pendant que Tristan faisait ses adieux à Isabelle, Alexandre se releva lentement et récupéra ses béquilles. Son regard se posa vers son ancien amant. Le chemin du retour promettait d'être long.

Isabelle écoutait la conversation entre les deux anciens amis et était satisfaite de constater que Tristan ne se laissait pas apitoyer par la ridicule comédie d'Alexandre. Que racontait-il ? Qu'étaient ces salades ? De quoi auarit-il voulu protéger Tristan ? Elle soupira, dégoûtée.

"Il n'y a donc pas un mot de vrai qui sorte de ta bouche... Si ton père est aussi véreux que toi, j'espère qu'on le pendra."

Sur cette déclaration, elle se tut. Peu après, Tristan vint lui présenter ses hommages. Elle le serra dans ses bras et l'embrassa.

"Prends soin de toi, mon garçon. Si seulement je pouvais t'épargner de retourner dans cet enfer... je prierai pour toi."

Bavard comme à son accoutumée, Alexandre tentait de s’expliquer. Tristan ne répondit à ses justifications que par un méprisant hochement négatif de la tête. C'était donc cela son excuse ? L'altercation d'un noble avec l'individu qui les avait condamnés ? Et une rumeur qui risquerait de se répandre... Mais pauvre imbécile ! Comme si leur maître n'avait pas été déjà mis au courant des racontars circulant à leur sujet, après le procès dont la nouvelle avait fait le tour de la capitale. Suffisait-il de cet affrontement entre deux nobles en plus ?
Tristan acheva de sentir l'agacement le saisir en entendant le béquilleux se permettre par dessus le marché de lui faire la leçon : "Il vaut mieux être flagellé que mort, tu ne crois pas ?" Mais pour qui se prenait-il ?! Facile à dire, par celui qui n'allait pas subir ladite flagellation ! Il adressa un regard noir à son ancien amant.
La colère d'Isabelle retentit alors de nouveau. Sûr que le père Thierry en avait fait, des vilenies. Mais de là à lui souhaiter un tel supplice... L'esclave essaya de dissimuler la légère grimace qui lui venait à ces affreuses images, puis il se blottit entre les bras de sa bienfaitrice. Tristan s'abandonna complètement au tendre câlin et ne retint pas ses larmes à flots aux derniers mots d'Isabelle.

-- J'vais essayer... oui... Merci, merci encore...

La séparation fut un arrachement. Tristan renifla jusqu'à faire taire ses pleurs et empêcher d'autres sanglots de couler. Au moins, les traitements d'Isabelle avaient stoppé la variole alors que la maladie était encore au stade de l'incubation. Personne ne risquait plus rien.
Là-dessus, il se dirigea vers la sortie à la suite d'Alexandre et lâcha, froid :

-- Allons-y.

La porte se referma derrière les roulettes de son fauteuil.

Tristan ne répondit à aucune de ses explications. Alexandre en ressentit un vague soulagement. Il avait apaisé un peu de sa conscience et savait que désormais son ancien amant n'essayerait plus de se rapprocher de lui. Il serait libre de revenir à une vie saine et morale. Quelque part dans ces rues, une jeune femme finirait sans doute à s'intéresser à lui et le ramenerait vers le bon chemin de l’existence. Un homme et une femme, voilà ce que devait être un couple. Il espéra que Tristan finit par comprendre lui aussi cette leçon essentielle.

Pendant que Tristan adressait ses salutations à la patronne du Lupanar, Alexandre s'avança tristement vers la porte, prêt à repartir, redoutant la route à venir. Les insinuations d'Isabelle lui restèrent cependant en travers de la gorge. Son père pendu... Dans une position atroce. Le jeune homme plongea la main sous sa tunique et serra son médaillon. Ses doigts caressèrent ensuite le métal froid.

"Mon père... Mon père est avant tout un homme faible. J'avais cette colère contre lui avant. Avant de comprendre. Il est lâche et cède à ses pulsions, surtout quand il est alcoolisé. Mais il sait parfois être gentil. Et il nous a défendu, Tristan et moi, au château, au tribunal... Il a eu le courage, lui qui est si lâche de reconnaitre que j'étais son fils illégitime. De l'assumer publiquement."

Alexandre se mordit la lèvre inférieure, le cœur serré, et ajouta :

"Alors que moi, tout ce que je fais, c'est par calcul. Pour éviter les faiblesses. Si mon père est aussi mauvais que vous le dites, madame, moi, je suis bien pire encore. Finalement.. Je ne voulais pas y croire. Je voulais prouver le contraire. Mais peut-être... Je crois que mon maitre a raison : les infirmes sont tentés par le mal plus facilement et s'y abandonnent pleinement. Il va falloir que je me fasse à l'idée."

Son regard se baissa. Il n'était pas encore certain de croire tout à fait à cette assertion. Quoique... Lui, le seigneur de Frenn... tous deux des infirmes qui agissaient par calcul, en utilisant parfois les autres. Le raisonnement semblait se tenir.

On pouvait à juste titre se demander ce que cette jeune fille, qu'on devenait de belle qualité malgré la cape qui enveloppait sa robe et la capuche qui couvrait ses cheveux sombres, faisait dans ce bas-quartier. Elle-même ne voulait pas vraiment avouer qu'elle s'était perdue. Voilà ce qui arrivait quand on demandait à son chaperon d'aller seule voir son père en prétextant voulant découvrir la ville... Bélyl soupira et secoua la tête. Elle vit alors quelques personnes à la porte d'un bâtiment. Lequel ? Peu importe. Il saurait la renseigner. Il lui faudrait bien mettre sa fierté de côté pour retrouver son chemin. Peut-être même sauraient-ils si son oncle Matthieu demeurait toujours en ville. Elle s'approcha un peu mais vit que la séparation semblait douloureuse. Elle préféra alors rester en retrait. D'autant que c'était des infirmes... Elle se remémora les paroles de son oncle mais surtout les disputes avec sa tante. Après tout, c'était des êtres humains ! Et les conseils de mère Suzanne saurait bien la garder de tout mal.

Elle resta donc prudemment derrière un angle, attendant qu'ils repartent sur les pavés pour les interroger.

Alexandre referma tristement la porte de l'établissement et s'apprêta à s'éloigner. Il n'osa pas à parler à Tristan. Cela ne servirait à rien. De nombreux passants circulaient autour d'eux mais aucun ne s'intéressait au Lupanar. Ils semblaient même l'éviter. Un souci de convenances. Mais au soir, les hommes viendraient s'y précipiter. Quelle hypocrisie. Mais Alexandre ne voulut pas les juger. Qui serait-il pour cela ? Et puis, le Seigneur de Frenn avait justifié l'existence de ces établissement par l'aspect logique : la prostitution ne serait pas éradiquée. les vices humains perdureraient. C'était ainsi.

Sur ces pensées, Alexandre observait les passants et finit par déceler une présence féminine encapuchonnée. Ses entrailles se nouèrent. Qui était-ce ? Une mauvaise personne ? Son regard les fixa. Il se décida à l'aborder. Il fallait savoir.

"Je vus prie de m'excuser, madame, mais pourquoi nous fixez-vous mon camarade et moi ? avons-nous quelque chose de si particulier, si ce n'est notre infirmité ?"

Il s'adressa à elle d'un ton poli, dépourvu de toute agressivité. Seule la curiosité émanait de sa voix.

Bélyl constata rapidement qu'elle avait attiré l'attention. Elle secoua la tête. La discrétion et elle n'aillaient décidément pas ensemble. Elle s'avança, découvrant un peu son visage mais gardant sa capuche. Son air demeurait humble malgré les peignes précieux piqués dans ses cheveux qui se voyaient même sous ses boucles brunes.

- Veuillez m'excuser, je ne souhaitais pas vous importuner ou être impolie. Êtes-vous de cette ville ? A vrai dire, je n'y suis jamais allée et je crois m'être perdue.

Elle hésita un moment avant d'ajouter.

- Je cherche mon oncle.

Le cœur lourd, Tristan quitta définitivement le Lupanar et sa bienfaitrice. En refermant la porte derrière lui, il se sentit avalé par un gouffre d'angoisse, flottant dans l'incertitude de ce qui l'attendait. Il écouta à moitié Alexandre, qui au moins avait le courage de défendre son père. Tristan renâcla en revanche et fronça les sourcils en entendant le béquilleux commencer à être intoxiqué par les idées de son maître, selon qui les invalides seraient plus propices au péché.
Roulant à travers les rues, ses mains peinant à faire avancer la chariote sur les pavés, le petit esclave vit alors arriver une jeune femme aux airs perdus. Tristan s'inclina pour la saluer, et lui adressa un doux sourire. Quelle belle jeune fille ! Il apprécia la tendresse de ses traits, le pétillement de son regard et l'élégance qui se dégageait de sa silhouette malgré le long manteau. Tristan écouta Alexandre répondre à ses questions, puis ajouta :

-- Qui est votre oncle, Mademoiselle ?

Lorsque leur interlocutrice se découvrit, Alexandre découvrit une jeune fille des plus charmantes. Très bien mise, la peau pâle comme il le fallait, c'était en tout point une beauté. Cette rencontre inopinée lui rappela ses intentions de se rapprocher d'une personne du sexe féminin afin de connaitre enfin une relation véritable. Pourrait-elle convenir ? Il ne savait pas comment on séduisait ? Il fallait rester naturel. Et puis, une si belle femme... Un infirme malingre ne l’intéresserait pas. Elle pouvait avoir beaucoup mieux. Quoique... Les femmes se montraient faibles face à l'amour. Il suffit de se souvenir de sa mère qui avait désiré un prêtre. Avec du temps et de al pratique, ce n'était pas peut-être pas si impossible.

Sans vouloir forcer les choses, souhaitant paraitre naturel, Alexandre sourit :

"Je regrette de m'être montré moi-même un peu cavalier par mon intervention. Mais j'ai connu récemment d'assez mauvaises rencontres que je préfère être prudent. Il y a malheureusement tant de gens animés de mauvaises intentions... Hélas ! "

Il choisit d'abréger là ce sujet puis reprit, enjoué :

"Mais nous sommes nés dans cette ville, pardi ! Où devons-nous rendre ? Dites et nous nous conduirons !"

Lancer de dés : Alex va tenter une petite pirouette e faisant une révérence.
Réussite : il réussit avec succès. Échec : i se vautre et tombe au sol.

Spoiler:

Le membre 'Alexandre' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Audace' :

Spoiler:

Afin de continuer à retenir l'attention de cette jeune femme, Alexandre improvisa une révérence en s'exclamant :

"Nous serons vos chevaliers servants, noble Dame !"

Les pieds du garçon glissèrent cependant sur un pavé et il s'écrasa lamentablement au sol.

Bélyl fut un peu gênée par tant de respect qu'on lui accordait. Elle tenait à travailler son humilité, mère Suzanne estimait que c'était l'une des vertus qui seyait le mieux à une jeune fille, surtout avant le mariage. Elle sourit alors aux deux jeunes gens. Le visage de Tristan l'intrigua un peu. Il y a avait tant de douceur, mais aussi de tristesse... Elle crut un instant se trouver face à une jeune fille de son âge... Mais non, quelle idée ! Sa voix était bien celle d'un garçon. Elle détourna bien vite le regard, craignant de le mettre mal à l'aise. Mère Suzanne l'aurait sans doute réprimandé. Elle baissa humblement le regard, un peu rougissante pour répondre, d'abord à Alexandre.

- Oh je... je comprends bien sûr...

Elle sourit de soulagement quand il dit qu'ils étaient nés ici.

- Oh c'est formidable ! Malheureusement le nom de l'auberge m'a échappé... Oh quelle sotte, je n'ai vraiment aucune mémoire...

Elle fut alors surprise par la révérence complexe que le béquilleux tenta d'effectuer et qui lui coûta une chute. Aussitôt la jeune fille se précipita vers lui pour l'aider à se relever.

- Oh Seigneur, tout va bien ? Il est inutile de faire preuve de temps de déférence voyons, je ne suis guère une si noble dame, je ne mérite point tant d'agitation...

Elle releva alors la tête à la question de Tristan alors qu'elle aidait Alexandre à se relever. Elle sourit.

- Oh, vous avez peut-être entendu parler de lui : il s'agit du cardinal Matthieu Cassin. Il m'a dit qu'il venait ici pour une mission du Saint Siège.

Les yeux et le visage de Tristan retrouvèrent un peu de lumière devant la douceur avec laquelle leur parlait cette jeune femme. Elle n'avait rien de supérieur dans son attitude et semblait même timide, hésitante. Le petit esclave s'en trouva gêné. OIl ne fallait pas qu'elle se trouble pour eux... Au contraire, il souhaitait l'aider.
La chute d'Alexandre attira sur lui un bref regard désolé de son ancien amant. Il ne dit rien mais sa mine traduisit toutefois la peine ressentie devant la faiblesse de ce corps. Heureusement, la demoiselle s'empressa de le redresser. Décidément, encore une fois Alexandre avait voulu trop en faire et se donner à remarquer... Tristan soupira. Puis, il répondit sobrement à la question de la jeune femme, d'une voix neutre sans avoir l'air de se plaindre :

-- Oui, on connaît Son Éminence Matthieu Cassin. On est ses... Il est notre maître. On rentrait justement chez lui. Souhaitez-vous nous accompagner ?

Il dissimula sa peine, à l'idée de rentrer auprès du terrible personnage, derrière un petit sourire de courtoisie.

Malgré sa mauvaise fortune, Alexandre sourit quand la jeune femme vint l'aider à se relever. Il accepta son aide d'un sourire tendre et qu'il espérait légèrement charmeur. Une fois remis debout, ses béquilles à la main, il la remercia poliment.

"Merci beaucoup. Mais vous avez tort, je le crains, mademoiselle. Toutes les femmes, quelque soient leurs origines se doivent d'être traitées avec le plus grand respect. Que serions-nous sans vous ? La femme représente un port d'attache pour l'homme, un lieu sûr, où il peut enfin apaiser."

Tout ceci n'étaient que belles paroles. Des flatteries. Alexandre avait cependant assisté à assez de scènes de rues pour savoir que cela fonctionnait. Les femmes étaient coquettes et aimaient les compliments.

Alexandre eut soudain un sursaut quand la demoiselle révéla l'identité de son oncle. Son visage pâlit un court instant. Il avait envisagé de courtiser la nièce de son maitre. Si ce dernier savait, il se serait certainement bon pour la croix. Le jeune homme profita du moment que choisit Tristan pour révéler qu'ils étaient esclaves du cardinal pour se remettre de l'émotion. Sa mémoire se rappel alors de la soirée de la veille. Un sourire flotta sur son visage. Il connaissait le nom de cette jeune femme.

Il reprit d'une voix aimable :

"S'il en est ainsi, vous devez être sa nièce Bélyl Cassain, la fille aînée du Général Joseph Cassain qui a connu tantôt un grand succès dans notre nouvelle colonie. J'ai eu la chance de rencontrer votre père hier soir qui nous a informé de deux heureuses nouvelles : votre arrivée à la capitale et la venue au monde de votre petit frère. Mes félicitations, à ce propos. Mon père débordait littéralement de joie. Si vous ressentez le besoin d'être rassurée, sachez que votre mère et l'enfant se portent tous deux comme un charme."

Alexandre accompagna ces révélations d'un sourire courtois puis ajouta :

"Nous nous apprêtions à rentrer. Suivez-nous donc."

Après avoir aidé le jeune homme à se relever, elle resta perplexe face à ses dires. Certes, son père serait complètement perdu sans sa mère mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que ce garçon en faisait trop... Elle se contenta donc de répondre poliment.

- Oui je... Je suppose...

Elle remarqua alors le trouble des esclaves quand elle dit le nom de son oncle et comprit vite pourquoi. Ses esclaves ? Depuis quand oncle Matthieu achetait-il ainsi des gens ? Il avait clairement annoncé ses réticences à ce sujet au dernier repas de famille, bien qu'il date d'une bonne année... Quoique... Ils étaient infirmes, peut-être voulait-il les mettre dans le droit chemin. Oncle Matthieu se méfiait toujours des infirmes, même s'il restait bien moins extrême que d'autres selon l'avis de Bélyl. Elle se contenta alors de sourire avec bienveillance, en répondant d'abord à Tristan.

- Oh... si vous le proposez, je ne suis pas contre. Mon oncle serait certainement inquiet de me voir arriver seule et il sera sans doute ravi que nous lui revenions tous !

Elle fut alors surprise par l'autre jeune homme qui connaissait son nom. Elle sourit cependant.

- Mon oncle vous a parlé de moi ? (un temps, avec un petit rire) Oh oui, je le sais. Mon père nous aime, mais il a toujours voulu un garçon. Je suis moi aussi ravie d'avoir un petit frère. Maxime est si adorable. Je les ai quitté il y a seulement quelques jours. Je sais bien, ma mère a une santé de fer et ma jeune soeur est restée auprès d'elle. Je suis venue pour soutenir mon père dans son triomphe. Il tenait à avoir sa famille auprès de lui et si elles l'avaient pu, ma mère et ma soeur seraient venues nous rejoindre.

Elle accepta alors l'invitation, se plaçant entre les deux jeunes gens. Elle les observa un moment avant de satisfaire sa curiosité, malgré tout avec la délicatesse qui lui avait été enseignée.

- Je n'ai malheureusement pas le plaisir de connaître vos noms. Pourrais-je me permettre de vous les demander ?

Alexandre laissa Bélyl leur répondre puis hocha lentement de la tête quand celle-ci accepta de les suivre.

"Votre oncle sera ravi, effectivement, que vous soyez accompagnée. Une jeune fille seule dans ces rues, notamment dans ce quartier... Ce n'est pas convenable. Si vous le désirez, pour ne pas vous attirer, nous pourrions lui dire s'être rencontrés en chemin."

Il l'écouta ensuite évoquer sa famille puis reprit poliment :

"C'est hier soir que j'ai appris votre existence quand votre père ait venu apprendre l'heureuse nouvelle de la naissance de votre frère. En tous les cas, c'est une chance que votre mère soit de si bonne constitution. Les grossesses sont si dangereuses pour une femme. Ma mère a failli perdre la vie en me mettant au monde. Son accoucheuse lui a interdit d'ailleurs d'avoir un autre enfant."

Le petit esclave plaqua soudain la main devant ce nouveau bavardage qui lui avait échappé.

"pardon. ce genre de choses...On ne doit pas le dire à une si jeune femme, pas même mariée. Je vous donne une bien piètre image de la maternité."

En son for intérieur, Alexandre se sentait embarrassé de toutes ces délicatesses dont on entourait les filles, comme si elle devait rien savoir du sort terrible qui les attendait une fois mariées. Ne serait-ce pas plus salutaire de les préparer au mieux à leur futur devoir et à accepter de bonne heure cette possibilité de perdre la vie en la donnant ? Cela lui paraissait logique mais il semblait que as logique différent du sens commun.

Bélyl le sortit de ses pensées en souhaitant connaitre leurs noms. Il sourit puis répondit :

"Je me nomme Alexandre, comme l'ancien Empereur qui conquérit l'Asie et l’Égypte ! Quant à mon comapgnon, il a reçu le patronyème du compagnon d'Iseult !"

A voir et entendre cette sympathique jeune fille, il était tellement difficile d'imaginer qu'elle pouvait être la nièce de cet abominable cardinal Cassin. Tristan écouta Alexandre révéler avoir déjà entendu parler d'elle chez leur maître et annoncer son nom. L'évocation de l'heureuse nouvelle d'une naissance illumina le visage du petit esclave et à son tour il adressa un joyeux :

-- Oh félicitations à vot' famille, Mademoiselle ! Tous mes vœux d'bonheur pour vot' petit frère !

Les présentations se firent et Tristan glissa un enthousiaste :

-- Enchanté, Mad'moiselle Bélyl.

Quel original et joli prénom, se fit remarquer Tristan dans le secret de ses pensées. Là-dessus, Alexandre révéla à sa place son nom, employant une devinette à partir de la mythique Iseult. Tristan hocha légèrement la tête pour la forme quand le béquilleux le présenta, avant de se concentrer de nouveau sur les efforts réclamés par la route, dont les pavés le forçaient à pousser de toutes ses forces sur ses roues.

-- Ça va êt' les réjouissances pour toute vot' famille ! glissa l'esclave, en espérant au passage que la bonne nouvelle et la visite de cette nièce feraient oublier au maître l'envie de le battre...

Bélyl rougit un peu à la remarque d'Alexandre.

- Je sais bien... Il ne faut pas en vouloir à mon cocher... Il était certain que l'auberge se trouvait dans les alentours, mais quand je suis allée toquer, il n'y avait personne.

Elle écouta alors attentivement ses dires sur sa famille. Elle sourit d'abord à Tristan.

- Merci c'est très gentil.

Lorsqu'Alexandre se reprit sur la question de l'accouchement, elle esquissa un sourire gêné avant de secouer la tête en reprenant un air sérieux.

- Ce n'est rien. je suis bien au fait des risques, mère Suzanne et moi en avons beaucoup discuté lorsqu'il était question de savoir si je resterai au couvent ou non. Si Dieu veut que je donne la vie sans risque, alors je m'en remets à sa volonté.

Elle écouta alors les présentations originales d'Alexandre. Bien qu'elle lui paraisse un peu prétentieuse, elle s'en amusa. Elle se tourna alors vers Tristan.

- C'est un si joli prénom ! Mère Suzanne me laissait le lire et nous discutions ainsi des exemples de vertus et de péchés dans ce livre.

Elle sourit à la remarque de Tristan et frappa dans ses mains.

- Oui, j'ai hâte de revoir mon père et mon oncle ! Il y a si longtemps que je ne les ai point vu.