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[17 Novembre 1597] On est toujours le supérieur de quelqu'un

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Message par Skalitis Wyshel Mer 27 Mai - 23:38

Un rare sourire aux lèvres je levais la main pour protéger mes yeux clairs du soleil éblouissant. J'avais été envoyé par la cuisinière histoire de faire quelques emplettes. Pourtant je soupçonnais qu'elle n'avait absolument pas besoin de tout les ingrédients qui se trouvaient sur la liste à rallonge qu'elle m'avait fourni. J'étais persuadée qu'elle m'avait simplement envoyé pour que je puisse me détendre un peu dehors. Il faudrait que je trouve un moyen de la remercier, surtout que je n'étais pas sûre que le maître approuve. Je grimacais. Si la cuisinière se retrouvait avec des ennuis à cause de moi, je m'en voudrais à vie... Mais pour le moment je châssis ces pensées. Tant qu'à être là, autant en profiter.

C'est donc avec un pas dansant que je me faufilais entre les différentes échoppes. J'appréciais le grands nombres de couleurs et d'odeurs ainsi que les produits, tous plus intriguants les uns que les autres ! Il y avait des fruits, légumes, fromages et viande mais également toute sorte de produits de luxes comme de beaux tissus, des bijoux, épices et autres sucrerie comme le chocolat ! Cela, en particulier, attira mon attention. Je n'avais jamais eu la chance d'y goûter mais il paraissait que c'était un met exquis bien que très cher. Je n'avais devant le stand depuis quelque minute lorsque le vendeur me jeta un regard noir, me signifiant clairement de partir et d'arrêter de déranger ses autres clients qui eux avaient les moyens pour payer. C'est donc, à regret, que je m'éloignais fluidement.

Je m'étirais langoureusement, appréciant les rayons chauds du soleil sur moi. Il faisait beau, j'étais de bonne humeur et j'espérais que ce durerait.
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Message par Alexandre Jeu 28 Mai - 11:27

[17 Novembre 1597] On est toujours le supérieur de quelqu'un August25
Romain Bellanger, 54 ans, libraire

Le libraire Bellanger avait quitté la taverne au petit matin avec aigreur, la tête enfarinée. Il traversait les rues du marché d'un pas lent, peu pressé d'ouvrir son commerce. Depuis plusieurs semaines, ce qui avait toujours été sa raison de vivre ne l’intéressait plus. A quoi on ? Son nom allait mourir. Ce bâtard qu'il avait accepté d'élever l'avait trahi et humilié sa réputation. Il n'avait même pas pu faire un seul enfant à son épouse. Sept as de mariage sans que celle-ci soit tombée enceinte et elle revenait ensuite d'une aventure dans un état de grossesse avancée. Il ne se rappelait que trop de ce sentiment terrible de frustration et d'impuissance. Quelle humiliation ! Quelle dégradation ! Et cette épouse... cette épouse disparue ! Enfuie ! Pour quoi passait-il depuis deux mois ? Il préférait ne pas entendre les rumeurs.

Le Bellanger continuait à serpenter sans prendre garde de bousculer des passants. Les commerçants lui jetaient des regards de travers, dégoûtes par cet ivrogne qui revenait de cuver. Il les remarquait à peine.

Alors qu'il continuait à avancer, ses yeux distinguèrent une silhouette féminine qui goûtait des produits sur un étal. Le marchand la décela amis se contenta de la chasser. Quelle faiblesse ! Si personne ne corrigeait cette manante, elle recommencerait. Il allait lui apprendre, lui, si personne dans ce marché ne prenait ses responsabilités ! Il ramassa un bâton qui traînait sur le pavé et frappa le dos de la femme.


"Eh toi ! Comment as-tu osé voler cet honnête homme ?"

Il se tourna un instant la tête vers le marchand, autoritaire :

"N'ayez crainte, je corrigerai cette couillonne pour vous. Elle se souviendra après ça qu'on ne doit pas voler !"
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Message par Skalitis Wyshel Jeu 28 Mai - 13:00

J'étais en train de m'éloigner tranquillement de l'étalage de sucrerie, un mince sourire aux lèvres. Je jetais un coup d’oeil su ma liste, vérifiant dans quelle direction il me faudrait aller pour acheter le reste. Je prenais mon temps, profitant du beau temps et de la brise qui soufflait dans mes cheveux.

Et puis soudain, une douleur fulgurante éclata dans mon dos et brisa ce moment de bonheur simple. Je lâchais un cri et m'écrasais au sol sous le coup. Le visage crispé je vis mes achats rouler dans tout les sens, certains finissant écrasés par les passants. Je n'eus pas le temps de m’apitoyer là dessus alors qu'une voix masculine résonnait derrière moi.

-Eh toi ! Comment as-tu osé voler cet honnête homme ?

Je me retournais, toujours au sol et me figeais alors qu'une sensation glaciale me prenait à la gorge, adieu la douce chaleur du soleil. L'homme me surplombait, un bâton dans les mains, proche. Trop proche. L'air commença à me manquer alors que des images que j'aurais préféré oublier me revenaient. Son visage rougit par l'alcool se mélangeait avec celui du pirate qui m'avait agressé des années auparavant. Mes yeux s'écarquillèrent sous la peur et j'eus du mal à déglutir. Je ne fis pas plus attention aux prochaines paroles de l'inconnu qui, de toute évidence, n'avait pas l'air de me vouloir du bien. Ma vision se brouilla sous les larmes et je rentrais la tête dans mes épaules, un gémissement m'échappant alors que je tentais de ramper en arrière pour m'échapper, mes mains rappant contre le sol. Sauf que mon corps refusait de bouger. La terreur me clouait sur place.

Alors que je restait là, prostré au sol, une autre émotions me vint : la colère. J'étais en colère contre moi-même. J'étais en colère contre moi pour être incapable de chasser ces souvenirs, cette peur glaçante qui m'empêchait de bouger et de me défendre. J'essayais de toute mes force, vraiment. Mais je n'y arrivais pas et des larmes de frustrations coulaient sur mes joues.. J’étais en colère contre lui de m’avoir agressé alors que je ne lui avait rien fait ! Je lui en voulais pour avoir ruiné mon moment de paix et les précieux achats qui étaient partis rouler à cause de ma chute causée par lui. Mon regard était empli, à la fois de terreur, de haine et d’un dégoût profond et je serrais les dents. Il fallait que j’arrête de pleurer. Ça ne changerait rien et, pour l’avoir déjà expérimenté, cela ne ferait que le satisfaire un peu plus, que le faire se sentir plus puissant. Mais évidemment je ne pouvais que supplier intérieurement pour que quelqu’un, peu importe qui, le dégage de ma vue.

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Message par Alexandre Jeu 28 Mai - 13:43

Alexandre avait été envoyé une fois de plus en courses par Cassandre. Chaque jour, elle trouvait un prétexte pour lui faire quitter la maison, affirmant qu'il manquait telle chose et rappelant qu'elle et Grace devait aider Dame Irène. Dans le fond, cela ne le gênait pas tant que cela. Il aimait se promener dans les rues et admirer la vie qui s'y répandait.

Monté sur son mulet, le jeune homme contemplait l'agitation routinière du marché et prêtait attention aux diverses conversations qui parvenaient à ses oreilles. Il s'arrêtait régulièrement pour saluer un commerçant et deviser un petit temps avec puis repartait.  Son cheminement se poursuivait dans les allées quand les bruits tumultueux d'une agitation résonna au loin. Il demande à sa monture de presser un peu le pas et découvrit avec horreur un homme frapper une malheureuse femme. Pour quelle raison ? Comment pouvait être si cruel ? Alexandre leva les yeux vers l'agresseur et sursauta. Son père. Son père adoptif corrigea-t-il aussitôt. Il n'avait absolument pas changé. Ou presque. Maintenant que son épouse était en sécurité dans un couvent dans la lointaine colonie d'Iswyliz, il n'avait plus personne à la maison pour défouler ses humeurs.

La vision de la jeune femme qui se recroquevillait au sol, soumise à la violence des coups sur son corps blessait Alexandre. Il serra les poings. Il ne pouvait la fixer comme tous ces gens et ne rien faire. Il ne pouvait l'ignorer. Il ne pouvait passer son chemin. Il ne serait pas un lâche !

Mais en tant qu'esclave, Alexandre se souvenait aussi ne pas pouvoir agir directement. Bousculer un homme libre, c'était comme une agression. Il risquait la peine capitale. Il n'y avait qu'une solution pour protéger cette femme. Une seule. Dangereuse. Tant pis ! S'il fallait mourir pour être honorable, pour accomplir son devoir, qu'il en sort ainsi ! Il ne tergiverserait pas.

Sautant du mulet, oubliant ses béquilles, Alexandre se plaça devant la malheureuse et reçut sur les épaules le coup de bâton qui lui était destiné. Le courageux garçon chancela. Ses jambes fragiles tremblaient mais il s'obligea à trouver la force de se maintenir debout en dépit de leur tremblement. Il étendit les bras et fixa son père adoptif d'un regard adoptif. Il cria, haineux :


"La touche pas ! T'as pas le droit de donner une correction à une personne lambda !"

Un sourire narquois passa ensuite sur son visage.

"Ni à moi. Puisque je ne suis plus ton fils."

Un rappel au terrible procès où cet imbécile avec exigé que leur filiation soit retiré. le père Bellanger fixa avec une certaine surprise et eut une lueur méchante dans le regard.

"C'est le rôle de tout honnête homme de donner une correction à un voleur. Bouge-toi ou tu en prendras une aussi par ricochet !"

Alexandre tourna un bref instant la tête vers la jeune femme et se refusa à obéir malgré les muscles faibles de ses jambes qui tremblaient de plus en plus et la douleur qui brûlait ses épaules. Il ne bougerait pas. Cette scène finirait par attirer quelqu'un qui la ferait cesser. Il devait tenir. Pour elle.
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Message par Alduis de Fromart Jeu 28 Mai - 15:46

Alduis était pressé. Enfin, pressé. Tout était relatif. Toujours était-il qu'il ne traînait pas en route, sinon pour être sûr de pouvoir dix minutes en retard – comme à son habitude. Il n'avait pas l'intention de s'arrêter aux étals qui se trouvaient ici.

Pourtant... Pourtant, un mouvement attira son attention dans le coin de son champ de vision. Une silhouette levant un bâton, et l'abbatant sur une femme, laquelle tomba par terre avec un cri. Il se serait agit de n'importe quelle femme, Alduis aurait continué son chemin sans faire davantage attention à ces badauds. Sauf que ce n'était pas n'importe laquelle, justement.

Par terre, prostrée, en larmes, c'était la petite Skalitis qui tremblait. C'était sur elle que l'homme frappait avec cette branche. Alduis détesta aussitôt sa voix. Il allait intervenir quand un jeune homme se jeta sous le bâton, recevant le coup à la place de Skalitis. Il fallut moins de deux secondes à Alduis pour le reconnaître. C'était celui du triomphe, celui dont il avait défendu la mère. Décidément. A croire que leurs chemins devaient se croiser.

Il resta quelques secondes en retrait, pour voir comment le jeune homme allait se débrouiller. Il ne faisait certainement pas le poids mais il était courageux, et cela méritait déjà d'être salué. Comme l'homme avait l'air d'avoir envie de re-frapper, Alduis s'activa.

Il s'approcha le plus calmement du monde, bouscula les quelques curieux qui se trouvaient là. Ce fut sans la moindre hésitation, ni le moindre état d'âme, qu'Alduis saisit le bâton au vol pour stopper sa course avant qu'il ne percute l'un des deux esclaves. Il passa devant l'homme avec nonchalance et observa les ongles de sa main libre.

- Excusez-moi d'interrompre vos petites démonstrations de force, monsieur, mais j'aurais quelques mots à vous dire, si vous le voulez bien...

Il eut un sourire froid et crispé avant de reprendre, en désignant la petite Skalitis roulée en boule au sol :

- Voyez-vous, cette jeune esclave que vous frappez depuis tout à l'heure est la mienne. Or, je serais fort vexé si elle ne pouvait plus travailler par votre faute.

Il fit une pause, le temps de laisser peser ses mots dans le silence qui venait de se déposer aux alentours. Laisser à l'homme le temps de mesurer à qui il avait affaire.

Alduis n'était pas un grand adepte des esclaves. S'il y avait une chose qu'il n'aimait pas, c'était devoir dépendre de quelqu'un. Oh bien sûr, les siens restaient des esclaves mais Alduis respectait le travail qu'ils faisaient au château. Mais surtout, cette petite-là en particulier, il s'était attaché à elle. A sa petite frimousse. Et il estimait que cet homme là n'avait rien à exiger d'elle.

Il se décala pour se placer entre l'homme au bâton et les deux autres en ajoutant :

- Si vous avez un problème avec elle, c'est avec moi que vous le réglez. Vous comprenez où je veux en venir ?

Il n'attendit pas la réponse pour enchaîner, en appuyant sur le bâton plus fort pour lui tordre le poignet. Il avait toujours cette attitude nonchalante, son sourire qui semblait quasiment sympathique mais sa voix, elle, était glaciale :

- Ça veut dire que si vous essayez de lever, ne serait-ce qu'une fois de plus ce bâton sur quelqu'un ici, je vous coupe les doigts un par un pour m'assurer que vous ne puissiez plus le reprendre. C'est clair ?
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Message par Alexandre Jeu 28 Mai - 16:58

Alexandre, les bras tendus, les jambes écartés, cherchant à conserver un équilibre précaire, affrontait son père adoptif, prêt à recevoir de nouveau ce bâton dans les côtes ou n'importe où sur son corps. Il n'avait pas peur. Il avait subi assez de fois les coups de ce ceinture tout au long de sa jeunesse pour ne plus craindre une violence de plus.

Le Bellanger armait et s'apprêtait à cogner le garçon, ravi de frapper encore ce bâtard qui l'avait déshonoré. Brave, Alexandre le fixait, sans un mot.

Le coup ne vint pas. Jamais.

Alexandre sourit de voir une main arrêter le bâton. Son plan avait fonctionné. Quelqu'un était intervenu. Il tourna la tête pour remercier son sauveur et tressaillit, stupéfait, en reconnaissant les traits du seigneur de Fromart, l'homme qui était justement intervenu en faveur de as mère devant le Roi. Sa gorge se serra d'émotion.


"Messire... Messire, vous êtes vraiment un homme de courage et de générosité. Que Dieu vous ait dans sa sainte garde !"

Il se signa en prononçant ces paroles rituelles. A cet instant, son corps se relâchait. La tension se relâchait et la fatigue tombait. Le garçon s'écroula sur les pavés, incapable de se maintenir debout plus longtemps. il observa le seigneur s'avancer vers le libraire qui pâlissait de l'apparition du noble. Le père bafouilla :

"Messire... Je n'aurais jamais eu la prétention de me mêler de vos affaires, voyons. Si j'avais su... J'ai entendu parler de vos dernières victoires, au fait ! Magistrales ! Un vrai héros ! Notre bon souverain a bien de la chance d'avoir un homme comme vous à son service ! Il faudra d'ailleurs passer à ma librairie ! Je serai ravi de vous conseiller les meilleurs ouvrages !"

Alexandre écouta avec écœurement les flatteries éhontés de l'homme qui essayait à présent de se faire valoir. le Bellanger s'approcha et observa l'esclave au sol désignée par le noble. Il simula la surprise.

"'Oh non ! Quelle terrible erreur ! Ce n'est pas elle qui... j'ai surpris une voleuse qui dérobait sur les étals. En tant que commerçant, je ne pouvais laisser passer cela. c'est affreusement terrible un vol, vous savez ! Alors je me suis lancée à la poursuite mais j'ai confondu. oh je suis désolé, messire, vraiment désolé. Je paierai le médecin pour soigner votre esclave pour me faire pardonner."

Alexandre cracha au sol avec un dégoût prononcé puis s'adressa directement au noble. Il n'avait pas l'intention de voir le bourreau de son enfance s'en sortir.

"Je suis certain, messire, que le marchand en face de nous saurait affirmer ou infirmer cette version. Quant à un médecin qu'il vous proposerait, méfiez-vous. Cet homme est celui qui m'a élevé et a aussi payé de prétendus médecins pour corriger mon infirmité. D'un point de vue personnel, si vous acceptez mon point de vue, cela s'apparentait surtout à de la torture."

Le Bellanger jeta un regard haineux à Alex qui lui répondit d'un sourire narquois, ravi de sentir leurs rapports s'inverser enfin. Il ne put cependant se retenir d'ajouter d'un ton cruel :

"Au fait, maman ne te manque pas trop ? Elle m'a écrit beaucoup apprécier le couvent qui l'a accueilli, bien plus que le foyer de son époux. "
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Message par Skalitis Wyshel Jeu 28 Mai - 18:02

J’étais toujours recroquevillée au sol, un tumulte d’émotions faisant rage en moi lorsqu’un jeune homme arriva. Il sauta de sa mule et se mit entre mon agresseur et moi, prenant les coups de bâtons qui suivirent le premier à ma place. Je ne compris pas ce qu’il dit, mes oreilles bourdonnantes m’en empêchaient mais, alors qu’il me servait de barrière, de nouveaux sentiments germèrent en moi. En plus de la haine et la terreur il y eu d’abord la surprise puis la culpabilité.

Je ne pensais sincèrement pas que quelqu’un se mettrait entre moi et cette personne qui avait décidé de me faire du mal pour une quelconque raison. Encore moins que ce serait un esclave qui n’était clairement pas stable sur ses jambes. Et je m’en voulais de ne pas avoir eu ce courage. De ne pas avoir réussi à me redresser et confronter mon agresseur. J’avais abandonné dès le départ et cela me mit en colère. J’étais fière d’être quelqu’un qui, malgré tout ce que j’avais vécu, parvenait à vivre plus ou moins joyeusement et n’avait jamais abandonné l’espoir d’un jour retrouver ma famille et être libre. Pourtant c’était ce que j’avais fait dès le début.

Je me redressais pour essayer de tirer le jeune homme vers l’arrière afin qu’il évite la branche mais celle-ci fut stoppée par une main. La main de mon maître. Une main toujours sur l’épaule de mon défenseur, je lançais un regard ahuri à Alduis. Je savais qu’il n’aimait pas que l’on salisse sa réputation et il respectait le travail fourni par ses esclaves. Mais au point d’en protéger une ?

- Ça veut dire que si vous essayez de lever, ne serait-ce qu'une fois de plus ce bâton sur quelqu'un ici, je vous coupe les doigts un par un pour m'assurer que vous ne puissiez plus le reprendre. C'est clair ?

Un frisson parcouru mon dos alors que mon maître prononçait sa menace. Je savais qu’il la mettrait à exécution. D’un côté je le respectais pour ça mais de l’autre, je ne pouvais m’empêcher de ressentir un mince filet de peur.

Et puis soudain, sous le soulagement je supposais, le jeune homme qui m’avait protégé s’écrasa au sol. C’est à ce moment que je sortis de ma transe. Je me redressais d’un coup pour l’attraper et lui éviter un vilain choc. Je l’accompagnais délicatement et restais derrière lui, deux mains sur ses épaules pour assurer sa stabilité. J’étais concentré sur lui lorsque mon agresseur, qui semblait être un libraire, commença ses mielleries. Je lui jetais un regard ahuri puis dégoûté. Mais cette expression méprisante se transforma rapidement en peur alors qu’il fit un pas dans ma direction. Mes yeux s’écarquillèrent, encore plus agrandi pas les cernes qui les cerclaient et mes doigts se crispèrent sur les épaules du jeune homme par terre. Pourtant, cette fois, je ne fis pas mine de bouger, c’est donc tremblante que je refusais de me laisser aller à mes instincts. Je déglutis difficilement alors que mon corps en entier voulait s’enfuir mais je n’avais pas envie de me montrer aussi lâche devant le maître.

Je baissais les yeux sur le jeune homme qui venait de cracher par terre. Son dégoût était au moins aussi évident que le mien. Je fronçais les sourcils au son de ses paroles. Je n’avais aucune idée de ce qu’il avait bien pus vivre mais ce n’était sans aucun doute pas très joyeux. Je pressais mes mains sur ses épaules d’une manière que j’espérais réconfortante. C’était plus un reflex qu’autre chose mais au moins, c’était un reflex sincère. Étrangement les paroles de ce jeune homme des plus courageux et la présence réconfortante de mon maître me donnèrent suffisamment de confiance en moi pour que je puisse complètement supprimer la peur que j’éprouvais encore. Mon regard devint agressif, emplit de dégoût et de colère, un regard que je n’aurais jamais eu l’audace de montrer avant.
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Message par Alduis de Fromart Jeu 28 Mai - 23:56

Alduis ne bougea pas d'un millimètre aux propos d'Alexandre. Un homme de générosité ? C'était bien la première fois que quelqu'un parvenait à accoler un tel mot à son nom. Alduis était tout, sauf généreux.

Et il allait jusqu'à se signer ! Que ne fallait-il pas voir ? Alduis n'était pas bien certain de ce qu'il y avait en haut - il commettait suffisamment d'atrocités pour se poser de sérieuses questions sur une possible existence divine - mais dans tous les cas, il savait bien que si le Paradis existait, il n'y avait pas sa place.

Le garçon tomba juste après avoir parlé, faible sur ses jambes qu'il était. Alduis ne le rattrapa pas, concentré sur l'homme au bâton. Mais Skalitis s'en chargea pour lui. Il foudroya l'individu du regard :

- Si tu avais su quoi ? Que j'étais son maître ? Qu'aurais-tu fait alors ? Laisse-moi deviner. Tu aurais laissé tomber ce ridicule bout de bois... Pathétique.

D'autant plus que maintenant, il enchaînait sur les victoires militaires d'Alduis. Répugnant. Vraiment répugnant. Il eut un sourire froid.

- Oh ? Et quels livres me conseillerais-tu ?

C'était clairement ironique et une question rhétorique. Mais soit l'homme était un véritable idiot, soit il ne sentait pas le danger arriver. Toujours était-il qu'il insistait et qu'il allait un peu trop loin en compliments. Alduis resserra imperceptiblement ses doigts autour du bâton. Il détestait l'hypocrisie. Rien ne lui faisait plus horreur que les lèche-bottes. Pensait-il qu'Alduis allait se laisser attendrir par ses fadaises ?

Non, finalement, il était vraiment idiot. Son sourire perdit en fureur et une lueur d'amusement s'y glissa.

- Payez un médecin ? Voyez-vous ça.

Dans son dos, Alexandre cracha et ses avertissements l'amusèrent. Ce petit gars était courageux, peut-être même plus que certains soldats. Dans tous les cas, Alduis n'avait jamais eu l'intention d'accepter cette offre. Un médecin. Et puis quoi encore ?

Il fit un pas en avant au regard haineux que lança l'homme à son... fils ? si on en croyait les mots d'Alexandre. Cette histoire ressemblait beaucoup à des règlements de comptes familiaux. Mais c'était devenue la sienne à partir du moment où Skalitis avait percuté le sol sous la force du coup.

Il toisa l'homme de haut en bas, avec tout le mépris du monde. Une larve qui traînait dans le sillage des grands pour récupérer les miettes. Celui-ci l'avait pris pour un imbécile une seconde de trop.

- Je crois que vous n'avez pas compris ce que j'essaye de vous dire, monsieur.

Il eut un sourire condescendant et ajouta, en caressant le manche de sa dague. Une seconde plus tard, il la tirait et la jeta en l'air pour la rattraper ensuite.

- Vous devriez conserver votre salive et vos flatteries pour ceux sur qui ça marche.

L'autre ouvrait encore la bouche. La lame d'Alduis accrocha la lumière et la seconde suivante, elle s'abattait sur l'index gauche de l'homme, coupant le doigt tout net. En un tour de main, Alduis le fit tomber et s'accroupit devant lui, presque gentiment. Il déclara d'un ton qui ne souffrait d'aucune protestation :

- À présent, écoute-moi bien et retiens ce que je vais te dire. Je ne le répéterais pas.

Il rangea la dague à sa ceinture, toujours aussi calmement, puis il se releva :

- La prochaine fois que tu me croiseras, prends tes jambes à ton cou et prie pour que je ne te rattrape pas. Maintenant, tu as très exactement 5 cinq secondes pour décamper ou je veillerais personnellement à ce que tu ne puisses plus cracher ton venin perfide.

Il ne laissa aucun répit à l'homme pour reprendre ses esprits avant de commencer à compter.

- Un.

Il le toisa à ses pieds.

- Deux.

Il fit face à Skalitis et Alexandre, en se détournant de lui comme s'il s'agissait d'une vulgaire fourmi.

- Trois. Quatre.

Il ne se retourna pas et termina froidement :

- Cinq. N'oublie pas de ramasser ton doigt.
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Message par Alexandre Ven 29 Mai - 13:22

Alors qu'Alexandre s'écrasait au sol, il sentit des bras l'aidaient à atterrir moins violemment qu'à l’accoutumée. Qui venait de l'aider ? Cela n'arrivait jamais. Au contraire, on adorait voir le béquilleux tomber. On s'amusait même de provoquer la chute. Il tourna la tête et sourit en apercevant la jeune femme qu'il avait essayé de protéger.

"Merci. Tu vas bien ? Tu n'as pas trop mal ?  Il a la poigne... solide."

Alexandre reporta son attention vers le seigneur de Fromart qui ne tolérait pas les flatteries misérables du libraire. Il savourait avec délice la réplique des livres que l'homme vulgaire pourrait conseiller. Une pointe d'insolence lui vint. Irrépressible.

"Il vous conseillerait, sans nul doute, messire, comment battre femme et enfant. Une encyclopédie en trois volumes écrite de sa propre main."

Malgré sa position d'esclave, le jeune homme se sentait fort face à son père adoptif enfin en situation de faiblesse. Le Bellanger tremblait. Son visage avait pâli. Il avait compris que ses flatteries ne serviraient à rien avec ce noble. Bien au contraire. il reculait, prêt à se retirer.

"Je regrette de vous avoir importuner. je m'en vais..."

Il n'eut pas le temps d'achever. Le noble saisissait son bras et tranchait un doigt. Le Bellanger contempla la scène avec un effarement total, livide. Alexandre suivit l'acte,  effrayé de cette sauvagerie. Le libraire n'attendit pas le décompte pour décamper. dès que ses jambes retrouvèrent de leur mouvement, avant les premières menaces, il prit la fuite.

Alduis de Fromart continuait son œuvre sans remarquer la fuite. Alexandre le contempla avec une légère frayeur qui s'installait. Il se traina ensuite au sol pour ramasser le doigt de son père adoptif. Une relique comme celle-ci ne lui faisait pas plaisir. Il ne tirait aucune satisfaction de la violence. L’humiliation aurait été largement suffisante. Il leva les yeux vers le noble, hésita puis décida malgré tout de prendre la parole :


"Vous n'auriez pas dû faire ceci, Messire. Vous valez bien mieux que cet acte cruel, j'en suis certain. Vous avez essayé de soutenir ma mère lors du triomphe, vous prenez soin de votre esclave... Vous êtes quelqu'un de bien, messire, cela se sent."

En terminant, Alexandre adressa un sourire compatissant, rempli de bienveillance.

"Je m'appelle Alexandre, mesire, au fait ! Je ne sais pas si vous vous en rappeliez pas... Sans doute pas."
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Message par Skalitis Wyshel Ven 29 Mai - 15:14

-Merci. Tu vas bien ? Tu n'as pas trop mal ? Il a la poigne... solide.

Les paroles de celui qui m’avait aidé attirèrent mon attention sur lui. Je lui adressais un doux sourire. Je serais éternellement reconnaissante à cet homme de m’avoir ainsi aidé. J’étais impressionnée qu’il se préoccupe plus de moi alors que lui aussi s’était pris des coups.

- Oui, je vais bien.

Comme toujours, une réponse concise. On ne se refesait pas. Il faudrait que je trouve un moyen de le remercier. Il m’avait protégé au détriment de son propre corps. Mais mon attention fut détourner au moment où mon maître répondis aux paroles mielleuse du libraire. Les regards plein de haine et de mépris ainsi que son ton ironique me firent sursauter. A cette instant j’étais heureuse de ne pas être la source de cette colère sous-jacente. Comment est-ce que mon agresseur faisait pour ne pas se rendre compte qu’il ne faisait que s’enfoncer ?

Mon regard suivit la main de mon maître qui jouait avec sa dague. La lumière qui accrochait la lame m’hypnotisa presque et c’est avec une sorte de fascination morbide que je le vit attraper la main du lèche-bottes pour lui couper net l’un de ses doigts. Je grimaçais. J’avais assisté à tellement d’horreurs que quelque chose comme ça ne me faisait presque plus réagir. Presque.

- Cinq. N'oublie pas de ramasser ton doigt.

Je fermais les yeux en serrant fort mes paupières. D’abord un rappel plus que douloureux de mon viol et ensuite ça. Le visage crispé je laissais mon protecteur récupérer le doigt de son père. Un frisson me parcouru le dos et un haut-le-cœur que je réprimais de justesse, secoua ma poitrine. Il fallait croire que je n’aurais jamais droit à une journée tranquille. Comment est ce qu’elle avait pu démarrer si bien pour ensuite être complètement ruinée par un évènement pareil ?

Je n’avais vraiment qu’une envie en cet instant : m’éloigner de tout ce monde. Me mettre hors de porté des regards des badauds et tenter d’oublier cette scène. Pourtant je ne le ferais pas. Je pressais mes paumes contre mes yeux pour essayer d’endiguer les nouvelles larmes qui manquaient de s’échapper. Un soupir tremblant m’échappa. Je ne dormirais pas sur mes deux oreilles avant un moment. J’avais réussi à me débarrasser des cauchemars qui me poursuivaient depuis l’attaque de mon village mais il fallait croire que j’étais incapable de leur échapper.

-...vous êtes quelqu'un de bien, messire, cela se sent.

Cette dernière phrase du jeune homme à terre me sorti de mes pensées. Je relevais la tête et l’observais. Ah. Il me fit penser à moi lorsque j’étais encore une enfant, naïve et qui voyait le bon en chaque être. Maintenant j’avais bien changé. Mon regard se porta sur mon maître. Je connaissais les diverses rumeurs qui couraient sur lui et, si je n’étais pas du genre à leur donner une trop grande importance, je savais aussi qu’elles avaient toujours un fond de vérité. C’est ces rumeurs qui me faisaient apprécier la distance de sécurité que j’avais établi entre nous, maintenant plus que jamais.

Pourtant je savais aussi qu’il savait être quelqu’un de bien. Les faits qu’Alexandre avait énoncé, la scène qui venait de se dérouler ainsi que la manière dont Alduis n’avait jamais essayé de me pousser à bout comme il savait si bien le faire avec d’autre, me le prouvaient. C’était un homme contradictoire, ça c’était sûr. Et j’avais découvert que j’avais envie d’en savoir un peu plus sur lui. Une envie suicidaire, me diraient les autres domestiques et esclaves à son service.

Sans trop laisser paraître ce qui se passait dans ma tête je me dirigeais, non sans jeter un coup d’oeil au maître, vers la mule d’Alexandre pour lui récupérer ses béquilles que je lui tendis pour qu’il puisse enfin se relever. Je n’aurais pas aimé discuter avec quelqu’un alors que j’étais allongée par terre, en position de faiblesse.
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Message par Alduis de Fromart Sam 30 Mai - 12:41

L'autre venait de s'en aller. Heureusement pour lui car Alduis n'était pas connu pour sa patience et qu'il n'aurait pas attendu une seconde de plus pour mettre sa nouvelle menace à exécution. Il fallait croire qu'il avait enfin compris où se trouvait son intérêt. Bon débarras.

Mais cela ne le faisait pas remonter dans son estime. Loin de là. Non, vraiment, cet homme n'avait aucun courage. Aucune dignité tout court. C'était méprisable, au sens propre du terme.

Alduis observait toujours Skalitis et Alexandre sans rien dire, sans jeter le moindre coup d'oeil dans son dos. Sûrement que les badaus estimaient que le gros de la scène était terminée car ils se dispersèrent lentement. Qu'ils aillent raconter qu'il avait coupé le doigt d'un homme et qu'ils amplifient les faits – pour faire peur. C'était tout ce qu'il demandait.

Alexandre prit la parole et ses propos laissèrent Alduis surpris. Il le dévisagea, le plus froidement possible pour dissimuler ses vraies émotions. Lui ? Un homme de bien ? Qui valait mieux que cet acte cruel ? Mais fallait-il être fou pour croire des choses pareilles ! Alduis pensait que personne n'avait échappé aux rumeurs – vérifiées – mais il fallait pourtant croire que si. Comment serait-il possible de sortir de telles âneries autrement ?

Puis, aussitôt après, il se présenta Alexandre. Alduis le toisa et répondit aussitôt :

- Je sais, je m'en rappelle.

Il ne dit rien cependant pour le détromper. Alexandre se rendrait compte de la vérité bien assez tôt. Le monde n'était pas composé que de paix et d'amour. Il laissa Skalitis allait chercher les béquilles du jeune homme et se tourna face à lui quand ce dernier fut debout.

- Une encyclopédie en trois volumes sur comment battre une femme et un enfant ? releva-t-il ensuite, en faisant mine de regarder ses ongles.

En réalité, il avait déjà compris et au moment même, il avait laissé filer la chose. Le temps de gérer les imbécilités de l'autre idiot. Mais désormais, cela méritait certainement qu'il y arrête son attention. Puis, il se tourna vers Skalitis et plongea son regard dans le sien. Il se sentait obligé de dire quelque chose mais quoi exactement ? Il aurait été bien en mal de le dire alors il resta silencieux.
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Message par Alexandre Sam 30 Mai - 15:39

Alexandre observa le seigneur de Fromard, de son regard toujours doux, lorsque la jeune femme qu'il avait aidé vint lui apporter ses béquilles. il se tourna et sourit.

"Merci. Merci beaucoup."

Prenant appui, l'infirme se dressa difficilement sur ses jambes fragiles et réussit à se remettre debout. Ses mains serrèrent un peu plus fort ses béquilles pour garder son équilibre. Le noble annonça se rappeler de lui. Alexandre en fut surpris.

"Vraiment ? Pourtant, des roturiers et des esclaves, vous en voyez sûrement régulièrement passer et je ne suis pas assez orgueilleux pour croire mériter qu'on se souvienne de moi."

L'aristocrate réagit alors sur les paroles prononcées un peu plus tôt. Alexandre baissa la tête.

"Ce n'était pas très élégant. Pardon. C'était de l'aigreur. Cet homme est... Ma mère a été mariée à lui mais après plusieurs années d'un mariage malheureux sans enfant elle a cru pouvoir le quitter sans risque. Elle se croyait être stérile. Sauf que non. Après quelques expériences, elle a dû revenir auprès de son époux, enceinte, qui a fini par la reprendre. il a compris que c'était lui qui était stérile et dans sa famille l'héritage et le nom sont une chose importante. Malgré la bâtardise, malgré l'infirmité, il m'a gardé. Mais il n'a eu de cesse d'humilier ma mère, de la battre pour le moindre prétexte... Et il se servait pour moi le plus souvent pour l'atteindre. J'ai cru au début que c'était normal, qu'il faisait mon éducation. mais non. Ce n'est pas normal. On n'a pas le droit de se comporter ainsi avec les gens même si on a été trahi ou déçu."

Alexandre garda le regard baissé en terminant as réponse, conscient de s'exposer sans doute trop. Et si ce noble prenait pour lui ces paroles ? Il ajouta d'une petite voix timide :

"Mais je ne veux pas non plus vous manquer de respect, bien sûr, messire. Pardonnez-moi si mon discours vous a blessé d'une quelconque manière."

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