[22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur

Les dernières heures de la matinée s'étiraient. Alexandre, juché sur la mule offerte par son père, avançait d'une allure rapide en direction du château de Frenn. Quelle différence avec ses précédentes visites où il avait dû grimper jusque là à pied, appuyé sur ses béquilles, et s'arrêter sans cesse pour récupérer des efforts. Désormais, il n'embêterait plus le baron à devoir être ramené car il s'était épuisé en chemin !

Tout en surveillant la route empruntée par sa monture, Alexandre méditait à la rencontre prochaine qui allait bientôt se jouer et à la préparation de ses arguments. Le seigneur de Frenn aimait les choses concises et précises. Il devait bien parler pour montrer avoir suivi avec attention son exemple. Il se rappela de l'épisode à al taverne de l'Ours noir du 13 Septembre où la petite Cassandre discutait avec Jérémie qui se faisait nommer Achille. Un esclave en fuite que personne n'avait encore attrapé. Ce n'était pas correct. Les esclaves étaient assujettis à un maître. C'était ainsi et pas autrement. C'était sur cet ordre incontestable que l'Empire de Monbrina s'était construit, un empire qui recevait son autorité du Roi qui détenait son pouvoir au nom de Dieu. Remettre en question ses décisions serait remettre en doute celles du Créateur. Alexandre songea à nouveau à Cassandre et à quelques conversations surprises avec Grace. Elle se rendait souvent en forêt. Dans quel but ? Voir Jérémie rebaptisé Achille ? Il l'utilisait ? Le jeune homme détestait cette idée que l'on serve d'une enfant. Cette petite avait assez souvent de sa vie sordide au Lupanar ! Le devoir lui dictait de l'aider à ne pas emprunter un mauvais chemin, faute de mauvaises influences.

Le château de Freen se rapprochait. Alexandre obligea la mule à tempérer le rythme. La montée devenait à cet endroit plus difficile. Elle allait s'épuiser sinon. Ou se blesser. Il arriva au bout de ce chemin devant l'impressionnante bâtisse et s'avança vers les gardes postés à l'entrée. Le petit esclave posa pied à terre et reprit ses béquilles avant de s'incliner.

"Bonjour, nobles soldats. Je suis Alexandre. Je présume que vous me reconnaissez, n'est-ce pas ? Votre maitre est-il présent? Je dispose d'informations qui pourraient lui être utiles."

Sur cette présentation succincte, il recula de quelques pas pour aller attacher la mule à un arbre proche. Sa main caressa le museau de l'animal puis il s'assit sur un rocher. Pendant l'attente que durait l'arrivé"e du seigneur, Alexandre sortit une feuille et entreprit une esquisse de la ville que l'on apercevait en contrebas.

La routine des gardes aux abords du château de Frenn est interrompue par la venue d'un drôle de visiteur. Sur un mulet. Un des soldats reconnaît l'esclave Alexandre : il était déjà de surveillance lors d'une de ses précédentes visites. Ils pouffent entre eux au curieux "Nobles soldats" un peu pompeux et paradoxal que le béquilleux leur sert. Il annonce avoir des renseignements pour le seigneur. Oh, le gamin n'a pas l'air dangereux. Il n'est pas armé et s'est toujours montré assez inoffensif. Et puis, il n'a que ses béquilles, ses hauts-de-chausses et une très simple tunique d'esclave : les gens d'armes ne jugent pas nécessaire de le fouiller et vont prévenir le baron.



Un peu plus tard, les gardes reviennent et découvrent Alexandre assis, à croquer la ville en contrebas en attendant. Un des vigiles se laisse aller à un sourire d'admiration devant le talent du garçon. L'autre, beaucoup plus froid et sérieux, indique :

"Debout. Suis-nous. Le seigneur accepte de t'entendre."

On conduit le petit esclave dans une série de couloirs et d'escaliers, pour l'amener enfin dans un bureau où Dyonis vient d'arriver aussi. Il était en train de travailler à l'étage encore au-dessus, dans la bibliothèque, quand on a annoncé Alexandre et le motif de sa présence. Alors, le Premier Conseiller s'est rendu dans cette petite pièce même si ce n'était pas prévu. D'ailleurs, deux des esclaves sont encore en train de travailler dans la salle, alors que d'habitude le seigneur de Frenn ne les croise pas trop. Mais il n'avait pas prévu cette visite. Le noble a un très rapide regard sur Aud, qui fait le ménage, puis vers Eldred qui s'occupe du bois dans la cheminée. Aussitôt, c'est vers le petit visiteur qu'il se retourne. Droit, sévère, il le considère à son arrivée dans le bureau. De son crochet, il lui désigne une chaise où s'asseoir.

"Tu as demandé à me parler. Je t'écoute."

Dyonis est satisfait : on l'a renseigné sur le fait que désormais, Alexandre dispose d'un âne pour ses trajets. Il ne va pas s'épuiser à se déplacer, il n'y aura plus d'incidents comme cela est déjà arrivé plusieurs fois avec la faiblesse de ses jambes. Il reste debout devant le visiteur, immobile à l'observer, bras croisés avec rigueur. Des informations pour lui ? De quoi donc pourra-t-il s'agir ? Le seigneur est intrigué mais un peu inquiet en même temps. Qu'est-ce que le béquilleux a encore pu inventer ?
Avec Dyonis, il y a un secrétaire. Il s'installe à un pupitre et s'apprête à noter pour le Premier Conseiller tout ce que va dire le garçon.

Eldred était de corvée de bois. Comme souvent. Il devait donc remettre des bûches dans chacune des innombrables cheminées du château. Il entra dans le bureau découvrant Aud en train de faire le ménage. Il la salua d'un grand sourire. Voir ce visage familier à Frenn lui réchauffait le cœur. Il posa sa hotte près de la cheminée lorsque le baron entra, sans leur prêter la moindre attention, accompagné de son secrétaire. L'homme qui connaissait tout ses secrets...

Il prit le tisonnier, remua les braises avec une attention toute particulière puis l'invité entra. Cette voix... Ses poils se hérissèrent . Il tourna discrètement la tête. C'était bien lui... Cette cervelle de troll du marché...

le meilleur Maître qui soit
Ses paroles résonnaient encore dans son esprit pleines d'amertume. Certes Dyonis de Frenn était juste mais il n'en restait pas moins un esclave privé de sa propre appartenance.

Il reposa rapidement les yeux sur les braises rougeoyantes.

Au bout des deux mois passés ici, Aud commençait à s’habituer à la vie dans ce château. Ce n’était pas Rottenberg – Dieux merci – ni ce qu’elle avait connu avant, mais avec le temps, elle se sentait en sécurité. Bien davantage qu’à son arrivée dans le domaine. Le baron était un homme comme elle l’avait initialement imaginé, comme il s’était décrit. Strict et froid, certes, mais aussi attentionné, et très juste. Et peu à peu, le fantôme d’Ulysse s’effaçait. Il restait toujours un petit peu présent, parfois plus et parfois moins, mais ses jours n’étaient plus hantés comme ils l’étaient.

À genoux sur le parquet, elle s’efforçait depuis un moment maintenant à frotter contre le bois, nettoyant de son mieux la moindre saleté. Les vieux parquets, ça la connaissait. Et seule, elle commença à réfléchir. Elle voyait les lignes dans le bois, elle voyait les formes aléatoires qu’elles formaient, et elle se laissa alors imaginer ce qu’elles représentaient.

Mais soudain la porte s’ouvrit. C’était Eldred. Il entrait avec des bûches de bois sous le bras, et quand il la vit, il lui adressa un grand sourire. Auquel elle répondit. Ça lui faisait plaisir de le voir… et même s’il n’aimait pas être là, à alimenter les cheminées.

Le maître entra peu de temps après, avec son secrétaire, et… un jeune garçon. Humblement vêtu, on dirait un esclave. Il avait des traits doux…

Évitant de les regarder plus longtemps – un bon esclave savait se faire oublier – elle se repencha donc vers son parquet, se risquant malgré tout un regard vers Eldred. Il semblait connaître ce garçon. Il était si tendu, est-ce qu’ils avaient déjà eu une mésaventure ?

Lorsque les soldats revinrent le chercher, Alexandre se releva sans attendre l'ordre puis remarqua le sourire admiratif d'un peu pour son dessin. Il rosit légèrement, touché, puis rangea la feuille sous sa tunique avant de leur emboiter le pas.

Le chemin dans le château s'avéra long et emprunta série de couloirs et d'escaliers qui mirent Alexandre fortement à contribution. Les marches étaient le plus compliqué pour ses jambes faibles. Il essayait de ne pas faire perdre leur temps aux gardes mais devaient malgré tout reprendre un moment son souffle sur les paliers.

En arrivant dans le petit bureau, Alexandre s'inclina poliment en présentant ses salutations devant le seigneur de Frenn qui l'invitait à s'installer. Un siège était prêt pour lui. Il se remémora avec émotion de celui offert lors de leur première véritable rencontre. Personne ne l'avait traité si gentiment. Néanmoins, il avait une autre chose, aussi importante, à faire avant d'obéir. D'autres personnes étaient présentes dans cette pièce et ce n'était pas parce que celles-ci étaient des esclaves qu'elles ne ne méritaient pas le respect. Il se tourna ainsi vers la fille qui nettoyait le parquet.

"Bonjour."

Puis, il se retourna vers l'homme penchait dans la cheminée et s'exclamait de la même intonation joviale :

"Bonjour !"

Sur ce, il s’installa enfin sur le siège et croisa avec anxiété le regard du seigneur de Frenn.

"Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre. On m'a toujours appris qu'il fallait saluer toute personne dans une pièce quand on entrait en commençant naturellement par celle la plus haut placée dans la hiérarchie."

Le secrétaire attendait lui aussi devant son pupitre, prêt à tout prendre en note. Alexandre s'éclaircit un instant la gorge, rassemblant alors une dernière fois ses pensées.

"Je vous avais touché un mot lors de notre rencontre dans la forêt le fameux où nous avons appris la vérité tragique sur les de Rottenberg. C'est au sujet de cet esclave Jérémie Torrès. Je l'ai aperçu le 13 Septembre à la Taverne de l'Ours Noir quand je devais aller chercher Tristan. Il ne se faisait pas nommer ainsi, mais Achille. Je peux imaginer que son cas soit difficile à statuer au vu de la situation exceptionnelle mais la place d'un esclave se doit d'être auprès d'un maître. Particulièrement Jérémie qui a pour habitude la dissimulation. J'ai été témoin, à la librairie de mon père adoptif, de ses manœuvres où il m'a laissé accroire être envoyé par son maître."

Il marqua une pause pour reprendre son souffle puis reprit :

"J'ai surpris à la taverne ce jour-là du 13 Septembre, Jérémie qui conversait avec la petite servante du Lupanar. Celle que je vous avais demandé de prendre en charge et pour qui trouver une bonne charge. Par un singulier hasard, elle fut confiée à Dame Irène de la Roz Azul et j'ai été témoin de quelques scènes où cette enfant dit aller en forêt retrouver son frère Achille. Cela me déplaît fortement. Je soupçonne Jérémie Torrès de la manipuler au gré de sa naïveté enfantine."

Alexandre se leva du siège et s'approcha du bureau. Sa main plongea sous la tunique et en sortit plusieurs dessins pour les étaler sur le plan de travail. Il y avait les portraits étonnamment fidèles de tous les gens présents à la taverne le 13 Septembre :  Jérémie, Emeline la tavernière, les siamoises, Nogo et un homme que lui ne connaissait pas. Il ne vit pas cependant l'esquisse de la ville réalisée un peu plus tôt glissée de ces feuilles pour voler aux pieds du baron.

"J'ai songé que cela pourrait vous être utile si vous souhaitez donner suite à mes informations. Ce sont toutes les personnes que j'ai aperçu à la taverne ce jour-là."

Alexandre se tenait au bureau, dévoré par la nervosité. Comment le seigneur de Frenn allait-il prendre cette déposition ?

Dyonis observe Alexandre qui s'installe, tout en saluant au passage Aud et Eldred en plein travail (ce qui est plutôt appréciable de sa part). Ce qui est moins appréciable par contre et même un peu ridicule, c'est que le garçon justifie son comportement devant le seigneur et détaille comme dans une dissertation la raison des politesses qu'il a eues. On dirait un gosse qui veut un bon point. Saluer les gens dans l'ordre de la hiérarchie, c'est une évidence ! Pourquoi est-ce qu'il doit le dire ? Est-ce qu'il veut un compliment ou une friandise ? Comme quand on fait une blague, il paraît qu'expliquer une chose annule l'effet de cette chose. Alexandre est un drôle de bonhomme dont beaucoup de réactions échappent au Premier Conseiller. Alors (avec un fond de moquerie dans la voix il se l'avoue...) Dyonis répond dans un début de sourire en coin :

"Tu sais ta leçon. C'est biiieeeeeen."

Mais les choses sérieuses commencent. Le secrétaire pend en note ce que dit Alexandre. A mesure de son discours, le Premier Conseiller est une fois encore (ça devient une habitude !) déconcerté par ce que fait cet esclave. Même le secrétaire a une seconde de blocage étonnée. Un zèle pareil... mais il est plus royaliste que le roi celui-ci ! Est-ce que c'est une farce ? Est-ce qu'Alexandre ferait ça exprès pour espérer donner à Dyonis encore plus de culpabilité qu'il en a déjà ? Immobile, Dyonis s'égare sur cette hypothèse, mais il l'abandonne vite : c'est trop tordu pour l'esprit du béquilleux. Non, le plus sidérant là dedans c'est qu'il est certainement sincère dans sa démarche. Les grands yeux bleus du seigneur sont fixés sur Alexandre, comme si cela pouvait l'aider à comprendre ce qui se passe dans sa tête. Le Premier Conseiller a les bras croisés, la mine distante : ça lui donne contenance et ainsi, ne trahit rien de la masse de réflexions qui le secoue en réalité. Mais on sent quand même un malaise dans son silence, dans son absence de réaction immédiate, et son attitude figée.
Des inférieurs qui acceptent aussi aisément la condamnation qui leur a été faite, c'est déjà rare. Mais tant mieux après tout. Ce qui est plus rare encore, et troublant, c'est un esclave qui, en plus, pousse le zèle jusqu'à venir dénoncer... Comment comprendre ça ? Comment réagir ? En tant que représentant de l'ordre de l'empire, Dyonis devrait être content de voir ce garçon accepter la décision de justice et l'ordre. Mais ce n'est curieusement pas ce sentiment qui domine chez lui. Alors plusieurs hypothèses y passent : est-ce qu'Alexandre espère en réalité se faire affranchir en faisant ainsi du zèle et malgré qu'il dise souhaiter simplement que tout esclave serve un maître ? Est-ce que c'est un genre de réaction instinctive et défouloir, un peu comme une vengeance sur d'autres esclaves qui se sont enfuis alors que lui est désormais asservi ? Ou bien... le plus stupéfiant mais sûrement le plus vrai, le plus naïf : Alexandre est convaincu de ce qu'il dit et du bien fondé de dénoncer ces gens pour les remettre dans le rang ?

Alors la première question qui sort enfin de la bouche de Dyonis est : "Est-ce ton maître qui t'envoie faire cette déposition ?" Il est loin d'en être convaincu, mais c'est surtout une façon de tester encore un peu Alexandre et essayer de le sonder.
Là dessus, sans un mot, il reçoit les dessins. C'est donc là le visage sombre et anguleux de ce Jérémie dont il entend parler mais qu'il n'a jamais vu. Ensuite, il y a une galerie d'autres personnages. La petite esclave du Lupanar, que Dyonis reconnaît pour le coup très bien (Alexandre a un sacré coup de crayon ! C'est frappant de ressemblance !). Puis une femme qui doit être la tenancière de la taverne, un vieux monsieur et des.... siamoises ?! Dyonis a un petit mouvement de surprise et reste un temps sur le dessin de ces femmes étonnantes. Elles, il ne vaudrait mieux pas que la Cour ou le roi en entendent parler. Pour vivre heureux vivons cachés : Dyonis décide de les oublier aussitôt et de faire comme s'il n'avait rien vu, rien entendu sur elles. En plus, aucun fait n'est à leur reprocher, comme à la tavernière et au vieux monsieur. Il les écarte.

"Si la petite servante du Lupanar appartient désormais à Dame Irène de la Roz Azùl, cette dernière en est la responsable et je ne vais pas l'incriminer pour laisser l'enfant aller un peu trop où elle veut, même si c'est en effet laxiste et regrettable. La justice se met en branle à partir du moment où un délit est commis et elle ne peut pas fonctionner au procès d'intention."

Dyonis retient malgré tout l'information. Le portrait de la petite Cassandre restera dans un dossier, prêt à servir si jamais. Techniquement, on n'arrête pas quelqu'un si il n'y a rien contre lui. Mais ça ne sent effectivement pas bon, cette fillette en roue libre auprès d'un évadé. Cet évadé d'ailleurs... Jérémie Torrès, puisque c'est apparemment son nom complet... Dyonis en conserve préventivement aussi le portrait, et cet esclave lui pose un léger cas de conscience.

"Il a été décidé pour cette fois de fermer les yeux sur l'évasion de Jérémie Torrès, dans la circonstance particulière et atténuante qui est la sienne : c'est de chez un usurpateur, un sauvage sanguinaire qu'il est enfui. Le tribunal ne peut techniquement pas arrêter ce fugitif puisque son... maître... l'était indûment. Néanmoins, il commettra tôt ou tard un nouveau délit dans sa situation de fuyard, et cette fois-ci la police ne se gênera pas. Lui et l'ancienne servante du Lupanar se rencontrent dans la forêt, dis-tu ? Je commence à croire qu'il se passe là-bas beaucoup trop de choses auxquelles les brigadiers vont devoir mettre un terme."

Puisqu'il en parle, c'est alors qu'il songe au résultat de sa petite enquête sur les trois paysans venus lui livrer Ulysse. Après vérification, leurs identités n'étaient bien qu'une fable ! Et un d'eux n'est autre que le bandit Sylvère d'Aiguemorte, qui sévit dans la forêt ! Déguisé en femme ! Quelle honte ! Et Dyonis qui avait bel et bien un doute pendant l'entretien... mais n'a rien fait pour préférer vérifier après coup ses soupçons !
La colère lui remonte d'un coup. Ces trois-là vont le payer ! Sylvère bien évidemment, mais aussi les deux autres puisqu'ils ont coopéré avec le bandit et ont tous pris de fausses identités. Aucun d'eux ne doit être ces paysans sans histoire comme ils le prétendaient. Du troisième larron, le Premier Conseiller ne sait rien. Mais du grand homme en béquilles, en fouillant et en faisant ses investigation, Dyonis a découvert qu'il s'agit d'un certain Hyriel et qu'il est écrivain public. Sur lui, ça n'a pas été difficile de se renseigner : avec ses attelles en métal, ses béquilles et son allure générale, il n'est pas du genre qui ne se remarque pas. Cet Hyriel n'est sûrement pas qu'un honnête écrivain public, puisqu'il monte des plans avec le brigand de la forêt. Ah ! Celui-là aussi, il y aura énormément de questions à lui poser quand la police l'aura attrapé ! Dyonis lui en ficherait, du Hyacinthe Galtym !

Tout ça lui donne alors une idée. Il quitte enfin ses réflexions et repose les yeux sur Alexandre. Puisqu'il a un si bon dessinateur sous la main, qu'à cela ne tienne ! La colère se devine dans la voix polaire du Premier Conseiller (colère contre Sylvère, contre Hyriel et le troisième homme... mais aussi un peu contre lui-même) qui tombe alors comme la grêle sur Alexandre presque avec cynisme : "J'ignore ce qui te pousse profondément à la délation, mais puisque tu sembles aimer ça, tu vas donc m'être utile pour poursuivre des gens qui, pour le coup, ont déjà des crimes à leur active."
Et en même temps qu'il a parlé, du genou il a poussé sèchement la chaise d'Alexandre pile devant la table, et son crochet a attrapé la tunique de l'esclave pour le mettre face au plan de travail. Dyonis ordonne à son secrétaire : "Des feuilles de papier. Un fusain. Tout de suite !" Le secrétaire part pour aller chercher le matériel. Le regard noir du noble est déjà concentré sur la table où, bientôt, il verra apparaître sous la main d'Alexandre : Sylvère d'Aiguemorte (en mieux dessiné que ce qu'a fait la police jusqu'à présent, et en version femme aussi au cas où, Dyonis va demander les deux) ; Hyriel, et le troisième qui les accompagnait. Il va prendre le temps qu'il faut pour les décrire minutieusement à l'esclave.
Au passage, Dyonis remarque qu'un dessin a glissé du paquet d'Alexandre et est tombé au sol, près de ses pieds. Cependant il ne fait rien. Ce n'est pas à lui de se baisser pour ramasser ça. D'ailleurs il l'aura oublié dès la seconde suivante.

Avant de commencer un jet pour voir si Eldred réussit à chaparder le dessin d'Alexandre en toute discrétion

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'Audace' :

Eldred se concentrait autant que possible sur sa tâche, il préférait rester de dos, loin du regard du petit béquilleux à la langue bien trop pendue. Toutes les informations seraient bonne à prendre et tant qu'à faire autant qu'il ne sache qui écoutait.
Il répondit à son salut de manière polit mais taciturne, sans laisser découvrir son visage. Il s'affairait en ce moment même à rassembler les cendres sur la pelle dédiée, tout en écoutant la discussion entre les deux hommes.

Ce fils de troll irait lécher le cul de Loki si ça pouvait lui apporter une miette de pain rassie songea-t-il  agacé tout en balayant l'âtre avec délicatesse afin d'éviter tout envolée de cendres grisâtres.

Il note attentivement tous les détails. Jérémie et Cassandre n'était pas en danger pour l'instant. Bien c'était au moins cela. Cela voulait dire que la prudence serait de mise, encore plus qu'elle ne l'était déjà. Ils allaient cependant devoir modifier leurs identités et faire attention à leur apparence. Sa pelle pleine, il la vida dans le seau dédié et recommença l'opération.

Alors qu'Alexandre sort des feuilles, le zakrotien reconnait le son d'une feuille de papier se déposant légèrement sur le sol. Il baissa la tête discrètement. Une vue de la ville. Juste là. Sous les pieds de Dyonis. Si seulement il pouvait l'attraper... Cela pourrait être utile pour l'organisation de leur plan. Il pose délicatement le tisonnier et se baisse afin de récupérer la feuille. Mais au moment de se lever, il aperçoit le regard impitoyable de Dyonis.

Couilles de troll...

Il n'a pas d'autres solutions que de lui remettre l'oeuvre.

- Ceci s'est égaré sous votre chaise Maitre.
Appeler ainsi le baron lui était toujours aussi insupportable. Un acidité qui lui brûlait les lèvres. Pourtant il respectait Dyonis, mais ce terme... Non il ne s'y ferait jamais. C'était impossible.
Il déposa tête baissée l'esquisse, espérant que la balance ne l'ait point reconnu. Puis Eldred retourna à sa tâche, s'en voulant terriblement d'avoir échoué... Mais ne pas tenter aurait été pire que tout.

Il entendit alors le baron demander des portraits de Sylvère et consorts. Il tendit l'oreille. Il devait absolument les prévenir au plus tôt des risques. Quand il pensait que c'était ainsi qu'ils étaient remerciés pour leur service! Ces monbriniens n'avaient vraiment aucun honneur...

Ce n’était pas la première fois que son maître recevait des gens, et qu’elle se trouvait dans la même pièce quand cela se produisait. C’était un homme très productif, qui travaillait beaucoup. Que cela soit dû à son statut – être un Premier Conseiller était forcément une lourde responsabilité – ou bien à sa nature, Aud avait pris l’habitude de se faire discrète, pour éviter de le déconcentrer. Aujourd’hui ce n’était pas un noble qui venait lui rendre visite mais un esclave – fait assez rare pour le noter – et ce qui ôta réellement la jeune fille de son travail, c’était ce nom. Jérémie Torrès. Son souffle s’était stoppé un instant. Cet esclave venait ici pour dénoncer Jérémie ? Et les autres ? Il évoqua même une enfant, et Aud pensa à la petite fille du marché. Non, non… Jérémie était un homme bon, un homme brillant, il méritait sa libération après tout ce qui lui était arrivé ! Un esprit comme le sien… Non. S’il voulait être sans maître, alors Aud priait pour qu’il le reste, loin et hors de danger.

Sans lever les yeux vers son maître, elle attendit malgré tout sa réponse. Elle était figée, catastrophée. Un esclave en fuite impliquait forcément des gens qui le pourchassent, et elle ne voulait certainement pas que ce soit Dyonis. Deux hommes qu’elle respecte et estime ne devraient pas devenir ennemis ! Ce que dit le baron la rassura un peu. Certes, évoquer de vive voix l’usurpateur qu’a été son précédent maître la mettait très mal à l’aise, mais dans cet argument… elle le supportait. Car ça légitimait la fuite de Jérémie.

Elle se reprenait alors à respirer. Jérémie était hors de danger pour l’instant, comme l’enfant évoquée.

C’est alors qu’elle remarqua le geste d’Eldred. Poser le tisonnier, se rapprocher du bureau discrètement… et elle vit la feuille. Encore une fois, son sang se figea. Que faisait-il ?

Mais le maître l’avait vu, et il n’avait pas eu d’autre choix que de rendre la feuille.

Avait-il essayé de la subtiliser ? Pourquoi donc ? S’il s’attirait les foudres du maître… Oh non, elle n’osait même pas y penser. Elle profita alors qu’il se soit reculé pour se rapprocher de lui, continuant de frotter le sol.

« Mais pourquoi as-tu fait ça ? » lui chuchota-t-elle, le plus discrètement qu’elle pouvait.

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'Audace' :

Assis sur son siège, Alexandre perçut le son ironique de la voix du Seigneur de Frenn suite à son commentaire et baissa la tête. Sa remarque s'avérait ridicule. Il s'efforçait à s'appliquer de bien paraitre devant cet homme qui revêtait à ses yeux un bien meilleur modèle paternel que l'avaient été respectivement ses père biologique et adoptif mais finissait continuellement par étaler devant lui sa médiocrité. Cela tournait à la malédiction. Ne pourrait-il jamais rien faire de bien devant lui ? Il le décevrait toujours ? Alexandre répondit dans un filet de voix misérable :

"Pardon..."

Les choses pouvaient redevenir sérieuses quand vint ce moment d'accomplir son devoir. Il allait lui prouver qu'il était utile. Qu'il méritait d'être reçu et écouté. Tout au fil de son discours, Alexandre s'étonna de percevoir un malaise croissant chez son interlocuteur, tout comme chez le secrétaire. Ses informations étaient si dangereuses et importantes ? Le garçon retint un sourire. Alors, il allait être utile ! Il en était tout heureux. Le seigneur de Frenn posa finalement une première question : son maître lui avait-il demandé cette déposition ? Il secoua la tête.

"Mon maître est à Rome depuis presque deux mois maintenant. Je suis chez sa sœur Dame Irène d'Aubeville où j'aide aux tâches domestiques. J'ai ahi de ma propre volonté. De ma propre conscience. C'est... c'est mal, messire ?"

Sa voix se baissa en prononçant avec inquiétude cette inquiétude qui le renvoyaient aux peurs enfantines. La vision de son père adoptif, parfois doucereux, parfois agressif, dansait devant ses yeux apeurés. il trembla en murmurant, tout penaud :

"Pardon... Je pensais bien faire."

Il suivit avec timidité le Seigneur de Frenn étudier ses dessins et trembla de les voir ainsi examiner. Très peu de personnes avaient pu observer ses créations. Il  avait trop peur de les montrer et d'être mal jugé. Le garçon surprit alors un regard admiratif à un instant. Son trait lui plaisait ? Vraiment ?  Le seigneur de Frenn écarta plusieurs dessins mais conserva uniquement ceux de Jérémie et Cassandre.  Il l’entendit ensuite sa décision au sujet de l'enfant.

"Je voudrais effectivement pas que cette enfant soit punie car sa naïveté l'a poussé vers de mauvais individus. Je ne sais que trop ce qui arrive quand on fraie avec ces gens. Or, elle..."

Une main posée sur ale bureau, Alexandre toucha son épaule, à l'endroit de sa marque.

"En sa qualité d'esclave, elle ne recevra aucune clémence, elle. Il en va de ma responsabilité d'homme de la protéger. s'il en est ainsi, je vais tâcher de la surveiller discrètement et je rapporterai directement à Dame Irène s'il y a de quoi nourrir des soupçons plus prononcés. A moins que je lui conseille d'interdire à Cassandre de retourner en forêt ? Je ne sais si elle m'écoutera. Dame Irène considère Cassandre comme une de ses enfants, à égalité. "

Alexandre écouta ensuite le seigneur détailler la décision de laisser pour le moment Jérémie libre. c'était effectivement logique. L'esclave Martin avait acheté l'esclave Jérémie. Son père adoptif lui avait fait apprendre tôt les lois et il savait que tout esclave ne pouvait effectuer de transaction si celle-ci n'était pas au nom d'un maître. Cela s’appelait alors un vice de procédure dans lequel Jérémie Avait pu se faufiler. Il opina de la tête puis entendit le baron s’intéresser aux réunions clandestines de la forêt.

A son étonnement, Alexandre percevait la colère qui montait en son interlocuteur. Que se passait-il ? il ne s'énervait pourtant jamais ! Le came qu'il manifestait en toutes circonstances l'impressionnait toujours. A part, ce fameux jour devant le Lupanar quand... il secoua la tête. C'était autre chose. Ce diable de Martin s'était amusé avec ses nerfs et à le provoquer. N'importe qui se serait énervé face à de pareilles billevesées.

Le Seigneur de Frenn reporta soudain son attention vers lui et ses paroles le blessèrent. Il n'avait pas aimé cette déposition alors ? Ce n'était pas bien ? Alexandre dit d'une toute petite voix :

"Je n'ai pas de plaisir à ça. Au contraire, c'est une démarche lourde, difficile et qui m'a beaucoup interrogé. Mais je veux servir la justice et mon pays. Et protéger une petite fille de l'influence néfaste qu'on pourrait exercer sur elle ! C'est... C'est la seule chose que j'ai en tête !"

Sa voix avait naturellement monté vers la fin, agacé de l'intonation que son interlocuteur avait pu prendre.
Sur ces paroles, il se rassit sur la chaise que le seigneur de Frenn venait de pousser vers le bureau. Il se tournait vers son secrétaire pour exiger du papier et du fusain. Alexandre remercia poliment l'homme qui lui apporta les objets en accompagnant cela d'un sourire candide. Ses mains examinèrent le fusain et s regard scintilla. il le leva devant lui et s’extasia :

"Ah ! Je n'avais encore jamais eu de fusain de cette qualité ! Il est si léger ! Et il est beau ! C'est magnifique ! Il doit être si agréable pour dessiner !"

Le garçon ressemblait en cet instant à un jeune enfant à qui on venait d'offrir un jouet incroyable. Alexandre se pencha et emprunta une de ses feuilles à lui, désireux de ne pas gâcher le papier précieux que l'on lui avait donné, et dessina à la va-vite un croquis de chien que le regard commun aurait jugé beau mais que son œil qualifiait d'à peine passable.

"Ah ! Il n'accroche pas le papier ! et il se manie trop bien !"

Brusquement, des paroles masculines résonnèrent et le firent tourner la tête. L’homme qui s'occupait jusque-là de la cheminé avait voulu ramasser quelque chose. sa tête était baissée. il ne distingua toujours pas son visage. Alexandre eut alors un sursaut devant l'esquisse de la ville. Son teint rosit devant la qualité médiocre des traits. pour un observateur ordinaire, cela semblait être une représentation fidèle mais de son point de vie.. Il distinguait des dizaines de traits ou d'approximations qui mériteraient d'être corrigés.

"Ah ! Mon dessin que j'ai fait tout à l'heure en attendant ! Ne jugez pas ça, messire ! Il  est affreux, je sais ! Ce n'est qu'un brouillon, sans prétention !"

Les joues brûlantes, il reporta son attention vers la page blanche.

"Commençons plutôt le travail, messire !"

L'esclave aux béquilles murmure un mot d'excuses en s'apercevant de sa maladresse. Dyonis ne sait pas dire si Alexandre l'interloque ou lui fait complètement pitié : en fait, il agit vraiment comme un petit enfant... Un enfant qui aurait besoin en permanence de s'entendre dire que ce qu'il vient de faire était bien. Cela en laisse deviner long sur l'ambiance pas très saine dans laquelle il a dû être élevé, avec peu de modèles autoritaires fiables... pour en être encore à des pareilles quêtes de validation de ses actions, et à des comportement incertains et paradoxaux... à vingt ans ! C'est là que Dyonis se dit qu'en comparaison, il a sûrement été loin d'être un si mauvais père que cela pour ses quatre enfants, puisque les voilà chacun forts, déterminés, établis dans le monde, sûrs d'eux ainsi que de leurs actions et de leurs places sociales.
Alors, Alexandre annonce que le cardinal Cassin est à Rome. Tant mieux ! Dyonis est très catholique, mais il trouve les théories de cet ecclésiastique un peu excessives. Et en attendant, le petit infirme obéit à la marchande de la Roz Azùl. Dame d'Aubeville qui justement garde aussi Cassandre. Dans le fil du discours d'Alexandre, le seigneur de Frenn a la confirmation qu'il a agi seul pour cette délation. Faut-il donc qu'il soit à ce point pleinement convaincu de l'indiscutable autorité du Roi de Monbrina, de la hiérarchie sociale de cet Empire et du fait qu'elle vienne de Dieu ! Le baron lui aussi veut croire au bien fondé de tout cela, et pourtant... pourtant parfois il se pose des questions... De même qu'il se sent très chrétien mais que ça ne l'empêche pas de douter un peu du Cardinal Cassin par exemple, parfois aussi il s'interroge sur la vertu absolue de tout ce que font les autorités de cet Empire. Alors, la question d'Alexandre sonne difficile à y répondre. Est-ce mal ?
Comme représentant de Monbrina, il devrait dire "Non." Mais si c'était lui qui serait né de l'autre côté d'une des frontières, et qui serait là aujourd'hui asservi par son vainqueur, Dyonis jugerait comme étant la base de l'honneur de ne pas dénoncer des pairs (mais de ne pas non plus encourager leurs actions contrevenantes !). Le seigneur répond donc :

"Disons que c'est... surprenant. Et assez rare pour que je me sois posé la question." (Un temps, revenant à Cassandre) "Cette petite est sous la responsabilité de Madame d'Aubeville. Il serait fâcheux qu'il doive leur être tenu rigueur à toutes les deux d'actes dissidents. Puisque tu es de service aussi dans cette maison, eh bien applique-toi à rappeler à cette Cassandre qu'il lui faut raison garder, et que ce serait de sa part bien mal agir que d'attirer des ennuis à qui s'occupe si gentiment d'elle." Il aura mis un fond d'ironie dans ces derniers mots. Trop gentiment, peut-être... Il ne s'agirait pas que les uns et les autres oublient leurs rang et que le laxisme permette à l'enfant de mauvaises rencontres. Quant à Jérémie, Dyonis est certain que de dans sa nouvelle condition de pauvre hère, il ne faudra que peu de temps pour qu'il commette un impair. Surtout s'il a des velléités de révolte. Des espions dans cette forêt seraient de mise ! Et un flagrant délit de tentative de plan dissident amènera vite ce Jérémie face aux tribunaux.

Encore songeur, le Premier Conseiller hoche vaguement la tête quand Alexandre affirme n'avoir pas agi de gaieté de cœur mais par devoir. Après tout, lui-même agit parfois pas devoir mais sans joie. Comme quand il faut soutenir la campagne contre Djerdan alors qu'il n'était pas pour... Il est sorti de ses pensées par les effusions d'Alexandre, qui craque totalement sur un fusain ! Un petit enfant. Sidérant. Cette fois il se demande s'il a le plus envie d'un rire nerveux ou de casser le délire.
C'est sans réfléchir qu'il craque un peu et lâche d'un ton distant, en détachant les mots mais presque avec de l’amusement dans cette manière de le faire : "Oui. C'est un. Bon fusain." Il se mordille la lèvre pour rester très sérieux et retenir un petit rire.

Comme ses yeux dévient un peu de côté le temps de retrouver sa gravité, c'est alors qu'il découvre Eldred accroupi avec à la main le papier tombé juste à côté de ses pieds. Dyonis fronce un sourcil. Mais aussitôt, le Zakrotien s'adresse poliment à lui et il remet directement la page sur la table (le baron ne pouvant pas prendre la feuille avec ses prothèses, elle aurait glissé). Le seigneur l'en remercie d'un petit hochement de tête, avant que l'esclave ne retourne à sa tâche près d'Aud elle aussi occupée à terminer de nettoyer la pièce. Dyonis porte les yeux sur ce qu'il y avait sur ce document : à nouveau un dessin d'Alexandre. Une vue en plongée sur la ville, encore à l'état de brouillon mais très impressionnante déjà. Ce garçon a un vrai talent. Et une excellente mémoire. A tel point que son dessin pourrait servir très utilement à quelqu'un qui aimerait circuler comme il faut entre le domaine de Frenn et la capitale...
Dessin qui a été quelques secondes entre les mains d'Eldred. Le baron se rappelle de l'incident devant Prosper de Monthoux et que, même si sur le moment il a défendu l'esclave zakrotien, il n'en reste pas moins qu'il a été en contact avec Jérémie. Bien, puisqu'il en est ainsi la suite de l'entretien avec Alexandre va se dérouler par écrit.

Les affaires graves peuvent donc démarrer. Il attend que le petit esclave ait essayé le fusain sur une de ses feuilles (et il a au passage un regard admiratif pour l'habileté avec laquelle il fait si rapidement ce chien si ressemblant, même pour un croquis !) et retrouve toute son austérité quand il le toise et s'apprête à donner des précisions. Sur un signe de Dyonis, le secrétaire sort du porte documents qui l'accompagne toujours une liste avec tout un tas de noms de personnes actuellement suspectes, voire déjà recherchées dans des affaires de police. De la pointe du crochet, le baron attire l'attention d'Alexandre puis il lui désigne trois lignes de la liste :
"Hyriel. Faux nom : Hyacinthe Galtym > jambes en attelles et béquilles, carrure solide, grands yeux très bleus."
"Sylvère d'Aiguemorte / Sylvia Gamtym > bandit, se déguise parfois en femme et se fait passer pour épouse de ci-dessus."
"Florentin Lavdier (vraie identité encore inconnue) > grand et très charpenté. Prétendu frère de ci-dessus."

Alors, le seigneur questionne : "Connaîtrais-tu un ou plusieurs de ces gens ? Répond oui ou non simplement." Il espère que son attitude aura été assez claire pour faire comprendre à Alexandre (qui est très bavard !) de ne pas être trop indiscret et de seulement répondre par l'affirmative ou la négative comme il l'a exigé ! Et selon sa réponse Dyonis ordonnera aussitôt : "Alors dessine ceux que tu connais. Sois le plus précis possible. Je veux pour chacun un gros plan de visage ainsi qu'un portrait de pied en cap. Exécution." L'énervement du Premier Conseiller s'entend encore dans ces formules très sèches, dont malheureusement Alexandre fait les frais. Pour Sylvère, il tapotera de son crochet contre la feuille, sur "se déguise parfois en femme" pour indiquer à l'esclave vouloir en plus un portrait du bandit dans cet état. Autant maximiser les chances.

Eldred retint de justesse un ricanement lorsqu'il entendit Alexandre s'extasier devant une vulgaire branche carbonisé. Un crayon c'est un crayon y'avait pas de quoi en faire un ragout d'ours... Il lui fallut toute sa maitrise de lui-même pour parvenir à contrôler ce fou-rire qui menaçait de l'envahir.

Tendre l'oreille, tendre l'oreille

Il la tendit tellement qu'il en entendit une feuille atterrir. Un précieux plan de la ville dessiné depuis Frenn. Il n'eut d'autre choix que de tenter le tout pour le tout et de la ramasser. Un échec cuisant. Le regard du baron est aussi glacial que suspicieux. Mais fort heureusement, il n'avait rien à lui reprocher. Eldred retourna à son poste tandis que les deux hommes s'éloignèrent quelques peu. Le rigide noble faisait preuve d'une discrétion sans limite. Aucun nom, aucune description. Uniquement la forêt comme maigre indice. Dessiner des portraits... Il pouvait bien tenter de lui cacher il le saurait bien assez tôt pour cela et il comptait bien prévenir ses amis de la visite impromptu d'une escouade de purification forestière. Il espérait tout de même apercevoir au moins l'un de ces portraits...

Mais pourquoi as-tu fait ça le questionna la voix quasi inaudible d'Aud qui s'était rapproché de lui.

Le fier guerrier haussa les épaules en se saisissant d'une bûche.

- Je le trouvais beau voilà tout! Il ne méritait pas de rester ainsi sur le sol. dit-il d'une voix discrète mais suffisamment audible pour qui le souhaitait, en revanche ce que personne ne pouvait voir hormis Aud, ce fut ce clin d'oeil qui en disait long sur ses intentions réelles...

« Beau ? » répéta-t-elle, comme pour s’assurer qu’elle avait bien entendu ce mot dans la bouche d’Eldred.

Elle commençait à le connaître maintenant. Elle connaissait ce qu’il considérait « beau », et une feuille de papier n’en n’avait jamais fait partie. Il n’était pas un homme insensible à l’art, certes, mais elle doutait que les œuvres de l’esclave, surtout quand il s’agissait ici de vendre des camarades, pouvaient artistiquement émouvoir l’ancien guerrier.

Non, il lui mentait.

Et mal.

Ce qui fit naître en elle une pointe douloureuse d’inquiétude. Se mêler de ce genre d’affaires, même si elle désapprouvait complètement la présence de l’esclave ici, c’était un coup à s’attirer des tas d’ennuis. Plus que des ennuis, c’était de la rébellion. Qu’y avait-il sur ce papier qui avait tant attiré le regard d’Eldred ? Le portrait de Jérémie ? Elle partageait son inquiétude, elle aussi se faisait un sang d’encre pour lui, alors même qu’elle ne l’avait côtoyé qu’une petite heure. Mais ce n’était pas cela : la feuille était restée sur le bureau du maître. Alors quoi ? Et pourquoi ? Qu’en aurait-il fait ?

Et son clin d’œil… Elle en blêmit.

Mais ne dit rien.

Elle inspira longuement, espérant retrouver un esprit calme rapidement pour n’alerter personne. Le moindre mot qu’elle aurait dit, aussi bas qu’elle aurait pu le murmurer, aurait bien trop attiré l’attention sur eux et Eldred aurait des ennuis. De gros ennuis. Son regard se posa furtivement sur son maître : il ne semblait pas encore contrarié envers Eldred, mais la jeune femme sentait que sa patience était à rude épreuve.

Alexandre baissa la tête à la réponse du seigneur de Frenn et s'étonna que ce dernier ait eu besoin de temps pour répondre. Il étudierait à tête reposée la remarque et s'efforcerait de comprendre. Il entendit la suite et poussa un long soupir.

"C'est à dire... Messire, si je suis un peu gêné, je ne veux pas causer de tort à Dame Irène, elle est si gentille et souhaite effacer les maltraitances que cette petite esclave a pu subir.  Mais la vérité c'est qu'elle se montre un peu trop gentille justement et considère Cassandre à égalité avec Grace. Or, avec la différence d'âge et son autonomie, elle lui accorde beaucoup de libertés. Elle commence à devenir un peu trop... affirmée. Quand Dame Irène n'est pas là, c'est Cassandre qui gère la boutique et la maison et elle me considère en esclave. Et elle en patronne. Elle ne tiendrait pas compte de mes remarques."

Alexandre garda le silence après cette exposition des faits. Il n’aimerait pas du tout attirer des ennuis à cet enfants qui n’avait déjà que trop souffert lors de ces années de service au Lupanar. Elle ne pouvait cependant pas grandir avec l'assurance d'être libéré de son statut. Ce serait une illusion qui lui causerait bien plus de torts que la réprimande que le seigneur de Frenn pourrait lui adresser s'il décidait d'agir dans cette affaire. Il était cependant navré pour elle et releva la tête vers son interlocuteur.

"Je ne sais pas ce que vous prévoyez de faire mais ne soyez pas trop dure avec elle. Ce n'est qu'une enfant. Il faut être gentil avec un enfant."

Le garçon trembla en prononçant cette phrase qui semblait dite avec ingénuité. son esprit revivait les culpabilisations quotidiennes de son père adoptif qui lui rappelaient la chance qu'il avait d'être dans cette maison et que bien des pères l'auraient déposé à sa naissance à l'Hôpital Général ou sur les marches d'une église.

Alexandre chassa ces images qui revenaient le hanter pour se concentrer sur la tâche qui l'attendait. Il examina un petit moment le fusain en s'émerveillant de sa qualité. Son regard surprit un instant celui du seigneur de Frenn. Il le jugeait étrange. Sans nul doute. Mais il ne pouvait comprendre l'attrait d'un artiste pour un bon matériel. Lui, percevait au contact de ce fusain la finesse des traits qu'il pouvait à présent réaliser. Il ne pouvait comprendre à quel point la qualité de cet outil jouait dans la réalisation d'une esquisse.

Le secrétaire posa sur le bureau un porte-document d'où sortit plusieurs feuillets que le regard du garçon sut voir et comprendre qu'il s'agissait d'avis de recherches. Des criminels. L'une d'elles fut posée devant lui et le seigneur de Frenn posa son crochet pour indiquer les noms qui l’intéressaient. Alexandre voulut saisit la feuille et fit tomber accidentellement les dessins de Cassandre et de al ville qui glissèrent vers Aud. Le garçon ne le remarqua, son attention focalisaée sur la tâche que l'on attendait de lui. Il lut les informations puis tressaillit devant la description des deux premiers individu. Hyacinthe... Un infirme avec des attelles... Sylvia, qui se fait passer pour l'épouse de l'infirme. Son visage devint livide. Il se remémora aussitôt de ce couple qui l'avait ému lors du triomphe de fin Septembre puis des suspicions sui lui étaient venus en rencontrant quelques jours plus tôt Sylvia. Il avait préféré croire à de petites combines pour aider un infirme. Le garçon retomba sur le dossier de sa chaise, blême, la respiration sifflante.

"Je... Je suis un idiot. Je n'apprends rien. Je n'apprendrai jamais rien."

Alexandre était en état de choc, prenant conscience s'être fait une nouvelle fois manipulé. Sa naïveté... Sa stupide naïveté l'avait encore poussé à faire confiance en des gens qui ne le méritaient pas. Il porta la main à son épaule et toucha la marque au travers de ses vêtements. Il soupira.

"Je mérite d'être esclave... Je n'ai aucun sens du jugement... Mon maître dit que je suis un boulet. Il a raison. Oui, il a bien raison."

Il releva lentement la tête vers le seigneur de Frenn, se rappelant de leur terrible confrontation dans ce château puis du jugement au tribunal.

"Vous aviez raison au procès de demander la corde. j'aurais dû être pendu. Je ne méritais pas mieux. De toute manière, je ne fais que déclencher des catastrophes avec ma naïveté stupide."

Lui si croyant, si pieux, qui croyait en al vie éternelle, avait eu peur ce jour-là au tribunal. Il avait prié pour que le tribunal soit clément et accueilli la clémence royale comme un honneur. Cela avait été une fuite, comme quand il avait renoncé à suivre sa vocation de prêtre le jour où son père adoptif le battait plus violemment que jamais pour lui faire abandonner ce projet et le contraindre à reprendre la librairie. Lâche, stupide, naïf... Il n'avait décidément que des défauts.

Alexandre baissa la tête pour reporter son attention vers les descriptions des deux hommes dont l'un s'était fait passer pour une femme. Il avait été sur ce coup-là encore plus idiot qu'avec la diabolique Lucrezia. La mort dans l'âme, sans aucun sentiment de joie, le garçon reprit le fusain et entama une esquisse. Cela ne prendrait pas longtemps. Après le triomphe, pendant le voyage à Izchwitz il avait dessiné ce charmant couple qui l'avait tant envoûté. Il n'avait qu'à reproduire ce dessin qu'il avait recommencé plusieurs fois avant d'être satisfait et connaissait ainsi par cœur.  

Dans des gestes mécaniques, Alexandre dessina les silhouettes et les visages incroyablement ressemblant du couple qu'il avait vu au triomphe. Néanmoins, au moment de finir le visage, il fut tenté d'effacer les sourires et les expressions heureuses. Leur mensonge lui crevait le cœur.  Il s'en empêcha en croisant à nouveau le regard du seigneur de Frenn. Il souhaitait un portrait fidèle.

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'Audace' :

Dyonis a déjà oublié ce qui se passe du côté des deux autres esclaves après le document restitué. Il reste concentré sur Alexandre, bras croisés. Il hoche lentement la tête à ses paroles sur la famille d'Aubeville et comprend le dilemme.

"Nous sommes d'accord : cette fillette a vécu d’exécrables maltraitances chez ses précédents propriétaires. Je suis satisfait qu'elle soit désormais entre les mains d'une personne par qui elle est bien traitée. Cela dit, il ne s'agirait pas de la laisser suivre une mauvaise pente." Il fronce les sourcils et secoue la tête en entendant que la gamine se permet des choses avec quelqu'un qui est pourtant un esclave tout autant qu'elle dans la boutique de la Roz Azùl. Entre ça et la forêt, elle est à surveiller et à recadrer. Avant de prendre une décision, Dyonis demande encore : "Je suppose que Dame Irène n'est bien sûr pas informée des escapades de la petite en forêt et de ses mauvaises fréquentations ?" (Un temps) "Quant aux rigueurs de la Justice, elles ne sont en effet pas les même contre un enfant que contre une personne adulte. Elles s'appliqueront comme elles doivent l'être au besoin."

Dans ce "il faut être gentil avec un enfant" prononcé si misérablement, si naïvement, le noble entend tout ce que ce pauvre garçon n'a pas dû recevoir en étant lui-même bambin. Il faut dire qu'au procès, Dyonis a eu un aperçu du libraire exécrable par qui il a été élevé : un homme qui a gardé Alexandre juste pour sauver les apparences, mais ne l'a jamais aimé et lui a fait payer trop de choses, en lui faisant du chantage affectif sur le fait qu'il l'a gardé malgré son handicap. Le châtelain n'a rien à répondre à cela, à part un soupir. Et concernant cette fillette esclave, la loi sera la loi.

Alexandre contemple les noms que Dyonis lui pointe sur la liste. Et sa réaction est immédiate : à sa pâleur extrême, à son état de choc et la tristesse que le Premier Conseiller devine tout de suite chez lui, il comprend que le petit infirme a eu affaire au pseudo-couple. Que lui aussi s'est fait rouler. Que, même, il a dû en les voyant ressentir une sorte d'espoir devant ce mari et cette femme (prétendus) en situation de handicap mais ensemble. Malheureux Alexandre... Dyonis a soudain encore plus de peine pour lui, si naïf et à découvrir que ce qu'il croit être beau n'a été qu'écran de fumée.
Les paroles du béquilleux ne se font pas attendre. Et c'est une manie ! Il recommence à se qualifier d'idiot, de boulet, et à affirmer qu'il aurait mérité la potence ! C'est la troisième fois qu'il tient ces propos devant le seigneur et encore, il va devoir essayer de le calmer. Dyonis serre les dents, de peine, mais aussi de colère (contre ceux qui ont imprimé ça dans la tête d'Alexandre depuis sûrement longtemps... et un peu contre lui même aussi, en fait). Le baron inspire et cherche une seconde quoi dire, avant d'engager d'une voix calme et rassurante :

"Ecoute bien deux choses, garçon. D'abord, j'ai été moi aussi dupé en beauté par ces... individus. Donc, ou bien nous sommes tous les deux idiots, ou bien tous les deux simplement objet d'une manipulation comme cela peut à tous nous arriver." (Un temps) "Ensuite, sur ce procès, j'ai réfléchi, je veux que tu entendes cela et que tu le retiennes : tu ne méritais pas le gibet. C'est Sa Majesté notre Roi qui a bien eu raison de commuer en Cour d'Appel la sanction que j'avais plaidée. Ne disais-tu pas que la justice de notre souverain est celle qu'il faut suivre ?" Il s'autorise un début de sourire. "Tu vois, je m'amende et reconnais lorsque j'ai tort. Et cet excès de sévérité en fut un. Tu as mérité une punition, mais pas la corde." Cet aveu vient d'en coûter à Dyonis. Il en reste grave et silencieux. Ce n'est sûrement pas tous les jours qu'un noble reconnaît un de ses torts. Mais voilà déjà trop longtemps qu'il médite sur sa mauvaise action, qu'il s'en repent dans ses prières. Alors l'honnêteté et la droiture qu'il ne s'efforce que d'autant plus d'appliquer maintenant (depuis son dérapage) l'ont poussé à savoir faire aussi son mea culpa, tout noble qu'il est. Si avec cela, Alexandre pouvait définitivement intégrer l'idée qu'il ne valait pas une potence !
En vérité, Dyonis et Alexandre savent très bien tous deux pourquoi il avait réclamé la mort contre les deux garçons (en sautant sur l'occasion d'un délit qui n'aurait dû valoir en vrai à Alexandre et Tristan que des coups de fouet tout au plus) : pour faire taire les garçons, pour qu'ils ne révèlent jamais que le baron de Frenn a accueilli chez lui cette sorcière avec laquelle il a passé un marché... Heureusement, Alexandre ne sait rien de la nature de ce marché ensuite. Mais de plus en plus, le seigneur est plein de sa culpabilité et en vient même à penser parfois que si un jour la vérité devait éclater... s'il devait payer cher ce moment de folie, cette sortie de route par orgueil, alors il se présenterait droit devant les juges et Dieu. Lu qui se veut juste et qui s'apprête à faire traquer trois personnes dont il réclame le portrait ! Il rendra ses comptes aussi si la Justice le rattrape. En attendant, une fois de plus Dyonis s'ordonne d'être le meilleur Premier Conseiller possible, puisque c'est cela qu'il avait demandé à la sorcière en échange de sa protection. Il l'a voulu, qu'il en assure la lourdeur.

Evidemment, plongé dans ces pensées, il n'aura ni vu tomber les deux feuilles, ni suivi le travail d'Alexandre. C'est quand l'heure retentit à une horloge qu'il reprend pied et regarde les dessins. Il y a les visages de Sylvère et Hyriel sur deux premières feuilles. Et sur deux autres, leur représentation de pied en cap : "Sylvia" en robe, Hyacinthe avec ses cannes et ses singulières attelles en fer. "C'est remarquable." Alexandre aurait vraiment une carrière de portraitiste à développer. Dyonis se tourne vers son secrétaire : "Reprenez la liste. Et emballez ces dessins." L'homme s'exécute.

Un nouveau jet pour ramasser les dessins.

1- il les laisse
2-3 il n'arrive pas à les ramasser
4-5-6 il ramasse les feuilles

Le membre 'Eldred Kjaersen' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Dé à 6 faces' :

Par tous les Ases ce qu'il ne fallait pas entendre... Venir sauver la petite Cassandre en la mettant en danger...  Il ne fallait pas être Vif-Höd pour savoir que c'était parfaitement idiot.

Eldred ne put que se réjouir que l'interlocuteur de cette petite bouse d'auroch puante n'était autre que le baron qui à défaut d'être irréprochable savait s'en tenir à sa ligne de conduite.

Cependant en l'entendant évoquer Cassandre gérer la boutique de sa maîtresse d'une main de fer, un irrésistible rire remonta de ses côtes. Il n'eut qu'à peine le temps de l'étouffer dans sa manche, le faisant passer de justesse pour un éternuement. Ahlalala, ce qu'il pouvait aimer cette petite. Il aurait été si fier de l'avoir comme fille avec son caractère en acier trempé.

Ils se mirent à dessiner et... Par le marteau de Thor! Le dessins de la ville et celui de Cassandre glissèrent juste devant Aud. Ils étaient si proches... Il lui adressa un coup d'œil. C'était le destin. Un coup d'oeil en arrière vers Dyonis lui indiquant que tout est calme.

C'était le moment où jamais.

Hors de question impliquer Aud, si intègre et innocente en lui faisant ramasser les feuilles. Non, il n'y avait que lui. Avec une discrétion féline, il ramassa le vision de la ville et le portrait de Cassandre.
Il allait mettre celui de Cassandre au feu mais voyant la mine de sa petite soeur, se ravisa pour lui tendre discrètement. Hors de question de céder l'autre. Il était bien trop précieux. Il plia la feuille et la déposa au fond de sa hotte, cachée sous les bûches. Dès qu'il le pourrait, il l'apporterait à Jérémie.

Eldred tendit l'oreille sur la suite de la conversation. Les remarques du baron furent pour le moins... Intéressante. Qu'avait donc fait ce misérable vomi de soulard pour risquer la potence? Voilà qui soudainement, titillait la curiosité du prisonnier de guerre. Il en aurait presque éprouvé de la pitié s'il n'était pas entièrement focalisé sur sa révolte. Et sur ce béquilleux. Il avait envie d'en apprendre plus... Qui sait ? Cela pourrait peut-être avoir son intérêt pour l'avenir ? Ce n'était pas parce qu'on chassait l'ours qu'il fallait bouder le lapin après tout....

D'ailleurs il venait d'achever les dessins... Il devait en avoir le cœur net... Qui était-ce? Il fit un signe discret de la tête à Aud  bougeant inaudiblement ses lèvres pour former un "qui?"
Si seulement il pouvait obtenir une description...

D’abord un petit jet pour savoir si, en se redressant un peu, Aud arrive à voir les portraits discrètement :

1 – 2 : Elle n’arrive pas à voir
3 – 4 : Elle arrive à voir, mais Alexandre et/ou Dyonis la remarquent
5 – 6 : Elle arrive à voir, et tel un ninja nordique, ne se fait même pas remarquer

Le membre 'Aud' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Dé à 6 faces' :