[6 décembre 1597, après-midi] - Duel de cierges [Terminé]

La veille, Kalisha s’était rendue à la Prévôté pour obtenir des informations sur la localisation du père de Cassandre. Elle en était ressortie bredouille (et trempée) mais avait fait une rencontre inattendue : celle du Père Thierry revenant des colonies. Elle avait passé un étonnamment bon moment en sa compagnie et les tensions qui avaient pu naitre lors du mariage était définitivement enterrées. A tel point qu’elle lui avait même proposé de devenir son confesseur attitré !
A son retour à Monthoux, elle avait fermé la porte de ses appartements, et une fois assurée qu’ils étaient seuls, elle s’était jetée dans ses bras folle de joie.

Elle avait tant à raconter ! Dès qu’elle eut relâchée son étreinte, elle commença à arpenter de long en large ses appartements en lui faisant le récit de son après-midi, agrémenté de larges gestes.
Puis soudainement elle stoppa sa course.
Son cœur battait à tout rompre. Elle avait plongé ses yeux dans les siens. Elle cherchait ses mots.
Elle sentait ses entrailles se nouer. Elle savait bien quel était son point de vue.
Elle appréhendait sa réaction. Le silence s’installait

- Il veut bien nous marier. finit-elle par articuler.

Ses yeux qui l’interrogeaient du regard brillaient d’un mélange indescriptible de joie, de ferveur, d’amour, d’inquiétude et d’excitation. Elle attendait fébrilement sa réponse.

Lorsque la tension du moment fut redescendue, elle lui fit part -tout à fait innocemment- du dernier point important :

- Et… Il vient demain à Monthoux ! Vous allez voir ! Vous allez l’adorer ! finit-elle par articuler.

Elle porta sa main candidement à sa bouche et haussa les épaules d’un air mutin

- Je voulais dire… Tu vas l’adorer ! Je sais que c’est un prêtre mais vraiment, tu verras ! Il est différent ! Fais-moi confiance !

Non vraiment, le tutoyer restait horriblement compliqué. Surtout lorsqu’elle ne pensait pas à se contrôler. Remplacer ces quatre lettres, lui demandait un effort et une attention constante. Pourtant, elle continuait de s’atteler à cette tâche par amour pour lui.
Le plus étrange était de s’entendre parler ainsi. Chaque fois qu’elle le tutoyait, elle avait l’impression d’entendre une étrangère parler. Elle ne se reconnaissait pas et c’était… Déstabilisant.


Kalisha faisait les cents pas en attendant Thierry. Ce qu’elle avait hâte de le revoir et de le présenter à Sylvère ! C’est vrai… Il était quelque peu dubitatif sur sa venue, mais elle en était certaine, il changerait d’avis en lui parlant. Et peut-être même que son confesseur parviendrait à le convaincre de l’intérêt du mariage ? Elle avait choisi de le recevoir dans son salon privé, à l’abri des oreilles indiscrètes. Il fallait dire que ce curé n’était pas tout à fait comme les autres et que les propos qui seraient tenus cet après-midi auraient sans doute pu choquer bien des oreilles pieuses.

Elle avait tout prévu. De quoi se restaurer bien sûr, mais également -et surtout- le programme officiel. Tout d’abord sa confession ainsi que celle de Prudence -si pieuse-. Puis la visite des jardins de Monthoux. Le Père Thierry devait absolument voir le chantier pharaonique que venait de débuter leur nouveau jardinier, Louis. Un éden qui n’aurait rien à envier aux jardins suspendus de l’antique Babylone.

Enfin, une jeune esclave signala l’arrivée de son invité tout en s’inclinant.

Dès que Kalisha était revenue, de sa petite enquête concernant le père de Cassandre, elle s'était jetée dans ses bras avec un enthousiame incomparable. Cela avait eu le don de la surprendre, et il s'était bien demandé ce qui avait pu la mettre en joie de cette manière. Ce n'était pas pour autant qu'il avait rechigné à la serrer dans ses bras, bien sûr. On ne rechignait pas à serrer une reine dans ses bras.

Elle avait fini par reculer, pour aborder les aventures de l'après-midi. Il l'avait regardée marcher dans ses appartements, en faisant de grands gestes, pour lui expliquer ce qui lui était arrivée. Il avait regardée ses cheveux bruns qui tournaient autour d'elle quand elle faisait un demi-tour, ses longs doigts qui s'agitaient pour expliquer, ses lèvres rosées, sa peau...

Elle avait été voir un curé.
Qui l'avait confessée.
Et qui...

- Il veut bien nous marier.

Il s'était figé, en même temps qu'elle s'était arrêtée. Il avait croisé son regard, mélange de tant d'émotions, et il s'y était perdu. Il était amoureux. Éperdument amoureux. D'elle, de ses yeux, de son sourire – de son sourire surtout, oui. Elle attendait devant lui sa réaction, pleine d'espoir, les prunelles brillantes.

Il ne savait pas vraiment comment répondre, alors il commença par se racler la gorge pour répondre :

- Nous marier ? Pour de vrai ?

Ils en avaient déjà parlé. Il s'était dit que dans d'autres conditions, il l'aurait fait. Pour elle. Mais il n'aurait jamais pensé que... cela arriverait... pour de vrai. Elle était déjà mariée. Depuis quand pouvait-on avoir deux maris ? Il doutait fortement que cela soit noté quelque part dans les lois. Il ne s'était pas attendu à une telle déclaration, vraiment pas, et il ne savait que répondre.

Et en plus, il venait demain.
Quoi ? Pourquoi ? Comment ?

Avec tout cela, il n'avait même pas fait attention au fait qu'elle l'avait vouvoyé. Mais comme à chaque fois, elle se reprit et cela le fit sourire. Elle en faisait des efforts, pour y penser, il le voyait bien. Cela n'en était encore que plus touchant.

Il lui faisait aveuglément confiance. Elle n'avait pas besoin de lui demander. Même si pour le moment, l'annonce prochaine de l'arrivée de ce prêtre le laissait surtout... dubitatif. Et il le serait jusqu'à le rencontrer effectivement, pour le voir de ses propres yeux.

Elle le tutoyait.
Il pouvait bien se marier si elle y tenait tant.
Ce serait un genre de donnant-donnant.

Alors pour toute réponse, parce qu'il ne savait pas vraiment ce qu'il était censé dire, il avait hoché la tête. Et s'était réjoui de revoir son sourire illuminer ses lèvres. Rien que pour cela, il se serait marié mille fois.


Aujourd'hui était le jour.

Le jour de la venue de ce prêtre différent. À croire que cela ne suffisait pas de se les farcir à la messe, il fallait en plus le faire dans les châteaux. Il était peut-être différent, mais jusqu'à quel point ? Il n'en savait rien. Et il avait toujours quelques doutes à ce sujet, d'ailleurs. Pourtant, il les taisait.

Elle semblait tellement heureuse de les présenter l'un à l'autre, comment aurait-il pu vouloir entamer son enthousiame ? Elle était belle quand elle était heureuse. Cela représentait quelques dangers, bien sûr, mais il savait au moins qu'il pouvait lui faire confiance. Elle n'aurait pas risqué de les présenter si elle avait eu le moindre doute à son sujet. C'était déjà cela de gagner.

Il avait suivi sa belle reine dans un salon privé – et il se débrouillait bien avec les robes, maintenant ! - et ils attendaient désormais la venue de ce Père Thierry. Qui fut annoncé par une jeune esclave, qui dégagea la porte pour le laisser entrer...

Grâce à la permission habilement gagnée grâce à la reine Kalisha, Thierry avait passé la nuit entière dans une excellente taverne et s'était réveillé au petit matin dans le lit d'une femme peu farouche dont le mari était en déplacement. Il partit sans la tirer de son sommeil avant que les voisins ne sortent et ne le surprennent pour retourner à son église. Allait-elle se rappeler de cette nuit ? Peut-être pas. Il se se souvenait, lui, qu'elle avait encore plus bu que lui, ce qui n'était pas peu. Dans quelques semaines, découvrirait-elle des conséquences ? Peut-être. De toute manière, depuis toutes ces années, il ne se leurrait pas : de nombreux enfants de son sang couraient dans les rues de Braktenn. Certains avaient peut-être été baptisés par ses soins. Comment savoir ? Si on ne l'informait pas des naissances, lui ne pouvait rien pour eux.

Le prêtre dormit deux heures, environs, sur un banc de l'église déserte, heureux qu'aucun maudit fidèle ne soit là pour le déranger. Il fit quelques ablutions et mangea puis sortit pour retourner à la prévôté accomplir les démarches pour Kalisha.



Lorsque le prêtre pénétra au château de Monthoux, il salua avec une condescendance froide l'intendante puis suivit la jeune esclave qui l'introduisit jusqu'au salon privé choisi pour le recevoir. La jeune femme l'attendait, installée sur une bergère, essayant de paraitre stoïque mais visiblement nerveuse, alors que sa fameuse dame de compagnie se tenait non loin dans le canapé et ne masquait pas son appréhension. Elle était fort jolie. S'il ne savait pas le pot aux roses, il aurait pu se laisser aller à la séduire.

Lorsque l'esclave eut quitté alla pièce, ignorant Kalisha, faisant fi des règles de politesse, le prêtre s’avança vers la dame de compagnie et se pencha pour lui faire ses hommages, en commençant par un baisemain. Néanmoins, ses lèvres embrassèrent réellement de le dos de sa main.

"Je suis enchanté de faire votre connaissance, ma belle Prudence. Vous êtes une femme si charmante. Votre maîtresse m'a longuement à votre sujet. Je connais votre histoire.. Votre tragique histoire ! Je n'en suis que plus ému !"

Puis, il rit ouvertement, fier de sa magnifique plaisanterie. Quelle belle entrée ! Même Kalisha devait en être surprise. Il se redressa et fixa l fameuse dame d'un air supérieur et arbora un air faussement sévère.

"Il paraitrait que vous vous faites passer pour le curé le plus séduisant de Monbrina. savez-vous que l’Hubris, l’orgueil en grec, est le pire péché qui soit ? Surtout qu'à celui-ci vous ajoutez le péché du mensonge. En effet. Affirmer être le plus beau curé de ce pays est impossible puisque cette personne n'est autre que moi-même."

Thierry se recula, tout sourire, fier de sortir librement ses idées les plus fantasques.

"Hier, je souhaitais vous provoquer en duel. Un duel d'honneur pour réparer l’affront qui m'a été fait. Cela aurait été grandiose. Imaginez : nous deux en soutane sur la grande place à combattre avec un cierge dans la main ! C'était un tableau absolument formidable ! Mais notre souveraine m'a expliqué votre condition actuelle et je me suis résigné."

Sur ces paroles, le prêtre s'approcha d'un meuble avec plusieurs bibelots affreux posés dessus. il disposa deux cierges dessus, un étonnamment long alors que l'autre semblait n'être qu'un bout de chandelle. Un sourire narquois illumina sa face alors que ses doigts allumaient les mèches.

"Ces cierges se livreront un duel à notre place. Le grand me représente. Le véritable curé le plus séduisant sera celui qui gardera son cierge au bout de notre entretien."

Il rit, comme un gamin après une bonne blague, puis ajoutera :

"Je crains de récupérer bientôt mon titre, majesté !"

Ses dents se découvraient en prononçant cette dernière répartie et il tourna ensuite la tête vers Kalisha.

"Oh, majesté, je vous avais oublié ! pardon, pardon.. mais je jouais si bien avec mon petit camarade, que voulez-vous ?"

Kalisha souffle sur les cierges, que se passe-t-il ?

1 Elle éteint les deux
2 Elle éteint le plus grand.
3 Elle éteint le plus petit.
4 Elle était le plus grand et un courant d'air éteint le second.
5 Elle éteint le plus petit et un courant d'air éteint le second.
6 Ils restent allumées.

Le membre 'Kalisha de Monthoux' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Dé à 6 faces' :

Il était... Perplexe ? Elle attendait fébrilement son verdict. L'attente était insoutenable. Elle savait bien que c'était un sujet de divergence alors pour une fois, elle n'était pas capable de lire en lui. Il s'ensuit de savoir si tout cela était bien réel car oui, il y avait de quoi en douter.
Elle était déjà marier, elle le savait bien.
Elle opina de la tête les yeux grands ouverts.
A nouveau il sembla se perdre dans les leandres de son esprit pour finalement hocher du chef.
Son sourire s'étira instantanément et elle lui sauta au cou. Ce n'était pas un large oui, plein de joie mais elle n'en demandait pas plus.

- Merci, merci, merci, merci mon beau roi murmura-t-elle


L'esclave libéra la porte et Thierry entra se jetant littéralement sur Prudence faisant l'éloge de sa grâce. Kalisha écarquilla littéralement les yeux avant d'adresser un petit sourire amusé à Sylvère. Je vous avez prévenu qu'il était différent semblait-elle dire.

Elle ne put retenir un petit rire lorsque le curé en fit de même. Il fallait dire qu'il jouait terriblement bien la comédie !
.
Elle arqua un sourcil lorsqu'elle l'entendit provoqué ouvertement Sylvère.  Elle lui adressa un sourire désolée avant de bondir de son fauteuil main sur les hanches

- Vous êtes incorrigible mon Père ! Vous faites erreur! C'est bien moi qui ait décrété qu'il était plus beau des curés ! Mais vous avez assurément celui du meilleur prêtre ! Si on vous ne seriez pas mon confesseur répondit-elle taquine.

Mais il ne semblait pas l'écouter et déjà il était reparti dans son délire de duel au cierge. Il alla même jusqu'à allumer deux cierges: un petit et un grand pour faire la course.

Kalisha s'approcha du meuble en question et contempla la lueur vacillante des deux bougies.

- J'ai toujours remarqué que les grands se consumaient plus rapidement dit-elle à moitié pour elle.

Elle allait souffler dessus lorsque l'odeur de cire lui chatouilla les narines et la fit éternuer d'un coup sec. Les flammes tremblèrent mais demeuraient toujours vivaces.

Elle fit volte-face, lorsqu'enfin Thierry sembla la remarquer. Elle répondit d'un signe de la tête.

- Si vous voulez faire un duel j'ai une meilleure idée : le premier au sommet du vieux tilleul avec son clerge. Qu'en dites-vous ? puis se tournant vers Sylvère Vous voyez? Je vous avez bien dit qu'il était différent ! répondit-elle sans pouvoir retenir un petit rire.

Il avait certainement dû être décontenancé par cette entrée en la matière peu orthodoxe. Mais quand on le connaissait cela n'avait rien de plus original qu'un roi de la forêt faisant le cochon pendu pour vous saluer...

Le prêtre venait d'entrer.

Il ne salua personne, se dirigea droit sur lui, qui s'était assis dans un fauteuil, le dos relativement droit pour ne pas éveiller les soupçons. Par précaution. Si quelqu'un entrait, les dames de compagnie ne se vautrait pas sur les divans.

Ce ne fut pas réellement ce qui l'arrêta néanmoins, que ce manque de manières. Non. Ce qui le surprit réellement fut le visage du religieux. Un visage qui lui était familier, et pour cause ! C'était celui du prêtre de son enfance.

Celui-ci même qu'il s'était amusé à enfumer... pour ne citer qu'une seule de ses farces quand il allait à la messe. Il ravala sa surprise. Il y avait peu de chance qu'on le reconnaisse, non ? La dernière fois qu'il avait mis les pieds dans une église pour participer — à sa manière — à une messe, remontait à plusieurs années. Et il était devenu un homme entre temps, dans tous les sens du terme.

L'homme se pencha pour prendre sa main, à la façon d'un baise-main. Pour lequel il alla jusqu'au bout du geste. Sylvère sentit ses lèvres se poser sur sa peau. Le prêtre continua sur sa lancée.

Sylvère aurait pu s'étonner de ce comportement peu orthodoxe. Mais pour quoi faire ? C'était beaucoup plus drôle de rentrer dans son jeu !

Tant pis si sa voix n'était pas celle d'une dame de compagnie digne de ce nom, les options étaient plus larges quand on avait accès aux mots. Et puis, ce prêtre savait bien où il tombait, pour accepter de les marier — il avait toujours du mal à y croire, soit dit en passant.

- Une femme charmante ... et pleine de surprises !

Et en réponse au rire franc du prêtre, il eut un immense sourire. Il resta calé dans son fauteuil, tandis que le prêtre reprenait, d'un ton qui avait changé.

Le curé le séduisant de Monbrina... voyez-vous ça ! Il lança un regard équivoque en direction de Kalisha, lueur amusée, dansante au fond des yeux.

- Eh bien, je ne pensais pas avoir eu un tel effet, je dois dire !

Il eut un nouveau sourire en coin, toujours destiné à sa belle reine, qui prenait d'ailleurs sa défense. Après tout, c'était justifié : il venait à peine de découvrir son nouveau titre que déjà, un opposant le remettait en question.

- Je vous laisse volontiers votre titre, mon père, remarqua-t-il ensuite. Je peux, après tout, d'ores et déjà prétendre à celui de meilleure dame de compagnie ! ... et je doute que vous ne me fassiez concurrence sur ce plan-là.

Un nouveau sourire. Le prêtre sortait alors deux cierges, un grand et un plus petit. Les mèches s'allumèrent en même temps que son explication.

Kalisha s'approcha alors des cierges, certainement pour les souffler, mais elle éternua. Les flammes restèrent allumées.

Mais monter en haut d'un arbre... ça c'était une bonne idée ! Il n'y avait jamais besoin de raisons, pour atteindre la cime et se perdre à l'horizon ! Il se redressa d'un bond sur le canapé, et si la robe n'avait pas entravé ses mouvements, il aurait volontiers fait une petite pirouette. Il était toujours prêt pour faire la course dans les arbres ! D'autant que de là-haut, il pouvait apercevoir les cimes de la forêt, et qu'il se sentait alors libre.

Et puis... sortir serait toujours plus intéressant que de rester à discuter de choses et d'autres dans des canapés. Quatre murs ne vaudrait jamais les ramures d'un arbre. C'était ainsi.

Sauf qu'avec tout cela, il en avait oublié de se présenter dans les règles de l'art. Il bondit sur ses pieds, s'inclina d'un large geste de bras :

- Sylvère d'Aiguemorte, ambassadeur des cloportes et roi de la forêt, enchanté !

Thierry tirait un plaisir immense à observer cette prétendue dame de compagnie me découvrir et constater que ses manières étaient de loin dissonantes pour un religieux. Son sourire s'étira. L'homme derrière le masque de la femme se révélé et laissa entendre sa voix. Le sourire se prolongea et devint un rictus amusé. Le jeu se poursuivait ? Merveilleux !

"Je constate en effet cela. C'est bien agréable. Une femme n'est jamais plus intéressante que quand elle sait surprendre sans cesse un homme."

Ils en vinrent ensuite à cette histoire de curé le plus séduisant de Monbrina et l'homme observa avec tendresse Kalisha Un instant. Son cœur se serra durant ce même instant. Il y avait longtemps, lui, qu'une femme ne l'avait pas regardé ainsi. Par sa faute.

"C'est pourtant l'opinion d'une souveraine et une souveraine a toujours raison. Ou presque. "

Kalisha bondit brusquement pour défendre son amant, telle une tigresse fougueuse. Il rit.

"Si je suis le meilleur prêtre de Monbrina, pourriez-vous venir répéter ces paroles lors de quelques messes à quelques paroissiennes bigotes agaçantes ? Elles n'arrivent pas à comprendre ma perfection."

Elle s'avança ensuite dans l'idée de souffler les cierges eut un éternuement et les flammes restèrent vives. Thierry éclata de rire.

"Il semble que Dieu soit en ma faveur pour une fois."

La suite de ce que proposait Kalisha était diablement plus folle mais l'amusait aussi. Grimper dans un arbre ? A Monthoux ? C'était stupide ! Ils pourraient se faire prendre. Quoique... Qui regarderait ? Et puis, le danger était stimulant. Et il n'allait quand même pas perde la face devant eux. Pas après toutes ces provocations. Une idée de pirouette li vint à l'esprit. Monter dans un arbre depuis le sol c'était quand même fatiguant.

Le prêtre s'avança vers la fenêtre et sourit d'apercevoir ce fameux tilleul dont une branche touchait le rebord. Il suffisait de monter dessus et il serait vite là haut.

"Ce sera du gâteau, majesté !"

Néanmoins, les excès de la veille se rappelèrent à lui et surtout à son crâne. L'air frais qui venait d'entrer dans le petit salon en ouvrant la fenêtre le rendait nauséeux. Il referma rapidement.

"Finalement, non. J'ai eu une soirée pour le mois divertissante hier soir, grâce à votre Majesté, et il serait regrettable que cela me fasse chuter."

Le roi de la forêt se leva peu après et se présenta. Thierry sourit et fit une révérence comique.

"Enchanté votre Altesse. Pour ma part, je ne suis qu'un modeste curé qui gère la paroisse de Saint-Eustache."

Kalisha ne savait pas bien lequel des deux s'amusaient le plus de la situation. Au moins, il ne pouvait pas dire le contraire : ce prêtre n'avait rien à voir avec ses ennuyeux religieux à tonsure!

Elle les laissa faire connaissance jusqu'à ce que la conversation dérive sur le sujet glissant du plus beau prêtre. Spontanément, elle avait pris la défense de Sylvère qui s'en amusait déjà. A sa remarque, elle baissa la tête rougissante.

-Evidemment que vous m'avez fait cet effet ! Vous pensez vraiment que j'écoute avec autant de passion les sermonts? rétorqua-t-elle aussitôt toujours gênée.

Sous le coup de l'émotion, elle en oublia même de s'appliquer à le tutoyer comme elle l'aurait dû.
Elle se souvenait si bien de ce jour...
Leurs échanges et tout ce qu'il y avait au-delà.
Le plaisir inouï de le revoir par surprise.
La plus belle et la plus tentante des confessions.
Ce simple contact électrisant entre leurs doigts...

- Vraiment vous auriez dû le voir ! Je suis sûr que vous ne rassemblez pas autant d'aumônes en une semaine!

Elle s'étendait en détails pour faire passer  ses souvenirs qui avait eu le don d'accélérer les battements de son cœur. C'était assurément l'un des meilleurs moments qu'elle avait volé à la vie. Et dire que maintenant....
Et dire que maintenant...  
Elle se mit à rougir de plus belle en songeant à l'intimité qu'ils avaient gagné. Elle se racla la gorge distraitement et posa son regard sur l'un des tableaux qui représentait une scène mythologique. Mais comme Thierry n'en démordait pas, elle fut bien obligée de lui répondre en riant de bon cœur

- Je n'y manquerai pas vous avez ma parole ! Mais je décline toute responsabilité pour les éventuels dommages collatéraux.

Ce fut le moment qu'il choisit pour un duel de cierges. Enfin. Si l'on peut dire. Elle tenta bien de les souffler mais elle fut arrêtée dans son élan par un éternuement. Elle esquissa un sourire de bon coeur à la remarque du prêtre, avant de proposer in duel que son Roi en manquerait pas d'adorer. Elle le savait : il trépignait à l'idée de sentir la rugueuse écorce courir sous la paume de sa main.

Malheureusement, le prêtre ne semblait pas si enthousiaste. Elle pencha la tête d'un air mutin.

- Oh mais notre soirée aussi fut divertissante! N'allez pas croire que tout n'est qu'ennuie ici. Et puis que risquez-vous puisque Dieu est en votre faveur?

Elle affichait un sourire mi-taquin, mi provocateur. C'était les plus belles soirées et les plus belles nuits qu'elle passait actuellement. Et elles le resteraient jusqu'à ce qu'elle ne soit à nouveau obligé de recevoir Prosper ou de s'y rendre. Mais ça, elle préférait ne pas y penser. Ce n'était pas arrivé depuis quelques temps désormais. Il fallait dire que sa fausse piété l'aidait beaucoup à retarder l'échéance...

- N'allez pas faire de folie la veille de notre mariage. Je serai fort vexée que vous ne puissiez célébrer la cérémonie devant nos aimables cloportes

Bien sûr, le petit jeu d'hypothétiques séductions ne s'était pas arrêté si vite, puisqu'il avait renchéri — et encore, ce n'était rien, comparé à ce que cela aurait pu être ! Si le discours avait été réel, que le curé avait ignoré son déguisement et qu'il n'avait rien su de son identité..., qu'est-ce qu'il se serait amusé alors, à l'encourager à poursuivre ! Mais même si le curé connaissait la vérité, les choses n'en restaient pas moins très drôles, et il n'allaient pas les arrêter si vite.

- Mais vous n'avez encore rien constater du tout, mon père, fit-il remarquer en souriant...

… Avant que la conversation ne dérive vers ce fameux de curé séduisant. Dont il était le porteur en titre, à son plus grand étonnement. Enfin, étonnement. C'était vite dit. Il avait bien conscience que cette rencontre inattendue dans les rues de Braktenn avait eu autant d'effet sur elle que sur lui. Mais il ne manquait jamais une occasion de la taquiner, parce qu'elle était jolie quand elle se justifiait avec tant de vigueur, ainsi !

En oubliant même au passage de le tutoyer, ce qui le fit sourire tendrement. Il ne releva pas, parce qu'il savait bien qu'il n'y avait là aucune mauvaise foi de sa part. Juste des habitudes solidement ancrées en elle, qu'elle tâchait pourtant de changer pour lui. Et ceux qui avaient essayé savaient comme il était là chose compliquée.

Kalisha s'était tournée vers Thierry, pour vanter la quantité d'aumônes qu'il avait su recueillir avec son discours, qui n'avait été pourtant destiné qu'à sa belle reine, et seulement elle. Les autres n'avaient été que le décor d'une pièce de théâtre, dont ils avaient joué, pendant quelques instants, les rôles principaux.

Et même si les cierges brûlaient toujours, malgré l'intervention de Kalisha, elle avait proposé une toute autre sorte de duel, bien plus intéressant que de regarder des cierges brûler sur une commode. Rien ne vaudrait jamais de monter dans un arbre... Quoique. Ce rien-là s'était vu transformé ces derniers jours en presque rien.

Certes, c'était une idée folle. Monter dans un arbre était toujours dangereux, au fond, mais cela ne l'avait jamais empêché d'entreprendre la plus petite ascension. Et même bardé de tous ces tissus féminins, il n'aurait jamais renoncé à y grimper. Alors si en plus de cela, il y avait de la concurrence ! Nul besoin de

Le prêtre s'avançait vers la fenêtre, pour regarder les branches d'un frêne qui s'élevaient là, juste devant, qu'il était facile d'atteindre du rebord. Et il clamait que ce serait chose facile ! Sylvère eut un sourire moqueur et remarqua :

- Tout à fait entre nous et avec tout le respect que je vous dois, mon père... L'arbre que vous êtes en train de regarder par la fenêtre n'est pas un tilleul, vous le savez, n'est-ce pas ?

Et son sourire s'aggrandit encore davantage. Mais déjà le prêtre se dégonflait. Pourtant, on ne disait pas une telle chose en l'air, sans espérer ne pas lui donner de suite... Maintenant que l'idée était lancée, il était bien entendu impossible de reculer !

- Alors vous refuseriez de défendre votre titre — face à quelqu'un que vous avez baptisé, en plus de ça ! — par peur de tomber ? ou bien parce que vous craignez trop de perdre ? Ne dit-on pas que ceux qui craignent la chute ne se lèvent jamais ?

Kalisha enchaînait au sujet du mariage. Elle y tenait vraiment ! Et lui, ne comprenait toujours pas tout à fait pourquoi elle y attachait autant d'importance... mais il avait accepté de le faire. Comme elle avait accepté de le tutoyer, malgré le fait qu'elle ne devait pas plus comprendre que lui pourquoi il y tenait tant. C'était donnant-donnant.

Il sourit.

Thierry observait avec amusement le couple pour le moins atypique qui se tenait dans cette pièce et songeait que cette rencontre aurait fait une parfaite scène pour une comédie. Ils s'aimaient tendrement et sincèrement l'un et l'autre, au point que Kalisha avait spontanément pris la défense de Sylvère. Il sourit quand elle vanta la qualité de ses sermons.

"Je ne crois pas que notre entretien soit à considérer comme un réel sermon. Et puis, j'ai horreur des sermons. Cela m'a toujours irrité. Je crois qu'on donne trop de pouvoirs aux prêtres en les laissant contrôler les actes et les pensées de chacun."

Et de cela ils en abusaient. Lui le premier. Il avait plus qu'une bois abusé de sa fonction et de son autorité. Il sortit de ses pensées en entendant Kalisha vanter à nouveau les mérites de son amant. ce dernier semblait beaucoup s'amuser de la scène. Avec raison. Comment ne pas rire devant pareille situation ?

"Eh bien, ma chère, il faudrait l'amener un jour à mon église pour qu'il refasse ce numéro !"

Kalisha semblait se perdre dans ses pensées, sans doute envahie par de tendres souvenirs, puis tourna la tête vers un tableau, comme gênée. Thierry devina sans mal ce qui venait à son esprit. Il fixa la peinture et remarqua ironiquement la scène de Ixion trompé par une fausse Junon. Cette toile était-elle récente ? Elle s'avérait être un beau pied de nez quand on savait la vérité sur cette prétendue dame de compagnie. Elle reprit la parole pour assurer de le défendre.

"Je vous en remercie et j'espère que cela serait fructueux."

Son idée de défi ne lui paraissait plus du tout amusante. Les cierges qui se consumaient - dont un amputé - ne présentaient que peu de danger. En revanche, grimper à un arbre, avec ses sens pas tout à fait remis, il se sentait calmé de toute bravoure. Kalisha se joua de lui et lui rappela ses propres paroles. Il rougit.

"Eh bien, on dit qu'il ne fait pas faire preuve d’orgueil et ne pas se substituer à Dieu. Icare tomba dans le lac en voulait se croire plus fort qu'il ne l'était, n'est-ce pas ?"

Sylvère intervint à son tour et dut beaucoup rire à lui rappeler son erreur sur l'espèce de l'arbre devant lui. Thierry haussa les épaules et reprit de mauvaise foi.

"Ah oui ? ce n'est pas un tilleul ? Pourtant, cela y ressemble. Je crois que c'est un arbre hybride, un croisement entre le chêne et le tilleul, vous connaissiez ?"

Il se raccrocha ensuite aux paroles de Kalisha qui allait sauver son honneur et passa la main vers elle.

"Notre souveraine a jugé que ce ne serait pas prudent, allons. Il faut donc ne plus y songer."

Il en rajoutait cependant quand une information le laissa étonné. Quelqu'un... Quelqu'un qu'il avait baptisé ? Thierry observa la personne devant et de passer outre le maquillage et l'habit pour essayer de reconnaitre des traits. Sa mémoire était excellente mais il pratiquant tant de rites à tant de personnes. Il se concentra sur la voix. Une voix moqueuse. Elle lui disait effectivement quelque chose. Il se souvenait d'autres choses. Des insolences. Des farces. Il contempla à nouveau le visage et commença à revoir ceux d'un enfant insupportable que ses parents redoutaient d'amener à l'église.

"Ysengrin..." ?

Ce n'était pas possible.
Ce ne pouvait pas être lui.
Si c'était lui, alors Alexandre avait dénoncé un ami dont il espérait depuis des années des nouvelles.
Comment Dieu pouvait-Il être assez cruel pour permettre une pareille tragédie ?

"Non, tu ne peux pas..."

Il devait pourtant le savoir. Confirmer. Ne pas douter.

"Tu es... Tu es le petit Ysengrin Zellers ?"

Ah le jour où elle avait croisé ce si beau curé au détour d'un atelier... Elle s'en souviendrait toute sa vie. Aurait-elle un jour la possibilité de raconter cette histoire fantasque à ses enfants? Chacun d'eux semblait s'amuser de sa gêne et c'était parfaitement légitime. Tout comme la volonté du Père Thierry à vouloir assister à une nouvelle représentation de cette formidable mise en scène improvisée.

- Il est des choses Père Thierry, qui se perde irrémédiablement une fois l'instant envolé. Je doute que nous puissions réussir pareil spectacle une nouvelle fois, mais... Je trouve l'idée fort amusante!

Ou comment animer l'une des ces mornes et répétitives messes auxquelles elle devait assister en feignant une profonde piété quand toutes ses pensées étaient dirigées vers Ysengrin...

Le Père Thierry réalisa soudainement que ce défi présentait quelques risques qu'il ne souhaitait guère courir. Ce fut à cet instant que son beau roi fit remarquer que l'arbre n'était pas un tilleul. Elle ne put qu'acquiescer en songeant aux longues heures passaient en sa compagnie à inspecter chaque arbre du domaine: Chênes, Frênes, Tilleuls, Charmes, Platanes, Ormes, Peupliers, Saules et tant d'autres...

- Pour sa défense, je dois dire qu'il n'est pas facile de reconnaitre un arbre dépouillé de son feuillage...

Le prêtre s'empara aussitôt de la perche tendu afin de pouvoir s'éclipser du duel. Elle savait bien qu'il ne fallait pas le pousser plus aussi valida-t-elle ses propos à direction de Sylvère tout en ajoutant.

- Vous pourrez toujours faire un concours de vers!

Pourtant, il y avait bien quelque chose qui avait retenu toute son attention: baptisé. Il avait été baptisé par le Père Thierry?!
Son regard alla de l'un à l'autre tandis que le prêtre semblait effectuer le même cheminement intellectuelle qui l'amena à prononcer son nom.

Kalisha opina lentement de la tête, stupéfaite.

Vous... Vous le connaissez?

A nouveau son regard quitta celui de Thierry pour basculer sur celui de son bien aimé, à la recherche d'une réponse.
Le monde était si petit...

L'arbre dont parlait Thierry n'était ni un tilleul, ni un chêne. C'était un frêne. La mauvaise foi du prêtre avait quelque chose d'amusant — et de très puérile. C'était le même genre de réaction qu'avait sans arrêt Cassandre quand elle perdait ou se trompait.

Kalisha se dévoua alors, fort altruistement, pour prendre la défense de l'étrange mais sympathique prêtre. Elle fit remarquer qu'un arbre sans feuillage n'était pas facile à reconnaître. Certes. Il devait bien l'accepter.

Mais pourtant ! La forêt savait comme il n'était pas d'accord avec cela. Chaque arbre avait une âme, il en était convaincu, et chacun était différent, au même titre que les humains avaient des similitudes, des yeux, un buste, des jambes … mais que toute personne demeurait néanmoins unique. C'était la même chose. À vivre entre eux depuis les cinq dernières années, il pouvait en témoigner : aucun ne se ressemblait, certains étaient plus minces, d'autres plus hauts, avaient des branches tordues, ou droites, ou emberlificotées.

On ne prenait pas un homme pour une femme ? Ou une femme pour un homme ? Voilà toute la preuve de son raisonnement. Puisque dans ce cas, il n'y avait pas de raison de prendre un arbre pour un autre. Et c'était même encore plus facile : les humains se déguisaient pour tromper leur entourage. Les arbres restaient simplement naturels.

L'idée du duel d'escalade fut écartée, malgré tout l'enthousiasme que cela avait fait naître en lui. Ce ne serait pas aujourd'hui qu'ils retourneraient en haut du vieux tilleul. Dommage... Il soupira, se laissa tomber en arrière sur le fauteuil. Ses pensées vagabondèrent quelques secondes. Elles le ramenèrent, sans surprise, vers la forêt. Et lui qui était coincé ici. Il n'était même plus libre de monter aux cimes des arbres quand il le voulait. C'était incontestablement ce qui lui manquait le plus.

Kalisha proposa une alternative, moins attrayante, mais toujours plus amusante que le reste. Un concours de vers. Il eut un sourire et répondit :

- Quand vous le désirerez ! Je suis toujours prêt !

Sa remarque avait fait de l'effet. Thierry semblait pris dans ses réflexions, et Kalisha ne cessait de passer son regard de lui au prêtre, du prêtre à lui, et ainsi de suite.

Enfin, après plusieurs secondes, Thierry remit un nom sur son visage. Il hocha la tête pour confirmer. En écho au mouvement affirmatif, mais surpris, de sa reine.

- Tu es… tu es le petit Ysengrin Zellers ? reprit Thierry.

- Lui-même ! approuva-t-il.

Cela valait-il vraiment une telle expression de surprise ? Bon, il l'avait baptisé, certes, mais il y avait vingt-cinq ans de cela. Et puis, quand même, ce n'était pas parce qu'il ne portait pas le même nom qu'il avait changé !

La question de Kalisha le tira de ses pensées. Il se tourna vers elle pour rétablir la situation plus précisément :

- Tu sais, l'autre jour, quand je racontais que j'avais enfumé un curé ? hasarda-t-il avec un immense sourire ravi. - Eh bien voilà, jolie reine ! Tu as ce même curé sous les yeux !

Thierry reculait d'un pas et ne se mêlait plus de la discussion. Cette histoire de défi et de grimper dans des arbres ne lui plaisaient pas le moins du monde. Il n'était que trop heureux d'un bon confort. Ce salon, bien chauffé, bien décoré, était un cadre parfait. Comment pouvait-on s'imaginer perdre inutilement du temps dehors ? Il laissa le couple débattre, avancer des arguments et se perdre en réflexions. Tout ceci ne l'arrangeait que trop bien. Ils en viendraient sans doute à oublier cette idée ridicule.

Cela vint justement. Kalisha revenait vers lui et proposait un concours de vers. Un rictus pernicieux lui et il s'amusa déjà de la tournure qui venait à son esprit.

"Un concours de vers ? Que voulez-dire dire par là, belle souveraine ? Expliquez-vous ! S'agirait-il de vers de terre ? Beurk ! J'ai cessé ce jeux-là depuis que j'(ai eu sept ou huit ans. A moins que ce ne soit du vert ? Le vert de la couverte verte ? Je ne comprends pas bien le principe. Il faudra me le détailler. Ou alors il s'agirait d'être envers et contre tous ? Je ne suis toujours pas assuré de suivre. Oh.. Mais oui ! Mais c'est évident ! Vous vouliez dire un concours de verre ! Naturellement ! A ce jeu-là, je ne crains absolument personne et je passerai une nuit entière à boire et à chanter Bacchus sans aucune difficulté !"

Il s'amusait, comme un gamin, de ces subtilités, et rit ouvertement en entendant Sylvère répliquer.

"Si cela est un concours de verres, mon pauvre, vous avez déjà perdu !"

Alors que le prêtre continuait de rire, les choses devinrent beaucoup moins drôles quand l'identité réelle de son interlocuteur se dévoila. Ysengrin Zellers, le gamin aux multiples farces. Le gamin qu'il avait baptisé. Le gamin qui avait surtout joué avec Alex.

"Saloperie..."

Il poussa un long soupir et se tourna vers la fenêtre pour fixer les nuages d'un air aigri, rempli par la haine.

"Dieu... Tu n'es vraiment qu'une vieille pute mal baisée !"

Ses mains cognaient contre le rebord en pierre.

"Ysengrin... Te souviens-tu de ce jour où tu as joué avec ce petit garçon en béquilles ? Oui, ce jour-là où tu m'as enfumé. Alex m'a raconté en confession tout ce que vous aviez accompli le lendemain. Il était.. malheureux, croyait avec de graves bêtises. Je l'ai assuré et dit que c'était le Jésus qui t'avait placé sur son chemin et qu'il n'avait rien fait de mal. Tu te souviens de ce garçon avec ses béquilles, Ysengrin ? Cet enfant... C'est mon fils. Et un père, ça n'oublie jamais qui prend véritablement soin de son enfant."

Son poing s'écrasa à nouveau contre le rebord.

"Doeu est cruel pour avoir laissé ce genre de choses. Ysengrin... Sais-tu qui es cette personne qui t'a dénoncé il y a quinze jours au château de Frenn ? Qui a redessiné toutes ces affiches ? C'était... Alex."

Sa voix devenait perçante et une colère grondait. il fit volte-face et apparut véritablement furieux.

"Pourquoi se réfugie-t-il dans les jupons de ce connard de baron ? Il l'a fait asservir ! Sans raison ! Par peur de voir ses secrets révélés ! L'ordure ! L'enfoiré ! Et Alex... Alex qui continue de le défendre, qui l'aide... Enfoiré !"

Dans un geste d'énervement, il se saisit du vase sur la commode malheureusement trop proche et le claqua au sol. Toute cette rage et cette rancœur accumulées et n'avaient que trop besoin de sortir. il piétina les tessons de al poterie.

"Enfoiré de baron !"

Étant donné la tournure que prenait l'idée d'un défi, elle décida d'intervenir pour en proposer un, d'une autre nature et qui présentait moins de risques. A priori. Un concours de vers. Cela lui semblait clair et Ysengrin, lui, avait parfaitement compris le sens de sa proposition. En même temps, il adorait au moins autant qu'elle, si ce n'est plus, la poésie. Les jolies mots, les syllabes qui chantaient et les images qui dansaient.

En revanche, le curé avait décidé de se montrer une nouvelle fois facétieux. La Princesse posa ses mains sur ses hanches et le gronda comme un petit garçon.

- Vous êtes vraiment incorrigible mon Père! Je parlais d'un concours de poésie et de rimes. Pas d'un jeu de taverne.

Ce fut alors que quelque chose d'inattendu se produisit. Sylvère semblait le connaître et s'en amusait. Et le prêtre, acheva de mettre un nom sur le visage. Le regard de Kalisha sautait de l'un à l'autre, perdu. Le curé qu'il avait enfumé c'était... Lui? Elle écarquilla les yeux sans pouvoir retenir plus longtemps ce rire qui l'emporta comme le ressac. Le monde était décidément bien petit.

Le prêtre en revanche semblait en colère. Qu'avaient-ils fait ? Elle s'en voulut soudainement de l'avoir invité. Ce n'était peut être pas la meilleure idée qu'elle est eût... Il rentra sa tête entre ses épaules lorsqu'il jura et sursauta au coup contre le mur. Kalisha recula doucement jusqu'à se retrouver aux côtés d'Ysengrin. Loin de se calmer, il envoya un vase se fracasser en dizaine de morceaux sur le sol. Elle attrapa aussitôt la main de Sylvère pour y chercher du réconfort.

Elle détestait voir des personnes donner libre court à leur colère. Cela la mettait terriblement mal à l'aise et elle serra encore plus fort sa main dans la sienne.

- Calmez-vous, je vous en prie. Ysengrin ne lui en veut pas. implora-t-elle d'une petite voix sans oser le regarder.

Un concours de vers. Que le prêtre n’entendait pas de la même manière qu’eux. Oh assurément, il n’avait pas autant d’expérience dans la boisson que Thierry. La position réprobatrice de sa belle reine lui tira un immense sourire. Elle était belle, les mains sur les hanches et il eut envie de la prendre dans ses bras.

Bien entendu, il ne s’avoua pas vaincu face au prêtre et répondit en haussant des épaules :

- Je crains que ce ne soit, de toute manière, pas vraiment digne d’une pieuse dame de compagnie comme moi !

Quant à jouer avec les vers de terre, il avait beau avoir vingt-cinq ans aujourd’hui, il n’avait jamais vraiment cessé. Il les trouvait même mignons, quand ils se tortillaient dans le creux de ses paumes !

Sauf que la conversation ne portait pas sur les vers de terre, mais sur les retrouvailles inattendues qui les faisaient se recroiser des années après. Qui aurait cru que ce fameux prêtre dont Kalisha lui rabâchait les oreilles, n’était autre que celui de son enfance ? Celui-ci même qu’il avait enfumé ! C’était une surprise.

Mais Thierry semblait au-delà de l’étonnement. C’était une forme d’émotion qui se peignait sur ses traits. Eh bien quoi ? Il ne voyait pourtant pas de quoi en faire tout un plat. C’était si étonnant que Sylvère d’Aiguemorte et Ysengrin Zellers ne soient finalement qu’une seule et même personne ?

Saloperie. Pourquoi donc ? Il eut un infime froncement de sourcils. Mais ce n’était rien à côté de ce qui fut dit pour la suite, alors que le prêtre se tournait vers la fenêtre :

- Dieu… Tu n’es vraiment qu’une vieille pute mal baisée.

Sylvère avala sa salive de travers et manqua de s’étouffer.
…
Que venait-il de dire ?
…
Il était tellement ébahi que pendant quelques secondes, il ne trouva rien à répondre. Une. vieille. pute. mal. baisée. Et dire qu’il sermonnait Cassandre pour trois fois moins que cela ! Finalement, il se râcla la gorge. Cassandre, c’était facile, de lui dire le fond de sa pensée, elle était encore jeune. Mais Thierry avait le double de son âge ! Les choses semblaient tout de suite plus délicates.

Thierry poursuivait déjà, plus doucement. Et venaient les explications. Un petit garçon en béquilles… le même jour où il s’était amusé à enfumer le curé dans sa chaire…

- Ah oui ! Le presque-bébé ! s’exclama-t-il soudain, en se rendant compte au passage qu’il avait oublié son vrai nom. J’ai un peu profité de lui, je dois admettre… Mais c’était trop tentant !

Pendant une seconde, même lui prit un air surpris. Alors le presque-bébé était le fameux Alexandre qui l’avait dénoncé. Il n’avait pas vu les choses sous cet angle-là.

Quoique… Cela ne changeait strictement rien à la donne, tout compte fait. Il haussa des épaules. Il attendrait toujours de le revoir pour décider s’il lui en voulait ou pas. Parce que dénoncer un violeur, il n’y avait vraiment pas de scrupules à avoir.

- Vous pourrez lui dire que ses portraits sont jolis ! Au moins, je ressemble à quelque chose dessus !

Mais déjà les insultes reprenaient.
Et un vase, lancé, éclata sur le sol.

Et s’il ne savait plus exactement où se mettre, il en était de même à Kalisha qui se ratatinait petit à petit sur elle-même. Il resserra ses doigts autour des siens qui venaient s’enroulaient dans sa main pour la rassurer.

- Calmez-vous, je vous en prie. Ysengrin ne lui en veut pas, fit-elle alors d’une toute petite voix, qu’il entendait tout juste.

Il passa son bras autour de ses épaules et l’attira à lui sans rien dire.

- C’est inutile de s’énerver, remarqua-t-il. Je suis toujours vivant, vous voyez bien !

Thierry sourit de la correction que se permettait Kalisha et s'amusa de son air autoritaire qui lui faisait penser à une mère qui gronderait un enfant récalcitrant. Le visage parfait qui lui donnait envie de poursuivre ses facéties. Il avait parfaitement conscience d'être intenable et c'était follement drôle.

"Mais c'est dans les jeux de taverne que j'excelle !"

Il recula et se laissa tomber dans la banquette où jusque-là Sylvère avait été assis. Le prêtre, sans grande dignité, roula dedans, semblable à un jeune enfant impossible à canaliser.

"Très confortable. Cela me change des lits horribles de mon église ! Vous vous rendez compte ? On se casse le dos dedans ? Mes pauvres vieux os ! Si vous saviez combien je souffre là-bas ! Un vrai Enfer !"

Il se releva en entendant Sylvère décliner l'offre et pouffa.

"Oh si vous saviez les femmes qu'on peut croiser dans les tavernes.. La bonne vertu n'est que façade."

Puis, ce Sylvère eut raison de son insouciance en le faisant passer par une sidération totale. Quelles chances existaient-ils pour retomber sur le gamin qui transformait autrefois son église en théâtre comique ? Grâce à lui, il guettait chaque jour sa présence et se réjouissait d'apercevoir enfin ses parents. Il savait que tôt ou tard, au milieu de la messe, viendrait une excellente animation qui le sortirait de l'ennui de sa fonction. Cette évocation ne put que lui rappeler ce bougre de Dyonis et le sort injuste réservé à son pauvre fils. Il eut toutes les peines du mot à se reprendre. Ce vase sur la commode subit même ses foudres. Comme il le haïssait ce Dyonis ! Oh ça oui ! Kalisha s'approcha pour tenter de le calmer. Elle y réussit quand elle révèla que Ysengrin n'en voulait pas à Alex pour sa dénonciation. Ses yeux s'écarquillèrent.

"Pardon ? Mais... Comment peut-on ne pas en vouloir à quelqu'un qui nous a nui ? C'est... C'est un paradoxe."

Ysengrin avait évoqué cette journée passée avec Alex et les farces joués ensemble où il avait certes abusé de la naïveté du petit garçon. Mais ils étaient des enfants et ce ne pouvait être que tentant. Et puis, Alex conservait un tel souvenir de son ami. Parfois, il lui demandait des nouvelles du fils des Zellers jusqu'à celui-ci parte à l'armée et s'évanouisse de Braktenn.

"Un presque-bébé.. Tu y ressembles toi aussi à un presque-bébé si tu considères qu'on peut pardonner à un homme qui nous fait du mal. Mais ça m'arrange. Moins d'ennemis a Alex, mieux je me porte. Ce petit idiot a déjà assez comme ça."

Il n'arrivait pas à croire que cet homme devant lui prenait aussi bien tous ces portraits de son visage qui recouvraient les murs de la ville. Sa seule pensée avait été que ce soit bien dessinée et représentatif de sa personne. Cette tournure de son esprit le dépassait. Comment pouvait-on agir de al sorte ? mais... Mais ce pourrait être amusant. Puisqu'il n'en voulait pas Alex, ce serait drôle de réunir ces deux anciens amis dans le bureau de son église, lui derrière la porte fermée à clé, à écouter les stupidités qui allaient suivre. Que cela serait terriblement drôle !

Comment pouvait-il l'attirer seul dans son église ? Il lui fallait un bon plan. mais que cela serait drôle ! Infiniment drôle ! Il se sentait à cette idée redevenir un enfant prêt à tout pour une bonne farce.

"Au fait, Ysengrin, tu sais, j'ai gardé quelques unes de tes meilleures bêtises. Tu aurais envie ma belle collection ?"

Il tourna la tête vers Kalisha et sourit.

"Je vous la montrerai ensuite. Mais il faut laisser au maître le soin d'admirer ses créations."

Sylvère secoua la tête, d’un air faussement désespéré. Ce prêtre était un véritable enfant, geignard et vulgaire. Il avait néanmoins une expression rieuse quand il lui dit remarquer, alors que ce dernier se laisser tomber en arrière sur le fauteuil :

- Vous ne cessez donc jamais de vous plaindre, mon père ?

Parce que c’était franchement exaspérant !

D’autant plus que maintenant, il s’énervait, cassait les vases et effrayait Kalisha. Tout cela pour quoi ? Pff. Apprendre que Sylvère n’en voulait à personne pour cette dénonciation sembla cependant le calmer. Ou plutôt, le surprendre. Ce n’était pas le premier à s’en étonner, et sûrement pas le dernier. Pourtant, c’était la vérité : Sylvère n’en voulait pas à cet Alexandre.

Et il ne voyait vraiment pas ce qu’il y avait de si gênant à cela. Une fois de plus, il se lança dans les explications de son raisonnement :

- Écoutez. On ne peut être dénoncé qu’à condition d’être recherché, ou d’avoir fait quelque chose qui soit contraire à la loi. C’est mon cas, et j’assume pleinement les risques. Je n’aurai pas ma tête placardée partout sur les murs de Braktenn, personne n’aurait eu besoin de faire ce que votre fils a fait.

Il fit une pause. Il était sûr de lui, en disant que tout ce qui arrivait dans la vie n’était que les conséquences directes des choix précédents. Ne disait-on pas qui sème le vent, ramasse la tempête ?

- Et puis, vous auriez des remords, vous, à dénoncer quelqu’un que l’on vous décrit comme un violeur et un meurtrier ?

Certainement pas. Et lui le premier d’ailleurs.

- J’attendrai pour le rencontrer, pour me faire mon idée à son sujet, conclut-il.

Même si visiblement, il l’avait déjà rencontré, bien des années plus tôt. Alors le presque-bébé, c’était donc lui… Le monde était bien petit !

Le prêtre était redevenu léger et enfantin. Il passait de l’un à l’autre des états sans transition, de la colère à la joie ainsi qu’à l’incrédulité. Cela avait un côté… sincèrement étrange.

- Au fait, Ysengrin, tu sais, j’ai gardé quelques unes de tes meilleures bêtises. Tu aurais envie de voir ma belle collection ?

Cette affirmation le laissa surpris quelques instants. Quelques unes de ses meilleures bêtises ? Il en avait fait tellement… Comment pourrait-on en établir un classement ? Il était sûr d’en avoir oublié les trois quarts !

Mais il ne fut pas long à hésiter. Ce serait toujours plus amusant que de rester à Monthoux et cela lui ferait prendre l’air - même si c’était dans une église.

- Je viendrai ! assura-t-il.

Kalisha s'était faite plus distante. Elle ne prit la parole lorsqu'il se jeta dans un fauteuil pour en savourer le moelleux. Cela lui rappela Cassandre qui en avait fait de même sur son lit lors de sa première visite. Pour elle, tout ceci était simplement son quotidien. Elle en oubliait parfois les privilèges qu'elle avait de vivre ici. Elle lui adressa un sourire et répondit avec bonne humeur

- Je pense pouvoir vous faire livrer un lit. Un don à votre église voilà qui devrait être parfait qu'en dites-vous ?

Mais son ton enjoué s'effaça bien vite face à la colère du prêtre lorsqu'il comprit que c'était Alexandre qui avait dénoncé Ysengrin et qu'il n'était rien d'autre que son ami d'enfance.
Kalisha avait envie de se faire toute petite lorsque le vase vola avec fureur. Elle serrait terriblement fort la main de son Roi tout en fermant les yeux. Lorsqu'enfin le calme revint, elle n'avait plus le cœur à plaisanter et les laissa discuter entre un court instant avant d'intervenir

- Excusez-moi... Tout ceci est très intéressant mais avez-vous pu obtenir les informations que je vous ai demandé ? J'irai vous présenter Louis ensuite si vous souhaitez toujours le voir.

Thierry se prélassait confortablement dans le canapé et éclata de rire quand Sylvère lui demanda s'il n'arrêtait jamais de se plaindre.

"Non, effectivement. Pourquoi ? Il est interdit maintenant de se plaindre ? Il faudra alors le signaler à mes paroissiens. Ils passent leur le à le faire !"

Il esquissa un sourire à la proposition de Kalisha et se leva pour lui faire un baisemain.

"Voyons donc. Cette belle souveraine compatit, elle, à mon malheur !"

En son for intérieur, il s'amusa beaucoup d'un beau lit confortable dans la cellule de son église. Le meuble tiendrait compagnie à celui que Coldris avait fait fait livrer hier pour célébrer son retour dans la capitale. Cela allait être drôle leur prochaine rencontre. Que pourrait-il pour se moquer un peu ?

Sylvère prit la parole et déclara attendre de rencontrer Alexandre pour se faire une opinion à son sujet. Thierry dissimula un sourire. Demain allait être des plus divertissant. Comme il allait s'amuser ! Et ce petit acceptait de venir bien gentiment. Brusquement, Kalisha intervint pour recentrer la discussion et rappeler le véritable sujet de sa visite.

"Ah oui ! Le cas de ce paysan nommé Velasquez, n'est-ce pas ? J'ai passé la matinée à attendre à la prévôté. Ces soldats sont d'une amabilité ! C'est bien déplaisant ! Ils m'ont finalement appris que votre homme est un viticulteur qui a été arrêté pour des dettes, après la saisie de sa maison. Il doit encore 23 000 rilchs. Apparemment de mauvais investissements pour remplacer du matériel ou acheter de nouveaux ceps. Il est détenu à la prison des Carmes, dans la périphérie de Braktenn."

Il se tourna vers Kalisha.

"Cela vous suffit-il ? Pouvons-nous aller rendre visite à ce cher Louis ? Je me demande s'il aura vu Claire."

Une petite subtilité qui faisait référence à sa chère fille mais que ses interlocuteurs ne comprendraient pas.

Thierry donna finalement les informations. Kalisha était soulagée de savoir qu'il avait obtenu tout ce qu'il fallait pour que Cassandre puisse rendre visite à son père ou même le libérer. Pourrait-elle payer sa dette pour le libérer? C'était une somme assez importante mais elle aurait pu vendre l'un de ses colliers auxquels elle ne tenait pas.

- Je vous remercie Père Thierry, votre a été plus que précieuse. Je pense que nous devrions nous en sortir ainsi. Venez je vais vous mener auprès de ce cher Louis.