[le 19 décembre 1597] ~ L'appel du vide [RP Sensible][Terminé]

C’était la deuxième fois que quelqu’un entendait ces paroles. « Je t’ouvrirai mon bureau ». Une phrase d'apparence si banale qui revêtait un pouvoir quasi mystique lorsqu’elle était prononcée dans la bouche de Coldris. Mystique et destructeur, tant il avait conscience de ce que contenaient placards et tiroirs. Certains de ses souvenirs demeuraient à Cervigny mais la majorité d’entre eux, se trouvait désormais ici, à Fromart.

A en juger ce regard qui passa de l’étonnement à l’appréhension en passant par l’intimidation, Alduis mesurait pleinement l’ampleur du pouvoir que recelaient ces mots. Pour toute réponse, il lui adressa un discret sourire, jusqu’à cette question si légitime. Question qui signifiait implicitement « qu’y a-t-il de si dangereux là-bas. »

- Mes plus sombres secrets. répondit-il dans la foulée.

Ce que contenait cette pièce ? Des carnets griffonnés de rage. Des carnets d’une froide logique. Des carnets de listes. Des carnets poétiques. Des carnets réfléchis. Une multitude de carnets. Des lettres. Des dessins. Des portraits. Quelques objets. Un médaillon. Un tableau à vue. Des mémoires. Des faiblesses. Beaucoup de faiblesses.

- Majoritairement des choses que j’ai écrit.

Inutile de préciser à Alduis qu’il passait plus de temps dans son bureau que dans n’importe quelle autre pièce. Il détourna le regard vers l’âtre. Une bûche craqua sous les flammes et tomba.

- Quand elles sont très prégnantes, je prends un carnet et j’y vide mon esprit. J’y verse tous mes ténèbres, jusqu’à retrouver la paix.

Il reposa son regard sur Alduis.

- Là-bas, il y a mon passé.

Celui savamment gardé depuis des années. Celui ignorait de tous. Même Virgil, n’avait fait que l’effleurer du bout des doigts. Il n’y avait qu’une seule autre personne qui y avait eu accès. Mais à celle-ci, il aurait donné son âme et sa vie sans rechigner une seule seconde.